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Semaine 3

Semaine 3 – Pratiques apicoles 1


SOMMAIRE SEMAINE 3 – PRATIQUES APICOLES
CONDUITE DU RUCHER .................................................................................................................. 3
Introduction ....................................................................................................................................... 3
Visiter une ruche ................................................................................................................................ 3
Lève-cadres .................................................................................................................................... 3
Enfumoir et combustibles .............................................................................................................. 4
Almanach de l’apiculteur ................................................................................................................... 7
Rucher transhumant ou sédentaire ................................................................................................... 9

ÉLEVAGE ...................................................................................................................................... 10
Renouvellement du cheptel ............................................................................................................. 10
Témoignage : Thomas Verdière (Apiculteur professionnel – 63) ................................................ 11
Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)..................................................... 13
Produire des reines ...................................................................................................................... 13
Produire des essaims ................................................................................................................... 16
Diversité des pratiques ................................................................................................................ 17
Sélectionner ses colonies ................................................................................................................. 19
Diversité génétique et conservation ................................................................................................ 21
L'organisation de la sélection en Suisse........................................................................................... 22

PRODUCTION APICOLE ................................................................................................................. 25


La récolte du miel............................................................................................................................. 25
Témoignage : Antoine Sudan – ITSAP – Institut de l'abeille ........................................................ 25
Témoignage : Thomas Verdière ................................................................................................... 26
Témoignage : Françoise Sordillon ................................................................................................ 26
L’extraction du miel ......................................................................................................................... 26
Témoignage : Thomas Verdière – Apiculteur professionnel (63) ................................................ 28
Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)..................................................... 29
La production de gelée royale ......................................................................................................... 30

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CONDUITE DU RUCHER

Introduction

Cette semaine, nous allons aborder les pratiques apicoles : la manière dont il faut s'occuper d'une
colonie pour que la colonie se porte bien, pour qu'elle réponde aux attentes de l'apiculteur, et donc
idéalement pour qu'elle produise du miel.
On ira un peu plus loin aussi sur les pratiques d'élevage : l'insémination artificielle, la sélection des
colonies, un peu de génétique.
On aura l'occasion de suivre tout au long de la semaine le parcours de deux apiculteurs avec des
profils assez différents : Thomas Verdière qui est un apiculteur professionnel qui a plusieurs
centaines de ruches et Françoise qui est apicultrice de loisir qui possède quelques ruches. Deux
approches assez différentes de l'apiculture mais qui sont très complémentaires.
On va aussi illustrer cette semaine avec des exemples venus en dehors de nos frontières comment
on peut pratiquer l'apiculture ailleurs en Europe et voir les grandes similitudes, malgré tout, entre ce
qui se fait en France et ailleurs.

Visiter une ruche

Pour visiter une ruche, l'apiculteur va avoir un équipement particulier. Tout d'abord il doit utiliser un
enfumoir afin de pouvoir prévenir les abeilles lorsqu'il va visiter les ruches. Il a aussi un lève-cadre
qui permet de pouvoir décoller les éléments de la ruche. Et après, il a un équipement individuel, c’est-
à-dire une combinaison, des gants et un masque.
Lève-cadres

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Enfumoir et combustibles
L'enfumoir sert à l'apiculteur à
prévenir la ruche de son arrivée.
La fumée va créer une sorte de
panique dans la colonie, ce qui
va permettre à l'apiculteur de
pouvoir la visiter sans
forcément que les abeilles
fassent attention à sa présence.
Et donc éviter les risques de
piqures ou les risques de stress trop importants dus à la manipulation des cadres sur la colonie.
Alors il existe plusieurs combustibles qu'on puisse mettre dans l'enfumoir, beaucoup de combustibles
végétaux : des combustibles à base de luzerne, des combustibles à base de pin, des combustibles à
base d'aiguilles de pin, à base de lavande. On en trouve beaucoup dans le commerce. Mais beaucoup
d'apiculteurs ont leur propre technique, tout dépend de la fumée que l'on veut avoir, de l'odeur qui
peut être plus ou moins intéressante …
Il existe plusieurs types de combinaisons, la plus courante est la combinaison intégrale qui
couvre l'apiculteur de la tête aux pieds avec un voile qui permet une protection complète lors de ses
manipulations sur les ruchers. Vous avez des combinaisons qui sont un peu plus légères qui sont des
vareuses, donc en fait, juste le haut du corps qui est protégé ainsi que la tête par un voile. Dans le
cas de l'utilisation une vareuse, il est préférable d'utiliser un pantalon un peu ample afin d'éviter les
piqures, mais généralement ce type de protection est utilisé sur des ruches qui sont plutôt calmes ou
alors des manipulations qui ne dérangent pas trop les colonies.
Pour visiter une ruche, on allume notre enfumoir, nous enfumons la planche d'envol pour prévenir
la ruche que nous allons la visiter.

Puis nous commençons à enlever les éléments de la ruche : dans l'ordre, nous enlevons d'abord le
toit qui protège la ruche des intempéries, puis avec l'aide du lève-cadre, nous pouvons décrocher le
couvre cadre qui est situé entre le toit et le nourrisseur. Nous arrivons sur le nourrisseur, permettant
aux apiculteurs de nourrir la colonie en période de disette ou alors pour des opérations comme la

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création d'essaims ou l'hivernage. C'est un élément qui est laissé normalement constamment sur la
colonie et qui est plutôt utilisé au printemps pour stimuler les colonies ou à l'hiver pour leur
permettre de consommer des réserves pour éviter qu'elles meurent de faim.

Une fois que nous avons enlevé le nourrisseur, nous avons la


hausse. La hausse est un élément que nous venons rajouter au-
dessus du corps de la ruche et cet élément nous permet de
récolter le miel que les abeilles vont venir stocker durant la saison.

L'apiculteur vient placer entre le corps de la ruche et la hausse, une grille à reine. Ceci va empêcher
la reine de monter pondre dans la hausse lors d'une
période de miellée.
Si l'apiculteur met une hausse avant la miellée d'acacia
les abeilles vont remplir la hausse de miel d'acacia. Il
pourra ensuite la retirer et en mettre une nouvelle
sans miel à l'intérieur afin que les abeilles puissent
mettre un nouveau miel, que ce soit par exemple de la
lavande ou du châtaigner. De ce fait, l'apiculteur peut
réussir à faire plusieurs types de miels différents avec
la même ruche.
Alors il existe plusieurs types de grille à reine : ce sont des grilles
quadrillées qui laissent passer seulement les ouvrières et qui
bloquent les mâles faux-bourdons et la reine dans le corps de la
ruche. Le diamètre est simplement calculé pour que seulement
les ouvrières et les butineuses puissent monter dans la hausse. Et
que aucun autre individu de la colonie puisse le faire.

Une fois que l'apiculteur a ouvert la ruche et qu'il travaille sur le corps de ruche, la première
observation qu'il va faire, ce sont les inter-cadres d'abeilles. C'est là qu'entre chaque cadre il va

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pouvoir estimer à peu près la taille de la colonie, entre guillemets le ballon que forme le couvain, en
voyant les abeilles sur les têtes de cadres.
Une fois qu'il a fait cette
observation, il peut éventuellement
passer un léger coup d'enfumoir
afin de prévenir les abeilles qu'il va
à la ruche et là il utilise le lève cadre
qu'il passe entre les cadres pour
légèrement les décoller et pouvoir
les extraire tout doucement, avec
les mains, de la colonie.

Observation : il regarde la première face de


cadre, il peut voir soit les abeilles, soit le couvain,
soit les réserves. Il peut aussi trouver la reine.

Les visites de corps sont essentiellement faites au printemps et à l'hivernage pour limiter soit
l'essaimage, soit pour le traitement Varroa, soit pour estimer la population, le couvain ou alors les
ressources avant l'hivernage. Certains apiculteurs préfèrent contrôler la totalité des cadres présents
dans la colonie, sinon on peut simplement visiter les cadres de réserve et quelques cadres de couvain
afin d'avoir une idée globale de l'état de la colonie.
S'il n'y a pas de problème sanitaire visible, nous pouvons simplement arrêter la visite à quelques
cadres de couvain et un cadre de réserves. Si nous voyons qu'il y a un souci à la ruche par ex peu
d'abeilles, peu de ponte, absence de couvain, il faut faire une visite un peu plus approfondie et là, on
peut éventuellement se dire que nous retirons l'ensemble des cadres et que nous regardons
l'ensemble des cadres.

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Almanach de l’apiculteur
Voici la description d’une saison apicole, en partant depuis finalement le début d'une année civile.
Janvier Ça commence avec la fin de l'hiver, les jours qui vont rallonger un petit peu, les températures qui
vont monter et puis une activité qui va reprendre au niveau des entrées-sorties des abeilles. C’est-
à-dire qu'elles vont aller chercher à nouveau du nectar ou du miellat, du pollen pour les protéines et
puis bien sûr de l'eau.
Il y a bien entendu une différence de quelques semaines entre le Nord de la France et le Sud, avec
Février
dans le Sud une activité qui reprendrait plutôt fin du mois de janvier début du mois de février et dans
la moitié Nord au -dessus de la Loire, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait trop d'activité avant mi-
mars, début mars. Avec des différences bien entendu d'une année à l'autre.

