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Semaine 4

Semaine 4 – Santé des abeilles 1


SOMMAIRE SEMAINE 4 – SANTÉ DES ABEILLES
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 3
Les facteurs conditionnant l’apparition et la transmission d’une maladie infectieuse .................... 3
Du côté de l’hôte :.......................................................................................................................... 4
Facteurs environnementaux : ........................................................................................................ 4

LES ENNEMIS VIVANTS DES ABEILLES ............................................................................................. 6


L'acarien : Varroa destructor ............................................................................................................. 6
L'acarien : Tropilaelaps spp ................................................................................................................ 7
Le petit coléoptère des ruches : Aethina tumida .............................................................................. 7
Les loques........................................................................................................................................... 9
La nosémose à Nosema apis ............................................................................................................ 10
Les virus............................................................................................................................................ 11
Le frelon à pattes jaunes : Vespa velutina ....................................................................................... 12
Les mesures de lutte ........................................................................................................................ 13

TOXICOLOGIE ............................................................................................................................... 14
Introduction à la toxicologie de l'abeille.......................................................................................... 14
L'approche toxicologique classique ................................................................................................. 15
Caractériser les effets à des doses d'exposition faibles .................................................................. 17
Comprendre les modes d'action pour mieux prédire la toxicité ..................................................... 19

ORIGINE DU TROUBLE DES ABEILLES ............................................................................................ 20


Comment déterminer si ma colonie est malade et si oui, quel est l’origine des troubles observés ?
.......................................................................................................................................................... 20
Une visite vétérinaire ....................................................................................................................... 22

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INTRODUCTION

Les facteurs conditionnant l’apparition et la transmission d’une maladie infectieuse

On va voir aujourd’hui les facteurs qui conditionnent l’apparition et la transmission de maladies


infectieuses et parasitaires chez l’abeille mellifère.
Il faut savoir que les risques infectieux chez l’abeille mellifère sont assez élevés de par leur mode de
vie déjà puisque :
 Elles vivent en groupe avec un grand nombre d’individus en promiscuité très forte : favorise
la transmission des agents infectieux
 Elles vivent dans une ruche qui est riche en réserves glucidiques et protéiques
 Atmosphère humide et chaude : favorise la multiplication des agents infectieux
 Sont en contact avec un environnement qu’il est difficile de maîtriser.

Donc les maladies infectieuses et parasitaires vont résulter d’un conflit entre un agent infectieux
d’une part et l’hôte, donc la colonie d’autre part. Des facteurs liés à ces agents infectieux, liés à ces
hôtes vont intervenir, mais dans ce conflit vont intervenir également des facteurs environnementaux
qu’on appelle aussi facteurs favorisant ou facteurs de risques.

Vous verrez dans la suite de la semaine qu’il y a une très grande diversité de bactéries, de virus, de
parasites qui peuvent provoquer des troubles de santé chez l’abeille, mais finalement, tous ces
agents infectieux ou la majorité de ces agents infectieux et parasitaires sont des agents pathogènes
opportunistes. C’est-à-dire que ce sont des agents infectieux qui vont être pathogènes dans certaines
conditions notamment lorsque les capacités de défense des abeilles vont être altérées.
Ce qui fait que ces agents infectieux peuvent contaminer les abeilles, mais de façon saine sans
troubles de la santé. C’est ce qu’on va appeler le portage sain.

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Il faut également une certaine quantité d’agent infectieux pour qu’ils puissent contaminer les
abeilles, se multiplier chez les abeilles et provoquer des troubles. C’est ce qu’on va appeler la dose
infectieuse et on va voir par la suite que c’est un élément très important dans la lutte contre ces
maladies infectieuses.
Du côté de l’hôte :

Ce sont principalement les capacités de défense des abeilles qui vont influencer. Dans ces capacités
de défense, on a différents niveaux :
 L’immunité au niveau individuel : l’abeille va avoir des cellules spécialisées dans l’immunité
(les hémocytes) ou elles vont produire des molécules antibactériennes ou antimicrobiennes.
 L’immunité au niveau de la colonie c’est ce qu’on appelle l’immunité sociale : c’est la
coopération comportementale entre les abeilles qui va permettre une défense contre les
agents infectieux ou parasitaires. Dans cette immunité sociale, on peut citer par exemple :
 Le comportement hygiénique : détecter le couvain malade, le retirer, l’éliminer et
ensuite nettoyer les alvéoles avant que la reine puisse pondre à nouveau dans ces
alvéoles.

On peut citer également :


 Le comportement VSH (Varroa Sensitive Hygiene) contre Varroa qui permet
d’éliminer les couvains infestés par Varroa destructor.

Et enfin, dernier niveau de capacité de défense


 L’immunité au niveau de la ruche : en fait, les produits de la ruche que ce soit le miel, la
propolis, la gelée royale contiennent également des molécules antimicrobiennes ou des
bactéries lactiques qui participent là aussi à la défense de la ruche contre les agents infectieux
et parasitaires.

