Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
AUBES DE COMPRESSEURS
I.1 Introduction :
Le chapitre porte, en premier lieu, sur des généralités sur les compresseurs au point de vue
construction et principe de fonctionnement. En second lieu, une étude statique de calcul des
contraintes est consacrée pour les structures d’aubes, considérées comme des poutres vrillées,
encastrées et soumises au champ centrifuge.
Radial : quand le fluide parcours un chemin vertical par rapport aux aubes.
Axial : quand l’écoulement est parallèle au passage dans les aubes.
Centrifuge : le fluide suit dans ce cas un chemin dévié et rotationnel.
La plupart des moteurs aéronautiques sont des turbomachines, tels que les turboréacteurs, les
turbopropulseurs et les turbomoteurs.
1
Les Turboréacteurs :
Équipant les avions de chasse, avec des réacteurs avec ou sans post-combustion et des avions
de ligne aujourd'hui souvent équipés de réacteurs double-flux plus économes.
Les Turbopropulseurs :
Utilisés pour les avions ne nécessitant pas une grande vitesse (moins de 800 km/h), le
turbopropulseur est la solution retenue la plupart du temps.
Les Turbomoteurs :
Utilisés lorsque l'on a besoin d'un bon rapport poids/puissance comme dans le cas des
hélicoptères ou des APU utilisés dans les avions.
Figure1 : Compresseur.
2
Un compresseur axial se compose d’une suite d’étages axiaux disposés en série chacun
comprenant une roue à aubes mobile rotor et d'un stator à aubes redresseur, tous ces étages sont
calculés pour adapter parfaitement leurs conditions de fonctionnement à celles des étages en
amont et en aval.
L’aubage mobile rotor est constitué d’un disque circulaire sur lequel sont fixées des aubes
(ailettes) et tourne devant l’aubage fixe redresseur. L’envergure des ailettes varie le long de
l’écoulement pour compenser les variations de la masse volumique du fluide et pour conserver
à la vitesse débitante axiale une valeur constante voir dessin ci-dessous, (figure 2).
3
Figure 3 : Coupe tangentielle schématique de deux étages.
Le flux d'air étant de plus en plus comprimé va occuper un volume de plus en plus restreint.
C'est pour cette raison que la hauteur des aubes est de plus en plus faible. A noter que de l'entrée
à la sortie du compresseur le débit d'air reste constant si on ne tient pas compte des prélèvements
pour le refroidissement des turbines, climatisation de la cellule, étanchéité des paliers etc.
4
Ces aubes à calage variable sont portées par le carter du stator et sont réglables en position
autour de leurs axes pour optimiser l’écoulement des gaz. L'angle d'attaque des aubes est
contrôlé en fonction des conditions de fonctionnement par un système d'asservissement qui
commande le déplacement d'une couronne rotative, extérieure au carter et reliée aux dites aubes
par des biellettes respectives (figure 5).
Le système d'asservissement peut être électrique, pneumatique ou hydraulique, il est
commandé par l'unité de commande de carburant.
Ci-dessous en bleu les aubes du stator (redresseur) et en rouge les aubes du rotor.
Les aubes de stator peuvent être fixées directement sur le carter du compresseur ou par un
anneau de retenue qui est fixé sur le carter de compresseur. La plupart des aubes de stator sont
fixées par groupes (5 à 6 aubes) avec un pied en queue d'aronde.
Ci-dessous à gauche les aubes du redresseur (stator) sont fixées directement sur le carter de
compresseur, à droite, les aubes sont fixées au carter par une bague de retenue.
5
Actuellement, les modes propres des aubes sont bien modélisées par les calculs mécaniques,
et maîtrisée par l’utilisation d’aubes à talon ou nageoire, leur fixation au centre pour amortir
tous les modes vibratoires. La figure (7) montre deux sortes d'ailettes avec pied de sapin. Celle
qui est à droite porte un talon.
L'ensemble de ces talons forment une couronne. La face de cette couronne est fixée sur l'anneau
extérieur, ce qui permet d'améliorer l'étanchéité et d'augmenter le rendement de la turbine.