Mars
PRINTEMPS

Deuxième étape, c'est la visite de printemps, l'apiculteur va profiter de conditions climatiques


parfaites, c’est-à-dire une température au-dessus de 15°C, pas de vent, pas d'orage (un temps
orageux peut aussi les déranger) et pas de pluie forcément. On profite de ces conditions-là pour
Avril pouvoir visiter ses colonies, c'est la première fois qu'on les ouvre depuis tout l'hiver finalement. Donc
on en profite pour faire un inventaire, on voit les colonies qui ont survécu. C'est normal qu'il y ait à
peu près 5 % de mortalité, on parle de mortalité naturelle. Malheureusement, depuis quelques
années il y a une mortalité un petit peu plus importante avec des variations d'année en année.
C'est l'occasion de se projeter déjà dans l'année qui va venir. Est-ce qu'il faudra fournir un effort plus
ou moins important pour compenser ces mortalités hivernales ? C'est aussi l'occasion pour faire un
bilan sanitaire des colonies qui sont toujours vivantes : est-ce que la reine est là ? est ce qu'elle est
Mai toujours vigoureuse ? est-ce qu'elle pond, la ponte a repris normalement ? Est-ce qu'il n'y a pas de
maladies du couvain, des abeilles adultes ? etc…
C'est aussi l'occasion de remplacer les cadres les plus anciens, qui sont noircis par le temps. Dedans
il y a des présences d'impuretés et éventuellement de produits chimiques qui vont en s'accumulant
donc on remplace chaque année environ un tiers ou un quart des ces cadres les plus foncés.
Juin Quelques semaines plus tard vont commencer les premières miellées c’est-à-dire des rentrées de
nectar ou de miellat en abondance. Souvent c'est corrélé avec une rentrée aussi de pollen et donc
un développement de la colonie. Cette période-là, comme je le disais, avec une expansion finalement
du nombre d'abeilles, c'est aussi l'occasion pour l'apiculteur de créer des nouveaux essaims pour
compenser les pertes hivernales notamment, ou pour se développer ou pour en vendre.
C'est aussi l'occasion de poser des hausses pour donner plus de place aux colonies. Elles vont pouvoir
stocker le miel en haut. Éventuellement, si la miellée est très forte et si les visites sont un peu moins
fréquentes pour l'apiculteur, on peut poser aussi deux hausses.
Au printemps, de mars jusqu'au début du mois de juin, c'est là qu'il faut être vigilant. Si la colonie
manque de place, à l'inverse, elle va être poussée à essaimer et c'est quelque chose que, en principe,
veut éviter l'apiculteur, puisque ça lui donne du travail en plus d'avoir à récupérer des essaims qui
seraient dans la nature et puis avoir une colonie qui a finalement perdu pratiquement la moitié de
sa population va produire moins de miel.

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Juin
ÉTÉ

Donc on passe maintenant à la récolte. Les récoltes vont être possibles finalement on va dire de mi-
mars jusqu'au mois d'aout en général, avec successivement miellée puis récolte, miellée puis récolte.
Juillet La récolte se fait quand on observe au niveau des cadres qu'ils sont operculés sur les 3/4 c’est-à-dire
que la colonie a extrait l'humidité qu'il y avait dans le nectar. Ça passe pratiquement de 80%
d'humidité à 17-18 %. C'est avec ce niveau d'humidité que les miels vont pouvoirs se conserver plus
facilement, plus longtemps.

On va passer maintenant après la récolte, logiquement à l'extraction. Il faut attendre le moins de


Août temps possible, surtout sur des miels qui ont une cristallisation très rapide, je pense au colza
notamment, qui peuvent solidifier dans les cadres et là cela va être très compliqué de l'extraire. Et
ensuite, bien entendu, vous pouvez passer à la mise en pot ou stocker ce miel dans des seaux, dans
des contenants plus grands, il y a aussi des fûts alimentaires de 300 kg.
Nous arrivons finalement vers la fin de la saison apicole, en général, les apiculteurs font leur dernière
récolte de miel. Donc là l'apiculteur en profite pour retirer les hausses, cela fera un volume moins
important à chauffer. Les abeilles vont stocker toutes leurs réserves pour l'hiver dans la partie du
corps, la partie en bas. Une fois qu'on a fait la dernière récolte on peut effectuer le traitement contre
Septembre
le Varroa destructor, cet acarien.

AUTOMNE

Nouvelle étape, maintenant on arrive à l'automne, vous avez l'occasion de retirer les traitements
contre le varroa, il ne faut pas les laisser trop longtemps dans la ruche. Là il faut être très vigilant,
Octobre
vous faites ce qu'on appelle une visite d'automne. C'est l'occasion à nouveau de regarder l'état
sanitaire de la colonie, est-ce que tout va bien, est-ce qu'il faut intervenir. Vous regardez aussi l'état
des réserves. On peut peser à ce moment-là les ruches, est-ce qu'elles ont suffisamment de réserves
pour l'hiver. Ça peut être l'occasion de regrouper deux colonies qui seraient très faibles. Une colonie
forte, avec des réserves je précise, a plus de chances de passer l'hiver, que deux colonies finalement
Novembre
avec peu d'abeilles pour chauffer leur volume. Ça peut aussi être l'occasion de resserrer les colonies
en leur mettant un volume moins important à chauffer.
Et c'est aussi l'occasion de réduire les entrées pour prévenir l'arrivée d'intrus, on va dire plus que de
prédateurs. Des intrus comme des souris les papillons sphinx à tête de mort.
Décembre
HIVER

Donc on arrive maintenant à la période hivernale, c'est une période beaucoup plus calme pour
l'apiculteur qui va en profiter pour ranger son matériel, nettoyer, entretenir sa miellerie, son
bâtiment de stockage. Il peut effectuer des réparations. Il va recycler ses cires pour en faire des cires
gaufrées pour introduire dans ses ruches l'année suivante. Il peut aussi en profiter pour entretenir
ses emplacements ou en trouver de nouveaux. Et puis, bien sûr s'occuper de toutes les démarches
administratives, la comptabilité et la déclaration obligatoire de ruches qui se fait dès la première
colonie qui est obligatoire pour tous les apiculteurs et qui s'effectue sur internet ou par papier entre
le premier septembre et le 31 décembre.

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Rucher transhumant ou sédentaire

Un travail essentiel de l’apiculteur est la recherche d’un emplacement. Il y a des cas de figures
différents :
 une apiculture dite sédentaire où l’apiculteur va poser ses ruches à l’année, il ne les bougera
pas. Il faut donc qu’il trouve des emplacements qui permettent aux colonies de trouver des
ressources tout au long de l’année
 une apiculture transhumante où l’apiculteur va bouger ses ruches en fonction des miellées,
d’où l’importance de trouver des emplacements permettant aux colonies de bien se
développer et de faire du miel pour l’apiculteur.

Cependant, il faut toujours veiller à respecter la réglementation locale. Pour cela il faut se renseigner
auprès de la préfecture ou de la DDPP de votre département, notamment lors des transhumances
pour les risques éventuellement sanitaires ou pour des risques liés à la population si on est dans une
zone urbaine. Dans la suite de la vidéo, vous allez pouvoir rencontrer 2 apiculteurs qui utilisent
chacun une de ces techniques : un apiculteur sédentaire et un apiculteur transhumant.

A1-On a fait le choix de déplacer les colonies car il y a un souci de rentabilité à la base car on
est dans une zone de montagnes donc les productions peuvent être irrégulières d’une année sur
l’autre et il y a le côté passionnel car j’adore déplacer mes ruches pour aller faire d’autres productions
de miel à travers d’autres régions. Ça nous permet d’avoir une gamme beaucoup plus large au niveau
de la vente en pots puisqu’on est dans une zone avec du tourisme.

A2-Mes 22 ruches sont au même endroit ; j’empile les hausses, je ne fais pas de
transhumance. J’ai la chance d’avoir des ressources mellifères toute l’année, sauf au mois d’aout où
c’est très sec mais je plante et je sème au mois de juin. Je récolte une seule fois, au mois d’aout. Des
fois, il y a 3 à 4 hausses qui sont empilées.

