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1. Définitions
Le mot argile vient du mot latin ‘’argillo’’ lui-même dérivé du grec ‘’argillos’’, qui
signifie la matière blanche. En terme minéralogique, les argiles sont des grains
de taille < 2μm (diamètre). Ils s’agglomèrent pour donner des agrégats (des
particules) polycristallins, en présence d’eau, ils donnent une pâte céramique
(plastique).
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L’ion Si4+ dans SiO4 occupe le site tétraédrique (entouré par 4 atomes
d’oxygènes).
L’ion Al3+ dans l’alumine Al2O3, est entouré par 6 atomes d’oxygènes, il
occupe les sites octaédriques.
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2. Structure et formule générale des minéraux argileux
Les minéraux argileux sont formés de deux couches octaédrique et
tétraédrique, séparées par un espace interfoliaire qui contient les ions (O 2-, OH-,
Na+, K+, …). L’espace entre deux feuillets parallèles est désigné par le terme
« espace interfoliaire ».
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Les minéraux argileux sont constitués essentiellement des ions de silicium
Si4+, d’aluminium Al3+, des ions d’oxygène O2- et des ions hydroxyles (OH-),
organisés entre deux couches (octaédrique et tétraédrique).
Ces deux couches s’accolent selon des plans par la mise en commun
d’oxygène ou de OH- , ce qui désigne des structures en feuillet séparées
par un espace interfoliaire occupé par des ions K+, Na+, Ca2+, OH-, …
Ce sont les différentes combinaisons entre les deux unités (le feuillet
octaédrique d’alumine et le feuillet tétraédrique de silice) ainsi que la
modification de la structure de base, qui forment la gamme des minéraux
argileux possédant des caractéristiques différentes.
26 Pr. S. KHRISSI
La formule générale conventionnelle des minéraux argileux est de type :
X et y sont des concentrations des ions Al3+ et Mg2+ dans les minéraux argileux,
27 Pr. S. KHRISSI
Pour changer le composé (argile) à une autre argile, il suffit de substituer par
exemple Al3+ par Mg2+, Fe2+, Fe3+.
Dans les sites tétraédriques (T) on trouve Si et dans les sites octaédriques (O)
on trouve Al.
Al4Si4O10(OH)8
Si4+
O2- O2-
H+
= 16 – 16 – 2 + 1 = -1
= 12 – 4 – 2 + 14 +7 = +1
28 Pr. S. KHRISSI
Des substitutions isomorphiques peuvent intervenir entre les différents atomes
constituants de la couche tétraédrique ou octaédrique (notamment Si4+ par
Al3+ dans la couche tétraédrique, Al3+ partiellement substitués par des ions
Mg2+ et/ou Fe3+ ou Fe2+ dans la couche octaédrique). Ces substitutions induisent
un déficit de charge permanent, faisant de beaucoup d'argiles des espèces
stablement chargées négativement. Ces charges sont compensées par
l'incorporation de cations (anhydres, hydroxylés ou hydratés) soit dans l’espace
interfoliaire des minéraux (c'est le cas pour les minéraux argileux de
type smectite ou vermiculite) et/ou à la surface externe des particules (cas de
la kaolinite). Ces cations (K+, Na+, Ca2+, etc.) dans l'interfeuillet, appelés
« compensateurs de charges » ou « cations échangeables », rétablissent la
neutralité électrique de l'édifice.
Si
29 Pr. S. KHRISSI
Si
Exemples des cations qui occupent les sites tétraédriques Si4+, Al3+, Mg2+, Fe2+,
Fe3+, Ca2+.
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Exemple : Coordinence 6 Rc : cation Ra : anion
31 Pr. S. KHRISSI
32 Pr. S. KHRISSI
33 Pr. S. KHRISSI
Pour chercher la stabilité d’un minéral argileux, on calcule le potentiel
d’ionisation par :
Exemples des ions qui se trouvent dans l’espace interfoliaire K+, Na+, O2-, OH-.
4. Les phyllosilicates
4.1 Définition
Les phyllosilicates sont des argiles qui appartiennent à la famille des silicates. Ils
ont des structures laminaires formées par des plans atomiques contenant des
sites tétraédriques et des sites octaédriques. Pour constituer le feuillet
élémentaire du cristal, les couches octaédriques et tétraédriques partagent des
ions oxygènes (L’union des couches T et des couches O forme des feuillets, qui
représentent l’unité de clivage des phyllosilicates). Lorsque les feuillets
présentent une charge électrique négative du fait de substitutions chimiques
dans les couches tétraédriques et/ou octaédriques, la neutralité électrique de
l'édifice est assurée par l'ajout d'une couche interfoliaire chargée positivement.