Facteurs environnementaux :

Dans ce contexte vont intervenir également des facteurs environnementaux, facteurs qui vont
augmenter la pression infectieuse et donc permettre l’atteinte de la dose infectieuse dont on a
parlé tout à l’heure. C’est par exemple :
 Des mesures d’hygiène insuffisantes comme un renouvèlement des cadres insuffisant qui va
permettre l’accumulation de spores responsables de la Loque américaine => atteinte de la
dose infectieuse => et ce qui va entraîner l’expression de cette Loque américaine.
 On peut citer par exemple dans ces facteurs, la météo, par exemple, l’humidité va favoriser
la multiplication de champignons et favoriser l’apparition de mycoses.
 Parmi ces facteurs environnementaux, il va y avoir également des facteurs pouvant altérer les
capacités de défense. Et en fait, de nombreux facteurs diminuent les capacités de défense
des abeilles. Parmi ceux-là :
 On peut citer l’alimentation et notamment les protéines, donc le pollen, la quantité
de pollen, mais aussi la diversité florale du pollen, va être un élément très important
pour maintenir les capacités de défense de l’abeille.

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 On peut citer aussi la génétique : certaines abeilles vont avoir un comportement VSH
plus important que d’autres.

 Les agents infectieux et parasitaires peuvent également influencer les capacités


immunitaires des abeilles de la colonie. Notamment Varroa destructor a des effets
immunodépresseurs qui favorisent l’installation d’autres agents infectieux.
 Et enfin, les produits chimiques, que ce soient certains pesticides ou certains
acaricides, vont également avoir des effets immunodépresseurs.

Lorsque les colonies portent des agents


infectieux, que ce soit du portage sain ou un
portage entraînant un trouble à la santé, il
peut y avoir une transmission, une diffusion
de ces agents infectieux.

Cette transmission peut se faire :


 Entre les abeilles d’une même colonie
par des comportements :
Comportement de trophallaxie par
exemple ou nourrissage des larves
 Mais cela peut être également une
transmission, une diffusion entre les
colonies d’un rucher ou entre des
ruchers différents. Donc là encore :
 Le comportement des
abeilles peut favoriser cette
transmission : comportement de dérive, de pillage ou l’essaimage également est un
moyen de diffusion des agents infectieux.

Cela peut être aussi les pratiques apicoles :


 Donc tout le matériel de visite que ce soient les lève-cadres, les gants, mal nettoyés,
mal désinfectés peut permettre la transmission.
 Cela peut être également l’échange de cadres entre différentes ruches favorisant là
aussi la transmission.
 Et puis l’activité de transhumance
 Le commerce des reines ou d’essaims favorisent aussi la transmission d’agents
infectieux.

Donc finalement les agents infectieux et la colonie d’abeilles vivent en équilibre et il est responsable
d’un portage sain qui va être extrêmement fréquent.

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Mais cet équilibre finalement il est extrêmement fragile et de très nombreux facteurs vont intervenir,
vont pouvoir rompre cet équilibre. Facteurs qui peuvent aussi interagir entre eux.
Lorsqu’on va vouloir mettre en place des mesures pour contrôler ces maladies infectieuses et
parasitaires, ce sera basé principalement sur des mesures hygiéniques et zootechniques qui vont
viser à contrôler la pression infectieuse au sein de la colonie, qui vont viser à limiter la transmission,
l’exposition à des agents infectieux et viser à limiter les risques d’altération des défenses
immunitaires de l’abeille. Dans ce contexte-là, la technicité de l’apiculteur va avoir un rôle
fondamental.

LES ENNEMIS VIVANTS DES ABEILLES

Les ennemis vivants des abeilles sont nombreux, il y a également des prédateurs. Ce qu'il est
important de distinguer c'est un effet clinique de la maladie pour la santé des colonies d'abeilles,
d'un effet sans signes apparents, c'est à dire d'un simple portage de l'agent infectieux ou parasitaire
dans la colonie d'abeilles.
Nous n'évoquerons ici que les principaux agents pathogènes pour les abeilles et affectant la santé
des colonies d'abeilles.
Tout d'abord nous parlerons des dangers parasitaires, ensuite des agents bactériens, puis des virus
et enfin nous parlerons des prédateurs. Pour finir nous parlerons des médicaments vétérinaires et
des traitements disponibles pour soigner la santé des colonies d'abeilles.

L'acarien : Varroa destructor


Varroa destructor est un parasite externe de l'abeille. Il est originaire d'Asie et il a été originellement
un hôte d'Apis cerana, l'abeille asiatique. Suite à l'introduction d'Apis mellifera en Asie au 19ième
siècle, il est passé sur ce nouvel hôte et, depuis, il s'est disséminé un peu partout dans le monde. On
le trouve presque partout dans le monde, il reste seulement quelques territoires qui demeurent
indemnes comme par exemple l'Australie.
C'est un acarien, il se nourrit de l'hémolymphe, c'est-à-dire du sang
des abeilles. Des publications récentes montrent également que
Varroa se nourrirait également des corps gras des abeilles et donc
pas seulement d'hémolymphe.
Cet agent est réglementé en France et il affecte sérieusement la
santé des colonies d'abeilles. Il touche à la fois le couvain et les
abeilles et en cas d'infestation sévère, il provoque du couvain qu'on
appelle mosaïque, c’est-à-dire clairsemé, des mortalités de larves et
de nymphes et du cannibalisme.

