Recherche – Développement – Information
Béton & Ouvrages en béton
UNE TECHNIQUE TOUJOURS PLUS
COMPLEXE ...
De nos jours, le béton doit répondre à des
exigences toujours plus sévères en matiè-
re de performances mécaniques, de du-
rabilité, d’ouvrabilité, d’environnement,
d’aspect, ... La technologie du béton ne
cesse dès lors de se complexifier. On a
ainsi assisté à l’émergence des bétons à
haute résistance, des bétons autocompac-
tants et des bétons recyclés. De plus, de
nouveaux matériaux permettant d’accroî-
tre les performances du béton de manière
significative ont été introduits dans sa com-
position.
Ces nouveaux bétons nécessitent sou-
vent une adaptation des méthodes tradi-
tionnelles de fabrication et de mise en
œuvre. Afin de tenir compte de cette évo-
lution, quantité de normes sont élaborées
au niveau européen. C’est pourquoi les
activités menées par le CSTC dans le
domaine de la technologie du béton se
concentrent autour de ces différents thè-
mes.
BÉTONS SPÉCIAUX
La technique du béton autocompactant
fait aujourd’hui l’objet de toutes les atten-
tions.
Ce béton est capable de se mettre en
place sans apport d’énergie extérieure
(vibration) et permet ainsi la réalisation
de formes complexes ou d’ouvrages à
densité d’armatures élevée tout en pré-
10 CSTC – Rapport d’activités 2004
sentant généralement des surfaces de
meilleure qualité.
En Belgique, le CSTC a initié la recherche
dans le domaine du béton autocompac-
tant, une technique innovante originaire du
Japon qui connaît une utilisation crois-
sante chez nous. Les études réalisées
actuellement portent sur la création d’un
cadre normatif approprié via la recherche
prénormative consacrée aux spécifica-
tions du béton autocompactant [B1].
Grâce aux différentes recherches réali-
sées par le laboratoire ‘Technologie du
béton’ dans le domaine du béton auto-
compactant, le Centre dispose d’une
grande expertise et d’un équipement de
pointe dans l’étude de la rhéologie des
bétons.
Ces atouts sont mis à profit dans le cadre
de l’étude portant sur le béton autocom-
pactant thixotrope et robuste [B2] qui a
Le serrage du béton autocompactant est
réalisé sans apport de vibration extérieure.
Recherche – Développement – Information : Béton & Ouvrages en béton
En Belgique, le CSTC a initié la
recherche dans le domaine du
béton autocompactant, une
technique innovante originaire
du Japon qui connaît une utilisa-
tion croissante chez nous. Autre
innovation : la conception des
structures en béton armé est
aujourd’hui de plus en plus
envisagée sous l’angle de la
durabilité afin de prévenir les
effondrements prématurés et
autres dégâts graves.
pour but de comparer différents systèmes
de mesure afin de mettre au point une mé-
thode non destructive pour déterminer la
pression exercée par le béton sur les cof-
frages.
Il semble que les bétons à hautes perfor-
mances et autocompactants présente-
raient une sensibilité accrue à la fissura-
tion au jeune âge du fait de leur rapport
eau/ciment plus faible et de leur teneur
en fines plus élevée.
De plus, différents moyens de réduction du
retrait, à savoir de nouveaux adjuvants (ré-
ducteurs de retrait) et fibres, ont fait leur
apparition sur le marché. Il convient aussi
de citer un certain nombre de nouvelles
techniques de cure interne réalisées par
ajout de granulats légers saturés d’eau ou
par ajout de polymères superabsorbants.
Ces différents thèmes ont été étudiés
dans le cadre de la recherche consacrée
Utilisation de béton à haute résistance
lors de la préfabrication.
à la maîtrise du retrait du béton au jeune
âge [B3], qui a notamment permis de
développer un dispositif de mesure du
retrait endogène et du retrait total au jeune
âge. Une vaste campagne d’essais a
rendu possible l’évaluation de l’influence
de différentes compositions du béton ainsi
que de l’effet de certaines méthodes de
contrôle et de réduction du retrait.
La recherche menée par le CSTC vise une
meilleure maîtrise du retrait des bétons.
FILLERS
Afin d’obtenir un béton facilement pompa-
ble ou autocompactant, de grandes quan-
tités de fines sont utilisées en vue de ré-
duire les risques de ségrégation. Des fillers
sont également souvent ajoutés au béton
dans le but d’en améliorer certaines pro-
priétés :
• pompabilité
• résistance à la ségrégation
• résistance à la compression
• durabilité
• qualité des surfaces.
A gauche, carotte de béton soumise à des cycles de dégradation à l’acide acétique
(pH 4-4, 5). A titre de comparaison, à droite, une carotte de béton identique non
soumise aux essais.
