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On appelle philosophie moderne la pensée qui, en occident, s'étend sur ce que les historiens appellent
l'époque moderne (1492-1789), incluant une partie de la renaissance, le XVIIe siècle, et le siècle des
lumières.
La philosophie moderne est, d'une part, l'héritière de la pensée antique en bien des points. Les penseurs de
l'époque moderne, comme Spinoza, Descartes, Leibniz ou Hume, sont en effet loin d'avoir rompu tout
lien avec la philosophie des anciens. Ils les connaissaient parfaitement et leur ont notamment emprunté
une partie de leur vocabulaire. Mais, d'autre part, les modernes ont souvent conçu leur propre travail
comme une amélioration ou un dépassement de ce que les philosophes de l'antiquité avaient déjà
accompli, ce qui les conduisit parfois à s'opposer à ces derniers.
Par rapport à la philosophie antique et à la philosophie médiévale, la philosophie moderne, amorcée par la
philosophie de la renaissance, et intimement liée à l'essor de la science moderne, marque un profond
renouveau de la pensée, tant dans le domaine politique, que dans la théorie de la connaissance ou encore
la réflexion sur la religion.
Son enfance
Né dans une famille de la petite noblesse, il est le troisième enfant de Joachim Descartes, conseiller
au parlement de Bretagne à Rennes, et de Jeanne Brochard. Il naît à La Haye chez ses grands-parents
maternels, où sa mère effectua tous ses accouchements, son père étant de service à Rennes au moment de
sa naissance. Il est baptisé le 3 avril à l'église Saint-Georges. Son premier parrain, René Brochard des
Fontaines, parent de sa mère, est juge à Poitiers ; le second, Michel Ferrand (frère de sa grand-mère
paternelle), est lieutenant-général du roi à Châtellerault.
Sa mère meurt le 13 mai 1597, 13 mois et demi après sa naissance, quelques jours après la naissance d'un
autre garçon qui ne survit pas. Descartes est élevé par sa grand-mère maternelle Jeanne Sain (morte en
1610), son père et sa nourrice. Son père l'appelle son petit philosophe, car René ne cesse de poser des
questions. En 1599 Joachim Descartes se remarie avec Jeanne Morin , fille de Jean Morin, seigneur de
la Marchanderie (1585), propriétaire du château de Chavagne à Sucé près de Nantes, qui avait été avocat
du roi, président de la Chambre des Comptes et maire de Nantes en 1571/72. La signature de Descartes
apparaît à plusieurs reprises sur les registres paroissiaux de Sucé (1617, 1622, 1628, 1644).
Il apprend à lire et à écrire chez sa grand-mère grâce à un précepteur (avec sa sœur aînée Jeanne). À onze
ans (tardivement, étant considéré comme fragile), il entre au Collège royal Henri-le-Grand de La Flèche,
ouvert en 1604, où enseignent les Jésuites dont le Père François Fournet, docteur en philosophie issu de
l'Université de Douai et le père Jean François, qui l'initiera aux mathématiques pendant un an. Il y reste
jusqu'en 1614. Il y a droit à un traitement de faveur, sans cours le matin en raison de sa santé fragile, de
ses dons intellectuels précoces et de son goût pour la réflexion. Il y apprend la physique et la philosophie
scolastique et étudie avec intérêt les mathématiques ; il ne cesse de répéter, en particulier dans
son Discours de la méthode, combien ces études lui paraissent incohérentes et fort impropres à la bonne
conduite de la raison. De cette période, nous ne conservons qu'une lettre d'authenticité douteuse (peut-être
est-elle de l'un de ses frères), lettre que Descartes aurait écrite à sa grand-mère.
Sa parenthèse militaire
Condamnation de Galilée
À la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam.
En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce par prudence à publier
le Traité du monde et de la lumière qui ne paraîtra qu'en 1664.
