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BANQUE DES ETATS

DE L'AFRIQUE CENTRALE

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République du Cameroun
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Direction de la Formation
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CENTRE DE FORMATION ET DE PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNELS

« COURS INTERNES BEAC »

INTRODUCTION A LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT


DES CAPITAUX DANS LA CEMAC
(Trois leçons)
Ce cours a pour objet de présenter :

- le dispositif juridique mis en place dans la CEMAC pour lutter contre le


blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ;

- le règlement COBAC relatif aux diligences des établissements de crédit en


matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et de ressortir les
principaux outils de surveillance mis en place par la COBAC.

Sommaire :

LECON1 : PRESENTATION DU DISPOSITIF JURIDIQUE DE LA CEMAC


EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

I- Contexte international et régional avant l’adoption du corpus juridique


de la CEMAC
1. 1. Contexte international
1. 2. Contexte régional
II- Présentation du corpus juridique de la CEMAC
2.1- le Corpus juridique du point de vue normatif
2.2- le corpus juridique au plan institutionnel

LECON 2 : PRESENTATION DU RÈGLEMENT COBAC RELATIF AUX


DILIGENCES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT EN
MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES
CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

I- Objectifs et ossature du règlement COBAC


1.1- Objectifs du règlement COBAC
1. 2. Ossature du règlement
II- Mise en œuvre concrète du dispositif de lutte contre le blanchiment des
capitaux
2.1- Le contrôle sur pièces
2.2- Le contrôle sur place

EXERCICES D’APPLICATION

2
LECON 1
PRESENTATION DU DISPOSITIF JURIDIQUE DE LA CEMAC EN
MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET
LE FINANCEMENT DU TERRORISME

Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ont des effets néfastes


sur les économies. Il participe en effet de l’accroissement du risque de réputation,
mettant ainsi le pays au ban de la communauté internationale (cas des pays non
coopératifs). Le blanchiment des capitaux fait du crime et de la corruption une activité
rentable et dissuade les investisseurs étrangers, portant ainsi préjudice aux activités
licites du secteur privé. Il y a là une distorsion économique qu’il introduit, rendant, par
la même occasion, complexe la mise en œuvre d’une politique économique. Le
blanchiment des capitaux est susceptible de provoquer une déstabilisation des marchés
financiers, avec des effets sur les taux et les cours des actifs sur lesquels les
blanchisseurs réinvestissent leurs fonds.
Au vu de tous ces effets négatifs sur les économies, la communauté internationale a
pris une série d’initiatives qui se sont traduites par des traités et résolutions
(Conventions de Vienne, de Palerme et celle sur la suppression du financement du
terrorisme, résolutions du conseil de sécurité).
La création en 1989 du Groupe d’Action Financière sur le blanchiment de capitaux
(GAFI), avec pour mission d’examiner les techniques et les tendances du blanchiment,
d’analyser les actions menées au plan local et international et d’énoncer les mesures
supplémentaires à adopter, s’inscrit dans la même logique.
Les pays en développement ne sont pas à l’abri des actes de blanchiment des
capitaux et de financement du terrorisme. Conscients de cela, ils adhèrent, depuis
quelques années, aux idéaux et initiatives mondiales de lutte contre ces fléaux.

I- Contexte international et régional avant l’adoption du corpus juridique de


la CEMAC

1. 1. Contexte international

La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme constitue


une préoccupation à l’échelle mondiale (Nations-Unies, GAFI, …).

Plusieurs initiatives ont été prises, dont celle du GAFI qui a publié « Les quarante (40)
recommandations sur le blanchiment des capitaux », ainsi que « les neuf (9)
recommandations spéciales sur le financement du terrorisme ».
Les 40+9 recommandations du GAFI ont été reconnues par le Fonds Monétaire
International (FMI) et la Banque Mondiale comme normes internationales en matière

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de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
L’appréciation du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme fait ainsi partie intégrante de l’évaluation du système
financier dans le cadre des programmes d’évaluation du système financier menés par
les institutions de Bretton-Woods.

Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a, en octobre 2001, publié un


document présentant un ensemble de principes devant être observés par les banques
pour qu'une connaissance satisfaisante du client soit assurée aux fins de lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

1. 2. Contexte régional

Jusqu’en 2002, aucune législation nationale n’existait dans la CEMAC en


matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il
y avait-là un risque de voir les territoires des États de la CEMAC être utilisés par les
délinquants financiers.

En 2000 et 2001, le dispositif de supervision bancaire de la CEMAC avait été


évalué par le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre du programme d’évaluation des
systèmes financiers. A l’issue de ces évaluations, le dispositif avait été jugé
globalement non conforme en ce qui concerne la lutte contre le blanchiment des capitaux
et le financement du terrorisme.

Prise de conscience par les Autorités de la sous-région des menaces liées à


l’absence d’un cadre législatif et réglementaire.
Conscientes que le blanchiment des capitaux constitue une menace sérieuse
pour l'intégrité du système financier et peut compromettre durablement la gestion
publique et la lutte contre la corruption, les Autorités de la CEMAC ont fait adopter
par le Comité Ministériel de l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) un
règlement portant prévention, détection et répression du blanchiment des capitaux et
du financement du terrorisme.

II- Présentation du corpus juridique de la CEMAC

Dans la CEMAC, la lutte contre le blanchiment des capitaux (LAB) a été insufflée
par la Déclaration solennelle de la Conférence des Chefs d’Etat du 14 décembre 2000,
par laquelle les Chefs d’Etat expriment leur volonté commune de tout mettre en œuvre
pour lutter contre le blanchiment d’argent dans les Etats membres de la CEMAC,
notamment par l’adoption d’une législation harmonisée et la mise en place de
structures spécialisées.
L’adoption d’une législation harmonisée s’est matérialisée par la publication, en
avril 2003, par le Comité Ministériel de l’UMAC du Règlement CEMAC n°01/03-
CEMAC/UM/CM portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du

4
financement du terrorisme. C’est un instrument juridique à portée communautaire qui
s'intègre dans le dispositif international de lutte contre le blanchiment.
Le cadre de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme dans le CEMAC s’articule autour d’un dispositif normatif et d’un dispositif
institutionnel.

2.1- le Corpus juridique du point de vue normatif

Du point de vue normatif, le dispositif comprend:

a) l’Acte Additionnel n°9/00/CEMAC-086/CCE du 14 décembre 2000 portant


création du GABAC ;

b) le Règlement n°02/02/CEMAC/UMAC/CM du 14 avril 2002 portant


modalité d’organisation et de fonctionnement du GABAC ;

c) le Règlement n°01/103-CEMAC/UM/CM du 04 Avril 2003 portant


prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du
terrorisme ;

Le Règlement N° 01/03 prévoit en substance des diligences précises en matière de


prévention et de répression des opérations de recyclage de fonds d'origine illicite. Il
répond ainsi à l'une des observations formulées lors l'évaluation du système de
supervision bancaire dans la CEMAC par la mission conjointe FMI-Banque Mondiale
en 2000.

d) le Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements


assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme en Afrique Centrale.

Du point de son contenu, ce dispositif est caractérisé par une approche extensive du
blanchiment de capitaux ; l’érection du blanchiment en une infraction générale et
autonome ; la mise en place d’une politique de prévention ; la consécration d’un volet
répressif prévoyant la coexistence de mesures de type administratif et disciplinaire
d’une part et des sanctions pénales d’autre part ; et, enfin, la reconnaissance de la
responsabilité pénale des personnes morales.

2.2- le corpus juridique au plan institutionnel

Au plan institutionnel, la lutte contre le blanchiment des capitaux a pour cadre


opératoire :

- le GABAC, dont le rôle essentiel consiste, d’une part, en la définition des


typologies des actes constitutifs d’infraction et, d’autre part, en la conduite
d’exercices d’évaluation dans les Etats membres ;

5
Plus précisément, le GABAC a pour missions de faciliter et d’encourager les
échanges d’expérience en mettant en place un réseau technique d’experts dans les
Etats membres ; de développer des analyses de typologie spécifiques à la zone ; et de
mettre en place les évaluations mutuelles.

