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Année 2004
THESE
Pour le
DOCTORAT VETERINAIRE
JURY
Président : M………………
Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL
Membres
Directeur : M. DENOIX
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
Assesseur : Mme COMBRISSON
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Directeur : M. le Professeur MORAILLON Robert
Directeurs honoraires : MM. les Professeurs PARODI André-Laurent, PILET Charles
Professeurs honoraires : MM. BORDET Roger, BUSSIERAS Jean, LE BARS Henri, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques, THERET Marcel, VUILLAUME Robert
A Antonello,
Ton amour et ton soutien sont mon plus grand bonheur,
Ti amo.
A ma sœur Frédérique,
Merci de m’avoir toujours admirée et encouragée,
Je souhaite de toujours garder cette même complicité avec toi.
A toutes mes amies de promo d’Alfort : Marie-Hélène, Elisabeth, Amélie, Catherine, Typhaine, Jennifer, Marilyne,
Annelise et Morgane,
Merci d’avoir partagé mes doutes et mes fous rires,
A toutes nos soirées entre filles, j’espère qu’il y en aura d’autres..
A Nicole et Sandrine,
Merci de votre compréhension (lors de mes sautes d’humeur liées à ma thèse ! !) et de votre bonne humeur,
A l’équipe formidable que nous formons…
A la mémoire de mes grands-parents
APPORT DE LA MESOTHERAPIE DANS LE TRAITEMENT DES AFFECTIONS
LOCOMOTRICES EQUINES.
NOM : CHARLES
Prénom : Perrine
Résumé :
L’essor de la mésothérapie en médecine humaine doit beaucoup à ses nombreuses applications dans le domaine de
la médecine sportive ou de la rhumatologie.
En médecine sportive équine, la mésothérapie est actuellement presque exclusivement utilisée dans le traitement des
dorsalgies et des cervicalgies, avec des résultats intéressants puisque dans notre étude, 58 % des chevaux et près de
84 % des chevaux de CSO sont améliorés après mésothérapie.
Cette technique semble encore plus efficace dans le traitement des lésions cervicales que dans celui des lésions
dorsales.
Après le traitement, près de 50 % des cavaliers de CSO remarquent une amélioration de la souplesse et de l’attitude
au travail de leur cheval.
Lors d’un traitement simultané par une infiltration dorsale, l’amélioration obtenue chez les chevaux de CSO est
globalement meilleure.
Cette étude, réalisée en clientèle, n’a pas permis d’inclure des cas témoins.
Mots clés : Mésothérapie, médecine sportive, appareil locomoteur, dorsalgie, médecine comparée, cheval
Jury :
Président : Pr.
Directeur : Pr. DENOIX
Assesseur : Pr. COMBRISSON
Adresse de l’auteur :
Mlle Perrine CHARLES
2671 Route du Neubourg
27520 BOURGTHEROULDE
CONTRIBUTION OF MESOTHERAPY TO THE TREATMENT OF EQUINE LOCOMOTOR
DISEASES
SURNAME : CHARLES
Summary:
Keywords: mesotherapy, sports medecine, locomotor system, back pain, comparative medecine, horse
Jury :
President : Pr.