A1-Pour les emplacements d’hivernage, il y a des critères très importants car il y a un hiver à
passer donc l’orientation, l’humidité… vont être très importantes. Pour les emplacements de
transhumance, à la belle saison, on va avoir tendance à être beaucoup moins exigeant. C’est un travail
perpétuel parce que malheureusement, d’une année sur l’autre, il arrive qu’il y ait des emplacements
qu’on perde parce que les terres peuvent être vendues, parce qu’il peut y avoir des problèmes avec
le voisinage. On apprend aussi notre environnement donc on s’aperçoit avec les années qu’il y a des
emplacements qui parfois sont moins productifs que d’autres donc on essaie de changer de zone.
Parfois c’est compliqué parce que nous, on n’est pas originaire de la région donc on a eu un peu de
mal. Et on n’est pas dans une région très apicole au niveau professionnel et les gens n’ont pas
l’habitude de voir débarquer des gros ruchers et ils ont du mal à comprendre ce que l’on recherche.
Mais à force de relationnel et une fois qu’on a réussi une fois à poser à un endroit, cela rassure les
gens, les gens nous voient, ça fait bouche à oreille et on finit par avoir trop d’emplacement
maintenant par rapport à ce qu’on voudrait puisque tout le monde voudrait accueillir nos ruches chez
eux !
A2-Quand j’ai commencé ma 1ère ruche, on m’avait dit qu’il y avait déjà eu un apiculteur dans
le coin donc je les ai implantés là où il y avait eu l’ancien apiculteur ; Si j’avais à choisir un
emplacement, je regarde en 1er lieu la végétation, les grands arbres et les floraisons qui se succèdent.
Je ne veux pas déplacer mes ruches, je n’ai pas les outils pour déplacer mes ruches, j’aurais choisi un
endroit où elles seront sédentaires. Je regarde la végétation avant tout.

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A1-On a fait le choix de transhumer en pickup – remorque et la remorque est équipée d’une
grue parce que on est dans un milieu de montagnes donc on a beaucoup de devers, de pentes. Le
pickup s’avère être le meilleur outil pour nous, ici en montagnes, pour sa polyvalence et aussi comme
cette année avec des printemps très pluvieux qui nous cause des difficultés avec des sols fort
humides. Les ruchers sont en général constitués de 60 ruches, c’est ce qu’on peut mettre sur un
chargement de véhicule, ce qui nous permet aussi en travail humain, en une unité de travail. Avec
l’ouvrier, on gère à peu près 2 ruchers par jour donc environ 120 ruches au moment du printemps.
Généralement ce sont des paysans chez lesquels on pose des ruches. Il y en a qui sont très contents
de nous accueillir et qui nous débroussaillent même avant notre arrivée, ce qui nous permet
d’installer tranquillement les ruches, surtout les ruchers transhumants où on n’est pas à côté de la
maison donc on n’a moins la possibilité d’y aller. Il y a une relation qui s’établit avec ces agriculteurs,
surtout sur les transhumants où en fait, c’est la saison de l’apiculteur. On n’a pas trop le temps
d’échanger parce que nous, on est en pleine saison donc on est très occupé mais il y a un 2ème échange
qui se fait en hiver lorsqu’on remercie tous ces gens qui nous prêtent du terrain et on leur apporte
ce qu’on appelle le colis de miel pour les dédommager de l’emplacement. Souvent, comme on ne
pose par les ruches en ville mais en campagne, dans des coins reculés, peur eux, c’est la visite de
l’année, l’apiculteur, ça ponctue leur rythme de vie durant l’année. Il y a des secteurs comme la
lavande où les lavandiculteurs n’ont pas besoin des abeilles pour la production d’huile essentielle et
il faut payer très cher les emplacements. Généralement ça se négocie entre ½ et 1 kilo de miel par
ruche. C’est un vrai business et quand vous arrivez l’hiver pour payer votre emplacement,
généralement vous êtes reçu sur le seuil de la porte et on ne vous paye même pas un café ! Donc
c’est vrai que sur ce secteur, la relation est plus difficile et j’y prend moins plaisir.

ÉLEVAGE

Renouvellement du cheptel

Vous avez parfaitement compris à ce stade de la formation que tous les apiculteurs font face à des
pertes de colonies qui peuvent être très importantes.
En moyenne sur ces dernières années, on estime entre 10 et 20 % les pertes hivernales, donc le
nombre de colonies mortes chaque hiver.
A cela s'ajoutent les pertes de colonies en saison qui peuvent être quasiment équivalentes au fur et
à mesure de l'année. Donc dans tous les cas on est sur des niveaux de pertes qui sont très importants.
Et qui obligent l'apiculteur à créer des nouvelles colonies, à avoir une gestion de renouvellement de
son cheptel pour maintenir un nombre de colonies en production qui soit satisfaisant, qui
corresponde à ses besoins pour la production ou en tout cas ses besoins d'apiculteur pour produire
du miel.
On peut aussi aborder la notion de non-valeur. C'est une notion qui est valable pour les apiculteurs
professionnels essentiellement : ce sont des colonies qui sont vivantes mais qui n'ont pas un niveau
de production satisfaisant pour l'apiculteur et donc qui vont être considérées comme des non-valeurs

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et qui doivent faire partie des colonies à renouveler, à remplacer. Cela fait partie intégrante de la
gestion du renouvellement du cheptel d'un apiculteur professionnel de gérer ces non-valeurs.
Pour les colonies en production, il y a aussi un travail de remplacement des reines qui peut être fait
par certains apiculteurs professionnels ou sur des critères arbitraires. Par exemple, on choisit de
remplacer ses reines tous les ans. On estime qu'une reine au bout d'un an va être moins performante
et donc certains apiculteurs professionnels peuvent décider que toutes les reines d'un an ou deux
ans sont remplacées par des nouvelles reines. Ça peut être aussi plus du cas par cas : cette colonie-
là n'est pas intéressante ou non productive donc je vais décider de la remplacer.
Pour ces actions-là, il y a une grande variabilité dans les pratiques de renouvellement de cheptel.
Typiquement, quand on crée un essaim, on peut le laisser faire un remérage naturel, la colonie
nouvelle va faire sa propre reine tranquillement, naturellement. On peut aussi y introduire une
cellule royale, une reine vierge, ou une reine fécondée.
Cette diversité de pratiques, elle répond en fait, à un besoin d'adaptation à des aspects de saison
c’est-à-dire que certaines saisons sont plus favorables à certaines pratiques, et certaines pratiques
demandent une grande technicité. Donc l'environnement de l'apiculteur compte beaucoup. Et pour
un même apiculteur, maîtriser plusieurs techniques, cela peut s'avérer très utile puisqu'il va avoir à
faire face à différentes situations en fonction des années, en fonction des saisons, donc de pouvoir
se rabattre sur une solution ou l'autre, c'est toujours intéressant de maîtriser différentes pratiques.
Un point qu'il faut noter dans tous les cas, c'est qu'en cas de pertes très importantes, pertes de
cheptel exceptionnelles au-delà de 30 ou 40% de pertes, n'importe quel apiculteur va quand même
faire face à des difficultés assez majeures. Soit il a une trésorerie assez forte pour racheter du cheptel,
soit il va devoir ponctionner davantage sur ses colonies de production pour créer de nouveaux
essaims, et donc diviser des colonies qui sont censées partir en production, en faire des essaims pour
renouveler et avoir un nombre de colonies en production, plus tard, qui corresponde à ses besoins.
Mais ça pénalise sa saison de production puisque, s'il est amené à faire des essaims sur une colonie
plutôt que de la mener en production, c'est une colonie qui produira moins de miel. Donc, dans tous
les cas, le fait d'avoir des pertes assez exceptionnelles, ça aura un impact assez important sur une
exploitation apicole.

Témoignage : Thomas Verdière (Apiculteur professionnel – 63)


En fait on maintient notre cheptel par la production de reines. On élève à peu près un millier de reines
fécondées par an, qui vont nous servir à remplacer les reines dans le cheptel. Les remplacements se
font au mois de septembre qui est la meilleure période pour le renouvellement des reines, une fois
que la saison est finie. On change à peu près 75 % de nos reines dès la première année donc 75 % de
notre cheptel est âgé d'un an au maximum et pour les deuxièmes années, on garde les meilleures
pour la production de nos ruches à mâles qui vont produire les mâles pour pouvoir féconder les
nouvelles générations de reines.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 11


