Vous êtes sur la page 1sur 15

Cours de lutte biologique (Master II)

I. Définitions

II. Les organismes utilisés en lutte biologique

II.1 Les microorganismes

II.2 Les nématodes entomophages

II.3 Les parasitoïdes

II.4 Les prédateurs

III. Les grands types de lutte biologique

III.1 La lutte biologique par introduction ou l’acclimatation

III.2 La lutte biologique augmentative

III.3 La lutte biologique par conservation

IV. La lutte biotechnique

IV.1 Phéromones sexuelles chez les insectes

IV.2 Phéromones d’agrégation

IV.3 Application agronomiques des phéromones sexuelles des insectes

IV.3.1 Surveillance

IV.3.2 Capture en masse (piégeage massif)


-1-
IV.3.3 confusion sexuelle

IV.4 Régulateurs de croissance

V. Exemples de quelques modèles de lutte biologique

V.1 le parasitoïde Ahytis melinus contre Aonidiella aurantii (pou de

californie) en agrumiculture.

V.1.1 Protocole d’élevage

V.1.2 Stratégie de lâchers

V.2 Lutte biologique en culture de tomate sous serre.

V.3 le microorganisme entomo-pathogène Bacillus thuringiensis var.

kurstaki contre Lobesia botrana en vignoble.

-2-
I. La lutte biologique

Définition

L’approche biologique en protection des cultures est apparue vers le début

du vingtième siècle.

Il existe de nombreuses définitions de la lutte biologique :

1) C’est un moyen de lutte qui fait appel aux ennemis naturels des

ravageurs pour maintenir la densité du ravageur au dessous des

niveaux dommageables. Il existe deux types d’ennemis naturels :

les prédateurs qui se nourrissent de leurs proies et les parasitoïdes

qui se développent au détriment de leurs hôtes.

2) La lutte biologique est un processus agissant au niveau des

populations et par lequel la densité de population d'une espèce est

abaissée par l'effet d'une autre espèce qui agit par prédation,

parasitisme, pathogénicité ou compétition.

3) La lutte biologique est l'utilisation d'organismes vivants dans le but

de limiter la pullulation et/ou la nocivité des divers ennemis des

cultures « rongeurs, insectes, nématodes, maladies des plantes

et mauvaises herbes.

 Pour réussir la lutte biologique, la connaissance de la biologie et de

l’écologie du ravageur et se son (ses) ennemi(s) naturel(s) est

indispensable. La lutte biologique peut se faire soit naturellement,


-3-
soit par l’introduction des ennemis naturels en quantité optimale et

au bon moment.

II. Les organismes utilisés en lutte biologique

Auxiliaire a la même signification qu’antagoniste ou ennemi naturel.

Pratiquement tous les organismes vivants peuvent être considérés comme

des auxiliaires selon l'angle avec lequel on examine leur écologie.

Lorsqu’on s’intéresse aux arthropodes ravageurs, on peut les subdiviser en

quatre groupes.

II.1 Les microorganismes

Ce sont des bio-pesticides développés à partir des pathogènes tels que les

virus, les bactéries et les champignons. Ils ont certains avantages par

rapport aux pesticides conventionnels. Ils sont plus sélectifs, généralement

non toxiques aux prédateurs et parasitoïdes et ont moins d’effet nocif sur

l’environnement. Les microorganismes regroupent des bactéries (environ

une centaine d'espèces), des virus (650-1200 espèces), des champignons

(700 espèces) et des protozoaires (six phyla) pathogènes aux insectes.

II.2 Les nématodes entomophages

Les nématodes entomophages exploitent les insectes comme ressource

pour se développer et se reproduire. On retrouve des nématodes

entomophages dans 30 familles ce qui représente environ 4000 espèces.

