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SYNTHESE : A l’issue du cours, réalisez la synthèse vous permettant de réviser au mieux le moment venu !
Document 1 : 35%
LES REGIMES INEGALITAIRES
DANS LE MONDE EN 2018, 30%
T. Piketty, Capital et idéologie, éd. du 25%
Seuil, septembre 2019
20%
15%
10%
5%
0%
Europe Chine Etats-Unis Moyen-Orient
Document 4 : LES DIX PLUS GRANDES FORTUNES PROFESSIONNELLES EN France, Les dix plus Document 5 : QUELS SONT LES METIERS QUI PAIENT LE PLUS ? Observatoire des
grandes fortunes en France, Observatoire des inégalités, 9/04/2023, https://www.inegalites.fr/Quelles- inégalités, 7/09/2022
sont-les-dix-plus-grandes-fortunes-de-France
Document 9 : A NEW-YORK, LES RICHES VEULENT PAYER PLUS D’IMPÔTS, L. Couvelaire, Le Monde, 1/04/2016
Abigail Disney ou encore Steven Rockefeller souhaitent contribuer davantage aux finances publiques de l’Etat pour moder-
niser les infrastructures ou encore développer l’aide sociale. Ils sont cinquante et un, ils sont millionnaires, certains milliar-
daires, tous new-yorkais et signataires d’une lettre adressée au gouverneur de l’Etat intitulée : « Plan fiscal pour les 1 % ».
Une nouvelle supplique pour payer moins d’impôts ? Tout le contraire. Ils réclament une augmentation du montant de la
dîme qu’ils versent aux pouvoirs publics.
Parmi les signataires figurent l’héritière de Walt Disney, ou l’administrateur du Rockefeller Brothers Fund. « En tant que
New-Yorkais qui ont contribué et profité du dynamisme économique de notre Etat, nous avons à la fois la capacité et la
responsabilité de participer à l’effort commun, peut-on lire dans la lettre. Nous pouvons largement payer nos impôts, et
nous pouvons aussi en payer plus. »
Une petite révolution au pays de l’Oncle Sam, où les nantis sont d’ordinaire plus enclins à distribuer leurs deniers aux
associations qu’à miser sur les pouvoirs publics. « Sauf qu’il y a de nombreux domaines auxquels la philanthropie ne
s’intéresse pas, comme la réparation des conduites d’eau, la création d’une ligne de bus dans certains quartiers défavo-
risés... », souligne le directeur de projet du Responsible Wealth, un réseau de 500 riches Américains, à l’initiative de cette
lettre. C’est justement l’objectif de cette hausse des cotisations : rafraîchir les infrastructures vieillissantes (ponts, tunnels,
voies navigables et routes), mais aussi développer l’aide sociale aux sans-abri, financer l’éducation publique et lutter plus
activement contre la pauvreté́ infantile.
Mis au point en collaboration avec le think tank Fiscal Policy Institute, réputé plutôt de gauche, cet appel, également
adressé à la législature de l’Etat, vise surtout à pérenniser une mesure temporaire appelée « la taxe des millionnaires ».
Mise en place en 2009 à la suite d’une lettre similaire signée par une centaine de New-Yorkais, et renouvelée deux ans
plus tard, elle est censée expirer fin 2017. Avec ce Plan pour les 1 %, l’Etat de New York pourrait arrondir son budget de
2,3 milliards de dollars supplé-mentaires.
L’un des signataires, Dal LaMagna, 69 ans, surnommé Tweezerman – le pape de la pince à épiler – (du nom de la société
qu’il a créée en 1980 et vendue en 2004), fut un candidat éphémère à l’investiture démocrate pour la présidentielle de
2008. Aujourd’hui patron de IceStone USA (fabrication de comptoirs de cuisine à partir de verre recyclé et de ciment), il
dit agir en « capitaliste responsable » : « Les riches Américains disent toujours qu’il faut baisser leurs impôts pour qu’ils
puissent continuer à investir, mais c’est totalement faux ! Cet argument sert uniquement les intérêts des plus riches pour
qu’ils deviennent encore plus riches. Comme moi, ils peuvent payer plus, ils ne s’en rendront même pas compte, ça ne
changera rien à leur vie, mais ça changera la vie de l’Etat de New York. »
En 2011, le milliardaire Warren Buffett avait défrayé la chronique en publiant une tribune dans le New York Times appelant
les autorités à augmenter les impôts des plus riches. Dans la foulée, il avait rendu public sa feuille d’impôts, soulignant
qu’il n’avait versé à l’Etat fédéral que 17,4 % de son revenu imposable, soit un taux nettement plus bas que de nombreux
Américains (jusqu’à 41 % pour les salaires les plus modestes), y compris sa secrétaire. Mais sa revendication avait été
classée sans suite. « La réalité, c’est que plus vous êtes riche, moins vous payez d’impôts », confirme Mike Lapham, du
Responsible Wealth.
