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ÉCHEC.

L’ÉCHEC à
LES JEUNESSES SCIENTIFIQUES DE BELGIQUE

SAVOIR LIRE
AU 1ER DEGRÉ

1-2

Parce que les sciences, c’est avant tout de la curiosité !


Les ateliers ÉCHEC À L’ÉCHEC
sont une activité des
E
5 IGÉ

JEUNESSES SCIENTIFIQUES
01 R

av. Latérale 17 – 1180 Bruxelles


/2 OR

T 02 537 03 25 – F 02 537 08 02
04 N C

www.jsb.be – info@jsb.be
IO
IT
ÉD
S’amuser à faire des sciences ?!
Faire des sciences en s’amusant,
C’est possible, ça ?
s’amuser à faire des sciences !
OUI ! Aux Jeunesses scientifiques, nous proposons une foule d’activités
qui rendent les sciences amusantes : des camps, des stages, des
activités hebdomadaires le mercredi après-midi ou le samedi, une expo
annuelle pour présenter au public un projet scientifique mené seul ou
en groupe.

Des exemples ? En voilà quelques-uns : fabriquer et lancer des


fusées à eau, extraire l’adn de la salive d’un suspect comme
un expert de la police scientifique, faire du feu comme à la
Préhistoire, fabriquer soi-même du savon, se la jouer ‘ingénieur
civil’ en concevant une maquette de pont en spaghetti, imaginer
et construire un four solaire, concevoir et réaliser ses propres
instruments de musique, construire et programmer des robots,
s’initier à la programmation, ... et tellement d’autres choses
encore !

Mais le mieux, c’est encore de venir découvrir par toi-même que,


vraiment, s’amuser à faire des sciences, c’est tout-à-fait possible :-)

Plus d’info sur www.jsb.be ou au 02 537 03 25

Ce syllabus a été rédigé par Philippe Lange à titre d’auteur. Celui-ci s’est
efforcé
de respecter les prescriptions légales relatives aux droits d’auteur et de
contacter les ayants droit. Néanmoins, toute personne qui se sentirait lésée et
qui souhaiterait faire valoir ses droits est priée de se faire connaître auprès de
l’asbl Réussir.
Éditeur responsable : Jacques Severs, Réussir asbl, Rue du Huleu 37, 1460 Ittre
SAVOIR LIRE AU 1er DEGRE
Tu as déjà rencontré plusieurs types de textes : narratif,
descriptif, informatif, injonctif, argumentatif, lettres et journaux
intimes.
Après avoir rappelé quelques notions théoriques concernant
ceux-ci , trouve le type des extraits présentés ci- après et réponds
aux divers questionnaires proposés.

Rappel de quelques notions :

Le texte narratif est un texte qui raconte une histoire. Elle est complétée
par des descriptions, parfois des dialogues. Le but de l’auteur est de
distraire.
Les verbes sont précis, nombreux ; ils donnent une impression de réalité.
Les temps verbaux s’organisent autour de l’indicatif présent ou de temps du
passé (indicatif imparfait , indicatif passé simple, …).
Le narrateur est celui qui raconte l’histoire ; l’auteur est la personne réelle
qui crée le texte.
Il rapporte des événements et les situe dans le temps.
Le récit est rédigé à la première personne si le narrateur est présent dans
l’histoire ( il raconte alors à la première personne (« je »).
Si le narrateur est extérieur à l’histoire, le récit est rédigé à la troisième
personne.
Le schéma narratif doit pouvoir être appliqué à tout texte narratif.

Le texte descriptif présente un objet, un lieu, un personnage dans son


ensemble. On doit donner le nom exact des choses décrites ; on les qualifie.
Pour rédiger un texte descriptif, on utilise des noms précis, nombreux, des
expansions du noms (compléments du nom, appositions, adjectifs
qualificatifs épithètes ), des figures de style comme la comparaison (« la
vaisselle brille comme des étincelles ») , la métaphore (« la vaisselle, étoile
étincelante »).