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Le cannibalisme, c'est lorsque les abeilles ont une carence en
protéines, elles vont avoir tendance à grignoter les larves ou les
nymphes présentes dans leur couvain, donc on va trouver des
nymphes, notamment, auxquelles il manque la tête. Ce sont des
nymphes qui vont être incomplètes au niveau du couvain. Dans
les alvéoles, on va trouver ces nymphes sans tête, c'est une
tendance qu'ont les abeilles quand elles sont carencées en
protéines. Et Varroa du fait qu'il se nourrit d’hémolymphe,
entraîne cette carence en protéines puisqu'il leur prélève une
partie de leurs réserves.

On observe également des abeilles aux ailes déformées, c'est lié au fait que Varroa est vecteur de
certains virus, notamment le virus des ailes déformées. Ses effets pathogènes sont donc liés à son
action directe en tant qu'acarien mais aussi aux virus dont il est vecteur.
Varroa affaiblit la santé des colonies
d'abeilles ; c'est un facteur important
de mortalité hivernale des colonies
d'abeilles.

L'acarien : Tropilaelaps spp


Un autre acarien qui est un danger
pour les abeilles, s'appelle l'acarien
Tropilaelaps. Lui aussi, il est originaire
d'Asie, il est parasite en Asie de différentes espèces d’abeilles asiatiques, il ressemble un petit peu à
Varroa, mais il n'a pas tout à fait la même forme, il est un peu plus
petit, mais il reste visible à l'œil nu. Comme Varroa, il est passé sur
l'espèce Apis mellifera.

Il lui ressemble beaucoup dans le sens où il a un cycle de biologie qui


est un peu similaire. Il est à la fois dangereux pour les abeilles adultes
et pour le couvain. Il se nourrit aussi de l'hémolymphe et en cas
d'infestation sévère, ses effets se traduisent par des effets un peu
similaires à ceux de varroa. Lui aussi, transmet des virus et étant
absent actuellement dans de nombreuses régions du monde dont
l'Europe et dont la France, c'est un danger exotique qui est réglementé et qui fait l’objet d’une
vigilance particulière.

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Le petit coléoptère des ruches : Aethina tumida
Le petit coléoptère des ruches, est à l'origine un parasite de l'abeille africaine Apis mellifera
scutellata. C'est une abeille que l'on trouve en Afrique subsaharienne
Depuis une vingtaine d'années, il s'est disséminé sur différents
continents du fait notamment des échanges internationaux. On
le trouve dans différents pays et sur différents continents comme
l'Amérique (en Amérique du Nord, en Amérique centrale, mais
également dans certains pays d'Amérique du sud). On le trouve
également en Asie, dans certains pays en Asie, en Australie et
pour l'Europe, il a été malheureusement été détecté en
septembre 2014 en Calabre. Le reste de l'Union européenne est
pour l'instant indemne de cet agent. Donc il est fortement
surveillé dans les pays de l'Union européenne.
Ses effets pour la colonie reposent sur le fait qu’il se multiplie
dans la ruche. Ce sont les larves qui sont la forme la plus
impactante pour la ruche. En effet, les larves vont se nourrir dans la colonie, creuser des galeries, et
notamment déféquer dans le miel. Ces défécations vont entraîner une fermentation du miel qui
devient impropre à la consommation.

Les larves du petit coléoptère ne doivent pas être


confondues avec les larves de fausses teignes (Galleria
mellonella et Achroia grisella) qui sont des Lépidoptères,
c’est-à-dire des papillons que l'on trouve communément
dans les ruches et qui elles aussi vont avoir tendance à
détruire les cadres et creuser des galeries dans ces
derniers.
Comme c'est un danger sanitaire exotique, il est
également réglementé en France et toute suspicion de ce
petit coléoptère doit être déclarée aux autorités
sanitaires pour que des mesures soient mises en place
pour éviter sa dispersion.

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Les loques
Il existe deux maladies bactériennes principales pour les abeilles
que l'on appelle les loques.
Il y a la loque américaine, liée à un agent qu'on appelle
Paenibacillus larvae et la loque européenne liée à la bactérie
Melissococcus plutonius.
Ce sont deux bactéries qui touchent le couvain des abeilles. La
loque américaine touche principalement le couvain operculé
alors que la loque européenne touche principalement le couvain
ouvert, bien que parfois on trouve aussi des cas d'atteinte du
couvain operculé avec cette maladie.
Ce sont des maladies qui entraînent une mortalité au niveau du
couvain.
La loque américaine est une maladie qui est très contagieuse et de ce fait elle est réglementée en
France et dans l’Union européenne. Il est en effet obligatoire de déclarer toute suspicion aux
autorités sanitaires.
Les loques sont des maladies que l'on trouve un peu partout au niveau mondial. Quelques territoires
en sont néanmoins indemnes.
En cas de loque américaine, qui touche le couvain operculé, on observe des opercules percés d'un
petit trou.

On trouve des larves qui ne sont pas blanc nacré comme des
larves saines, elles sont de couleur marron et elles ont une
consistance un peu particulière, elles vont devenir filantes :
quand on met une allumette dans l'alvéole, il va y avoir un fil
qui va se former qui fait plus d'un centimètre de longueur. Ces
larves qui, au départ, deviennent filantes se dessèchent et
forment en fin d'évolution de la maladie, une écaille, c'est-à-
dire une sorte de croûte au fond de l'alvéole qui va rester au
fond de l'alvéole et est très adhérente dans le cas de la loque
américaine.

