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INTRODUCTION .............................................................................................................................. 3
LA POLLINISATION.......................................................................................................................... 3
Le processus de pollinisation ............................................................................................................. 3
Les réseaux trophiques ...................................................................................................................... 8
Rôles clé de la pollinisation entomophile pour la production agricole ........................................... 10
Lors du thème 2 « Abeilles et environnement », seront présentées les interactions des abeilles
domestiques et de l'ensemble des pollinisateurs, avec l'environnement.
Seront présentées toutes les interrelations existant entre les abeilles domestiques, les abeilles
sauvages, les plantes de culture et les plantes sauvages, mais également l’ensemble des acteurs de
territoire qui vivent dans le paysage agricole, que ce soient les agriculteurs, les apiculteurs, les
citoyens, et enfin les élus.
Au cours de la semaine les présentations vont permettre de construire une vision systémique du
paysage agricole au travers de trois sous thèmes :
- Un 1er sous thème va présenter le processus de pollinisation, comment il conduit à fournir un service
de pollinisation et son implication dans la production agricole.
- Le 2ème sous thème va s'intéresser à l'ensemble des éléments nécessaires au maintien des
pollinisateurs (l'abeille domestique ou pollinisateurs sauvages) dans leur environnement, c'est à dire
les ressources alimentaires, l'impact des pressions anthropiques et l'importance de l'hétérogénéité
de cet environnement.
- Enfin, la dernière partie de la semaine présentera la pollinisation au travers des interrelations entre
les acteurs, que ce soient les agriculteurs, les apiculteurs, les élus et les citoyens. Cela permettra
d’illustrer comment ces pollinisateurs, au travers des processus de pollinisation peuvent permettre
de recréer un lien entre les humains et leur territoire.
LA POLLINISATION
Le processus de pollinisation
Chez les plantes à fleurs un processus de reproduction s'accomplit par la production de graines qui
sont logées dans un fruit. Graines et fruit sont donc issus d'un processus en deux temps, un processus
de pollinisation et un processus de fécondation. La fleur est un organe qui est optimisé pour la
reproduction et qui est constitué de 4 pièces florales différentes qui sont insérées sur un petit organe
qui est le réceptacle.
Sur la figure suivante, est présentée une fleur dont les trois
premières séries de pièces florales ont été extraites. Il ne
reste donc plus que le pistil.
Un pistil s'organise en un ovaire. Cet ovaire est creux et abrite
des ovules. L’ovaire est surmonté d'un style et d'un stigmate.
Le stigmate a une fonction importante parce que c'est lui qui
va recevoir les grains de pollen.
Un grain de pollen arrive sur un stigmate. S'il y a
compatibilité, il va germer et va donner un tube pollinique qui
va descendre lentement dans le style pour pénétrer à
l'intérieur de l'ovaire et délivrer une spermatie au niveau de
l'ovule. Cette spermatie va assurer la fécondation et cela va
déclencher la production d'une graine et d'un fruit.
Mais il y a d'autres groupes animaux qui peuvent participer à la pollinisation par les animaux comme
les oiseaux et les chauves-souris, mais cela concerne des processus de pollinisation dans d'autres
régions du monde que dans les régions européennes
Les plantes pollinisées par les animaux offrent une ressource à leurs pollinisateurs. Deux ressources
principales sont connues.
La plus populaire c'est évidemment le nectar, un liquide
sucré qui est généralement produit par des petites
structures glandulaires qu'on appelle les nectaires mais
pas toujours.
Une fleur est un organe qui est optimisé pour maximiser la reproduction. Tout comme il existe un
appareillage nécessaire pour qu'un avion puisse se poser sur un aéroport tel que Roissy Charles de
gaule, cette pensée sauvage est un organe qui est optimisé pour assurer la réception d'une abeille.
