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philosophe anglais
Thomas
Hobbes
Signature
Hobbes retourne ensuite sur le continent avec son élève, pour son
troisième séjour (1634-1637). Il visite Florence, où il rencontre
Galilée et séjourne huit mois à Paris[2]. Durant ce séjour, il fréquente
Gassendi et entre en rapport avec le père Mersenne, qui
lui ouvre les portes de la société savante de Paris et l’incite à publier
ses ouvrages de psychologie et de physique. Il décrit dans une
autobiographie son état de méditation incessante, « en bateau, en
voiture, à cheval », et c’est en effet à ce moment de sa vie qu’il
conçoit le principe de sa physique, le mouvement, seule réalité
génératrice des choses naturelles. Ce principe lui paraît bientôt
capable de fonder la psychologie, la morale et la politique.
En 1650, sont éditées contre son gré et séparément, les deux parties
des Elements of law natural and politic : la Nature humaine ou les
Éléments fondamentaux de la politique, et le De corpore politico.
L'année suivante, il regagne enfin l'Angleterre et fait paraître à
Londres sa grande œuvre : le Léviathan, qui provoque le scandale. Il
est accusé d'athéisme et de déloyauté et rencontre de nombreux
adversaires (théologiens et universitaires d'Oxford, tous membres de
la Royal Society) qui se liguent contre lui. Il soutient ainsi plusieurs
disputes, par exemple avec l'évêque John Bramhall,
ou avec les universitaires d'Oxford (accusés fort injustement
d'ignorance par Hobbes)[réf. nécessaire] d'où sortiront par exemple les
Questions relatives à la liberté, à la nécessité et au hasard (1666).
Pendant plus d'un quart de siècle, il y eut ainsi attaques, répliques,
en physique avec Robert Boyle sur le vide, dans le domaine des
mathématiques avec John Wallis sur l'arithmétique et l'infini, où il
apparaît que Hobbes surestimait beaucoup ses découvertes. Ses
énormités mathématiques sont ainsi jugées risibles ou pitoyables.
Sur une plaque de marbre noir, on peut lire : « vir probus et fama
eruditionis domi forisque bene cognitus. », c'est-à-dire un homme
intègre et réputé pour son savoir, bien connu au pays et à
l'étranger[9].
De Corpore
Ainsi, toutes les qualités des choses qui s'offrent à nos sens sont- elles
des états affectifs inhérents au sujet. Il n'y aurait rien d'absurde,
selon Hobbes, à ce qu'un homme éprouve ces affections une fois que
le monde a disparu, après son
anéantissement. Dans cette fiction, l'esprit n'agit que sur des
images, et c'est à elles qu'il donne des noms. Mais, remarque
Hobbes, c'est aussi bien ce qui se produit lorsque le monde
existe :
Ces images qui forment l'objet exclusif de nos pensées, peuvent être
considérées de deux points de vue : ce sont des accidents internes de
l'esprit ou ce sont les espèces des choses extérieures en tant qu'elles
paraissent exister. Le premier point de vue concerne la psychologie
et les facultés de l'âme ; le second est objectif, puisque ces images de
notre imagination composent le monde. Si les deux points de vue
restent pertinents, c'est que la fiction de l'anéantissement de toutes
choses n'implique pas de concevoir que le monde puisse ne pas
exister : non seulement l'économie de cette fiction suppose d'abord
l'existence du monde, mais en outre si les phantasmes qui subsistent,
après cet anéantissement fictif, continuent d'apparaître comme
extérieurs, cela signifie bien qu'il est impossible ne serait-ce que de
concevoir l'absence d'extériorité pour émettre l'hypothèse que le
monde n'existe pas. Voilà pourquoi une telle fiction peut ouvrir une
philosophie première qui repose sur une thèse ontologique forte :
n'existent que des corps, puisqu'il y a bien des choses extérieures, et
leur extériorité atteste leur matérialité. De là le fait que la plus
grande partie du De Corpore consiste en une géométrie au service
d'une mécanique, et en une physique[18].
