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Armand Colin

A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE


Author(s): Jacqueline de DURAND—FOREST and E.J. de DURAND
Source: Histoire, Économie et Société, Vol. 7, No. 3 (3e trimestre 1988), pp. 295-311
Published by: Armand Colin
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/23610832
Accessed: 17-01-2023 17:57 UTC

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A LA DECOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE
EN NOUVELLE ESPAGNE

par Jacqueline de DURAND—FOREST


en collaboration avec E.J. de DURAND

Résumé Abstract

Si l'Histoire Naturelle reçut une certaine impul If the influence of refounded classic Authors
sion en Europe, sous l'influence des auteurs classiques gave a certain stimulus to Natural History in Europe,
retrouvés, elle ne prit véritablement son ampleur this field only acquired its full range with the disco
qu'avec la découverte du Nouveau Monde et l'affluxvery of the New World and the influx during the
aux XVle et XVDe siècles d'échantillons, d'informa XVIth & XVIIth centuries of many samples of field
tions recueillies sur le terrain. informations.
La flore et la faune de la Nouvelle-Espagne There are many studies on New Spain's Flora
firent l'objet de diverses études. La Historic Natural.. and Fauna, the « Historia Natural »... by Proto-Médi
du Proto-Médico Hernandez, par exemple, ou encore co Hernandez, for example, or the « Florentine Co
le Livre XI du Codex de Florence, Corpus en nahuatl dex », Book XI - Corpus in Nahualt with Spanish ver
avec version espagnole élaboré par Sahagùn et ses in sion, by Sahagun and his local Informants, and finally
formateurs indigènes, et enfin le Codex Badianus, œu the « Codex Badianus », a circumstanced work by
vre de circonstance d'Indiens acculturés, qui tient à la acculturated Indians, both a medieval Herbal and a
fois de l'herbier médiéval et du livre de « recettes ». « Recipe » Book.
Ces œuvres reflètent tout autant l'ouverture These works show the open mind and huma
d'esprit et l'humanisme de ceux qui les ont conçues, nism of their Authors, witnessing as well the ancient
qu'elles portent témoignage de la Science des anciens Mexicans great knowledge and their contribution in
Mexicains et de leur apport dans le domaine des pro the field of edible products and pharmacopoeia.
duits comestibles et de la pharmacopée.

La découverte du Continent américain souleva de nombreux problèmes d'ordre


politique, économique, religieux, qui donnèrent lieu à de multiples analyses.

Elle produisit un bouleversement dans l'équilibre du monde européen et un écla


tement de ses connaissances, en particulier dans le domaine de l'Histoire naturelle.

De prime abord, le thème paraît assez simple, voire limité ; cependant, sitôt que
l'on entreprend d'en circonscrire les diverses implications, force est de constater qu'il
s'agit d'un problème culturel très complexe, « botanique » et « zoologie » reflétant
dans une large mesure les questions qu'une société se pose sur le monde et les réponses
qu'elle pense pouvoir ou devoir y apporter. Sous ces termes aux apparences familières
et innocentes (description et classification représentant les notions les plus connues), se
déploie en fait un vaste réseau de connexions qui intéressent tous les niveaux et les do
maines de la connaissance.

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296 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Avant que de décrire 1'« Histoire Nat


velle Espagne, il parait nécessaire de don
tions de l'Ancien Monde en la matière, antérieurement à la découverte du Nouveau et
jusqu'aux grandes révolutions de ces disciplines au cours des XVIIe et XVIIIe siècles (1 ).

I - L'HISTOIRE NATURELLE DE L'ANCIEN MONDE

A la fin du XVe et dans une large mesure encore tout au long du X


vision du monde occidental est extrêmement anthropocentrée, en dép
tentatives pour dégager une nature où l'homme serait un animal comm
nature qui obéirait à des lois propres (lois du nombre, de la quantité, q
seront énoncées qu'au XVIIe siècle, avec Galilée, dans le domaine de la p
thématique (2).

Malgré « la continuité du Vivant » et les liens manifestes qu'entreti


dans leur méthode les règnes végétal et animal, pour plus de clarté et pour
quelques péripéties de leur histoire, nous donnerons une présentation s
Botanique et de la Zoologie.

A - La Botanique

En tant que science, la Botanique est née avec Aristote (même si, dan
les écrits du Stagirite parvenus jusqu'à nous sont fort limités en quan
avec Théophraste, premier scolarque du Lycée (3), pour disparaître pre
absorbée en quelque sorte par la médecine. Le plus typique des auteurs
rieurs à Théophraste est Dioscoride (chirurgien militaire du 1er siècle après
dont l'ouvrage en traduction latine « De materia medica », parut vers
Christ. Il présente plus de 600 espèces végétales, dont certaines ne com
description ; il s'agit alors seulement d'une énumération des emplois th
des préparations médicinales auxquels elles donnent lieu.

Cet ouvrage devait jouer un rôle considérable durant seize siècles.


nuscrite des peintures préparée au début du Vie siècle, pour Juliana A
l'Empereur Flavius Anicius, fut redécouverte au milieu du XVIe siècle,
nople.

Chez les Latins, la botanique naissante est étroitement tributaire de


(Caton, Varron, Columelle), puis de la médecine. Ce sont les « Histoire
de Pline l'Ancien mort en 79 après Jésus-Christ, qui revêtent le plus d'impo

Le Moyen Age ne modifie pas l'orientation médicale de la botan


(Abd Allatif) ; Byzantins (Siméon Sethus) et Occidentaux (école de Sale
Hildegarde, Albert le Grand) joignent d'excellentes observations botan
sais thérapeutiques. Si le mot « botanica » fait une apparition fortuite,
re un chapitre de la médecine.

Au Moyen Age, l'intérêt persistant pour les herbes à valeur médicin


par une production continue de livres, tel 1'« Herbier » du XVe siècle at
qui passe en revue 80 plantes ; au XHIe siècle, l'encyclopédiste Bartolom
dit « de Glanville », consacre également une grande place aux plantes (4

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 297

Ces œuvres et d'autres, combinant la tradition ancienne et la coutum


nèrent lieu vers la fin du XVe siècle à la publication de nombreux herbiers ré

L'exemple le plus représentatif de cette littérature est 1'« Herbariu


(1485) qu'accompagnaient des gravures, des notices descriptives et des mo
tion médicinale. De nombreux animaux étaient décrits, ainsi que des mét
néraux supposés avoir une valeur thérapeutique.

Les éditions anciennes et bien illustrées de 1'« Herbarius » ou du « Grand Herbier»


(1458) ou du « Grete Herball » (1526) sont à comparer avec les premières éditions im
primées du « Dioscoride ».