Hillary Clinton, qui s’est engagée à relever de 4 % l’impôt des Américains les plus riches. La promesse a été baptisée la «
règle Buffett ». De son côté, l’autre candidat démocrate, Bernie Sanders, a proposé un taux progressif : plus on est riche,
plus on paie « Il y a vingt ans, personne ne dénonçait les inégalités aux Etats-Unis, constate Mike Lapham. Aujourd’hui s’il
n’y a pas de consensus, au moins le sujet est sur la table. » « Depuis les années Reagan, les Américains voient le gouverne-
ment comme un problème, juste bon à s’occuper de sécurité nationale, regrette Dal LaMagna. Or, c’est à lui de réduire les
inégalités, et pour qu’il puisse faire le boulot, il faut le financer ! » Depuis la publication de la lettre, une dizaine de million-
naires ont spontanément rejoint le rang des volontaires.
Document 11 : LES INEGAMITES PESENT-ELLES SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE ?, FOCUS INEGALITES ET CROISSANCE, Direc-
tion de l'emploi, du travail et des affaires sociales, OCDE, 2014, https://www.oecd.org/fr/els/soc/Focus-Inegalites-et-croissance-2014.pdf
Document 12 : INEGALITES et DEMOCRATIE, in POURQUOI IL FAUT TAXER LES TRES HAUTS REVENUS ? , G. Raveaud, maître
de conférences à l’Institut d’études européennes (Paris 8), Alternatives Economiques n°399, avril 2019
Depuis 1980, le revenu de la moitié de la population des Etats-Unis n’a pas augmenté d’un pouce, restant bloqué à 16 000$ par
an. A l’inverse, la situation d’un très petit nombre de gens s’est très sensiblement améliorée.
Pour le millième de plus riche, il a été multiplié par 4, pour le dix millième, par 5 et pour le cent millième (les 2 300 habitants
les plus riches du pays), il est aujourd’hui 7,7 fois plus élevé qu’en 1980.
Pour Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, deux auteurs sociaux-démocrates qui n’appellent pas à mettre à bas le capitalisme, il
faut agir vite et fort, sous peine de subir « une dérive oligarchique (qui) minera le tissu social » et risquera de « détruire la
démocratie ». Si on laisse d’immenses fortunes se constituer, cela conduit à les légitimer, à les considérer comme « justes et
naturelles », à renforcer les « gagnants » dans leur vision égoïste* du monde, tout en leur donnant les moyens financiers d’ac-
cumuler diverses formes de pouvoir politique visant précisément à empêcher toute sérieuse redistribution des revenus.
Document 13 : BRANKO MILANOVIC : « CE QUI NOUS MANQUE, C’EST UN CAPITALISME RELATIVEMENT EGALITAIRE »
Extraits de l’interview de V. De Filippis, Libération, 10/02/2019
L’économiste américain Branko Milanovic est l’un des meilleurs spécialistes des inégalités à l’échelle mondiale. Longtemps,
il a travaillé au sein de la Banque mondiale, et sa recherche, qui a fait date, sur les effets de la mondialisation est enfin
traduite en France. INEGALITES MONDIALES. Le destin des classes moyennes, les ultra-riches et l’égalité des chances est
publié à La Découverte, avec une préface de Thomas Piketty, l’autre grand spécialiste des inégalités.
(…) Mais vous constatez tout de même une baisse globale des inégalités mondiales tout en affirmant que nous faisons fausse
route. Pourquoi ?
C’est vrai, mais c’est dû à la forte croissance en Asie et à l’émergence d’une classe moyenne, notamment en Chine et en Inde.
Mais méfions-nous, car cette réduction générale des inégalités tranche avec le creusement des inégalités à l’intérieur de nom-
breux pays, y compris en Asie. Ceci étant, la baisse globale des inégalités a ceci de très particulier : les riches sont toujours plus
riches. 1 426 milliardaires, soit approximativement 0,000002 % de la population mondiale, concentrent environ 2 % des ri-
chesses mondiales. Leur poids en termes de richesse est un million de fois supérieur à leur poids réel dans la population. Entre
1987 et 2013, leur richesse a progressé deux fois plus vite que le PIB mondial.