Le 24 février 1616 le Saint-Office avait condamné la proposition : Sol est centrum mundi et omnino
immobilis motu. Cependant en 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de
supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due
massimi sistemi del mondo (le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le 22
juin 1633 : l'hypothèse du mouvement de la Terre selon le modèle copernicien (héliocentrisme) ne
pouvait être prise en compte que s'il était clair que l’analyse était effectuée dans une perspective purement
mathématique.
Descartes reçoit de Beeckman l'année suivante (1634) le livre de Galilée qui lui valut cette condamnation.
Il décide alors de publier des fragments du Traité du Monde, accompagnés d'une préface, le
fameux Discours de la méthode (en 1637).
En 1635, Descartes est à Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à
Santpoort en 1637.
De 1637 à 1641, Descartes vit principalement à Santpoort. Période heureuse au cours de laquelle il publie
en français — pour « que les femmes mêmes puissent entendre quelque chose, et cependant que les plus
subtils trouvassent aussi assez de matière pour occuper leur attention » — le Discours de la méthode et
polémique avec ses contradicteurs, Jean de Beaugrand, Pierre de Fermat, Gilles Personne de
Roberval, Plempius et Jan Stampioen ; il fait venir auprès de lui Hélène Jans, une simple servante
devenue compagne et amie. En août 1635, il a avec Hélène une fille baptisée Francine qu'il reconnaît.
Mais la fillette meurt en septembre 1640 de fièvres éruptives, laissant un Descartes éploré, montrant sans
fausse pudeur des larmes à ses amis. Un mois plus tard, il perd son père, âgé de soixante-dix-huit ans et
doyen du Parlement de Bretagne. Ces disparitions rapprochées sont à l'origine du « plus grand regret qu'il
eût jamais senti de sa vie ». Le 31 mars 1641, l'auteur reconnu s'installe dans le petit château d'Endegeest,
agrémenté d'un beau jardin, de vergers et de prairies. C'est là qu'il reçoit l'abbé Picot, l'abbé de
Touchelaye, le conseiller Jacques Vallée Desbarreaux et de nombreux amis. Vers 1640, d'après le De
metallorum transmutatione de Daniel Morhof (1637), il fait quelques expériences d'alchimie (ou chimie)
avec son ami Cornelis Van Hogelande, mais il rejette la théorie des trois Substances (Soufre, Sel,
Mercure) de Paracelse.
En 1641, Descartes publie les Méditations métaphysiques, déjà esquissées pendant les neuf premiers mois
de son séjour en Hollande en 1629, et les Principes de la philosophie (1644). En 1641, il répond aux
objections de Hobbes contre ses Méditations métaphysiques, publiées en latin, et il doit subir les premiers
feux d'une longue controverse, dite querelle d'Utrecht, lancée par le prédicateur Voetius. Les partisans de
Voetius, en particulier son élève et prête-nom Schoock, accusent publiquement Descartes et son
correspondant d'Utrecht, Henricus Regius de soutenir Copernic, de nommer l'âme un « accident ». Ils
l'accusent également d'athéisme et ils n'hésitent pas à pourfendre en chaire le philosophe, à réclamer qu'il
subisse le sort réservé à Giulio Cesare Vanini, exécuté à Toulouse en 1619. Descartes fait alors intervenir
l’université de Groningue et l’ambassadeur de France afin que cessent ces menaces.
Sa dépouille
En 1665, un ami de Descartes, M. Dalibert, trésorier de France, ayant appris que son tombeau, établi au
cimetière de Nord-Malmæ, tombait en ruines, il a écrit à l'ambassadeur de France en Suède, Hugues de
Terlon, pour obtenir du roi Charles XI l'autorisation de transporter en France ses restes. Louis XIV appuie
cette demande. L'autorisation est donnée le 1er mai 1666. Hugues de Terlon, accompagné de Simon
Arnauld de Pomponne désigné pour le remplacer comme ambassadeur, se rendent dans le cimetière.
Constatant lors de l'exhumation le 1er mai que le corps est en état de décomposition avancée, il transfère
les restes dans une boîte de cuivre de 80 cm de longueur. Au passage, l'ambassadeur prélève, pour lui-
même, l'index droit du philosophe qui « avait servi d'instrument aux écrits universels du défunt ». Le
cercueil arrive à Paris dans les premiers jours de janvier 1667. Il est d'abord déposé dans l'église Saint-
Paul.
