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Voltaire (1694-1778), homme de lettres et philosophe français.

Né le 21 novembre 1694 à
Paris dans une famille de commerçants enrichis (son père avait pu acheter une charge de
receveur à la Cour des comptes), François Marie Arouet, dit Voltaire, fut élevé chez les
jésuites du collège Louis-le-Grand, qui influencèrent profondément son esprit, en lui
apportant une solide formation de rhétorique et en lui donnant le goût de la discussion et du
théâtre. Parallèlement, il fut introduit dans les milieux mondains par son parrain, l'abbé de
Châteauneuf, qui le présenta même à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l'âge
de vingt ans, Voltaire fréquentait les salons parisiens et s'adonnait à une littérature mondaine,
sinon légère. Son insolence et son indépendance d'esprit, à moins que ce ne fût une certaine
forme d'inconscience, lui valurent d'être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé
écrire des libelles contre le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopta le
pseudonyme de Voltaire, obtenu par l'anagramme de son nom. Sous cette nouvelle identité, il
fit représenter sa première tragédie, Œdipe (1718), qui connut un honorable succès, et fut
suivie de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacrait à la
composition d'une épopée, la Ligue, qu'il publia en 1723 et qu'il remania pour en faire la
Henriade. L'image que le jeune écrivain imprima de lui auprès de ses contemporains est donc
extrêmement traditionnelle, puisque la tragédie et l'épopée étaient les deux grands genres de
l'esthétique classique. Ce n'est pourtant pas ceux pour lesquels la postérité devait mettre
Voltaire au rang des plus grands écrivains français. À la suite d'une altercation avec le
chevalier de Rohan, Voltaire fut embastillé une nouvelle fois, et dut s'exiler dès sa libération.
C'est ainsi qu'il passa deux ans et demi en Angleterre. Le contact avec la monarchie
parlementaire et libérale anglaise exerça une grande influence sur son esprit, qu'il contribua
sans doute à mûrir. Voltaire y découvrit en effet la tolérance, vertu qu'il ne cessera de
défendre sa vie durant. Il rédigea en anglais les Letters Concerning the English Nation (1733),
où l'éloge des mœurs politiques anglaises était pour lui une façon de dénoncer les abus du
despotisme monarchique français et le scandale de l'intolérance et de l'oppression qui
régnaient dans la société française. De retour en France, Voltaire publia plusieurs pièces,
telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732), tragédie écrite en trois semaines qui obtint un
immense succès. En 1734, il traduisit et remania les Lettres anglaises pour les augmenter :
elles furent publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques. L'ouvrage devint un
véritable manifeste des Lumières, parce qu'il traitait de la liberté politique et religieuse,
célébrait la prospérité et le progrès comme les avancées de la science, parce qu'il exposait la
doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos d'une lecture des Pensées de
Pascal) une foi optimiste en la nature humaine. Le livre fut interdit pour ses idées réputées
dangereuses. Voltaire décida de braver l'interdiction, et, menacé d'être arrêté, il fut contraint
de s'exiler en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme du Châtelet. La publication des Lettres
philosophiques donna le coup d'envoi du combat que Voltaire mena sa vie durant pour ses
idées. Retiré à Cirey, Voltaire s'adonna à l'étude et à l'écriture. Il y composa plusieurs pièces
de théâtre, la Mort de Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741)
ou encore Mérope (1743), ainsi qu'un poème léger, épicurien et burlesque, à la gloire du
bonheur terrestre : le Mondain (1736). Il se passionna également pour des domaines de
connaissances divers : les sciences, l'histoire, la philosophie, et écrivit ses Éléments de la
philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribua largement à la diffusion
des idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commença ces années-
là, est fondé sur une méthode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs ;
l'ensemble de cet ouvrage est néanmoins une célébration du monarque et de la civilisation
sous son règne. Avec l'Essai sur les mœurs (1756), Voltaire joua un rôle essentiel dans le
renouveau des études historiques. Dans ces deux ouvrages, sa curiosité, jointe à sa passion de
la vérité, l'entraînèrent en effet à un examen critique et raisonné de ses sources, dont il
confronta les témoignages contradictoires. D'autre part, Voltaire fut le premier, avec
Montesquieu, à s'intéresser à l'histoire du peuple ou de la nation, et non plus exclusivement à
l'histoire monarchique ou militaire. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretint également
une correspondance avec Frédéric II de Prusse, dit « le roi philosophe », qui voulait l'attirer à
Potsdam. Mais une certaine libéralisation à la cour de France, sous le « règne » de Mme de
Montespan, engagea Voltaire à revenir à Versailles, où il fut nommé historiographe du roi