Le Léviathan
L'état de nature
Comme le montre cette citation, c'est bien dans le rapport entre les
Républiques que l'homme est un loup pour l'homme : pour être un
dieu pour son concitoyen, l'homme doit être un loup pour ses
ennemis. Hobbes a bien compris toute l'ambivalence de cette
invention humaine qu'est l'État.
Ce qui va fonder a priori l'état civil, c'est un contrat passé entre les
individus, qui permet de fonder la souveraineté. Par ce contrat,
chacun transfère tous ses droits naturels, à l'exception des droits
inaliénables, à une « personne » qui est appelée le Souverain,
dépositaire de l'État, ou « Léviathan ». Chacun devient alors
« sujet » de ce Souverain, en devenant aussi « auteur » de tous les
actes du souverain. Par ce contrat, la multitude des individus est
ramenée à l'unité du souverain :
Enfin, bien que Hobbes ait souvent été présenté comme un penseur
légitimant la monarchie absolue, et qu'il fait en effet l'éloge de la
monarchie par rapport à l'aristocratie ou à la démocratie, il a
toutefois aussi théorisé des limites au pouvoir. Il précise d'abord que
« la différence entre ces trois types d'État [monarchie, aristocratie
et démocratie] ne consiste pas en une différence quant à la
puissance, mais en une différence quant à la capacité ou aptitude à
procurer la paix et la sécurité au
peuple »[36]. Quel que soit le régime politique, la souveraineté a la
même puissance.
D'autre part, les limites au pouvoir sont de deux types : celles qui
proviennent des droits naturels inaliénables, et celles qui
proviennent des lois naturelles[37]. Hobbes distingue le droit, qui
consiste en « la liberté de faire ou de ne pas faire » (liberté qu'il
définit elle-même par « l'absence d'entraves extérieures »), de la loi,
qui « détermine et contraint dans un sens ou dans l'autre, en sorte
que la loi et le droit diffèrent autant que l'obligation et la liberté, et
se contredisent s'ils sont appliqués à un même
objet »[38]. Il distingue ensuite entre la liberté naturelle, qui ne
s'oppose pas à la nécessité (ni à la peur) et qui consiste à
n'empêcher de faire ce que l'on veut faire, et la « liberté des
sujets » ou liberté civile[39].
Postérité politique
Œuvres
Œuvres complètes
Textes et traductions
Œuvres principales :
Notes et références
Notes
Références
1. Oakeshott, p. 167-168.
2. Oakeshott, p. 168.
3. Œuvres Philosophiques Et Politiques : Contenant le Corps
Politique & la Nature humaine, Volume 2 : Éléments de la
loi naturelle et politique Partie II, chapitre VIII.- Thomas
Hobbes
4. Jean Jacquot et Harold Whitmore Jones, "Introduction" à
Thomas Hobbes, Critique du De Mundo de Thomas White,
Paris, Vrin, p. 45.
5. Tricaud-Pécharmnan, p. XXI.
6. Wright 2006, p. 9-10.
7. Britannica, p. 551.
8. House of Commons Journal Volume 8: 17 October 1666 (htt
p://www.british-history.ac.uk/commons-jrnl/vol8/pp636-637#h
3-0002) [archive].
9. Traduction par Google translate [1] (https://translate.google.f
r/) [archive]
10. Encyclopédie, article « Hobbisme », p. 234.
11. Michel Fichant, Dominique Weber, Jean-Luc Marion : Hobbes,
Descartes et la métaphysique: actes du colloque (https://book
s.google.com/books?id=0P_NrvfQerUC&pg=PA15&lpg=PA15&
dq=Descartes+Hobbes+controverse&source=bl&ots=VSyxLLR
0Tn&sig=Zd1tTG345SDGr0Vo4u7bJsFMFYQ&hl=fr&ei=tPtBS8i
0E8TR4ga5r5yTDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=
3&ved=0CA4Q6AEwAg#v=onepage&q=Descartes%20Hobbes%
20controverse&f=false) [archive].
12. Cité par Karl Schumann[Où ?].
13. Hobbes sur le site de l'université catholique de l'Ouest. (http://
www.theolarge.fr/spip.php?article78) [archive]
14. Gianni Paganini, « Hobbes et Gassendi : la psychologie dans
le projet mécaniste (http://www.scielo.br/scielo.php?
script=sci_a rttext&pid=S0100-512X2002000200003) [archive]
».