- les Agences Nationales d’Investigation Financière (ANIF), qui sont chargées de


la mise en œuvre du volet opérationnel de la lutte contre le blanchiment des
capitaux (centralisation, traitement et, le cas échéant, transmission aux autorités
judiciaires compétentes des déclarations de soupçon auxquelles sont tenus les
établissements assujettis) ;

- le Parquet, habilité à diligenter les poursuites pénales ;

- la COBAC, chargée de veiller au respect par les établissements de crédit des


dispositions réglementaires relatives à la lutte contre le blanchiment des
capitaux et de prononcer des sanctions disciplinaires à l’encontre de ses
assujettis.

Il faut rappeler que l'ANIF est un organe central duquel dépend la mise en œuvre
des dispositions contenues dans le dispositif de lutte contre le blanchiment des
capitaux. En effet, il est chargé de recevoir les déclarations de soupçon des
établissements assujettis, lesquelles sont effectuées dans l'un des cas suivants :

- les établissements assujettis ont des raisons de penser que les sommes ou tout
autre bien en leur possession pourraient être liées à un crime ou à un délit ou
s’inscrire dans un processus de blanchiment des capitaux. Toutes les opérations
effectuées sur ces sommes ou biens doivent être déclarées au même titre ;

- l’identité du donneur d’ordre ou du bénéficiaire reste douteuse, malgré les


diligences effectuées en matière d'identification de la clientèle ;

- l’identité des constituants ou des bénéficiaires de fonds fiduciaires ou de tout


autre instrument de gestion d’un patrimoine d’affectation intervenant dans une
relation d'affaires avec les établissements assujettis n’est pas connue ;

En matière de prévention des actes terroristes, la déclaration de soupçon porte sur


des fonds ou mouvements de fonds pour lesquels les déclarants ont des motifs
raisonnables de suspecter qu'ils sont liés ou associés au terrorisme, à des actes
terroristes ou à des organisations terroristes, ou encore destinés à être utilisés pour leur
financement.

De la présentation de ce cadre de lutte, on constate bien que le blanchiment des


capitaux est effectivement incriminé dans la Communauté, notamment sur la base du
Règlement n° 01/103-CEMAC/UM/CM sus cité.

6
Cette incrimination se fonde sur la Convention des Nations Unies contre le trafic
illicite des stupéfiants et substances psychotropes de 1988 (la Convention de Vienne)
et la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée de
2000 (la Convention de Palerme) ainsi que le stipule expressément le préambule dudit
Règlement.

De plus, l’érection du blanchiment en une infraction générale a élargi la base de


l’incrimination en l’étendant à tous types de bien, sans considération aucune pour la
valeur des biens en cause et sans qu’il ne soit forcement besoin d’établir un lien direct
avec le crime. Les termes de l’article 51 du Règlement sont, à cet égard, sans
ambiguité : le Règlement s’applique « quand bien même l’auteur de l’infraction
d’origine ne serait ni poursuivi ni condamné, … ».

Cependant, il y a eu nécessité d’élaboration d’un règlement COBAC applicable aux


seuls établissements de crédit, conformément au principe n° 15 du Comité de Bâle sur
le contrôle bancaire.

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LECON 2
PRESENTATION DU REGLEMENT COBAC RELATIF AUX DILIGENCES
DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT EN MATIERE DE LUTTE CONTRE
LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU
TERRORISME

Pour les établissements de crédit de manière plus spécifique, l'organe de


supervision bancaire a élaboré, sur la base du Règlement CEMAC et du document du
Comité de Bâle sur la connaissance clientèle1, un texte pour préciser les diligences de
ses assujettis dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme.

La contribution de la COBAC s’inscrit dans le cadre de la promotion de l'adoption


par les établissements assujettis des principes internationalement consacrés et consiste
en outre à encourager la mise en œuvre des normes exposées dans le rapport du
Comité de Bâle.

C’est en sa session du 1er avril 2005 que la Commission Bancaire a adopté le


Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en
matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en
Afrique Centrale.

Ce règlement précise les obligations des établissements assujettis dans le domaine


de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, telles
que définies aux articles 1 à 3 du Règlement N° 01/03 CEMAC-UMAC portant
prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme
en Afrique Centrale.