D faut noter qu'à cette époque les humanistes sont surtout préoccupés par l'éta
blissement d'un texte aussi sûr que possible, et n'accordent qu'une importance limitée
à l'identification des plantes représentées. Les éditions grecques anciennes du « Dios
coride » manquent même d'illustrations. D'ailleurs nombre de plantes décrites par
Dioscoride n'existaient pas en Europe du Nord (5).

La Renaissance va marquer un infléchissement décisif à la fois dans les connais


sances et dans l'approche de la nature. Au sortir de la Guerre de Cent Ans et de la gran
de peste qui a frappé l'Angleterre, la France et l'Italie (entre autres pays), l'Europe
émerge d'une crise de civilisation et remet en cause les valeurs du Moyen Age. La sco
lastique est arrivée au terme d'elle-même. La Renaissance a toutes les raisons d'être un
éveil pour la botanique : la redécouverte des Anciens fait naître l'espoir que les problè
mes trouveront leur solution.

L'étude de leurs œuvres donne naissance à de fructueux commentaires, dont l'im


primerie nouvellement inventée va permettre la diffusion.

Le caractère à la fois stimulant et inhibant du magister dixit des Anciens a pour


effet d'estomper les connaissances empiriques des campagnes, au profit d'une science
toute livresque. L'un des plus célèbres ouvrages de l'époque est celui de Petrus Andreas
Matthiolus dit Pierre Mattioli (1501-1577), intitulé « Commentarii » sur les six Livres
de Dioscoride. Ce commentaire quatre fois plus long que le texte est accompagné d'une
série de Planches. A l'exemple du « Dioscoride », il est également orienté vers la méde
cine. En appendice, l'auteur donne une description de l'équipement nécessaire à la
distillation et à ses procédés, ce qui traduit bien le récent intérêt médical pour les pro
cessus chimiques.

Découverte du nouveau monde et renouveau de l'histoire naturelle

Il n'est pas douteux, toutefois, que c'est à la suite de la découverte du Nouveau


Monde et des voyages vers les Indes orientales et occidentales que la botanique va véri
tablement prendre son essor. Les plantes nouvelles donnent heu non seulement à des
tentatives d'identification, mais aussi à des recherches sur leurs propriétés médicales.
D'ailleurs, un certain nombre d'entre elles sont introduites en Europe et des Jardins
botaniques créés pour les recevoir (à Padoue, Pise, Florence, Bologne, Paris, Montpel
lier ). Des chaires de botanique sont également fondées dans les écoles de médecine
européennes, la première à Padoue en 1553 (6).

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298 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Nombreux sont les auteurs spéci


d'une autre la flore et la faune du Nouveau Monde, à titre de « curiosa », comme
Gomara ou Thevet (7), soit pour manifester l'unité du monde infra-lunaire, en particu
lier de l'esprit humain, soit au contraire pour en marquer les différences, voire les in
suffisances (à ce niveau on retrouve le problème tant débattu de la rationalité des In
diens ) (8).

Après la découverte de l'Amérique et la pénétration du sous-continent asiatique,


dans tout le monde européen, cette botanique médicinale tente lentement de se consti
tuer en science.

Paraissent alors des ouvrages consacrés aux plantes, « Los coloquios dos simples
e drogas e sonsas medicinas da India » de Garcia d'Orta, étude décrivant 60 plantes,
qui paraît à Goa en 1563, ou les « Dos libros uno que trata de todas las cosas que traen
de nuestras Indias occidentales », de Nicolas Bautista Monardes (publiées en 1565 et
1571), deux œuvres que le résumé en latin de Charles de L'Ecluse allait rendre très po
pulaires (9).

L'amélioration des illustrations et des descriptions devait également stimuler l'étu


de des plantes locales. Ce fut la contribution des allemands Brunfels, Bock et Fuchs.
Ainsi, Brunfels, après avoir recensé la flore des environs de Strasbourg et de la rive gau
che du Rhin, énumère dans son « Herbarum vivae icônes » (1530) une série d'espèces
végétales, dont certaines n'étaient pas encore connues.

Dans son « New Kraueterbuch » (1539), Jérôme Bock dit Tragus divise les plantes
en herbes, arbrisseaux, arbres, nouveauté reprise de Théophraste. Les plantes se trou
vent ainsi groupées en séries qui préfigurent nos actuelles familles.

Dans son « Historia Stirpium », Fuchs, Professeur à Tübingen, présente 500 espè
ces par ordre alphabétique. Il inaugure une nomenclature botanique.

Tandis que Daléchamps publie, à Lyon en 1587, son « Historia generalis planta
rum » : en 18 livres, fondée sur les caractères d'utilisation des plantes (plantes purgati
ves...), Charles de l'Escluse dit Qusius (XVIIe siècle) le créateur des Jardins impériaux
de Vienne auquel il a déjà été fait allusion, divise son œuvre « Rariorum plantarum his
toria » selon la classification botanique suivante :

1) Arbres, arbrisseaux, sous-arbrisseaux


2) Hantes bulbeuses
3) Fleurs à parfum agréable
4) Fleurs sans parfum
5) Plantes vénéneuses, narcotiques ou corrosives
6) Hantes laiteuses, ombellifères, fougères, graminées, légumineuses, champignons

Un second volume « Plantae exoticae » complète l'œuvre et porte à 1400 le nom


bre des plantes décrites, il concerne les fruits étrangers, les aromates et les plantes in
diennes.

Le « De Plantis Libri XVI » de l'italien Césalpin (1519-1609) est le premier ouvra


ge où la considération exclusive des plantes et de leurs caractères botaniques a conduit

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 299

à déterminer une méthode de classification, permettant d'introduire un


dans la multiplicité des plantes et de dégager la botanique de la médecine.

Le tournant du XVIIe siècle est marqué par l'œuvre de deux frères J


pard Bauhin (protestants français émigrés à Bâle) la « Historia Plantaru
comprenant 5 000 plantes et 3 600 figures, de Jean, et le « Rnax », de
vrage de nomenclature, recueillant toutes les dénominations latines qui a
désigner les plantes depuis Téophraste, Dioscoride, Pline jusqu'aux œuvr
siècle. Il recourt à une classification qui va des formes simples aux form
(On passe de 500 plantes dans le « Dioscoride » à 6 000 dans le « Pinax »)
damentale pour les botanistes, l'œuvre de Bauhin allait être développée au
par Joachim Jung et John Ray.

Il fallut plus d'un siècle d'efforts de systématisation pour arriver f


l'œuvre de Carolus Linnaeus, dit Linné, (1707-1778), sur laquelle repose
tion moderne des plantes et des animaux (10).

