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TD d’écologie

La lutte biologique :

Table des matières


Introduction :.........................................................................................................................................1
Quelques exemples de lutte biologique classique..................................................................................2
Lutte contre les pucerons...................................................................................................................2
Lutte contre la pyrale du maïs............................................................................................................6
La lutte contre les ravageurs des cultures en serre............................................................................8
La bactérie Bacillus thuringiensis : un biopesticide efficace.................................................................10
Les plantes transgéniques....................................................................................................................12
Conclusion :..........................................................................................................................................15

Introduction :
Définition de la lutte biologique :

Selon l’OILB (organisation internationale de lutte biologique) ou IOBC (international organization for
biological control) fondée en 1956, la lutte biologique c’est :

« L’utilisation d’organismes vivants ou de leurs produits pour empêcher et réduire les pertes ou les
dommages causés par les organismes nuisibles. »

La lutte biologique est aussi appelée biocontrôle.

Dans le cadre de la protection des plantes (agriculture au sens large), 4 types principaux d’agents
sont distingués :

(1) Les macro-organismes auxiliaires : ce sont des insectes ou des acariens prédateurs ou
parasites des bioagresseurs.
(2) Les microorganismes auxiliaires : ce sont des nématodes, champignons, bactéries ou virus
parasites ou pathogènes des bioagresseurs, avec lesquels sont fabriqués des biopesticides.
(3) Les médiateurs chimiques tels que les phéromones d’insectes utilisés dans le piégeage ou la
confusion sexuelle.
(4) Les substances naturelles d’origine animale, végétale ou minérale utilisées comme produits
de biocontrôle.

Premier cas historique de la lutte biologique :

Vers 1870, invasion des vergers d’agrumes dans la région


de San Jose par un insecte suceur de sève, introduit accidentellement :

La cochenille australienne (Icerya purchasi)

Insecte proche du puceron, corps recouvert d’un bouclier (sorte de


carapace) et production tégumentaire.
Reste fixée à une plante dont elle suce la sève
Chez les cochenilles, le dimorphisme sexuel est très prononcé :

Femelle : pas de yeux, pas d’antennes, de tête, d’ailes et une durée de vie assez longue (plusieurs
mois)

Mâle : allure d’insecte classique avec tête (munie de yeux et d’antennes), thorax (muni d’ailes et de
pattes), un abdomen mais une vie très brève (quelques jours)

L’entomologiste américain Albert Koebele partit en mission en


Australie.

Objectif : étudier les ennemis naturels de la cochenille


australienne et en sélectionner un qui puisse être utilisé dans les
vergers d’agrumes californiens.

En effet, la cochenille australienne est inoffensive en Australie


car ses populations sont régulées par ses ennemis naturels.

Une coccinelle australienne fût sélectionnée et introduite pendant l’hiver 1898-1899, permettant
ainsi de réguler la population de cochenilles.

Cette introduction est considérée comme le début de la


lutte biologique classique.

De nos jours, les deux espèces sont toujours présentes dans les vergers d’agrumes de Californie et un
équilibre durable s’est installé.

Quelques exemples de lutte biologique classique


Lutte contre les pucerons
Exemple : Robert est agriculteur, arboriculteur, pommiculteur  production de pommes dans un
verger.

Comme chaque année, son verger est envahi de pucerons (Pucerons cendrés du pommier) et la
récolte est compromise.

Les pucerons cendrés possèdent des pièces buccales de


type piqueur-suceur et des cornicules (émission de
phéromones d’alarme)
Cette année, Robert ne veut pas utiliser d’insecticides. Il veut se lancer dans la lutte biologique et il va
essayer l’utilisation de coccinelles, connues pour être de redoutables prédatrices de pucerons.

 Robert rappelle les raisons pour lesquelles il change de stratégie cette année :
o Il a été sensibilisé aux dangers des pesticides (toxicité, écotoxicité, pollution…)
o Il préfère manipuler des coccinelles plutôt que des molécules dangereuses (insecticides)
o Ses clients préfèrent consommer des produits sans pesticides plutôt qu’obtenus par une
agriculture conventionnelle
o Ses clients veulent tout de même de belles pommes non déformées par des pucerons, mais
ne veulent pas d’insecticides dangereux pour la santé.

 Robert fait également part de ses interrogations et ses doutes :


o Au niveau financier, il aura certainement un effort à faire mais il assume son choix.
o Il espère pouvoir lutter efficacement de cette manière contre les pucerons mais il se
demande quand même comment il va lutter contre les autres insectes ravageurs qui
s’attaquent à ses pommiers (carpocapse, mouche de la pomme…)

Il a acheté ses coccinelles et les a mis dans le verger. Il a été sensibilisé aux problèmes liés à la
coccinelle asiatique et a donc acheté une espèce locale de coccinelle.

