Thème 6

A l’âge des Métaux

Vie quotidienne, organisation sociale et économique

Enjeu prioritaire
En recourant à des documents archéologiques et à des restitutions scientifiques, les élèves pourront…
1 … aborder la manière dont les hommes ont découvert l’utilisation des métaux, développé de nouvelles
techniques, créé de nouveaux objets, modifié leur organisation sociale et économique, organisé leur habitat,
changé leurs croyances religieuses et leurs rites funéraires.

Questions pour guider le travail dans les modules

Comment les hommes de la fin de la Préhistoire ont-ils modifié leurs activités artisanales, inventé de nou-
velles technologies qui ont transformé leur manière de vivre, leurs échanges et leurs croyances ?
Module 1 Métallurgie 180
Comment les hommes se sont-ils mis à travailler les métaux ?
Quelles techniques ont-ils mises au point pour transformer les métaux ?
Module 2 Spécialisation et échanges 185
Quels changements l’utilisation des métaux exige-t-elle ?
Quels moyens de transport les hommes utilisaient-ils ?
Module 3 Organisation sociale 188
Quels changements apparaissent dans l’organisation sociale?
Quels rôles les guerriers jouaient-ils dans la société celte ?
En quoi les sépultures permettent-elles de se représenter la société et les croyances ?
Module 4 Habitat 193
A quoi ressemblaient leurs maisons ?
Comment les villages se protégeaient-ils ?
Comment étaient constitués les oppida ?
Module 5 Habillement 198
Module 6 Rites et croyances 199
Quels rites pratiquait-on sur le Mormont ?
Module 7 Celtes de nos régions 200
Quels étaient les peuples celtes de nos régions ?
174 — Thème 6

A l’âge des Métaux

Vie quotidienne, organisation sociale et économique
Organisation interne – navigation entre les différents moyens

Manuel de l’élève Fascicule 6 Guide didactique Plateforme du

p. 127 Nouveaux matériaux
pp. 128-131 Travail des métaux pp. 7-9 Travail des métaux pp. 182-184 Travail des métaux
pp. 132-135 Spécialisation et
échanges
p. 136 Hiérarchisation
INTRODUCTION
p. 1 Objectif et sommaire p. 173 Enjeu prioritaire + questions
pour guider le travail
pp. 174-175 Organisation interne
pp. 176-177 Introduction à l’âge des
Métaux
pp. 3-4 Amorce pp. 178-179 Amorce
MODULES
MÉTALLURGIE
pp. 5-6 Nouveaux maté- pp. 180-181 Nouveaux matériaux
riaux
6.1 Métallurgie Lien vers film
6.2 Corrigé Métallurgie Travail des métaux
6.3 Métallurgie Image de forge
6.4 Métallurgie Fonte et coulage du métal (diaporama)
6.5 Métallurgie Forgeage du métal (diaporama)
6.6 Métallurgie Fonte et coulage du métal (vidéo)
6.7 Métallurgie Forgeage du métal (vidéo)
6.8 Métallurgie Objets en cuivre
6.9 Métallurgie Objets en bronze
6.10 Métallurgie Objets en fer
SPÉCIALISATION ET ÉCHANGES
pp. 10-12 Spécialisation et pp. 185-187 Spécialisation et échanges 6.11 Spécialisation et échanges Village de Gamsen
échanges 6.12 Corrigé Spécialisation et échanges
ORGANISATION SOCIALE
p. 13 Hiérarchisation pp. 188-189 Hiérarchisation

p. 137 Guerriers
p. 138 Sépultures
p. 139 Oppida
pp. 14-15 Guerriers
pp. 16-17 Sépultures
p. 18 Maisons
p. 19 Villages
pp. 20-21 Oppida
pp. 190-191 Guerriers 6.13 Corrigé Organisation sociale Guerriers
6.14 Organisation sociale Guerriers Liens vers C’est pas
sorcier Celtes
p. 192 Sépultures 6.15 Corrigé Organisation sociale Sépultures
HABITAT
pp. 193-194 Maisons 6.16 Corrigé Habitat
6.17 Habitat Maisons
p. 195 Villages 6.18 Habitat Villages
pp. 196-197 Oppida 6.19 Habitat Oppidum du Vully (diaporama)
6.20 Habitat Oppidum du Vully (commentaires)
6.21 Habitat Oppidum Rempart celte
6.22 Habitat Oppidum Lien vers visite virtuelle de
Corent
 Thème 6 — 175

Manuel de l’élève Fascicule 6 Guide didactique Plateforme du

HABILLEMENT
p. 140 Vêtements de l’âge p. 198 Vêtements de l’âge du Fer
du Fer
RITES ET CROYANCES
pp. 141-142 Le Mormont pp. 22-23 Le Mormont p. 199 Le Mormont 6.23 Corrigé Rites et croyances Le Mormont
6.24 Rites et croyances Le Mormont Lien vers films
CELTES DE NOS REGIONS
pp. 143-144 Celtes de nos p. 24 Celtes de nos régions p. 200 Celtes de nos régions
régions
SYNTHÈSE
p. 25 Synthèse p. 200 Synthèse 6.25 Corrigé Synthèse
6.26 Synthèse Activité complémentaire
PROPOSITIONS D’ÉVALUATION
6.27 Propositions d’évaluation et corrigés
176 — Thème 6
Introduction à l’âge des Métaux
C ette période est divisée en deux parties :
l’âge du Bronze et l’âge du Fer. Elles sont
précédées du Chalcolithique ou âge du Cuivre
que l’on intègre ordinairement au Néolithique.
Les premières traces d’utilisation de métaux dé-
couvertes (pendentif en cuivre) à Shanidar (Irak)
remonteraient à environ 9500 avant J.‑C. En Tur-
quie, à Cayönü, de petites tiges pointues et une
sorte de poinçon sont datés d’environ 7000 avant
J.‑C. Cette temporalité coïncide avec la phase de
néolithisation de ces mêmes régions. Les limites
temporelles de ces périodes varient beaucoup
d’une région à l’autre et ne sont pas applicables
à la terre entière.
L’usage du cuivre s’est répandu dans les ré-
gions où l’on en trouvait à l’état natif. Les artisans
pouvaient donc le façonner en le martelant. La
production d’objets reste très limitée durant le
Chalcolithique. Les changements sociaux ne sont
pas très importants. Peut-être les premiers objets,
constitués surtout de parures, faisaient-ils office
de marqueur social en procurant un certain
prestige à leurs possesseurs. Parmi les premiers
objets utilitaires, on peut citer des clous prove-
nant de Tal-i-Iblis (Iran). Ils sont datés d’environ
4100 avant J.‑C. Ce n’est que vers 4000 avant J.‑C.
que les artisans sont parvenus à fondre le cuivre
et à le couler dans des moules.
A l’utilisation du cuivre, il faut encore asso-
cier celle des métaux précieux. L’or et l’argent,
trop tendres, étaient inutilisables pour fabriquer
des outils et n’étaient employés que pour des pa-
rures, des représentations artistiques (statuettes,
reliefs) ou des récipients précieux. Le plus vieil
objet en or découvert en Suisse est une petite
spirale provenant du site de Sion, Petit-Chasseur
(VS). Elle est datée d’environ 2500 avant J.‑C.
Quant à la métallurgie du bronze, elle s’est
développée même dans des régions ne dispo-
sant pas de minerai d’étain ou de cuivre. C’est
le cas de la Mésopotamie d’où proviennent les
plus anciens objets en bronze (tombe d’Ur, envi-
ron 3500 avant J.‑C.). Si la fabrication d’outils en
pierre, le tissage et la poterie ne nécessitaient
pas de grandes connaissances techniques, il en
allait tout autrement pour la métallurgie. Ainsi,
de nombreux outils étaient encore réalisés en
pierre ou en bois, mais c’étaient des artisans spé-
cialisés qui fabriquaient des objets en bronze,
essentiellement des armes. Certains extrayaient
le minerai, d’autres le réduisaient ou forgeaient
le métal.
La possession et l’accumulation d’objets de
valeur correspondent à une hiérarchisation so-
ciale de plus en plus marquée. Cette organisa-
tion est attestée par les fouilles qui ont livré de
riches mobiliers funéraires. D’autres personnes
étaient donc chargées de nourrir ces artisans
spécialisés et plus tard de les protéger en cas
d’insécurité. Les gisements et les dépôts de mi-
nerai étaient convoités. Des conflits armés ont
fait leur apparition. Les retranchements, les for-
tifications et les armes en sont les preuves les
plus marquantes. Le pouvoir des guerriers s’est
accru parallèlement à l’essor de l’utilisation des
métaux. On retrouve souvent cette classe sociale
à la tête des sociétés.
Les différents minerais ne se trouvaient gé-
néralement pas au même endroit, ce qui impli-
quait des échanges, souvent pratiqués sur de
longues distances, à l’échelle des continents.
Ces échanges ont marqué le développement des
grandes voies commerciales. A Cayönü (Tur-
quie), où ont été exhumés des outils en cuivre,
les archéologues ont retrouvé un coquillage mé-
diterranéen. Il avait été transporté sur près de
500 km. Avait-il été échangé contre du cuivre
ou un objet façonné dans ce métal ? Un autre
exemple provient de Lituanie, où a été décou-
verte une statuette d’homme en bronze prove-
nant du Proche-Orient, qui avait été transpor-
tée sur environ 2300 km. Avait-elle été troquée
contre de l’ambre de la Baltique ? L’approvision-
nement, la production et la distribution concer-
naient de vastes territoires et nécessitaient le
développement de moyens de transport aussi
bien terrestres que maritimes. Les échanges se
réglaient encore par le troc. On pouvait par
exemple échanger des métaux, de l’ambre, des
fourrures, des poteries, de la nourriture, etc.
L’âge du Fer débute au xiv e siècle avant J.‑C.
en Turquie. Ce sont les Hittites qui ont été les
premiers à maîtriser ce métal. Ils en faisaient
le commerce avec l’Egypte, la Syrie, le Liban et
même l’Iran actuels. Un document des plus inté-
ressants est une lettre du roi hittite Hattusilis III
demandant un délai à un roi assyrien. « Quant
au fer de qualité dont vous me parlez, ce dernier