B- La Zoologie

A plus juste titre encore que pour la Botanique, on peut considérer A


me le père fondateur de la Zoologie. Il ne faut toutefois pas se méprendr
et la portée de son projet et nous adoptons volontiers les conclusions de
grin dans son étude sur « La Gassification des animaux chez Aristote ». A
nologiquement, de Buffon et de Cuvier, Aristote est, en réalité, situé e
Taxinomia. Son observation « était comme aveuglée par le prestige tyran
cipe » (finaliste). Dans la mesure cependant où la « pratique observatrice
tend à prendre une certaine autonomie par rapport aux principes, les c
à'Aristo te « vont pouvoir constituer, hors de l'Àîistotélisme, une source
naturalistes ultérieurs pourront se référer » (11).

Ces remarques qu'il conviendrait d'adopter et d'adapter aux études « b


précitées, s'entendent tout aussi bien des « successeurs » fidèles d'Aristote

Au vrai, la connaissance médiévale des animaux dérivait beaucoup plu


toire Naturelle » de Pline l'Ancien. L'énorme compilation plinienne dont
d'organisation interne restent difficiles à dégager, était bien de nature à
esprits soucieux de description (qu'il s'agisse de l'apparence des animaux
ties, de leurs habitudes ou de l'usage médical qui pouvait être fait de nom
eux) comme à nourrir le bestiaire fantastique du Moyen Age.

Les renseignements de Pline l'Ancien, ou ceux contenus dans les


Moyen Age, ou dans les vieux bestiaires ouvrirent la voie aux études enc
sur les animaux, notamment à celle d'Aldrovandi (1522-1605) et à ce
« Historiae Animalium » (1551-1621). Leurs efforts furent poursuivis par
et Guillaume Rondelet, qui élaborèrent, en observateurs de la nature, des
sur les oiseaux, les poissons, les insectes et autres animaux ; on y rencon
encore la description complaisante d'animaux monstrueux et légendaires.

Comme dans le cas des plantes, l'intérêt pour les nouvelles formes de
mulé par les Relations de voyages aux Amériques, en Asie, aux Indes or

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300 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

fin du XVIe siècle, on voit apparaît


des représentants les plus étonnant
siècle, pour que soient constitués de
des animaux provenant des parties d
teurs, nous retiendrons Jacob Bondt
Indes orientales, qu'il identifie au s
peint les animaux d'Amérique du
s'intéresse aux animaux, pour pouv
ordre alphabétique (12).

En définitive, l'impulsion donnée


ce des auteurs classiques retrouvés,
la découverte du Nouveau Monde et
d'échantillons et d'informations rec
comme ceux que nous nous proposon
pourtant connaître qu'un retentisseme

Il ne paraît pas inutile, toutefois,


des anciens Mexicains dans ce domaine.

II - L'HISTOIRE NATURELLE DU MEXIQUE ANCIEN ET COLONIAL

A - Conceptions des anciens Mexicains

Il faut rappeler que nos sources en cette matière, restées longtemps inaccessibles
sont relativement limitées. Bien que les manuscrits précolombiens qui survivent, con
tiennent un certain nombre de représentations d'animaux et de plantes, aucun ne leur
est cependant exclusivement consacré. Si les anciens Mexicains ont conçu des traités
de botanique et de zoologie, il ne s'en est point conservé. Nous ignorons donc à peu
près tout des principes qui pouvaient présider à une Systématique des plantes et des
animaux, à leur « description » et à leur représentation et devons inférer de manifes
tations (glyptique, statuaire, fresques, céramique, etc.) aux finalités extérieures selon
nos critères, ou d'ouvrages postérieurs à la Conquête, dans lesquels la part de l'accultu
ration reste toujours difficile à déterminer et ce, pour des raisons diverses que nous re
lèverons en partie dans la suite de cette étude.

Même si le nahuatl ne dispose pas de mot spécifique pour désigner la science des
végétaux ou des animaux, l'existence d'un véritable « Jardin botanique et zoologique »
auprès du Souverain Motecuhzoma II plaide en faveur de connaissances étendues et or
ganisées en ces domaines, tout comme le nombre et la diversité des représentations et
des contextes où elles se rencontrent.

a) Botanique

L'étude du vocabulaire nahuatl qu'ont entreprise M. Maldonado Koerdell et avant


lui F. Paso y Troncoso (13) est révélatrice des distinctions fondamentales auxquelles
étaient arrivés les Aztèques :
arbres : quahuitl
arbustes : quaquauhtzin
herbe : xihuitl

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 301

Les parties distinctes des plantes avaient leur nom propre :


nelhuayotl : racine, fondement
quahuitl : tige (quiyotl : pousse, tige de plante)
quauhxihuitl : branche d'arbre, feuillage
quauhatlapalli : feuille
xochitlfleur
xochiqualli : fruit (xochiquallo : arbre qui a des fruits).

Divers types de racines étaient reconnus :


camoîli : racine tubéreuse
xicama : racine globulaire, tubéreuse (le terme nahuatl signifie littéralement : jouf
flue comme une calebasse)
xonacatl : racine bulbaire (oignon) (littéralement : pied-chair, soit « dont le pied
se mange »).

On distinguait dans la tige la partie aérienne : quahuitl ; de la partie souterraine:


cimatl. Les branches directes ou primaires étaient appelées : quauhxihuitl et les indire
tes ou secondaires : imama in quahuitl (les mains de l'arbre).

Les tiges herbacées et leurs ramifications s'appelaient (xiuh)quyotl et xiuamaytl.


Les dénominations tenaient également compte de la couleur et de la brillance des feu
les (atlapalli, amatlapalli), de leur lieu de prédilection (bord de l'eau...).

Tout comme dans l'Ancien Monde, la science botanique des Aztèques dérivait de
l'utilisation empirique des plantes en tant qu'agents thérapeutiques.

b) Zoologie

Si nous nous tournons maintenant vers la zoologie, force nous est de constater
qu'il est plus difficile encore de se faire une idée des conceptions zoologiques des an
ciens Mexicains, car si le naturalisme des représentations zoomorphes, sur les monu
ments ou dans les codices, témoigne d'un esprit d'observation développé, à l'égal de
celui des sculpteurs d'animaux et de plantes en or du Cuzco, nous ne devons point
oublier que les animaux avaient une signification très différente de celle des plantes.
Les Aztèques croyaient en effet, que les animaux étaient dotés de forces surnaturelles
et qu'ils étaient l'incarnation de certaines divinités ou d'êtres mythiques, comme il
ressort de nombreuses représentations plastiques ou picturales (14). Il faut rappeler
à ce propos la très grande diffusion des phénomènes du nagualisme et du tonalisme
dans le Mexique ancien et jusqu'à nos jours, auxquels nous avons consacré jadis une
étude. A eux seuls, ils témoigneraient des liens privilégiés reconnus par les peuples
de TAnahuac entre l'homme et l'animal.