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La loque européenne quant à elle
affecte principalement le couvain
ouvert, c’est-à-dire lorsque les cellules
ne sont pas operculées. Dans ce cas, les
larves également vont perdre en
couleur, elles vont s'affaisser. On ne va
plus observer le petit croissant
habituel que forment les larves, mais
une masse au fond de l'alvéole qui va
être marron et cette masse, c'est pareil,
va au fur et à mesure qu'elle se dessèche, prendre la forme d'une écaille, mais contrairement à la
loque américaine cette écaille n'est pas adhérente au fond de l'alvéole et donc il est assez facile de
la détacher avec une petite spatule par exemple.

La nosémose à Nosema apis


La nosémose est une maladie liée à un champignon microscopique unicellulaire qui affecte les
abeilles adultes. Ce champignon se multiplie dans le tube digestif des abeilles.
L'espèce initialement décrite pour la nosémose, c'est
Nosema apis qui était à l'origine de diarrhées et de mortalité.
Une autre espèce a été découverte maintenant depuis une
vingtaine d'années dans les colonies d'abeilles en Europe,
elle s'appelle Nosema ceranae. C'est une espèce qui était à
l’origine présente en Asie et à l'heure actuelle on la trouve
un peu partout dans le monde.
Ce sont deux maladies qui causent des mortalités, des
dépopulations et un affaiblissement global de la colonie,
notamment dans le cadre de co-exposition d'autres acteurs
de stress.

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Les virus
Il y a plusieurs types de virus qui sont détectés chez les abeilles. Leurs effets pathogènes ne sont pas
toujours bien connus et ils ont également une répartition géographique différente selon le type de
virus.
On va citer quelques exemples parce qu'on ne pourra pas tous les aborder aujourd'hui. On peut parler
par exemple :
 Du virus du couvain sacciforme qui affecte principalement le
couvain. Les larves touchées par le virus du couvain sacciforme
forment une sorte de saccule liquidien. En fait, les larves, qui sont
en cours de nymphose, elles forment une sorte de petit sac, sous
la larve, ce qui est assez caractéristique du virus du couvain
sacciforme.

 Un autre virus important est le virus de la paralysie chronique


qui lui affecte les abeilles adultes et qui occasionne sur les abeilles
une perte de pilosité, les abeilles sont noires, on observe
également des tremblements lorsque les abeilles sont touchées par ce virus qui entraîne des
mortalités.
 Un autre virus aussi important, dont
on reconnaît bien les signes cliniques
est le virus des ailes déformées. C'est
un virus qui est vectorisé par Varroa
chez lequel aussi il se multiplie.
Comme son nom l'indique, le virus des
ailes déformées va entraîner des
malformations chez les abeilles, et
notamment une malformation des
ailes.

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Le frelon à pattes jaunes : Vespa velutina
Le frelon asiatique, tel qu'on le nomme actuellement s'appelle
aussi frelon à pattes jaunes. En effet, il existe de nombreuses
espèces de frelons en Asie et donc il n'est pas le seul "frelon
asiatique" qui existe sur terre.
Vespa velutina été détecté en France pour la première fois il y
a plus d'une dizaine d'années. Depuis, il s'est répandu un peu
partout sur le territoire national, il y a encore quelques zones
qui restent indemnes, mais on le trouve presque partout. Il a
également été détecté en Europe du Sud, en Espagne, au
Portugal, en Italie. Il a été détecté aussi en Belgique, en
Allemagne, aux Pays-Bas et il a également été observé en
Angleterre. Donc c'est une espèce qui se dissémine un peu
partout en Europe.
C'est un prédateur, il affecte les abeilles adultes, qu’il capture pour nourrir ensuite son couvain et ses
larves. Les colonies souffrent à la fois de la dépopulation liée aux mortalités d'abeilles qu'il entraîne,
lorsqu’il les capture à l'entrée de la ruche, mais également à un stress lié à l'arrêt de butinage. En
effet, il va se placer en vol stationnaire devant les ruches et donc les abeilles ne vont plus oser sortir
et ne vont plus aller butiner et en ce sens ne vont plus aller faire leurs réserves et élever le couvain
et se préparer correctement à l'hivernage.
C'est un danger sanitaire important pour les colonies d'abeilles actuellement en France.
Il y a une espèce autochtone qu'on appelle Vespa crabro qui elle est endémique en Europe, qui elle
aussi capture les abeilles comme le frelon asiatique, mais qui a une stratégie de prédation qui est
beaucoup moins efficace.
Ce frelon ne provoque pas le même stress pour les colonies d'abeilles, il prélève moins d’abeilles à
l'entrée de la ruche, mais ne les stresse pas de la même façon et du coup ça n'empêche pas le
butinage des colonies comme le fait le frelon asiatique.
Si on compare les nids de frelons
asiatiques avec les nids de Vespa
crabro, l’espèce autochtone, ils
n'ont pas du tout la même taille. La
population de frelons asiatiques est
beaucoup plus importante et donc
on a une pression de prédation qui
est beaucoup plus forte avec cette
espèce de frelons qu'avec l'espèce
autochtone.