n’est pas disponible pour l’instant dans mes ate-
liers de Kizzu-Watna. Le moment ne se prête
guère à la fabrication du fer d’aussi bonne qua-
lité que celui dont je vous ai parlé. Mes forgerons
fabriqueront ce genre de fer ultérieurement mais,
pour l’instant, ils n’ont pas fini de le travailler.
Dès qu’ils auront terminé, je vous le ferai par-
venir. A ce jour, je vous envoie une lame de poi-
gnard en fer. » Quand les Hittites ont été chassés
de leur royaume vers 1200 avant J.‑C., l’utilisation
du fer s’est diffusée au Proche-Orient, jusqu’en
Iran, et en direction de l’Europe.
Or la technologie utilisée pour le travail du
cuivre et du bronze n’était pas applicable au fer.
D’une part, les hommes de la Préhistoire n’arri-
vaient pas à fondre le minerai de fer afin de le
couler dans des moules (voir module Métallur-
gie), si bien que l’exploitation de ce métal exi-
geait de nouveaux procédés. D’autre part, le fer
est très rare à l’état naturel, on en trouve surtout
dans les météorites, c’est pourquoi les Sumériens
l’appelaient le « métal céleste ». On en a trouvé
notamment à Cnossos, où une tombe de la civi-
lisation minoenne, datée d’environ 1800 avant
J.‑C., contenait un cube de fer ; de même, un
poignard en fer météoritique avait été déposé
dans la tombe de Toutankhamon (1345 à 1327
avant J.‑C.).
Quand les hommes ont su extraire du fer
à partir du minerai que l’on trouve en grande
quantité, son utilisation s’est développée. Le
cuivre et le bronze ont été remplacés par ce nou-
veau métal, surtout pour la fabrication d’outils et
d’armes.
Thème 6 — 177
Dans nos régions, l’âge du Fer a débuté au
viiie siècle avant J.‑C. Les archéologues le divisent
en deux. Le premier âge du Fer, qualifié de Hall-
statt, est caractérisé par des citadelles qui étaient
des centres commerciaux et par la magnificence
des sépultures de la haute société. Le second âge
du Fer, portant le nom de La Tène, a connu un
mode de vie plus rural, dominé par des cheffe-
ries guerrières et une moindre ostentation dans
les tombes, peut-être signe d’une société plus
égalitaire. A la fin de cette période sont apparus
les oppida.
Une invention d’importance a été le cerclage
des roues, qui a joué un rôle important dans les
transports. A part les armes et les outils, d’autres
objets ont fait leur apparition : socs de charrue,
mors de chevaux, chaînes, chenets, etc. La tech-
nologie du fer a influencé fortement certaines
sociétés, en particulier celles de l’Europe. Au
cours du premier millénaire, elle a également
gagné l’Extrême-Orient. L’Amérique quant à elle
n’a pas connu ce métal avant l’arrivée des Euro-
péens. Les métallurgistes de ce continent n’utili-
saient que le cuivre et l’or.
En ce qui concerne les atteintes à l’environne-
ment, la grande quantité de charbon de bois né-
cessaire à la réduction du minerai de fer a eu un
impact important sur la déforestation, au point
que certaines régions du Proche-Orient ont été
dépouillées de leurs forêts. La pollution atmos-
phérique a également été en hausse dès ce mo-
ment. On mesure encore celle de cette époque
dans les glaces des régions polaires.
178 — Thème 6
Amorce
Travail du cuivre
Ö tzi a vécu durant le Néolithique, période
qui inclut le Chalcolithique. Les analyses le
situent entre 3300 et 3100 avant J.‑C.
Ce qui le différencie de la plupart des
hommes de cette époque est le fait qu’il possé-
dait une hache munie d’une lame de cuivre. L’or,
l’argent et le cuivre ont été les premiers métaux
utilisés durant la Préhistoire, car leur transforma-
tion était assez aisée. Ces métaux récoltés à l’état
natif, sous forme de sortes de pépites, étaient
d’abord martelés à froid ou à chaud, puis les
hommes ont réussi à les fondre et à les couler
dans des moules pour produire des objets qui
restaient de petite taille, par exemple des cou-
teaux, des alênes, des parures.
Durant le Chalcolithique, les hommes se sont
mis à utiliser le cuivre qui ne servait que dans
un cadre artisanal secondaire. La plupart des ob-
jets étaient toujours réalisés en pierre, en poterie,
en os ou en bois. La coexistence de ces techno-
logies a duré longtemps et l’utilisation de métal
n’a pas amené à cette époque de réels boule-
versements socio-économiques. L’objet en métal
semble associé au prestige et peut représenter
une preuve d’inégalité.
Des objets en cuivre datant du x e millénaire
ont été retrouvés au Moyen-Orient. De là, son
utilisation s’est diffusée. En Egypte, des haches,
des herminettes, des ciseaux, des couteaux et des
épingles sont datés du iv e millénaire. De la Bul-
garie, où des traces d’objets en cuivre remontent
à la seconde moitié du v e millénaire, cette tech-
nologie a suivi le cours du Danube pour toucher
nos régions. Une parure en fil de cuivre, proba-
blement importée d’Autriche ou des Balkans, a
été découverte à Font (FR). Elle est datée d’envi-
ron 4000 ans avant J.‑C. et constitue le plus an-
cien objet en cuivre trouvé dans le Moyen-Pays.
Des perles de cuivre de 3750 avant J.‑C. ont été
découvertes à Burgächisee (BE). Dans la cour
du château de Vuippens (FR), les archéologues
ont mis au jour une hache du iiie millénaire. Le
Chalcolithique a atteint la partie occidentale de
la Méditerranée un peu plus tardivement. Dans
d’autres parties du monde, l’usage de ce métal
est très tardif, comme dans les civilisations pré-
colombiennes où il ne précède que de très peu
l’arrivée des conquistadors.
 Thème 6 — 179

Amorce
Indications pédagogiques
Activités possibles Ressources et liens

1 Identifier la période de la Préhistoire Groupes – oral/écrit FE p. 3

durant laquelle a vécu Ötzi Réponses attendues
Retrouver un élément de sa panoplie • Pierre, bois, os
paraissant anachronique et expliquer sa • En cuivre
présence • Lame de hache en métal