Dans un ordre d'idées parallèle, signalons l'importance des animaux dans le sys
tème calendaire (15).

Le singe était associé aux réjouissances, au jeu et à la danse, donc à « Xochipilli »,


- « Macuilxochitl » - le dieu de la musique, des fleurs, de l'amour..., mais, à cause de
son aspect, de son agilité, on voyait en lui la personnification de « Ehecatl », le dieu
du vent ( 16).

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302 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Le lapin et le lièvre jouaient un rô


on pas un lapin se dessiner sur la l
pluies et disparaissent le reste de l'a
temps ; ils étaient associés à l'eau de
se transformaient les guerriers mor
avoir accompagné le soleil dans sa co

Le jaguar était également l'image d


litaire des Jaguars, l'autre étant ce
poca », le dieu du Nord, de la Grand
exemples de cette parenté entre nom

A propos des aigles, il faut remar


espèces, auxquelles ils donnaient de
pillons, dont une dizaine figure dan

Bien que de manière occasionnelle


préparation des médicaments. Horm
sée seule pour provoquer des contr
leur (blanche notamment) servaient
On leur prêtait sans doute des vertu
produits végétaux actifs (17).

B - L'Histoire Naturelle de la Nouve

Les plantes d'Amérique et leurs pr


études, dont l'une des plus ancienn
Nicolas Monardes, dont il a été déjà
mains, pour en étudier les propriété
fameux « Dos Libros ... » (18).

La grande diffusion de ce livre et l'élaboration en 1552 du Codex Badianus à des


tination du Roi d'Espagne, ont été parmi les facteurs qui ont convaincu le Monarque
de la nécessité de connaître l'Histoire Naturelle de toute l'Amérique, et de la Nouvelle
Espagne en particulier.

1) Hernandez

Sur un ordre royal du 11 janvier 1570, le Protomédico Hernandez est donc en


voyé en Nouvelle Espagne, pour faire un rapport détaillé et complet sur la médecine
et ses éléments curatifs, dans toute l'Amérique, en commençant par le Mexique.

De formation humaniste et érasmienne, puisqu'il avait étudié la médecine à Alca


la, véritable vivier de personnages célèbres (19), Hernandez (1517/18-1587) fut un
grand admirateur d'Aristote, mais aussi de Pline l'Ancien, dont il entreprit de traduire
l'Histoire Naturelle. Critiquant la méthode d'information de Monardès, qui était à ses
yeux un collectionneur sédentaire et lointain, Hernandez, en homme actif et aventu
reux prônait l'exploration directe, la connaissance « de visu » de ce que la nature of
frait de l'autre côté de l'Océan (20).

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 303

Il part donc en 1570 pour la Nouvelle Espagne, où il restera jusqu'en 1


recueille une grande quantité d'espèces et d'échantillons et collecte des in
sur 2 500 plantes et 600 animaux et minéraux. Dans le même temps, il fa
des centaines de dessins par des artistes indiens, dont il donne les noms. D
il expérimente l'action des produits recueillis à l'Hospital Real de los Natu
Surpris par l'épidémie de cocoliztli qui se propagea à la fin d'Août 1576, H
va aider Alonso Lopez de Hinojosos à pratiquer l'autopsie des victimes (22)
la Nouvelle Espagne en février 1577 emportant 22 de ses livres avec lui en
après en avoir envoyé 16 au Roi. Enfermés à la Bibliothèque de l'Escor
brûlèrent dans l'incendie de 1671.

Quoique mentionnée par Acosta, dans son « Historia Natural y moral de Indias »
l'œuvre d'Hernandez ne devait être connue qu'au travers d'un résumé qu'en avait f
(en 1580) le Dr. Nardo Antonio Recco ou Recchi, le médecin de la Chambre du Roi,
la demande du Monarque. Une copie de ce résumé parvint entre les mains du Domi
cain Francisco Ximenez, qui la traduisit et la publia avec des annotations personnelle
dans ses « Quatro libros de la naturaleza » (1615).

Le travail original de Recco (Manuscrit conservé à la John Carter Library de Pr


vidence), fut utilisé par l'Accademia dei Lincei, pour son « ediciön romana » de 165

Les brouillons, les originaux, les commentaires et la traduction de Pline, restés e


la possession d'Hernandez échouèrent au couvent des Jésuites de Madrid (Colegio Im
perial). Leon Pinelo les y examina et les mentionna dans son « Epitome », tandis qu
le Jésuite Juan Eusebio Nieremberg les utilisa pour composer son « Historia natur
maxime perigrinae » (1635). Celle-ci fut illustrée avec des gravures tirées de diver
œuvres consultées, notamment celle d'Hernandez, gravures qu'il fit légèrement reto
cher par le graveur Cristoffel Jegher, dessinateur de l'Ecole flamande, chargé de la p
tie graphique du livre. Quoique beaucoup d'auteurs d'Europe et d'Amérique (Juan d
Laet, John Ray, Vetancourt, Clavigero) aient donné des fragments ou des résumés d
l'œuvre de Hernandez, celle-ci ne resurgit vraiment qu'en 1767, lorsque le Cosmôgra
Mayor de Indias, Juan Bautista Munôz, chargé de préparer une histoire du Nouvea
Monde, redécouvrit dans la Bibliothèque du « Colegio Imperial », les « borradores » e
5 volumes de Hernandez, que l'auteur avait élaborés et corrigés de sa propre main.
Ce fut Casimiro Gomez Ortega, Directeur du Jardin Botanique de Madrid, que l
Roi Charles III chargea de préparer une édition des œuvres d'Hernandez. Des 5 volum
prévus, trois seulement virent le jour en 1790. Cette « ediciön matritense » servit d
base à toutes les traductions du XIX et XXe siècles faites dans le but d'incorporer
renseignements hernandiens à la science moderne. Il fallut attendre jusqu'en 19
1960, pour que paraisse enfin, à Mexico, une édition critique et complète de l'œuv
d'Hernandez « La Historia Natural de la Nueva Espana ». Celle-ci regroupe tous
écrits connus de l'auteur et donne le texte de la Historia comprenant la « Historia de
Plantas de Nueva Espana » des éditions madrilène (1790) et romaine. Elle reproduit le
illustrations de cette dernière avec en plus quelques unes de celles de Nierembe
(1635) (23).
Analyse de l'œuvre : L'« Histoire Naturelle » à'Hernandez porte à la fois sur la
botanique et sur la zoologie. Les plantes et les animaux sont décrits minutieusemen
Hernandez donne leur nom vernaculaire et parfois leur dénomination en espagnol.
l'occasion, une comparaison est faite avec d'autres espèces voisines.