Le texte informatif cherche à donner des renseignements ou des


indications. Certains l’appellent parfois « texte explicatif ». On peut trouver
de l’informatif dans un texte narratif, dans un texte argumentatif.
Il communique des informations diverses. Il parle de faits et ne développe
pas d’opinions.
Les temps de conjugaison utilisés sont l’indicatif présent, le passé composé,
l’imparfait…
Les textes sont rédigés à la troisième personne. Ils comportent de nombreux
organisateurs textuels, des titres, sous-titres, lettrines, documents
iconographiques, schémas, paragraphes, typographie variée…
Le texte injonctif pousse le lecteur à effectuer une action en lui fournissant
des consignes, généralement sous la forme d’infinitifs ou d’impératifs.
Des consignes compréhensibles, généralement triées et classées par ordre
chronologique, sont données dans le but de faciliter leur réalisation (phrases
courtes).
Pour les classer, on peut employer des mots ou formules tels que « tout
d’abord, une fois que, ensuite, enfin, … » que l’on nommera organisateurs
textuels. Le texte injonctif est souvent divisé en paragraphes.

Le texte argumentatif raisonne en tendant à établir une preuve, à fonder


une opinion, à renforcer ou réfuter un thème.
L’argumentation est un acte de communication.
On trouve du texte argumentatif dans les articles de presse, les discours, la
publicité, les essais (écrits destinés à analyser un sujet, un problème sans
pour autant l’épuiser), courrier des lecteurs dans les revues, les journaux.
Le texte argumentatif expose le but que l’auteur veut atteindre. Il utilise des
raisonnements et des exemples qui prouvent ou qui réfutent.
Ce type de texte est très structuré : on y trouve de très nombreux
organisateurs textuels qui permettent de hiérarchiser les idées dans chaque
paragraphe, de les classer et enfin de conclure.
Il utilise des procédés qui favorisent la persuasion : formules-choc,
renforcement du style, formules de politesse.
Les éléments essentiels de toute argumentation sont :
- Le thème : le sujet général que l’on veut traiter ;
- La thèse : l’idée que l’on veut développer ou soutenir afin de soutenir le
thème;
- L’antithèse : l’idée qui va à l’encontre du thème et que l’on veut
soutenir également ;
- Les arguments : les idées, les raisonnements contenus dans chaque
paragraphe qui vont, à l’aide d’exemples concrets, permettre de
prouver ou de réfuter ;
- La synthèse : l’avis général de l’auteur ayant pesé le pour et le contre
concernant le thème.

Les lettres et journaux intimes sont écrits à la première personne. C’est


une fraction non négligeable du grand ensemble « autobiographie », qui
partage avec lui le fait d’utiliser la première personne. Certains écrivains
sont d’ailleurs célèbres par leur correspondance. Ce champs est de plus en
plus exploré dans la littérature des jeunes comme dans celle des adultes,
celui de l’écrit intime, véritable ou fictif, dans lequel le sujet donne une forme
à sa vie.
Extrait 1 : « Manuel de biologie, 6ème » : type………………………..

!
1. Le déterminant article défini « le » (l.1) sert-il uniquement à
désigner l’animal représenté sur les photos ?
2. Le déterminant article indéfini « un » utilisé dans le titre encadré
sert-il à désigner un lapin particulier ?
3. Quel temps de conjugaison est utilisé dans cette leçon de biologie ?
Pourquoi a-t-il été choisi ?
4. Pourquoi met-on des termes en « caractères gras » ?
5. Quels sont les deux mots qui sont suivis d’un astérisque ?
Pourquoi le sont-ils ?
6. Pourquoi - souligne-t-on certains membres de phrases ?
- encadre-t-on certains membres de phrases ?
7. Etablis un rapport entre le passage du texte décrivant les
différentes phases du saut du lapin (l.7 à l. 18) avec les dessins du
bas de la page de la leçon.
8. A quel dessin correspond la photo (doc.4) et la photo (doc.5) ?
9. Comment sont disposées les illustrations par rapport au texte ?
10.Quel est le rôle d’une photo dans ce type de texte ?
Et celui d’un dessin ou d’un schéma ?
Extrait 2 : « Les Garennes de Watership Down »
de R. Adaws : type………………………………………….

