Vous êtes sur la page 1sur 3

John Locke 

(prononcé en anglais : /d͡ʒɒn lɒk/)1, né le 29 août 1632 à Wrington (Somerset) et mort


le 28 octobre 1704 à High Laver (Essex), est un philosophe anglais. Il vit à une époque charnière
qui voit la fin des guerres de religion, les débuts du rationalisme et une forte opposition à
l'absolutisme en Angleterre. Proche du comte de Shaftesbury, Locke est partie prenante à ces
débats et aux théories alors naissantes du contrat social, de la loi et du droit naturel, ainsi que de
l'état de nature. Il s'intéresse aussi aux prémices de ce qui sera appelé à compter du XIXe siècle
le libéralisme.
Ses écrits sur la tolérance ne peuvent être disjoints d'une période où s'opère un profond
réajustement des champs politiques et religieux. Dans l'optique qui s'ouvre en partie grâce à lui,
le politique s'occupe du monde présent et la religion s'occupe du monde de l'au-delà, les deux ne
devant pas interférer. Sa théorie politique s'oppose à l'absolutisme qui se met alors en place en
France et qui échoue à s'imposer en Angleterre, en partie à cause de lui. Il est aussi un des
fondateurs de la notion d'État de droit.
Son Essai sur l'entendement humain est un ouvrage majeur dans lequel il construit une théorie
des idées et une philosophie de l'esprit. Tout en s'opposant au matérialisme de Hobbes, il
considère que l'expérience est à l'origine de la connaissance et rejette la notion d'idées
innées soutenue par Descartes. Sa théorie de la connaissance est qualifiée d'empiriste.
À côté de ses activités philosophiques, il est l'un des principaux investisseurs de la Royal African
Company, pilier du développement de la traite négrière.

Biographie[modifier | modifier le code]
Les années de formation[modifier | modifier le code]
John Locke naît près de Bristol le dimanche 29 août 1632. Son père, avoué, possède des
maisons et de la terre à Pensford, une localité proche de Bristol2. Pendant la guerre civile, il sert
en qualité de capitaine dans la cavalerie au service d'une armée du parlement. Son régiment est
commandé par un homme influent dans le Somerset Alexander Popham. Si cette armée est
battue et dispersée en juillet 1643, néanmoins, Locke père reste proche de son chef de régiment,
Alexander Popham, qui devient en 1645 député de Bath. C'est grâce à Popham que John Locke
peut intégrer en 1647 la très réputée Westminster School2. Là, Locke apprend le latin, le grec et
l’hébreu. Westminter ayant des relations anciennes avec Christ Church (Oxford), il intègre ce
collège en 1652. À l'époque l'enseignement à Oxford reste d'essence scolastique ce qui irrite
Locke comme cinquante ans plus tôt Hobbes. Durant ses études, il se contente de faire le
nécessaire pour obtenir en 1656 et 1658 ses diplômes, et consacre une grande part de son
temps à lire des pièces de théâtre, des romans et des correspondances épistolaires souvent
traduites du français. Il s'intéresse alors à la médecine ce qui le conduit à la philosophie
naturelle3 et vers celui qui est considéré comme le père de la philosophie naturelle
moderne, Robert Boyle qu'il rencontre en 1660. Il rencontre également dans cette
université William Petty. C'est à cette époque également qu'il commence à lire Descartes ainsi
que de façon superficielle Gassendi4.
À la mort d'Olivier Cromwell et durant la période instable qui suit, il accueille d'abord bien la
restauration monarchique de Charles II (roi d'Angleterre). À cette époque, il publie deux essais
où, contre un de ses collègues de Christ Church Edward Bagshawe, il défend l'idée que le
pouvoir civil peut décider de la forme de religion du peuple5. Selon Simone Goyard-Fabre6, ces
écrits expriment une pensée proche de celle de Thomas Hobbes. En 1660, il commence à
donner des cours de grec, et en 1662 d'enseigner la rhétorique, puis en 1664, il devient censeur
en philosophie morale5. En 1665, il accompagne, en qualité de secrétaire, Sir Walter Vane dans
une mission diplomatique auprès de l'électeur du Brandebourg. Au retour de sa mission, il
rencontre à l'été 1666 Shaftesbury7, venu à Oxford pour soigner une santé précaire grâce aux
eaux d'une source locale.