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4.2 Notion de feuillet
1 : 1 (T et O)
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ii. 2 couches tétraédriques T et une couche octaédrique O, 2:1 ou 1:1:1 (T:O:T)
Le feuillet est constitué de deux couches tétraédriques de silice et d’une
couche octaédrique alumineuse. L’équidistance caractéristique varie selon le
contenu de l’interfeuillet. A ce type correspond les groupes du talc, des
smectites, des vermiculites et des micas.
Figure IV.2 : Représentation dans l’espace d’un feuillet TOT de phyllosilicate 2:1
1:1:1
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iii. 2 couches tétraédriques T et 2 couches octaédriques O, 2:2 ou 2 : 1 : 1 ( T :
O : T : O)
Le feuillet de type 2 :1 :1 est constitué de l’alternance de feuillet T-O-T et
d’une couche octaédrique interfoliaire. A ce type de minéraux appartient la
famille du chlorite.
O E.I
T
O d2:2 = 14 Å
T
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Figure IV.4 : Représentation schématique des trois structures d’une argile.
Type de
Groupe trioctaédrique Groupe dioctaédrique
feuillet
O (isolé
Brucite Mg3(OH)6 Gibbsite Al2(OH)6
neutre)
TO ou 1 :1 Serpentine Mg3Si2O5(OH)4 Kaolinite Al2(OH)4Si2O5
Talc Mg3Si4O10(OH)2 Pyrophyllite Al2Si4O10(OH)2
TOT ou 2:1 Phlogopite KMg3AlSi3O10(OH)2 Muscovite KAl2AlSi3O10(OH)2
Clintonite CaMg3Al2Si2O10(OH)2 Margarite CaAl2Al2Si2O10(OH)2
chlorites tri-tri chlorites di-tri
TOT:O ou Mg6Si4O10(OH)8 Al2Mg3Si4O10(OH)8
2:1:1 chlorites tri-di
chlorites di-di Al4Si4O10(OH)8
Mg3Al2Si4O10(OH)8
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Les trois sites octaédriques peuvent être partiellement ou totalement
équivalents en termes de leur occupation et dimension (taille de l’atome). Ce
critère mène à une classification plus détaillée, en trois familles :
39 Pr. S. KHRISSI
a) Kaolinite : (Al2O3, 2SiO2, 2H2O)
La Kaolinite qui est le minéral majoritaire du kaolin, et aussi présente dans des
environnements variés. En effet, le kaolin est susceptible de se former dans des
conditions d’altération poussée, comme les sols tropicaux ou milieux
hydrothermaux.
Les deux feuillets sont liés de telle manière qu'ils forment une seule couche
d'épaisseur d'environ 7 Å (0,7 nm) qui s'étend indéfiniment dans les deux autres
directions.
Interfoliaire
d001=7Å
Couche octaédrique
Couche tétraédrique
La kaolinite est constituée par un feuillet de type 1:1 (une seule couche
octaédrique et une seule couche tétraédrique) et non gonflant parce qu’elle
contient une quantité très faible d’eau par rapport à celle de SiO2 et Al2O3.
40 Pr. S. KHRISSI
Figure IV.6 : Représentation schématique de la structure de kaolinite
La liaison entre deux feuillets adjacents est assurée par des liaisons hydrogènes.
Ces liaisons s'établissent entre les hydroxyles de la couche octaédrique et les
oxygènes de la couche tétraédrique. Elles entraînent un rapprochement des
feuillets adjacents, empêchant toute pénétration de molécules d'eau, de
molécules organiques ou d'ions minéraux. Il n'existe donc aucune possibilité de
gonflement ou de rétraction des feuillets. La faible capacité d'échange des
kaolinites est due à des sites de surface amphotères.
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b) Smectite (montmorillonite) :
Les smectites sont des phyllosilicates de type 2:1 (ou TOT), constituées de deux
couches tétraédriques encadrant une couche octaédrique. Les minéraux
smectites diffèrent selon que les substitutions isomorphiques sont
prédominantes dans les couches tétraédriques et/ou octaédriques ainsi que selon
la composition chimique de leurs couches octaédriques, autrement dit suivant que
si le minéral est dioctaédrique ou trioctaédrique.
