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Optimisation du dimensionnement sismique

par analyse spectrale en utilisant le


domaine de concomitance des sollicitations
Jean-Marc Vezin * — François Martin * — Alain Langeoire *—
Stéphane Cazadieu *
* Groupe IOSIS – Pôle Génie Civil – Séchaud et Metz SA
28 rue de la Redoute, 92260 Fontenay-aux-Roses – jeanmarc.vezin@sechaud.fr

RÉSUMÉ. L’application de la méthode modale spectrale pour le calcul sismique des structures
présente une difficulté lors du dimensionnement des éléments de structure lorsque plusieurs
composantes de sollicitation agissent simultanément (flexion composée et/ou déviée par
exemple). En effet, si la superposition des réponses modales par combinaison quadratique
permet d’obtenir la valeur maximale de chaque composante de sollicitation, elle présente
l’inconvénient de perdre la notion de concomitance des valeurs ainsi que leur signe. La
construction et l’exploitation du domaine de concomitance des sollicitations permet de
réaliser un dimensionnement rigoureux et optimisé.
ABSTRACT. Application of the spectral modal method in seismic analysis presents a difficulty
when calculating the structural elements if several force components occur simultaneously
(for example composed and/or bi-axial flexure). Indeed, if the superposition of modal
responses using a quadratic combination gives the maximal value for each force component,
these maximal values are absolute (and not algebraic) and not concomitant. By defining the
concomitant domain of forces, it is then possible to obtain pertinent and optimal calculations.
MOTS-CLÉS : analyse spectrale, sollicitations concomitantes, ellipse, ellipsoïde, combinaison
linéaire de modes.
KEYWORDS: spectral analysis, concomitant forces, ellipse, ellipsoïde, linear combination of
modes.

1. Introduction

L’analyse modale spectrale est universellement reconnue comme méthode de


référence pour étudier le comportement d’une structure soumise à l’action d’un
séisme. Elle permet de calculer efficacement les valeurs maximales probables de
toutes les variables d’intérêt (déplacements, accélérations, réactions, sollicitations,
etc.), en déterminant la réponse maximale de chacun des modes propres, et en
superposant ces réponses modales par combinaison quadratique complète (CQC).
Cette méthode est utilisée par tous les logiciels d’analyse de structures traitant du
calcul sismique. Toutefois, l’exploitation des résultats des calculs présente une
difficulté d’ordre à la fois théorique et pratique, non traitée par la plupart des

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logiciels, liée à la méthode de superposition des réponses modales. En effet, la CQC


permet de déterminer la valeur absolue maximale probable de chaque grandeur prise
isolément, mais les valeurs maximales ainsi obtenues ne sont pas concomitantes, et
par définition, elles ne sont pas signées. Lorsque le calcul d’un élément de structure
fait intervenir plusieurs composantes de sollicitation agissant simultanément
(exemples : poutres sollicitées en flexion composée déviée, flexion composée des
coques), il importe de connaître le domaine de concomitance de ces sollicitations
afin de réaliser un dimensionnement rigoureux et optimisé, et non pas seulement la
valeur maximale de chacune d’entre elles.
Ce domaine de concomitance est un hyper-ellipsoïde dans l’espace des
sollicitations. C’est un domaine continu et convexe comportant une infinité de
« points de sollicitation ». Du point de vue numérique et pratique, il peut être
discrétisé par une enveloppe polyédrique circonscrite dont les sommets constituent
alors les points de sollicitation à considérer pour le calcul de l’élément.
L’article présente dans un premier temps les combinaisons linéaires de modes
permettant de retrouver tous les états concomitants d’une structure à partir d’une
analyse modale spectrale, puis le domaine de concomitance des sollicitations
sismiques (DCSS) qu’elles engendrent dans un espace à p variables, enfin
l’approximation numérique de ce domaine par un polyèdre circonscrit, ainsi qu’un
exemple d’application sur un calcul de structure permettant de comparer les résultats
des méthodes usuelles avec ceux obtenus en utilisant les domaines de concomitance.
Les notations, les démonstrations et la bibliographie sont reportées en annexe.