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Les mesures de lutte
Concernant maintenant les moyens de prévention et de lutte contre les maladies, plusieurs
médicaments existent pour traiter les abeilles. Tous ces médicaments concernent la lutte contre
Varroa destructor. En effet, il est crucial de traiter chaque année contre cet agent pour lutter contre
les effets délétères pour les colonies d'abeilles. La lutte passe également par des moyens
zootechniques et hygiéniques qui reposent sur, par exemple, le renouvellement régulier des cadres
dans la ruche et également sur le transvasement et l'élimination des ruches malades ou trop faibles.
Les traitements des colonies d'abeilles par des antibiotiques est interdit à la fois en France et dans
l'Union européenne. Il est absolument inenvisageable de traiter les loques qui sont des maladies
bactériennes en raison notamment risques de résidus dans les denrées alimentaires et notamment
le miel. C'est une fraude de traiter les abeilles avec un antibiotique, c'est interdit et c'est puni par la
loi.
Pour la loque, il faut éliminer les colonies qui sont vraiment fortement atteintes ou trop faibles et il
peut être envisagé si vraiment la ruche est en bonne santé et si vraiment que quelques alvéoles sont
atteintes, on peut éventuellement envisager de transvaser les abeilles dans une nouvelle ruche,
d'éliminer tout le matériel d'origine qui permet de faire une sorte de vide sanitaire et d'essayer
d'assainir la colonie des bactéries. Mais ça nécessite vraiment une surveillance particulière et d'être
très vigilant ensuite dans la surveillance de la colonie qui a été transvasée et d'être très réactif si
d'autres signes cliniques sont observés.
Pour éliminer les colonies d'abeilles, on euthanasie tout d'abord les abeilles. On utilise des mèches
soufrées, généralement en France. Donc on les place à l'intérieur de la ruche et c'est une façon
d'euthanasier les abeilles et ensuite quand on veut lutter contre la loque américaine, par exemple, il
est important de se débarrasser des cadres qui sont très infectés par la bactérie. On peut
éventuellement récupérer le corps de ruche sous réserve qu'il soit correctement désinfecté donc
pour cela il faut vraiment gratter la ruche pour enlever toutes les matières organiques, tous les
résidus de cire ou de propolis et ensuite brûler le bois à la flamme pour faire noircir le bois et avoir
une désinfection profonde du corps de ruche.
Tous les cadres issus d'une ruche atteinte de loque américaine doivent être détruits. Il faut les
détruire par incinération, bien sûr en faisant attention au risque d'incendie. Mais c'est une façon de
détruire et d'assainir vraiment la maladie au niveau des cadres et plus globalement le matériel utilisé
pour le rucher.

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TOXICOLOGIE

Introduction à la toxicologie de l'abeille

Tout comme les humains, les abeilles domestiques sont exposées à des polluants d'origine
entropique tels que les métaux lourds, les perturbateurs endocriniens et les pesticides.

Ces dernières années, les organismes de


recherche en santé humaine ont
commencé à identifier des liens entre
exposition aux insecticides, maladies
neurodégénératives et troubles
comportementaux.
Les pesticides font partie des principaux
risques toxicologiques
environnementaux auxquels sont
exposées les abeilles. Lorsqu'elles vont butiner sur les cultures, elles peuvent être exposées à des
nuages toxiques provenant des champs voisins. Elles peuvent également butiner sur des plantes
aspergées auparavant ou traitées en enrobage de semences et qui comportent donc des résidus
systémiques ou de surface à des degrés variables.

Enfin, les butineuses sont susceptibles de ramener de la nourriture contaminée, nectar, pollen,
miellat, résine et transmettre ces toxines à toute la colonie.
Par ailleurs, les abeilles collectent
de grandes quantités d'eau et
peuvent donc être exposées à des
contaminants d'origine
agrochimique.
Il est aussi suspecté qu'elles
pourraient être exposées à des
antiparasitaires lorsqu'il s'agit de
flaques provenant d'effluents
d'élevages.
Parmi les pesticides, les insecticides présentent souvent la toxicité la plus forte. 70 % des substances
actives insecticides sont dites neurotoxiques. Ces molécules ont été sélectionnées pour leur potentiel
toxique pour le système nerveux des insectes dits nuisibles se nourrissant sur les cultures et
diminuant le rendement agricole.

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Ils agissent sur les nerfs et le cerveau, le
système nerveux sensoriel ou le système
moteur. Ils sont également toxiques pour
le cœur ou les muscles. On dit qu'ils sont
cardiotoxiques ou myotoxiques.

Un certain nombre de ces substances


actives perturbent la croissance des
insectes, la respiration cellulaire ou sont des
agents microbiens.