(1745). L'année suivante, Voltaire fut élu à l'Académie française. Il mena dès lors une carrière
de courtisan, avec ses erreurs, ses échecs et ses déceptions : son insolence lui valut d'être
disgracié et de devoir se cacher pendant deux mois chez la duchesse du Maine, à Sceaux.
C'est à cette époque qu'il écrivit la tragédie Sémiramis (1748). Mais, philosophe soucieux
avant tout d'être entendu par un large public, il se mit à explorer la forme narrative du conte
pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée (1748), qui pose le problème du bonheur et du
destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des connaissances, sont deux de ses
contes philosophiques. C'est par ces récits merveilleux que le public du XXe siècle connaît et
admire Voltaire ; lui-même pourtant ne les considérait que comme une partie mineure de son
œuvre. En 1749, le philosophe eut à subir une épreuve douloureuse : Mme du Châtelet, qui
avait une liaison avec le jeune poète Saint-Lambert, mourut en couches. Voltaire décida alors
de répondre à l'invitation de Frédéric II, et partit pour la Prusse. Voltaire resta cinq ans au
château de Sans-Souci. Sa relation avec Frédéric II fut d'abord l'idéal de ce que pouvait être la
relation entre un homme de pouvoir et un homme de lettres. Mais finalement, ils se
brouillèrent, et Voltaire dut quitter l'Allemagne, et, la France lui refusant l'asile, il s'installa à
Ferney, près de Genève. Là encore, Voltaire ne put jouir longtemps de son séjour en paix : en
effet, les autorités genevoises n'apprécièrent pas son article « Genève » de l'Encyclopédie, qui
contenait des critiques sévères contre la République et la religion calviniste. À ce propos, puis
au sujet de la providence, Voltaire fut pris à parti par un autre philosophe, Jean-Jacques
Rousseau, avec lequel il entretint un échange de lettres assez virulent (dont les Confessions de
Rousseau rendent compte de la manière la plus partisane). Ainsi, les années 1750 furent pour
Voltaire des années de combat, de polémique, de questionnement et d'engagement. Il décida
de traiter de la question de l'optimisme après avoir lu les thèses des Essais de théodicée, du
philosophe allemand Leibniz : selon ce dernier, en effet, le postulat de la perfection divine
impliquait nécessairement que tout était au mieux dans le monde. Or, la tragique nouvelle
d'un tremblement de terre à Lisbonne, qui avait fait vingt-cinq mille morts, émut
profondément Voltaire ; elle le poussa à attaquer les tenants de l'optimisme dans son Poème
sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans la même lignée, l'Essai sur les mœurs et l'esprit des
nations (1756), puis, dans un registre narratif, Candide (1759) sont portés par son indignation
devant l'intolérance, les crimes, les guerres et l'oppression dont l'humanité souffrait. Dans le
conte philosophique intitulé Candide, le héros éponyme est un jeune homme crédule à qui son
précepteur, Pangloss, a inculqué des théories qui sont la caricature de l'optimisme. Les
mésaventures successives de Candide quand il parcourt le vaste monde mettent à mal ces
théories. Cela offre à l'auteur l'occasion de ridiculiser tous les discours métaphysiques oiseux
qui véhiculent une idéologie aveugle et ne résistent pas à l'épreuve des faits. Retiré sur sa terre
de Ferney, Voltaire y poursuivit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique
(1764). Le choix de la forme du dictionnaire illustre bien l'ambition que les Lumières avaient
d'embrasser la totalité des connaissances humaines. À l'origine le Dictionnaire philosophique
devait être une réfutation rationaliste de l'Ancien et du Nouveau Testament, mais il fut
augmenté par son auteur, qui y joignit des articles défendant les idées de progrès, de justice et
de tolérance. Défenseur de la justice dans ses textes, Voltaire le fut aussi dans ses actes,
puisqu'il intervint publiquement dans toutes les affaires où sévissaient la force de l'injustice et
la violence des préjugés. Déjà, en 1756, il avait pris fait et cause pour l'amiral anglais Byng,
exécuté pour avoir perdu une bataille. De 1762 à 1765, il défendit Calas, un huguenot
condamné sans preuves pour avoir tué son fils, qu'il soupçonnait de vouloir se convertir au
catholicisme. Le Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas (1763) est une
protestation contre l'injustice faite à l'accusé et contre le fanatisme d'une accusation née de la
rumeur et de la haine. Ce texte de Voltaire eut d'ailleurs une influence décisive sur la révision
du procès et la réhabilitation de Calas. La réputation du philosophe était alors immense et
internationale. Des écrivains, des philosophes, des savants venaient lui rendre visite à Ferney,
ou entretenaient une importante correspondance avec lui. Pourtant, son retour à Paris en 1778,
l'année de sa mort, ne lui permit pas d'être reçu à Versailles. Il mourut le 30 mai 1778 et fut
enterré presque clandestinement, l'Église lui ayant refusé des obsèques. Treize ans plus tard,
sa dépouille fut transférée au Panthéon.