1. Qui commande l’expédition ?


2. Décris brièvement les deux modes de déplacement habituels des
lapins ?
3. Pourquoi les lapins sont-ils très fatigués ?
4. Depuis leur entrée dans le bois, quels sentiments éprouvent-ils ?
5. Quelle idée a Noisette pour redonner courage à ses amis ?
6. Pourquoi le mot « Manitou » correspond-il bien au caractère d’un
des héros du roman ?
7. Que désigne le pronom personnel « ils » à la l.10 et à la l.19 ?
8. Quelle expression te prouve que Noisette et ses compagnons vivent
une aventure extraordinaire ?
9. Essaie de définir le mot « allure » ( l.21).
10. qui répond Noisette ?
Extrait 3 : « La guerre des boutons » de Louis
Pergaud : type……………………………

1. Combien y-a-t-il d’enfants dans ce texte ? Cite leur nom.

2. Où vont-ils ?

3. Quel temps fait-il ?

4. Quelle impression cette description de paysage te laisse-t-elle ?


Gaieté ou mélancolie ? Justifie.

5. Pourrais-tu dire à quel mois de l’année nous nous trouvons ?

6. A l’aide de la l.9, explique la formation du nom « Grangibus ».


(Tu dois aussi savoir que le héros du roman, le plus jeune des
garçons, s’appelle « Tigibus »).

7. Explique l’expression « maison commune » (l.11).

8. Quelle est la signification du groupe nominal « un ciel tourmenté


de gros nuages gris » ?

9. Qu’est-ce qu’un angle obtus ? La phrase « l’angle de la chute


devenait moins obtus » signifie-t-elle que l’accélération de la chute
est devenue plus verticale ou, au contraire, ralentie ?

10.Repère, au dictionnaire, l’antonyme d’ « agonie » (l.22).


Extrait 4 : « Les trois mousquetaires » d’ Alexandre
Dumas : type………………………………………………………..

1. Choisis la ou les bonne(s) réponse(s).

Jussac est…

a. un mousquetaire ;
b. un garde du cardinal ;
c. un passant.

a. moins âgé que d’Artagnan ;


b. plus âgé que d’Artagnan ;
c. a le même âge que d’Artagnan.

Jussac est vaincu par d’Artagnan

a. parce qu’il perd patience ;


b. parce qu’il est plus fatigué que d’Artagnan ;
c. parce qu’il commet des erreurs.

2. Peux-tu expliquer l’expression « prendre parti » et donner une


expression synonyme ?

3. De quelle région française d’Artagnan est-il issu ?

4. On dit, à la l.15, que d’Artagnan se bat « comme un tigre en fureur ».


Cite une autre comparaison qui définit le comportement de d’Artagnan
après avoir lu la suite du paragraphe.

5. Cite quelques expressions du texte qui nous montrent que Jussac est
de plus en plus impatient de clôturer le combat.

6. Quel effet stylistique Alexandre Dumas a-t-il voulu donner en écrivant


« Jussac tomba comme une masse » (l. 31) ?

7. Dans quel état d’esprit les mousquetaires commencent-ils le combat ?

8. En quoi sont-ils défavorisés ?

9. Relève les termes qui nous montrent la manière de combattre de


d’Artagnan. De quelle qualité fait-il preuve ?

10.Dans la dernière phrase de l’extrait, de quelle qualité d’Artagnan fait-il


preuve ?
Extrait 5 : « Les fées » de Charles Perrault
type :………………………………………………….

1. Dans le tableau qui suit le texte, caractérise les différents personnages


de ce conte (milieu social selon l’habitat).

2. Quel est le personnage principal ?

3. Comment Perrault nous montre-t-il l’aversion de la veuve pour


l’héroïne ? Celle- ci te paraît-elle justifiée ?

4. Comment l’auteur dégage-t-il la différence entre Belle et Fanchon dans


l’épisode de la fontaine ?