2. Combinaisons linéaires de modes

La décomposition du vecteur déplacement d’une structure sur la base modale :


U k ( t ) = ! ri ( t ) pik " i (sous séisme de direction k)
i

où ri ( t ) est donné en fonction de l’excitation &s&( t ) par l’intégrale de Duhamel, peut


s’interpréter comme une combinaison linéaire, différente à chaque instant, de ses
réponses modales U ik :
U k ( t ) = ! " i ( t )U ik
i

ri ( t ) r ( t )"i2 p ik S a ( " i ,# i )
avec #i ( t ) = = i et U ik = !i
max ri ( t ) Sa ( "i ,!i ) " i2
t
Par linéarité, toute sollicitation x (toute grandeur dépendant linéairement des
déplacements) s’obtient au même instant par la même combinaison linéaire de ses
réponses modales x ik :
x( t ) = ! " i ( t )x ik
i
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 3

A chaque instant, toutes les sollicitations de la structure sont engendrées par la


même combinaison linéaire de modes. Ces combinaisons sont donc suffisantes pour
retrouver tous les états concomitants du système, et leur géométrie peut remplacer le
paramètre temps à cet effet. Les combinaisons de modes acceptables sont celles qui
génèrent, pour toutes les sollicitations, des valeurs probables, c’est-à-dire :

! # i xik " xk = ! hij xik x jk !x


i i, j

Ceci implique qu’elles appartiennent à l’hyper-ellipsoide de ! n d’équation :


t
"H #1" ! 1 où " = [! i ] et H = hij [ ]
Sur cet ensemble de combinaisons linéaires de modes acceptables, celle qui
réalise la valeur extrême de la sollicitation x , x = x k , est unique (combinaison
dédiée au maximum de x ), c’est :

HX k
! hij x jk
j
!= soit "i =
t
X k HX k xk

Ces résultats s’étendent aisément à la prise en compte des trois directions de


séisme, en écrivant x sous la forme d’une combinaison linéaire de ses 3n réponses
modales :
x = x x + x y + x z = ! " ix x ix + ! " iy x iy + ! " iz x iz = ! ! " ik xik
i i i k = x , y ,z i

La condition d’acceptabilité de ces nouvelles combinaisons :

" " # ik xik ! x = x x2 + x y2 + x z2 !x


k = x , y ,z i

entraîne que les vecteurs " = [! ik ] de combinaisons linéaires acceptables des 3n


réponses modales sont cette fois sur l’hyper-ellipsoïde de ! 3n d’équation :

&H #
~ ~ $ !
t
"H #1" ! 1 où H =$ H !
$% H !"

Sur cet ensemble, l’unique combinaison réalisant le maximum


x= x x2 + x y2 + x z2 de la grandeur x , est définie par :

~ ! hij x jk
HX j
!= soit " ik =
t ~ x
XHX
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3. Domaine de concomitance

3.1. Cas général de p variables

Soit x 1 , x 2 ,...x p un ensemble de p sollicitations. L’utilisation des combinaisons


linéaires de modes comme génératrices de tous les états concomitants du système,
[]
permet d’écrire tout vecteur V = x r de sollicitations concomitantes sous la forme :
t
V = R!
où R est la matrice de dimension 3n ! p composée des réponses modales de
chaque sollicitation pour les trois séismes X, Y et Z, et ! le vecteur d’une
combinaison linéaire de modes acceptable, donc vérifiant :
t ~ #1
"H " ! 1
En éliminant A des deux équations précédentes, on trouve que les vecteurs de
sollicitations concomitantes V doivent satisfaire à :
t
VQ "1V ! 1
~
où Q = t RHR est la matrice de corrélation des variables x1 à xp, de terme général :

q rs = ! ! hij xikr x sjk


k = x , y ,z i , j

Ceci définit le domaine de concomitance d’un nombre quelconque de


sollicitations x 1 , x 2 ,...x p , qui est un hyper-ellipsoïde de dimension p dans l’espace
des sollicitations, inscrit dans l’hyper-parallélépipède délimité par les valeurs
extrémales x m = ± x m .