Figure 8 : Aubes d'un turboréacteur (a) Aube de fan, (b) Aube-disque de compresseur,
(c) Aube de turbine avec son circuit de refroidissement
6
I.3.4 Les différents types des attaches disque-aubes :
a -L’attache goupille :
Elle est simple, peu couteuse mais lourde et encombrante. Elle ne s’utilise pratiquement plus.
Elle est employée lorsqu’en présence de forces centrifuges très importantes où l’attache queue
d’aronde ne convient plus de fait d’une pression de matage et d’une flexion des dents trop
importantes. On la trouve surtout sur les aubes de turbine HP.
7
d- l’attache marteau :
-Moins encombrante (plus grand nombre d’aubes possible à même rayon d’ancrage)
- Plus étanche vis-à-vis des recirculations (améliore les performances aérodynamique). Pour
l’attache marteau, sa limite réside dans sa conception même ; qui conduit à épaissir les joues du
disque et par conséquent augmenter la masse du disque si les efforts centrifuges sont élevés.
La figure (10) ci-dessous représente une coupe en plan, d'une partie d'un étage de turbine,
composée d'un distributeur ou stator et d’un ensemble d’aubes mobiles formant le rotor.
Lors du fonctionnement de la turbine, le flux des gaz provient du distributeur avec une vitesse
⃗ et arrive au niveau des aubes mobiles tournant avec une vitesse périphérique donnée ⃗. La
⃗= ⃗+ ⃗ : ⃗= ⃗− ⃗ (I-1)
⃗−∫ ( ⃗) =∫ ⃗ ⃗. ⃗ ( ) (I-2)
D’où :
⃗= ⃗. ⃗ ⃗+ ⃗. ⃗ ⃗+ ( ) ⃗+ ( ) ⃗ (I-3)
⃗ = −( ̇ ) ⃗+( ̇ ) ⃗+ ( ) ⃗+ ( ) ⃗ (I-4)
⃗=( ̇) ⃗− ⃗ + ( ) ⃗+ ( ) ⃗ (I-5)
Avec ( ̇ ) est la fraction du débit sur un élément de longueur (dr) de l’aube telle que :
̇ = ⃗. ⃗ ( ), : ̇ = ̇ =( ) =( ) (I-6)
Où (s) est l’espacement entre deux aubes consécutives. D’où, par décomposition sur les axes
tangentiel (ou périphérique) et axial de la machine, respectivement les forces seront :
=( ̇ )( − ) =( ̇ )( − )− ( )+ ( ) (I-7)
8
Les grandeurs totales des forces exercées par l’aube le long de sa hauteur sont alors :
≈ ̇( − ) ≈ ̇( − )− + (I-10)
Avec :
̇ =( )ℎ = ( )= ̇ =( )ℎ = ( )= ̇ (I-11)
Cependant, la distribution des charges aérodynamiques sur l’aube sont donc définies par :
⃗ ⃗
⃗= =− = ⃗− ⃗ − ( ) ⃗− ( ) ⃗ (I-12)
= = ( − ) (I-13)
= = ( − )+ ( )− ( ) (I-14)
= ∫ ⃗Λ ⃗ = ∫ ⃗Λ ⃗ =∫ ( − )( ̇) (I-15)
De ce fait la puissance sur l’arbre, à la vitesse de rotation (Ω) est telle que :
P = = Ẇ = Ω = ∫ (Ω −Ω )( ̇)=∫ ( − )( ̇ ) (I-16)
9
Pour un élément de profil d’aube de rayon (dr), nous pouvons avoir :
Ẇ = ( ̇ )( − ) (I-17)
D’où, le travail mécanique par unité de masse, dite équation d’Euler, est :
=( − ) = ∆( ) (I-18)
= + − 2. U ⋅ V ⋅ sin α = + − 2. U ⋅ (I-19)
U⋅ = + − (I-20)
W = ∆( )=∆ +∆ −∆ (I-21)
∆ ℎ+ − = ∆( ) = 0 (I-23)
∆( ) ≈ ∆ ℎ + = ∆(ℎ ) = 0 (I-24)
10
I.3.6 Vrillage
Il constitue physiquement une rotation relative du corps de l’aube autour de son axe radial,
depuis la base jusqu’à son sommet. Pour que l’incidence sur l’aubage soit bien adaptée sur toute
son envergure, il faut modifier l’angle de calage des aubages en fonction du rayon, d’où leur
forme vrillée.