11 CSTC – Rapport d’activités 2004
En Belgique, les fillers les plus fréquem-
ment utilisés à cet effet sont les cendres
volantes. On assiste cependant à une di-
minution importante de leur production et
les fillers calcaires constituent une alter-
native à ce produit.
L’influence de ces fillers (processus de
fragmentation, propriétés physicochi-
miques, ...) sur le durcissement et la qua-
lité de parement du béton constitue l’un
des aspects les plus importants de la re-
cherche ‘FILLTECH’ [B4].
VERS UNE CONCEPTION PLUS
DURABLE
De tout temps, la durabilité du béton s’est
retrouvée au centre des préoccupations
du CSTC.
Jusqu’il y a peu, les ingénieurs accordaient
davantage d’attention au calcul des char-
ges et à la résistance qu’à la durabilité pour
la conception des structures. Or, l’expé-
rience a démontré que les effondrements
et autres dégâts graves étaient dus à des
problèmes de durabilité (p. ex. les ponts de
Melle, Strombeek-Bever, Blégny-Barchon
et Achênes; les trois derniers étaient âgés
de moins de 25 ans au moment de leur
destruction).
La recherche prénormative concernant la
conception des structures en béton armé
en fonction de la durabilité [B5] a pour
but de permettre l’élaboration d’exigen-
ces davantage liées aux performances
du béton sous l’angle de la durabilité. Les
Recherche – Développement – Information : Béton & Ouvrages en béton
facteurs de dégradation envisagés dans
ce cadre sont la pénétration de chloru-
res, la carbonatation et les agents chimi-
ques (acides et ammoniaque).
ACTIVITÉS EN RÉSEAUX
A l’échelon européen, le réseau thémati-
que CONREPNET [B6], qui associe 8 par-
tenaires, collecte des informations relati-
ves aux réparations du béton réalisées par
le passé afin de contribuer à améliorer les
techniques propres à ces réparations.
Le réseau CONREPNET a pour objectif
d’améliorer les techniques de réparation.
Le réseau ECO-SERVE [B7] tente de dres-
ser un état de la situation au niveau euro-
péen concernant l’utilisation de combus-
tibles alternatifs, de ciments composés et
de granulats recyclés. Ce réseau a pour
but de stimuler la mise en œuvre de ces
matériaux par le biais de la diffusion de l’in-
formation disponible en la matière, et ce
en vue de protéger l’environnement.
NORMALISATION – DÉCLARATIONS
DE QUALITÉ ATG ET BENOR
En matière de normalisation, le CSTC
collabore à différents Comités techniques
européens, commissions miroir belges et
Comités de direction du CRIC (pour la
certification des granulats, bétons, cen-
dres volantes, adjuvants et ciments) ainsi
qu’aux Comités techniques sectoriels
pour les produits en béton (PROBETON).
Dans le cadre des activités du Comité tech-
nique CEN TC 250 (Eurocodes), et plus
particulièrement des normes EN sur les
bétons et les constructions en acier/béton,
les experts du CSTC élaborent, en colla-
boration avec les commissions miroir bel-
ges, les documents d’application natio-
nale. Dans ce contexte, l’Antenne Normes
‘Eurocodes’, spécialement créée afin de
tenir les PME du secteur de la construc-
tion informées de l’évolution de la norma-
lisation, peut s’attendre à un succès crois-
sant.
Concernant le suivi des commissions mi-
roir de l’IBN CEN TC 104 (Béton et pro-
 ANTENNE NORMES GUIDANCES TECHNOLOGIQUES
‘MORTIER-BÉTON-GRANULAT’ ‘MISE EN ŒUVRE DES BÉTONS SPÉCIAUX’ ET ‘RÉPARATION DU BÉTON’

Les normes relatives à ces trois
matériaux font l’objet d’une refonte
complète à l’échelon européen, ce
qui n’est pas sans conséquence
pour les bureaux d’études, les
architectes, les maîtres d’ouvrage et
les entrepreneurs amenés à utiliser
ces normes quotidiennement pour
l’établissement de leurs cahiers des
charges, la commande de leurs
produits et la mise en œuvre de
leurs activités.
L’AN ‘Béton-Mortier-Granulat’ [B8]
fournit une assistance technique en
assurant le transfert de l’information
auprès des PME via des publica-
tions, des cours et un site Internet.
Elle tente de faciliter la com-
préhension des textes techniques et
d’expliciter les changements qui
s’opèrent dans la normalisation.