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304 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Hernandez s'efforce de donner de


nourriture, sa chair, son utilisation
sa préoccupation majeure est natur
il ne s'interdit pas, à l'occasion, de f
à propos de Vololiuhqui, il dit « us
extranas visiones, y ansi persuadir

L'autre grand personnage sur leq


franciscain Fray Bernardino de Sah
de l'Amérique. Né entre 1499-1590
et devient profès entre 1516/18, pu
trouver à l'Université de Salamanq
l'Ecriture Sainte. Il n'obtient appar
ne point contrevenir à la vocation
trent que pour une faible part dans
soit, Sahagun reçut une excellente f
la mythologie gréco-latine tout au l
l'avait précédé en Nouvelle-Espag
d'abord des activités apostoliques,
Collège de Santa Cruz de Tlatelolc
ethnologique qu'en 1545-47. Sur l
prend sa « Compilaciön de las antig
espagnol quelque trente ans après.
endroit où il séjourna en 1533, aup
un livre (aujourd'hui perdu) sur le m

Sahagun élabore donc divers ouvr


de « Codices Matritenses » (27). En
1570, Fray Rodrigo de Sequera, le
somme de préparer le manuscrit dé
Espana ». La version en espagnol, qu
disparaît. Entre temps, une cédule
tous les écrits portant sur les Anti
fisquée et répartie en divers endro
1578-79, Sahagun fut en mesure d
« Historia General », celle connue a
pour être conservée à la Biblioteca Laurenziana.

2) Le codex de Florence

A la différence de la « Historia Natural », le Codex de Florence est un véritable


traité d'Ethnographie, puisqu'il touche à tous les aspects de la vie matérielle et religieu
se des anciens Mexicains. Sahagun semble s'être inspiré, lui aussi, de Pline directement
ou à travers l'œuvre de Bartholomeus Anglicus, mais dans un esprit et une perspective
nouveaux, ceux de l'Humanisme naissant.

De ce corpus presque intégralement en nahuatl avec une version espagnole en re


gard, que le franciscain élabora, donc, avec l'aide d'informateurs indigènes, c'est le Livre
XI qui retiendra notre attention puisqu'il est consacré à l'Histoire Naturelle du Mexi
que. Divisé en deux parties, l'une portant sur le corps humain, l'autre sur la flore, la

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 305

faune, les minéraux, ce Livre contient des renseignements très intéressants


macologie, sur les propriétés thérapeutiques et résume toutes les connais
cales autochtones.

L'enquête qu'entreprit Sahagun à Tepepulco, vers 1558 sur la médecine, se pou


suivit à Tlatelolco où furent rédigés cinq des six premiers paragraphes sur les malad
du corps humain et leurs remèdes (28). Sur ce point le Codex de Florence présente u
version légèrement modifiée par rapport à celle des autres manuscrits sahaguniens c
servés à Madrid.

De même, en ce qui concerne les plantes, le texte du Codex de Florence est in


complet, puisque les 34 premières plantes manquent. En tout cas, les informations re
cueillies dans ce livre XI, semblent répondre à un questionnaire bien précis de Sahagun,
qu'Alfredo Lopez Austin a pu reconstituer comme suit :
1 ) de quelle sorte de plante s'agit-il ?
2) à quoi ressemble-t-elle ?
3) quelles sont ses parties utiles ?
4) contre quelles maladies ?
5) comment est préparée la médecine ?
6) comment est-elle administrée ?
7) où la trouve-t-on ? (29)

Du fait de l'origine diverse de ces textes et des informateurs de Sahagun, les es


pèces se trouvent parfois mentionnées de nouveau dans d'autres parties du livre.

Des renseignements collectés par Sahagun, il ressort que la médecine aztèque s'in
tégrait dans un schéma classificatoire de tout ce qui existe. Cette classification reflétait
les principes élémentaires de la connaissance, où s'opposaient le froid au chaud, le mon
de supérieur au monde inférieur, les quatre directions, et traduisait de surcroît la cro
yance à l'intervention permanente des divinités au niveau de l'espace et du temps, des
jours eux-mêmes soumis à leur influence bénéfique ou maléfique (30).

Les traitements prescrits ne sont pas moins éloquents. Certaines maladies en rela
tion avec le monde du froid et de l'eau, comme le gonflement de l'abdomen, la goutte,
l'effet nocif de la foudre, de l'air, de la fièvre « aquatique » étaient combattues à l'aide
d'encensements et de narcotiques (yauhtli : incienso de la tierra ; picietl : tabac ;
teonanacatl : champignons hallucinogènes ; peyotl ; ololiuhqui).

En revanche, contre certaines maladies, notamment la possession par des êtres sur
naturels ou la fièvre aquatique, de la viande de jaguar était recommandée.

Les couleurs avaient également de l'importance : les noires appartenaient au do


maine de la chaleur, les claires à celui du froid.

Des techniques d'origine espagnole se rencontrent aussi parfois, comme le mon


trent les exemples suivants :

— utilisation de bandages faits de charpies pour des blessures profondes.


— prescription de vin ou de blé.
— interdiction de consommer de la viande importée par les Espagnols (31 ).

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306 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Ein définitive, la médecine nativ


duit d'idées préhispaniques et de
dre mesure puisque les informations

C- Codex Badianus - « Libellus de medicinalibus Indorum Herbis ».

C'est également le cas du Codex Badianus, malgré son caractère d'œuvre de c


constance, faite à la demande de Francisco de Mendoza, le fils du premier Vice-R
pour recommander le Collège de Santa Cruz de Tlatelolco à l'attention bienveillan
du Monarque. Ce fameux collège franciscain rencontrait, en effet, de nombreuses
ficultés, notamment du fait que l'un de ses puissants protecteurs, le Vice-Roi Mend
se trouvait au Pérou, et que l'autre, l'Evêque Zumarraga avait essuyé de vives criti
de la part de la Couronne, pour la condamnation à mort de Don Carlos Ometochtli
Seigneur de Tetzcoco, accusé de pratiques idolâtriques.

Deux anciens élèves du Collège furent donc chargés de composer le « Codex B


dianus ».

Il semble, en fait, que le Manuscrit n'ait jamais été remis à son destinataire, le Mo
narque espagnol, puisqu'il fut acquis au XVIIe siècle, par un pharmacien de Madrid,
Diego Cortavila y Sanabria, et que par la suite, le Manuscrit passa entre les mains du
Cardinal Barberini, qui l'emporta en Italie, et l'incorpora à sa Bibliothèque, avant de
fonder la Bibliothèque Vaticane, où il se trouve encore (Barb. lat. 241. Bibliot. Vat.).