P. Schoenauer Session 2023-2024 ENC Bessières
DCG UE 5 : Economie contemporaine – L2 Thème 6 : Les déséquilibres sociaux Focus #4 6
Et ce sont ces mêmes riches, affirmez-vous, qui dictent les processus politiques dans leurs pays…
Les ploutocrates ont gangrené la politique. Ils financent les campagnes électorales, font du lobby, financent à prix d’or des think
tanks pour qu’ils publient des articles qui leur conviennent. Regardez ce qui se passe avec Alexandria Ocasio-Cortez, la plus
jeune élue démocrate du Congrès. Elle martèle qu’elle veut instaurer une taxe de 70 % sur les plus riches. Si vous êtes Goldman
Sachs et que vous avez donné de l’argent à Hillary Clinton, pensez-vous que vous allez financer Ocasio-Cortez ? La réponse est
non. On assiste à un déclin de la classe moyenne occidentale avec, en parallèle, la montée d’une élite mondiale largement
détachée de son appartenance nationale. Ceci constitue une menace de la stabilité démocratique. Et nous sommes face à une
dérive : celle d’une gouvernance par les riches. C’est évident sur la question de la globalisation financière ou encore de la
fiscalité.
Document 14 : LA REVOLTE DES ELITES ET LA TRAHISON DE LA DEMOCRATIE Christopher Lash, Coll. Champs Essais, éd. Flamma-
rion, 2006. Résumé.
"Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture
occidentale, c'était la Révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace
provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie." Christopher Lasch montre
ici comment des élites hédonistes assoient leur pouvoir sur un culte de la marge et sur un fantasme de
l'émancipation permanente. Alors qu'elles sont responsables des normes imposées à la société, leurs com-
portements consistent à feindre d'être hors norme. Cette dialectique mensongère de la norme et de la
marge, remarquablement démontée clans ces pages, est celle de notre temps. Voici un livre qui devrait
faire réfléchir tous ceux qui s'inquiètent de l'évolution d'un espace public et médiatique où les élites éman-
cipées se mettent le plus souvent du côté de la transgression en imaginant un ordre moral, un éternel
retour de la censure qui ne sont que la contrepartie de leurs transgressions imaginaires. Le testament d'un grand intellectuel
anticonformiste, politiquement très incorrect, inclassable et dérangeant.
GLOSSAIRE
L’ANALYSE DE F. HAYEK (Droit, législation et liberté, tome 2 : Le Mirage de la justice sociale, 1976) ___________________
THESE PRINCIPALE : Dans une économie de marché libre, la notion de justice sociale est sans fondement et lutter contre les
inégalités est non seulement inefficace, mais aussi liberticide.
RAISONNEMENT CONVOQUE :
Prise de décision dans une économie de marché dans le cas où seules les règles du marché s’appliquent (rappel)
Les acteurs prennent sans cesse des décisions, en fonction de l’information dont ils disposent, dans le but de tirer profit
des opportunités qui se présentent (produire ce qui se vend bien, trouver des moyens d’économiser ce qui coûte cher,
déménager là où sont proposées des offres d’emplois, …). Comme ce sont des millions de personnes qui, à partir de ces
mêmes informations, prennent des décisions, le résultat final de ces millions de décisions individuelles est imprévisible.
S’il fallait modifier la répartition des revenus au nom de la justice sociale (d’ailleurs, faudrait-il se demander de quelle
justice sociale il s’agirait), celle-ci ne serait donc plus le résultat des mécanismes de marché qui coordonnent une multitude
de comportements individuels librement décidés, mais le fruit des décisions de quelques décideurs politiques. Comme nul
individu donc dirigeant n’est en mesure d’intégrer dans ses décisions les millions d’informations dont se servent les acteurs
pour agir, ses décisions seraient forcément inefficaces.
En outre, selon Hayek, cela ouvrirait la porte au totalitarisme : le contrôle des revenus reviendrait à assigner à chacun une
place dans la société donc réduire sa liberté d’action. Ce serait l’ensemble de la vie sociale qui serait ainsi contrôlée et
laisser aux mains d’un pouvoir arbitraire : « Une fois le libre jeu du marché entravé, le dirigeant du plan sera amené à
étendre son contrôle jusqu’à ce qu’il embrasse tout »2.
1
Exercice 1 : Identifier le sens des expressions soulignées puis reconstituer schématiquement la logique du raisonnement exposé.