5. Quelle est la situation de départ ?

6. Quel est l’événement qui va modifier cette situation ?

7. Etablis les cinq faits les plus importants qu’entraîne la rencontre avec
la fée.

8. Quelle est la situation finale ?

9. Compare l’état initial et l’état final.

10.Résume l’intrigue au moyen du


- schéma actanciel : destinateur, objet du désir (mission du héros),
héros, destinataire, adjuvants et
opposants.
- schéma narratif simple : situation initiale, élément modificateur,
transformations, force équilibrante et situation finale.
Extrait 6 : « Préparation du gâteau de la Saint-
Valentin. » : type………………………………………………….

Extraits 7 : « Pour faire le portrait d’un oiseau » de


Jacques Prévert et « Pour un art poétique » de
Raymond Queneau : type……………………………………….

1. Observe les verbes de l’extrait 6. Quels modes et temps sont utilisés ?

2. Pourquoi les utilise-t-on dans ces textes ?

3. A ton avis, quel est leur but ?

4. Trouves-tu que ceux-ci ressemblent aux textes lus précédemment ?


Pourquoi ?

5. Dans l’extrait 6, pourquoi avoir numéroté les consignes ? Que peux-tu


dire concernant l’ordre des consignes ?

6. Cite un autre élément que les consignes qui aide le cuisinier à réaliser sa
recette.

7. Dans le poème « Pour faire le portrait d’un oiseau », relève les mots
indiquant la succession des actions. Lequel est employé le plus souvent ?

8. Quel est le genre des deux textes de l’extrait 7 ?

9. Quels sont les modes et temps des verbes surtout utilisés par ces poètes ?

10.Quelle est l’intention de Prévert et de Queneau ?


Extrait 8 : « Lettres de Calamity Jane » de Calamity
Jane: type…………………………………………………………

1. De quel jour date la lettre précédente de Calamity Jane à sa fille ?

2. Donne le sens des expressions « cheval de charge » (l.9) et chariot


bâché (l.23)?
Quelle expression utiliserait-on pour désigner le cheval Satan (l.4) ?

3. Pourquoi les Sioux peuvent-ils penser que Calamity Jane est


« cinglée » (l.14) ?

4. En lisant les deux phrases :


a. « Calamity Jane aide les frayeurs de piste à effaroucher les sioux. »
b. « Calamity Jane est le seul être humain dont ils aient peur. »
Donne un synonyme d’effaroucher (l.20).

5. Le cheval Satan est longuement décrit ; à ton avis, quelles raisons


Calamity Jane a-t-elle d’insister autant sur lui ?

6. Que t’apprend cette lettre sur l’état des territoires de l’Amérique du


Nord en 1877 (l.15/20) ?

7. A quoi vois-tu que « La Conquête de l’Ouest » est encore récente à cette


époque (l.22/24) et que les émigrants s’y sont installés depuis peu ?

8. A quoi correspond le surnom « Calamity Jane » ?

9.Pourquoi les Sioux peuvent-ils être effrayés par Calamity Jane plutôt
que par tout autre personne ?

10.Cette lettre correspond-elle au type de lettre étudié en classe ?


Réécris-la en utilisant la disposition classique d’une lettre sachant
qu’ici, il s’agit d’une lettre familière concernant des personnes qui se
connaissent bien. Elle présente généralement les blocs d’information
suivants :

- Le lieu et la date de l’envoi (au-dessus, à droite) ;


- En vedette, le titre de la personne à laquelle on s’adresse ( à quelques
centimètres du dessus de la feuille, contre la marge ou à quelques
centimètres de la marge de gauche) ;
- Le texte de la lettre, avec ses différents paragraphes séparés par un
petit espace (parfois avec alinéas) ;
- La formule finale, formule de politesse et salutations ;
- La signature manuscrite (après un espace, plus ou moins à gauche).
Extrait 9 : « La saga de l’espace » de A. Dupas :
type ………………………………………………

1. Après avoir lu la première phrase du texte, quels adjectifs qualficatifs


pourraient remplacer l’adjectif qualificatif « grand » ?