I- Objectifs et ossature du règlement COBAC

1.1- Objectifs du règlement COBAC

Le règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements


assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme en Afrique Centrale a été adopté et publié en vue de mettre à la disposition
des banques un cadre réglementaire harmonisé et affirmer davantage la responsabilité
prudentielle de la COBAC, laquelle englobe la promotion de l'adoption par les
banques des principes internationalement consacrés et à apporter, en outre, son soutien
aux normes exposées dans le rapport du Comité de Bâle.
1
Document publié en octobre 2001 et qui reprend de manière plus détaillée, à l'intention des banques, les 40 recommandations du GAFI
ainsi que les 8 recommandations spéciales sur le financement du terrorisme.

8
Le Règlement COBAC vient renforcer les instruments de surveillance
prudentielle pour les superviseurs et contribuer ainsi à l’intégrité du système bancaire.

1. 2. Ossature du règlement

Le règlement COBAC indique en préambule aussi bien certains textes de base


constituant le socle de l'activité bancaire que les motivations de son orientation ;

Il définit les notions essentielles desquelles dépend la compréhension du texte et


comprend les principales obligations mises à la charge des établissements assujettis en
matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

a) Identification de la clientèle et politique à l'égard des nouveaux clients

- Obligation d’identification de la clientèle avant de toute relation d'affaires

Vérification de l’identité et de l’adresse (exiger un document officiel original en


cours de validité et comportant une photographie) ;

Conserver une copie de ce document officiel (carte nationale d'identité ou


passeport des personnes physiques ; statuts et tout document établissant la constitution
régulière de la personne morale) ;

- Politique d'acceptation de nouveaux clients

Obligation d’avoir des procédures claires d’acceptation vis-à-vis de nouveaux


clients, notamment les personnes politiquement exposées (PPE) et les clients non-
résidents ;

Obligation de se doter d’une procédure de révision périodique des données,


notamment à l'occasion d'une grosse transaction, d'une modification substantielle des
normes de documentation sur la clientèle ou d'un changement important dans le mode
de gestion ;

Obligation d’avoir une procédure d'approbation de nouveau client par un


supérieur hiérarchique ;

A l'égard des clients occasionnels, s’assurer dans les mêmes conditions de leur
identité et de leur adresse, pour toute transaction portant sur une somme supérieure à
un montant défini par le Comité Ministériel ou, à défaut, par l’Etat membre ;

Cette identification s'impose systématiquement quand bien même le montant de


l’opération serait inférieur au seuil fixé ;

Obligation de se renseigner sur la véritable identité des personnes représentées ;

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L'établissement de crédit doit par la même occasion requérir l'identité et
l'adresse des représentants ainsi que les documents attestant de la délégation de
pouvoir qui leur est accordée ;

Les mesures de préservation de la confidentialité des clients et de leurs


transactions ne sont pas opposables dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et
le financement du terrorisme ;

Obligation de clôturer les comptes sur lesquels apparaissent des problèmes


d'identification insolubles en cours de fonctionnement ;

Prévoir des dispositions rigoureuses vis-à-vis des clients qui se présentent sous
un faux nom ou exige l'anonymat ;

Quant aux comptes à numéro confidentiel, c'est-à-dire ceux dont le nom du


bénéficiaire est connu mais remplacé par un code ou un numéro dans la documentation
ultérieure de la banque, ces comptes doivent en tout état de cause être soumis aux
procédures CC normales ;

Obligation de déterminer, à l'égard des personnes morales, la provenance des


fonds et d'identifier leurs bénéficiaires ainsi que les personnes qui contrôlent ces
fonds ;

Devoir de vigilance particulière à l'égard des sociétés dont le capital est


constitué d'actions au porteur ou détenu par des mandataires, à l'instar des fiducies ;

En ce qui concerne la clientèle recommandée, ne pas faire confiance à des


intermédiaires soumis à des normes inférieures à leurs propres procédures CC ou qui
refusent de communiquer les informations obtenues dans l'exercice de leur devoir de
diligence ;

Au sujet des banques correspondantes, obligation de se renseigner suffisamment


sur la nature de leurs activités, leurs procédures de prévention et de détection du
blanchiment, la finalité du compte, l'état de la réglementation et du contrôle bancaire
dans le pays d'implantation, et de ne nouer des relations d'affaires que lorsque ces
correspondants sont contrôlés par des autorités compétentes.

b) Surveillance particulière de certaines opérations

-Opérations importantes portant sur des sommes dont le montant unitaire ou


total est supérieur à une somme fixée par le Comité Ministériel ou, à défaut, par
des dispositions nationales.

