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Biographie[modifier | modifier le code]
Les années de formation[modifier | modifier le code]
John Locke naît près de Bristol le dimanche 29 août 1632. Son père, avoué, possède des
maisons et de la terre à Pensford, une localité proche de Bristol2. Pendant la guerre civile, il sert
en qualité de capitaine dans la cavalerie au service d'une armée du parlement. Son régiment est
commandé par un homme influent dans le Somerset Alexander Popham. Si cette armée est
battue et dispersée en juillet 1643, néanmoins, Locke père reste proche de son chef de régiment,
Alexander Popham, qui devient en 1645 député de Bath. C'est grâce à Popham que John Locke
peut intégrer en 1647 la très réputée Westminster School2. Là, Locke apprend le latin, le grec et
l’hébreu. Westminter ayant des relations anciennes avec Christ Church (Oxford), il intègre ce
collège en 1652. À l'époque l'enseignement à Oxford reste d'essence scolastique ce qui irrite
Locke comme cinquante ans plus tôt Hobbes. Durant ses études, il se contente de faire le
nécessaire pour obtenir en 1656 et 1658 ses diplômes, et consacre une grande part de son
temps à lire des pièces de théâtre, des romans et des correspondances épistolaires souvent
traduites du français. Il s'intéresse alors à la médecine ce qui le conduit à la philosophie
naturelle3 et vers celui qui est considéré comme le père de la philosophie naturelle
moderne, Robert Boyle qu'il rencontre en 1660. Il rencontre également dans cette
université William Petty. C'est à cette époque également qu'il commence à lire Descartes ainsi
que de façon superficielle Gassendi4.
À la mort d'Olivier Cromwell et durant la période instable qui suit, il accueille d'abord bien la
restauration monarchique de Charles II (roi d'Angleterre). À cette époque, il publie deux essais
où, contre un de ses collègues de Christ Church Edward Bagshawe, il défend l'idée que le
pouvoir civil peut décider de la forme de religion du peuple5. Selon Simone Goyard-Fabre6, ces
écrits expriment une pensée proche de celle de Thomas Hobbes. En 1660, il commence à
donner des cours de grec, et en 1662 d'enseigner la rhétorique, puis en 1664, il devient censeur
en philosophie morale5. En 1665, il accompagne, en qualité de secrétaire, Sir Walter Vane dans
une mission diplomatique auprès de l'électeur du Brandebourg. Au retour de sa mission, il
rencontre à l'été 1666 Shaftesbury7, venu à Oxford pour soigner une santé précaire grâce aux
eaux d'une source locale.
En novembre 1675, il quitte l'Angleterre pour un séjour de trois ans et demi en France. De janvier
1676 à février 1677, il réside à Montpellier où il fait la connaissance de deux éminents médecins
protestants, Charles Barbeyrac et Pierre Magnol, ainsi que du cartésien Sylvain Leroy12. Durant
son séjour dans un village proche de Montpellier, Celleneuve, de juin à septembre 1676, il
reprend ses recherches dans le domaine philosophique12. En février 1677, il quitte Montpellier,
visite Toulouse et Bordeaux avant d'arriver à Paris en juin 1677. Dans cette ville, il continue à
travailler la philosophie et lit des versions françaises de l’œuvre de Descartes. Il se lie également
à deux disciples de Gassendi : François Bernier (philosophe) et Gilles de Launay12. Il travaille
aussi à son Essai sur l'entendement humain et écrit un Essay de Intellectu13. En mai 1679, il
retourne en Angleterre, après un nouveau séjour à Montpellier et un nouveau passage à Paris14.
En 1679, Locke retrouve une Angleterre plongée dans une grave crise politique concernant la
succession du roi. En effet Shaftesbury et ses partisans ne veulent pas que Jacques II (roi
d'Angleterre) accède au trône13. C'est dans ce cadre que s'est jouée l'affaire du complot papiste.
La crainte d'un nouveau monarque absolutiste a surtout conduit Shaftesbury à faire voter en
1679 l'Habeas Corpus (qui veut qu'il soit impossible d'être emprisonné sans jugement) et à tenter
de faire passer l'Exclusion Bill. Toutefois, cette dernière tentative échoue car Charles II (roi
d'Angleterre) dissout le Parlement, ce qui entraîne une scission du parti Whig entre les modérés
et les radicaux rassemblés autour de Shaftesbury. Charles II poursuit alors Shaftesbury pour
trahison. Ce dernier est d'abord acquitté par un Grand jury (droit). Toutefois, le roi fait nommer
deux shérifs Tories. En juin 1682, se sentant menacé, Shaftesbury préfère gagner la Hollande,
où il meurt en janvier 168315. En 1683, un groupe de Whig tente d'assassiner Charles II et son
successeur potentiel Jacques, c'est le Complot de Rye-House. On ignore jusqu'à quel point
Locke a été impliqué dans ces événements, mais on suppose en général qu'il en savait assez
pour être inquiété. Aussi, préfère-t-il gagner l'ouest de l'Angleterre et s'arrange pour faire passer
de l'argent en Hollande avant de gagner lui-même ce pays. Il est maintenant généralement admis
que c'est durant la crise des années 1679-1683 que Locke a commencé son Premier traité, après
avoir acheté une copie du livre de Robert Filmer, Patriarcha. C'est alors qu'il a écrit l'essentiel
des Deux Traités du gouvernement civil15.