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ÉLEVAGE ...................................................................................................................................... 10
Renouvellement du cheptel ............................................................................................................. 10
Témoignage : Thomas Verdière (Apiculteur professionnel – 63) ................................................ 11
Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)..................................................... 13
Produire des reines ...................................................................................................................... 13
Produire des essaims ................................................................................................................... 16
Diversité des pratiques ................................................................................................................ 17
Sélectionner ses colonies ................................................................................................................. 19
Diversité génétique et conservation ................................................................................................ 21
L'organisation de la sélection en Suisse........................................................................................... 22
Introduction
Cette semaine, nous allons aborder les pratiques apicoles : la manière dont il faut s'occuper d'une
colonie pour que la colonie se porte bien, pour qu'elle réponde aux attentes de l'apiculteur, et donc
idéalement pour qu'elle produise du miel.
On ira un peu plus loin aussi sur les pratiques d'élevage : l'insémination artificielle, la sélection des
colonies, un peu de génétique.
On aura l'occasion de suivre tout au long de la semaine le parcours de deux apiculteurs avec des
profils assez différents : Thomas Verdière qui est un apiculteur professionnel qui a plusieurs
centaines de ruches et Françoise qui est apicultrice de loisir qui possède quelques ruches. Deux
approches assez différentes de l'apiculture mais qui sont très complémentaires.
On va aussi illustrer cette semaine avec des exemples venus en dehors de nos frontières comment
on peut pratiquer l'apiculture ailleurs en Europe et voir les grandes similitudes, malgré tout, entre ce
qui se fait en France et ailleurs.
Pour visiter une ruche, l'apiculteur va avoir un équipement particulier. Tout d'abord il doit utiliser un
enfumoir afin de pouvoir prévenir les abeilles lorsqu'il va visiter les ruches. Il a aussi un lève-cadre
qui permet de pouvoir décoller les éléments de la ruche. Et après, il a un équipement individuel, c’est-
à-dire une combinaison, des gants et un masque.
Lève-cadres
Puis nous commençons à enlever les éléments de la ruche : dans l'ordre, nous enlevons d'abord le
toit qui protège la ruche des intempéries, puis avec l'aide du lève-cadre, nous pouvons décrocher le
couvre cadre qui est situé entre le toit et le nourrisseur. Nous arrivons sur le nourrisseur, permettant
aux apiculteurs de nourrir la colonie en période de disette ou alors pour des opérations comme la
L'apiculteur vient placer entre le corps de la ruche et la hausse, une grille à reine. Ceci va empêcher
la reine de monter pondre dans la hausse lors d'une
période de miellée.
Si l'apiculteur met une hausse avant la miellée d'acacia
les abeilles vont remplir la hausse de miel d'acacia. Il
pourra ensuite la retirer et en mettre une nouvelle
sans miel à l'intérieur afin que les abeilles puissent
mettre un nouveau miel, que ce soit par exemple de la
lavande ou du châtaigner. De ce fait, l'apiculteur peut
réussir à faire plusieurs types de miels différents avec
la même ruche.
Alors il existe plusieurs types de grille à reine : ce sont des grilles
quadrillées qui laissent passer seulement les ouvrières et qui
bloquent les mâles faux-bourdons et la reine dans le corps de la
ruche. Le diamètre est simplement calculé pour que seulement
les ouvrières et les butineuses puissent monter dans la hausse. Et
que aucun autre individu de la colonie puisse le faire.
Une fois que l'apiculteur a ouvert la ruche et qu'il travaille sur le corps de ruche, la première
observation qu'il va faire, ce sont les inter-cadres d'abeilles. C'est là qu'entre chaque cadre il va
Les visites de corps sont essentiellement faites au printemps et à l'hivernage pour limiter soit
l'essaimage, soit pour le traitement Varroa, soit pour estimer la population, le couvain ou alors les
ressources avant l'hivernage. Certains apiculteurs préfèrent contrôler la totalité des cadres présents
dans la colonie, sinon on peut simplement visiter les cadres de réserve et quelques cadres de couvain
afin d'avoir une idée globale de l'état de la colonie.