Ces deux guidances technologiques s’intéressent aux différents thèmes
abordés au sein du CSTC en matière de technologie du béton. Comme
mentionné précédemment, la mise en œuvre des bétons spéciaux implique
certaines adaptations dans leur composition, leur production et leur mise en
œuvre. Les conseillers technologiques s’efforcent d’informer les entrepreneurs,
concepteurs et fournisseurs dans ce domaine. La guidance technologique
‘Mise en œuvre des bétons spéciaux’ [B9] a pour objectif de stimuler l’utilisa-
tion judicieuse des bétons spéciaux et innovants en fournissant des avis
adaptés et en menant des actions collectives (journées d’études, publications,
exposés).
A l’heure actuelle, environ 60 % du budget annuel du secteur de la construc-
tion en Europe est alloué à la réparation d’ouvrages existants. Une réparation
adéquate nécessite un diagnostic préalable des dégâts; c’est donc sur ce plan
que la guidance technologique ‘Réparation du béton’ [B10] offre son assis-
tance. Ses activités sont également centrées sur la diffusion de l’information,
tant en ce qui concerne les nouvelles techniques de réparation du béton (telles
que la protection cathodique, par exemple) qu’en ce qui concerne la normali-
sation et les guides d’agrément technique de l’UBAtc. Cette guidance techno-
logique a aussi pour objectif de stimuler divers projets d’innovation visant à
développer de nouveaux produits ainsi que des procédés innovants.

duits en béton), CEN TC 51 (Ciment) et
CEN TC 154 (Granulats), le Centre a ap-
porté son soutien à la rédaction de la
norme NBN B 15-001 qui constitue le
supplément belge à la norme européenne
NBN EN 206-1.
Au cours des années à venir, les ingé-
nieurs tenteront d’informer au mieux le
secteur belge de la construction quant aux
nouvelles prescriptions et à leur applica-
tion.
En application de la Directive européenne
sur les produits de construction, plusieurs
produits dotés du marquage CE ont aussi
été mis sur le marché dans le secteur du
béton. En conséquence de l’introduc-
tion du marquage CE pour le ciment
(EN 197-1), l’année 2004 a en outre vu la
publication de diverses normes harmoni-
sées dans le domaine des produits en
béton.
De plus, nos collaborateurs participent aux
activités de l’UBAtc relatives aux bâtiments
et au génie civil dans le cadre de la déli-
vrance d’agréments techniques (ATG)
pour le béton renforcé de fibres d’acier, la
réparation du béton, les armatures collées,
les panneaux de toiture en béton cellu-
laire, ...
Le Centre assure également le suivi des
activités menées par les bureaux exécu-
tifs ‘Liants’ et ‘Réparation du béton’.

INFORMATIONS UTILES STIMULATION THÉMATIQUE À L’INNOVATION

Base de données ‘Projets’
Voir www.cstc.be : projets [B1]
à [B11]
Liens utiles
• Laboratoire ‘Technologie du
béton’ : www.cstc.be (rubrique
‘Laboratoires’)
• Guidances technologiques ‘Mise
en œuvre des bétons spéciaux’
et ‘Réparation du béton’ :
www.cstc.be (rubrique ‘Services’,
‘Aide à l’innovation’)
• Stimulation thématique à l’innova-
tion ‘Industrieel, flexibel en
demontabel bouwen’ (Construc-
tion industrielle flexible et démon-
table) : www.IFDbouwen.be
• Site Internet de l’UBAtc :
www.ubatc.be
• Site Internet de l’Infopoint :
www.infopoint.be
‘INDUSTRIEEL, FLEXIBEL EN DEMONTABEL BOUWEN’ (Construction indus-
trielle flexible et démontable)
De nos jours, on assiste à de nombreuses évolutions dans le domaine de la
mise en œuvre du béton et des ouvrages en béton. Ces dernières années,
une attention grandissante a ainsi été accordée à l’industrialisation et/ou à la
préfabrication, ce qui s’exprime principalement par l’utilisation accrue de béton
architectonique, de prédalles et d’éléments de plancher creux.
Cette tendance se traduit aussi
dans le concept de ‘construction
industrielle flexible et démontable’
(construction IFD).
C’est pourquoi la
STI ‘Industrieel,
flexibel en
demontabel
bouwen’ [B11] a
été lancée au
sein du CSTC.
Celle-ci soutient le secteur dans le développement et la mise en œuvre de
concepts et de procédés innovants.

12 CSTC – Rapport d’activités 2004 Recherche – Développement – Information : Béton & Ouvrages en béton
AVIS TECHNIQUES
STATISTIQUES
Les avis délivrés par la division Avis tech-
niques (ATA) en 2004 dans le domaine
des bétons et de leur mise en œuvre re-
présentaient un peu plus de 13 % du to-
tal. Près de 70 % de ces avis portaient
sur le béton coulé in situ, tandis que seu-
lement 13 % d’entre eux étaient relatifs
au béton préfabriqué. La figure 1 démon-
tre que ces avis concernent principale-
ment l’humidité (21 %), la fissuration
(18 %) et l’aspect (13 %).
