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Deux remarques :
- Il ne faut pas sous-estimer la perte de légitimité d'une série d'acteurs qui ont prôné la
"self régulation" et qui sont toujours aux commandes ; une vraie confrontation devrait
s'ouvrir entre les autorités publiques et les opérateurs de marché. - Cette crise est aussi
celle d'un modèle de compétitivité économique et de développement. En France et en
Italie, 7,5 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté économique. Le
surendettement des ménages américains est lié à la politique des salaires aux
Etats-Unis et de façon plus générale à la croissance de l'inégalité et de la précarité.
Pour les écologistes, la crise est une opportunité pour réorienter les investissements
publics et privés afin d'assurer un mode de vie plus durable et plus équitable pour tous.
Deux questions :
Christian Chavagneux, rédacteur en chef - adjoint d' " Alternatives économiques "
Les 4 premiers chantiers sont les plus importants : # Une politique monétaire préventive
Peut-on éviter les crises ? Les plus graves sont celles qui impliquent le système
bancaire, car le crédit est malade, et l'économie suit. De façon préventive, il faut
surveiller la distribution des crédits par les banques (prévenir les distributions
excessives, en augmentant le coût pour les banques de la distribution de crédits). Il faut
également contraindre les banques à mettre à mettre un capital supplémentaire de
côté, ou à mettre une réserve obligatoire à la Banque centrale.
# Un encadrement des marchés de produits dérivés Ils représentent 600 000 milliards.
Il existe un marché organisé et un marché de gré à gré ; il faut supprimer ce dernier car
trop complexe et opaque pour les régulateurs et pour les acteurs privés.
# La suppression des paradis fiscaux Essentiel. Si les paradis fiscaux demeurent, les
autres mesures ne servent à rien. Ce sont des zones de sous ou de non régulation, qui
représentent un manque à gagner fiscal. Des mesures peuvent être prises au niveau
national. Le reporting pays par pays pour les multinationales assurerait la transparence
des activités et permettrait de pointer du doigt les problèmes.
Cette crise est un enjeu majeur de la prochaine campagne électorale. La bataille pour la
régulation en est le principal objectif.
Deux débats : # Si on veut que la finance " revienne dans son lit ", c'est-à-dire qu'elle
finance l'économie réelle, il va falloir investir pour mettre des " gendarmes " dans les
banques et cela à un coût. # Concernant le "Paquet Union économique et monétaire" :
la Banque centrale va voir son rôle accru en matière de supervision. Pas de gendarme
européen si la Banque centrale n'est pas impliquée.
Que faire sur le plan institutionnel ? Actuellement c'est le marché financier qui a un
impact sur la politique économique et cela n'est pas normal. A l'instar des compétences
transversales de la commission économique et monétaire du Parlement européen, la
Commission européenne devrait renouveler son organisation interne. Il s'agit d'avoir
une approche plus intégrée de la politique économique et des marchés financiers. La
Commission n'a pas de vision globale, elle reste cantonnée dans des carcans. Depuis
2002, de nombreuses demandes ont été formulées par le Parlement européen
concernant la supervision, rémunération, les normes comptables etc.
Que faire demain ? # Les règles : Il faut ajouter, aux 4 chantiers incontournables de C.
Chavagneux le chantier des rémunérations des professions financières, qui constitue
avec celui des paradis fiscaux l'enjeu essentiel. # L'application des règles : en terme
macroéconomique, l'investissement est quasi inexistant, mais la commande publique
peut relancer intelligemment l'économie. Il faut un plan de relance européen coordonné,
car les pays ne pourront s'en sortir seuls.