On produit aussi des essaims qui eux vont servir à remplacer les pertes hivernales, mais vont servir
aussi à être commercialisé puisque moi je pars du principe qu'une exploitation professionnelle pour
qu'elle soit viable, elle doit générer de l'abeille. Si vous ne générez pas de l'abeille, c'est qu'il y a un
problème au niveau de l'exploitation. Une partie de la production d'essaims, se fait naturellement au
printemps au moment de l'essaimage. On n'a pas de règles particulières, on a un travail qui est une
gestion qui se fait à la ruche, c’est-à-dire que chaque ruche est unique. Le fait d'élever des reines et
d'avoir plusieurs souches nous permet quand même d'avoir une certaine homogénéité, donc d'avoir
un cheptel qui a tendance à réagir de la même façon et d'avoir un travail qui est assez régulier. Mais,
ce n'est pas parce qu'on va tirer un essaim à une ruche qu'on va tirer un essaim forcément à la
suivante. Voilà, on adapte notre façon de travailler à chaque ruche. Nos essaims on les fait sur deux
cadres de couvain puisque le but, nous on ne cherche pas à viser de miellée avec nos essaims. Les
essaims qui sont produits, on leur demande juste de se développer pendant la saison pour être
opérationnels pour l'année d'après.
C'est ma compagne Stéphanie qui s'occupe de produire les reines. On va conditionner une ruche,
sans reine, pour lui donner l'envie d'élever des reines et pouvoir ainsi produire à peu près, je crois
que c'est aux alentours de 1200 1300 reines vierges par an que nous produisons. Une fois ces reines
produites, les cellules produites, on met ça en couveuse. Toutes nos reines vont naître en couveuse
et vont ensuite être introduites dans les nucléi ou les ruchettes. Et donc on travaille en reine vierges,
on ne travaille pas en cellules ce qui nous permet de marquer nos reines à l'introduction et d'être
ainsi sûrs à 100 % des reines qu'on va récupérer au niveau de nos nucléi.
Pour l'élevage, il y a des pratiques de base à connaître et après on va dire que l'élevage c'est la partie
la plus compliquée en apiculture parce qu'il y a beaucoup de facteurs qui vont intervenir, notamment
la saison, l'environnement, la façon de travailler, le but recherché. Si on veut élever 10 reines ou si
on veut comme nous élever plus d'un millier. Tout ça, ce sont des paramètres qui vont faire varier la
façon d'aborder l'élevage.
Moi j'ai appris en commençant à être ouvrier sur des exploitations. J'ai commencé à reproduire ce
que j'avais appris sur des exploitations et puis après avec le fil du temps et l'expérience, on adapte
sa façon de travailler à ce qu'on peut voir sur le terrain et à nos envies.
On fait partie aussi de l'Anercea (association nationale des éleveurs de reines françaises) qui organise
des journées d'études à l'automne et en hiver Et on s’y rend régulièrement afin d'échanger avec nos
collègues et c'est vrai que du coup on a tout un réseau de collègues à travers la France. Ce qui permet
aussi de voir que d'une région à une autre, il y a vraiment des façons différentes d'aborder l'élevage,
même si les bases au fond restent les mêmes.
Pour ce qui est des souches, vous pouvez les voir, elles sont juste derrière moi, on a des souches qui
viennent d'apiculteurs sélectionneurs chez qui on achète nos différentes souches.
On en fait rentrer une trentaine par année et sur cette trentaine, on va faire une notation. Il y en a
entre 3 et 5 qui vont sortir du lot chaque année. Et sur ces souches, on va élever notre millier de
reines qui vont servir à la production de notre cheptel.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 12


Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)
J’arrive à augmenter mon nombre de ruches tout simplement en ramassant les essaims de mon
rucher. Elles me connaissent, je pense, j'ai un rapport assez particulier avec mes abeilles, elles se
mettent dans des arbres à ma hauteur, je n'ai pas d'effort à fournir, juste à mettre un escabeau, ma
ruche et je récupère mes essaims comme ça.
Par contre, je m'aventure des fois, j'ai du temps de libre donc je m'aventure à faire des
dédoublements de ruche. Alors je fais un dédoublement de ruche en prenant du couvain d'une ruche
très forte, je prends un cadre de couvain de la ponte du jour, des réserves de miel et du pollen, donc
un cadre de pollen que je mets dans une ruche et je jette quelques abeilles dedans, en regardant
quand même qu'il n'y ait pas la reine, qu'elle reste dans la première ruche.
Cette ruche orpheline, je vais la mettre un peu plus loin, bien plus loin d'ailleurs et généralement cela
s'est révélé être un succès chaque fois.
Une fois que ça a marché, je l'isole dans le garage pendant 3 jours, bien sûr en la nourrissant un petit
peu. Et après cet isolement, je me permets de la mettre dans le rucher. Je pense qu'elles ont perdu
leurs points de repères et donc elles restent dans le rucher, elles ne retournent pas à leur point de
départ.
Il est arrivé que des voisins m'appellent pour ramasser des essaims, donc, je le fais volontiers, parce
que ça dépanne les voisins et puis moi ça me fait un essaim en plus.

Produire des reines

Pour commencer un élevage de reines, il y a différentes façons. Ici nous allons parler d'un starter.
L'objectif de la création d'un starter est de créer une ruche sans reine, c’est-à-dire orpheline, ce qui
va déclencher chez les abeilles un comportement d'élevage.
Comme méthode on choisit une colonie de départ dans laquelle on récupère un certain nombre
d'abeilles que l'on met dans une ruchette, que l'on va mettre dans un endroit au frais afin que les
abeilles se sentent orphelines et puissent démarrer l'élevage des cellules que l'on va mettre par la
suite le plus rapidement possible.
Le starter est composé d'un cadre de réserves, c’est-à-dire de miel, d'un cadre d'eau, comme cela
elles pourront utiliser l'eau pour élever les larves, d'un trou dans lequel on va insérer notre cadre
contenant les larves que l'on aura greffées et un cadre de pollen. On clôture ce starter par une
partition qui va permettre de partitionner la colonie sur 5 cadres dans la ruchette.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 13


Pour réaliser le greffage, on a besoin d'un certain matériel : un cadre qui va servir à porter les
barrettes que l'on mettra dans le starter, de barrettes, de portes cupules et de cupules.
Pour pouvoir greffer, il faut choisir un cadre de greffage dans une colonie, donc un cadre présentant
du couvain ouvert dans lequel on va choisir des larves du bon âge.
Donc là, comme vous pouvez l'observer, on voit un œuf et dans cette cellule, on peut voir une larve
au bon stade.
Donc il est important de sélectionner des
larves au bon stade pour qu'elles soient
prises en charge par les abeilles et pour cela
il existe une larve étalon, comme vous
pouvez le voir sur cette photo qui nous
montre la larve la plus petite à greffer et la
plus grande que l'on pourra récupérer.

Il existe différents outils qui vont


permettre de greffer : comme les
pickings, désaxés en inox, des pickings
chinois ou bien comme vous pouvez le
voir sur cette vidéo on peut également le
faire à l'aide d'un pinceau.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 14


Lorsqu'on a réalisé le transvasement des larves
dans nos cupules, sur deux barrettes, on peut le
mettre sur le cadre porte-barrettes et introduire
ce cadre dans notre starter de départ. Il est
important de le faire assez rapidement pour que
les larves soient prises en charge le plus
rapidement possible et donc que l'on ait un
meilleur résultat à la fin.
On va laisser ce starter la nuit dans un endroit
réfrigéré, au moins frais. On peut utiliser une cave
ou une pièce froide sans lumière et le lendemain,
on prend ce starter que l'on sort et on peut ouvrir
afin que les abeilles puissent sortir du starter.
On va laisser ce cadre où on a inséré les larves pendant 5 jours jusqu'à l'operculation complète des
cellules royales.
On a récupéré notre cadre avec nos cellules royales
qui ont été operculées, on va maintenant les mettre
dans une étuve ou dans une couveuse, cela dépend
du matériel qu'on aura à disposition.
Pour cela on va prendre chaque cellule et mettre des
bigoudis dessus qui vont permettre de protéger la
cellule et également de récupérer la reine une fois
qu'elle sera née.

Donc on a comme vous pouvez le voir un tiroir dans lequel on installe


tous les bigoudis puis par la suite on met ce tiroir dans une étuve.

L'étuve est à une température entre 34


et 35 °C et on a mis une température
d'alarme à 36° C pour ne pas que dépasse
cette température. Température à
laquelle les reines mourraient, elles ne
pourraient pas continuer de se
développer normalement.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 15


Produire des essaims

Après la production de reines, on va maintenant parler de la production d'essaims.


Pourquoi créer les essaims ? Il y a différentes possibilités pour créer des essaims et différentes
raisons. La première raison de la création d'un essaim est notamment d'augmenter son cheptel.
Ça va permettre à l'apiculteur de passer par exemple d'une ruche à deux ruches, mais aussi cela peut
vous permettre de lutter contre l'essaimage. La production d'essaim se réalise en général dès le
début du printemps au moment où les colonies vont se mettre à se développer.
Comment faire un essaim ? Au départ on va choisir une colonie qui nous intéresse ou pour laquelle
nous allons retirer des cadres de couvain.
Ici nous faisons un essaim dans une ruchette en
polystyrène, donc cela va nous permettre de confiner
notre essaim et de maintenir la chaleur de la grappe
d'abeilles.
Il y a différents matériels de base qui existent pour la
création d'essaims. Voici un exemple : on utilise un
cadre gaufré et une partition. Le cadre gaufré pour
permettre à notre petit essaim de s'agrandir, au fur et
à mesure qu'il va créer du couvain et une partition
comme son nom l'indique pour partitionner notre
ruchette et permettre à la colonie
de se développer à son rythme. On
pourra décaler cette partition,
rajouter des cadres et au fur et à
mesure.
Donc là, voici une cadre de miel que
nous introduisons dans notre
ruchette, un cadre de couvain ouvert, un cadre de couvain fermé, donc on voit la différence avec
notre cadre de couvain ouvert, c'est que les cellules sont operculées.
Cadre de miel Cadre de couvain ouvert Cadre de couvain fermé

Donc pour résumer, le cadre de miel, le cadre de couvain ouvert, fermé, le cadre fermé et la partition.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 16


Donc après avoir fait cet essaim, nous avons
deux choix. Soit, nous laissons notre
ruchette dans la colonie ainsi, et pour créer
une nouvelle reine, les abeilles vont rémérer
de façon naturelle, elles vont utiliser des
larves présentes dans notre couvain ouvert
et créer une reine.

