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SCT-1111 Minéralogie

HIV2004 — Luc Harnois


Quartz
Gypse

Deuxième partie : description des minéraux

Chapitre 11
Classe 8 — Silicates : généralités.
Classe 8 — Silicates

Silicates. C’est une classe qui comprend un grand nombre d’espèces minérales (près de 600 espèces
minérales; Aubert et al. 1978) dont la structure est basée sur des agencements du tétraèdre (SiO4)4– ;
exemple : albite NaAlSi3O8. La classe des silicates est subdivisée en six sous-classes : nésosilicates
(synonyme : orthosilicates ; 120 espèces minérales), disilicates (synonyme : sorosilicates; 85 espèces
minérales), cyclosilicates (45 espèces minérales), inosilicates (100 espèces minérales), phyllosilicates (150
espèces minérales), tectosilicates (90 espèces minérales). Cette subdivision en six sous-classes est basée sur
des caractères structuraux.

Les silicates constituent environ 92% en poids de la totalité des minéraux formant la croûte terrestre, d'où
leur extrême importance. Ils se reconnaissent assez facilement : éclat généralement vitreux, transparents à
translucides, forte dureté, densité moyenne 2,6 à 3,3, poussière incolore à grise, même pour des silicates
fortement colorés.

La détermination de leurs structures a permis une classification logique tout en expliquant la plupart de leurs
propriétés.

Coordinence des ions dans les silicates : l'ion Si4+ est tétracoordonné, l'ion Al3+ tétra ou hexacoordonné,
Mg2+, Fe2+, Fe3+ sont hexacoordonnés. Les ions alcalins et alcalino-terreux ont une coordination variant de 7
à 12.

Les silicates ayant des structures ioniques doivent être électriquement neutres. Leurs structures résultent de
l'enchaînement par les sommets de tétraèdres SiO4, les ions Mg, Fe, Ca, Na, K, Ti se placeront dans les
lacunes restantes suivant leurs rayons ioniques. Cette trame silicatée confère aux silicates leurs propriétés
essentielles : morphologie, clivage, biréfringence, stabilité.

Tableau des synonymes et des termes anglais pour les silicates


Synonymes Équivalents anglais
Nésosilicates Orthosilicates. Nesosilicates, orthosilicates.
Sorosilicates Disilicates Disilicates, sorosilicates.
Cyclosilicates Cyclosilicates, ring silicates.
Silicates en chaînes :
a) Silicates à chaînes simples. Exemple : pyroxènes.
Inosilicates Inosilicates, chain silicates.
b) Silicates à chaînes doubles, silicates en ruban.
Exemple : amphiboles.
Phyllosilicates Phyllosilicates, sheet silicates.
Tectosilicates Tectosilicates, framework silicates.

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Silicates

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Silicates

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Silicates

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Silicates

Jusqu'en 1920, la chimie des silicates en restait donc à la connaissance de la formule brute mais celle-ci ne
permettait pas plus de prévoir les propriétés d'un minéral que ne le fait la formule globale d'un corps en
chimie organique.

Pour établir les formules structurales, la diffraction des rayons X devait être fondamentale et les travaux de
Bragg, Pauling et Mauguin aux alentours de 1930, allaient le démontrer avec efficacité.

Actuellement, nul ne peut ignorer la classification structurale des silicates car cette classification est la seule
valable du point de vue théorique. Elle permet d'établir des corrélations entre la structure et les propriétés des
corps minéraux ainsi que nous allons le montrer.

Les ions oxygène étant les éléments principaux des silicates et les ions Si4+ étant toujours logés au centre des
tétraèdres (SiO4)4– on peut classer les silicates en fonction des différents modes d'enchaînement des tétraèdres
SiO4.

Dans la « trame silicatée », où les tétraèdres SiO4 n'ont que des sommets communs, l'aluminium Al peut être
soit au sein des tétraèdres (AlO4) en substitution de Si (alumino-silicates) soit au centre d'octaèdres (AlO6)
(silicates d'alumine). Par contre Mg, Fe, Ti, Na, Ca et K sont au centre d'octaèdres (XO6) qui auront des
sommets et des arêtes en commun (AlO6, MgO6, FeO6, TiO6) voire même des faces communes (NaO6, CaO6,
KO6). Ces quelques caractéristiques sont imposées par les règles de Pauling que nous avons déjà présentées.

La classification structurale, essentiellement basée sur l'enchaînement des tétraèdres (SiO4), est très
fructueuse car cet enchaînement confère aux silicates leurs propriétés physiques essentielles, morphologie,
clivage et même stabilité.

Si, en effet, nous convenons de désigner par degré de polymérisation le nombre d'oxygène (ou de sommet)
qu'un tétraèdre met en commun avec ses voisins, il est possible de montrer que la température de formation
d'un minéral silicaté est d'autant plus grande que son degré de polymérisation est plus petit. Le bien-fondé de
cette règle empirique se vérifiera aisément en considérant, par exemple, les minéraux qui constituent un
basalte-type.

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Minéraux Degré de polymérisation Température de formation
Forstérite 0 1890 Celsius
Diopside 2 1390 Celsius
Labrador 4 1276 Celsius

1 — Silicates à tétraèdres isolés ou nésosilicates/orthosilicates (fig. 2.42).

Ces silicates se caractérisent par des îlots de tétraèdres [SiO4]4– indépendants et isolés les uns des autres par
des cations (exemples : forstérite Mg2SiO4).