Le 24 juin 1667, en présence d'une foule nombreuse, le cercueil en cuivre de Descartes a été déposé en
l'église de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris. M. Dalibert a fait réaliser un monument de marbre mis en
place en 1669, portant deux inscriptions, une en latin attribuée au Père Lallemant, l'autre en vers français
composée par Gaspard III de Fieubet.
Il tombe en ruines au fil des décennies. En 1790, l'Assemblée nationale constituante charge Alexandre
Lenoir de choisir les tombeaux et sculptures qui méritent d'être conservés dans l'ancien couvent des
Petits-Augustins. En 1792, l’abbé de Sainte-Geneviève lui demande de sauver les biens de son église.
Le 2 octobre 1793, Joseph Chénier a proposé à la Convention nationale de transférer les restes de
Descartes au Panthéon. Un décret est pris mais n'est pas exécuté. L'église Sainte-Geneviève étant
transformée en atelier, les restes de Descartes en sont retirés. À part le crâne de Descartes qui manque, le
Conservateur du Patrimoine récupère dans un « coffre de bois » les ossements attribués à Descartes
(fragment de tibia et de fémur, de radius et de cubitus, les autres os étant réduits en poussière) qui sont
placés dans une urne antique en porphyre ayant appartenu au comte de Caylus et transférés dans l'ancien
couvent, devenu dépôt des monuments ; au passage il récupère un os plat, afin d'en faire des bagues pour
ses amis. Sous la Restauration, les ossements sont conservés au couvent des Bernardins, puis réinhumés à
l'église Saint-Germain-des-Prés où ils reposent depuis le 26 février 1819.
Mais son crâne supposé a connu de nombreuses vicissitudes : a-t-il été volé par Isaac Planström, un
officier des gardes de la ville de Stockholm chargé de son exhumation en 1666 ? A-t-il été racheté lors
d'une vente aux enchères et ramené en France par le chimiste suédois Berzélius en 1821 ? Ce prétendu
crâne de Descartes, sur lequel est gravé un poème en latin et le nom de ses neuf propriétaires successifs,
est remis par Berzélius à Georges Cuvier qui le confie à la collection anatomique du Jardin des plantes,
puis celle du Musée de l'Homme en 1931. Prétendu parce qu'il existe cinq autres crânes attribués au
philosophe.
Bien que la Convention nationale, en 1793, ait décrété le transfert de ses restes au Panthéon de Paris avec
les honneurs dus aux grands hommes, ses restes sont, deux siècles plus tard, toujours « coincés » entre
deux autres pierres tombales — celles de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon — dans une
chapelle abbatiale de l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Les décrets de la Convention n'ont toujours
pas été appliqués, pas plus que le projet défendu en 1996 par François Fillon de transférer le prétendu
crâne au Collège royal de La Flèche où Descartes a été pensionnaire, ou celui du transfert de ce crâne au
Panthéon en 2010, ce qui peut être expliqué par les doutes sur l'authenticité même des ossements et du
crâne du philosophe. En 1997 Philippe Comar illustre ce jeu de vanités dans un récit intitulé Mémoires de
mon crâne, René Descartes qui en résume l'histoire des pérégrinations.
2- Rationalisme
Le rationalisme est la doctrine qui pose les raisons discursives comme seule source possible de
toute connaissance du monde. Autrement dit, la réalité ne serait connaissable qu'en vertu
d'une explication par les causes qui la déterminent et non par une quelconque révélation ou intuition.
Ainsi, le rationalisme s'entend de toute doctrine qui attribue à la seule raison la capacité de connaître et
d'établir la vérité.
Dans son acception classique, il s'agit de postuler que le raisonnement consiste à déterminer que certains
effets résultent de certaines causes, uniquement à partir de principes logiques ; à la manière dont les
théorèmes mathématiques résultent des hypothèses admises au départ. De plus, et en particulier, les
principes logiques eux-mêmes utilisés dans le raisonnement ont été connus par déduction.