De ce fait, pour des vitesses absolues axiales constantes, des vitesses périphériques en
fonction du rayon le long de la hauteur de l’aube entraine ainsi la variation des vitesses relatives
et leur angles ( ), ce qui conduit à une variation obligatoire du calage de l’aube suivant le
rayon. Cette variation, ou rotation relative de l’aube de la base au sommet, est dite vrillage.
Exercice
- Etablir le principe de la quantité du mouvement traduisant l’équilibre radial de
l’écoulement = . Réécrire la loi en usant du 2ème principe de la
thermodynamique
- Déduire l’expression de la 1ère loi de la thermodynamique. En utilisant la condition du
travail constant et celle de vitesse axiale constante le long du rayon, trouver la loi
permettant l’obtention de la variation des angles des flux absolus ( ) et relatifs ( ) en
fonction du rayon.
- Utiliser le triangle des vitesses au niveau du rayon moyen comme référence pour
calculer les angles de flux à la base et au sommet de l’aube.
- A partir du principe de la quantité de mouvement écrit sous la forme intégrale, déduire
sa forme locale
11
I.4 Analyse d’une aube sous chargement statique
= Ω = Ω é :
= Ω é :
= + Ω
+ + − =0 ù: + =0 (I-26)
Soit :
( )=− Ω ⋅
Par intégration, nous obtenons la contrainte au niveau d’un rayon courant, en effet :
[ ] = −∫ Ω ù: = + Ω ∫ (I-27)
Exercice
- Déterminer l’expression de la contrainte normale pour une aube de section constante et
déduire sa valeur maximale.
- Refaire le travail pour une section effilée où : S=ar+b.
12
I.4.2 Efforts aérodynamiques
a- Moments résultants
Ils se déduisent de la répartition des pressions sur le contour du profil d’aube et qui dépend du
régime moteur, Mach de vol et de l’altitude de vol.
Pour chaque configuration étudiée, les répartitions des forces aérodynamiques,
données par les équations (I-13 et I-14), produisent des moments fléchissants le long du rayon. De
ce fait, au rayon courant (rc ) ; les moments aérodynamiques résultants sont :
( = )=∫ ( − ) (I-28)
( = )=∫ ( − ) (I-29)
= + (I-30)
Remarque
Avec un talon ou une nageoire le problème devient hyperstatique.
Exercice
- Déterminer les expressions des moments aérodynamiques résultants fléchissant pour des
charges constantes ; .
- Déduire l’expression de la contrainte maximale pour le cas d’une section rectangulaire
constante ayant un calage par rapport à l’axe de la machine.
- Refaire le travail pour une aube vrillée avec une loi de vrillage ( ) = par rapport à
l’encastrement (à z=0, = 0).
13
b- Compensation
La compensation consiste à rechercher la « déformée » initiale telle que le moment de flexion dû
au champ centrifuge compense le moment de flexion dû aux efforts aérodynamiques.
La « déformée » initiale permettant la compensation au décollage est donc différente de celle en
croisière. On choisit alors la phase de vol où l’on cherche la compensation.
La condition se traduit alors par :
∑ =0⇒ ∑ ⃗ = ⃗ : ⃗+ ⃗= ⃗ (I-31)
Plan (xoz)
R Rz
zc
Rx
rc
x
ri O
Ω
⃗= ⃗ (I-32)
⃗= ⃗+ ⃗ (I-33)
D’où, d’après la condition que ⃗ soit normale à la section droite de l’aube, nous avons :
= (I-34)
Avec :
= ∫ = ∫ Ω ( + ) (I-35)
14
Alors, la loi de compensation x(z) s’obtient par :
∫
( )= ∫ (I-36)
∫ ( )
Exercice
Déterminer la loi de vrillage x(z) pour une aube encastrée à l’origine, de section constante,
soumise à une charge aérodynamique constante.