L'approche toxicologique classique

Des méthodes traditionnelles de toxicologie sont utilisées depuis une vingtaine d'années sur les
abeilles domestiques afin d'évaluer au mieux le risque toxicologique que comporte l'utilisation des
insecticides aux champs.
Parmi les tests toxicologiques qui doivent être adossés de manière règlementaire dans les dossiers
de demande d'homologation pour les firmes phytopharmaceutiques, figure l'exposition aigue (une
seule fois), soit par ingestion, soit par contact.
Ce test consiste à exposer des abeilles à des doses de plus en plus fortes de substances.
Ici schématiquement :
- La dose 1 produit 30 % de mortalité
- La dose 2 produit 60 % de mortalité
- La dose 3 produit 100 % de mortalité

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Cela permet de cerner la dose à laquelle la moitié de
la population est décimée. On appelle cette valeur
la DL50.

Jusqu'à récemment, ce test n'était réalisé que sur


des abeilles adultes. Mais la question de la
sensibilité des autres stades de développement
tels que œufs, larves, nymphes s'est posée.
Ce type de test est désormais règlementaire sur
les larves et donne une indication sur la dose qui
est susceptible de tuer la moitié des larves. Si
cette valeur est différente de la DL50 sur les
adultes, cela indique une toxicité différentielle en
fonction de l'âge.
Afin de compléter ces tests, les spécialistes de la
toxicologie de l'abeille suggèrent de prolonger les
observations sur un plus grand nombre de jours
afin de quantifier des effets tardifs.

D'autres âges importants pourraient


également faire l'objet d'un test
toxicologique au moment des grands
changements physiologiques et
comportementaux qui surviennent au
cours de la vie de l'abeille.

Semaine 4 – Santé des abeilles 16


Des lignes directrices pour des tests similaires,
mais cette fois suite à des expositions répétées,
expositions dites chroniques, sont en élaboration
depuis plusieurs années et viennent tout juste
d'être transposées en textes de référence.
Les évolutions prennent néanmoins du temps : à
titre d'exemple, le test larvaire n°237 n'a été
admis que 12 ans après les premiers résultats
montrant son potentiel en toxicologie de l'abeille.

La toxicologie classique s'attarde donc


principalement sur l'évaluation des risques
toxicologiques entraînant la mort des abeilles.
En effet, l'avancée des connaissances dans la
biologie de l'abeille et dans les disciplines de
la toxicologie a permis d'identifier des lacunes
dans les méthodes d'évaluation de la toxicité
des insecticides. Des évolutions apparaissent
désormais nécessaires pour caractériser et
quantifier les effets des toxiques à des doses d'exposition faibles.

Caractériser les effets à des doses d'exposition faibles

La modernisation de la toxicologie consiste


désormais à étudier les effets délétères dans
des gammes de doses qui ne causent pas la
mort de l'individu, mais qui peuvent
compromettre à plus ou moins long terme son
adaptabilité au milieu.
Des fonctions physiologiques cruciales
peuvent en effet être mises à mal par une
exposition à un toxique, comme l'odorat, la
gustation, la respiration, la locomotion,
l'orientation dans l'espace, sa reproduction
etc…

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A titre d'exemple, des scientifiques ont montré que l'exposition d'abeilles à une dose sub-létale aux
produits toxiques fait diminuer de 50 % le retour à la ruche, sans doute à cause de problèmes
locomoteurs, de perception ou d'orientation dans l'espace.

Des paramètres physiologiques tels


que la capacité à produire de la
chaleur, le rythme respiratoire, le
rythme cardiaque ou d'autres
marqueurs physiologiques
permettent de caractériser une
symptomatologie liée à une
intoxication à des niveaux sub létaux.

Des approches histopathologiques ou


cytopathologiques dans lesquelles
l'intégrité des organes est évaluée ont été
développées pour identifier des effets des
insecticides.

Une évolution technologique récente permet


d'envisager de quantifier les effets délétères
des insecticides sur le comportement des
abeilles de manière plus systématique via une
ruche connectée qui permet de dénombrer
l'activité d'entrée et de sortie au niveau
colonial, mais aussi au niveau individuel et
cela pendant la vie entière des abeilles, grâce à des puces collées au dos des abeilles.

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Comprendre les modes d'action pour mieux prédire la toxicité

L'avancée des connaissances des modes d'action moléculaires permet aujourd'hui à la toxicologie
d'anticiper les effets nuisibles sans passer par des tests sur les abeilles vivantes.
En expérimentation animale, la règle des 3R consiste à :
- Raffiner les approches pour les rendre plus pertinentes et efficaces dans l'identification des
effets toxicologiques.
- Réduire le nombre d'animaux utilisés.
- Remplacer si possible les expérimentations par des approches in vitro, dans des boites de
Pétri et in silico, c’est-à-dire en utilisant la simulation de scénario par des modèles
mathématiques.

Une approche in vitro consiste par exemple à travailler sur des neurones du système nerveux et à
caractériser les effets et les modes d'action des insecticides.
L'expression des cibles des
insecticides permet aussi
d'envisager de cibler de manière
systématique les insecticides
pour ne retenir que ceux qui
comportent le moins de risque
pour les abeilles et d'autres
espèces de pollinisateurs. On
appelle cela la comparaison
intraspécifique et la
comparaison interspécifique.
L'approche in silico consiste en l'utilisation de matériel informatique permettant de simuler les
processus toxicologiques tant au niveau moléculaire que sur leurs impacts sur l'activité de la
population.
Le but est de permettre d'anticiper les effets toxicologiques dans toute leur complexité.