Ou alors on peut introduire une cellule


royale operculée ce qui va nous
permettre un gain de temps
conséquent, on ne devra pas attendre
que la colonie élève une reine du début
à la fin, cela nous permet de
sélectionner la reine que l'on veut pour
cette colonie, et donc continuer par
exemple dans une sélection d'abeilles
productives de miel, continuer d'avoir,
à partir de souches, des colonies qui
produirons un peu plus de miel.
L'un des objectifs de produire des essaims est donc de maîtriser de manière artificielle l'essaimage
qui se produit notamment au moment du printemps quand les colonies se développent de plus en
plus. Le fait de retirer des cadres de couvain, de réserves et également des cadres d'abeilles vont
permettre à la colonie de départ de pouvoir continuer à se développer sans engager le processus
d'essaimage.

Diversité des pratiques

Donc, il existe deux types d'éleveuses, que l'on peut faire, une avec reine, ou sans reine.
Pour les éleveuses sans reine, on peut faire soit un essaim orphelin, soit une colonie orpheline. Ce
qui va différencier les deux c'est simplement la taille. L'essaim va être sur un moins grand nombre de
cadres de couvain que la ruche orpheline, que l'éleveuse orpheline.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 17


Quand on parle d'éleveuse avec reine, donc il y a deux façons également de voir ça, de manière
horizontale ou verticale. Quand c'est de manière horizontale, on peut utiliser une éleveuse simple,
donc ça ressemblera à une colonie avec un compartiment qui sera orphelin ou alors une éleveuse
dite double qui sera composée de deux colonies et d'une partie orpheline en son sein.
Pour ce qui est de la manière verticale, donc avec reine, il existe le Cloake, donc c'est une colonie sur
laquelle on va venir apposer une sorte de ruchette, il y aura la reine en bas et une partie orpheline
au-dessus. Il y a aussi la manière simple qui consistera à mettre simplement deux ruchettes l'une sur
l'autre, une ruchette avec une reine en-dessous et une ruchette sans reine au-dessus.
Maintenant on va parler de l'élevage de reines artificiel.
Il y a une manière simple comme on peut le voir sur le schéma. On choisit une ruche souche, sur
laquelle on va effectuer une opération de greffage. Après avoir greffé, on va mettre notre cadre dans
une éleveuse. De cette éleveuse, on sort notre cadre 10 jours après, quand les cellules seront
operculées et prêtes à naître. On va les mettre dans des essaims et les reines continueront de grandir
et pourront naître directement dans l'essaim.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 18


Il y a une pratique plus complexe, qui consiste à choisir une ruche souche, à réaliser l'opération de
greffage, à mettre notre cadre dans un starter après l'opération de greffage. Une fois que nos cellules
royales ont un jour ou deux, on va les mettre dans une ruche éleveuse. Au bout de 5 jours, lorsque
nos cellules sont operculées, on va les mettre en couveuse ou en étuve. Une fois que nos cellules
royales ont 10 jours, on va les mettre dans des nucléi de fécondation, sur notre site de fécondation
où seront présentes des ruches à mâles. Ces ruches à mâles permettront la fécondation de nos reines
et une fois que ces reines seront fécondées, on pourra les introduire dans un essaim.

Sélectionner ses colonies

Avec la création d'essaims et le renouvellement du cheptel, on arrive à maintenir le nombre de


colonies. On peut aller un peu plus loin, avec l'élevage de reines. L'élevage de reines, ça permet de
choisir la colonie sur laquelle on va élever et donc la colonie qui va être la mère de toutes les reines
que l'on va produire.
Cet élevage de reine, c'est une première étape de sélection car comme partout, une part importante
de la qualité des individus provient des gènes, de la génétique, des gènes transmis par les parents. A
partir du moment où on fait le choix de la colonie sur laquelle on va prélever des larves pour produire
des nouvelles reines, on choisit les reproducteurs qui vont produire la génération suivante, ça c'est
un premier travail de sélection.
C'est un travail qui peut être fait par n'importe quel apiculteur. Concrètement pour l'apiculteur c'est
trouver un critère donc des mesures que l'on peut faire sur ses colonies pour déterminer laquelle ou
lesquelles sont les plus intéressantes pour maintenir la qualité de son cheptel.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 19


Sur des critères d'intérêt très simples comme la production de miel, ça peut être assez basique, il
suffit de soupeser ses hausses et de voir quelle ruche a produit le plus de miel. Idéalement on peut
aller plus loin et donc peser à la miellerie en traçant bien, et donc savoir quelle colonie est la plus
productive et donc décider de faire de l'élevage sur celle-ci par exemple.
Après, un principe de base en sélection qui est valable partout, c'est qu'il faut comparer des choses
qui sont comparables, on ne peut pas comparer une colonie qui va produire fortement dans un
environnement où il y a des magnifiques miellées avec une colonie qui va se situer dans un
environnement beaucoup plus sec et qui va avoir une production très faible. Il faut faire attention
dans le travail de choix de la colonie de comparer des colonies, des reines qui vont être dans le même
environnement. Ça, c'est valable pour tous les critères qui peuvent être intéressants pour les
apiculteurs.
A l'heure actuelle, au-delà de la production, les critères qui intéressent beaucoup les apiculteurs, ça
va être des critères de comportement. Comme l'essaimage, on va plutôt sélectionner les colonies qui
ne veulent pas essaimer : même si l'environnement pousse à l'essaimage, donc à la création d'une
nouvelle reine, au départ de leur ancienne reine et d'une partie de la population, ce qui va entraîner
des colonies beaucoup moins productives parce qu'elles perdent une partie de leurs abeilles. On peut
sélectionner des colonies qui n'ont pas cette tendance à l'essaimage, on évite de perdre une partie
de l'outil de production. Donc ça c'est un critère d'intérêt fort pour les apiculteurs.
Après des critères de douceur, le fait de ne pas devoir trop enfumer, trop se protéger, ne pas être en
permanence agressé par les abeilles, la non agressivité qui intéresse beaucoup d'apiculteurs aussi,
c'est pour des raisons de confort de travail.
De la même façon, la tenue au cadre, c'est le fait que les abeilles bougent plus ou moins sur les cadres,
ce n'est pas uniquement lié à la douceur, mais ça donne une idée. Dans certaines colonies, quand on
ouvre, les abeilles font des grappes et ça devient difficile de lire, de visiter la colonie de voir ce qui s'y
passe, donc d'avoir des colonies qui tiennent mieux aux cadres, ça fait partie des critères qui
intéressent les apiculteurs.
Après, des critères de dynamique, des colonies qui démarrent vite au printemps vont être
intéressantes pour des apiculteurs qui veulent faire des essaims très tôt en saison ou avoir des
miellées précoces, donc cet aspect dynamique.
Et ce qui intéresse aussi les apiculteurs, ce sont des aspects de rusticité, donc le fait de passer l'hiver
correctement sans être trop supplémentées en nourriture et pareil, en saison, de supporter très bien
des trous de miellées. Pour des apiculteurs qui seraient dans des régions avec des périodes sans trop
de ressources, de ne pas avoir des colonies à nourrir, qu'elles puissent se débrouiller toutes seules,
ce sont des critères de rusticité qui intéressent de plus en plus d'apiculteurs.
Au niveau des perspectives, ce serait très intéressant pour la filière d'avoir des abeilles qui seraient
résistantes à varroa, aux maladies en général et particulièrement à varroa : se passer de traitement
chimique dans les colonies. Malheureusement, il existe des critères de sélection qui sont efficaces,
mais cela reste des stades accessibles uniquement par les laboratoires de recherche ou par les
apiculteurs qui auraient vraiment beaucoup de temps et beaucoup d'expertise à apporter puisque ce

Semaine 3 – Pratiques apicoles 20


sont des critères qui sont très complexes, très chronophage difficilement abordable par n'importe
quel apiculteur. Cela fait partie des travaux actuels de l'ITSA, par l'Institut de l'abeille et l'INRA,
travailler sur des critères qui soient plus simples, plus facilement utilisables par n'importe quel
apiculteur pour déterminer quelle colonie a un niveau de résistance intéressant et donc
éventuellement de pouvoir multiplier sur des colonies qui soient plus résistantes et donc limiter
l'utilisation de traitements.