Plan (yoz)
⃗= ⃗+ ⃗= ⃗+ ⃗ (I-37)
⃗= ⃗+ ⃗ (I-38)
⃗= ⃗ (I-39)
D’où, d’après la condition que ⃗ soit normale à la section droite de l’aube, nous avons :
= (I-40)
z
Rm
Rz R
y
Ry
Fay ≈1
zc θ ≈ =
+
y
ri O
Ω
Figure 15 Bilan des forces suivant le plan (yoz)
Avec :
= ∫ Ω ( + ) (I-41)
= ∫ Ω ( + ) (I-42)
= ∫ (I-43)
15
D’où :
= ∫ Ω ( + ) = ∫ Ω +∫ (I-44)
Donc :
∫ ∫
= (I-45)
∫ ( )
∫ ∫
( )= ∫ (I-46)
∫ ( )
Exercice
Déterminer la loi de vrillage y(z) pour une aube encastrée à l’origine, de section constante,
soumise à une charge aérodynamique constante.
Soit une aube vrillée soumise à un effet longitudinal FZ uniformément répartie sur la section. Isolons
une tranche d’épaisseur Δz et de vrillage Δφ et subdivisons le profil en n éléments de section sur la
surface supérieur et sur celle inferieur, soit di la distance de centre de torsion de la coupe au centre de
gravité de chacune de ces sections, chaque élément de poutre se trouve du fait de vrillage incline par
rapport à la direction de l’effort.
16
Figure 17 : Subdivision d’une tranche d’aube vrillée
Soit l’effort appliqué sur la face supérieure et celui appliqué sur la face inferieure. et
seront déférentes de module si des forces volumique existent (champ centrifuge par exemple).
= = (I-47)
= = (I-48)
× + =2 (I-49)
Reciproquement , l’equilibre de la coupe implique des reactions a ces efforts Fti qui créent un moment
devrilleur egal à
= ∑| | (I-50)
Soit :
=∑ | | + (I-51)
Autrement dit un effort longitudinal introduit un moment qui pour une aube lisse et encastrè au pied
provoque une rotation de la coupe de tète dont il faut tenir compte lors de la difinition géometrique de
l’aube.
Exercice
Pour une aube de section rectangulaire avec une loi de vrillage ( ) = , déterminer le
moment centrifuge de torsion dévrilleur en considérant :
- un modèle d’aube discrétisé avec quatre ségments,
- un modèle d’aube discrétisé avec (n) ségments, faire un programme
17
b- Moment centrifuge vrilleur :
La dècomposition des efforts centrifuges, ci-dessous representèe, montre qu’un moment centrifuge vrilleur
apparait dès que lorsque l’aube a un calage non nul par rapport au plan de la roue .
= =Ω = Ω = Ω (I-52)
= ⋅ = Ω : =∫ Ω (I-53)
En fin, le moment centrifuge vrilleur est :
= Ω ∫ (I-54)
Dans la pratique pour toute les aubes sensiblement vrillées (aube de soufflante,aube de compresseur BP
et premieres aubes de compresseur HP), le moment dévrilleur emporte nettement sur le moment vrilleur.
Pour les aubes des derniers étages compresseur HP, il arrive de trouver un momoent résultant mais il
est si faible que les rotations calculées ( quelques minutes ) sont negligeables par rapport au tolèrence de
fabrication.
Exercice
Pour une aube de section rectangulaire avec une loi de vrillage ( )= , déterminer :
- le moment centrifuge de torsion vrilleur
- le moment centrifuge de torsion dévrilleur
- les contraintes de cisaillement correspondantes
- les contraintes normales dues aux moments fléchissant et à l’effort centrifuge
- la contrainte équivalente et la condition de résistance.
18