Semaine 4 – Santé des abeilles 19


La toxicologie tend à l'heure actuelle
à s'améliorer dans cette direction en
prenant en compte les effets de
chacun des pesticides à des doses
sublétales afin de mieux comprendre
leur fonctionnement et leur impact.

Néanmoins, cette approche devra être complétée par


une approche plus globale. En effet, la toxicologie chez les
abeilles a pu démontrer ces dernières années qu'il existait
des interactions entre les toxiques et d'autres facteurs
tels que la nutrition et le statut physiopathologique ou de
parasitisme chez les abeilles.

Des cocktails de facteurs de pression


peuvent se retrouver dans
l'environnement rendant plus complexe
encore l'identification du danger
toxicologique du fait, par exemple, des
synergies. Les toxiques semblent pouvoir
compromettre les défenses des
organismes tout comme les maladies
rendent les abeilles plus sensibles aux
toxiques.

ORIGINE DU TROUBLE DES ABEILLES

Comment déterminer si ma colonie est malade et si oui, quel est l’origine des troubles
observés ?

On va voir la détection d’un trouble de santé chez l’abeille mellifère. Cette évaluation de l’état de
santé de l’abeille, des animaux, va se faire au niveau de la colonie et non au niveau de l’individu, et
nécessitera des visites et l’ouverture de la ruche. En effet, l’activité sur la planche d’envol des abeilles
et le niveau de production sont des critères importants pour évaluer la santé de la colonie mais sont
des critères insuffisants pour vraiment déterminer si l’abeille ou la colonie ont un trouble de la santé.

Semaine 4 – Santé des abeilles 20


Les critères pour évaluer la santé des abeilles vont être diverses :
- La mortalité : on va observer un grand nombre d’abeilles mortes au pied de la ruche, on va
observer ce que l’on appelle un tapis d’abeilles ou on peut observer également une mortalité
importante dans la ruche.
- On va également évaluer la colonie dans sa globalité c’est-à-dire la force de la colonie (le
nombre d’abeilles constituant cette colonie). On va évaluer également son activité : on pourra
regarder si des abeilles entrent et sortent au niveau du trou d’envol. Et on estimera l’équilibre
des castes et si on retrouve des abeilles jeunes et des abeilles plus âgées, des butineuses, au
sein de la colonie.
- Ensuite on observera les adultes : on peut regarder leur aspect, leur couleur, leur pilosité.
Pour la couleur par exemple, la mélanisation que l’on peut observer lors de maladie
infectieuse va rendre les abeilles noires. On peut regarder aussi leur morphologie et
notamment leurs ailes : il y a des virus qui provoquent la déformation des ailes. Sur ces
adultes, on peut également observer des varroas phorétiques. Sur les adultes, on peut
regarder également leur comportement : on peut observer parfois des abeilles tremblantes
ou des abeilles trainantes, inactives. Enfin, il y a d’autres signes cliniques chez les adultes que
l’on peut observer comme la diarrhée par exemple, des traces de diarrhée en cas de
nosémose.
- On va aussi observer le couvain. Là aussi on va observer la quantité de couvain, le nombre de
cadres et la surface occupée par ce couvain, on va observer l’homogénéité de ce couvain. Un
couvain en mosaïque, c’est-à-dire un couvain avec de nombreux trous d’alvéoles inoccupées
ou occupées par des larves anormales, va être un signe important de maladie du couvain. On
va observer l’aspect des opercules : on peut observer dans certains troubles de santé un
affaissement des opercules ou des petits trous dans ces opercules. Et enfin, on va observer
l’aspect des larves, leur couleur, si elles sont momifiées, ou des traces de pourriture etc…
- Et enfin on va estimer les réserves : réserves en miel et réserves en pollen.
Il faut faire attention à ces critères puisque ces critères sont des signes de troubles de santé chez
l’abeille mais ces différents critères que l’on a cités peuvent être également liés à des facteurs
intrinsèques ou extrinsèques à la colonie et vont dépendre notamment du contexte de la visite. Par
exemple la saison, la météo du jour de la visite ou l’heure de la visite peuvent influer sur l’activité des
abeilles. Autre exemple, la génétique et l’âge de la reine vont influer sur la quantité de couvain. Enfin,
l’histoire de la colonie, par exemple si une colonie vient d’essaimer, elle sera évidemment plus faible
que la normale. Finalement, pour évaluer un trouble de santé dans une colonie, il faudra comparer
ce qui est observé à ce qui est attendu par rapport au contexte de la visite et par rapport aux
caractéristiques de la colonie. Evidemment cela nécessite une bonne connaissance de la biologie de
l’abeille et une bonne connaissance également de ses colonies.
Lorsqu’on observe un trouble de santé, on va ensuite essayer d’en trouver l’origine. Pour cela, ça
peut être relativement complexe puisque, on l’a vu précédemment, les troubles de santé de l’abeille

