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La lutte biologique Des petites bêtes au secours de l’agriculture

Lutter contre les ravageurs en préservant l'environnement et la santé


Produire des fruits et légumes de qualité est
un véritable challenge, particulièrement sur
le fenua où les cultures sont attaquées par
une multitude de ravageurs importés
(mouches blanches, acariens, pucerons,
thrips, mouches mineuses, chenilles, etc.). Puceron Acarien Thrips
Ces insectes prolifèrent très rapidement en
raison du climat et causent des dégâts très
importants dans les cultures. Ils sont très
difficiles à contrôler, même avec des appli-
cations fréquentes de pesticides, ce qui pose
des problèmes environnementaux et de santé
Mouche mineuse Chenille Aleurode (Mouche blanche)
publique (pollution des eaux, toxicité, etc.).
SDR) recherche des solutions pour aider les agriculteurs à lutter de façon
Le Service du Développement Rural (S
plus efficace contre les ravageurs tout en préservant l'environnement et la santé des populations.
Dans cette optique, une étude est en cours afin de trouver des solutions de lutte biologique
contre les ravageurs de nos cultures.

Dégâts
de thrips
sur
aubergine

Dégâts
de mouche
mineuse
sur
tomates

Qu’es t ce q ue la lutte b iologique ?

La lutte biologique est une solution alternative à la lutte chimique ou complémentaire à une lutte chimique raisonnée.

C'est l'utilisation d'un organisme (l'auxiliaire ou agent de lutte biologique) Larve de coccinelle se
pour combattre un autre organisme (le ravageur ou nuisible). nourrissant de pucerons
Les auxiliaires sont des ennemis des ravageurs ce sont des :
= pr édateurs
= mi cr o -guêpes (par asitoïd es )
= par asi tes
= bact éries, champi gn ons, vir us
Le S DR tra va ille sur les préda teur s et les micro-g uêpes
Y a-t-il des auxilliaires de lutte biologique en Polynésie ?
Trichogramma evanescens
= Oui, il y en a beaucoup. Plus de 100 espèces de prédateurs et de micro- attaque les œufs de papillon
guêpes ont été recencées à ce jour.
= Il s’agit principalement de coccinelles, de micro-guêpes, de punaises et
d’acariens
= Ces auxiliaires s'attaquent à quasiment tous les types de ravageurs rencontrés
en Polynésie française: Acariens,Aleurodes ( m o u c h es bl a n c h es ), Cicodelles et
associées. Cochenilles, Mouches mineuses, Papillons, Puce

Encarsia formosa Orius Cryptolaemus Montrouzieri


attaque les larves d’aleurodes attaque les thrips attaque les cochenilles

La Polynésie dispose donc d’une véritable armée d’auxiliaires


prêts à livrer bataille con tre les rav ageurs. Mais pour qu e les
auxiliaires gagnent cette bataille, il faut les prés erver et ne pas
les exterminer en même temps q ue les r ava geurs!

Comment préserver les auxiliaires et améliorer leur efficacité ?

Pr a t i q u e r u n e l u t t e c h i m i q u e r a i s o n n é e

= Choisir des insecticides spécifiques,


c’ es t à dire qui tuen t l e ravage ur et pas l es auxi li air es

= Traiter uniquement en cas de besoin


N e p a s t r a i t e r s y s t é m a t i q u e m e n t (par exemple :
1 fo is p a r se ma ine ), m a i s s e u l e m e n t l o r s q u e l e r a v a g e u r
d e v i e n t t r o p a b o n d a n t e t r i s q u e de ca us er d es d égâ ts s ur
la c ult ur e . Po ur c o nna ît re l e me ille ur mo m e n t p o u r t r a i t e r ,
o n p e u t u t i l i s e r u n s e U i l d ’ i n t e r v e n t i o n ( seuil de tolérance)
P ar e x e mp le p o ur la te ig ne d u c h ou , le se uil e st d e 2 c he ni lle s p a r c h o u
s ur 1 0 chou x obs ervés ; ob ser vati on s à f aire 2 foi s par se mai n e
Il fa ut s a voi r re con na î tre les ra vag eu rs et eff ectu er de s obs e rvati on s rég uliè res d an s
le s cu lture s. L a lutte bi olo g iq ue n’ es t po s sibl e q u e s i la lu tte c hi miq ue e st ra iso nn ée .

Un guide illustré permettant de reconnaître les principaux ravageurs et


leurs auxiliaires est en cours de réalisation. Des essais sont menés au SDR
pour déterminer les seuils d’intervention pour les principaux ravageurs.
Aménager des niches pour les auxiliaires (lutte biologique par conservation)

Il faut fournir aux auxiliaires :


= Un abri p erm ane nt
= de la no urr iture (p oll en e t n ectar)
= les conditions nécessaires à leur reproduction
(p l a n t e s d i v e rs i fi é e s o ff ra n t d e s p r o i e s o u d e s h ô t e s a l t e r n at i f s )

Pour cela on peut :


= planter des haies ou des bandes de plantes fleuries
= utiliser des plantes de couverture
= faire des jachères fleuries

Par exemple, Ies micro-guêpes adultes se nourrissent du nectar des fleurs, cette nourriture augmente
Ieur durée de vie et Ieur fécondité, et donc le nombre de ravageurs attaqués au cours de Ieur vie. Ainsi,
en plantant des haies ou des bandes de plantes fleuries (telles que l'aneth) à proximité ou dans la culture,
on augmente l'efficacité du contrôle des ravageurs par Ies micro-guêpes.