-4-
II.3 Les parasitoïdes

Les parasitoïdes représentent une classe d’auxiliaires qui se développent

sur ou dans un autre organisme « hôte » dont ils tirent leur moyen de

subsistance et le tuent comme résultat direct ou indirect de leur

développement. Quand l’insecte parasitoïde émerge de sa chrysalide en

tant qu'adulte, il se nourrit habituellement sur le miellat, le nectar ou le

pollen, bien que quelques adultes se nourrissent des fluides du corps des

hôtes et que d'autres exigent de l'eau additionnelle. Normalement, les

parasitoïdes sont plus petits de leurs proies et s’attaquent à un stade

particulier de développement de la proie. Les parasitoïdes laissent

souvent des traces de leur activité (par exemple, les momies des

pucerons). Le mode de vie parasitoïde, tel que défini plus haut, représente

entre 5 et 20% des espèces d'insectes. On retrouve des espèces ayant un

mode de vie parasitoïde dans 6 ordres: Hyménoptère (67000 espèces,

environ 75% des parasitoïdes), Diptère (16000 espèces), Coléoptère

(4000 espèces), Neuroptère (50 espèces), Lépidoptère (11 espèces) et

Trichoptère (une espèce).

-5-
Il existe plusieurs types de parasitoïdes ayant des modes de parasitismes

différents :

Les parasitoïdes endophages : Ils injectent leurs œufs ou larves à l’intérieur de

l’hémocoele de l’hôte.

Les parasitoïdes ectophages

Ils déposent à un stade plus ou moins avancé un œuf au niveau d’un site précis

de fixation, selon les espèces la larve pénètre dans l’hôte ou au contraire reste

fixée sur le tégument.

tes grégaires

A partir d’un seul insecte hôte se développent plusieurs individus parasites

«exp. La polyembryonie de Lyptomastix qui engendre 3 000 œufs à partir d’un

œuf unique déposé dans une chenille de noctuelle Phytometra sp. »

parasitismes

Qui correspond au développement au sein du même hôte, de plusieurs

individus d’une espèce «exp. Concurrence intraspécifique, dont il résulte une

réduction de la taille, diminution de la fécondité, des malformations… ».

iparasitismes

Qui correspond à l’attaque simultanée d’un seul individu hôte par des parasites

appartenant à différentes espèces «exp. Concurrence interspécifique qui

conduit à la mort de tous les parasites ou de tous sauf un seul ».

rparasitismes

Qui correspond au parasitisme d’un parasite.


6
II.4 Les prédateurs

Les prédateurs tuent et consomment leurs proies souvent au stade larvaire.

L’adulte peut soit avoir le même régime alimentaire que la larve (comme les

forficules), soit être polliniphage, nectariphage, ou encore se nourrir de

miellat des Homoptères (comme les syrphes). Les prédateurs sont

généralement plus grands que leurs proies. On retrouve des espèces

prédatrices de façon importante chez neuf ordres d'insectes :

Dont les Coccinellidae qui sont les principales espèces. Ils sont répartit en 6

% de phytophages, 65 % sont aphidiphages, 10 % sont coccidiphages et

environ 1 % sont aleurodiphages et/ou mycophages.

évroptères (Crysopes)

Les larves de la plus part des Névroptères sont prédatrices, munies de

puissantes mandibules. Elles percent la carapace de leurs proies «pucerons,

cochenilles, aleurodes et acariens » et en sucent le contenu.

Parmi eux les Syrphes et les cycidomiidae, ont un impact certain sur les

populations de pucerons, cochenilles, aleurodes et psylles.

).

voracité (500 pucerons / larves).

7
Les anthocorides

: Les acariens prédateurs jouent un rôle important

dans la régulation des acariens rouges et mouches blanches sur différentes

cultures.

III. Les grands types de lutte biologique

On reconnaît classiquement trois types de lutte biologique

III.1 La lutte biologique par introduction ou l’acclimatation

Où des auxiliaires exotiques sont introduits pour contrôler les ravageurs

exotiques. Cette approche a été utilisée avec succès dans les champs ouverts.

Cette tactique a conduit à la réduction permanente de plus de 165 espèces

de ravageurs dans le monde entier.

Les espèces auxiliaires introduites sont le plus souvent indigènes de l’aire

d’origine du ravageur visé. Généralement, l’acclimatation est écologiquement

réussie lorsque l’auxiliaire introduit est retrouvé au moins 3 années après son

la lâcher.