2
La route de la servitude (1944)
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DCG UE 5 : Economie contemporaine – L2 Thème 6 : Les déséquilibres sociaux Focus #4 8
1er effet : renoncer au loisir rapporte moins en 2nd effet : maintenir l’offre de travail identique ne per-
termes de gain de consommation moindre in- met pas de maintenir le même niveau de consomma-
citation à renoncer au loisir pour travailler tion donc de satisfaction pour maintenir son niveau
de l’offre de travail de consommation, il faut travailler davantage incita-
EFFET SUBSITUTION : Substitution du loisir au tion à renoncer au loisir pour travailler plus de
travail de l’activité de la création de ri- l’offre de travail
chesse et de revenus des rentrées fiscales EFFET REVENU de la création de richesse et de
revenus des rentrées fiscales
Le résultat final dépend du poids respectif de ces deux effets. In fine, il n’y a aucune indication sur le taux d’imposi-
tion optimal à ne pas dépasser ni aucune validation d’un tel slogan. Les études récentes confirment la faiblesse de
cette idée (J. Stiglitz, T. Piketty). En outre, selon le niveau de revenu des travailleurs, il est probable que certains
aient le choix de réduire leur offre de travail à l’inverse d’autres (l’effet-substitution est plus susceptible d’intervenir
lorsque l’on peut maintenir un niveau de vie décent en réduisant son offre de travail).
IMPLICATION : Lutter les inégalités en augmentant la pression fiscale sur les riches au-delà d’un certain taux serait inefficace
car cela les dissuaderait de travailler, d’investir et de produire. Cela réduirait, d’une part, la richesse créée, et d’autre part,
les rentrées fiscales devant financer la réduction des inégalités.
3
Exercice 2 : Quels sont les deux adjectifs qui résument la perception des inégalités selon R. Nozick ? Justifiez sa position.
4
Tenant de l’Economie de l’offre, école de pensée libérale appartenant au courant néoclassique. Il fut l’un des conseillers de R. Reagan
au début des années 1980.
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DCG UE 5 : Economie contemporaine – L2 Thème 6 : Les déséquilibres sociaux Focus #4 9
THESE DEFENDUE : L’enrichissement des riches profite à tous, donc aux pauvres : la richesse des riches « ruissellerait sur les
épaules » des pauvres.
IMPLICATIONS : Toute mesure redistributive, notamment fiscale, visant à réduire les inégalités en limitant la richesse des
riches nuirait à l’ensemble de la population. Les gouvernements doivent donc limiter la pression fiscale sur les catégories
les plus aisées.
Idée 1 : Le fonctionnement spontané du marché aboutit à une allocation optimale des ressources, donc est source
d’efficacité.
Idée 2 : Les inégalités sont le fruit de l’efficacité économique : il y a donc un arbitrage à faire entre efficacité et égalité.
Idée 3 : S’il y a arbitrage entre efficacité et égalité, c’est que les politiques de redistribution sont jugées coûteuses et
inefficaces.
Idée 4 : Les inégalités sont justes parce qu’elles reflètent les mérites, talents et efforts individuels et efficaces car elles
incitent chacun à développer ses capacités, de telle sorte que cela conduit à une amélioration de l’efficacité collective.
Idée 5 : Il ne faut pas prendre de mesures (fiscalité redistributive) réduisant la richesse des riches car leur richesse
profite à tous et donc aux pauvres.
Idée 6 : Lutter les inégalités en augmentant la pression fiscale sur les riches au-delà d’un certain taux serait inefficace
car cela les dissuaderait de travailler, d’investir et de produire. Cela réduirait, d’une part, la richesse créée, et d’autre
part, les rentrées fiscales devant financer la réduction des inégalités.
Idée 7 : L’efficacité des mécanismes du marché tient au fait qu’il transmet une quantité considérable d’informations
permettant à des agents décentralisés de prendre librement leurs décisions dans le sens de leurs intérêts et aboutis-
sant à une situation efficace, mais conduisant à une répartition des revenus imprévisible et inégalitaire.
Idée 8 : Les inégalités sont efficaces car elles conduisent les individus qui les subissent à corriger leurs comportements
aboutissant in fine à une meilleure allocation des ressources, à une plus grande efficacité collective.
Idée 9 : Le résultat des actions des individus étant dû en partie au hasard, les inégalités ne peuvent être considérées
comme injustes. Elles sont le fruit de la liberté.
Idée 10 : Chercher à réduire les inégalités pour plus de justice sociale aboutit à un contrôle de la vie de chacun par un
pouvoir politique au caractère liberticide.
Idée 11 : Les inégalités contribueraient à la croissance car les personnes riches disposent d’une propension à épargner
et donc d’une capacité d’investissement plus importantes qu’ils mettraient au service de la croissance économique.
5
Exercice 3 : A partir du document vidéo n°8, reconstituez la thèse défendue selon cette théorie, les mécanismes qu’elles convo-
quent et ses implications ainsi que la forme de la courbe de Laffer.
6
Référence à la courbe de Laffer.