Lâcher des auxiliaires (lutte biologique par augmentation)


Lâ cher des au xi li a ir es per met de comp lét er l ’a ct io n des a uxi li ai res déjà
p résents sur le terrain quand leur contrôle n’est p as su ffisant o u quand les
a u x il ia ir e s a r ri v e n t t ro p ta r d su r l a c u l tu re ( ca s d es cu ltur es s ous ser re)
L es auxiliair es so nt lâc hés en tr ès gra nd nombr e sur l a c ul tur e en cas d’at t aque
Par exemple, dans les cultures sous serre de nombreux pays, des
micro-guêpes sont lâchées pour lutter contre les mouches blanches
et des coccinelles pour lutter contre les pucerons.
Actuellement, aucun auxiliaire n’est commercialisé sur
le fen ua . D e s e s s a i s s o n t r é a l i s é s a u S D R p o u r
m u l t ip l i er l es a u xi l i a i re s l oc a u x et m e t t r e a u po i n t
d es m é th o de s de l â c he r .

Doit-on importer de nouveaux auxiliaires ? (1)


S i au c o ur s d e no s é tu de s, il a p p a ra ît qu e de s ra va ge u rs imp o r ta nt s ne
s o n t p as o u m a l c on tr ô l é s p a r l e s au x i l i a i r es p ré s en ts da n s l es c ul t ur e s ,
l ’ i n tr o duc t i o n d e n o uv e au x a ux i l i ai r e s s er a e n v i s a gé e .
B i en
e n ch ooii s i r l e r a va
v ag e u r
L’introduction d’un nouvel auxiliaire n’est pas forcément la meilleure méthode
pour combattre un ravageur n’ayant pas d’ennemi naturel efficace localement.
Par exemple, le charançon du bananier est facilement contrôlé par des
pièges attractifs ( pièges à phéromones ).
Charançon du bananier
D o i t - o n i m p o r t e r d e n o u v e a ux a ux i l i a i r e s ? ( 2 )
B i e n c h o is
i s i r l ’’aa u x i l i a i r e
Le choix de l’auxiliaire est crucial pour :
= ga ra n t i r l e s u c cè s de l a l u tt e
= é vi t e r l es i m p a c ts n é f as te s d e l ’ a ux i l i a i r e s u r l a d i ve r s i t é
Les îles de Polynésie sont en effet particulièrement vulnérables Fr agile !
aux introductions, car les espèces locales sont peu nombreuses, et ces espèces
sont souvent uniques au monde, ne sont pas armées pour répondre aux
agressions des espèces venant de l’extérieur.

L’introduction d’une seule espèce peut avoir des conséquences sur la survie de nombreuses autres espèces
par effet cascade et bouleverser ainsi les équilibres naturels déjà si fragiles de nos îles.

Par exemple, le Merle des Molluques, introduit pour lutter les guêpes début 1900, n’a pas éliminé les guêpes
et en plus, il est devenu une peste agricole et a conduit à la raréfaction d’oiseaux endémiques
( uniques au monde). Autre exemple, l’introduction d’un escargot prédateur en Polynésie en 1974
pour combattre l’escargot géant d’Afrique et qui a conduit à la disparition d’escargots endémiques.

L’auxiliaire choisi doit donc être spécialiste du ravageur pour préserver la biodiversité.
Si b esoin d es test s doivent ê tr e menés avant i nt r oducti on pour con naî tr e l’ i mp act de
l’auxiliaire sur les espèces locales ( conformément à la norme internationale ) :
http://www.fao.org/docrep/007/y5721f/y5721f05.htm
Les auxiliaires commercialisés dans d’autres pays ne sont pas forcément de bons candidats
pour lutter contre les ravageurs présents en Polynésie. Ils ne sont pas adaptés aux conditions
locales (climat, espèces locales) et ils peuvent représenter un danger pour la biodiversité.

Exemple de la lutte contre la ciccadelle pisseuse et les mouches des fr uits


Dans ce cas de lutte, les auxiliaires introduits: Ciccadelle pisseuse sur papayer

= n’étaient pas commercialisés


= présentaient des caractéristiques biologiques
adaptées à la situation locale
= étaient spécialistes et il a été montré qu’ils
représentaient un faible risque pour la biodiversité locale
Ciccadelle

Contact
L’introduction d’espèces vivantes est réglementée Ju li e Gr and gir ar d
L’introduction d’espèce nouvelle est interdite en Polynésie française.
Rudolph Putoa
Une dérogation peut être obtenue pour les espèces présentant un intérêt
économique et une inocuité pour la biodiversité. Elle est établie par un arrêté pris Laboratoire d’Entomologie agricole
en Conseil des Ministres. Le demandeur doit fournir les éléments ou études Station agronomique de Papara
(à sa charge) montrant l’inocuité de l’introduction de l’espèce Service du Développement Rural
sur la biodiversité locale. Route de la Carrière - Papara
(Code
Code de l’Environnement -Chapitre 3, section 11)
Tél/Fax 57 59 33
11

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