Il a ensuite fait un suivi des populations de coccinelles et de pucerons.

Espèces :

Coccinelle à deux points : (Adalia bipunctata) insecte coléoptère. Prédateur de pucerons, larves
comme adultes, carnivore (aphidiphage).

Puceron cendré du pommier : (Dysaphis plantaginea) insecte homoptère, phytophage (suceur de


sève), très prolifique, vit en colonies composées de nombreux individus.

Suivi pendant 200 jours :

Suivi les 100 premiers jours :


Moral de Robert : Mauvais car le nombre de pucerons est passé de 200 à 11000 soit environ x55.

Toutefois, le nombre de coccinelles a diminué puis augmenté.

Moral de Robert : beau fixe, les pucerons ont été éradiqués par les coccinelles même si ce fut long.

Bilan de Robert : la lutte biologique fonctionne mais il faut s’armer de patience. Il faut également
faire un suivi régulier des populations du ravageur et de l’auxiliaire.

Les résultats ne sont pas obtenus aussi rapidement qu’avec un insecticide mais c’est une question de
choix et de principe.

Le bilan est positif et Robert est prêt à recommencer.


Autres prédateurs de pucerons utilisés en lutte biologique :

Syrphe (insectes, diptères) : larve prédatrice de pucerons, adulte butineur.

Chrysope (insectes, névroptères) : larve prédatrice de pucerons, adulte butineur.

La relation entre une proie et son prédateur a été l’objet de nombreuses modélisations en écologie
des populations.

Le modèle le plus connu est celui de Lotka-Volterra encore appelé modèle proie-prédateur.

Il a été proposé en 1925 par Alfred Lotka, mathématicien américain, statisticien de la dynamique des
populations et Vito Volterra, mathématicien et physicien italien.

Ce modèle, très classique, est l’ancêtre des modèles d’interaction des modélisations actuelles.

Ce modèle exprime que le taux de multiplication des prédateurs dépend essentiellement de la


disponibilité en nourriture (proie).

Il exprime également que la cause essentielle de mortalité de la proie est la prédation.

Les amplitudes sont différentes chez la proie et chez le prédateur et elles sont décalées l’une par
rapport à l’autre.

Les amplitudes sont également différentes au cours du temps.


Lutte contre la pyrale du maïs

Ooplaque : paquet d’œufs posés sur une feuille par la femelle.

Principales méthodes de lutte :

Lutte chimique (utilisation d’insecticides)

Destruction des résidus de culture après récolte (broyage, enfouissement, brûlis)

Culture de variété de maïs résistantes

Cycle biologique :
Répartition :

La chenille est présente dans toute la plante avec une préférence au-dessus de l’épi (50%), dégât de
30 à 40%.

Auxiliaire utilisé : le trichogramme

Insecte de l’ordre des Hyménoptères, taille de 1 mm maximum, 200 espèces connues, parasitoïdes
oophages (prédateur et parasite, la femelle pond ses œufs dans ceux de sa proie et sa larve dévore
son hôte).

L’espèce utilisée contre la pyrale du maïs est Trichogramma brassicae.


La lutte contre les ravageurs des cultures en serre
Caractéristiques de la culture en serre (serriculture) :

- Culture de fruits et légumes (cultures maraîchères) et de fleurs (cultures ornementales =


horticulture)
- Les serres permettent de s’affranchir des conditions climatiques extérieures (création d’un
microclimat favorable à la croissance des plantes), ce qui permet la :
Production en continu, quasiment toute l’année
Culture de plantes hors de leur zone d’origine
- En France, la serriculture représente 10 000 ha (2/3 cultures maraichères et 1/3 cultures
ornementales)
- Les serres représentent un milieu relativement fermé d’où un danger accru lors de
l’utilisation des pesticides (lutte chimique raisonnée obligatoire).
- Beaucoup de ravageurs des cultures en serres sont résistants aux principaux pesticides
utilisés.
 Développement de la lutte biologique
Présentation des quatre principaux arthropodes ravageurs

Auxiliaire : Phytoseilus Auxiliaire : Encarsia formosa, parasite


persimilis larvophage

Puceron vert du pêcher (Myzus persicae, insectes, homoptères)  Auxiliaire : Cécidomyie du


puceron (Aphidoletes aphidimyza, insectes, diptères)

Thrips des petits fruits (Frankliniella occidentalis, insectes, thysanoptères)  Auxiliaire : Ambyseius
cucumeris (acariens)

Insecte ravageur des cultures en serre émergent : la punaise verte ponctuée (Nezara viricula)
provient du bassin méditerranéen et se trouve en Suisse

Auxiliaire (puisque interdit de lutte chimique en Suisse, lutte biologique obligatoire) : Trissolcus sp.,
micro-guêpe parasitoïde oophage

Conclusion :

Les serres sont des milieux relativement confinés et contrôlés.