S'il n'y a pas de problème sanitaire visible, nous pouvons simplement arrêter la visite à quelques
cadres de couvain et un cadre de réserves. Si nous voyons qu'il y a un souci à la ruche par ex peu
d'abeilles, peu de ponte, absence de couvain, il faut faire une visite un peu plus approfondie et là, on
peut éventuellement se dire que nous retirons l'ensemble des cadres et que nous regardons
l'ensemble des cadres.
Mars
PRINTEMPS
Donc on passe maintenant à la récolte. Les récoltes vont être possibles finalement on va dire de mi-
mars jusqu'au mois d'aout en général, avec successivement miellée puis récolte, miellée puis récolte.
Juillet La récolte se fait quand on observe au niveau des cadres qu'ils sont operculés sur les 3/4 c’est-à-dire
que la colonie a extrait l'humidité qu'il y avait dans le nectar. Ça passe pratiquement de 80%
d'humidité à 17-18 %. C'est avec ce niveau d'humidité que les miels vont pouvoirs se conserver plus
facilement, plus longtemps.
AUTOMNE
Nouvelle étape, maintenant on arrive à l'automne, vous avez l'occasion de retirer les traitements
contre le varroa, il ne faut pas les laisser trop longtemps dans la ruche. Là il faut être très vigilant,
Octobre
vous faites ce qu'on appelle une visite d'automne. C'est l'occasion à nouveau de regarder l'état
sanitaire de la colonie, est-ce que tout va bien, est-ce qu'il faut intervenir. Vous regardez aussi l'état
des réserves. On peut peser à ce moment-là les ruches, est-ce qu'elles ont suffisamment de réserves
pour l'hiver. Ça peut être l'occasion de regrouper deux colonies qui seraient très faibles. Une colonie
forte, avec des réserves je précise, a plus de chances de passer l'hiver, que deux colonies finalement
Novembre
avec peu d'abeilles pour chauffer leur volume. Ça peut aussi être l'occasion de resserrer les colonies
en leur mettant un volume moins important à chauffer.
Et c'est aussi l'occasion de réduire les entrées pour prévenir l'arrivée d'intrus, on va dire plus que de
prédateurs. Des intrus comme des souris les papillons sphinx à tête de mort.
Décembre
HIVER
Donc on arrive maintenant à la période hivernale, c'est une période beaucoup plus calme pour
l'apiculteur qui va en profiter pour ranger son matériel, nettoyer, entretenir sa miellerie, son
bâtiment de stockage. Il peut effectuer des réparations. Il va recycler ses cires pour en faire des cires
gaufrées pour introduire dans ses ruches l'année suivante. Il peut aussi en profiter pour entretenir
ses emplacements ou en trouver de nouveaux. Et puis, bien sûr s'occuper de toutes les démarches
administratives, la comptabilité et la déclaration obligatoire de ruches qui se fait dès la première
colonie qui est obligatoire pour tous les apiculteurs et qui s'effectue sur internet ou par papier entre
le premier septembre et le 31 décembre.
Un travail essentiel de l’apiculteur est la recherche d’un emplacement. Il y a des cas de figures
différents :
une apiculture dite sédentaire où l’apiculteur va poser ses ruches à l’année, il ne les bougera
pas. Il faut donc qu’il trouve des emplacements qui permettent aux colonies de trouver des
ressources tout au long de l’année
une apiculture transhumante où l’apiculteur va bouger ses ruches en fonction des miellées,
d’où l’importance de trouver des emplacements permettant aux colonies de bien se
développer et de faire du miel pour l’apiculteur.