Director : Pr. DENOIX
Assesor : Pr. COMBRISSON
Author’s address:
Mlle Perrine CHARLES
2671 route du Neubourg
27520 BOURGTHEROULDE.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ............................................................................................................................................... 11
PARTIE I................................................................................................................................................................. 12
1.5 Matériel.......................................................................................................................................................... 24
8
3.2 Déroulement standard d’une séance de mésothérapie.................................................................................. 49
3.3. 3 Commémoratifs. 58
PARTIE II............................................................................................................................................................... 74
I OBJECTIFS DE L’ETUDE......................................................................................................74
II MATERIELS ET METHODES..............................................................................................74
2.1 Matériels ........................................................................................................................................................ 74
III RESULTATS.........................................................................................................................77
3.1 Résultats globaux. .......................................................................................................................................... 77
3.3 Comparaison des traitements par mésothérapie seule et avec une infiltration du dos concomitante............ 81
IV DISCUSSION........................................................................................................................89
4.1 Discussion concernant le protocole ............................................................................................................... 90
9
4.1.2 Fiabilité des résultats. 90
4.3 Discussion à propos des autres méthodes de traitement employées dans le traitement des dorsalgies. ........ 94
4.4 Bilan : apport de la mésothérapie dans le traitement des affections locomotrices équines........................... 97
CONCLUSION ..................................................................................................................................................... 99
GLOSSAIRE........................................................................................................................................................ 103
ANNEXE N°1 : QUESTIONNAIRE MESOTHERAPIE CHEVAUX DE CSO ................................................ 106
10
INTRODUCTION
La mésothérapie est une technique qui consiste à introduire des médicaments injectables
classiques à faible profondeur sous la peau, par un petit picotage superficiel avec une aiguille
courte.
Ce procédé vise donc à injecter les produits nécessaires près des zones de souffrance.
En médecine vétérinaire, ces domaines sont évoqués principalement chez les chevaux, et
regroupés sous le terme de pathologies locomotrices, c’est à dire tout ce qui peut altérer la
locomotion normale du cheval.
En effet, devenu un animal de compagnie à part entière, le cheval est aussi un athlète, exploité
attelé ou monté en course, en concours de saut d’obstacles, en endurance …
Tout ce qui altère la locomotion est synonyme de souffrance pour l’animal, mais aussi de
défauts de performances et donc de pertes économiques pour le propriétaire.
Dans cette optique, après avoir évoqué les principes physiologiques et pharmacologiques
de la mésothérapie, ainsi que les principales indications en rhumatologie et médecine du sport
humaines, nous nous intéresserons à l’utilisation réelle et potentielle en médecine équine.
Puis dans une seconde partie, nous présenterons notre travail expérimental et tenterons de
mettre en évidence l’intérêt de son utilisation dans le traitement des pathologies locomotrices
équines par rapport à d’autres méthodes.
11
PARTIE I
I PRINCIPES DE LA MESOTHERAPIE
Le terme mésothérapie est constitué de deux racines, méso pour mésoderme et thérapie pour
traitement, ce qui signifie que les produits sont injectés dans la peau, à différentes
profondeurs, à proximité de l’endroit à soulager [38].
L’idée provient de Michel Pistor, qui dans les années 60 a initié une théorie : peu de produit
au bon endroit, rarement [35].
Même si cette notion peut paraître séduisante, la mésothérapie a, faute de preuves, longtemps
été considérée comme une médecine parallèle.
1.1 Historique
EN MEDECINE HUMAINE.
De tout temps, la peau a été utilisée comme support de traitements : depuis l’Egypte ancienne
avec des applications d’onguents ou des massages, jusqu’à notre époque où les patchs cutanés
ainsi que les vaccins sous-cutanés font l’objet de nombreuses applications.
Il fallut attendre 1750 pour une première utilisation scientifique de la peau avec la vaccination
anti-variolique de Jenner, et les travaux de Bereska et Brocq en 1920 montrèrent l’intérêt de la
voie intradermique pour obtenir une immunité beaucoup plus importante et plus rapide à dose
égale [44].
Outre les propriétés immunologiques de la peau, les travaux de Leriche vers 1930-1940 et
ceux de Huneke vers 1938 mirent en évidence l’effet antalgique d’ injections intradermiques
de produits comme la novocaïne ou la procaïne, (par exemple, on retrouve un mélange de
caféine et de procaïne dans l’IMPETOL ND) par des stimulations mécaniques et vasomotrices
sur le système nerveux périphérique.
Huneke a notamment obtenu la guérison d’une périarthrite ankylosante de l’épaule [24].
M. Pistor fut le véritable fondateur de la mésothérapie telle qu’elle existe actuellement [44].
En essayant de soulager un patient souffrant de difficultés respiratoires à l’aide d’une
injection intraveineuse de procaïne (traitement apparemment banal à l’époque), il constata
l’amélioration transitoire de la surdité de son patient.