DÉLAIS DE SÉCHAGE
Outre les problèmes d’infiltration consta-
tés dans le cas de maçonneries de blocs
de béton ou d’éléments préfabriqués en
béton lavé, les avis portant sur les pro-
blèmes d’humidité concernent principa-
lement les délais de séchage parfois très
importants du béton coulé in situ. En ef-
fet, la compacité d’un béton de qualité
correctement serré est telle que le délai
nécessaire à son séchage peut se révé-
ler extrêmement long. Dans certains cas,
la pose de revêtements de finition, et plus
particulièrement de revêtements de sol
sensibles à l’humidité, doit dès lors être
différée durant une période plus longue
en l’absence d’une membrane anti-
capillaire entre la structure en béton et la
chape de pose du revêtement en ques-
tion.
FISSURES DE RETRAIT
En général, la présence de microfissures
à la surface d’éléments en béton (dalles
de sol, voiles, poutres, ...) peut être attri-
buée aux contraintes de retrait qui ac-
compagnent le séchage du béton. Lors-
qu’il n’est pas possible de protéger ce
dernier au moyen d’un produit de cure
adapté immédiatement après sa mise en
œuvre (comme c’est généralement le cas
pour les bétons routiers), les conditions
hygrothermiques dans lesquelles le bé-
ton est conservé durant ce laps de temps
peuvent engendrer l’apparition de fissu-
res de retrait difficiles à éviter.
NUANCES DE TEINTE
Les problèmes d’aspect le plus fréquem-
ment rencontrés dans le cas d’ouvrages
en béton coulé in situ ou d’éléments pré-
fabriqués en béton décoratif concernent
principalement les nuances de teinte.
Dans ce cas, des mesures comparatives
sont réalisées à l’aide d’un colorimètre
afin de déterminer de façon objective si
ces nuances de teinte sont ou non ac-
ceptables.
13 CSTC – Rapport d’activités 2004
Fig. 1 Interventions de la division Avis techniques en matière de béton et d’ouvrages en
béton.
18 % 13 %
4%
17 %
2% 7%
9%
9%
NIDS DE GRAVIER
La présence de nids de gravier (voir fi-
gure 2) à la surface d’éléments en béton
armé coulé in situ constitue également un
problème régulièrement traité par la divi-
sion Avis techniques. Parmi les paramè-
tres à prendre en considération, il importe
d’accorder une attention particulière à :
• la composition du béton (courbe
granulométrique, fluidité, ...)
• la hauteur de déversement (densité
d’armatures, diamètre du tuyau de pom-
page, ...)
• les délais entre la mise en œuvre des
coulées successives
• la qualité du serrage (toute la surface
de l’ouvrage en béton est-elle accessi-
ble aux aiguilles vibrantes ?)
• l’homogénéité du béton dans les ca-
mions-malaxeurs (respect des délais de
transport, rotation suffisante avant dé-
versement, ...). n
Fig. 2 Nid de graviers à la surface d’un
élément en béton armé coulé in situ.
Recherche – Développement – Information : Béton & Ouvrages en béton
21 %
n fissuration
n aspect
n humidité
n caractéristiques mécaniques
n dégradation chimique
n déformation
gélivité
n divers
n dimensionnement
PUBLICATIONS DU CSTC
‘BÉTON & OUVRAGES EN BÉTON’
La construction IFD : description,
avantages et exemples. Les Dos-
siers du CSTC, 2004/4, Cahier 2.
Tolérances admises sur les ouvra-
ges en béton coulé in situ : évolu-
tion des spécifications. Les Dos-
siers du CSTC, 2004/4, Cahier 4.
La construction mixte acier-béton.
Partie 2 : vérification des états
limites de service selon l’Euro-
code 4. Les Dossiers du CSTC,
2004/4, Cahier 7.
Attaque chimique des bétons. Les
Dossiers du CSTC, 2004/4, Ca-
hier 9.
Dalles de béton étanches aux
liquides : conception et mise en
œuvre. Les Dossiers du CSTC,
2004/4, Cahier 11.
De nouvelles normes ‘bétons’.
Partie 1 : nouvelle version de la
norme NBN B 15-001. Les Dossiers
du CSTC, 2004/3, Cahier 4.
Le retrait au jeune âge des bétons
spéciaux. Les Dossiers du CSTC,
2004/2, Cahier 2.
Méthodes innovantes pour des sols
industriels monolithiques perfor-
mants. Les Dossiers du CSTC,
2004/2, Cahier 3.
Réparation du béton au mortier de
ragréage hydraulique. Les Dossiers
du CSTC, 2004/2, Cahier 6.
La cure des bétons. Les Dossiers
du CSTC, 2004/1, Cahier 4.