Cependant, il faut toujours veiller à respecter la réglementation locale. Pour cela il faut se renseigner
auprès de la préfecture ou de la DDPP de votre département, notamment lors des transhumances
pour les risques éventuellement sanitaires ou pour des risques liés à la population si on est dans une
zone urbaine. Dans la suite de la vidéo, vous allez pouvoir rencontrer 2 apiculteurs qui utilisent
chacun une de ces techniques : un apiculteur sédentaire et un apiculteur transhumant.
A1-On a fait le choix de déplacer les colonies car il y a un souci de rentabilité à la base car on
est dans une zone de montagnes donc les productions peuvent être irrégulières d’une année sur
l’autre et il y a le côté passionnel car j’adore déplacer mes ruches pour aller faire d’autres productions
de miel à travers d’autres régions. Ça nous permet d’avoir une gamme beaucoup plus large au niveau
de la vente en pots puisqu’on est dans une zone avec du tourisme.
A2-Mes 22 ruches sont au même endroit ; j’empile les hausses, je ne fais pas de
transhumance. J’ai la chance d’avoir des ressources mellifères toute l’année, sauf au mois d’aout où
c’est très sec mais je plante et je sème au mois de juin. Je récolte une seule fois, au mois d’aout. Des
fois, il y a 3 à 4 hausses qui sont empilées.
A1-Pour les emplacements d’hivernage, il y a des critères très importants car il y a un hiver à
passer donc l’orientation, l’humidité… vont être très importantes. Pour les emplacements de
transhumance, à la belle saison, on va avoir tendance à être beaucoup moins exigeant. C’est un travail
perpétuel parce que malheureusement, d’une année sur l’autre, il arrive qu’il y ait des emplacements
qu’on perde parce que les terres peuvent être vendues, parce qu’il peut y avoir des problèmes avec
le voisinage. On apprend aussi notre environnement donc on s’aperçoit avec les années qu’il y a des
emplacements qui parfois sont moins productifs que d’autres donc on essaie de changer de zone.
Parfois c’est compliqué parce que nous, on n’est pas originaire de la région donc on a eu un peu de
mal. Et on n’est pas dans une région très apicole au niveau professionnel et les gens n’ont pas
l’habitude de voir débarquer des gros ruchers et ils ont du mal à comprendre ce que l’on recherche.
Mais à force de relationnel et une fois qu’on a réussi une fois à poser à un endroit, cela rassure les
gens, les gens nous voient, ça fait bouche à oreille et on finit par avoir trop d’emplacement
maintenant par rapport à ce qu’on voudrait puisque tout le monde voudrait accueillir nos ruches chez
eux !
A2-Quand j’ai commencé ma 1ère ruche, on m’avait dit qu’il y avait déjà eu un apiculteur dans
le coin donc je les ai implantés là où il y avait eu l’ancien apiculteur ; Si j’avais à choisir un
emplacement, je regarde en 1er lieu la végétation, les grands arbres et les floraisons qui se succèdent.
Je ne veux pas déplacer mes ruches, je n’ai pas les outils pour déplacer mes ruches, j’aurais choisi un
endroit où elles seront sédentaires. Je regarde la végétation avant tout.
ÉLEVAGE
Renouvellement du cheptel
Vous avez parfaitement compris à ce stade de la formation que tous les apiculteurs font face à des
pertes de colonies qui peuvent être très importantes.
En moyenne sur ces dernières années, on estime entre 10 et 20 % les pertes hivernales, donc le
nombre de colonies mortes chaque hiver.
A cela s'ajoutent les pertes de colonies en saison qui peuvent être quasiment équivalentes au fur et
à mesure de l'année. Donc dans tous les cas on est sur des niveaux de pertes qui sont très importants.
Et qui obligent l'apiculteur à créer des nouvelles colonies, à avoir une gestion de renouvellement de
son cheptel pour maintenir un nombre de colonies en production qui soit satisfaisant, qui
corresponde à ses besoins pour la production ou en tout cas ses besoins d'apiculteur pour produire
du miel.