12
Devant le nombre croissant de demandes pour soulager la surdité et les échecs rencontrés
ensuite, il fut amené à injecter la procaïne le plus localement possible et donc ici sous
l’oreille.
La première publication dans la presse médicale date de 1958, et Pistor y emploie le mot
mésothérapie pour la première fois.
Par la suite, d’autres consultations ont été mises en place en milieu hospitalier, puis petit à
petit en cabinet, et l’enseignement de la mésothérapie dans les facultés s’est organisé.
EN MEDECINE VETERINAIRE:
En pratique, une des premières utilisations rapportée [44, 24] a été faite en 1964 par Tassel
sur un trotteur souffrant d’arthrose quelques jours avant une course.
Les essais cliniques sur les animaux ont débuté avec les travaux de Pitzurra, en 1981, qui a
montré à l’aide d’une méthode chromatographique que la même quantité d’un anti-
inflammatoire non stéroïdien injecté par voie intradermique en regard du genou chez des
cobayes, diffuse avec une meilleure concentration dans l’articulation que lorsqu’on l’injecte
par voie intramusculaire [24].
Par la suite, la mésothérapie a été utilisée, avec des résultats inégaux, dans des domaines aussi
variés que les affections dermatologiques (alopécies, eczéma, chéloïdes..), les entérites,
l’emphysème, les coliques, certaines tumeurs, les pathologies osseuses et tendineuses, …
aussi bien chez les carnivores domestiques que chez les ruminants ou les chevaux.
13
1.2 La peau, support de la mésothérapie
Avant de décrire les théories avancées pour expliquer le mode d’action de la mésothérapie, il
nous a paru important de rappeler que la peau était formée de trois couches d’origine et de
constitutions différentes.
Le chorion est moins riche en cellules, mais contient également des réseaux de distribution
vasculaires et sanguins et des plexus nerveux superficiels.
Le derme profond ou tendiniforme est essentiellement une couche de maintien, imprégnée de
tannins, où les cellules et vaisseaux sont peu nombreux.
♣L’hypoderme, situé sous le derme, est d’épaisseur et de constitution variable selon les
régions considérées (plus ou moins d’adipocytes).
On y trouve les principales ramifications vasculaires et nerveuses sous-cutanées, ainsi que
l’extrémité distale du follicule pileux, les corpuscules de Pacini et chez l’homme les
nombreuses glandes sudoripares.
Chacune des trois couches constituant la peau peut selon les techniques être utilisée en
mésothérapie.
L’intra dermo superficielle (inférieure à 2mm) stimule les cellules du système phagocytaire,
propriété utilisée lors d’une vaccination intradermique, alors que l’intra dermo réticulaire
(supérieure à 4mm) aura plutôt un effet sur le système neuro-vasculaire [8].
Les nombreux capillaires de la peau sont munis de sphincters sous dépendance nerveuse, ainsi
toute action sur le système nerveux périphérique pourra avoir une influence sur le débit
capillaire et donc sur les échanges métaboliques nutritifs mais aussi sur les échanges
médicamenteux.
Tout stimulus appliqué à la peau met en jeu le système neurovégétatif. L’influx passe par les
centres de régulation du tronc cérébral et la moelle épinière, en particulier les centres
vasomoteurs.
Puis les nerfs afférents agissent sur les territoires récepteurs ou sur les organes générateurs de
la douleur primitive : outre les effets locaux, directement observables sur la zone dermique de
l’algie, des effets réflexes mettent en jeu l’excitation du centre régulateur de la barosensibilité,
et agissent sur la vasomotricité des capillaires [45].
14
Les micro injections comportent presque toujours dans leur mélange un anesthésique local de
type procaïne à 2%.
