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La discrimination linguistique 

:
En dépit de travail acharné de quelques chercheurs spécialisés, la question de
discrimination linguistique reste beaucoup ignorée, « on ne sait pas que ça
existe, on ne les voit pas » (Blanchet, 2017 :7), du coup, aucune attention n’est
accordée à ce sujet qui est, pourtant, très fréquent dans la vie quotidienne.
Blanchet parle de glottophobie englobant toute forme de discriminations
linguistiques de mépris, d’agression et de rejet envers d’autres formes
linguistiques. Le terme se termine par le suffixe phobie qui a plusieurs
signification selon son champ d’étude ; dans le champ psychologique la phobie
peut être rattachée à la peur comme : l’homophobie (focalisée sur des aspects
sexuels), la xénophobie (focalisée sur des aspects identitaires et culturels et
souvent corrélée à la glottophobie), ou l’islamophobie (toutes deux focalisées
sur des aspects religieux). Dans le champ sociologique le suffixe phobie ne
possède pas que le sens de peur, il peut avoir d’autres signification bien que la
peur de l’autrui soit un facteur principal qui peut déclencher le sentiment de
l’insécurité et de discrimination (Blanchet, 2017 :29). La glottophobie est, donc,
le rejet et l’exclusion des personnes qui sont stigmatisées et condamnées en
fonction de leur différence linguistique où on juge illégal et inférieur toutes les
autres formes linguistiques utilisées par ces personnes-là (Blanchet, 2017 :29).
On est dans un phénomène de minoration qui se nourrit de la condamnation, du
mépris et de la stigmatisation d’une pratique sociale ou d’un groupe humain afin
de le marginaliser, le discriminer, l’exclure, et l’éliminer socialement. Nous
avons deux types de minorisations :
1. Le processus quantitatif de minorisation consiste à faire en sorte que ces
pratiques et ces groupes humains deviennent ou soient maintenus en
nombre le plus inférieur possible à d’autres pratiques et groupes, afin de
les marginaliser, les discriminer, les exclure, voire les éliminer, y compris
en faisant jouer l’argument « démocratique » de la minorité face à une
majorité. (Blanchet, 2017 :30).
Mais le processus clé est celui de minoration (qualitative) : le groupe
minoré est celui qui est quantitativement majoritaire. Il ne possède aucun
pouvoir social, culturel, économique, politique lui permettant de modifier
le processus de minoration. Les exemples sont très nombreux à ce sujet :
Dans notre univers, les personnes « noires » sont plus nombreuses que les
personnes dont la peau est « blanche ». Pourtant, le racisme est exercé à
l’encontre de personnes « noires ». Ceux qui utilisent les variantes
populaires et locales sont quantitativement majoritaire que ceux qui
parlent les formes « standard » et « correctes » « mais les variétés usitées
par une minorité restent une norme imposée à la majorité qui parle
autrement » (Blanchet, 2017 :30).
Le processus de minoration présuppose l’existence d’un processus de
majoration, « pour minorer une pratique sociale (par exemple une pratique
linguistique) et/ou une communauté sociale (par exemple les utilisateurs d’une
certaine langue ou façon de s’exprimer), il faut nécessairement en majorer au
moins une autre » (Blanchet, 2017 :31). Si la minoration est définie comme un
processus d’infériorité, il s’avère que la majoration est, par contre, celui de
supériorité, c’est-à-dire quelque chose qui est perçu comme supérieur par
rapport à autre chose.
La notion de glottophobie implique l’existence de la glottophilie
(l’attachement très fort à une et parfois plusieurs variétés linguistiques) qui
conduit souvent à une véritable glottomanie : la survalorisation, voire la
sacralisation, d’une ou plusieurs variété(s) linguistique(s), langues distinctes ou
façon de parler une langue par rapport à d’autres. Ce sentiment de glottomanie
implique la présence de la glottophobie, « à chaque fois qu’on survalorise, qu’on
révère quasi religieusement, une langue ou une façon de parler, on en dévalorise
(on en minore) d’autres, même implicitement » (Blanchet, 2017 :31). Les
désignations qu’on accorde à la langue française comme langue « claire »,
« élégante » et langue « de la pensée » témoigne du sentiment de la glottomanie
qui dérive de la glottophobie, par opposition aux langues dites
« inférieures » , « moins claires » « moins élégantes » et qui sont incapables
d’exprimer un discours universel comme les langues africaines, langues des
immigres et les dialectes qui ne méritent même pas le statut de langue (Blanchet,
2017 :31). La glottophobie se nourrit des représentations sociolinguistiques,
autrement dit, la manière dont les locuteurs jugent et perçoivent les pratiques