(O2-, 2OH+)
42 Pr. S. KHRISSI
Smectite
Les formules structurales sont très variables d'une smectite à l'autre, même au
sein d'une même espèce. Il est donc difficile de proposer une formule
structurale générale. On peut quand même donner les formules structurales de
quelques espèces parmi les plus courantes :
- Montmorillonite
Rx(Al2-x Mgx)O(Si4)TO10(OH)2, nH2O (R=Na+ ou 1/2Ca2+, x 0,3-0,7)
- Beidellite
Nax+y (Al2-x-t Fe3+t Mgx)O (Si4-y Aly )TO10(OH)2, nH2O
- Nontronite
Ky (Fe3+2-x Alx)O (Si4-y Aly)T O10(OH)2, nH2O
- Saponite
(Mg) Nay (Mg3)O (Si4-y Aly)T O10(OH)2, nH2O
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Figure IV.7 : Représentation schématique de la structure d'une montmorillonite
EI O
T
O Feuillet non gonflant
T
dinterfoliaire 14Å
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Le feuillet élémentaire est de type 2:1:1, avec en position interfoliaire une
couche continue de nature hydroxylique (couche octaédrique) déterminant une
équidistance basale très stable à 14 Å.
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d) Illite : (Si3,75 Al0,65) Al2 (O10) (OH)2 K0,65
L'illite est constituée d'une couche octaédrique (O) intercalée entre deux
couches tétraédriques (T). Les illites sont des minéraux argileux à feuillet de
type 2:1 et à équidistance basale stable à 10 Å.
L’illite est non stable c’est pour cela on ajoute les ions de potassium K0,65 (K+ ion
de compensation) pour faire la compensation entre les ions positifs et négatifs, il
est de type 2:1, il est non gonflant et caractérisé par une distance de l’espace
interfoliaire de 10 Å. Il est riche en Si et pauvre en potassium K.
Elle présente des substitutions fréquentes de Si4+ par Mg2+, Fe2+ ou Fe3+, les
défauts de charge de la maille sont compensés en général par des ions K + logés
dans les cavités hexagonales des couches tétraédriques.
Ces gros cations assurent la liaison ionique des feuillets adjacents et bloquent
l'écart réticulaire à 10 Å quelque soit l'état d'hydratation.
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e) Pyrophylite :
Constitué de 28,3% Al2O3, 66,7% de SiO2, et 5% de H2O, pouvant contenir des
impuretés : MgO, FeO, Fe2O3, CaO, Na2O, K2O, qui se cristallise sous la
structure monoclinique. Ce type d’argile est caractérisé par une dureté très
faible et une masse volumique entre 0,6 et 0,9 g/cm3.
Substitué un Si par un Al
Al2(Si3AlO10)(OH)2 muscovite
[Si4O8(OH)]- [Al2O2(OH)]+
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Figure IV.10 : Structure des phyllosilicates des argiles.
48 Pr. S. KHRISSI
Figure IV.11 : Structure de quelques minéraux argileux simples.
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8. Protocole expérimental de la purification de la kaolinite
Pour bien caractériser un phyllosilicate, il faut séparer la fraction argileuse (de
taille < 2μm) des autres phases, pour faire la dispersion on utilise l’argile sodique
(contient du sodium). L’extraction de la phase argileuse est conduite selon les
opérations suivantes :
- Mise en suspension des matériaux bruts dans une solution saline NaCl.
- L’agitation thermique des suspensions d’argile pendant 12h. Après
l’échange, les suspensions ont été centrifugées dans une centrifugeuse à
4000 tours/min durant 1h. Les impuretés constituées de phase dense et
grossière sont le C à la base du tube. Après la centrifugation, la phase
argileuse es récupérée. Cette procédure est répétée au moins 5 fois et à
chaque fois (cycle) on renouvelle le NaCl. Une fois les 5 cycles terminés,
l’oxyde de chlorure est éliminé par une série de lavage (par l’alcool en
général, soit par l’eau distillé). Pour vérifier l’absence de chlorure, on fait
un test par le nitrate d’argent (AgNO3). La phase argileuse est ensuite
récupérée et séchée à 80°C.
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Le protocole de purification se fait selon l’organigramme suivant :
51 Pr. S. KHRISSI
9. Propriétés d’argile
Les cations
O
T
Exercice : Quelle est la quantité de calcium que peut absorber 100 g d’argile
(illite).
Solution
1meq ----------> 20 mg
25 -----------> x x = 500 mg
Donc 100 g d’argile (illite) peut absorber 500 mg de l’ion de compensation (le
calcium).
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