Le succès d’une telle opération dépend de certain nombre de condition :

d’accueil (intellectuel, matériel et administratif)

savoir :

 Plasticité d’adaptation et sa plasticité à vaincre un nouveau milieu «

présence d’abris, de nourriture permanente, condition climatiques… ».

8
 Potentiel biologique, spécificité parasitaire, comportement de recherche,

pouvoir de reproduction élevée par rapport au ravageur.

Aux caractéristiques biologiques de la population visée.

 Dynamique, voltinisme et répartition spatiale sur le végétale.

A la technique employée.

 Saison, type et quantité de lâcher, Choix de l’espèce et de l’écosystème.

III.2 La lutte biologique augmentative :

les auxiliaires exotiques ou indigènes sont périodiquement libérés à des

périodes choisies, soit en inondant un champ avec un grand nombre

d’individus sans que l'établissement et la reproduction de ceux-ci soient visés

(lutte biologique innondative), soit en inoculant de relatives faibles

quantités d’auxiliaires qui doivent s'établir, se multiplier et coloniser une zone

donnée et c’est donc leur descendance qui sera efficace (lutte biologique

inoculative). Cependant cet établissement n'est généralement pas permanent

et des introductions doivent être faites une ou plusieurs fois par saison.

Cette tactique est employée souvent dans des systèmes agricoles fermés

comme les serres. La lutte biologique augmentative a été employée depuis 90

années, et plus de 150 espèces d'auxiliaires sont disponibles commercialement

pour la lutte contre environ 100 espèces de ravageurs.

9
III.3 La lutte biologique par conservation

La lutte biologique par conservation tend à manipuler l’habitat afin

d’augmenter l’impact des auxiliaires déjà présents dans la culture, en

utilisant les pesticides au minimum et en fournissant les ressources

écologiques principales (infrastructures écologiques).

L’Organisation Internationale de Lutte Biologique (OILB) définit

l’Infrastructure écologique comme « toute infrastructure, dans une ferme

ou dans un rayon d'environ 150 m, qui a une valeur écologique, telle que

la haie, la prairie, la bande florale, le tas en pierre, etc. » et juge que son

utilisation judicieuse augmente la biodiversité fonctionnelle de la ferme.

Cette approche (conservation et gestion des auxiliaires existants), qui

apparaît être à la fois la plus logique et la plus évidente, est en fait plus

difficile qu’il ne paraisse à mettre en œuvre.

La protection des auxiliaires de verger nécessite :

 Le contrôle des effectifs des populations de ravageur.

 L’aménagement d’une lutte chimique raisonnée, par la décision

d’une intervention en fonction du risque réel, le choix de la matière

active spécifique, le respect des doses et des conditions

d’applications.

10
IV. La lutte biotechnique

IV.1 Les phéromones sexuelles chez les insectes

Chez les lépidoptères, de mœurs crépusculaires ou nocturnes, la

phéromone sexuelle est produite par la femelle vierge à un moment précis

du nychtémére : c’est le comportement d’appel. Cette période d’émission

correspond à celle où les mâles sont les plus réceptifs à la perception de ce

message chimique, grâce à des récepteurs spécialisés situés sur leurs

antennes. Il en résulte une attraction spécifique à distance du mâle qui, à la

suite d’un vol orienté, localise avec précision sa femelle. Toutes les

phéromones sexuelles attractives de lépidoptères sont des dérivés d’acides

gras aliphatiques à longue chaîne, possédant une ou plusieurs insaturations

conjuguées ou non.

Dans le cas des Coléoptères, il y a davantage de diversité car les

phéromones sexuelles peuvent être produites soit par les femelles

(Dermestidae, Scarabidae), soit par les mâles (Curculionidae, Bruchidae).

Elles attirent également à distance le partenaire de sexe opposé, mais

peuvent aussi agir comme simple stimulant sexuel à courte distance.

Chez les Diptères, les phéromones sexuelles émises par les femelles sont

des hydrocarbures à longues chaînes, d’origine cuticulaire. Elles servent

plus d’aphrodisiaques pour les mâles que de véritables attractifs.