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DCG UE 5 : Economie contemporaine – L2 Thème 6 : Les déséquilibres sociaux Focus #4 10
GLOSSAIRE suite
Par ailleurs, l’augmentation des inégalités conduit à accroître la capacité d’épargne des personnes les plus aisées, qui ne
l’orientent pas forcément vers des investissements dans l’économie réelle, stimulant l’activité. Des ressources financières
de plus en plus abondantes sont placées dans l’achat d’actifs financiers dont une part croissante ne financent pas de
projets d’investissements productifs. Non seulement, cela ne finance pas l’activité mais de surcroît cela alimente des bulles
spéculatives, se traduisant par des crises financières de plus en plus fréquentes et graves depuis la fin du 20 ème siècle
(éclatement de la bulle Internet (2000), crise des subprimes (2008)).
Ce risque financier est aussi alimenté par le fait que les inégalités alimentent une dérive de l’endettement et l’achat de
titres financiers de plus en plus risqués, ce qui a fait le lit de la crise de 2008.
Idée 14 : L’accroissement des inégalités est un frein à la croissance car limite et détourne les ressources financières de
l’investissement productif, alimente l’endettement et nourrit une instabilité financière source de crises à la fréquence crois-
sante et l’ampleur considérable.
Comme l’investissement en capital humain est plus coûteux, celui-ci est plus fortement dépendant du niveau de richesse de la
famille ou de la capacité à emprunter.
Si ce niveau est insuffisant ou si l’accès au crédit est difficile, les ménages pauvres seront contraints de réaliser un arbitrage
défavorable à l’éducation (et à la santé), ce qui
7
R. Benabou (1996)
8
Rendements décroissants de l’investissement : plus un même ménage investit, moins le rendement de cet investissement est im-
portant.
9
Le capital humain se définit comme « l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connais-
sances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc… », G. Becker (1964).
10
Galor et Zeira (1993)
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DCG UE 5 : Economie contemporaine – L2 Thème 6 : Les déséquilibres sociaux Focus #4 11
- non seulement dégrade encore davantage leur situation, les enfermant dans une pauvreté se transmettant de géné-
ration en génération, dans une trappe à pauvreté résultant de l’inégalité initiale ;
- contribue à accroître les inégalités et diminuer la croissance d’un pays, de telle sorte qu’à l’instar des ménages, les
pays pauvres restent pauvres et les riches restent riches (polarisation).
Idée 16 : Les inégalités conduisent à un sous-investissement en capital humain au regard des gains que cela apporte sur un
plan collectif donc à une allocation inefficace des ressources humaines, nuisant à la croissance.
▪ Les inégalités réduisent la capacité des sociétés à mener des réformes nécessaires à la croissance12 car les politiques
économiques nécessaires face à un choc ont souvent des effets redistributifs (qui font des gagnants et des per-
dants). Or, le climat social influe fortement sur la possibilité de les mettre en œuvre.13
▪ La réduction de la cohésion sociale réduirait le financement de biens publics, sources de croissance, notamment
parce que la perception des inégalités atteint le consentement à les financer14.
Idée 17 : Le creusement des inégalités affaiblit le lien social et peut déboucher sur un niveau d’instabilité des institutions
publiques qui rend le futur très incertain à différents niveaux, pesant ainsi sur la croissance.
BILAN INTERMEDIAIRE 3 :
Elaborez votre schéma de synthèse (en première page de ce polycopié).
11 Alesina et Perotti, 1996. Barro (2000) souligne que la redistribution réduit le crime et les activités anti-sociales.
12 Rodrik, 1999
13 La crise sanitaire est l’exemple d’un choc qui conduit à prendre des mesures sur différents plans, nécessitant la confiance et la solidarité, donc
un degré de cohésion sociale suffisant… Exemple du rapport au port du masque, de la porosité des thèses complotistes, de la question de la contri-
bution des plus aisés au plan de relance…Un autre exemple édifiant est celui de la crise climatique.
14 De nombreuses études confirment que le consentement d’un individu à financer des biens publics diminue s’il pense ou sait que certains n’y
contribuent pas. Or, les politiques dites néolibérales visant à limiter la pression fiscale sur les plus riches, en plus des différentes pratiques d’éva-
sion fiscale auxquels certains recourent peuvent être perçues comme une moindre contribution à l’effort commun de leur part. Etudes citées dans
Les origines du populisme, Enquête sur un schisme politique et social, Y. Algan, E. Beasley, D. Cohen, M. Foucault, Coll. La République des idées, éd.
du Seuil, août 2019.
15 Le rapport international sur les inégalités atteste que les 1% les plus riches a capté deux fois plus de croissance que les 50% les plus pauvres