3.2. Cas particulier de deux variables

Considérons les deux variables x1 et x2. Le domaine de concomitance de x1 et x2


est une ellipse (dans le plan de coordonnées x1 x2) inscrite dans le rectangle délimité
par les valeurs extrémales x 1 = ± x 1 et x 2 = ± x 2 , définie par l’équation :

2
( x1 % ( x 2 % 1 2
2 ! ! hij x1ik x 2jk
& # +& # " 2 ! x x = 1 " ! 2 , avec " = k = x , y ,z i , j
& x1 # & x 2 # x1 x 2 x1 x 2
' $ ' $
ρ est le coefficient de corrélation des variables x1 et x2, compris entre -1 et 1. Les
ellipses obtenues pour différentes valeurs de ρ sont représentées sur la figure 1. Les
valeurs singulières ρ = -1 ou 1 correspondent aux cas où les variables sont
entièrement corrélées (x1 = λ x2). L’ellipse est alors réduite à un segment
correspondant à une diagonale du rectangle enveloppe. Lorsque ρ = 0, les variables
sont indépendantes, et l’ellipse a pour axes principaux les axes de coordonnées.
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 5

2
x1

!=0
!=0,25 !=-0,25
!=0,5 !=-0,5

! =0,75 !=-0,75
! =0,9 ! =-0,9

!=1

0
2
x

!=-1

2
-x-1
1 1 1
-x
-1 0 x x1

Figure 1. Domaine de concomitance de deux variables x1 et x2 en fonction du


coefficient de corrélation ρ

3.3. Retour sur les méthodes usuelles

La plupart des logiciels et des praticiens du calcul sismique contournent le


problème de concomitance des variables et évitent la construction de ces domaines
en supposant implicitement la concomitance de toutes les valeurs CQC calculées.
Trois méthodes courantes sont présentées ci-dessous.
L’approche usuelle la plus répandue (et aussi la plus contestable) consiste à
considérer comme concomitantes les valeurs CQC x k1 et x k2 , toutes deux positives
(nous traitons ici l’exemple de deux variables, mais le raisonnement est général). Ce
couple de valeurs correspond à l’angle situé « en haut à gauche » du rectangle de
sollicitation de la figure 1, ce qui revient à postuler que ρ = 1, c'est-à-dire que les
variables sont entièrement corrélées et de même signe. Cette hypothèse est bien
entendu abusive, et ceci particulièrement dans les cas où le coefficient de corrélation
ρ est négatif. On peut simplement espérer que le déficit de rigueur de cette approche
peut être compensé par le jeu des coefficients de combinaison (coefficients de
Newmark avec alternance de signe), l’effet des symétries dans les éléments
(symétrie des sections et/ou du ferraillage) ainsi que par le caractère enveloppe de
l’hypothèse de concomitance de x k1 et x k2 . Ce n’est toutefois pas toujours vérifié.
On peut nettement améliorer la rigueur de cette méthode en considérant toujours
comme concomitantes les valeurs CQC x k1 et x k2 , mais en leur affectant des signes
réalistes, basés par exemple sur le signe que prennent ces variables sous un cas de
charge représentatif de l’action sismique (mode prépondérant ou chargement
d’accélération dans la direction de séisme considérée).
La troisième approche, la seule à coup sûr enveloppe (et malheureusement
rarement employée), suppose aussi les valeurs CQC concomitantes, mais avec toutes
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les combinaisons possibles. Ceci revient à considérer comme sollicitations possibles


les 4 angles du rectangle de sollicitation de la figure 1. Cette méthode est rigoureuse
puisque les sollicitations considérées enveloppent effectivement le domaine de
concomitance réel. Toutefois, elle peut être très conservative dans certains cas.

4. Approximation numérique de l’hyper-ellipsoïde

Chacun des points de l’ellipsoïde correspond à un vecteur sollicitant V possible.