11
Cependant, les mouches de fruits possèdent un système phéromonal

rappelons celui des Lépidoptères. Chez la mouche de l’olivier, par

exemple, l’un des deux isomères optiques du même produit est émis par

les femelles et attire les mâles, tandis que l’autre est émis par les mâles et

excite sexuellement les femelles.

On possède peu d’informations sur les phéromones sexuelles des

représentants des autres ordres. Cependant, chez les Cochenilles

(Homoptères), on connaît de nombreuses phéromones sexuelles, émises

par les femelles (fixées et aptères) et attractives pour les mâles (ailés). Elles

sont toutes apparentées chimiquement à des dérivés terpéniques.

IV.2 Les phéromones d’agrégation

Les phéromones d’agrégation ont été étudiées chez les Coléoptères

Scolytidae, dont de nombreux représentants sont des ravageurs important

des forêts de conifères. Ces insectes (mâles ou femelles selon les espèces)

sont attirés dés leur émergence par les émanations terpéniques d’arbres

stressés sur lesquels ils atterrissent. En y creusant une galerie de

pénétration, ils ingèrent des précurseurs terpéniques qu’ils transforment

alors en phéromones d’agrégation, qu’ils libèrent avec leurs fèces. Ces

phéromones attirent les individus des deux sexes, déclenchent l’attaque de

masse non seulement sur l’arbre préalablement choisi par les premiers

individus, dits pour cette raison individus pionniers, mais aussi sur les

12
arbres voisins. Des antiphéromones sont ensuite produites pour éviter une

trop forte population sur le même arbre et favoriser l’essaimage.

IV.3 Application agronomiques des phéromones sexuelles des insectes

Les techniques d’utilisation agronomique des phéromones ont pour but le

piégeage de masse ou la confusion sexuelle des insectes ravageurs.

IV.3.1 Surveillance

Les phéromones sexuelles attractives des lépidoptères sont largement

utilisées pour assurer la surveillance des espèces nuisibles, surtout en

arboriculture fruitière, par piégeage sélectif des mâles. La méthode

consiste à placer, au centre d’un piège englué, une capsule attractive

chargée d’un mélange de synthèse reproduisant le plus fidèlement possible

le bouquet phéromonal produit par la femelle de l’espèce à surveiller. Les

pièges, une fois placés dans la parcelle, renseignent sur les périodes

d’apparition des adultes, la durée et l’intensité des vols et surtout sur

l’importance relative de la population. Ces renseignements, qui sont à la

base de toute stratégie de lutte intégrée, permettent de déterminer des seuils

de nuisibilité en dessous desquels il sera inutile d’intervenir, la même

méthode est applicable aux coléoptères, aux cochenilles, et aux mouches

de fruits.

13
IV.3.2 Capture en masse

Cette méthode repose sur l’utilisation de pièges contenant ou non un

attractif chimique afin de collecter des ravageurs pour limiter leur

population et leur descendance dans une culture. Différent types de pièges

existent : pièges à phéromones, pièges à appâts alimentaires, pièges

chromatiques ou pièges lumineux.

IV.3.3 Confusion sexuelle

A sa maturité, la femelle émet des phéromones sexuelles pour attirer les

males. Ces phéromones favorisent la rencontre des individus des deux

sexes. En confusion sexuelle, ces phéromones diffusé en continu sur une

surface à protéger. Elles réduisent la possibilité de rencontre des males

avec les femelles. Ces substances sont très spécifiques, et quasi-

inoffensives pour la faune auxiliaire, les mammifères et l’environnement.

IV.4 Régulateurs de croissance

Ce sont des produits chimiques de synthèse qui inhibent les hormones

naturelles et régissant le développement des insectes. Ces régulateurs de

croissance sont plus sélectifs, moins nocifs à l’environnement et plus

compatibles avec la lutte biologique. Il y a trois types de régulateurs de

croissance : les inhibiteurs de la synthèse de la chitine, les analogues des

hormones juvéniles et les agents antihormones juvéniles.

14
15

Vous aimerez peut-être aussi