linguistiques. Ces locuteurs jugent, catégorisent et attribuent des valeurs et des
significations aux variétés linguistiques (Blanchet, 2017 :34). Blanchet donne un
autre grave exemple de discrimination « Dans un contexte similaire en Corse en
juin 2015. Des institutrices d’une école bilingue ont préparé leurs élèves à
chanter Imagine de John Lennon en plusieurs langues (français, corse, arabe,
anglais et espagnol) pour la kermesse de fin d’année de l’école. Plusieurs
parents ont protesté contre le fait d’y inclure l’arabe. Ils ont menacé de perturber
la kermesse et proféré des menaces de mort y contre les enseignantes. Cela s’est
passé dans un village où les habitants d’origine maghrébine sont en nombre
important. La kermesse a été annulée ». Le recteur de l’académie a montré son
soutien aux enseignants en condamnant ce genre d’actes qui s’opposent aux
valeurs représentées par l’école, ils ont procédé à déposer plainte contre les
menaces à mort à l’encontre des enseignants, mais pas pour la discrimination
contre les arabophones. On est dans un contexte islamophobe qui se nourrit des
idiologies des nationalistes xénophobes qui rejettent « non seulement la langue
arabe, mais aussi et surtout ceux qu’on appelle à tort le plus souvent « les
Arabes » (en fait les Maghrébins et Français d’origine maghrébine) et, au-delà,
les Musulmans et leur religion » (Blanchet, 2017 :98).
En pleine la colonisation, Jules Ferry a fondé en 1882, le système éducatif
français, toutes les orientations pédagogique sont puisées d’un projet colonialiste
sous le régime de la « terreur » où on a opté au remplacement de tout usage des
autres langues par la langue française. « Cette « méthode » a eu un large succès
et a été rééditée pendant plusieurs décennies dans l’ensemble des territoires
français européens et d’outre-mer, colonies intérieures et colonies extérieures.
Elle a très vite été pratiquée de façon absolue avec une interdiction totale
d’employer une autre langue que le français en classe, assortie d’humiliations,
de punitions avilissantes et violentes » (Blanchet, 2017 :70). Ce qui a provoqué
des situations très discriminantes vis-à-vis des enfants à qui on a interdit
d’utiliser d’autres langues, mis à part le français normatif qui est fortement
favorisé à l’école, les autres énoncés, appartenant au registre familier ou
argotiques, doivent être transposés en français standard, des attitudes qui
s’oppose à la liberté d’expression de l’apprenant à qui on impose des
expressions linguistiques relevant de la langue standard, toutes faites qu’il doit
utiliser en toute circonstance, sans prendre en considération le contexte et sa
motivation. Le programme scolaire valorise le registre standard et la notion de la
maitrise de la langue, la langue « correcte dans l’absolu » (Blanchet, 2017 :75).
Les autres registres sont bannis de respect, c’est-à-dire que le respect lui-même
ne concerne que ceux appartenant à une catégorie sociale dominante et qui ont
un prestige les distinguant des autres catégories. « Il a été montré un siècle plus
tard que la croyance selon laquelle on apprend mieux une langue quand on est
immergé dans l’usage exclusif de cette langue est une erreur induite par
idéologie et que c’est en général des usages plurilingues assumés qui favorisent
l’apprentissage des langues » (Blanchet, 2017 :74).
Dans le système éducatif français, la glottophobie et toutes les
discriminations qui s’ensuivent sont très fréquentant. En 2013, par exemple le
Conseil régional de Bretagne rappelle sous la direction du recteur de l’académie
Michel Quéré affirme que conformément à la politique linguistique du conseil
régional, l’affichage doit être bilingue, Quéré donne des explications à ce sujet :
« Je souhaite par ailleurs attirer votre attention sur la proposition d’afficher la
devise de la République en langue régionale. Or, le principe d’indivisibilité de
la République s’impose à toutes et à tous et doit trouver son affirmation dans
l’affichage de sa devise sur les édifices publics. Ce principe fondamental me
parait donc s’opposer à ce que la proclamation de la devise de la République,
qui contribue à l’affirmation de l’identité nationale, puisse être faite dans une
autre langue que celle de la République». (Blanchet, 2017 :78). Son discours
est formulé avec une précision qui lui donne un caractère d’incitation et non pas
autoritaire, il indique une discrimination linguistique en affirmant que l’adhésion
aux principes de la république ne peut se faire qu’en français et non pas dans
une autre langue régionales, ce qui s’oppose fortement aux principes liberté,
d’égalité et de fraternité que réclame la constitution française.
ACCENTS ET DISCRIMINATIONS : ENTRE VARIATION LINGUISTIQUE ET
MARQUEURS IDENTITAIRES
Jeanne Meyer