10
- Obligation de déclarer à l’Agence Nationale d’Investigation Financière, tous
les paiements en espèces ou par titres au porteur d’une somme dont le montant
unitaire ou total est supérieur à un seuil fixé par le Comité Ministériel ou à
défaut par des dispositions prises par chaque État membre.

- Devoir de vigilance particulière à l'égard de tous les transferts de fonds, de


toutes les opérations en provenance ou à destination d’établissements ou
d'institutions financières qui ne sont pas soumis à des obligations au moins
équivalentes à celles en vigueur dans la CEMAC en matière d’identification des
clients ou de contrôle des transactions, ou qui sont situés dans des pays non-
membres du Groupe d’Action Financière (GAFI) ou dans des pays identifiés
comme non coopératifs dans les matières objet du Règlement.

- Obligation d’avoir une bonne compréhension des activités normales et


raisonnables sur les comptes de leur clientèle, de façon à identifier les
transactions atypiques.

Les banques doivent disposer de systèmes permettant pour tous les comptes, de
déceler les activités à caractère inhabituel ou suspect, en recourant par exemple à des
limites par classe ou catégorie de comptes ;

Le devoir de diligence imposé aux banques en ce qui concerne l'identification


de la clientèle et la surveillance permanente, s'applique aussi bien aux activités dites
suspectes qu'aux comptes à hauts risques ;

c) Gestion des risques au travers de l'adoption d'une organisation et de


procédés internes appropriés

Obligation de faire figurer les pratiques CC dans leurs systèmes de gestion des
risques et de contrôles internes dans la conception de leurs propres programmes de
gestion des risques pour leur conférer toute l'efficacité recherchée ;

Obligation de disposer de politiques, pratiques et procédures de nature à


promouvoir un haut degré d'éthique et de professionnalisme et à empêcher d'être
utilisées intentionnellement ou non dans le cadre d'activités criminelles ;

Obligation d’élaborer des programmes de prévention du blanchiment des


capitaux et du financement du terrorisme.

d) Conservation et communication des documents et pièces

Obligation de conserver les documents, informations concernant l’identité et le


domicile des clients intéressés ainsi que les caractéristiques de l’opération pendant

11
cinq ans au moins à compter de la clôture des comptes, de la cessation des relations
avec le client ou de l’exécution de l’opération ;

Obligation d’indiquer les noms de leurs agents et dirigeants assurant l'interface


avec l'ANIF en matière d'échanges d'informations relatives à la lutte contre le
blanchiment.

e) Déclaration de soupçon des opérations suspectes

Obligation de déclaration de soupçon, dans certaines conditions, à l’Agence


Nationale d’investigation Financière.

Obligation de déclaration de soupçon, à l’Agence Nationale d’investigation


Financière, pour des motifs raisonnables des fonds ou mouvements de fonds sont liés,
associés ou destinés à être utilisés pour le financement du terrorisme, des actes
terroristes ou des organisations terroristes.

Protection des agents déclarants : pas de poursuite pénale en cas de bonne foi et
pas de responsabilité civile ;

Obligation de se soumettre aux termes de la décision de blocage provisoire des


fonds, comptes ou des titres concernés par la déclaration, prise par l'Agence Nationale
d’Investigation Financière avant l’expiration du délai d’exécution mentionné dans la
déclaration.

f) Déclaration des fonds et opérations des personnes listées et surveillance


particulière de leurs transactions

Obligation de déclaration à l’Agence Nationale d’Investigation Financière des


opérations, sommes, avoirs ou autres biens des personnes figurant sur la liste établie
par le Comité des sanctions des Nations Unies.