Au service de Shaftesbury[modifier | modifier le code]


La rencontre de Locke avec le comte de Shaftesbury, alors chancelier de l'échiquier de Charles
II marque un tournant dans sa vie. Les deux hommes sympathisent tant et si bien qu'au
printemps 1667, Locke quitte Oxford et suit son nouveau mentor à Londres où il devient membre
de sa maison7. Il continue à étudier la médecine et fait la connaissance de Thomas
Sydenham avec qui il collabore étroitement. C'est à cette période qu'il écrit ou que Sydenham
écrit (la paternité n'est pas clairement établie) le De Arte Medica, un document qui a été
découvert au XIXe siècle. Cet écrit exprime un profond scepticisme sur les hypothèses en matière
médicale (science déductive) et préconise une approche purement empirique (inductive) de la
médecine8. En 1668, Locke sauve Shaftesbury en proposant une opération pleinement réussie
destinée à drainer un abcès au foie9.
En 1668, il est élu membre de la Royal Society, une organisation dans laquelle il semble s'être
peu investi. Cette même année il écrit un court Essai sur la tolérance où il prend des positions
opposées à celles de ses écrits de 1660-166210. Il commence également cette année là un traité
économique jamais publié de son temps : Some of the Consequences that are like to follow upon
Lessing of Interest to 4 Per Cent. De 1669 à 1675, il occupe des fonctions administratives auprès
des propriétaires de la nouvelle colonie de Caroline. S'il n'écrit pas le texte de base de la
constitution de ce territoire, il participe certainement à sa correction et à son amélioration10. Vers
1670, il commence à rédiger l'Essai concernant l'entendement humain et écrit, vers 1671, ce qui
est connu comme les drafts (versions) A et B. En novembre 1672, Shaftesbury devenant Lord
Chancelier, Locke est nommé secretary for présentations chargé des questions religieuses. Un
mois avant que Shaftesbury soit démis de son poste en novembre 1673, il devient secrétaire
du Board of Trade and Plantations, un poste qu'il occupe jusqu'en 1675. A ce titre, il s'intéresse à
la colonisation de l'Amérique d'autant qu'il est actionnaire de la Royal African Company qui
pratique la Traite des Noirs11.

Shaftesbury en robe de Lord Chancelier, environ 1672–1673.

En novembre 1675, il quitte l'Angleterre pour un séjour de trois ans et demi en France. De janvier
1676 à février 1677, il réside à Montpellier où il fait la connaissance de deux éminents médecins
protestants, Charles Barbeyrac et Pierre Magnol, ainsi que du cartésien Sylvain Leroy12. Durant
son séjour dans un village proche de Montpellier, Celleneuve, de juin à septembre 1676, il
reprend ses recherches dans le domaine philosophique12. En février 1677, il quitte Montpellier,
visite Toulouse et Bordeaux avant d'arriver à Paris en juin 1677. Dans cette ville, il continue à
travailler la philosophie et lit des versions françaises de l’œuvre de Descartes. Il se lie également
à deux disciples de Gassendi : François Bernier (philosophe) et Gilles de Launay12. Il travaille
aussi à son Essai sur l'entendement humain et écrit un Essay de Intellectu13. En mai 1679, il
retourne en Angleterre, après un nouveau séjour à Montpellier et un nouveau passage à Paris14.
En 1679, Locke retrouve une Angleterre plongée dans une grave crise politique concernant la
succession du roi. En effet Shaftesbury et ses partisans ne veulent pas que Jacques II (roi
d'Angleterre) accède au trône13. C'est dans ce cadre que s'est jouée l'affaire du complot papiste.
La crainte d'un nouveau monarque absolutiste a surtout conduit Shaftesbury à faire voter en
1679 l'Habeas Corpus (qui veut qu'il soit impossible d'être emprisonné sans jugement) et à tenter
de faire passer l'Exclusion Bill. Toutefois, cette dernière tentative échoue car Charles II (roi
d'Angleterre) dissout le Parlement, ce qui entraîne une scission du parti Whig entre les modérés
et les radicaux rassemblés autour de Shaftesbury. Charles II poursuit alors Shaftesbury pour
trahison. Ce dernier est d'abord acquitté par un Grand jury (droit). Toutefois, le roi fait nommer
deux shérifs Tories. En juin 1682, se sentant menacé, Shaftesbury préfère gagner la Hollande,
où il meurt en janvier 168315. En 1683, un groupe de Whig tente d'assassiner Charles II et son
successeur potentiel Jacques, c'est le Complot de Rye-House. On ignore jusqu'à quel point
Locke a été impliqué dans ces événements, mais on suppose en général qu'il en savait assez
pour être inquiété. Aussi, préfère-t-il gagner l'ouest de l'Angleterre et s'arrange pour faire passer
de l'argent en Hollande avant de gagner lui-même ce pays. Il est maintenant généralement admis
que c'est durant la crise des années 1679-1683 que Locke a commencé son Premier traité, après
avoir acheté une copie du livre de Robert Filmer, Patriarcha. C'est alors qu'il a écrit l'essentiel
des Deux Traités du gouvernement civil15.

Vous aimerez peut-être aussi