A la cour, mon fils, l’art le plus nécessaire


N’est pas de bien parler, mais de savoir se taire.

Aime la vérité mais pardonne à l'erreur.

Automates pensants, mus par des mains divines.

C'est encore peu de vaincre il faut savoir séduire.

C'est n'être bon à rien de n'être bon qu'à soi.

Ce n'est pas l'amour qu'il fallait peindre aveugle, c'est l'amour-propre.

Ce que nous appelons le hasard n'est et ne peut être que la cause ignorée d'un effet
connu.

Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.

Cela est fort beau, mais j'ai du mal à croire que je descends d'une morue.

 
Ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise: il fallait dire que tout est
au mieux.

C’est assurément ne pas connaître le coeur humain que de penser qu’on peut le
remuer par des fictions.

C’est l’amour de nous-mêmes qui assiste l’amour des autres; c’est par nos besoins
mutuels que nous sommes utiles au genre humain.

Dans ce pays-ci, il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les
autres.

Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre.

En philosophie, il faut se défier de ce qu'on croit entendre trop aisément, aussi bien
que des choses qu'on n'entend pas.

Il a porté toutes les vertus des héros à un excès où elles sont aussi dangereuses que
les vices opposés.

Il croyait que les lois étaient faites pour secourir les citoyens autant que pour les
intimider.

Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu'il soit instruit.

Il ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices et n'emploient les


paroles que pour déguiser leurs pensées.

 
Il n’y a point de hasard; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou
prévoyance.

Il se figurait alors les hommes tels qu'ils sont en effet, des insectes se dévorant les
uns les autres sur un petit atome de boue.

Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.

J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé.

Liste des auteurs

Jamais les philosophes ne feront une secte de religion. Pourquoi? C’est qu’il
n’écrivent point pour le peuple, et qu’il sont sans enthousiasme.

Je hais vos idées, mais je me ferai tuer pour que vous ayez le droit de les exprimer.

L'art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit.

L'homme est né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude ou dans la léthargie
de l'ennui.

L'intérêt que j'ai à croire une chose n'est pas une preuve de l'existence de cette
chose.

La grande affaire et la seule qu'on doive avoir, c'est de vivre heureux.

 
La plus petite intrigue fait dans un temps ce que les plus grands ressorts ne peuvent
opérer dans un autre.

La politique a sa source dans la diversité plus que dans la grandeur de l'esprit


humain.

Le pain dans sa patrie vaut encore mieux que des biscuits en pays étranger.

Le pape est une idole à qui on lie les mains et dont on baise les pieds.

Le seul moyen d'obliger les hommes à dire du bien de vous, c'est d'en faire.

Le superflu, cette chose si nécessaire.

Le temps, qui seul fait la réputation des hommes, rend à la fin leurs défauts
respectables.

Le travail éloigne de nous trois grands maux: l'ennui, le vice et le besoin.

Les femmes ressemblent aux girouettes: elles se fixent quand elles se rouillent.

Les hommes abreuvés de liqueurs fortes ont tous un sang aigri et adulte qui les rend
fous en cent manières différentes.

Les malheurs particuliers font le bien général; de sorte que plus il y a de malheurs
particuliers et plus tout est bien.

 
Les mortels sont égaux; ce n'est point la naissance,
C'est la seule vertu qui fait leur différence.

Les paroles sont aux pensées ce que l'or est aux diamants; il est nécessaire pour les
mettre en oeuvre, mais il en faut peu.

Malheureux, dont le coeur ne sait pas comme on aime,


Et qui n'ont point connu la douceur de pleurer!

On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en


cultivant la terre, font vivre les autres.

On croirait que cet ouvrage est le fruit de l'imagination d'un sauvage ivre.

On doit des égards aux vivants; on ne doit aux morts que la vérité.

On rougirait bientôt de ses décisions, si l’on voulait réfléchir sur les raisons pour
lesquelles on se détermine.

Pour la plupart des hommes, se corriger consiste à changer de défauts.

Prier Dieu c'est se flatter qu'avec des paroles, on changera toute la nature.

Qui n'a pas l'esprit de son âge


De son âge a tout le malheur.

Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu.
 

Si la nature ne nous avait faits un peu frivoles, nous serions très malheureux; c'est
parce qu'on est frivole que la plupart des gens ne se pendent pas.

Si les hommes étaient assez malheureux pour ne s’occuper que du présent, on ne


sèmerait point, on ne bâtirait point, on ne planterait point, on ne pourvoirait à rien:
on manquerait de tout au milieu de cette fausse jouissance.

Un instant de bonheur vaut mille ans dans l’histoire.

Un jour tout sera bien, voilà notre espérance;


Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion.

Un mérite de la poésie dont bien des gens ne se doutent pas, c'est qu'elle dit plus
que la prose, et en moins de paroles que la prose.

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