Le rationalisme s'oppose à l'irrationalisme et historiquement (avec en particulier Descartes et Leibniz),
à l'empirisme.
On trouve couramment et identiquement les expressions de « rationalisme moderne » ou de « rationalisme
classique » pour désigner le rationalisme tel qu’il se formule de Descartes à Leibniz, correspondant à peu
près à ce que l’on peut appeler depuis Kant le « rationalisme dogmatique » :
1- Biographie
En s'appuyant sur les œuvres de Hume en lien avec la vie qu'il a menée, cette dernière peut être divisée en
trois périodes :
2- Empirisme
L'empirisme désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine
de toute connaissance ou croyance et de tout plaisir esthétique. L'empirisme s'oppose en particulier à
l'innéisme et plus généralement au rationalisme « nativiste » pour lesquels nous disposerions de
connaissances, idées ou principes avant toute expérience. L'empirisme est à l'origine de la
théorie associationniste de l'esprit en psychologie, qui explique la formation des représentations mentales
par la conjonction d'idées simples.
Défendu principalement par les philosophes Francis Bacon, John Locke, Condillac, George
Berkeley, David Hume et des scientifiques comme Ibn Al Haytham, l'empirisme considère que la
connaissance se fonde sur l'accumulation d'observations et de faits mesurables, dont on peut extraire des
lois générales par un raisonnement inductif, allant par conséquent du concret à l'abstrait.
L'empirisme a des implications non seulement en philosophie et épistémologie, mais aussi dans divers
domaines d'étude : logique, psychologie, sciences cognitives, esthétique et linguistique en particulier.
Biographie
Emmanuel Kant naît, dans un milieu modeste : son père, Johann Georg Kant (né en 1683 à Memel ; mort
en 1746 à Königsberg) d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, Anna Regina (né en 1697 à Königsberg,
mort en 1737 ibid), née Reuter, s'étaient mariés le 13 novembre 1715. Il qualifia sa mère de très
intelligente et foncièrement piétiste. Il est le quatrième des onze enfants du couple. Il fréquente durant
sept ans le Collège Fridericianum , dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère
la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.
En 1740, il entre à l'université de Königsberg pour étudier la théologie. Il suit les cours de Martin
Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple
de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force
représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.
C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature est
possible (c’est-à-dire les mathématiques et la physique). Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous
avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme
de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il
était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination
des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison ».
En 1746, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé
comme précepteur par des familles aisées et il accomplit cette tâche durant neuf ans. C'est également cette
année-là qu'il publie sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives. Le
philosophe n'a jamais été au-delà d'un rayon de soixante kilomètres autour de son lieu de naissance, il ne
s'est jamais marié; même la rumeur d'une aventure amoureuse n'a pas été confirmée. Sa vie était une
routine de conférences, de corvées académiques et de séances d'écriture si exigeantes et si régulières
qu'on raconte que ses voisins réglaient leurs montres sur sa promenade quotidienne destinée à maintenir
sa constitution fragile. Le poète Heinrich Heine alla jusqu'à dire que le récit de la vie de Kant était facile à
faire : il n'y avait ni vie ni récit.
En 1755, il obtient une promotion universitaire et une habilitation grâce à une dissertation sur les
principes premiers de la connaissance métaphysique. Il commence à enseigner à l’université de
Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).
Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier. Ses cours,
tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques et physique apprises
chez Newton, morale inspirée de Rousseau, Shaftesbury, Hutcheson et Hume, pyrotechnie, théorie
des fortifications.
À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, et surtout la
critique des « preuves de l'existence de Dieu » ainsi que la doctrine du beau et du sublime.
En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire, à la Bibliothèque de la Cour, fonction
qu'il occupe jusqu’en avril 1772. C’est la seule démarche qu’il n’ait jamais faite pour obtenir une faveur.
En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des
principes du monde sensible et du monde intelligible.