Dans une inflorescence c’est-à-dire une tige modifiée qui porte des
fleurs, combien de fleurs doivent être ouvertes en même temps ? C'est typiquement une
problématique évolutive à laquelle toutes les plantes à fleurs sont confrontées. Si on ouvre beaucoup
de fleurs, on va être très attractifs pour les pollinisateurs, mais ces pollinisateurs vont avoir tendance
à visiter toutes les fleurs de la même inflorescence et donc faire beaucoup d'autopollinisation. Si on
ouvre peu de fleur on est peu attractif. Le nombre de fleurs ouvertes sur une inflorescence en même
temps est donc totalement optimisé par le gain d'attractivité et le besoin de minimiser les
autopollinisations.
La pollinisation a toujours intéressé les écologues, depuis Darwin, et historiquement, cet intérêt pour
la pollinisation s'est focalisé sur la spécialisation de cette interaction.
Cette vision où chaque plante a son pollinisateur et chaque pollinisateur a sa plante a été remis en
question dans les années 90 avec le développement de l'écologie des communautés.
En fait, en étudiant l'ensemble des plantes qui poussent à un endroit donné, l'ensemble des
pollinisateurs qui sont à cet endroit et l'ensemble des interactions qu'il y a entre ces plantes et ces
pollinisateurs, on s'est aperçu qu'en fait, la spécialisation était plutôt une exception que la règle et
que la règle était plutôt le généralisme.
Dès lors, des plantes sauvages vont fleurir avant ou après la culture en question et vont avoir un rôle
extrêmement important pour maintenir les populations de pollinisateurs de la culture, avant et après
la floraison de la culture.
On parle alors d'interaction indirecte entre ces fleurs sauvages et la culture car ces fleurs sauvages
en favorisant ces pollinisateurs de la culture ont un effet indirect positif sur la pollinisation de la
culture.
Ce type d'interaction indirect peut avoir lieu dans le temps comme dans cet exemple, mais il peut
aussi avoir lieu dans l'espace avec des habitats qui vont pouvoir fournir des ressources qui vont être
complémentaires aux ressources fournies par les cultures.
Est-ce que la pollinisation par les insectes est importante pour la production agricole ? En fait, parmi
les 100 plantes les plus communément utilisées en agriculture, 70 % de ces plantes dépendent des
pollinisateurs pour leur production.
Cette importance des insectes va dépendre du type de culture.
En fait il y aura certaines cultures qui dépendent
essentiellement des insectes et d’autres cultures comme le blé
ou le riz où on n'aura pas besoin des insectes pour leur
production.
Grosso modo, les insectes représentent 35 % de la production
mondiale agricole.
En fait, les graines et les fruits issus de la pollinisation par les insectes sont pourvoyeurs de très
nombreux micronutriments pour la santé humaine. Chez les cerises par exemple il y a de grandes
quantités d'antioxydants. L'huile de colza est riche en omégas 3 et omégas 6. Dans les pommes on
trouve du zinc, du magnésium. Et le cas le plus parlant est pour la vitamine C, 90 % de la vitamine C
consommée par les humains vient d'une graine ou d'une plante issue de la pollinisation par les
insectes.
Dans le cas du tournesol, on observe aussi cet effet, les fleurs qui ont accès aux pollinisateurs donnent
des graines avec un pourcentage d'huile beaucoup plus important.
Quels sont les pollinisateurs que l'on retrouve dans les cultures ?
On trouve une grande diversité de pollinisateurs allant des abeilles, des diptères, aux lépidoptères.
Dans des cas plus originaux, par exemple pour l'agave, c'est la chauves- souris qui est le principal
pollinisateur. Mais généralement ce sont les abeilles et les syrphes qui sont des Diptères, qu'on
trouve dans les cultures.
Pour une même culture, on va avoir une diversité de communautés. Par exemple pour le colza, on a
des parcelles avec quasiment que des abeilles et des parcelles avec quasiment que des diptères
autres.
Cette diversité dans la communauté de pollinisateurs va avoir un effet sur le service de pollinisation.