La lutte biologique est en train de devenir la norme (elle est obligatoire en Suisse).

Elle remplace l’utilisation des produits phytosanitaires et supprime donc tous les risques inhérents à
ces molécules (toxicité, écotoxicité, présence de résidus dans les fruits et légumes produits).
La bactérie Bacillus thuringiensis : un biopesticide efficace
Historique de la découverte de Bacillus thuringiensis :

En 1911, dans la région de Thuringe, des silos de stockage de grains de blé étaient envahis par la
teigne de la farine.

Soudainement, une forte mortalité naturelle dans la population de la teigne fut observée.

Ernst Berliner, un scientifique, fit des autopsies des larves de la teigne.

Il mit en évidence la présence d’une bactérie dans le corps des chenilles, bactérie qu’il nomma
Bacillus thuringiensis.

Berliner mit en évidence qu’en 1901, au Japon, une forte mortalité naturelle avait été observée dans
des élevages de vers à soie.

À cette époque, le bactériologiste Ishiwata isola une bactérie et montra qu’il pouvait tuer les vers à
soie en les infectant avec celle-ci.

Ishiwata ne donna pas de nom à cette bactérie et Berliner montra qu’il s’agissait déjà de Bacillus
thuringiensis.

Bactérie en forme de bacille mesurant 1μm sur 5μm.

Bactérie ubiquiste, présente dans les sols, l’eau, l’air et sur le feuillage des végétaux et cosmopolite
(tous les continents).

Cycle biologique :

Division de la bactérie (une bactérie donne deux bactéries)  obtention d’une colonie si milieux
favorables

 Phase de multiplication

Conditions défavorables : formation d’une spore et d’un cristal  Lyse de la cellule bactérienne 
libération de la spore et du cristal dans le milieu

 Phase de résistance (et de dissémination

Milieu à nouveau favorable : la spore germe et se multiplie à nouveau alors que le cristal s’enfouit
dans le sol
Les cristaux synthétisés (endotoxines bactériennes de nature protéique) par la bactérie ont des
propriétés insecticides, c’est-à-dire qu’ils provoquent la mort des insectes.

Les différentes souches de Bacillus thuringiensis connues actuellement synthétisent chacune entre 1
et 5 endotoxines différentes.

Les gènes qui codent pour les endotoxines chez Bacillus thuringiensis se trouvent localisés sur un
plasmide.

Jusqu’en 1970 : découverte de différentes souches mortelles uniquement pour les lépidoptères.

1970 : découverte d’une souche mortelle pour les larves de moustiques et de simulies (diptères)

1983 : découverte d’une souche mortelle pour le doryphore de la pomme de terre (coléoptères)

De nos jours : plus de 40000 souches connues, pathogènes pour une large variété d’insectes

Mode d’action des endotoxines de Bacillus thuringiensis :

Bacillus thuringiensis sauvage ou contenu dans une préparation de biopesticide

 pH dans l’intestin de l’insecte basique : conditions défavorables pour la bactérie, sporulation,


synthèse des endotoxines, lyse de la cellule bactérienne
 Solubilisation des endotoxines dans la lumière intestinale : endotoxines formées à 600 à
1200 acides aminés
 Attaque des endotoxines par des protéases du tube digestif : découpage des endotoxines en
peptides d’environ 60 acides aminés
 Fixation de ces peptides sur des récepteurs spécifiques au niveau de la membrane plasmique
des cellules de l’épithélium intestinal
 Destruction des cellules intestinales (activité cytolytique des endotoxines)
 Modification du pH qui devient favorable pour la bactérie : germination des spores
 Multiplication des bactéries : mort de l’insecte par arrêt de l’alimentation, choc osmotique et
septicémie. Libération de la bactérie dans le milieu extérieur lors de la mort de l’insecte

Début et fin : milieu extérieur

Entre : milieu intestinal

Les biopesticides à base de Bacillus thuringiensis occupent 95% du marché des biopesticides basés
sur l’utilisation des micro-organismes.
Pourquoi un tel succès ?