On peut aussi aborder la notion de non-valeur. C'est une notion qui est valable pour les apiculteurs
professionnels essentiellement : ce sont des colonies qui sont vivantes mais qui n'ont pas un niveau
de production satisfaisant pour l'apiculteur et donc qui vont être considérées comme des non-valeurs
Pour commencer un élevage de reines, il y a différentes façons. Ici nous allons parler d'un starter.
L'objectif de la création d'un starter est de créer une ruche sans reine, c’est-à-dire orpheline, ce qui
va déclencher chez les abeilles un comportement d'élevage.
Comme méthode on choisit une colonie de départ dans laquelle on récupère un certain nombre
d'abeilles que l'on met dans une ruchette, que l'on va mettre dans un endroit au frais afin que les
abeilles se sentent orphelines et puissent démarrer l'élevage des cellules que l'on va mettre par la
suite le plus rapidement possible.
Le starter est composé d'un cadre de réserves, c’est-à-dire de miel, d'un cadre d'eau, comme cela
elles pourront utiliser l'eau pour élever les larves, d'un trou dans lequel on va insérer notre cadre
contenant les larves que l'on aura greffées et un cadre de pollen. On clôture ce starter par une
partition qui va permettre de partitionner la colonie sur 5 cadres dans la ruchette.
Donc pour résumer, le cadre de miel, le cadre de couvain ouvert, fermé, le cadre fermé et la partition.
Donc, il existe deux types d'éleveuses, que l'on peut faire, une avec reine, ou sans reine.
Pour les éleveuses sans reine, on peut faire soit un essaim orphelin, soit une colonie orpheline. Ce
qui va différencier les deux c'est simplement la taille. L'essaim va être sur un moins grand nombre de
cadres de couvain que la ruche orpheline, que l'éleveuse orpheline.
Toutes les abeilles présentes en Europe sont de la même espèce, Apis mellifera. Pour autant, on
trouve un certain nombre de sous-espèces, initialement plutôt liées à la répartition, à la topographie
de l'Europe. Donc typiquement on va retrouver Apis mellifera ligustica, l'abeille italienne, l'abeille
jaune sur la péninsule italienne, bloquée par la barrière des Alpes. Apis mellifera iberica, qui est une
abeille présente en Espagne, bloquée par les Pyrénées et toute l'Europe du Nord, France comprise
c'était le territoire de Apis mellifera mellifera, l'abeille noire.
Ça a été a été fortement chamboulé depuis plusieurs dizaines d'années, notamment par des choix
politiques de privilégier certaines sous-espèces pas forcément originaires de la région dans certains
pays. Mais en France particulièrement, on peut constater maintenant que les sous-espèces qui sont
utilisées par les apiculteurs, même si l'abeille noire Apis mellifera mellifera est toujours très présente,
on observe une très grande diversité des sous-espèces.
Cela s'explique très bien, si on prend en 2017, par exemple on a eu près de 80 000 reines importées
du reste de l'Europe, à peu près autant d'Amérique du Sud. Donc sur un effectif de moins de deux
millions de colonies en France, on comprend assez vite que des importations aussi importantes ont
un impact forcément très fort sur la diversité génétique des abeilles présentes et particulièrement
sur l'hybridation des abeilles noires présentes historiquement sur le territoire.
Ces importations s'expliquent très bien par les besoins des apiculteurs qui souhaitent avoir des
abeilles adaptées à leurs attentes. Ils vont rechercher des caractères qui ne sont pas historiquement
présents dans l'abeille locale et plutôt que de sélectionner l'abeille locale, ils vont chercher tout de
suite le caractère de douceur par exemple, en important des colonies qui ont une réputation d'être
plus douces que l'abeille locale.
Ces besoins immédiats font que l'on privilégie fortement l'importation de colonies qui ne sont pas
forcément adaptées sur le long terme mais qui sont adaptées sur le court terme aux besoins
immédiats des apiculteurs.