2. Indique dans un petit tableau :


Les phases de l’opération | Les dates et heures
(correspondant aux diverses phases)

3. Recopie l’exclamation d’Armstrong et explique- la.

4. A quoi vont servir les échantillons ramassés par Armstrong et Aldrin ?

5. Pourquoi le module lunaire est-il abandonné ?

6. Quel est l’astronaute qui ne mettra pas son pied sur la lune ? Où se
trouve-t-il ?

7. Les astronautes ont-ils rencontré des problèmes lors de leur périple


spatial ?

8. Cite les éléments du scaphandre d’un astronaute et indique à quoi ils


servent.

9. Explique l’adverbe « maladroitement ».

10. Quel est le but de l’auteur de ce texte ?


Extrait 10 : « L’enfant et la rivière » d’Henri Bosco :
type……………………………………………………

1. Sur quoi porte ce type de texte ?

2. Quels sont les temps de conjugaison utilisés dans cet extrait ?

3. La progression va-t-elle de l’extérieur vers l’intérieur ou l’inverse ?

4. Où le personnage principal est-il placé dans cet extrait ?

5. Quel est l’effet produit ?

6. A qui compare-t-on ce personnage ?

7. Qui est-il par rapport à l’enfant ?

8. Que fait-il ?

9. Qu’exprime-t-elle ?

10.Pourrais – tu dessiner ce que tu viens de lire ?


Lis le texte : Le pouvoir de la télévision

V oir : tout est là. Le journal peut mentir. La radio peut mentir. L’image, elle, ne
ment pas ; elle est la réalité, elle est la vérité. Plus même : elle gagne en crédit1
ce que la parole et l’écrit ont perdu. Quiconque a, dans sa vie, pris une photographie
ou été photographié le sait bien. Cette conviction, cette confiance absolue dans ce
5 que les yeux ont vu, sont si ancrées dans l’esprit de chacun de nous qu’il doit faire
un effort pour garder l’esprit critique.
Sur l’écran, un homme court. Derrière lui, quelques agents courent aussi, plus
vite, ils gagnent du terrain. Le fuyard, un malfaiteur sans doute, va être rattrapé.
Mais le champ s’élargit et livre soudain l’objet de la poursuite: tous courent pour
10 prendre l’autobus. Nous avions vu une arrestation imminente, imaginé déjà toute
une histoire. C’est l’exemple le plus classique et le plus simple d’images vraies qui
imposent une idée fausse.
Au-delà, il y a la jeune mère que l’on complimente pour la beauté de son enfant
et qui s’exclame : « Et encore, ce n’est rien : si vous aviez vu le film que mon mari
15 a pris dimanche ! » L’image, cette fois, est plus vraie que le vrai. Au-delà encore :
le cameraman qui, filmant une cérémonie ou un voyage officiel, montre une foule
immense et enthousiaste en braquant soigneusement son objectif sur la brigade2
des acclamations ; ou qui, au contraire, s’attarde sur les vides d’une assistance qui
paraît ainsi dérisoire, ou donne la vedette à des contre-manifestants qui ne sont
20 qu’une poignée. C’est le mensonge délibéré qui utilise le cadrage, le jeu du gros
plan et du plan éloigné pour inverser les proportions, mille astuces techniques : le
spectateur voit un lieu, une scène et pourtant il est trompé, il se trompe.
Un dernier pas enfin : on entre carrément dans l’univers des sensations, du rêve,
où tout est possible. Nous voilà ici et ailleurs même temps, avec cinquante, cent
25 regards, vieux songes de l’homme enfin réalisé. Nous voici transportés à l’autre bout
du monde, dépaysés, déracinés et ravis. L’univers n’est plus qu’un immense village.
Anesthésiés, nous subissons un monologue en croyant dialoguer. Le discours
de l’écran est effraction morale : il n’a besoin ni de démonstration ni de preuves.
L’histoire se dérou1e sous nos yeux, en direct, partout sur la planète et même sur
30 la lune.
Tantôt la même émotion nous soulève, et en quatre heures nous versons sou par
sou un milliard pour les sinistrés de Malpasset3 ou pour les réfugiés du Biafra4.
Tantôt l’image nous divise, et la même relation des troubles du Quartier latin5, puis
des premiers débrayages ouvriers, met le feu à dix villes universitaires, précipite dix
35 millions de travailleurs dans la grève, en même temps qu’elle bou1everse et indigne
l’autre moitié du pays. L’intelligence émoussée, la volonté entamée, nous sommes
hors et loin de nous-mêmes, nous sommes un autre, toutes facu1tés de contestation
et presque de jugement abolies ou perturbées.
À l’extraordinaire pouvoir d’information et de déformation, de suggestion et
40 de dépaysement, de rêve et d’identification, s’ajoute une force catalysatrice6 ou
unificatrice sans précédent. Un jeune Français né cette année passera en moyenne,
rappelait-on récemment, sept années entières de sa vie devant le petit écran,
contre dix-huit ans pour son contemporain américain. Et l’on voudrait que son
comportement, sa raison, sa conscience n’en soient pas affectés ? On voudrait que
45 le pouvoir et l’argent ne se préoccupent pas de contrôler, de monopoliser l’un ou
l’autre, quand ce n’est pas l’un et l’autre, cette source unique et si puissante de
formation de l’esprit public ?
Ce n’est pas une apocalypse7, c’est simplement une révolution, et même si
personne, nulle part n’a encore réussi à la maîtriser, elle n’a heureusement pas que
50 des effets dangereux, négatifs et destructeurs, bien au contraire. La télévision peut
devenir certes l’outil d’une dictature invisible et le nouvel opium du peuple. Elle peut
être aussi un magique instrument de progrès, de culture et de détente, un nouveau
livre de poche en images. Par-delà les querelles et les manœuvres actuelles, le vrai
choix est là.