2 Emettre des hypothèses concernant Groupes – oral/écrit FE p. 4

l’utilisation du cuivre
3 Mettre en commun Collectif – oral FE p. 4

4 Définir une problématique Collectif ou petits groupes – oral/écrit FE p. 4

Les étapes précédentes servent de base à la réflexion. L’enseignant
peut aussi s’appuyer sur la comparaison avec le Paléolithique et le
Néolithique.
Pistes permettant d’élaborer la problématique
Ils devaient se procurer du métal et apprendre à le travailler  extrac-
tion, transports, métallurgie
La métallurgie nécessitait des compétences spécifiques, un équipement
et des techniques complexes  spécialisation
L’apparition de cette technologie a eu des répercussions sur l’organisa-
tion sociale et économique  hiérarchisation, richesse
Exemple de problématique
Quels changements dans la vie quotidienne le développement de la
métallurgie a-t-il amenés ?
180 — Thème 6
Métallurgie Nouveaux matériaux
Le cuivre et le bronze
L es hommes ont tout d’abord utilisé le cuivre.
Ce métal n’est pas très résistant. Par contre si
on fait un alliage en fondant ensemble du cuivre
(90 %) et de l’étain (10 %), on obtient un nouveau
métal beaucoup plus dur et résistant à l’usure,
le bronze. La quantité d’étain pouvait toutefois
varier. Les hommes ont utilisé le bronze pour
fabriquer des outils, des armes et armures, des
récipients et des parures, plus robustes que ceux
de leurs prédécesseurs, en cuivre ou en pierre.
La caractéristique de l’âge du Bronze n’est pas
l’utilisation des métaux, mais la découverte et le
développement de la métallurgie, technique de
fonte nécessaire pour l’obtention de cet alliage.
Elle nécessite un savoir-faire important et une
grande maîtrise du feu. Le cuivre fond à 1085 de-
grés. Si on lui ajoute de l’étain, le point de fusion
baisse à environ 950 degrés.
C’est en Anatolie que les premiers objets en
cuivre ont été fondus, au viie millénaire. Le plus
ancien foyer métallurgique européen est apparu
dans les Balkans vers 3500 avant J.‑C. Ensuite, la
technique de la fonte s’est étendue à l’ensemble
de la péninsule euro-asiatique vers 2000 avant
J.‑C. Il semble certain que les premiers objets
en bronze provenaient de Mésopotamie et da-
taient de la seconde moitié du iiie millénaire. La
région de la mer Egée produisait du bronze vers
3000 avant J.‑C. Les archéologues fixent l’âge du
Bronze dans nos régions de 2300 à 800 avant
J.‑C.
Le travail du cuivre se faisait dans les régions
d’extraction de ce métal. Par contre, le bronze
était aussi fondu dans des régions ne dispo-
sant pas de gisements. Par exemple, le bronze
égéen utilisait du cuivre de Chypre et de l’étain
pouvant provenir de Grande-Bretagne. Ainsi, la
métallurgie est à l’origine de la première éco-
nomie complexe basée sur une production et
une distribution couvrant de vastes territoires.
L’apparition d’échanges de minerais, de métaux
ou d’objets manufacturés à grandes distances a
entraîné une différenciation économique et une
hiérarchisation sociale bien marquée. Les voies
de communication suivaient généralement les
cours d’eau, franchissaient les cols et les cluses.
Températures de fusion
Étain 232 °C
Plomb 327 °C
Argent 962 °C
Bronze (alliage de cuivre et d’étain) ~950 °C
Or 1064 °C
Cuivre 1083 °C
Fer 1535 °C
Le fer
Ensuite, les hommes ont utilisé du fer, encore
plus résistant, mais qui nécessite une chaleur
nettement plus importante pour le travailler. Les
hommes de la Préhistoire ne parvenaient pas à
le fondre complètement et à le couler dans des
moules.
Le minerai de fer est abondant dans l’écorce
terrestre. Il est assez facile de l’extraire, car les
gisements peuvent affleurer. Souvent, il faut pro-
céder à un traitement destiné à éliminer les subs-
tances inutiles : le minerai peut être trié, lavé ou
concassé, on peut aussi le griller.
 Thème 6 — 181

Métallurgie Nouveaux matériaux

Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Comment les hommes se sont-ils mis à travailler les métaux ?
Pour l’ensemble de ces activités  MSN 26 (Matière)

1 Identifier l’origine des métaux utilisés, Groupe – oral/écrit FE p. 5

leur travail et leur avantage principal L’avantage principal à identifier est la dureté, la résistance, la solidité du ME p. 127
métal.
2 Nommer les objets représentés Groupe – oral/écrit FE p. 5

3 Etablir des éléments de chronologie de Individuel – écrit FE p. 6

l’utilisation des métaux ME p. 128

4 Citer d’autres métaux Individuel – écrit FE p. 6

Les réponses possibles se référeront sans doute à l’environnement des
élèves ; ils peuvent donc citer des métaux ou des alliages qui n’étaient
pas utilisés ou n’existaient pas à cette époque.
5 Mettre en commun Collectif – oral/écrit FE p. 6
ME p. 128
182 — Thème 6
Métallurgie Travail des métaux
La réduction du minerai
D urant l’âge du F er, l’Antiquité et une
grande partie du Moyen Age, les artisans
arrivaient à obtenir une température de 1100 ºC
à 1200 ºC, et ne parvenaient pas à fondre totale-
ment le minerai de fer.
A partir de 700 ºC, le carbone et le monoxyde
de carbone arrachent de l’oxygène à l’oxyde fer-
reux. Cette réaction chimique produit du CO2
et du fer. Plus la température est élevée, plus
la réaction est forte. A 700 degrés, le fer reste
solide. Vers 1100 ºC à 1200 ºC, la gangue atteint
son point de fusion et le fer devient pâteux. Les
scories liquides se séparent du métal. On obtient
une « éponge », un bloc de métal impur mélangé
aux scories et au charbon. Cette transformation
du minerai s’appelle la réduction. Il faut ensuite
raffiner le métal en le chauffant et en le marte-
lant. Le produit obtenu s’appelle une « loupe de
fer » (c’est en réalité de l’acier) que l’on pourra
enfin forger. Il s’agit ensuite de procéder au finis-
sage (polissage, aiguisage, etc.)
La réduction nécessite de la chaleur et du
carbone, qui a une forte tendance à former des
oxydes. Il suffit donc d’introduire par couches
du charbon et du minerai dans un bas fourneau
pour produire une loupe de fer. Le processus est
ensuite arrêté pour la récupérer au fond. On pra-
tiquait encore cette méthode en Europe jusqu’au
xviiie siècle et en Afrique jusqu’en 1960.
Plus tard, au xiie siècle, le haut fourneau a
été inventé et s’est largement répandu en Europe
au xvie siècle. Comme il est beaucoup mieux
ventilé, il atteint des températures plus élevées.
A la fin du Moyen Age, des roues hydrauliques
faisaient fonctionner la ventilation. Le haut four-
neau produit de la fonte liquide, qui s’écoule par
un orifice pratiqué au bas. On le remplit par le
haut et il peut fonctionner en continu.
Forgeage et moulage
Les hommes ont certainement commencé par
forger les métaux sans les chauffer et en utilisant
des pierres. Ils ont dû assez rapidement se rendre
compte que la température augmente la ducti-
lité des métaux. L’invention de nouveaux outils
s’est avérée nécessaire. Il a fallu créer des pinces,
des marteaux et des enclumes. Afin d’augmen-
ter la température, un apport supplémentaire
d’oxygène est indispensable. Ils pouvaient le faire
en soufflant dans des tiges creuses ou en utilisant
des soufflets prolongés par des tuyères en argile.
Plutôt que du bois, ils utilisaient du charbon, car
celui-ci dispense une énergie supérieure. On en
retrouve des traces dans les restes de foyers.
En martelant des plaques de métal pas trop
dur, on peut fabriquer assez facilement un ré-
cipient, comme un gobelet en argent. On peut
aussi le ciseler.
En élevant encore davantage la température,
les hommes ont réussi à fondre certains métaux
comme le cuivre, l’étain, l’or, l’argent, et à les cou-
ler dans des moules. Ces derniers peuvent être en
argile et ils ne sont alors utilisables qu’une seule
fois. A l’âge des Métaux, on pratiquait déjà le
procédé appelé cire perdue. La forme désirée est
modelée en cire, puis entourée d’argile. La cuis-
son fait fondre la cire et durcir l’argile. Le métal
en fusion est ensuite versé dans le moule. Après
refroidissement, le moule est brisé pour dégager
l’objet. C’est à l’aide de ce procédé qu’a été réa-
lisée une magnifique statue de la reine élamite
Napir-Asu, datant du iie millénaire avant J.‑C. et
mesurant 1,20 m de haut. Même décapitée, elle
est considérée comme l’un des plus beaux objets
de la Préhistoire. Les détails des mains et des
plis de vêtements sont extrêmement minutieux.
Réaliser une pièce de cette envergure était une
véritable prouesse pour l’époque.
Les moules réalisés en pierre étaient employés
jusqu’à ce qu’ils se fendent ou que leur forme
soit abîmée. Pour éviter qu’ils ne se fissurent, il
faut les chauffer. La molasse, qui abonde dans
nos régions, se prête fort bien à la réalisation de
moules.
Pour terminer, il faut procéder au nettoyage
des pièces. Si on veut qu’un outil coupe, il faut
l’aiguiser à l’aide d’une pierre ou d’une lime.
On peut aussi polir les objets. Ce procédé peut
même donner au bronze un aspect rappelant l’or.
Les hommes de la Préhistoire étaient capables
de réaliser des brasures, procédé permettant
d’assembler deux pièces de métal. Par exemple,
un récipient pouvait être construit en partie en
fer et en partie en bronze. Pour les fixer en-
semble, les artisans utilisaient des rivets. Ensuite
ils faisaient une brasure avec de l’étain et le réci-
pient devenait ainsi étanche.
 Thème 6 — 183

Métallurgie Travail des métaux

Activités possibles
Quelles techniques ont-ils mises au point pour transformer les métaux ?
1 Identifier les différentes activités
Les classer dans l’ordre chronologique
Indications pédagogiques Ressources et liens
Pour l’ensemble de ces activités ME pp. 130-131
MER 6.2 Corrigé Métallurgie Travail des métaux
MER 6.4 Métallurgie Fonte et coulage du métal
(diaporama)
MER 6.5 Métallurgie Forgeage du métal (dia-
porama)
MER 6.6 Métallurgie Fonte et coulage du métal
(vidéo)
MER 6.7 Métallurgie Forgeage du métal (vidéo)
MER 6.8 Métallurgie Objets en cuivre
MER 6.9 Métallurgie Objets en bronze
MER 6.10 Métallurgie Objets en fer
MER 6.14 Organisation sociale Guerriers Liens
vers C’est pas sorcier Celtes
Groupe – oral/écrit FE p. 7
ME p. 129
MER 6.1 Métallurgie Lien vers film