Semaine 4 – Santé des abeilles 21


peuvent être multifactoriels, avec une interaction entre ces différents facteurs, une interaction par
exemple entre les agents infectieux, ou entre les toxiques, ou entre agents infectieux et toxiques…
Pour trouver cette origine, on va se baser évidemment sur les observations de la colonie lors de la
visite, on va se baser sur des facteurs qui ont pu favoriser et on peut mettre en place des tests
complémentaires. Test complémentaire au niveau du rucher, c’est par exemple le test de l’allumette
pour détecter une loque américaine, ça peut être également un dénombrement de varroas. On peut
faire également appel à un laboratoire et à une analyse de laboratoire qui va viser à identifier
précisément le toxique ou l’agent infectieux suspecté. Là aussi, l’interprétation du résultat du
laboratoire peut être relativement complexe. En effet, on l’a vu dans la 1ère partie de la semaine, que
le portage sain d’agents infectieux était très fréquent, et donc un résultat positif du laboratoire va
signifier qu’un agent infectieux donné est présent mais ne signifie pas obligatoirement qu’il est la
cause du trouble de la santé que l’on a observé, ou en tout cas qu’il est la seule cause du trouble. Il
faudra donc replacer ce résultat d’analyse dans, là encore, le contexte de la visite, l’observation de la
colonie et l’aspect multifactoriel des troubles de santé et les interactions qu’il peut y avoir entre les
facteurs. C’est quelque chose de vraiment important. De ce fait, l’interprétation de l’analyse peut
nécessiter l’expertise de professionnels de la santé, que ce soit des conseillers techniques en santé
de l’abeille ou des vétérinaires.
Une visite vétérinaire

Pour présenter le vétérinaire dans la filière, c’est du boulot classique d’accompagnement d’un
élevage. Ici ce sont des particuliers mais ça reste de l’accompagnement d’un élevage, avec des
conseils en fonction des attentes de l’apiculteur et de leur connaissance.
On peut parler de la visite présentée ici : c’est une visite d’accompagnement. Au cours de l’année,
suite à des soucis qui avaient été rencontrés de diverses pathologies dont Varroa en grande partie, il
avait été décidé par les apiculteurs d’effectuer quelques visites saisonnières de suivi des ruches. Donc
là, c’était typiquement une des visites que l’on avait programmées, la mise en hivernage. Un
traitement aurait dû être effectué en juillet – aout qui n’a pas été fait pour diverses raisons et là on
a le constat d’une forte montée en pression Varroa. On va essayer de rattraper. On va voir avec les
apiculteurs ce que l’on peut essayer de faire : pour les plus fortes colonies, terminer de préparer
l’hivernage et terminer de bien gérer Varroa et pour les colonies les moins fortes, voir ce qui sera
possible de faire.
Les choses progressent. Honnêtement, par rapport au tout début des suivis, il y a vraiment une
progression qui s’est faite et des choses intéressantes commencent à se mettre en place. Ce qui est
ressorti, c’est une forte demande des apiculteurs pour une gestion qui soit le plus limitante possible
en intrants chimiques. Et donc, il y avait des discussions qui avaient eu lieu sur les suivis, sur les
comptages, sur l’évolution de l’infestation et la possibilité d’utilisation de traitements plutôt d’origine
naturelle donc huiles essentielles, acides organiques que l’on peut rencontrer en apiculture.
Ils ont l’œil attiré sur différentes pathologies qu’ils peuvent rencontrer et sur les moyens de les
quantifier, de les estimer et de les résoudre. Ce que ça montre aussi, c’est qu’en abeilles, il y a une
très forte demande d’anticipation des soucis, ça, ce n’est pas toujours quelque chose à admettre de

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la part des apiculteurs. Il faut anticiper Varroa même quand on n’a pas l’impression de le voir. Ce
n’est pas facile de faire comprendre que les abeilles, c’est un animal d’élevage, de rentes et qui
mérite des soins comme tout autre animal d’élevage ou de rente, avec des conditions particulières
de ces soins et l’obligation parfois de molécules qui ne sont pas toujours admises par certains
apiculteurs.
La question de l’appel du vétérinaire : est-ce que ma ruche est malade ou non, ce n’est pas quelque
chose qui est facile à interpréter ou définir par l’apiculteur, surtout par les apiculteurs amateurs parce
que souvent, il n’y a pas les notions de formation comme peuvent l’avoir des apiculteurs qui ont plus
de métier ou qui sont chevronnés dans le métier. Donc ce n’est pas facile, lorsqu’on ne connait pas
l’abeille d’avoir une idée des populations qu’il faut s’attendre en fonction de la saison etc… Il y a
beaucoup de gens qui démarrent l’apiculture sans une réelle formation de base donc avec les soucis
que cela peut occasionner : savoir dire si ma colonie est saine ou ma colonie est malade. Le bilan est
souvent fait au moment de la récolte : je n’ai pas fait de miel et on commence à se poser des
questions. Et ça c’est la fin de saison donc il est parfois un peu tard. Vraiment c’est la formation qui
a été un peu dans le sens contraire à ce qu’on attend dans les autres filières traditionnelles, à savoir
que dans les filières traditionnelles, un éleveur va vous appeler parce qu’une vache a 40 de fièvre ou
qu’elle morve ou qu’elle a une mammite ou que le veau a la diarrhée donc avec des signes manifestes
alors qu’en apiculture, c’est la formation qui ouvre parfois l’œil de l’apiculteur sur des soucis qu’il
n’avait pas toujours objectivés.

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