En général plus une communauté est riche en pollinisateurs, meilleur est le service de pollinisation.
Les pollinisateurs sont donc un déterminant majeur de la production agricole et il faut donc les
promouvoir dans les milieux agricoles.
Comment peut-on les manager ?
Les pollinisateurs sont très dépendants des éléments semi-naturels, type bois, haie ou friches.
Les pratiques agricoles ont aussi un impact important sur la présence des pollinisateurs dans les
cultures.
Cette étude montre que plus un paysage est géré
intensivement, moins l'abondance ou la richesse des
pollinisateurs retrouvés dans cette parcelle est faible.
En effet, plusieurs de ces pratiques ont un effet négatif sur les
abeilles comme les insecticides qui réduisent la survie des
abeilles ou les herbicides qui réduisent la quantité des
ressources florales dans le paysage. Généralement plus un
paysage est géré intensivement, moins il y a d'éléments semi-
naturels dans le paysage.
Les pratiques agricoles peuvent aussi modifier directement le
service de pollinisation. Par exemple pour le tournesol, on observe un effet des pollinisateurs que
lorsque la fertilité des sols est importante. En effet plus un sol est fertile plus il permet le
développement des graines issues de fleurs nouvellement pollinisées par les abeilles.
Quelles sont les interactions entre les plantes et les insectes pollinisateurs dans un territoire donné ?
Notamment on s'intéresse aux interactions spatio-temporelles donc le long d'une saison.
Elles sont basées essentiellement sur le besoin en ressources alimentaires qui est le besoin de ces
abeilles pour assurer leur survie. On parle à la fois des abeilles sauvages et des abeilles domestiques.
Dans les exemples qu'on va prendre, ce sont d'abord des exemples liés à des suivis d'abeilles
domestiques et puis on parlera des abeilles sauvages.
On travaille dans la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre qui fait 450 kilomètres carrés. Nos résultats
s'appuient sur ces données. C'est une plaine céréalière où on va avoir une sole en colza qui est
d'environ 8% et une sole en tournesol qui est de 10%. Pourquoi je cite ces deux cultures ? Parce
qu'elles sont assez emblématiques à la fois pour l'apiculture, pour l'abeille domestique, parce que ce
sont des cultures de masse qui vont nous permettre d'assurer une grande floraison et une bonne
production de miel. Et c'est aussi assez emblématique parce qu'il y a une homogénéisation du
territoire qui fait qu'il y a une perte de cette diversité végétale. On va le voir justement dans les
différents résultats.
Si on s'intéresse
maintenant à l'autre type
de ressource qui est la
ressource en pollen. Si le
nectar qui apporte le
besoin en sucre pour les
abeilles, le pollen apporte
les besoins en protéines.
Vous voyez sur le
graphique, toujours sur la
même période entre avril
et octobre, une
hétérogénéité beaucoup
plus importante avec une variation un peu plus forte et plus marquée des rentrées de pollen dans la
ruche, et notamment entre avril mai et ensuite mai -juillet où on a deux pics.
Ça c'est assez révélateur de périodes d'abondance et de périodes de disette. Donc au printemps, au
démarrage, à la sortie de l'hiver, on a des périodes d'abondance avec beaucoup d'essences semi-
naturelles de type ligneuses, jusqu'à 80% de ligneux, d'érables, de prunus, d'aubépine et que 15%
d'origine du colza. Donc finalement la culture fleurie qui nous intéresse apporte très peu de pollen
alors qu'elle apporte beaucoup de nectar.
Sur d'autres périodes par exemple en juin on a beaucoup plus d'origines polliniques qui viennent des
espèces adventices, des semi-naturelles herbacées qui sont d'ailleurs en voie de raréfaction et très
peu présentes actuellement dans les systèmes céréaliers.
Et ensuite, à la période estivale, la période de floraison du tournesol, on a une production de pollen
qui est globalement expliquée par des pollens de culture et en particulier du maïs.