15. Encyclopédie, article « Hobbisme », p. 232.
16. Dominique Weber, Hobbes et le désir des fous: rationalité,
prévision et politique (https://books.google.com/books?id=9vd
zM5ptBgsC&pg=PA58&dq=Leo+Strauss,+La+philosophie+polit
ique+de+Hobbes&as_brr=3&client=safari&hl=fr&cd=3#v=onep
age&q=hobbes%20descartes&f=false) [archive], Paris, PUPS,
1998, p. 398.
17. Zarka 1999
18. Arnaud Milanese, Principe de la philosophie chez
Hobbes, Paris, Classiques Garnier, 2011, 1re et 2e
parties.
19. « Abraham Bosse (http://expositions.bnf.fr/bosse/grand/268.
htm) [archive] », sur expositions.bnf.fr (consulté le
11 février 2019)
20. Zarka 2012, p. 19.
21. Leviathan, chap. 10 et 11.
22. (en) Frans De Waal, Our Inner Ape : A Leading
Primatologist Explains Why We Are Who We Are, Penguin,
2006, 320 p. (ISBN 1594481962), p. 227
23. Voir Léviathan, chap.13, sur l'état de nature.
24. Voir Du citoyen, I, 1, 2.
25. Léviathan, chap.13.
26. Du citoyen, I, 1.
27. Leviathan, chap. 13.
28. Léviathan, chap.13, Hobbes 2000, p. 228
29. Léviathan, chap.14, Hobbes 2000, p. 229
30. Léviathan, chap.14-15.
31. Léviathan, chap. 15, Hobbes 2000, p. 267
32. Léviathan, chap.17, Hobbes 2000, p. 288
33. Léviathan, chap.21, Hobbes 2000, p. 339
34. Léviathan, chap. 26.
35. Léviathan, chap.13 et chap.26.
36. Léviathan, chap. 19.
37. Les lois naturelles sont décrites dans le De cive, I, chap. 1-2,
et dans le Léviathan, chap. 26.
38. Léviathan, chap. 14.
39. Léviathan, chap. 21.
40. Léviathan, chap. 14 et 21.
41. Léviathan, chap. 27 et 28.
42. Léviathan, chap.17, p. 288
43. Léviathan, chap.42, p. 700
44. Éléments de la loi naturelle et politique, II, VII, 11.
45. Léviathan, chapitre 33
46. Richard Friedman, Qui a écrit la Bible ?, Éditions Exergue, 2007
47. Briey 2002, p. 816.
48. Hannah Arendt, Between Past and Future. Six Exercises in
Political Thought, New York, The Viking Press, 1961, p. 128.
49. (en) W. Julian Korab-Karpowicz, « Political Realism in
International Relations », dans The Stanford Encyclopedia of
Philosophy, Metaphysics Research Lab, Stanford University,
2018 (lire en ligne (https://plato.stanford.edu/archives/sum20
18/entries/realism-intl-relations/) [archive])
50. Joseph Heath, La société efficiente : pourquoi fait-il si bon
vivre au Canada ?, Presses de l'Université de Montréal, 2002
(ISBN 2-7606-1838-2 et 978-2-7606-1838-1,
OCLC 243570864 (https://worldcat.org/fr/title/243570864) ),
p. 80-84
51. Youness Bousenna, « Faut-il abolir l’État, cet horizon
indépassable de nos imaginaires politiques ? », Le Monde, 24
novembre 2023 (lire en ligne (https://www.lemonde.fr/idee
s/article/2023/11/24/faut-il-abolir-l-etat-cet-horizon-indepassa
ble-de-nos-imaginaires-politiques_6202162_3232.htm
l) [archive]).
52. Stéphane Foucart, « « Au commencement était… » : une « anti-
histoire » de l’humanité », Le Monde, 24 novembre 2023 (lire
en ligne (https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/25/au
-commencement-etait-une-anti-histoire-de-l-humanite_6202292
_3232.html) [archive]).
Études
Voir aussi
Articles connexes
Empirisme
Contractualisme
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