Diversité génétique et conservation

Toutes les abeilles présentes en Europe sont de la même espèce, Apis mellifera. Pour autant, on
trouve un certain nombre de sous-espèces, initialement plutôt liées à la répartition, à la topographie
de l'Europe. Donc typiquement on va retrouver Apis mellifera ligustica, l'abeille italienne, l'abeille
jaune sur la péninsule italienne, bloquée par la barrière des Alpes. Apis mellifera iberica, qui est une
abeille présente en Espagne, bloquée par les Pyrénées et toute l'Europe du Nord, France comprise
c'était le territoire de Apis mellifera mellifera, l'abeille noire.
Ça a été a été fortement chamboulé depuis plusieurs dizaines d'années, notamment par des choix
politiques de privilégier certaines sous-espèces pas forcément originaires de la région dans certains
pays. Mais en France particulièrement, on peut constater maintenant que les sous-espèces qui sont
utilisées par les apiculteurs, même si l'abeille noire Apis mellifera mellifera est toujours très présente,
on observe une très grande diversité des sous-espèces.
Cela s'explique très bien, si on prend en 2017, par exemple on a eu près de 80 000 reines importées
du reste de l'Europe, à peu près autant d'Amérique du Sud. Donc sur un effectif de moins de deux
millions de colonies en France, on comprend assez vite que des importations aussi importantes ont
un impact forcément très fort sur la diversité génétique des abeilles présentes et particulièrement
sur l'hybridation des abeilles noires présentes historiquement sur le territoire.
Ces importations s'expliquent très bien par les besoins des apiculteurs qui souhaitent avoir des
abeilles adaptées à leurs attentes. Ils vont rechercher des caractères qui ne sont pas historiquement
présents dans l'abeille locale et plutôt que de sélectionner l'abeille locale, ils vont chercher tout de
suite le caractère de douceur par exemple, en important des colonies qui ont une réputation d'être
plus douces que l'abeille locale.
Ces besoins immédiats font que l'on privilégie fortement l'importation de colonies qui ne sont pas
forcément adaptées sur le long terme mais qui sont adaptées sur le court terme aux besoins
immédiats des apiculteurs.
Face à cette situation, il y a beaucoup d'associations qui se sont montées ces dernières années avec
l'objectif de protéger ou de promouvoir l'utilisation de l'abeille noire, avec un travail de conservation
de l'abeille noire, simplement. Etant donné qu'on ne maîtrise pas la reproduction des abeilles ou très
peu, cela nécessite d'avoir des grands territoires si on veut être certains que la reine qu'on produit à
un endroit, dont on est sûr qu'elle est issue d'une colonie noire, ne soit pas accouplée avec des mâles
d'origine autre. Cela nécessite d'être à peu près certain des colonies présentes dans un rayon assez

Semaine 3 – Pratiques apicoles 21


important autour du lieu de fécondation. Et donc ça impose d'avoir une très bonne concertation au
niveau du territoire pour être certain que tous les acteurs de la filière apicole partagent le projet.
C'est actuellement une des grosses difficultés que les acteurs de la conservation rencontrent.
Typiquement dans des zones où on va avoir à faire à de la transhumance, des apiculteurs qui ne sont
pas présents en permanence sur le territoire, mais qui vont vouloir venir pour faire des miellées qui
les intéressent de manière ponctuelle, des apiculteurs qui utilisent un autre type d'abeilles, pour le
travail de conservation, c'est une grosse difficulté pour mettre en œuvre des conservatoires qui
soient pertinents techniquement.
La réussite de ces actions de conservation représente un gros défi pour la filière dans les années à
venir.

L'organisation de la sélection en Suisse

Dans d'autres pays européens, si l'on veut comparer par rapport à ce que l'on connait en France, la
situation de la sélection peut être assez différente. Un exemple qui peut être assez intéressant, ça
peut être de regarder ce qui se passe en Suisse. La Suisse qui est juste à côté de la France mais avec
un contexte vraiment différent.
La filière apicole locale c'est surtout une filière d'amateurs parce que très peu d'apiculteurs
possèdent plus de 40 ruches, moins de 4 % des apiculteurs. La moyenne suisse, ça va être uniquement
de 10 colonies par apiculteur. Il va y avoir une très forte densité de colonies sur la surface du
territoire, c’est-à-dire qu'on va être à plus de 4 ruches par kilomètre carré ce qui est beaucoup plus
fort que ce que l'on a en France.
Donc ce contexte-là va impliquer des différences fondamentales sur l'organisation de la sélection, et
sur la gestion des risques sanitaires à l'échelle du territoire.

Les ruchers suisses traditionnels sont surtout de type


pavillon, c’est-à-dire qu'on va avoir des petits chalets dans
lesquels les ruches vont être disposées à côté les unes des
autres et l'apiculteur va retirer les cadres un à un depuis
l'intérieur de la structure.
Les entrées des différentes ruches sont très proches les unes
des autres, donc ce qui va avoir des conséquences sur le
sanitaire, sur l'évaluation de la performance des colonies.
Pour éviter que les butineuses se perdent trop, les entrées
des ruches vont être peintes de différentes couleurs afin
d'éviter la dérive.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 22


En Suisse, les apiculteurs élèvent principalement des abeilles de race carnica et des abeilles noires
de race mellifera. Cette dernière fait en particulier l'objet d'un programme de conservation avec des
structures dans les Alpes suisses, donc des zones dans lesquelles uniquement l'abeille noire peut être
élevée. L'élevage de ces deux races, la carnica et la mellifera va être conduit au sein d'organisations
apicoles qui vont regrouper différents apiculteurs et ce par région linguistique. Les régions
francophones, les régions germanophones principalement.
L'organisation va se faire par race, au niveau de la sélection et de la gestion des fécondations. Il y a
également quelques apiculteurs, en particulier les professionnels ou ceux qui ont plus de ruches qui
vont être inclus dans des démarches buckfast avec des réseaux à l'échelle européenne. En fait il y a
très peu d'apiculteurs qui sont investis pleinement dans la démarche de sélection. C'est 5 à 10% des
apiculteurs, les autres vont bénéficier du progrès génétique réalisé au sein du groupement.
Les différents organismes en charge de la sélection pour les races carnica et mellifera ainsi que les
apiculteurs buckfast au titre d'observateurs sont regroupés au sein d'Api-suisse qui est l'organisme
faîtier qui encadre les organisations en lien avec la sélection à l'échelle nationale.
La Suisse possède sur son territoire des avantages indéniables pour ce qui est de l'optimisation de la
fécondation pour l'abeille. Les alpes recouvrent une grande partie du territoire et permettent
d’aménager des stations de fécondation dans des vallées isolées. Le choix des sites est fait de manière
à ce qu'il n'y ait pas d'apiculteur à proximité afin de limiter au maximum l'introduction de mâles
étrangers dans l'espace de fécondation.
Ces stations de fécondation sont
ouvertes en général de début
mai jusqu'au mois d'août et sur
ces stations vont être apportées
des lignées à mâles qui ont été
sélectionnées par des
apiculteurs sur la base des
mesures effectuées des années
précédentes et où on a une
douzaine de ruches à mâles par
station de fécondation qui vont
apporter la génétique
sélectionnée.
Donc ces ruches à mâles vont
permettre de produire des mâles
d'origine sélectionnée avec
lesquels seront fécondées des
reines vierges. Les reines vierges
sont montées en station de
fécondation par les apiculteurs une fois écloses et au moyen de petits nucleïs de fécondation. Ce sont

Semaine 3 – Pratiques apicoles 23


des toutes petites unités dans lesquelles il va y avoir uniquement la reine et une poignée d'abeilles.
Afin de limiter les échanges de pathogènes, ces nucléi de fécondation ne doivent contenir ni couvain,
ni cire, simplement des petites amorces de cire gaufrée et les abeilles qui vont être utilisées doivent
être passées à travers des grilles à reine afin de filtrer tous les mâles qui pourraient venir polluer la
génétique de la station. Donc le nucléi est disposé en station, est nourri au candi, uniquement au
candi et non en miel, afin de tenir pour la durée totale de la phase des fécondations.
Une station de fécondation peut contenir simultanément jusqu'à 300
nucléi et donc potentiellement 300 reines. On peut avoir d'une part
des reines de production qui peuvent être produites par les
apiculteurs pour renouveler les reines de leur propre cheptel, ou
également les reines qui vont servir pour le schéma de sélection pour
le testage donc l'amélioration génétique de la race. L'amélioration de
l'abeille par le biais de ces stations va surtout concerner les
sélectionneurs, les groupements d'éleveurs locaux et par le biais des
mâles vont permettre à tous les apiculteurs des réseaux de profiter de
ce progrès génétique.
Donc chaque année des reines sont élevées à partir des meilleures lignées à disposition dans le plan
de sélection. Des reines filles vont être produites, elles vont être fécondées dans les stations de
fécondation puis réparties de manière aléatoire au sein d'un réseau de testeurs. Chaque testeur va
recevoir environ 12 reines qu'il va tester pendant une année en cours, à l'aveugle. Il n'aura pas
connaissance de l'origine des lignées et va faire cela dans un rucher de testage, dans un rucher qui
est dédié à cette activité.
L'année suivante, les meilleures reines à l'issue de cette phase de test vont être utilisées soit pour
produire les reines des ruches à mâles pour diffuser de la génétique par la voie mâle ou alors vont
être utilisées pour perpétuer la lignée et donc pour permettre d'avoir des reines de cette origine
génétique là pour les années à venir.
Lors du testage, l'apiculteur, au cours des visites de la colonie qui vont être effectuées du printemps
jusqu'à la fin de l'été, va évaluer la production en miel, la douceur, la tenue au cadre, l'essaimage ou
le non-essaimage et aussi des critères liés à Varroa qui sont en particulier les chutes naturelles de
varroa au printemps et les varroa phorétiques en été combiné avec le comportement hygiénique des
abeilles. Toutes ces mesures vont être transmises aux groupements de sélection. Ls données de
testage recueillies par les apiculteurs vont être analysées avec le système d'hybride qui est développé
par une université en Allemagne. C'est un programme qui permet de calculer des valeurs d'élevage
c'est à dire qui vont traduire la qualité des reines indépendamment de l'environnement dans lequel
elles auront été évaluées.
Ppour conclure, on voit que la sélection s'effectue de manière vraiment collective avec une
organisation par race, par langue sur des lignées qui sont connues et qui sont perpétuées, en
particulier sur la voie mâle et diffusées de cette manière-là aussi bien aux apiculteurs qui sont au