Revenons sur notre site de recherches préféré, la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre. On étudie les
relations entre l'abeille domestique et les agrosystèmes sur cette zone. On peut s'apercevoir que
l'abeille domestique va avoir une alimentation très irrégulière dans le temps.
On s'est intéressé aux répercussions que pouvait avoir ce déficit entre offre et demande. Et on a
démontré que plus la colonie avait une déplétion alimentaire après le colza, donc plus la décroissance
est importante après le colza, moins il y avait d'ouvrières durant l'été, donc moins de force vive dans
les ruches pour par exemple faire du miel de tournesol durant l'été.
Donc ça c'est un constat qu'on a fait sur la zone
atelier et on est retourné au laboratoire pour
essayer de comprendre les mécanismes qui
pouvaient expliquer cela. On a carencé des
ouvrières en pollen pour voir l'impact. On
s'aperçoit que les ouvrières qui doivent être
nourrices au début de leur vie en développant des
glandes céphaliques et mandibulaires pour
nourrir les larves, ces ouvrières avaient des
capacités de nourrices réduites, les glandes
étaient moins développées. C'est un processus qui
peut expliquer ce qu'on a observé sur le terrain.
Puisque les ouvrières ont moins de capacité à
nourrir les larves, il y a moins de larves, donc
moins d'ouvrières adultes naissantes, c'est pour
ça qu'une dépression alimentaire au printemps va
enclencher un effet retard avec moins d'adultes durant l'été.
Jusqu'ici, nous avons parlé de qualité, de quantité des ressources alimentaires pour l'abeille
domestique. Mais ces ressources, nectar et pollen, peuvent être contaminées par des résidus de
pesticides. Et il y a un risque d'intoxication de l'abeille par ces résidus.
Alors, les risques liés à la présence de résidus d'insecticides néonicotinoïdes font débat depuis à peu
près 20 ans. Ces insecticides néonicotinoïdes ont été soupçonnés par les apiculteurs, au milieu des
années 90, d'entraîner des effets délétères sur les abeilles. En fait, les apiculteurs observaient des
dépopulations de ruches, notamment des ruches à proximité du tournesol pour une miellée de
tournesol. Et ils ne voyaient pas d'amas d'abeilles devant leurs ruches ou sur le plancher de la ruche.
Donc pas d'abeilles mortes, pas de cadavres. Ils ont donc soupçonné que les butineuses qui allaient
butiner le tournesol étaient exposées à de faibles quantités d'insecticides néonicotinoïdes et cela
entraînait leur non-retour à la ruche.
Il s'en est suivi presque 15 - 20 ans de travaux scientifiques. En fait les scientifiques se sont emparés
de cette hypothèse, comme quoi ces insecticides néonicotinoïdes, à faible dose, entraînaient des
effets sur les butineuses. Mais ils ont buté assez rapidement sur un problème technique qui n'est pas
trivial, qui est comment mesurer de façon fiable qu'une butineuse revient à la ruche ou pas.
Il a donc fallu développer une technologie qui sont des puces RFID que l'on colle sur le thorax des
butineuses, pour savoir, à chaque instant, si la butineuse est sortie ou à l'intérieur de la ruche. On
met des scanners à l'entrée de la ruche et à chaque fois que l'abeille passe sous le scanner, on a
l'heure exacte de son passage. Ainsi, on a pu savoir si des butineuses exposées à de faibles doses
d'insecticides néonicotinoïdes revenaient à la ruche ou pas. Grâce au développement de cette
technologie, on a pu montrer que de faibles doses de néonicotinoïdes comme le thiaméthoxam,
augmentaient par deux ou trois le nombre de butineuses qui ne reviennent pas à la ruche. S'en est
suivi d'autres études qui ont confirmé les effets de ces produits à faible dose sur la survie des
butineuses.