2 Compléter le schéma de la production Groupe – oral/écrit FE p. 8

du bronze ME p. 128
Prolongement possible Collectif – oral
Rechercher des objets actuels fabriqués en bronze Réponses possibles
Cloches, sculptures, bijoux, médailles sportives,
tuyaux et raccords, etc.
3 Identifier les objets représentés et les Groupe – oral/écrit FE p. 8
métaux utilisés Réponses attendues
Torque (collier), en or
Parure pour retenir les cheveux, en argent
4 Mettre en commun et corriger Collectif – oral FE p. 8
La mise en commun permet de revenir sur les
hypothèses.
5 Repérer tout ce qui est fabriqué en Collectif – oral FG 26-27 (Interdépendances)
métal dans l’école et citer des métiers Réponses possibles
d’aujourd’hui concernés par cette Radiateurs, chaudières, citerne, robinets, tuyaux,
fabrication lampes, supports, barrière, portail, chariots, etc.
Fondeur, ferblantier, tôlier, serrurier, forgeron, etc.
Prolongement possible A faire sur le chemin de l’école, en dehors des
Rechercher si ces métiers sont présents dans le heures de classe
village ou le quartier
6 Etablir des liens entre la métallurgie et Collectif – oral FG 26-27 (Interdépendances)
l’environnement On peut ainsi mettre en évidence :
• La pollution lors de l’extraction et de la fonte ;
• La quantité d’énergie nécessaire à la transfor-
mation ;
• Les déchets produits et leur recyclage éventuel.
184 — Thème 6
Activités possibles
Prolongements possibles
Réaliser un panneau après recherche de photos
sur Internet
Faire un reportage-photos dans une déchetterie
(tri et récupération du métal)
7 Observer l’illustration
Noter les questions que les élèves se
posent
8 Emettre des hypothèses concernant
les sources qui permettent de restituer Réponses attendues
une forge
9 Relier les découvertes archéologiques
aux parties du dessin correspon-
dantes, qui ont permis la restitution
10 Mettre en commun et corriger
Indications pédagogiques Ressources et liens
Groupes – oral/écrit
Collectif – oral MER 6.3 Métallurgie Image de forge
L’enseignant projette l’image de restitution
avant que les élèves ne recourent au fascicule. Ils
observent l’image, puis la décrivent en indiquant le
lieu, les actions et les objets.
L’enseignant note les questions des élèves.
Groupe – oral
Trouvailles archéologiques (moules, objets, outils
en métal, tuyères, foyer, déchets de forge, etc.)
Individuel – écrit FE p. 9
Collectif – oral FE p. 9
MER 6.2 Corrigé Métallurgie Travail des métaux

Spécialisation et échanges
Les utilisateurs
L es outils et les armes en métal étaient plus
performants et plus solides que ceux du Néo-
lithique fabriqués en pierre.
Les agriculteurs devaient avoir recours aux
spécialistes du travail du métal : grâce aux mé-
tallurgistes et aux forgerons, ils avaient à dis-
position des outils qui leur permettaient, grâce
à leur solidité, de mieux travailler le sol et qui
s’usaient moins rapidement. Lorsqu’ils étaient
hors d’usage, on en recyclait le métal en le refon-
dant ou en le reforgeant.
Les hommes de l’âge des Métaux gagnaient
du temps pour construire leurs maisons. Elles
n’avaient guère changé dans leur aspect général
depuis l’époque précédente, mais on constate
des progrès dans les détails de finitions et dans
l’assemblage des pièces de bois. Les nouveaux
outils de métal devaient aussi leur rendre de
grands services pour construire leurs véhicules
(chars, barques).
La possession de parures ou d’ustensiles de
cuisine en métal suggère l’existence d’un groupe
social aisé.
Les artisans
La première difficulté rencontrée par des arti-
sans était de se procurer du métal, qui pouvait
provenir de régions très éloignées de celle qu’ils
habitaient. Ils devaient donc tisser des liens éco-
nomiques pour assurer leur approvisionnement.
Pour le bronze, l’origine géographique de l’étain
et du cuivre n’était très souvent pas la même, ce
qui imposait la création de réseaux commerciaux
plus complexes. Par exemple, les Grecs impor-
taient du cuivre provenant de Chypre. Comme
l’étain était moins répandu, ils devaient s’appro-
visionner encore plus loin. Ce métal se trouvait
entre autres en Angleterre, en Bretagne ou en
Espagne.
Ensuite, les artisans devaient maîtriser l’art de
la fonte ou de la réduction des minerais. Le tra-
vail de moulage, de forgeage et de finition de-
mandait une maîtrise technique élaborée, qui se
transmettait entre spécialistes. On peut imaginer
une sorte d’apprentissage.
On peut aussi supposer que ce savoir-faire
conférait un statut social élevé à ceux qui le dé-
tenaient. Mais il est possible que l’on se méfiait
Thème 6 — 185
un peu de ces hommes capables de transformer
les métaux, et que l’on croyait qu’ils possédaient
des pouvoirs un peu magiques.
Les échanges
Les artisans produisaient tout d’abord pour
leur communauté. Mais ils pouvaient aussi
échanger avec des habitants de régions plus
lointaines leurs produits semi-finis (lingots,
barres de métal) ou manufacturés. Le faisaient-
ils eux-mêmes ou confiaient-ils leurs marchan-
dises à des intermédiaires ? Les archéologues ont
retrouvé, jusqu’en Irlande et dans la péninsule
ibérique, des objets typiques produits à Unétice
(Tchéquie), une région importante de fabrication
à l’âge du Bronze, entre 2300 et 1600 avant J.‑C.
Il est aussi possible que les artisans se soient dé-
placés pour travailler d’un endroit à l’autre selon
les nécessités.
Le réseau routier de l’âge des Métaux reste
mal connu. En effet, les routes de plaine en terre
battue, par exemple à Gamsen (VS), ont laissé
peu de traces visibles, à la différence de cer-
tains tronçons de montagne, entaillés dans le
roc. L’utilisation de ce réseau a perduré, de nom-
breuses voies romaines empruntant les mêmes
tracés.
Les routes de l’étain
A une certaine époque, le commerce de
l’étain transitait par nos régions. Etape placée sur
l’une des routes de l’étain, le site de Châtillon-
sur-Glâne (FR) est d’une grande importance ar-
chéologique. Situé sur un éperon rocheux, au
confluent de la Glâne et de la Sarine, le village
était protégé par des falaises sur trois côtés. Du
côté ouest, les Celtes ont élevé un rempart de
terre, précédé d’un profond fossé, qui proté-
geaient une zone de quatre hectares. Le site a
peut-être permis le développement d’un port,
correspondant à un point de rupture de charge
(passage du transport fluvial au transport ter-
restre) sur la route de l’étain reliant la Bretagne
ou le sud de l’Angleterre à la Grèce durant envi-
ron 50 ans. De 530 à 480 avant J.‑C., les Grecs
étant en conflit avec les Carthaginois à propos
de la Sicile, la route maritime leur était fermée.
L’étain nécessaire à la fabrication d’armes en
grande quantité était acheminé par voies fluviale
186 — Thème 6
et terrestre jusqu’au bord de l’Adriatique. Le
transport se continuait par la mer. Des fragments
de céramique et des bracelets en verre prove-
nant de régions situées au bord de la mer Médi-
terranée (Grèce et sud de la France) attestent du
rôle de ce site en lien avec cette route de l’étain.
Une trentaine de tumuli 1 ont été repérés dans la
région. Le plus important, destiné certainement à
1 Pour tumulus, nous utilisons ici le pluriel tumuli, mais
on trouve aussi tumulus.
un notable, se trouve à Moncor sur la commune
de Villars-sur-Glâne. Il mesure 85 m de diamètre.
Ce personnage devait probablement contrôler
un tronçon de cette route. Plus tard, ce site a
perdu de son importance ; toutefois, les archéo-
logues ont encore trouvé quelques objets datant
du second âge du Fer (époque de La Tène) ou
de l’Antiquité, qui prouvent la persistance de son
occupation.
 Thème 6 — 187

Spécialisation et échanges
Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Quels changements l’utilisation des métaux exige-t-elle ?
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.12 Corrigé
Spécialisation et échanges
1 Réfléchir à la difficulté que chacun pro- Groupe – oral/écrit FE p. 10
duise ses objets en métal
2 Emettre des hypothèses concernant les Groupe – oral/écrit FE p. 10
changements pour les utilisateurs et les
fabricants d’objets en métal
3 Vérifier les hypothèses Groupe – oral/écrit FE p. 11
a) comparer la solidité du fer et celle de la L’enseignant se sera procuré :
pierre • Un marteau, des pierres pas trop solides (expérience a) ;  MSN 26 (Expérimen-
b) fondre, laisser refroidir, puis refondre • De l’étain (commerce de métal, de bricolage), une boîte de tation)
de l’étain conserve, du feu ou un brûleur à gaz (expérience b).