Semaine 3 – Pratiques apicoles 24


cœur du dispositif de testage et de sélection, que d'apiculteurs amateurs qui souhaitent améliorer le
niveau génétique de leur cheptel

PRODUCTION APICOLE

La récolte du miel

Témoignage : Antoine Sudan – ITSAP – Institut de l'abeille


Une fois que la miellée est passée et que nous savons que le miel est dans les hausses, que le miel
est operculé, nous allons récolter.
Pour ce faire, plusieurs techniques s'offrent à nous.
Soit nous utilisons des chasse-abeilles une sorte de couvre cadre percé avec un entonnoir que nous
allons placer entre la hausse et le corps de la ruche ou entre une hausse pleine et une hausse vide
que nous glisserons en dessous. Ceci va permettre aux abeilles qui sont dans la hausse pleine de
descendre soit vers le corps soit dans la hausse vide et d'ainsi libérer l'espace dans la hausse pleine.
Comme cela, quand l'apiculteur viendra chercher la hausse, il n'y aura plus d'abeilles à l'intérieur. En
fait, c'est un système anti-retour où les abeilles ne peuvent que sortir et ne peuvent pas rentrer.

Une fois qu'ils ont mis le chasse abeilles on attend généralement 24h. Une fois qu'il n'y a plus
d'abeilles dans la hausse, on récolte et les abeilles restent dans la ruche. Soit on laisse une nouvelle
hausse vide pour espérer faire une deuxième miellée, en fonction de la saison, soit on peut laisser
tout simplement la ruche sans hausse, par exemple pour une mise en hivernage.
Il existe cependant une deuxième technique, on peut utiliser un souffleur à feuilles afin de souffler
les abeilles des hausses. La technique est simple, nous enfumons légèrement la planche d'envol, nous
enlevons le toit, le nourrisseur, nous prenons la hausse, nous la mettons sur la tranche, soit sur la
ruche qui est à côté, soit nous fermons la ruche que nous sommes en train d'ouvrir, nous la posons
sur le toit. Nous soufflons les abeilles qui se trouvent entre les cadres de la hausse. Cette technique
est une technique plus rapide et qui prend moins de temps pour l'apiculteur que la technique du
chasse-abeille, mais c'est une technique qui peut aussi être assez violente pour des néophytes.
Pour récolter, il y a plusieurs façons de transporter les hausses pleines. Nous utilisons un camion
plateau, nous mettons un couvre cadre sous les hausses afin d'éviter que le miel coule sur le véhicule

Semaine 3 – Pratiques apicoles 25


et un chasse abeilles sur la pile de hausses pour que les abeilles qui restent encore dans nos hausses
puissent sortir et que les autres abeilles ne puissent pas venir pour piller.
Une fois que nous avons notre véhicule rempli de hausses, nous sanglons, nous les descendons à la
miellerie.
Arrivés à la miellerie nous déchargeons les hausses soit avec un élévateur soit avec la grue soit à la
main. Nous pouvons les stocker un certain temps avant extraction ou alors, nous pouvons les
positionner directement dans la miellerie en prévision de l'extraction qui se fait le lendemain par
exemple.
Témoignage : Thomas Verdière
Pour la récolte de nos ruches, en fait on utilise deux méthodes selon le moment, selon la météo,
selon l'endroit. On utilise le souffleur, un souffleur à feuilles qui nous permet de chasser les abeilles
des hausses et de pouvoir récolter rapidement. Pour ça il faut être à deux puisque tout seul c'est
relativement contraignant. On utilise aussi le chasse-abeilles, donc 24-48h après, nous passons et on
enlève, on récupère nos hausses qui sont vides d'abeilles. Après les hausses vont être chargées sur
le véhicule, on les charge sur des palettes sur le véhicule, ce qui nous permet, arrivés à l'exploitation,
de pouvoir décharger les hausses grâce au Clark et donc d'avoir un déchargement rapide arrivé sur
l'exploitation.

Témoignage : Françoise Sordillon


Alors, moi pour la récolte, je m'équipe d'une balayette tout simplement, mais j'ai quand même des
chasse-abeilles. La veille, je mets des chasses abeilles sur deux hausses, ça dépend si la ruche a deux
ou trois hausses. Donc dans un premier temps, là où j'ai les chasses abeilles on récolte très facilement,
il n'y a pas besoin de chasser les abeilles il n'y en a plus dans ces hausses-là. Pour le reste j'ai une
petite balayette, chaque cadre est sorti, je balaie mes abeilles je les enfume un peu, je les balaye et
je replace mon cadre dans une autre hausse, comme ça je remplis ma hausse et mon mari prend la
hausse quand elle est pleine, la met sur la brouette et direction la cuisine et généralement c'est le
lendemain qu'on fait l'extraction.

L’extraction du miel

La miellerie, c'est l'endroit où nous allons extraire le miel des cadres de hausses. Nous prenons nos
hausses. Certains apiculteurs aiment parfois peser les hausses, si elles sont numérotées avant
extraction, histoire de savoir à peu près combien de miel a produit la ruche.
Première étape de l'extraction, c'est la désoperculation. Nous faisons cela de façon manuelle avec un
couteau à désoperculer. Nous allons ôter la pellicule de cire que les abeilles ont mis sur les cadres de
miel, qui protège en fait le miel soit des poussières ou des variations d'humidité principalement. Dans
les grosses mielleries, d'autres type de désoperculation existent, comme des chaînes de
désoperculation où l'apiculteur va tout simplement poser le cadre et une machine va venir sabrer
directement les opercules de façon mécanique.

Semaine 3 – Pratiques apicoles 26


Une fois que nous avons désoperculé nos cadres, nous pouvons les stocker dans un bac à
désoperculer qui est en fait un bac en inox où nous allons stocker les cadres afin d'en avoir un certain
nombre pour nous permettre de remplir un extracteur.
Une fois que nous avons un certain nombre de cadres correspondant au nombre de cadres que nous
pouvons mettre dans l'extracteur, nous allons les mettre à l'intérieur et nous allons enclencher le
mécanisme qui va faire tourner par force centrifuge les cadres et extraire le miel des alvéoles.
Donc en fait à partir du moment où on va désoperculer le cadre, il se peut que le miel coule du cadre
d'où l'utilité d'avoir un bac à désoperculer où le miel va tomber dans le bac en inox et sera guidé soit
vers un autre bac récepteur qui pourra être relié à une pompe qui amènera jusqu'à un maturateur.
Sachant que les cadres seront vidés de la quasi-totalité de leur miel lors de l'extraction.
Il existe plusieurs types d'extracteurs : il existe des extracteurs manuels que beaucoup d'apiculteurs
amateurs peuvent utiliser, à 2 ou 3 cadres. Il existe des extracteurs électriques, beaucoup plus gros
qui sont utilisés généralement par les professionnels ou par les semi professionnels qui permettent
de passer beaucoup plus de cadres à l'heure et de travailler plus rapidement.

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Pour donner une image, l'extracteur ressemble à une grosse centrifugeuse.

Une fois que les cadres sont passés dans l'extracteur, que le miel est sorti des alvéoles, le miel est
filtré par différents tamis afin d'enlever les impuretés de cire et éventuellement les résidus de
propolis ou d'abeilles pouvant se trouver dans le miel.
Et après il faut le mettre dans un maturateur qui va
permettre au miel de se reposer, aux dernières
petites impuretés et aux bulles d'air de remonter à
la surface afin d'avoir un miel propre lors de la mise
en pot ou de la mise en fût.