En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de
travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition voit le jour en 1787.
En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin.
En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes
ses autres œuvres majeures (Fondation de la métaphysique des mœurs et Vers la paix
perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.
Kant n'a jamais quitté sa région natale mais il fut très attentif aux mouvements du monde, comme en
témoignent de nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il
recevait également très souvent de nombreux amis à dîner et déjeunait chaque jour avec un inconnu. La
tradition rapporte que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa promenade
quotidienne que deux fois : la première en 1762 pour se procurer le Contrat social de Jean-Jacques
Rousseau, la seconde en 1789 afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française. Cette
image apparaît sujette à caution à certains universitaires qui y voient une exagération et un transfert des
habitudes de ponctualité de son ami à partir de 1764, Joseph Green, célèbre pour son rigorisme au point
d'avoir été en son temps le sujet du livre satirique L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb
Hippel (un autre ami de Kant).
Favorable à la révolution française, il affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont
rien comparés à ceux des tyrans du passé ».
D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, œuvre littéraire, les capacités mentales du
philosophe se seraient affaiblies de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de
ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps ». Selon Harald Weinrich, les
« symptômes » décrits par le narrateur Wasianski dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de
mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer. Il avance cependant cette hypothèse
médicale avec précaution et sans aucune certitude.
Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt
en 1804 à Königsberg. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »). Son
tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).
2- Le criticisme
Le criticisme, ou « philosophie critique », promeut l'idée que toute véritable recherche
philosophique « consiste à commencer par analyser les fondements, l'étendue légitime et les limites de
notre connaissance ». La critique ne s'exerce pas tellement sur les productions de la raison mais sur la
raison elle-même. « Quoique la philosophie critique soit intimement liée au nom de Kant, il ne faut pas
pour autant confondre criticisme et kantisme ».
La philosophie critique s'oppose directement au dogmatisme et au scepticisme. En effet, le criticisme peut
être considéré comme un bouleversement non seulement des manières de penser pour ce qui concerne
la spéculation métaphysique mais aussi dans la manière de se comporter eu égard à la morale et à la
politique. Les successeurs de Kant lui reprochent d'ailleurs une certaine timidité, « pourquoi ne pas se
poser la même question à propos de la musique ou de la poésie, de la chimie ou de l'histoire ? », rapporte
l'historien Émile Bréhier.
Le criticisme postule que si l'être humain ne peut connaître la vérité des choses en soi (noumènes), il peut
connaître la vérité de ce qu'elles sont pour soi (ce qu'elles représentent pour lui - phénomènes).
Toute connaissance serait formée de la combinaison d'observations issues des sens (et donc incertaines) et
de catégories de pensée universelles (identiques pour tout être pensant) a priori (préexistant à toute
expérience), tel que le principe de causalité par exemple. De cette universalité des catégories de pensée
découlerait le fondement « certain » des connaissances (des phénomènes) a posteriori.
Principal représentant français du Criticisme : Léon Brunschvicg.
CONCLUSION
L’époque moderne s’est appuyée sur le développement des valeurs de raison et de progrès (au sens
technique), qui se sont encore largement développées au XIXe siècle avec la révolution industrielle.
Considérant la montée de plusieurs contraintes écologiques, sociales et plus largement sociétales,
quelques chercheurs réexaminent cette notion de progrès à partir des années 1970. Ainsi, le théologien
Fabien Revol voit dans la philosophie de Descartes l’une des causes de la crise écologique, comme étant à
l’origine de la <<globalisation du paradigme technocratique˃˃ évoquée par le pape François dans
l’encyclique Laudato si’.
Cette crise a donné lieu à un ensemble de critiques, de la part d’auteurs divers comme René Guénon,
Alain Finkielkraut, Pierre André Taguieff, Dominique Bourg et bien d’autres. Des essayistes comme
Kühn et Feyerabend incitent même à s’interroger sur la notion de raison. Un autre mouvement nommé
zététique œuvre pour sa part à séparer plus nettement sciences et pseudosciences.