g) Gel des fonds des personnes listées ou reconnues coupables de


financement du terrorisme

Obligation de geler les fonds appartenant directement ou non à des personnes


reconnues coupables de financement du terrorisme ou à celles figurant sur la liste
établie par le Comité des sanctions conformément aux résolutions des Nations Unies
relatives à la prévention et à la répression du financement des actes terroristes ou sur
celle arrêtée par Comité Ministériel.

h) Abstention d'accomplissement des actes répréhensibles

Interdiction est faite aux dirigeants ou les agents des établissements de crédit de
porter à la connaissance du propriétaire des sommes ou de l’auteur de l’une des

12
opérations incriminées, l’existence de la déclaration faite auprès de l’ANIF ou de
donner des informations sur les suites qui lui ont été réservées.

En somme, le règlement COBAC pose le cadre juridique permettant aux


établissements de crédit de se doter d’un outil supplémentaire qui les aidera à mieux
détecter les actes de blanchiment et de financement du terrorisme ;

En tout état de cause, les établissements de crédit doivent se conformer aux


diligences minimales fixées dans le Règlement COBAC, notamment en mettant en
place les infrastructures dédiées aux fins de lutte contre le blanchiment des capitaux.

Ils doivent en l’occurrence organiser leur contrôle interne de manière à ce que


toutes les obligations prescrites dans le Règlement COBAC soient appliquées,
notamment l’identification de la clientèle et la surveillance de certains comptes et
transactions.

II- MISE EN ŒUVRE CONCRETE DU DISPOSITIF DE LUTTE


CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX

Dans le cadre de la mise en œuvre du Règlement n° 01/03/CEMAC/UMAC


portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du
terrorisme en Afrique Centrale et du Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux
diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale, le Secrétariat Général de
la COBAC a entrepris de se doter d’outils adéquats pour la réalisation de cette
nouvelle mission.

A cet effet, il a élaboré un questionnaire et des fiches destinés respectivement


au contrôle sur pièces et au contrôle sur place.

2.1- Le contrôle sur pièces

Le contrôle sur pièces s’effectue sur la base d’un questionnaire dénommé


« ASTROLAB » (Aide à la Surveillance et au Traitement de la Réglementation et de
l’Organisation de la Lutte Anti-Blanchiment) adressé périodiquement par le Secrétariat
Général de la COBAC aux établissements de crédit.

Ce questionnaire correspond à un découpage des règlements CEMAC et


COBAC en un ensemble de questions à choix restreints (oui ou non) avec possibilités
de commentaires, rempli par les banques et qui renseigne sur l’état du dispositif de
LBC/FT en vigueur dans la banque.

Les questions font l’objet d’une pondération permettant d’obtenir une


représentation graphique sur laquelle apparaissent les points forts et les points faibles
de l’établissement dans le domaine de la LBC/FT.

13
2.2- Le contrôle sur place

Le contrôle sur place a pour objet, d’une part, de s’assurer que les
établissements disposent de procédures internes adaptées à leur activité, ainsi que d’un
système de surveillance leur permettant de vérifier le bon respect des procédures mises
en place et, d’autre part, de vérifier sur un certain nombre de dossiers, à titre de
contrôle, que les établissements respectent effectivement la réglementation et font
preuve d’une vigilance constante.

Au cours des enquêtes sur place, la mission d’inspection procède à la mise en


œuvre de trois diligences :

- d’abord vérifier le contenu et la qualité des réponses apportées par


l’établissement au questionnaire « ASTROLAB » ;

- ensuite examiner l’organisation, les procédures internes ainsi que le système de


surveillance permettant de contrôler le bon respect des procédures ;

- enfin vérifier, à titre de contrôle, sur des opérations et des dossiers significatifs,
que l’établissement de crédit a respecté les obligations légales en matière
d’identification de la clientèle, de conservation des documents et des
caractéristiques des opérations, de déclaration de soupçon, de constitution de
dossiers de renseignements relatifs aux opérations importantes suspectes et
enfin de formation de ses agents.

Ces contrôles différents contrôles visent à vérifier l’efficacité du dispositif et le


niveau de vigilance. Ils doivent permettre de détecter les défaillances structurelles ou
individuelles.