D’après Bornet [10], cette particularité est essentielle dans le processus physiologique de la
mésothérapie, car elle contribue à lever le spasme présent sur la zone d’irradiation
douloureuse, mais augmente aussi la micro circulation en anesthésiant les sphincters pré et
post capillaires.
Cela favorise donc les échanges nutritifs et médicamenteux sur le site de la lésion.
« Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais ça marche … » répondit M. Pistor
devant les interrogations que suscitait la mésothérapie.
L’idée de déposer le médicament au plus près de l’organe cible paraît excellente, mais
ambitieuse. On peut effectivement admettre qu’un mélange injecté juste sous la peau peut
atteindre par voie vasculaire ou par simple diffusion les tissus sous-cutanés, musculaires et
ostéoarticulaires proches de la surface de la peau et avoir une action pharmacologique de
blocage des récepteurs à ce niveau.
Ceci n’est valable qu’à condition bien sûr de n’utiliser que des substances directement
efficaces, des prodrogues, et non des substances qui nécessitent une activation préalable.
Il paraît alors difficile d’envisager une action sur des structures plus profondes, ce qui
restreindrait considérablement les indications de la mésothérapie.
D’autres hypothèses ont été avancées, afin d’expliquer le succès thérapeutique obtenu dans
certaines affections dont l’origine est supposée plus profonde.
Les travaux de Leriche avaient suggéré qu’une vasoconstriction pourrait être à l’origine de
douleurs chroniques. Toutefois, lors d’inflammation, des réactions locales de vasodilatation
sont associées, au moins dans un premier temps, à la douleur [44].
15
Cependant, on ne peut pas imaginer que de simples phénomènes de vasodilatation ou de
vasoconstriction puissent à eux seuls expliquer un processus algogène.
♦Hypothèse du mésoderme :
Le tissu conjonctif mésodermique contient différents éléments que l’on peut regrouper en 3
unités : l’unité micro circulatoire, l’unité neurovégétative, et l’unité de compétence
immunitaire.
Aucune étude fondamentale n’est venu corroborer cette hypothèse qui ne paraît pas reposer
sur des faits scientifiques rigoureux.
En outre, Dalloz-Bourguignon recommandait d’injecter un véritable « cocktail » de produits,
entre 6 à 10 médicaments, ce qui est considéré aujourd’hui comme très discutable du fait des
interactions médicamenteuses qui pourraient apparaître [27].
Ce concept naît aux alentours de 1982 grâce à Ballestros qui considère que l’introduction dans
un organisme d’une substance ionisée, donc chargée électriquement, peut modifier l’équilibre
énergétique de l’organisme [4].
Bien maîtrisé, le message énergétique serait plus puissant que n’importe quel autre. Ces
affirmations reposent sur l’observation d’images de spectrographie avant et après
mésothérapie.
Cette approche a séduit de nombreux adeptes des médecines douces comme l’homéopathie ou
l’acupuncture, mais ne contribue pas à apporter une explication satisfaisante à la recherche
d’un mode d’action [27].
Mejren, rhumatologue, a travaillé sur les rapports entre la peau et les tissus sous cutanés et les
organes sous jacents.
Selon lui, toute souffrance somatique serait représentée au niveau de la peau par une zone
palpable, douloureuse, et reproductible.
16
En proposant des bases neurophysiologiques des zones dermalgiques, et une cartographie
cutanée des souffrances rachidiennes et viscérales, il a réduit considérablement le nombre de
points nécessaires et a inventé une technique beaucoup plus ponctuelle.
Ainsi, l’acte mésothérapique reposerait sur trois choix essentiels : celui de l’endroit où
piquer, celui des produits à utiliser, et celui de la technique. Il appartient au médecin d’adapter
son traitement mésothérapique à chaque patient en fonction des critères de choix dont il
dispose : intensité de la douleur objectivée, aspect de la lésion si elle est superficielle, aspect
de la peau en regard de la lésion dermoneurodystrophique…
Cette dernière approche date de 1982-1983. Elle a permis l’établissement de protocoles plus
rigoureux, et en limitant les champs d’applications principalement au traitement des
pathologies de l’appareil locomoteur, a contribué à rendre la mésothérapie plus rigoureuse et
plus crédible.