Il nous reste dans le bac à désoperculer toute la cire que nous avons enlevé lors de la désoperculation.
Cette cire va être récupérée par l'apiculteur, et sera soit refondue directement et séparée des débris,
et du miel, soit sera passée dans une centrifugeuse pour enlever le miel pour le récupérer et le mettre
au maturateur. Et après la cire sera transformée en pain de cire qui pourra être soit revendue, soit
retransformées en feuille de cire pour être utilisée, par exemple, dans les cadres la saison prochaine.
Le temps de maturation du miel en maturateur dépend du type de miel et de l'humidité qu'il y a à
l'intérieur. Le maturateur permet de faire tampon et permet au miel de se reposer. Il faut faire
cependant attention que le miel ne cristallise pas dans le maturateur, sinon ça peut être compliqué.
Si vous utilisez un maturateur, par exemple, d'une tonne et que le miel fige à l'intérieur, vous risquez
de rencontrer de grosses difficultés afin de le mettre en pot ou le mettre en fût.
Généralement, les apiculteurs le laissent en maturateur entre 10 et 15 jours suivant le type de miel.
A la sortie de maturateur plusieurs choix s'offrent à l'apiculteur, soit une mise en pot afin de le vendre
au détail, soit une mise en seau ou en fût afin de vendre en vrac, ou de stocker pour pouvoir l'utiliser
ou le vendre un peu plus tard.
Témoignage : Thomas Verdière – Apiculteur professionnel (63)
Les hausses vont être stockées en miellerie en chambre chaude à 28°C dans une ambiance qui va être
déshumidifiée pour permettre de contrôler l'humidité du miel. On contrôle avec des réfractomètres

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pour être sûrs d'avoir un miel qui ne présente pas de risque de fermentation et qu'on pourra donc
stocker sur deux ans ou trois ans afin de le commercialiser.

Une fois les hausses arrivées à bonne humidité, on a une chaîne d'extraction intégrale qu'on va
utiliser, qui peut être conduite par une seule personne et qui nous permet de sortir jusqu'à une tonne
et demi de miel à deux tonnes par jour. C'est une chaîne d'extraction comme il y en a beaucoup
maintenant en France. On va mettre les cadres d'un côté, il y a une machine vibrante avec des
couteaux qui va permettre de désoperculer les cadres, avec un convoyeur de sortie qui va stocker
ces cadres, qui va permettre ensuite sur un extracteur à axe horizontal de vider cet extracteur juste
en tournant une manivelle, ce qui limite au maximum la manutention des cadres et donc permet
d'avoir un rendement maximum durant une journée d'extraction dans la miellerie.
Le miel sort de l'extracteur, il va partir dans ce qu'on appelle un spino, c'est un appareil qui va séparer
le miel et la cire et le miel va être repris par une pompe pour être expédié directement dans des fûts
de 140 l qui représentent à peu près 300 kg de miel. Ces fûts, ce sont des fûts alimentaires bien sûr
dans lesquels est stocké le miel, ça nous permet de reprendre ces fûts au clark et de pouvoir les
stocker dans la chambre froide.
Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)
L'extraction chez nous se fait le lendemain de la récolte. Ma miellerie à moi c'est ma cuisine, tout se
passe dans ma cuisine. J'ai du petit matériel d'amateur. Je commence à désoperculer sur la table de
la cuisine avec un bac que j'ai exprès. C'est moi qui désopercule et je mets dans l'extracteur, une fois
l'extracteur rempli, c'est mon mari qui s'occupe de tourner la manivelle.
C'est la dernière année puisque cette année nous avons investi dans un extracteur électrique parce
qu'on avait mis deux jours à extraire et c'était très fatigant. J'ai produit 285 kg. Une fois que le miel
est sorti de l'extracteur, on le filtre. Je mets un filtre, deux filtres par-dessus et je filtre tout mon miel.
Donc il sera filtré en tout 4 fois ce miel. Après c'est stocké dans des seaux de 40 l, on attend 8 jours
et à partir de 8 jours on peut mettre en pot.

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La production de gelée royale

Dans cette partie, nous allons maintenant vous présenter les techniques de production de la gelée
royale qui est une production à part entière développée au 20e siècle et qui nécessite en fait des
méthodes et des outils très spécifiques.
Rapidement, qu'est-ce que la gelée royale ? En fait la gelée royale est naturellement produite par les
jeunes abeilles appelées aussi nourrices. Lorsque la colonie n'a plus de reine, ou lorsque la reine est
trop âgée et qu'elle ne pond plus suffisamment, les nourrices vont gaver de gelée royale certaines
cellules avec une larve pour créer, pour développer une reine.
Vous voyez sur cette photo, un élevage naturel de reine où on a des cellules royales qui sont
entourées en rouge.
Lorsque ces dernières naîtront au bout de 16 jours, ces
abeilles, qui seront des reines, seront plus grosses et plus
longues et donc on pourra les différencier d'une abeille
classique.
C'est à partir de cette observation que les apiculteurs ont
vu la possibilité d'orpheliner une ruche et 3 jours plus tard
de récolter de la gelée royale sur les quelques cellules
royales qui ont été développées.
Cette observation a permis de définir le principe général de
la production de gelée royale qui nécessite de provoquer
un élevage royal et de récolter des cellules pour avoir le
maximum de gelée.
Depuis la production a été optimisée et rendue plus performante offrant aussi la possibilité aux
apiculteurs producteurs de gelée royale d'en proposer en cure aux consommateurs.
Quelle technique adopte-t-on pour récolter de la gelée royale
? Pour optimiser la quantité de gelée royale récoltée, le délai
est de 3 jours, 3 jours et demi maximum.
Pourquoi ce délai ? Parce qu’à 3 jours, la taille de la larve est
relativement petite par rapport à la quantité de gelée royale
sur laquelle elle repose dans la cellule. A deux jours vous aurez
une cellule royale avec une petite larve et un petit peu de gelée
royale seulement. Si vous dépassez le délai de trois jours à trois
jours et demi, vous aurez au final une larve très grosse qui aura
mangé la plus grande quantité de gelée royale qui est dans la
cellule. Donc à 4 jours c'est déjà trop tard, donc le délai, c'est
trois jours, trois jours et demi.

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Le principe de production de gelée royale, il peut s'appliquer à n'importe quel type de ruche. A partir
de ruche Dadant 10, on peut très facilement provoquer un élevage qui permettra d'avoir de la gelée
royale.
L'apiculteur va partitionner la ruche
de façon à créer une partie
orpheline de la ruche, c’est-à-dire
une partie où il n'y aura pas de reine.
L'apiculteur va prendre une ruche
basique et va mettre une partition
avec une grille à reine horizontale
ou verticale selon son choix, de
façon à ce que la reine ne puisse plus
passer dans la partie orpheline.
Dans cette partie orpheline l'apiculteur introduit des larves de moins de 24h greffées dans des
cellules royales et y amène les nourrices à élever sur ces cellules royales factices. Il retire ces cellules
royales 3 à 3 jours et demi plus tard pour en extraire la gelée royale produite et il recommence ainsi
de suite chaque semaine.
Pourquoi on met une partition avec une grille à reine ? Pour ne pas que la reine puisse passer de
l'autre côté. Tout simplement parce que si la reine venait à passer dans le côté orphelin, tous les
élevages démarrés seraient avortés par les abeilles et elles retireraient toutes les larves dans les
cellules royales. Il n'y aurait plus du tout d'élevage de reine et plus d'élevage de reine, plus de gelée
royale.
Voici deux exemples que l'on peut vous présenter de grilles à reine.
L'exemple de gauche est partiellement fermé, seul un espace permet aux abeilles de passer au milieu
de la partition alors que sur l'exemple de droite, vous avez cette fois ci une grille à reine verticale qui
va vraiment prendre toute la surface de la ruche.

Par-dessus vous pouvez voir qu'une autre grille à reine a été posée de façon à ce que la reine ne
puisse vraiment pas passer ni par le centre de la ruche, ni par le dessus.
On va maintenant reprendre toutes les étapes de production de gelée royale, depuis le greffage
jusqu'à la récolte.

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Pour commencer, il faut choisir un beau cadre
avec le maximum de jeunes larves juste écloses,
c’est-à-dire des larves écloses depuis moins de
24h. A moins de 24h elles sont à peine visibles
à l'œil nu.

A partir
de ces
larves, on
va les
greffer,
les déposer, dans des cupules en plastique prévues pour la
production de gelée royale. Les cupules sont ensuite fixées sur
des lattes en bois et ces lattes en bois sont mises sur un cadre
porte lattes qui va être placé ensuite dans la partie orpheline
de la ruche.

Trois jours à trois jours et demi plus tard, vous allez revenir ouvrir votre ruche du côté orphelin pour
récolter les lattes d'élevage royal.

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De retour à votre bâtiment, vous
allez devoir couper la cire qui
dépasse des cellules juste au-
dessus du niveau de la larve à
l'aide d'un outil tranchant de
qualité alimentaire. Cette étape
s'appelle l'étape d'arasage des
cellules.

Il faudra ensuite délarver la cellule,


cette opération consiste à enlever la
larve que ce soit de façon manuelle à
l'aide d'une spatule ou à l'aide d'un
aspirateur.

Une fois la larve enlevée, vous allez devoir extraire la gelée royale, soit là aussi de façon manuelle à
l'aide d'une spatule, soit par aspiration.
Dans les deux cas il faudra filtrer la gelée royale de façon à en extraire les éventuels petits bouts qui
pourraient rester, de façon à avoir la gelée la plus pure possible. Une fois la gelée royale extraite, il
faudra obligatoirement la placer au frais, la stocker constamment à température basse de façon à ce
qu'elle ne se dégrade pas au fil du temps. Nous avons vu que la production de gelée royale est une
production qui nécessite des gestes techniques mais facilement assimilables, avec de l'expérience,
ainsi que la tenue d'un calendrier de production régulier.

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