Il s'agit d'un herbier, le dernier grand herbier médiéval, selon Somolinos d'Ardois,
mais aussi d'un livre de « recettes », puisqu'il renferme des indications sur les ingré
dients et leurs modes d'application pour certaines maladies (32).

Le texte latin est une traduction par Juan Badiano, ancien élève et Professeur du
Collège de Santa Cruz, d'un texte en nahuatl dû à Martin de la Cruz, médecin du même
Collège.

L'écriture du manuscrit est celle de la Chancellerie (du Vatican), que rendirent po


pulaire des maîtres italiens (Giovanni Antonio Taglienti, Ludovico degli Arrighi, Vespa
siano Amphiares et Giovanbattista Palatino) et espagnols (Juan de Yciar, en particulier)
(33). Le texte est accompagné de 185 représentations de plantes, qui sont de véritables
miniatures, de style indigène, même si certains éléments d'influence européenne s'y
rencontrent.

Des symboles directement inspirés de la tradition indigène apparaissent, en effet


— à la Planche 13 v. ou 28 r. (fourmis jaunes ou rouges de profil dans les racines
de la plante) ;
— à la Planche 38 v. (deux serpents dressés semblent manger les fleurs de la plante);
— aux Planches 21 v., 22 v., 24 r., 25 v., 26 r., 27 v., 34 r., 38 v., 49 r., le glyphe
de la pierre : tetl est très reconnaissable, ou encore à la Planche 61 r. le symbole
classique de l'eau, qui se termine par des coquillages et des cercles (34).

Le peintre n'ignore point pour autant les techniques de la peinture occidentale


une certaine volonté de naturalisme est déjà sensible. Le dessin suggère, en effet, la
rencontre de deux courants culturels : la science européenne et les traditions indigé

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 307

nés (35). La plante est représentée à des fins d'identification, ce qui va d


courant scientifique européen, mais elle est aussi dessinée comme un sign
respond à la tradition indigène.

L'identification botanique reste toutefois difficile, car les dessins ren


manière de voir les choses qui nous est peu compréhensible.

Fort heureusement, ceux des noms vulgaires en nahuatl désignant le


se sont conservés ont permis à E. Walcott Emmart et B P. Reko d'identif
nombre de plantes (36).

Comparaison des trois Sources

L'identification des plantes est toujours plus problématique que celle


Les spécialistes que nous venons de mentionner, ont bien donné le nom
des plantes, mais pas leur nom vulgaire. Il n'en va pas de même de CE. Dib
Anderson, les traducteurs en anglais du Codex de Florence, qui se sont
fournir les deux sortes d'appellations. Si nous analysons maintenant le pl
les trois ouvrages, nous constatons que pour la botanique, il est difficil
dre la logique de la présentation d'Hernandez ou des auteurs du Codex B
revanche, le Codex de Florence laisse mieux percevoir ses principes d'or

Différentes herbes :
Différentes herbes comestibles
Différentes herbes médicinales
Pétales en fleurs
Tiges
Arbres, auxquels succèdent les pierres précieuses et les métaux.

Différentes sortes de nourriture :


Plantes comestibles : mais ; graines ; haricots ; chia : sauge, calebasse, huauhtli :
amarante.

En ce qui concerne les plantes médicinales, sur les 225 mentionnées dans
en nahuatl du Codex de Florence :
— 133 le sont dans la « Historia General... » (en espagnol) de Sahagun ;
— 185 sont représentées (rappelons-le) dans le Codex Badianus ;
— 29 sont communes au Codex de Florence et au Codex Badianus ;
— 15 le sont à la « Historia General » et au Codex Badianus.

Pour la zoologie, l'ordre de présentation suivi par Hernandez et par Sahagun es


assez voisin (malgré d'éventuelles inversions) :
— quadrupèdes ;
— oiseaux ;
— poissons ;
— animaux aquatiques (Sahagun) ;
— reptiles (Hernandez).

D convient enfin de s'interroger sur le caractère véritablement autochtone des in


formations recueillies dans les trois Sources.

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308 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Hernandez

Du fait qu'il est un médecin, un praticien, Hernandez est sans doute conduit à
orienter son questionnaire, même si les informations qu'il donne ne sont pas dénatu
rées. Sans doute son texte est-il émaillé de réflexions personnelles, d'observations eth
nologiques, mais ses recherches sont le fruit d'un humanisme encyclopédique, plus
soucieux de réunir un maximum d'informations que de dégager une véritable méthode
de classification - ce en quoi le Protomédico se révèle surtout un homme du passé.

Codex de Florence

Quant au Codex de Florence, sans doute a-t-il été élaboré par un espagnol, m
par un homme exceptionnel, un véritable ethnographe, très ouvert à tous les aspec
de la civilisation et de la pensée aztèque.

Certes, les informateurs indigènes ont répondu à des questions, mais s'exprima
en nahuatl, ils ont laissé libre cours à leur langage imagé, tout chargé de la substanc
leur culture.

Codex Badianus

Même si les avis sont partagés sur le caractère indigène des peintures, la présen
de glyphes, la ressemblance de certaines planches avec des représentations pictog
phiques précolombiennes, plaident pour une inspiration essentiellement indigène.

Le texte, de l'édition à laquelle nous nous référons, étant lui-même une tradu
tion en espagnol de la traduction latine du commentaire original en nahuatl, ne perm
pas de faire les mêmes constatations que pour le Codex de Florence.

En revanche, on peut relever dans le Codex Badianus des groupements « non na


rels » de végétaux, ainsi que les dénomme Scott Antran (37), c'est-à-dire des grou
ments ne relevant pas d'une similitude morphologique facilement perceptible, mais
posant sur certaines propriétés reconnues. Ainsi, au folio 60 r. figurent deux plantes
familles différentes, celle appelée tohmiyoxihuitl (herbe poilue), une composée de
tribu « cicorieae », et celle du nom de memeyaxïhuitl (herbe laiteuse), une esp
d'« euphorbia », qui se trouvent réunies en raison de leur jus laiteux, censé dévelop
la lactation chez les femmes.

Quant à la teneur des prescriptions, elle nécessiterait, pour être bien comprise,
une identification de tous les éléments minéraux, végétaux et animaux qui entrent dans
leur composition. Il est probable qu'une étude ethnographique dans des communautés
indigènes nous éclairerait sur bien des points, et ferait apparaître la survivance de cer
taines pratiques. Dans l'état actuel des choses, ce Codex permet cependant de se faire
une idée de la pharmacopée indigène. Le caractère précis mais limité de l'œuvre suggère
qu'elle fut voulue telle par les franciscains eux-mêmes, pour susciter l'intérêt et la bien
veillance du Monarque dans un domaine neutre, où les pratiques idolâtriques ne sem
blaient de prime abord jouer aucun rôle.