Il semble maintenant que l’on puisse prendre en compte une technique inspirée à la fois de la
mésothérapie classique, en regard des zones douloureuses lésées, de la mésothérapie
ponctuelle systématisée et de la mésothérapie énergétique [10].
Les injections intradermiques agiraient de deux façons distinctes. Elles stimuleraient les fibres
sensitives de gros diamètre, qui augmentent au niveau de la corne postérieure de la moelle
leur effet inhibiteur sur les fibres de petits diamètres, vectrices de la douleur.
En outre, certaines hypothèses suggèrent qu’elles mettent en jeu le système des
endomorphines, et libèrent enképhalines et endorphines [42].
Par exemple, plus de 48 heures après l’injection intradermique, une petite quantité du produit
injecté reste à l’endroit de la poncture [10].
Pour mettre en évidence l’intérêt de la voie sous cutanée par rapport à la voie
intramusculaire, les travaux de Pitzurra chez l’animal ont précédé les premiers essais en
mésothérapie humaine [27] : il s’agissait de prendre deux lots de sept cobayes et de leur
injecter la même quantité d’A.I.N.S par voie intramusculaire dans un lot et par voie sous-
cutanée dans l’autre lot.
Les cobayes ont ensuite été euthanasiés et la concentration en produit actif a été mesurée dans
les tissus sous-jacents par chromatographie gazeuse.
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La différence entre les deux voies d’injection était minime sur les fractions prélevées après 30
minutes, et en revanche plus significative après la première heure : d’après Pitzurra, la voie
intradermique permettrait une concentration des produits plus importante et plus durable [27].
Les médicaments utilisés en mésothérapie ont été petit à petit sélectionnés parce qu’ils
possédaient des propriétés pharmacologiques bien connues, utilisées en administration par
d’autres voies, et parce que leur utilisation donnait de bons résultats.
Le mélange injecté ne doit pas contenir trop de molécules différentes, au risque de voir
apparaître des interférences médicamenteuses, physico-chimiques ou pharmacocinétiques.
En outre, il devient alors plus difficile d’évaluer la réelle efficacité de la méthode en elle-
même [27]. Bornet [10] n’utilise jamais plus de 3 molécules différentes dans le mélange
injecté, mais selon lui cela n’est pas une règle absolue.
Nous allons évoquer les catégories de médicaments les plus souvent utilisées, en insistant sur
les molécules les plus souvent rencontrées dans le traitement des affections ostéoarticulaires
et tendineuses en médecine vétérinaire.
La présence dans le mélange injecté d’un anesthésique local tel que la procaïne à 2% entraîne
le blocage de l’acéthylcholinestérase et provoque l’anesthésie des fibres sensitives [9].
Les fibres motrices sont très peu concernées en raison d’un diamètre plus important et des
faibles doses injectées .
18
La douleur et l’hyperthermie sont supprimées. Puis, l’anesthésique local provoque une
vasodilatation permettant à la micro circulation d’absorber rapidement les médicaments
injectés.
En dernier lieu se produit une vasoconstriction réflexe, permettant une résorption prolongée
des médicaments.
•La Procaïne :
•La Lidocaïne :
Elle possède une action anesthésique locale 2 à 3 fois plus puissante que la procaïne, mais de
faibles propriétés vasodilatatrices.
Actuellement, en médecine humaine, c’est une molécule souvent utilisée chez les sujets les
plus sensibles [24]: jeunes enfants, allergiques à la procaïne, ou patients présentant un déficit
chronique en cholinestérase plasmatique.
♦Les myorelaxants :
Ils ont toujours été utilisés en médecine et traumatologie sportive, notamment lors de
dorsalgies ou de cervicalgies.
L’intérêt de l’administration par mésothérapie est l’obtention d’une action décontracturante et
ainsi antalgique sans les effets secondaires observés après une administration par voie
générale, par exemple la somnolence.