Quelques propositions : # Revenir à une fonction plus simple de la banque, avec des
banques ayant chacune des fonctions dissociées. En effet, les fonctions de crédit,
d'investissement, de dépôt, d'assurance sont incompatibles entre elles. # Progresser
sur la gouvernance des banques en responsabilisant les Conseil d'Administration. #
Créer un fonds d'intervention qui prendrait les premiers risques financiers (à la place
des pouvoirs publics), un fonds de risques systémiques, financé par une taxe sur
certaines activités bancaires - une taxe Tobin revisitée. Il serait contre-productif de
vouloir réformer les agences de rating car elles ont trop de pouvoir. # Revenir à une
taxe carbone qui peut tirer les enseignements de l'année 2008. Le prix élevé du pétrole
cette année montre que les USA peuvent fonctionner avec un pétrole à 100 $ le baril et
qu'on peut rassembler 400 milliards de dollars par an, pour financer la sécurité sociale
et investir dans l'environnement.
Dans le monde globalisé, les règles sont restées nationales. Le problème n'est pas
celui de la transparence, mais d'une régulation adéquate. La question clé est celle de la
réglementation. On assiste à une véritable perversion du principe de concurrence, cette
erreur structurelle s'applique aux questions fiscales et sociales. S'ajoute à cela les
orientations idéologiques qui apprécient le fait qu'il y ait le minimum de régulation. Mais
les marchés financiers ne peuvent fonctionner correctement avec leurs propres forces.
Quelle règlementation bancaire est souhaitable ? Il faut exclure toute possibilité de
refuge, toutes les banques doivent avoir un minimum de capital propre, avec un taux
unitaire partout. Les Verts doivent formuler une vision plus vaste et soutenir : # Une
sorte de TVA sur les transactions financières pour éviter de trop fortes fluctuations des
taux de change, pour réglementer le marché des devises. # Le rééquilibrage du rapport
de force entre les détenteurs des capitaux, les entreprises et les salariés, pour la prise
de décision. Les salariés doivent avoir un droit de veto, sur la base de règles
démocratiques. # L'utilisation de l'article 58 du Traité CE pour interdire les échanges
avec les paradis fiscaux. # L'implication de l'ONU dans le règlement de la crise ; il ne
faut pas laisser le règlement de la crise aux mains du G20 ou du FMI.
Qu'est ce qui est urgent, qu'est-ce qui est important ? Quelle sera l'ampleur de la
récession ? Quelles seront les nouvelles contraintes financières ? Nous sommes dans
une situation keysienne typique. Il faut donc utiliser la politique fiscale et la politique
monétaire. Comment ? Les Etats doivent acheter la marge de manœuvre dont ils ont
besoin, avec une réforme pour que les finances publiques soient plus durables. Il faut
envisager les choses différemment sur le court terme -mesures d'urgence- et le long
terme - plan à moyen terme-. La situation est loin d'être simple, mais il ne faut pas
tarder à mettre en oeuvre les mesures nécessaires au risque de la compliquer
davantage. L'autarcie financière n'est pas la solution. Elle aurait un effet déflationniste
et demanderait un ajustement qui serait coûteux.
Un élément central dans cette crise : la durabilité. Comment mieux gérer le marché
financier, comment inciter les banques à revenir à leur métier de base. Cette crise est
une renaissance de l'économie keynésienne. La relance écologique est possible
comme réponse mondiale. L'Etat a un rôle spécifique à jouer pour assurer cette
transition.
Depuis 25 ans nous travaillons pour une banque différente, qui utilise l'argent à des fins
environnementales, culturelles ou sociale. Nous sommes actif uniquement dans le
secteur de l'économie réelle et fonctionnons de façon très transparente quant à
l'utilisation des dépôts d'épargne ce qui correspond à l'exigence de nos clients. En effet,
nous avons un taux de croissance de 20% par an et ces derniers mois le nombre de
demandes d'ouverture de comptes a augmenté de 6 à 10 fois. Attente forte du public
d'investir dans une banque qui finance des projets qui font sens. Il faut remettre en
question la gestion par et pour les actionnaires et mettre en place des Conseil
d'Actionnariat responsable dans les banques.