Le domaine de concomitance contient donc un nombre infini de points. En pratique,
le calcul ne peut être réalisé que pour un nombre fini de points. Le domaine de
concomitance doit donc être discrétisé, par exemple sous la forme d’un polyèdre
circonscrit enveloppant l’ellipsoïde théorique. Les points de calcul se limitent alors à
l’ensemble des sommets du polyèdre. Le caractère enveloppe de cette réduction est
justifié par la forme généralement convexe des surfaces d’interaction résistante des
structures.
L’enveloppe polyédrique est construite parallèlement aux axes principaux de
l’ellipsoïde, ce qui permet de minimiser l’écart relatif (ou la « distance », au sens de
la norme euclidienne) entre les sommets du polyèdre et l’ellipsoïde. Il est possible
de choisir la précision de l’approximation en jouant sur le nombre de sommets du
polyèdre enveloppe. La finesse de l’enveloppe est caractérisée par le paramètre
« ordre d’approximation », qui représente en 2D le nombre de points choisis pour
envelopper un quart de cercle.

x2

ordre 1 : polygone à 4 sommets (rectangle)

ordre 2 : polygone à 8 sommets (octogone)

ordre 3 : polygone à 12 sommets


ordre 4 : polygone à 16 sommets

x1
Figure 2. Ordre d’approximation du polyèdre enveloppe (projection en 2D)

Plus l’ordre d’approximation est grand, plus l’enveloppe est précise (donc plus
l’écart par rapport à l’ellipsoïde est faible), mais plus le nombre de sommets du
polyèdre (donc de points de calcul) est grand. Par ailleurs, plus le nombre de
variables considérées est grand, plus l’enveloppe polyédrique est conservative. Il est
donc important dans la pratique de limiter le nombre de variables considérées
simultanément au minimum strictement nécessaire. Le tableau 1 présente pour
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 7

différentes configurations l’écart relatif maximal entre la norme du vecteur


sollicitant retenu (sommet du polyèdre) et celle de sa projection sur l’ellipsoïde.

o 1 2 3 4
p npts Δmax npts Δmax npts Δmax npts Δmax
2 4 41 % 8 8,2 % 12 3,5 % 16 2,0 %
3 8 73 % 24 15,9 % 48 6,9 % 80 3,9 %
4 16 100 % 64 23 % - - - -
5 32 124 % 160 30 % - - - -
6 64 145 % 384 36 % - - - -

Tableau 1. Nombre de points npts du polyèdre enveloppe et écart relatif maximal


Δmax entre l’ellipsoïde et le polyèdre en fonction du nombre p de variables et de
l’ordre d’approximation o.

5. Exemple d’application

L’exemple présenté correspond à un bâtiment R + 2 en béton armé, très


irrégulier (au sens parasismique), de dimensions 15 m x 7,50 m et de hauteur
d’étage 4 m, contreventé par 2 voiles en angle et des portiques. Les planchers
comportent des poutres de 40 x 80 cm sur chaque file, les voiles ont une épaisseur
de 25 cm, les dalles 30 cm et les poteaux font 50 x 50 cm de section. La charge
d’exploitation considérée sous séisme est de 500 kg/m², et la masse totale du
bâtiment est de 600 t. La figure 3 présente l’allure de la structure et des principaux
modes propres.
La structure est étudiée sous un spectre de séisme calé à 0,3 g, sans coefficient
de comportement. Les sollicitations et les ferraillages nécessaires sont calculés
successivement par les trois méthodes suivantes : méthode des domaines de
concomitance (DCSS), méthode des efforts CQC signés (avec affectation des signes
suivant un cas d’accélération unitaire dans la direction du séisme), méthode des
efforts CQC non signés. La figure 4 et le tableau 2 présentent quelques résultats
significatifs correspondant aux encastrements des 3 poteaux et du voile Vy.
La comparaison des résultats obtenus par les trois méthodes met en évidence
quelques écarts significatifs. En considérant comme résultats de référence ceux de la
méthode DCSS, il apparaît que la méthode CQC signée donne des ferraillages assez
proches, et presque toujours enveloppes, avec des écarts compris entre –5% et +12%
(calculés sur des valeurs significatives). Par contre, la méthode CQC non signée
conduit à des écarts importants, et pas toujours dans le sens de la sécurité. Les
sections d’acier dans les poteaux sont surestimées de 10 à 22%, et dans le voile Vy,
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les sections d’acier sont surestimées sur une face mais sous-estimées sur l’autre : les
écarts atteignent +50% et –60% sur des valeurs significatives (fig 4.).