4 S’interroger sur la possibilité de recycler Collectif – oral/écrit FE p. 11

les métaux FG 26-27 (Interdé-
pendances)
5 S’informer sur différents métiers de la Collectif – oral/écrit FE p. 11
métallurgie et dégager la notion de spé- ME p. 131
cialisation
Quels moyens de transport les hommes utilisaient-ils ?
6 Citer le moyen de transport représenté et Groupe – écrit FE p. 11
les activités entourées sur l’illustration ME p. 134
MER 6.11 Spécialisation
et échanges Village de Gamsen
7 Nommer d’autres moyens de transport Groupe – écrit FE p. 11
possibles
8 Comparer la situation géographique des Groupe – écrit FE p. 12
mines de cuivre par rapport à celles d’étain Le but est de repérer qu’elles ne se trouvent pas au même endroit, ME p. 133
ce qui implique des échanges lointains
9 Chercher des preuves de l’existence du Groupe – écrit FE p. 12
commerce ME pp. 132-135

10 Prendre connaissance des informations Individuel – oral ME p. 135

concernant le site de Châtillon-sur-Glâne
11 Compléter la carte de la route de l’étain Individuel – écrit FE p. 12
passant par Châtillon ME p. 135

12 Mettre en commun et corriger Collectif – oral/écrit FE pp. 10-12

Il ne faut pas oublier de rendre les élèves attentifs au fait que si l’on
parle ici d’une route de l’étain particulière, il y en avait d’autres.
188 — Thème 6
Organisation sociale Hiérarchisation
A morcée durant le Néolithique, la hiérar-
chisation s’est encore accentuée au cours
de l’âge des Métaux. Plusieurs facteurs peuvent
l’expliquer.
Premièrement la spécialisation, liée aux tech-
niques mises en œuvre pour se procurer et
travailler les métaux, a certainement créé un
groupe social détaché de la grande majorité qui
était constituée d’agriculteurs-éleveurs. Etaient-ils
considérés comme des gens détenteurs d’un sa-
voir hautement utile, donc supérieur à celui des
autres ? Ou s’en méfiait-on parce que leur savoir
avait un côté presque magique ?
Etant donné les distances à parcourir de plus
en plus grandes et les difficultés de voyager liées
aux voies de communications naissantes, les
échanges commerciaux nécessitaient une orga-
nisation importante. Ceux qui s’en chargeaient
tentaient-ils d’en garder le monopole pour s’acca-
parer des richesses de plus en plus importantes
ou acceptaient-ils que d’autres se mettent à pra-
tiquer du commerce ?
Les métaux étaient rares et présentaient une
grande valeur. Les régions minières, les produits
semi-finis (lingots ou barres de métal) et les
objets manufacturés aiguisaient des convoitises.
Celles-ci étaient d’autant plus fortes lorsque des
stocks étaient constitués. La protection des com-
merçants et de leurs marchandises ou celle des
voies de communications a peu à peu été assu-
rée par des groupes armés, premières esquisses
d’une classe guerrière.
Déjà à l’âge du Bronze moyen (1500 à 1200
avant J.‑C.) il semble qu’une classe guerrière se
soit accaparée le pouvoir. Le nombre d’armes
produites fait penser à une course à l’armement.
Des places fortifiées se sont multipliées, laissant
entrevoir des rivalités de plus en plus marquées.
On remarque encore qu’un changement dans
les rites funéraires s’est fait sentir. Les défunts
des élites sociales étaient enterrés non plus dans
des sépultures collectives, mais dans des tombes
individuelles (les tumuli) avec un mobilier funé-
raire plus ou moins riche.
Les principales sources que nous avons à
disposition pour prouver l’existence d’une hié-
rarchisation sont les témoignages livrés par le
mobilier funéraire. Quelques tombes dites prin-
cières ont livré un matériel très important. Par
exemple, celle de Hochdorf (Allemagne) conte-
nait une sorte de divan en bronze doré, peut-
être d’origine étrusque, un char, un immense
vase grec en bronze d’une contenance de près
de 500 litres, des cornes à boire, des bijoux en
or, des armes, de la vaisselle en bronze et des
objets de toilette.
« Les Celtes de l’époque tardive possédaient une
structure de pouvoir oligarchique. Ils étaient do-
minés par une riche et puissante noblesse dispo-
sant de nombreux petits paysans étroitement dé-
pendants et d’esclaves. Toutefois, il existait aussi
des paysans libres et des artisans. La caste héré-
ditaire des druides gérait le culte, les légendes et
la tradition. Grâce à une religiosité bien enraci-
née chez les Celtes, comme le rapporte César, les
druides acquirent une autorité qui leur assura
une importante influence politique. »1
Dans la Guerre des Gaules, César nous a aussi
parlé de la société gauloise. Elle se répartissait
en trois catégories : les druides, les chevaliers et
le gens du peuple, libres ou réduits en esclavage.
On peut encore mentionner Diodore de Sicile
qui a décrit des Gaulois fortunés important du
vin d’Italie.
1 L’Or des Helvètes, Editions Musée national suisse, p. 25
 Thème 6 — 189

Organisation sociale Hiérarchisation

Activités possibles
Quels changements apparaissent dans l’organisation sociale ?
1 Observer le mobilier funéraire de trois
tombes
2 En conclure l’existence de richesses accu-
mulées par certains, et par là supposer
une inégalité sociale
3 Formuler des questions suscitées par les
documents
4 Rechercher dans des ressources exté-
rieures des réponses aux questions que
les élèves se sont posées
Indications pédagogiques Ressources et liens
Collectif – oral FE p. 13
Les élèves décrivent oralement les trouvailles archéologiques et les ME p. 136 (photo de
reconstitutions reconstitution)
Réponses attendues
• Chaussures recouvertes d’or, bijoux et poignard du même métal.
• Parures, statuette et vase monumental en bronze.
• Chars en bois .
Individuel – écrit FE p. 13
Réponses attendues
Certains sont ensevelis avec des richesses exceptionnelles, telles que
chacun ne pouvait en posséder de semblables.
Les richesses sont inégalement réparties, ce qui correspond certaine-
ment à une inégalité sociale, à une hiérarchisation.
Groupes – oral/écrit Thème 1, ME pp. 22 et 25
C’est ici une occasion d’appliquer la démarche d’enquête. Si nécessaire,
l’enseignant peut orienter le questionnement.
Exemples de questions possibles
• Est-ce que ce sont des rois ?
• Qui fabriquait de tels objets ? (Renvoi à Spécialisation.)
• Ces objets venaient-ils de très loin ? Si oui, comment étaient-ils trans-
portés ? (Renvoi à Commerce.)
Collectif ou individuel Internet
L’enseignant répartit les questions. Bibliothèque et autres
Il est possible que certaines restent sans réponse. ressources

5 Mettre en commun et revenir sur les Collectif – oral FE p. 13

hypothèses erronées ME p. 136

6 Lire les deux textes de la Guerre des Collectif – écrit ME p. 136

Gaules et valider les réponses fournies Réponse attendue
César confirme l’existence des couches sociales
190 — Thème 6
Organisation sociale Guerriers
L a classe des guerriers a fait son apparition
au cours de l’âge du Bronze. Elle s’est déve-
loppée, puis est devenue très importante chez
les Gaulois.
Les Gaulois font partie des Celtes. Leur terri-
toire correspond approximativement à la France,
la Belgique et à la Suisse (voir Thème 10, Guide
didactique, p. 14).
« Un combattant redoutable, mais incontrô-
lable, un moustachu au physique imposant et
au port hautain brillant par sa bravoure sur le
champ de bataille, mais ferraillant dans la plus
grande pagaille et le plus simple appareil. Inorga-
nisé, indiscipliné, individualiste, querelleur, trahi
par le fer trop mou de ses armes et son bouclier
facile à transpercer […] : l’image du guerrier gau-
lois véhiculée depuis plus d’un siècle et demi n’est
guère reluisante. »1
Leurs victoires contre les Romains pourraient
à elles seules démentir ces représentations. Le
fait qu’on les engageait à prix d’or comme mer-
cenaires prouve également le contraire.
Les artisans leur fournissaient un matériel per-
formant. Les forgerons produisaient des armes
de très bonne qualité. Les guerriers gaulois issus
de l’aristocratie possédaient un bon équipement,
très coûteux. Ils utilisaient des lances munies
d’une pointe en fer, dont la forme pouvait va-
rier, et des épées, suspendues à un ceinturon
pour le corps à corps. Ils employaient aussi des
poignards, des arcs et des frondes. Les protec-
tions (casque, armures) étaient réalisés en cuir
ou en métal, les boucliers en bois, en écorce ou
en osier. De grandes dimensions, ces derniers
étaient munis d’un umbo, une pièce centrale en
métal qui servait à protéger la main, à détourner
les coups ou à en porter. La tête était protégée
par un casque. Les artisans ont inventé la cotte
de mailles qui protégeait des blessures ; après
la prise de Rome en 390 avant J.‑C., les armées
1 Cahiers de Science et vie 125, p. 72.
latines l’ont également adoptée. Les simples com-
battants étaient moins bien équipés et portaient
des protections en cuir.
Aux côtés des fantassins, pendant assez long-
temps, les Celtes ont utilisé des chars de guerre
sur lesquels deux hommes prenaient place, un
conducteur et un combattant. C’était un moyen
très rapide pour déplacer les guerriers entre leurs
propres lignes et celles de l’ennemi, mais aussi
un objet d’apparat indiquant le rang du proprié-
taire. Ces véhicules légers, mais fragiles, néces-
sitaient la présence d’artisans pour les réparer.
Lors de la bataille de Sentinum (Italie) en 295
avant J.‑C., deux mille chars ont été alignés. A
la fin de l’âge du Fer, ils ont été remplacés par
des cavaliers, incontestablement plus mobiles.
Les combattants à cheval formaient l’élite de
l’armée. Les charges de cavalerie permettaient
d’ouvrir une brèche dans les rangs des fantassins
ennemis. Les chevaux, mesurant environ 1,10 m
à 1,20 m au garrot, étaient plus petits que ceux
que nous connaissons.
Les guerriers étaient très nombreux : pendant
la Guerre des Gaules, ils représentaient 25 % à
30 % de la population. Leur place dans la société
était importante : une partie d’entre eux consti-
tuait l’aristocratie et dirigeait le peuple, détenant
les pouvoirs politique, militaire et économique et
jouissant de privilèges de caractère héréditaire.
Avant de passer à l’attaque, les guerriers
provoquaient leurs ennemis par des insultes,
des gestes obscènes. Les carnyx (ou carnynx),
instruments de musique, produisaient des sons
destinés à épouvanter leurs adversaires. Les
convictions religieuses exaltaient les héros : si un
guerrier sacrifiait sa vie, on croyait qu’il atteignait
directement le paradis où siégeaient les dieux
celtes. Sinon, comme le commun des mortels, il
devait se réincarner.
Les vertus guerrières s’incarnaient dans le
rite de la décapitation des ennemis. Leurs têtes
étaient conservées comme des reliques de grand
prix.
 Thème 6 — 191