Le discours est considéré comme un facteur des pratiques scoiales, c’est un pricipe qui
permet l elaboration de l identité sociolangagiére « Facteur puisqu'il s'agit de
considérer le discours comme composant actif de l’interaction sociale, donc
de faire des pratiques discursives de réels espaces représentatifs de
comportements sociaux »33 L’accent et ses caractéristiques articulatoire pour Meyer posséde une
dimensiosn purement identiataire
33
Au niveau linguistique, la langue française est caractérisée par sa
variation, qu'elle soit d'ordre lexical, syntaxique, énonciatif ou même dans
son actualisation phonique : « La langue n'est pas monolithique. Nous ne
parlons pas de la même manière au bureau, sur un chantier, avec des
camarades, en public ou à la maison, en famille » (Léon, 2007 :4).
Cependant, bien que déclarée, cette hétérogénéité sociolangagière connaît
une hiérarchisation de valeur, et ce notamment lors de l'apprentissage du
français.
Il est assez remarquable qu'au travers de considérations pourtant ouvertes
sur les possibles variations du français en matière de prononciation, on ne
réfère dans l'apprentissage qu'à la variété perçue idéologiquement normée de
la langue. On préconise donc un apprentissage d'un français parfait. Et en
regard à cette considération idéalisante de la variété considérée norme, les
autres variétés sont considérées comme devant être réservées à une
utilisation entre pairs : 34
Les
jugements de valeurs émis à l'égard des prononciations perçues non-normées
confèrent à l'égard des locuteurs représentés des attitudes et comportements
agrégatifs / ségrégatifs en fonction de leurs pratiques.

Vi sa doimesion identitaire et communautaire L4ACCENT nous permet d’hierchiser les lcureurs


selon leur origiones liguistsiques territorieles voire socialees
L'accent
est utilisé par le locuteur comme un marqueur spontané ou conscient de son
identité, servant de véhicule aux différentes composantes que sont
notamment le genre, l'âge, la classe sociale, l'appartenance ethnique, etc. Par
le biais de l'accent, la perception phonique convoque un ensemble d'indices
identitaires qui permet non seulement de caractériser un locuteur dans sa
pratique sociale mais aussi qui renvoie plus largement un être social comme
représentatif d'une communauté.
L'accent devient ainsi un marqueur identitaire qui ne sert pas tant à
marquer une identité (le même) qu'à marquer une altérité (l'autre) 35

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la langue française comprend plusieurs accents mais seul un est à
pratiquer, les autres entrant dans des pratiques plus communautarisées et
potentiellement ségrégées. Les linguistes contribuent à la ségrégation de ce
qui varie, induisant qu'en matière de pratiques langagières, il y ait des
pratiques valorisantes/-ables à réinvestir et des pratiques non-valorisantes/-
ables à proscrire.
L ACCENT AVANT QU’ il soit li,guistiques, ila un aspect identitaire et social
Cette appartenance communautaire permet l'identification du
locuteur à un profil social3 par celui qui perçoit.
L &cccent contrue a l tran,smission d’un ceratin nombre d information indetiateire du locuteur il
permer a vrai dire la catégorisation scoale et hierachisante des individues
cette catégorisation
hiérarchisante peut s'étendre à la société où les accents perçus comme n'étant
pas la norme sont hiérarchisés et potentiellement discriminés. Le milieu
professionnel est posé comme révélateur de cet aspect. L'hypothèse de cette
recherche est qu'il existe une discrimination qui s'opère non pas par rapport
aux compétences professionnels des candidats mais par rapport à leur accENT
37
Etant donné la force identitaire de l accnet Ce qui fait que rejeter un accent c est rejeter indindivisu
voire une comunauté a qleulle il appartient une communauté dont le critère
de rassemblement peut aussi bien être d'ordre social que géographique,
ethnique que genré, etc. C’est un « un marqueur sonore d'identité. »

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Ainsi, travailler sur l'accent permet de travailler
conjointement sur le genre, sur l'appartenance sociale, sur l'appartenance
ethnique voire sur une localisation géographique de l'individu / de la
communauté et c'est aussi pouvoir travailler sur des critères discriminatoires
tels que l'origine, le sexe, l'apparence physique, l'appartenance à un
mouvement philosophique, syndical ou politique16.
La pratique langagière et l'individu social qu'elle symbolise ne sont pas
discriminés par leur dimension linguistique mais par la convocation d'une
évaluation de l'appartenance communautaire suggérée par l'accent. La mise
en place d'un procédé discriminatoire à l'égard de locuteurs hors-norme
permet l'éclairage d'une hiérarchisation de valeurs des communautés dont ils
apparaissent représentatifs.
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