Si certains aspects de la civilisation aztèque, en particulier les sacrifices humains


faits sur une grande échelle, ont profondément choqué les Espagnols, il en est d'autres
qui les ont au contraire étonnés venant d'un peuple aussi « barbare ».

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A LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 309

L'habileté manuelle, le sens artistique dont faisaient preuve les anciens Mexicains,
mais plus encore leurs connaissances très poussées dans de nombreux domaines, notam
ment celui de l'Histoire Naturelle, leur valurent une admiration certaine de la part des
Conquérants.

Même « filtrée » par les Espagnols, l'Histoire Naturelle de la Nouvelle Espagne re


flète suffisamment les conceptions des anciens Mexicains pour qu'à la suite Hernan
dez et d'autres Chroniqueurs, nous soyions à notre tour remplis d'estime pour leur
science, et de gratitude pour les produits dont nous leur sommes redevables, dans le
domaine des plantes, graines et fruits comestibles, comme dans celui de la pharma
copée.

Les progrès accomplis dans les vingt dernières années comme la spécialisation de la
recherche, laissent espérer une connaissance toujours plus fine des données, mais aussi
une appréhension plus précise de leurs fondements théorétiques et des rapports qu'ils
entretenaient avec la cosmovision précolombienne.

Jacqueline de DURAND-FOREST
C.N.R.S.

NOTES

(1) Cette étude reprend et développe certains points de l'article intitulé « Aperçu de l'Histoire
relle de la Nouvelle Espagne, d'après Hernandez, les informateurs indigènes de Sahagun et les au
du Codex Badianus », de Jacqueline de Durand-Forest et Edouard-Joseph de Durand, in, N
Monde et renouveau de l'Histoire Naturelle. Service des Publications. Université de la Sorbonne N
velle-Paris III, 1986, pp. 4-23.
(2) Cassirer, Ernst, Individu et Cosmos dans la Philosophie de la Renaissance. Editions de M
Paris, 1983, pp. 185,191-192.
(3) Théophraste est le premier à entreprendre l'étude des organes des plantes, de leurs foncti
déterminisme des phénomènes végétaux et à le rapporter à la température et à l'eau.
(4) Quoique conçu au XlIIe siècle, cet ouvrage intitulé « De proprietatibus rerum », ne parut en
pagnol qu'en 1529.
(5) Encyclopedia Universalis, t.3. Paris, 1970. Botanique, pp. 455 et suiv. Debus, Allan G., Man
Nature in the Renaissance. Cambridge History of Science Series. Cambridge University Press,
bridge, 1978, pp. 35 à 39, 43, 47. Cassirer, op. cit., ibid.
(6) Debus, op. cit., pp. 48 à 50.
(7) Löpez de Gömara, Francisco : Primera Parte de la Historia General de las Indias. Segunda Pa
Cronica de la Conquista (1ère éd. 1553). Biblioteca de Autores Espaiïoles (B.A.E.), t. XXII.
riadores Primitivosde Indias. Ediciones Atlas, Madrid, 1946.
Thevet, André, Singularitez de la France antarctique autrement nommée Amérique et la Cosm
phie universelle d'André Thevet, Cosmographe du Roy. Paris, Pierre L'Huillier, 1575, 2 vo
Brésil et les Brésiliens, in Les Français en Amérique pendant la 2e moitié du XVIe siècle. Choi
textes et notes par Suzanne Lussaguet. Introduction par Ch. André Julien. P.U.F. Paris, 1953.
Thevet, André, Les singularités de la France antarctique. Le Brésil des Cannibales au XVIe
La Découverte/Maspéro. Paris, 1983.
(8) A propos de la rationalité des Indiens, cf. de Durand-Forest,
Jacqueline : L'Histoire de la Vallée de Mexico selon Chimalpahin Quauhtlehuanitzin du Xle au
siècle. L'Harmattan, Paris, 1987, t.l, pp. 31 à 35 et 481 à 483.
(9) Debus, op. cit., p. 48.
(10)Ibid., pp. 48 à 50 ; et Encyclopedia Universalis, op. cit., pp. 456 et suiv.
(11) Pellegrin, Pierre, La classification des animaux chez Aristote. Statut de la Biologie et uni
l'Aristotélisme. Société d'Édition « Belles Lettres ». Paris, 1982, pp. 201-202.

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310 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

(12) Debus, op.cit., p. 53 ; Encyclopedia Univer


(13) Maldonado Koerdell, Manuel, La botânic
mentos. Editorial Emma Hurtado. Antologia. E
Paso y Troncoso, Francisco : Estudios sobre la historia de la medecina en Mexico. Primer Estudio :
La botânica entre los nahuas in Anales del Museo Nacional de Mexico. 1 a Epoca,tomo VIII. Mexico,
1886, pp. 140 à 235 (cité par Maldonado Koerdell). del Pozo, Efren C. : La botânica medicinal indi
gena de Mexico, in Estudios de Cultura Nahuatl (ECN). U.N.A.M., Instituto de Investigaciones Histô
ricas. Mexico, 1965, vol. 5, pp. 57 à 74.
(14) Maldonado Koerdell, Manuel, La Zoologia, in Mexico prehispanico, op. cit., pp. 717 et suiv.
(15) E.J. de Durand et J. de Durand-Forest, Nagualisme et Chamanisme, in Actes du XXX Ville
Congrès International des Américanistes. Stuttgart-Münich, Août 1968, t. Il, pp. 339 à 345.
(16) Alcina Franch, José, Las pintaderas mejicanas y sus relaciones. Consejo Superior de Investiga
ciones cientificas. Madrid 1958, p. 80.
(17) Martin del Campo, Rafaël : La zoologia del Codice (Badianus), in Martin de la Cruz, Codex Ba
dianus. Libellus de medicinalibus indorum herbis. Ms. azteca de 1552 segun traduccion latina de Juan
Badiano. Version espanola con estudios y comentarios por diversos autores. Instituto mexicano del
Seguro Social. Mexico, 1964. Cf. ch.IV, pp. 285 à 290.
(18) Somolinos d'Ardois, German, El Doctor Francisco Hernandez. La primera Expedicion cientifica
en America. Sep Setentas. Mexico, 1971, pp. 12 et 13.
(19) Parmi ces personnages célèbres figurent Arias Montano, médecin-théologien, qui publia la Biblia
poliglota, Antonio Nebrija, l'auteur d'une grammaire latine et de la 1ère grammaire d'espagnol, Juan
de Vergara, le traducteur des œuvres d'Aristote en latin.
(20) Somolinos d'Ardois, El Doctor Francisco Hernandez..., op.cit., p. 24.
(21) Somolinos d'Ardois, op. cit., p. 78.
(22) Rappelons qu'Hernandez avait exercé la médecine à l'Hôpital de Guadalupe, en Espagne, où
s'acquérait une grande pratique de l'anatomie, sous l'influence d'Andrès Vasalio (Vasalius), célèbre
médecin belge installé là.
(23) Somolinos d'Ardois, op.cit., pp. 38 à 41, 60, 68, 73 et Somolinos d'Ardois, German,Vida y
obra de F. Hernandez in Francisco Hernandez. Obras complétas, t. 1. U.N.A.M., Mexico, 1960,
pp. 303 et suiv. ; 329, 331 et Handbook of Middle American Indians (HMAI), Robert Wauchope, Gl
Editor, 16 vol., Cf. vol. 14 : Guide to Ethnohistorical sources. Part 3. Univ. of Texas Press, Austin,
1975, pp. 131 et suiv.
(24) « Ololiuhqui » (Rivea Corymbosa ou Quiebraplatos) est une plante dont les graines ont des pro
priétés médicinales et narcotiques. Cf. Somolinos d'Ardois, Francisco Hernandez..., op.cit., p. 240.
(25) Vicente Castro, Florencio & J. Luis Rodriguez Molinero : Bernardino de Sahagun. Primer Antro
pologo en Nueva Espana (siglo XVI). Ediciones Universidad de Salamanca. Salamanca, 1986, pp. 29
et suiv. et 53.