Face à cette situation, il y a beaucoup d'associations qui se sont montées ces dernières années avec
l'objectif de protéger ou de promouvoir l'utilisation de l'abeille noire, avec un travail de conservation
de l'abeille noire, simplement. Etant donné qu'on ne maîtrise pas la reproduction des abeilles ou très
peu, cela nécessite d'avoir des grands territoires si on veut être certains que la reine qu'on produit à
un endroit, dont on est sûr qu'elle est issue d'une colonie noire, ne soit pas accouplée avec des mâles
d'origine autre. Cela nécessite d'être à peu près certain des colonies présentes dans un rayon assez
Dans d'autres pays européens, si l'on veut comparer par rapport à ce que l'on connait en France, la
situation de la sélection peut être assez différente. Un exemple qui peut être assez intéressant, ça
peut être de regarder ce qui se passe en Suisse. La Suisse qui est juste à côté de la France mais avec
un contexte vraiment différent.
La filière apicole locale c'est surtout une filière d'amateurs parce que très peu d'apiculteurs
possèdent plus de 40 ruches, moins de 4 % des apiculteurs. La moyenne suisse, ça va être uniquement
de 10 colonies par apiculteur. Il va y avoir une très forte densité de colonies sur la surface du
territoire, c’est-à-dire qu'on va être à plus de 4 ruches par kilomètre carré ce qui est beaucoup plus
fort que ce que l'on a en France.
Donc ce contexte-là va impliquer des différences fondamentales sur l'organisation de la sélection, et
sur la gestion des risques sanitaires à l'échelle du territoire.
PRODUCTION APICOLE
La récolte du miel
Une fois qu'ils ont mis le chasse abeilles on attend généralement 24h. Une fois qu'il n'y a plus
d'abeilles dans la hausse, on récolte et les abeilles restent dans la ruche. Soit on laisse une nouvelle
hausse vide pour espérer faire une deuxième miellée, en fonction de la saison, soit on peut laisser
tout simplement la ruche sans hausse, par exemple pour une mise en hivernage.
Il existe cependant une deuxième technique, on peut utiliser un souffleur à feuilles afin de souffler
les abeilles des hausses. La technique est simple, nous enfumons légèrement la planche d'envol, nous
enlevons le toit, le nourrisseur, nous prenons la hausse, nous la mettons sur la tranche, soit sur la
ruche qui est à côté, soit nous fermons la ruche que nous sommes en train d'ouvrir, nous la posons
sur le toit. Nous soufflons les abeilles qui se trouvent entre les cadres de la hausse. Cette technique
est une technique plus rapide et qui prend moins de temps pour l'apiculteur que la technique du
chasse-abeille, mais c'est une technique qui peut aussi être assez violente pour des néophytes.
Pour récolter, il y a plusieurs façons de transporter les hausses pleines. Nous utilisons un camion
plateau, nous mettons un couvre cadre sous les hausses afin d'éviter que le miel coule sur le véhicule
L’extraction du miel
La miellerie, c'est l'endroit où nous allons extraire le miel des cadres de hausses. Nous prenons nos
hausses. Certains apiculteurs aiment parfois peser les hausses, si elles sont numérotées avant
extraction, histoire de savoir à peu près combien de miel a produit la ruche.
Première étape de l'extraction, c'est la désoperculation. Nous faisons cela de façon manuelle avec un
couteau à désoperculer. Nous allons ôter la pellicule de cire que les abeilles ont mis sur les cadres de
miel, qui protège en fait le miel soit des poussières ou des variations d'humidité principalement. Dans
les grosses mielleries, d'autres type de désoperculation existent, comme des chaînes de
désoperculation où l'apiculteur va tout simplement poser le cadre et une machine va venir sabrer
directement les opercules de façon mécanique.
Une fois que les cadres sont passés dans l'extracteur, que le miel est sorti des alvéoles, le miel est
filtré par différents tamis afin d'enlever les impuretés de cire et éventuellement les résidus de
propolis ou d'abeilles pouvant se trouver dans le miel.