poutres

voile Vx

voile Vy
x
P1
P2 y
P3

Figure 3. Principaux modes propres horizontaux de vibration

méthode DCSS méthode CQC signée méthode CQC non signée

Figure 4. Extraits des cartes de ferraillage du voile Vy (en mm²/m)

poteau \ méthode DCSS CQC signée CQC non signée


P1 58 cm² 65 cm² 71 cm²
P2 36 cm² 41 cm² 42 cm²
P3 74 cm² 80 cm² 82 cm²
Tableau 2. Sections d’armatures nécessaires à l’encastrement des poteaux
(réparties en 8 barres situées aux angles et aux milieux des faces)

La méthode utilisant les sollicitations CQC non signées est donc clairement
insuffisante lorsque plusieurs composantes de sollicitation agissent simultanément
dans le dimensionnement, car elle donne des résultats très enveloppes dans certains
cas, mais trop favorables dans d’autres cas. En revanche, la méthode utilisant les
sollicitations CQC signées donne des résultats tout à fait satisfaisants (dans cette
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 9

exemple). Enfin, la méthode des domaines de concomitance permet d’optimiser le


dimensionnement de la structure, en particulier le ferraillage dans le cas d’éléments
en béton armé.
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Annexe
1. Notations

n nombre de modes
i, j indices des modes propres (= 1 à n)
k indice de la direction de séisme (= x, y, z)
Φi vecteur propre n° i (champ de déplacement du mode propre de vibration n° i)
ωi pulsation du mode propre n° i
ξi amortissement du mode propre n° i
pik facteur de participation du mode i dans la direction k
Sa(ω,ξ) spectre de réponse en pseudo-accélération définissant l’action du séisme
ri ( t ) résultat de l’intégrale de Duhamel pour le mode i

1 t
ri ( t ) = $ &s&( ! )e $# i" i ( t $! ) sin "'i ( t $ ! )d!
"'i %0

hij coefficient de couplage des modes i et j définissant la combinaison CQC


H matrice carrée de dimension n des hij, H = hij [ ]
~
H matrice carrée de dimension 3n composée de trois matrices H :

&H #
~ $ !
H =$ H !
$% H !"

!i coefficient applicable au mode i d’une combinaison linéaire de modes


! vecteur de dimension n (séisme monodirectionel) ou 3n (séisme
tridirectionnel) composé des coefficients ! i , " = [! i ]
x , x m sollicitations ou toutes grandeurs dépendant linéairement des déplacements
xi valeur de la sollicitation x pour le mode i
x ik valeur de la sollicitation x pour la réponse modale indice i au séisme de
direction k :
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 11

p ik S a ( ! i ," i )
x ik = xi
!i ?

Xk vecteur composé des x ik , X k = [x ik ]


xk valeur extrême (positive) de la grandeur x sous séisme de direction k :
t
xk = ! hij xik x jk = X k HX k
i, j
x valeur extrême (positive) de la grandeur x :
x = x x2 + x y2 + x z2

2. Démonstrations de résultats annoncés dans le corps du texte

2.1. Existence et unicité d’une combinaison linéaire de mode dédiée au maximum


x k d’une sollicitation donnée x (§2.)

Une combinaison linéaire de mode est acceptable, si elle vérifie pour toute
sollicitation x (au sens large : toute grandeur dépendant linéairement des
déplacements) choisie,

! # i xik " xk = ! hij xik x jk


i ij

En supposant que la matrice H est inversible (le contraire supposerait que deux
modes sont parfaitement corrélés), l’inéquation précédente s’écrit matriciellement :

t
#H !1 HX k " t
( HX k )H !1 HX k ou " = [! i ]
X k = [x ik ]

Soit en notant « • » le produit scalaire et la norme définis par H !1


(symétrique, définies positive si H l’est) :

" • HX k ! HX k [1]

Les vecteurs de réponses modales X k s’écrivent pas définition :