Sur ce point, il y a lieu de souligner que le contrôle des opérations n’aura pas
pour objet principal de rechercher les infractions à la loi, mais de s’assurer, sur des
dossiers significatifs en matière d’exposition au risque de blanchiment, que les
établissements ont apporté toute la vigilance requise par la loi.

La mission d’inspection, à travers ses contrôles sur les procédures écrites


internes, le système de surveillance, ainsi que sur les opérations et les dossiers qu’elle
aura sélectionnés, fait émerger un certain nombre de faits susceptibles d’être
considérés par la COBAC comme des manquements à la réglementation en matière de
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).

Les éléments que la mission d’inspection communique à la COBAC doivent


notamment permettre à celle-ci d’apprécier si les conditions de l’article 60 du
règlement COBAC R-2005/01 sont réunies pour engager contre l’établissement une
procédure disciplinaire.

14
L’article 60 stipule en effet que « lorsque, par suite, soit d’un grave défaut de
vigilance, soit d’une carence dans l’organisation interne de contrôle, un établissement
assujetti a omis d’accomplir les obligations mises à sa charge, la COBAC peut engager
une procédure disciplinaire sur le fondement des dispositions des textes régissant la
profession. Elle en avise le Procureur de la République de l’Etat sur le territoire duquel
a été relevée l’infraction aux dispositions réglementaires ».

En somme, il convient de noter que les rapports de vérification générale des


établissements de crédit effectuée par la COBAC comportent un volet relatif à la lutte
anti-blanchiment.

Pour mener à bien sa mission, le Secrétariat Général de la COBAC s’est


récemment doté d’un questionnaire – dénommé Astrolab - et de fiches destinés
respectivement au contrôle sur pièces et au contrôle sur place.

Ces outils de contrôle qui permettent de s’assurer du respect de la


réglementation en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme participent de l’amélioration de la conformité du dispositif
LAB de la CEMAC aux normes internationales.

*
* *

Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme constituent une


menace sérieuse pour l’intégrité des systèmes financiers. Pour cela, plusieurs
initiatives ont été prises sur le plan international pour lutter contre ces fléaux et limiter
leur impact sur la stabilité des systèmes financiers .

La CEMAC s’est résolument engagée dans cette lutte en mettant en place un


cadre légal qui porte prévention et répression du blanchiment des capitaux et du
financement du terrorisme en Afrique Centrale et des institutions régionale et
nationales chargées de la mise en œuvre de cette lutte.

La COBAC, organe de supervision des établissements de crédit, a mis en place


un dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux, composé d’un règlement qui
impose certaines diligences aux établissements de crédit dans leur relation avec la
clientèle et de certains outils de surveillance.

15
EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICES NON CORRIGES

1) Que pensez-vous de cette réflexion d’un citoyen d’un pays africain,


parlant de la lutte contre le blanchiment des capitaux :

« Ce sont les problèmes des riches, ça ne nous concerne pas. Nous


avons plutôt besoin de cet argent ici dans nos pays ».

2) Donnez les principales initiatives de lutte contre le blanchiment des


capitaux et le financement du terrorisme prises sur le plan international.

3) Présentez le dispositif juridique en vigueur dans la CEMAC dans le


cadre de la lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement
du Terrorisme sur le double plan des normes réglementaires et des
institutions.

4) Donnez, à chaque fois, deux diligences que les établissements de


crédit de la CEMAC, en matière de lutte contre le Blanchiment des
Capitaux et le Financement du Terrorisme, se doivent d’accomplir dans
les cas suivants :

a. Relations avec la clientèle (nouvelle ou ancienne)

b. Exécution de certaines opérations.

5) Sur quelle base s’effectue le contrôle sur pièces des établissements de


crédit de la CEMAC dans le cadre de la lutte contre le Blanchiment des
Capitaux et le Financement du Terrorisme ?

6) Quelles sont les diligences qu’une mission d’inspection de la COBAC


doit mettre en œuvre dans le cadre de la lutte contre le Blanchiment
des Capitaux et le Financement du Terrorisme ?

16

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