• La Chlorproéthazine (NEURIPLEGE ND ) :
Provoque une relaxation musculaire intense. Une action antalgique et décontracturante par
application percutanée aurait été mise en évidence, sans les effets secondaires observés après
administration par voie générale (somnolence essentiellement) [27].
19
Il est recommandé de ne pas l’associer au nicotinate de monoéthanolamine (PERIDYL
HEPARINE ND). Cette molécule est très souvent employée en médecine humaine et
vétérinaire [10, 23, 24, 27].
C’est un Gaba agoniste, très efficace sur les contractures réflexes rhumatismales ou
traumatiques, ou sur les contractures spastiques d’origine centrale.
Notons tout de même que son mode d’action central ne devrait pas lui conférer d’activité
locale en mésothérapie…
D’après Le Coz et Chos [27], il est parfois utilisé en médecine humaine, et Bornet l’utilise
fréquemment lors d’atteintes des surfaces articulaires chez le chien en raison de son
groupement thiol [10]. Le groupement thiol intervient en effet dans la synthèse des acides
chondroïtine sulfuriques, constituants essentiels de la substance fondamentale du cartilage.
D’autres molécules comme le diazépam (VALIUM ND, bien que son mode d’action soit
également central) sont employées en médecine humaine par certains praticiens.
♦Les anti-inflammatoires :
Selon Le Coz et Chos en 1989 [27], ils étaient les seules molécules utilisées en mésothérapie
à avoir apporté la preuve indiscutable de leur efficacité par la méthode du double insu.
Ces molécules ont en commun une action d’inhibition de la cyclo-oxygénase, qui intervient
dans la cascade de la synthèse des prostaglandines.
Lors de phénomènes aigus, les AINS réduisent l’augmentation de la perméabilité capillaires
entraînée par l’inflammation, diminuent la migration des polynucléaires, des monocytes, des
histiocytes et des macrophages, mais lors de phénomènes chroniques, ils ne peuvent pas
totalement empêcher l’apparition de tissu de granulation.
La voie cutanée permet de diminuer considérablement les effets secondaires liés à la voie
orale et à la voie parentérale (altération du fonctionnement gastro-intestinal: irritation du tube
20
digestif, apparition d’ulcères, et altération du fonctionnement rénal), qui ne sont rencontrés
qu’exceptionnellement après une mésothérapie.
• Le Diclofénac (VOLTARENE ND ) :
Il est utilisé par des vétérinaires praticiens [24], et entre dans de nombreux protocoles en
médecine humaine [27].
Toutefois, le solvant du diclofénac, le propylène glycol, expose à un risque non négligeable de
nécrose cutanée chez l’homme.
D’autres AINS peuvent être cités pour leur emploi en médecine vétérinaire : l’Acétyl
salicylate de lysine (ASPEGIC ND), l’Acide tolfénamique (TOLFEDINE ND), la
Phénylbutazone (BUTAZOLIDINE ND), le Ténoxicam (TILCOTIL ND), ou encore le
Furbiprofène (CEBUTID ND) [24, 41].
♣ La voie intra dermique n’aurait que peu d’intérêt pour les corticoïdes par rapport à une
infiltration ou une pommade.
21
Selon le Dr Vincent [44], les faibles doses employées en mésothérapie et la dilution du fait du
mélange avec d’autres médicaments permettraient d’éviter les effets secondaires défavorables.
D’autre part, toujours d’après le Dr Vincent, la peau animale aurait une résistance supérieure
à celle des humains puisque aucune lésion locale ni aucune nécrose n’auraient été observées
suite à des traitements mésothérapiques [44].
D’autres corticoïdes sont employés par des vétérinaires praticiens, comme la Fluméthasone
(CORTEXILAR ND) [24], la Triamcinolone (CANITEDAROL ND ), la Prednisolone
(PREDNISOLONE ND ou HYDROCORTANCYL ND) ou l’acétate de Méthyl prédnisolone
(DEPO-MEDROL ND).