Et après il faut le mettre dans un maturateur qui va
permettre au miel de se reposer, aux dernières
petites impuretés et aux bulles d'air de remonter à
la surface afin d'avoir un miel propre lors de la mise
en pot ou de la mise en fût.
Il nous reste dans le bac à désoperculer toute la cire que nous avons enlevé lors de la désoperculation.
Cette cire va être récupérée par l'apiculteur, et sera soit refondue directement et séparée des débris,
et du miel, soit sera passée dans une centrifugeuse pour enlever le miel pour le récupérer et le mettre
au maturateur. Et après la cire sera transformée en pain de cire qui pourra être soit revendue, soit
retransformées en feuille de cire pour être utilisée, par exemple, dans les cadres la saison prochaine.
Le temps de maturation du miel en maturateur dépend du type de miel et de l'humidité qu'il y a à
l'intérieur. Le maturateur permet de faire tampon et permet au miel de se reposer. Il faut faire
cependant attention que le miel ne cristallise pas dans le maturateur, sinon ça peut être compliqué.
Si vous utilisez un maturateur, par exemple, d'une tonne et que le miel fige à l'intérieur, vous risquez
de rencontrer de grosses difficultés afin de le mettre en pot ou le mettre en fût.
Généralement, les apiculteurs le laissent en maturateur entre 10 et 15 jours suivant le type de miel.
A la sortie de maturateur plusieurs choix s'offrent à l'apiculteur, soit une mise en pot afin de le vendre
au détail, soit une mise en seau ou en fût afin de vendre en vrac, ou de stocker pour pouvoir l'utiliser
ou le vendre un peu plus tard.
Témoignage : Thomas Verdière – Apiculteur professionnel (63)
Les hausses vont être stockées en miellerie en chambre chaude à 28°C dans une ambiance qui va être
déshumidifiée pour permettre de contrôler l'humidité du miel. On contrôle avec des réfractomètres
Une fois les hausses arrivées à bonne humidité, on a une chaîne d'extraction intégrale qu'on va
utiliser, qui peut être conduite par une seule personne et qui nous permet de sortir jusqu'à une tonne
et demi de miel à deux tonnes par jour. C'est une chaîne d'extraction comme il y en a beaucoup
maintenant en France. On va mettre les cadres d'un côté, il y a une machine vibrante avec des
couteaux qui va permettre de désoperculer les cadres, avec un convoyeur de sortie qui va stocker
ces cadres, qui va permettre ensuite sur un extracteur à axe horizontal de vider cet extracteur juste
en tournant une manivelle, ce qui limite au maximum la manutention des cadres et donc permet
d'avoir un rendement maximum durant une journée d'extraction dans la miellerie.
Le miel sort de l'extracteur, il va partir dans ce qu'on appelle un spino, c'est un appareil qui va séparer
le miel et la cire et le miel va être repris par une pompe pour être expédié directement dans des fûts
de 140 l qui représentent à peu près 300 kg de miel. Ces fûts, ce sont des fûts alimentaires bien sûr
dans lesquels est stocké le miel, ça nous permet de reprendre ces fûts au clark et de pouvoir les
stocker dans la chambre froide.
Témoignage : Françoise Sordillon – Apicultrice amateur (63)
L'extraction chez nous se fait le lendemain de la récolte. Ma miellerie à moi c'est ma cuisine, tout se
passe dans ma cuisine. J'ai du petit matériel d'amateur. Je commence à désoperculer sur la table de
la cuisine avec un bac que j'ai exprès. C'est moi qui désopercule et je mets dans l'extracteur, une fois
l'extracteur rempli, c'est mon mari qui s'occupe de tourner la manivelle.
C'est la dernière année puisque cette année nous avons investi dans un extracteur électrique parce
qu'on avait mis deux jours à extraire et c'était très fatigant. J'ai produit 285 kg. Une fois que le miel
est sorti de l'extracteur, on le filtre. Je mets un filtre, deux filtres par-dessus et je filtre tout mon miel.