Pierre Viansson-Ponté, Le Monde, 25/06/1972.

1. crédit : confiance qu’inspire quelqu’un ou quelque chose.


2. brigade : groupe chargé d’applaudir.
3. Malpasset: la rupture du barrage de Malpasset a fait, en 1959, 400 victimes dans le sud de la France.
4. Biafra : région du Nigéria qui a vécu une famine et un génocide.
5. Quartier latin : quartier de Paris qui fut le théâtre des émeutes de mai 1968.
6. Catalysatrice : qui provoque, par sa seule présence, une réaction.
7. Apocalypse : catastrophe épouvantable; fin du monde
Extrait 11 : « Le pouvoir de la télévision ». de Pierre
Viansson-Ponté : type………………………………………..

1. Combien y-a-t-il de paragraphes dans ce texte ? Comment repères-tu


le changement de paragraphe ?
2. Dégage l’idée essentielle, principale, contenue dans chaque
paragraphe.
Donne un titre à chacun d’eux en reprenant un groupe de mots du
texte.
3. Dans les paragraphes 2 et 3, l’auteur donne des exemples en
situation : à quoi cela sert-il ?
4. Dans le paragraphe 5, l’auteur donne des exemples de médiatisation
importante, de surmédiatisation. Donne trois exemples d’évènements
qui ont été surmédiatisés.
5. Qu’est-ce qui tendrait à nous convaincre que la conscience des jeunes
ne peut pas ne pas être influencée par la télévision ?
6. Qu’est-ce que la télévision aurait comme pouvoir supplémentaire par
rapport à d’autres médias ?
7. La télévision est-elle objective ? Est-elle sincère , franche ? Donne un
exemple du texte qui répond à cette question.
8. Pierre Viansson-Ponté dit que la télévision a deux pouvoirs
contradictoires : lesquels ? Développe ta réponse en expliquant avec
tes mots ces deux pouvoirs.
9. Quel est le but principal du texte ?
10.Ecrit en 1972, ce texte est-il toujours d’actualité ? Justifie ta réponse.

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