Différents types structuraux peuvent être distingués au sein des nésosilicates en fonction des cations, gros
(Zr), moyens (Fe, Mg) ou petits (Be, Zn).

De plus, il existe des silicates à tétraèdres indépendants qui possèdent en outre des ions oxygène non liés au
silicium ou, si l'on préfère, des polyèdres anioniques autres que [SiO4] : disthène Al2SiO5, sphène CaTiSiO5.

2 — Silicates à 2 tétraèdres liés entre eux ou sorosilicates/disilicates (fig. 2.43).

Ces silicates possèdent des groupes-unités faits de deux tétraèdres liés l'un à l'autre, groupes dont la formule
est [Si2O7]6- : hémimorphite et lawsonite. Plusieurs sorosilicates contiennent à la fois des îlots [SiO4] et des
groupes [Si2O7] : épidote Ca2(Fe23+,Al)Al2O(SiO4)(Si2O7)(OH).

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3 — Silicates à tétraèdres en anneaux ou cyclosilicates (fig. 2.44).

Bénitoïte Papagoïte Béryl


BaTiSi3O9 Ca2Cu2Al2Si4O12(OH)6 Be3Al2Si6O18

Les tétraèdres sont alors disposés en anneaux et suivant que ceux-ci possèdent trois [Si3O9]6– (bénitoïte
BaTiSi3O9; rare), quatre [Si4O12]8– (papagoïte Ca2Cu2Al2Si4O12(OH)6; rare) ou six tétraèdres [Si6O18]12–,
(béryl, cordiérite et tourmaline).

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4 — Silicates à tétraèdres en chaînes simples ou inosilicates.

À priori, on peut imaginer plusieurs manières possibles pour constituer des chaînes de tétraèdres qui soient
droites et d'une longueur théoriquement infinie. Dans ces files, deux tétraèdres voisins ont toujours un
oxygène en commun et la composition stoechiométrique reste toujours de SiO3.

Par contre, l'allure géométrique de l'allongement varie en fonction de la période de la chaîne, période qui
peut être double [(SiO3)2]4–, triple [(SiO3)3]6–, quintuple [(SiO3)5]10–, ou plus [(SiO3)7]14– :

Figure 2.45 :
A. La chaîne dont la période est double, comprend deux tétraèdres (fig. 2.45A) et vaut 5,2 Angström.
Elle est réalisée dans les pyroxènes.
B. La chaîne qui possède une période triple de 7,2 Angström avec trois tétraèdres (fig. 2.45B) est peu
représentée parmi les silicates. On la connaît cependant dans la wollastonite (CaSiO3; pyroxénoïde).
C. La chaîne qui comprend cinq tétraèdres par période valant 12,2 Angström (fig. 2.45) se retrouve dans
la rhodonite (MnSiO3; pyroxénoïde peu commun).
D. La chaîne à sept tétraèdres d'une période de 17,4 Angström (fig. 2.45) est celle de la pyroxmangite
[(SiO)3)7] (Mn, Fe, Ca, Mg)7. C’est un pyroxénoïde peu commun.

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5 — Silicates à tétraèdres en rubans ou inosilicates.

Il s'agit de silicates qui sont faits de chaînes semblables à celles du type précédent mais celles-ci sont ici
jumelées de façon à constituer un ruban.

Le jumelage de deux chaînes-pyroxène permet de constituer le ruban de composition structurale [Si4O11]6–


qu'on trouve dans les amphiboles.

Il faut toutefois ajouter que ce ruban contient toujours, en outre, des groupements (OH)– qui sont situés au
centre des mailles hexagonales. Sa formule structurale est donc [Si4O11(OH)]7–.

6 —Silicates à tétraèdres en feuillets ou phyllosilicates.

Dans ce type de structure, les tétraèdres sont soudés les uns aux autres par trois de leurs sommets de façon à
constituer un réseau-plan à maille hexagonale d'où émerge le sommet libre de chaque tétraèdre constitutif.

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La couche de la figure 2.47a est un assemblage de chaînes semblables à la figure 2.45A, alors que la couche
de la figure 2.47c est un assemblage de chaînes semblables à la figure 2.45B.

L’assemblage-plan d'une infinité de chaînes-pyroxène ou de rubans-amphibole donne un feuillet structural


(fig. 2.47a) de formule [Si4O10]4–. Ce feuillet, caractéristique des phyllites comme les micas (monocliniques),
les chlorites (monocliniques ou tricliniques) et les argiles (généralement monocliniques ou tricliniques),
possède des mailles hexagonales qui, comme dans le ruban-amphibole, sont susceptibles de pouvoir loger
des ions oxhydriles OH–. Au total, la formule structurale d'un feuillet est donc [Si4O10(OH)2] 6–.

On peut aussi obtenir un deuxième type (fig. 2.47c). Dans ce dernier cas, la symétrie est quadratique en
raison de la présence de carrés et d'octogones. Exemple : apophyllite (phyllosilicate du système quadratique).
Les formules globales des deux sortes de feuillets soient identiques

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7 — Silicates à tétraèdres en édifice à trois dimensions ou tectosilicates.

Dans les tectosilicates, les tétraèdres SiO4 sont soudés les uns aux autres par leurs quatre sommets (fig. 2.48).
De ce fait, chaque atome d'oxygène appartient à deux tétraèdres voisins et par suite la formule structurale de
l'édifice est SiO2.

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