5 raisons principales :

- Culture bactérienne maitrisée


- Facilité d’utilisation
- Relative innocuité pour l’environnement et les autres êtres vivants
- Coûts raisonnables
- Bonne efficacité

Problème : apparition de mécanismes de résistance aux endotoxines de Bacillus thuringiensis

Chez certaines espèces nuisibles, il apparait des individus et des souches résistants aux endotoxines.

Mutation qui touche les gênes qui codent les récepteurs = récepteurs différents donc les endotoxines
ne pourront pas se fixer sur les récepteurs et l’insecte va survivre

Comment contourner la résistance ?

1) Réduire la pression de sélection pour le principal facteur de mortalité (alterner les souches
bactériennes).
2) Diversifier les sources de mortalité de manière à éviter la sélection d’un seul mécanisme
(mélanger plusieurs souches dans un biopesticide).
3) Maintenir un bassin d’insectes sensibles en ménageant des zones refuges.
4) Surveiller étroitement toute apparition ou augmentation de résistance et diversifier les
stratégies de lutte

Les plantes transgéniques


Principe : cultiver des plantes qui peuvent se défendre « toutes seules » contre des ravageurs ou des
maladies.

Autrement dit, cultiver des plantes résistantes.

Obtention de plantes résistantes :

- Par sélection variétale traditionnelle (croisement, tri des descendants, long et fastidieux : par
exemple, 12 ans pour sélectionner et commercialiser une nouvelle variété de tournesol)
- Par génie génétique ; fabrication d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et
notamment de plantes génétiquement modifiées (PGM)
Deux grands types de techniques pour obtenir des PGM :

1) Utilisation de bactéries du genre Agrobacterium naturellement présentes dans les sols


Elles affectent naturellement les plantes

Elles provoquent chez les plantes des maladies de type cancers (gale).

La maladie est provoquée par le transfert d’une partie du matériel génétique de la bactérie à la
plante (propriété intéressante qui va être mise à profit dans la fabrication des PGM)

Il est possible d’incorporer sur ce plasmide un gène d’intérêt qui va être transféré à la plante par la
bactérie créant ainsi une PGM.

Il faut au préalable enlever du plasmide les gènes de virulence responsables de la maladie puis
introduire le gène

Restriction : les bactéries du genre Agrobacterium ne peuvent transférer des gènes qu’aux plantes
dicotylédones

Il n’est donc pas possible de faire des plantes monocotylédones transgéniques en utilisant cette
bactérie

Y-a-t-il un intérêt à faire des plantes monocotylédones transgéniques ? Oui

2) Utilisation de méthodes physico-chimiques

Restriction : les méthodes physico-chimiques ne sont utilisables que sur les protoplastes.

Protoplaste : cellule végétale à laquelle on a retiré la paroi squelettique (par digestion enzymatique)
Biolistique : des protoplastes sont bombardés par des microbilles de tungstène (W) préalablement
enrobées d’ADN.

Cet ADN correspond à des plasmides d’Agrobacterium dans lesquels ont été incorporés des gènes
d’intérêts.

Electroporation : des protoplastes sont incubés dans un milieu contenant des plasmides
d’Agrobacterium dans lesquels ont été incorporés des gènes d’intérêts.

Les protoplastes sont soumis à des chocs électriques provoquant l’ouverture de canaux ioniques au
niveau de leur membrane plasmique permettant ainsi l’entrée des plasmides.

Lorsque les protoplastes ont intégré l’ADN souhaité, ils sont cultivés dans des milieux de culture
adaptés. Ils se multiplient et donnent des massifs cellulaires appelés cals.

À partir de ces cals, qui sont divisés, il est possible d’obtenir des plantes génétiquement modifiées
par multiplication végétative in vitro.
Exemple du maïs (cas du maïs Bt = Bacillus thuringiensis)

Cultivé partout dans le monde sauf dans l’Union Européenne (interdit)

Conclusion :
La lutte biologique est une méthode plus respectueuse de l’environnement que la lutte chimique

Elle s’inscrit dans la lutte intégrée ou gestion intégrée des espèces nuisibles (integrated pest
management) au même titre que d’autres méthodes de lutte.

Elle remplace ou vient en appui d’autres méthodes de lutte.

La lutte intégrée donne la priorité à un fonctionnement équilibré et durables des agroécosystèmes.

Même si la lutte biologique est globalement sans risque important, elle n’est néanmoins pas sans
danger (exemple : coccinelle asiatique)

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