Organisation sociale Guerriers

Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Quels rôles les guerriers jouaient-ils dans la société celte ?
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.14 Organisation sociale
Guerriers Liens vers C’est pas sorcier
Celtes
1 Observer les représentations de divers Groupe – oral/écrit FE p. 14
personnages gaulois, émettre des Ce sont essentiellement les objets accompagnant les personnages
hypothèses quant à leurs fonctions qui permettent d’identifier leurs fonctions : la lyre pour le barde, les
outils agricoles pour les paysans, l’épée pour le guerrier. Le port de
torques (collier en métal) est sans doute un indice de richesse, et
par là de position sociale supérieure.
2 Vérifier à l’aide du manuel Groupe – oral/écrit FE p. 14
ME p.137
3 Relier les armes gauloises au person- Groupe – oral/écrit FE p. 15
nage et compléter le schéma concer- Les croyances sur le sort particulier réservé aux guerriers valeureux ME p.137
nant la réincarnation ou l’accession au après leur mort révèlent aussi leur importance dans leur société.
paradis
4 Mettre en commun Collectif – oral/écrit FE pp. 14-15
MER 6.13 Corrigé Organisation
sociale Guerriers
192 — Thème 6
Organisation sociale Sépultures
Age du Bronze
L es tumuli sont des tertres qui recouvrent une
sépulture. Généralement de forme circulaire,
ils sont constitués de pierre et de terre. Leurs
dimensions peuvent varier ; les plus grands sont
parfois appelés tombes princières. Au centre se
trouve une sorte de chambre destinée à recevoir
le corps ou parfois les cendres du défunt ainsi
que de la nourriture et des objets qui peuvent
parfois être de très grande valeur. Des chars, des
vases énormes comme celui de la tombe de Vix
(France) ou de celle de Hochdorf (Allemagne),
des armes, des bijoux constituent le mobilier fu-
néraire mis au jour. Celui-ci offre aux archéolo-
gues un terrain très propice à leurs analyses.
Au cours des siècles, de nombreux tumuli ont
été profanés et pillés par des gens qui pensaient
y découvrir des trésors, détruisant à tout jamais
des traces importantes du passé.
Les fouilles archéologiques démontrent qu’au
cours de l’âge du Bronze, les pratiques funéraires
Organisation sociale Sépultures
Activités possibles
En quoi les sépultures permettent-elles de se représenter la société et les croyances ?
1 Observer et comparer les deux types de
sépultures
2 Emettre des hypothèses concernant la Groupe – oral/écrit
présence du mobilier funéraire et de nour-
riture dans les tombes, ainsi que sur les
différentes tailles des tumuli
3 Mettre en commun
4 Observer les illustrations et établir des
liens avec les trouvailles archéologiques
5 Se questionner sur la permanence des
pratiques funéraires et sur les traces
qu’elles laissent
6 Mettre en commun
se sont modifiées. Suite à l’incinération des dé-
funts, les cendres étaient récoltées et mises dans
des urnes qui étaient enterrées. La découverte de
nécropoles dans lesquelles étaient rassemblées
des urnes funéraires a donné lieu à l’appellation
de civilisation des champs d’urnes. Ces rites sont
apparus en Europe centrale au xiiie siècle avant
J.‑C. Ils ont été adoptés par le reste du continent
et utilisés jusqu’à l’âge du Fer.
Age du Fer
Durant cette époque, les deux modes de
sépultures ont coexisté. La société était de plus
en plus hiérarchisée et le mobilier funéraire en
est une des meilleures preuves. Les tombes de
femmes contenaient de nombreuses parures,
parfois démesurées comme certaines fibules ou
des épingles très volumineuses. Les sépultures
des plus riches renfermaient de la vaisselle de
bronze en quantité.
Indications pédagogiques Ressources et liens
Groupe – oral/écrit FE p. 16
FE p. 16
ME p. 138
Collectif – oral FE p. 16
Le dépôt de nourriture et d’objets a une fonction MER 6.15 Corrigé Organisation sociale
symbolique. Sépultures
Individuel – écrit FE p. 17
ME p. 138
Individuel – écrit FE p. 17
Collectif – oral/écrit FE p. 17
Cette réflexion peut être l’occasion d’évoquer les MER 7.14 Corrigé Sépultures
pratiques liées à différentes religions ou traditions.  SHS 25 (Ethique et cultures religieuses)

Habitat Maisons
L es maisons de l’âge des Métaux ressemblaient
encore à celles du Néolithique dans leur ap-
parence. Les hommes utilisaient toujours les
mêmes matériaux (bois, terre, argile, paille, ro-
seaux). C’est dans les détails de l’assemblage des
différents éléments de construction que l’on peut
voir des progrès techniques. L’outillage plus per-
formant a permis de réaliser des améliorations.
L’ajustage se faisait à l’aide de tenons et de mor-
taises, de gouttières, d’entailles à mi-bois ou en
queue d’aronde. On peut parfois même déceler
les marques laissées par les outils tranchants.
Pour protéger les murs, les bâtisseurs les badi-
geonnaient parfois à la chaux. Les habitations
gauloises ne résistaient guère plus de quinze à
vingt ans à l’usure du temps, ce qui explique
que la quasi-totalité des bâtiments ne nous sont
guère parvenus, contrairement aux constructions
plus monumentales, en dur (remparts, tumuli).
Les bâtiments étaient affectés à des activités
bien précises (habitation, forge, grenier, sanc-
tuaire, etc.).
L’intérieur des habitations était généralement
composé d’une seule grande pièce. On y vivait,
on y mangeait, on y dormait, on y logeait des
animaux. Le foyer était aménagé vers le centre
de la pièce. Comme il n’y avait pas de chemi-
née, la fumée s’échappait par un orifice pratiqué
dans le toit. Les habitations, probablement sans
Thème 6 — 193
fenêtres, comportaient peu d’ouvertures et de ce
fait offraient une bonne protection contre le froid
et les éléments. D’une région à l’autre, l’agence-
ment des maisons pouvait varier.
Certaines maisons possédaient également
dans la grande pièce principale une sorte de
« mezzanine », qui servait probablement à entre-
poser des victuailles et du matériel. Jusqu’au
ii e siècle avant J.‑C., l’habitat celte était rural,
constitué principalement de fermes isolées ou
de hameaux. En France, la prospection aérienne
a permis de révéler un tissu dense d’exploita-
tions agricoles couvrant l’ensemble du territoire,
sauf les régions marécageuses. Les spécialistes
distinguent quatre types de maisons qui recou-
paient la hiérarchisation établie. Cela allait de
fermes d’un modèle basique, qui n’étaient peut-
être pas occupées en permanence, mais selon
le rythme des travaux agricoles, jusqu’à des
résidences aristocratiques, entourées d’un large
fossé, disposant même de leur propre sanctuaire.
Souvent, les fermes pouvaient comporter une ou
deux maisons, des greniers et des silos.
Il était très important de protéger la nourriture
contre l’humidité et les animaux. C’est pourquoi
les greniers, qui contenaient surtout des céréales,
étaient souvent surélevés. Pour interdire l’accès
aux rongeurs, on pouvait installer des pierres
plates au sommet des pieux.
194 — Thème 6