(26) Vicente Castro, F. & Rodriguez Molinero, Bernardino de Sahagun..., op.cit., pp. 33, 34 et 62.
Voir aussi Jimenez Moreno, Wigberto, Fray Bernardino de Sahagun y su obra. Introduction à la
Historia General de la Nueva Espana. 4e éd., Pedro Robredo, Mexico, 1936, p. 36 et suiv. Nicolau
d'Olwer, Luis, Historiadores de America. Fray Bernardino de Sahagun, 1499-1590. Instituto Pana
mericano de Geografia e Historia, Mexico, 1952, pp. 46, 48, 71, 88. A propos du Collège de Santa
Cruz de Tlatelolco, voir de Durand-Forest, Jacqueline « L'Education dans le Mexique du XVIe siècle»,
in Histoire, Economie et Société. CDU/SEDES, 3e trimestre 1986, pp. 332-346.
(27) Nicolau d'Olwer, Luis et Howard Cline : « Bernardino de Sahagun, 1499-1590. Sahagun and his
works » in HMAI, vol. 13. Guide to Ethnohistorical Sources. Part 2, the University of Texas Press,
Austin, 1973, pp. 186-206 et H.B. Nicholson. « Primeros Memoriales. Tepepulco », ibid., pp.207-217.
Les Codices Matritenses comprennent les manuscrits suivants, conservés à Madrid, les uns à la Biblio
teca del Real Palacio, les autres à celle de la Real Academia : Primeras Memoriales ; Segundos Memo
riales (ou 1er Ms. de Tlatelolco) ; Memoriales con escolios ; Manuscrito de Tlatelolco o Memoriales
a 3 columnas ; Memoriales en castellano.
(28) Lopez Austin, Alfredo, Textos de medicina nahuatl. Sep. Setentas. Mexico, 1971, et du même,
Sahagun's work and the medecine of ancient nahuas : Possibilities for study, in Sixteenth Century
Mexico. The Work of Sahagun. Munro Edmonson, Editor. A School of American Research Book.
University of New Mexico Press. Albuquerque, 1974, pp. 210-211 et suiv., et du même : Cuerpo hu
mano e ideologia. Las concepciones de los antiguos nahuas. Unam/ Inst, de Invest. Antr. Mexico,
1980 (2 vol.). Codex de Florence ou Florentine Codex. General History of the Things of New Spain
by Fray Bernardino de Sahagun. Translated from the Aztec into English with notes and illustrations
by Arthur J.O. Anderson & Charles E. Dibble. Published by the School of American Research and the
Univ. of Utah. Monographs of the School of Amer. Research. Santa Fé. New Mexico, 10 vol. 1950

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A LA DICOUVERTE DE L'HISTOIRE NATURELLE EN NOUVELLE ESPAGNE 311

1963. Book 11. Earthly Things. Number 14, Part XII. Santa Fé, New Mexicö, 1963.
(29) Ibid.
(30) Lôpez Austin : Sahagun's work..., op.cit., p. 214 ; et du même Cuerpo human
et de Durand-Forest, Jacqueline, De la Divination et des Présages dans le Mexique anc
in Cahiers des Amériques Latines. Paris, 1968, pp. 7 et suiv., de Durand-Forest, J., Le
présentations chez les anciens Mexicains, in Annuaire. Résumés des Conférences et T
Ve Section. Sciences Religieuses. Tome XCI-1982-1983, pp. 81 et 82 ;Tome XCII-1983-
(31) Lopez Austin : Sahagun's Work, op.cit., ibid.
(32) Somolinos d'Ardois, German, Estudio historico, ch. VI in Codex Badianus, op.cit., pp. 301 à
328, notamment p. 314.
(33) Stols, Alexandre A.M., Descripciôn del Codice Badianus, ch. 1, in Codex Badianus, op.cit., pp.
229 à 236, cf. notamment pp. 234-235.
(34) Fernandez Justino, Las miniaturas que ilustran el Codice, ch. 2, Codex Badianus, op.cit., pp.
237 à 242, cf.p. 239.
(35) Robertson, Donald, Mexican manuscript Painting of the early colonial Period. Yale University
Press. New Haven, 1959, pp. 157 et suiv.
(36) Walcott Emmart, Emily, The Badianus Manuscript (Codex Barberini, Latin 241) Vatican Libra
ry : An Aztec Herbal of 1552 ; the Johns Hopkins Univ. Press, Baltimore, 1940, et Reko, Bias P.,
Nombres botânicos del Ms. Badiano, in Bol. Soc. bot. mex., n° 5, Mexico 1947, pp. 23-43, et Miran
da, Faustino et Javier Valdès, Comentarios botânicos, ch. III, in Codex Badianus, pp. 243 à 284, cf.
notamment p. 243.
(37) Atran, Scott, Fondements de l'Histoire Naturelle. Pour une Anthropologie de la Science. Collec
tion « Le Genre Humain », Éditions Complexe, Bmxelles, 1986, p. 24.

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