L'hétérogénéité, c'est quoi ? En fait derrière cette notion, ce mot un petit peu barbare, se cache une
notion très simple d'écologie qui est la notion de diversité : diversité dans les paysages en particulier.
Il faut savoir que les paysages agricoles ont été façonnés par des millénaires d'histoire. Les habitants
des villages, les agriculteurs ont façonné ces paysages à l'image de leurs besoins en ressources. Ils
ont gardé des haies parce qu'ils avaient besoin de bois, ils ont gardé des prairies parce qu'ils avaient
besoin de faire pâturer leurs animaux, leurs besoins de champignons, de fruits, d'osier et ainsi de
suite…
Ces paysages, au fil de l'histoire, notamment en Europe, se sont complexifiés, se sont diversifiés et
ont créé une hétérogénéité qui est à la fois une hétérogénéité spatiale, dans l'espace, une diversité
Quel est le lien entre la pollinisation et les acteurs d'un territoire ? Alors, il existe plusieurs éléments
de réponse.
Le premier, c'est qu'il faut réaliser que les écosystèmes et les sociétés humaines sont étroitement
liés parce que nous tirons l'essentiel de nos ressources des écosystèmes. Alors comment ? C'est à
travers des processus liés à l'activité biologique des espèces qui existent dans les écosystèmes, la
biodiversité, qui vont assurer des fonctions, nous fournissant des services, les services
écosystémiques, dont on va tirer des bénéfices. Et donc ces bénéfices vont participer à améliorer
notre bien-être. Et c'est exactement l'exemple du service de pollinisation, qui va jouer un rôle clé, un
rôle charnière entre d'un côté les pollinisateurs et de l'autre côté le bien être humain.
Et le deuxième élément de réponse, c'est que, on sait tous que la pollinisation est indispensable à
l'agriculture, à la production agricole, mais malheureusement on oublie trop souvent que 80 % des
plantes à fleurs, des fleurs qui nous entourent, sont pollinisées par les insectes et en particulier par
les abeilles. Alors ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les services de pollinisation ne concernent
pas que les agriculteurs et que les apiculteurs. Le service de pollinisation concerne l'ensemble des
acteurs d'un territoire concerné.
Ces acteurs, c'est qui ? Ce sont les habitants, les élus, les enfants. Donc à mon sens, il devient vraiment
urgent que ces acteurs puissent identifier les bénéfices qu'ils tirent des services, comme par exemple,
le service de pollinisation et qu'ils puissent ensuite identifier la valeur qu'ils donnent à ce service-là.
Et ça c'est une étape extrêmement intéressante et très importante. C'est cette étape-là qui va
permettre leur participation, qui va favoriser leur participation dans la gouvernance des territoires.
Au côté des politiques publiques comme la trame verte et bleue, le plan de préservation des
pollinisateurs.
Cette interaction-là, cette interdépendance entre d'un côté les systèmes écologiques et de l'autre
côté les systèmes sociaux, c'est ce qu'on aborde actuellement dans le cadre conceptuel des socio-
écosystèmes. Et notamment pour répondre à la question, comment les sociétés humaines vont
réussir à apporter des solutions, apporter des réponses au changement global ? Pour répondre à
cette question-là, les citoyens ont besoin de pouvoir apporter des solutions, par l'action notamment,
voir l'innovation, parce qu'on est dans un contexte d'incertitude. Et pour ça, il faut qu'ils aient, qu'ils
puissent exprimer leur propre opinion, qu'ils puissent exprimer leurs choix individuels ou collectifs,
mais des choix liés à un libre arbitre. C'est ça qui est très important.
Nous avons été contacté par le CNRS il y a quelques années maintenant dans le but d’installer un
rucher communal sur la commune et de choisir son emplacement. C’était la 1ère étape : choisir son
emplacement. Ils nous ont consulté en tant que professionnels pour trouver le meilleur.
Alors, le gros problème, c’était comment parfaire nos connaissances parce que ce n’est pas évident.