Habitat Maisons
Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
A quoi ressemblaient leurs maisons ?
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.16 Corrigé Habitat
MER 6.17 Habitat Maisons
MER 6.14 Organisation sociale
Guerriers Liens vers C’est pas sorcier Celtes
1 Rechercher les matériaux à dispo- Collectif, oral FE p. 18
sition et les outils nécessaires à la Réponses possibles
construction des maisons Bois, pierres, chaume, argile, roseaux, eau, cordes en fibres végé-
tales, etc.
Hache, marteau, ciseaux, herminette, coins, scies, etc.
2 Comparer différentes maisons de Petits groupes, oral/écrit FE p. 18
l’âge du Bronze  SHS 21 (Géographie : Habitat)
Relever des différences et des res-
semblances
3 Citer l’outil le plus utile pour la fabri- Petits groupes, oral/écrit FE p. 18
cation de ces maisons
4 Comparer ces maisons avec celles du Petits groupes, oral/écrit FE p. 18
Paléolithique et du Néolithique
5 Mettre en commun et justifier Collectif, oral/écrit FE p. 18
Corriger et compléter
Prolongement possible Collectif, oral
Repérer des éléments qui apparaîtront plus Réponses possibles
tard, et qui sont constitutifs des maisons Vitres, cuisinières, cheminées, chauffage central, maçonnerie,
actuelles dalles en béton armé, etc.
On peut éventuellement rechercher les dates d’apparition de ces
éléments.
 Thème 6 — 195

Habitat Villages

L a disposition générale des villages variait

beaucoup. Il existait des villages à rangée
unique, à plusieurs rangs de maisons serrées
les unes contre les autres, ou des « village-tas »
sans organisation. Dans certains cas, on pouvait
trouver un espace central. Leur taille variait, du
simple hameau de cinq ou six maisons à des vil-
lages très importants pouvant compter plusieurs
centaines d’habitants. La reconstitution du village
de la fin de l’âge du Bronze présentée à Unter­
uhldingen (Allemagne) compte environ 80 mai-
sons qui pouvaient abriter 500 personnes.
Cortaillod-Est (NE), un village de l’âge du
Bronze, a été fouillé intégralement. Dans sa plus
grande extension, le village comptait huit ran-
gées de maisons, pour un total de vingt-deux
maisons, séparées par des ruelles rectilignes. Le
village était séparé de l’arrière-pays par une pa-
lissade. Il occupait un terrain aménagé de galets,
sur une superficie de plus de 5000 m2. On y a
vécu de 1009 à 955 avant J.‑C.
L’âge du Bronze est aussi marqué par la pré-
sence de structures militaires défensives. Les
habitants devaient ressentir un besoin de se pro-
téger des attaques. En conséquence, certains vil-
lages pouvaient être fortifiés. Par exemple, dans
le canton de Fribourg, Châtonnaye, Ecuvillens et
le Vully étaient protégés par une levée de terre.
Le village de Kasteltschuggen (VS), ins-
tallé en hauteur, était entouré d’un rempart en
pierres sèches et protégé par une tour. Datant
de 1400 à 1300 avant J.‑C., il jouait certainement
un rôle dans la gestion des ressources minières
et contrôlait des voies de communication tran-
salpines. Les archéologues y ont découvert des
scories attestant d’activés en rapport avec la mé-
tallurgie. De plus, le site n’était pas très éloigné
d’un gisement de cuivre.

Habitat Villages
Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Comment les villages se protégeaient-ils ?
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.16 Corrigé Habitat
MER 6.18 Habitat Villages
MER 6.14 Organisation sociale Guerriers Liens
vers C’est pas sorcier Celtes
1 Identifier des éléments de sécurité des Individuel – écrit FE p. 19
deux villages représentés Pour les éléments de sécurité, il convient de tenir
Dire lequel semble le plus sûr compte aussi bien du milieu choisi (berge d’un
lac, sommet d’une colline) que du système de
protection des habitations (disposition en cercle,
palissade, rempart en pierres).
2 Citer des dangers dont les villages cher- Individuel – écrit FE p. 19
chaient à se protéger  SHS 21 (Géographie : Habitat)

3 Mettre en commun Collectif – oral/écrit FE p. 19

Corriger et compléter
4 Rechercher des dangers communs à Collectif – oral/écrit FE p. 19
l’âge des Métaux et à notre époque,
ainsi qu’un danger propre à notre
époque
196 — Thème 6
Habitat Oppida
A la fin de l’âge du F er, les Celtes ont créé
des « villes », appelées oppida1 par les Ro-
mains. On en a dénombré environ 170 au nord
des Alpes. Présentant un modèle homogène, ils
sont répartis de l’Atlantique aux Carpates. A cette
époque, le monde celtique vivait une profonde
mutation. L’expansion territoriale, le dévelop-
pement économique et la croissance démogra-
phique exigeaient une nouvelle organisation du
territoire ainsi qu’un réseau de voies de com-
munication plus étendu et plus performant. Les
lieux de pouvoir et de réunion où se prenaient
des décisions se sont multipliés. Les bourgs, de-
venus des lieux d’échanges et de production,
attiraient les commerçants et les artisans. Sou-
vent, les oppida ont été édifiés sur des sites en
hauteur, mais parfois, comme à Besançon, on a
choisi la zone située à l’intérieur de d’une boucle
fluviale, ici celle du Doubs. Certains oppida ont
aussi été construits dans des endroits plats ou
dans des fonds de vallée. D’autres ont été édifiés
sur un site occupé par des résidences aristocra-
tiques fortifiées, d’autres encore ont vu le jour
autour d’un sanctuaire. Certains, comme celui
du Vully (FR), n’ont pas été habités : ils devaient
avoir une fonction symbolique aux plans poli-
tique et religieux, et pouvaient éventuellement
servir de refuge.
1 Pour oppidum, nous utilisons ici le pluriel oppida,
mais on trouve aussi oppidums.
15
16
11 12
9 14
10
13
8 5. Mont Vully
5 7
4 6
3 9. Mont Terri
2 10. Besançon/Vesontio
1
Comparés aux sites fortifiés grecs ou
romains, les oppida étaient beaucoup plus
grands et contrôlaient un vaste territoire, dont
on peut les considérer comme les capitales.
Les remparts ne servaient pas uniquement à la
défense, mais permettaient aussi de distinguer
ville et campagne en affichant avec ostentation
la puissance de la cité. En principe, les sites
en comportaient, mais pas toujours. Genève,
appelée oppidum par Jules César, ne possédait
pas de remparts.
Les traces d’aménagement des oppida révèlent
une intention d’organiser l’espace : à certains
endroits, les archéologues peuvent discerner
des zones spécifiques, par exemple une partie
réservée à l’artisanat, des endroits prévus pour
le commerce.
Les oppida abritaient un sanctuaire. Celui-ci
était délimité par un enclos de bois, des fossés
ou des levées de terre. Il n’en reste que peu de
vestiges architecturaux.
L’auteur de la Guerre des Gaules mentionne
douze oppida situés sur le territoire de la Suisse
actuelle. Les fouilles archéologiques ne les ont
pas encore tous mis au jour2.
2 César n’est pas forcément toujours objectif (récit des
événements, description des ennemis, etc.).
Les oppida dans le Moyen Pays
1. Genève/Geneva
2. Lausanne/Lousonna
3. Sermuz
4. Yverdon/Eburodunum
6. Avenches-Bois de Châtel
7. Berne-Engehalbinsel/Brenodunum
8. Jensberg
11. Bâle-Gasfabrik et Bâle-Münsterhügel
12. Windisch
13. Üetliberg
14. Zurich
15. Altenburg-Rheinau
16. Constance
 Thème 6 — 197

Habitat Oppida
Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Comment étaient constitués les oppida ?
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.16 Corrigé Habitat
Le site indiqué en lien contient une visite virtuelle très com- MER 6.14 Organisation sociale Guer-
plète de l’oppidum de Corent. riers Liens vers C’est pas sorcier Celtes
Il ne devrait pas être utilisé avant les activités sur les oppida. MER 6.19 Habitat Oppidum Vully
Il contient une scène de sacrifice de mouton, d’ailleurs indi- (diaporama)
quée comme pouvant choquer de jeunes enfants. Il peut aussi MER 6.20 Habitat Oppidum Vully
être utilisé en lien avec les maisons, l’artisanat, la métallurgie, (commentaires)
les vêtements, ou servir d’introduction à la synthèse. MER 6.21 Habitat Oppida Rempart
celte
MER 6.22 Habitat Oppida Lien pour
visite virtuelle de Corent
1 Choisir un site de la région de Besan- Individuel – écrit FE p. 20
çon pour situer un oppidum et justifier La zone marécageuse ou les sites rocailleux, sans végétation
son choix devraient être évités. Les îles peuvent être des endroits favo-
rables parce que facilement défendables, mais dans le site à
observer, elles sont trop petites pour permettre l’implantation
d’une communauté relativement nombreuse.
2 Vérifier les hypothèses Individuel – écrit FE p. 20
ME p. 139
3 Rechercher dans la région des élèves Groupes – oral Carte géographique régionale
un site favorable à l’implantation d’un Les conditions favorables sont la présence d’une hauteur, si FG 21 (MITIC : Education aux
oppidum possible escarpée, la proximité de l’eau et de voies de com- médias)
munication. Google Earth
 SHS 21 (Géographie)

4 Mettre en commun et justifier Collectif – oral

5 Repérer l’organisation de l’espace Individuel – écrit FE p. 21

dans un oppidum ME p. 139

6 Vérifier et compléter à l’aide d’une Groupes – écrit FE p. 21

source d’époque et des explications ME p. 139
des archéologues
7 Mettre en commun Collectif – oral/écrit FE p. 21