Donc il sera filtré en tout 4 fois ce miel. Après c'est stocké dans des seaux de 40 l, on attend 8 jours
et à partir de 8 jours on peut mettre en pot.
Dans cette partie, nous allons maintenant vous présenter les techniques de production de la gelée
royale qui est une production à part entière développée au 20e siècle et qui nécessite en fait des
méthodes et des outils très spécifiques.
Rapidement, qu'est-ce que la gelée royale ? En fait la gelée royale est naturellement produite par les
jeunes abeilles appelées aussi nourrices. Lorsque la colonie n'a plus de reine, ou lorsque la reine est
trop âgée et qu'elle ne pond plus suffisamment, les nourrices vont gaver de gelée royale certaines
cellules avec une larve pour créer, pour développer une reine.
Vous voyez sur cette photo, un élevage naturel de reine où on a des cellules royales qui sont
entourées en rouge.
Lorsque ces dernières naîtront au bout de 16 jours, ces
abeilles, qui seront des reines, seront plus grosses et plus
longues et donc on pourra les différencier d'une abeille
classique.
C'est à partir de cette observation que les apiculteurs ont
vu la possibilité d'orpheliner une ruche et 3 jours plus tard
de récolter de la gelée royale sur les quelques cellules
royales qui ont été développées.
Cette observation a permis de définir le principe général de
la production de gelée royale qui nécessite de provoquer
un élevage royal et de récolter des cellules pour avoir le
maximum de gelée.
Depuis la production a été optimisée et rendue plus performante offrant aussi la possibilité aux
apiculteurs producteurs de gelée royale d'en proposer en cure aux consommateurs.
Quelle technique adopte-t-on pour récolter de la gelée royale
? Pour optimiser la quantité de gelée royale récoltée, le délai
est de 3 jours, 3 jours et demi maximum.
Pourquoi ce délai ? Parce qu’à 3 jours, la taille de la larve est
relativement petite par rapport à la quantité de gelée royale
sur laquelle elle repose dans la cellule. A deux jours vous aurez
une cellule royale avec une petite larve et un petit peu de gelée
royale seulement. Si vous dépassez le délai de trois jours à trois
jours et demi, vous aurez au final une larve très grosse qui aura
mangé la plus grande quantité de gelée royale qui est dans la
cellule. Donc à 4 jours c'est déjà trop tard, donc le délai, c'est
trois jours, trois jours et demi.
Par-dessus vous pouvez voir qu'une autre grille à reine a été posée de façon à ce que la reine ne
puisse vraiment pas passer ni par le centre de la ruche, ni par le dessus.
On va maintenant reprendre toutes les étapes de production de gelée royale, depuis le greffage
jusqu'à la récolte.
A partir
de ces
larves, on
va les
greffer,
les déposer, dans des cupules en plastique prévues pour la
production de gelée royale. Les cupules sont ensuite fixées sur
des lattes en bois et ces lattes en bois sont mises sur un cadre
porte lattes qui va être placé ensuite dans la partie orpheline
de la ruche.
Trois jours à trois jours et demi plus tard, vous allez revenir ouvrir votre ruche du côté orphelin pour
récolter les lattes d'élevage royal.
Une fois la larve enlevée, vous allez devoir extraire la gelée royale, soit là aussi de façon manuelle à
l'aide d'une spatule, soit par aspiration.
Dans les deux cas il faudra filtrer la gelée royale de façon à en extraire les éventuels petits bouts qui
pourraient rester, de façon à avoir la gelée la plus pure possible. Une fois la gelée royale extraite, il
faudra obligatoirement la placer au frais, la stocker constamment à température basse de façon à ce
qu'elle ne se dégrade pas au fil du temps. Nous avons vu que la production de gelée royale est une
production qui nécessite des gestes techniques mais facilement assimilables, avec de l'expérience,
ainsi que la tenue d'un calendrier de production régulier.