X k = t PC
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où P = [! i ] et la matrice rectangulaire des modes propres en déplacement, et C le


vecteur définissant la dépendance linéaire de la grandeur x aux déplacements (la
dimension de C est supérieure ou égale à n).
La matrice P étant de rang n, il existe un vecteur C 0 tel que :
t
PC 0 = H "1 !
En appliquant l’inégalité [1] à ce vecteur particulier pris pour X k , il vient :
!•! " !
soit
t
" !1 ou "H #1 " ! 1

Les combinaisons linéaires de modes " = [! i ] acceptables ou probables


appartiennent donc à l’hyper-ellipsoïde de ! n d’équation :
t
"H #1 " ! 1 [2]

Cherchons une combinaison linéaire de modes réalisant le maximum x k d’une


grandeur donnée x :

! " i xik = xk = ! hij xik x jk


i ij

Elle doit donc vérifier (avec la définition précédente du produit scalaire):


! • HX k = HX k [3]
" !1 [4]

Cette combinaison est par conséquent définie par l’unique vecteur :

! hij x jk
HX k HX k j
!= = ou "i =
HX k t
X k HX k xk

Ce résultat (existence et unicité) établi pour un séisme monodirection k, se


généralise aisément au séisme tridirectionnel, puisque les équations [3] et [4] sont
&H #
~ $ ! (y
les mêmes formellement à condition de remplacer H par H = $ H !
$% H !"
compris dans la définition de la norme et du produit scalaire).
Domaine de concomitance des sollicitations sismiques 13

Le domaine des combinaison linéaires acceptables des 3n réponses modales,


[ ]
définies par les vecteurs " = ! 1x ,...,! nx ,! 1 y ,...,! ny ,! 1z ,...,! nz , est ainsi l’hyper-
ellipsoïde de ! 3n d’équation :
t ~
"H #1 " ! 1
Et sur cet ensemble, l’unique combinaison réalisant le maximum
x= x x2 + x y2 + x z2 de la grandeur x , est définie par :

~ ! hij x jk
HX j
!= soit " ik =
t ~ x
XHX

2.2. Passage de l’hyper-ellipsoïde (dans ! 3n pour un séisme tridirectionnel) des


combinaisons linéaires de modes acceptables à celui (dans ! p ) du domaine de
concomitance d’un ensemble de p variables x 1 , x 2 ,...x p (§3.1)

( )
Soit V = x 1 , x 2 ,..., x p un vecteur de p sollicitations concomitantes.
L’objectif est de démontrer que le caractère probable de V se traduit par
l’inégalité:
t ~
V ( tRHR ) "1 V ! 1
[
où R = X 1 , X 2 ,..., X p
]est la matrice de dimension 3n ! p composée des réponses
modales de chaque sollicitation aux trois séismes X, Y et Z.

L’utilisation des combinaisons linéaires de modes comme génératrices de tous


les états concomitants, permet d’écrire V sous la forme :
V = t R!
où le vecteur ! de la combinaison génératrice de V vérifie :
t ~
"H #1" ! 1

Soit Q = ( R t R ) !1 R la matrice pseudo-inverse de R .


~ ~
En multipliant l’inégalité triviale : ( tRHR ) !1 t RHR = I p , à gauche par R et à
~
droite par t QH !1 , on obtient :
~ ~ ~ ~
R( tRHR ) !1 t RHR t QH !1 = R t QH !1
Comme Q t R = R t Q = I 3n , l’égalité précédente devient :
~ ~
R( tRHR ) !1 t R = H !1
d’où :
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t ~ ~
!R( tRHR ) "1 t R! = !H "1 !
et finalement :
t ~ ~
V ( tRHR ) #1 V = "H #1 " ! 1

3. Bibliographie

Capra A., Davidovici V., Calcul dynamique des structures en zone sismique, Eyrolles, 1980.
Gupta A.K., Singh M.P., « Design of column sections subjected to three components of
earthquake », Nuclear Engineering and Design, n° 41, 1977, p. 129-133.
Leblond L., « Calcul sismique par la méthode modale – Utilisation des réponses pour le
dimensionnement », Annales de l’ITBTP, n° 380, février 1980, p. 119-127.

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