8 Ajouter des mots-clés dans le tableau Collectif – oral/écrit FE p. 21

198 — Thème 6
Habillement Vêtements de l’âge du Fer
S i l’évolution des vêtements du Néolithique
à l’âge du Fer n’est pas marquante quant à
l’aspect visuel, il faut pourtant noter une série
de progrès importants concernant le travail sur
les textiles (matériaux nouveaux et techniques
de tissage).
Le croisement des sources archéologiques au-
torise des suppositions plutôt que des certitudes,
puisqu’il est extrêmement rare d’avoir accès à
des vêtements entiers.
Matériaux et techniques de tissage
Une diversité de matériaux, végétaux et ani-
maux, est attestée à l’âge du Fer dans la confec-
tion des vêtements (lin, chanvre, laine, fourrure,
cuir).
Le lin est originaire du Moyen-Orient. En
Egypte, les premières traces de son utilisation
remontent à 8000 ans avant J.‑C. Le lin était très
probablement la fibre végétale la plus utilisée.
Pline l’Ancien a consacré un volume de son His-
toire naturelle (livre xix) à cette plante qui four-
nit des fils d’une « blancheur et d’une finesse re-
marquable… » Les voiles de la flotte d’Alexandre
le Grand étaient fabriquées avec cette fibre.
Le chanvre commençait à être tissé, princi-
palement par les Germains (tombe princière de
Hochdorf, période de Hallstatt). Des preuves
archéologiques manifestes de son emploi par les
Gaulois manquent.
La laine, tissée ou non-tissée (feutrée), utili-
sée pour la confection des vêtements gaulois, est
décrite par les auteurs anciens comme grossière
et rêche. Le feutre retrouvé a principalement été
utilisé dans la confection de chapeaux, bonnets,
manteaux ou de semelles de chaussures.
La fourrure est très peu présente dans les
tombes de l’âge du Fer. Mais on retrouve par-
fois des tissus avec des poils intégrés aux fils du
tissage. Il s’agit assez fréquemment de poils de
blaireau.
Le cuir, plutôt réservé aux vêtements des
guerriers, est très rarement retrouvé lors des
fouilles archéologiques. Il s’agit alors, la plupart
du temps, de cuir de chien.
Même si les vêtements des Gaulois étaient
principalement des habits utilitaires, ceux-ci
pouvaient également porter des vêtements riche-
ment colorés et décorés, pour des cérémonies
par exemple. La richesse du vêtement dépendait
certainement du groupe social de la personne
concernée : paysan, artisan, guerrier, aristocrate
ou druide. Elle pouvait se manifester par des
colorations particulières, des motifs à carreaux
ou des bandes verticales. Les techniques de tein-
ture étaient élaborées, avec des pigments issus
de matières végétales (aulne, bouleau, lichens,
chêne, garance, etc.) ou animales (coquillages).
La richesse pouvait également se manifester par
la superposition de couches de vêtements, par
la pose de galons et l’apport de bijoux (perles,
ivoire, bronze, argent et or).
Vêtements des femmes
Le costume des femmes se composait de trois
éléments qui pouvaient être superposés en cas
de froid : une robe allant jusqu’aux chevilles, une
large tunique en lin ou en laine, parfois sans
manches, maintenue au niveau des épaules par
des fibules, et une saie par-dessus (sorte de man-
teau constitué d’un grand rectangle tissé d’un
seul tenant. Cette dernière servait de protection
contre les intempéries ou de couverture. Elle
pouvait être portée jetée sur l’épaule.
Vêtements des hommes
La pièce principale des vêtements des Gaulois
et des Germains de l’âge du Fer était constituée
de braies (sorte de pantalons). Elles pouvaient
être bouffantes ou près du corps. Elles étaient re-
pliées et enroulées autour d’une ceinture qu’elles
cachaient. Par-dessus les braies, l’homme gau-
lois portait une tunique, qui descendait jusqu’à
la chute des reins. Tissée en lin ou en laine, elle
se portait avec ou sans ceinture. En cas de froid,
on pouvait en superposer plusieurs, et recouvrir
le tout d’une saie ou d’une sorte de cape à capu-
chon (cuculus).
Remarque: Il n’y a pas d’activité prévue dans
le fascicule, mais le manuel comporte des
informations pour les élèves (ME p. 140).
 Thème 6 — 199

Rites et croyances Le Mormont

U n lieu de culte helvète d’importance euro-

péenne a été découvert en 2006, au som-
met du Mormont entre Eclépens et La Sarraz
(VD). Ce site, daté d’environ 100 avant J.‑C.,
est un cas unique en Gaule. D’importants dé-
pôts d’offrandes étaient répartis dans plus de
260 fosses, dont la profondeur pouvait atteindre
cinq mètres. Ces offrandes, composées de divers
objets du quotidien (récipients en céramique et
en bronze, meules, outils en fer, bijoux, pièces
de monnaies), étaient réparties sur plusieurs
couches. On y a aussi découvert des ossements
d’animaux et d’humains, portant des marques
qui prouveraient que les Celtes pratiquaient par-
fois des sacrifices humains.
Les objets et les squelettes d’animaux ap-
portent des renseignements sur les échanges
commerciaux. Une grande partie d’entre eux est
d’origine locale, tandis que les restes de grands
chevaux, par exemple, témoignent d’une origine
méditerranéenne.
Ce sanctuaire a connu une grande fréquen-
tation lors de festivités dont le but était pro-
bablement d’obtenir l’aide des dieux, ou lors
d’événements tragiques (conflits, épidémies). Sa
datation correspond à l’époque des migrations
de Cimbres et des Teutons, et au climat d’insécu-
rité qui devait y être associé.

Rites et croyances Le Mormont

Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Quels rites pratiquait-on sur le Mormont ?
1 Prendre connaissance des Individuel – oral ME pp. 141-142
informations du manuel
2 Cocher les réponses correctes Individuel – écrit FE p. 22
et justifier
3 Compléter les dessins avec les Individuel – écrit FE p. 22
informations du manuel ME pp. 141-142

4 Emettre des hypothèses Groupes – écrit FE p. 23

quant à la fonction de ce lieu
5 Ecouter l’émission radiopho-
nique et corriger
6 Compléter à l’aide du manuel
7 Mettre en commun
La présence dans des fosses creusées artificiellement d’ossements
humains et animaux, ainsi que celle d’objets devrait orienter les hypo-
thèses vers des dépôts sacrés. En effet, l’hypothèse que ces dépôts aient
été effectués en vue de les préserver ou de les conserver est invalidée
par l’absence d’habitat à proximité (on n’a pas déposé de nourriture en
réserve ni d’objets pour les mettre à l’abri).
Collectif – oral/écrit FE p. 23
MER 6.23 Corrigé Rites et croyances
Le Mormont
MER 6.24 Rites et croyances Le
Mormont Liens vers films
Groupes – écrit FE p. 23
ME pp. 141-142
Collectif – oral
200 — Thème 6

Celtes de nos régions

L es Celtes font partie d’un groupe ethnique

d’origine indo-européenne. Le centre de cette
civilisation se trouvait dans la région de Halstatt
(Autriche). Au cours des conquêtes et des migra-
tions, leur influence s’est étendue à une grande
partie de l’Europe. L’apogée de leur extension se
situe entre le viiie et le iiie siècle avant J.‑C. Ils
ont atteint la Galatie (Turquie) et l’Espagne.
Il n’y avait pas de d’unité politique, mais des
tribus indépendantes. Les lois, les coutumes, la
religion et des rites les rapprochaient.

Celtes de nos régions

Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Quels étaient les peuples celtes de nos régions ?
1 Identifier le canton des élèves et le colorier Individuel – écrit FE p. 24

2 Prendre connaissance des renseignements Individuel – écrit ME p.143

du manuel et répondre aux questions FE p. 24

3 Emettre des hypothèses concernant l’orga- Groupes – oral/écrit FE p. 24

nisation et les raisons de leur départ
4 Compléter à l’aide du manuel
5 Mettre en commun
Les élèves devraient mettre en évidence la difficulté de l’entreprise
d’émigration de tout un peuple, la nécessité de préparatifs longs et com-
plexes (provisions, moyens de les transporter). Ils devraient proposer des
hypothèses mettant en avant des causes majeures (menaces extérieures,
disette-famine, épidémie, motifs religieux).
Individuel – écrit ME pp.143-144
FE p. 24
Collectif – oral

Synthèse
Activités possibles Indications pédagogiques Ressources et liens
Pour l’ensemble de ces activités MER 6.14 Organisation
sociale Guerriers Liens vers
C’est pas sorcier Celtes
1 Observer les restitutions Individuel – écrit FE p. 25
Attribuer chacune à la période histo- Ensemble des fascicules et
rique qui lui correspond pages du manuel concernés

2 Sur chaque image, identifier les élé- Individuel – écrit FE p. 25

ments qui permettent cette attribution
3 Mettre en commun et justifier l’attri- Collectif – oral FE p. 25
bution MER 6.25 Corrigé
Synthèse
Autre possibilité de synthèse Selon les activités réalisées en classe, l’enseignant peut utiliser pour la MER 6.26 Synthèse
synthèse tout ou partie des activités complémentaires proposées. Activité complémentaire