On s’est approprié plusieurs outils à travers des lectures, des conférences, des débats, des rencontres
avec des spécialistes, entre autres des entomologistes comme François Lasserre, Vincent Albouis
pour ma part, et puis des professionnels de la biodiversité de Sèvre Nature Environnement. Après,
très rapidement, on a eu envie de faire des choses positives et concrètes sur le territoire. Alors
lesquelles ? Par exemple, une journée rencontre entre les scolaires et un apiculteur car c’est bien là
que commence la sensibilisation, la plantation de haies pour recréer une dynamique dans le paysage,
et offrir un gite et couverts à toutes ces espèces qui souffraient parce qu’on les affamait finalement.
La plantation d’un verger communal aussi, autour du rucher, et là, ça a été une belle expérience : 80
personnes avec les scolaires, les élus, les espaces verts et les citoyens, 80 personnes de 8 ans à 80
La place du rucher dans la vie de la commune de Vouyer, elle est importante et elle est extrêmement
positive aussi parce qu’en fait, nous sommes 120 amis du rucher, c’est comme cela qu’on s’appelle,
même si on ne s’est pas vraiment baptisé. On est 120 à participer aux 2 extractions tous les ans, à
recevoir des mails des apiculteurs nous expliquant comment vont les ruches et ce qui s’y passe. Le
rucher en lui-même, c’est un lieu qui est très visité car il est dans le parc de la mairie, donc les écoles
viennent. C’est un but de visite de toutes les générations, et les gens sont très attentifs à la vie du
rucher parce que les citoyens, quand le rucher ne va pas bien, nous posent pleins de questions. Il a
été saccagé en 2015 et en fait, cela avait jeté un effroi sur la commune, les journalistes sont venus,
les passants m’ont arrêté pour me demander ce qu’il se passait et on s’est aperçu qu’il dégageait des
valeurs extrêmement positives. Et aujourd’hui, les élus considèrent le rucher comme un vrai
bâtiment communal, avec un numéro à appeler si ça ne va pas, des agents qui passent régulièrement
pour voir si tout va bien, pour l’entretenir.
Sur la commune, cela nous a permis de rencontrer les gens du Conseil que l’on ne connaissait pas.
On arrivait juste sur la commune donc on ne connaissait pas le Conseil. Toi Christelle, tu t’es plus
occupé de la partie gestion avec l’école, le baptême des ruches, toujours en lien avec l’école. Depuis
notre engagement, on fait la fête des abeilles tous les ans avec eux, on prête notre matériel pour
extraire le miel de la commune. On essaie d’innover un peu tous les ans. Cette année, on a demandé
s’il y avait des volontaires, enfants, adultes, pour venir enlever les hausses et aller extraire. On était
5-6 personnes volontaires qui sont venus enlever les hausses et après récolte. On a fait aussi des
ateliers autour du miel : fabrication de sucettes, limonade au miel, des petites tartines pain-miel.
Il y a toujours ce retour qui se fait, même si ce n’est pas encore sur le projet de l’école. Il y a toujours
une continuité et il y a un respect de ramasser un insecte qui est à l’intérieur et le mettre à l’extérieur.
Il y a ce travail, ce respect que j’espère donner aussi à mes petites sections que j’ai cette année.
Ce qui est intéressant avec « Mon village, espace de biodiversité », c’est que la démarche, quand elle
vous est proposé par le biais des écoles, elle vous est proposé déjà co-construite et testée presque,
et complètement organisée. Quand on est un jeune élu sur la biodiversité, on peut aller dans tous les
sens, rien est organisé, je n’ai pas reçu mon petit fascicule de déléguée à l’environnement quand je
Pour terminer, une belle aventure humaine, citoyenne et collective qui a été fédérée autour du
rucher, certes, mais qui a essaimé de façon tout à fait naturel pour ouvrir un champ des possibles
porteur d’espoir pour demain.