Citons également :
22
• L’extrait de mélilot associé au rutoside (ESBERIVEN ND) : les indications de
l’utilisation de ce produit sont les traitements des symptômes en rapport avec l’insuffisance
veinolymphatique.
Il possède une activité veinotonique et vasculoprotectrice, et augmente le pouvoir
protéolytique des macrophages vis à vis des protéines de haut poids moléculaire, facteurs de
rétention hydrique [41].
Il s’agit d’un sel organique linéaire, apportant l’iode et le soufre sous forme non oxydée, à
visée anti-arthrosique.
Il semble efficace dans le traitement de fond des arthroses : il est employé par De Faucompret
[20, 21, 23] en médecine équine, par Bornet [10] en médecine canine, et en médecine
humaine [24].
En revanche, il n’aurait aucun effet dans les traitement des affections aiguës articulaires [24].
23
♣ L’ alphachymotrypsine: Ce produit était utilisé notamment dans le traitement d’appoint
des œdèmes post-traumatiques ou post opératoires.
En raison de manifestations allergiques généralisées, il a été progressivement abandonné [27].
• Les vaccins :
Ces produits seraient intéressants en mésothérapie sur le plan antalgique [27]. Citons par
exemple le DIVASTA ND.
1.5 Matériel
Depuis quelques années, ce matériel a évolué pour permettre un plus grand confort du
praticien et du malade, puisque les injections pouvaient être douloureuses.
♦Aiguilles et seringues :
Les aiguilles utilisées sont des aiguilles à usage unique jetables, de 3 ou 4 mm de long et 4/10
de diamètre en général et ont un biseau court. Des aiguilles de 6 mm peuvent aussi être
utilisées, selon l’épaisseur de la zone où s’effectue le traitement.
Les seringues sont également à usage unique, de volume variable, à adapter en fonction de la
quantité de produit que le médecin veut injecter (de 1ml à 10 ml en général).
De type «cône Luer », on peut leur relier des multi-injecteurs linéaires ou circulaires.
♦Support de la seringue :
Les multi-injecteurs :
Ils avaient été imaginés par Pistor pour faciliter le traitement des surfaces étendues : un seul
impact introduit plusieurs aiguilles à la fois, ce qui ne provoque qu’une douleur, des
stimulations sensitives simultanées. En outre, les mélanges semblent mieux répartis, avec un
gain de temps indéniable [24].
24
25
Parmi eux, on trouve [27, 24] le multi-injecteur linéaire à 5 aiguilles, le petit multi-injecteur
circulaire à 7 aiguilles, le grand multi-injecteur circulaire à 18 aiguilles, et les multipuncteurs
(cf. fig. 1).
♣ Le vétojet : c’est un appareil d’injection sous pression, sans aiguille, avec deux
possibilités de réglage de la puissance d’injection et du volume [43]. Il est simple et robuste
d’utilisation.
♣ Le Den. Hub est un petit pistolet muni d’une vis sans fin permettant d’injecter à la
profondeur voulue les produits par simple pression sur une gâchette.
Ce dispositif a beaucoup d’avantages : simplicité d’utilisation et d’entretien, légèreté, il est
aussi silencieux et indolore.
Cependant, son prix est relativement élevé par rapport à d’autres appareillages, ce qui limite
son utilisation en médecine vétérinaire.
26
Les injecteurs électroniques :
En général, ils permettent une diminution de la douleur, mais ne sont pas tellement utilisés en
médecine vétérinaire.
On distingue :
♣ Le Pistormatic I et le II.
Le modèle I possède trois vitesses possibles: coup par coup, injection continue, ou rafale, et le
modèle II, plus petit et plus maniable ne fait que des injections coup par coup.
En revanche, la lourdeur de ces appareils, leur bruit très stressant et leur coût non négligeable
en limitent l’utilisation [27].
♣ Le méso-perfuseur :
Mis au point par le Dr Pistor, cet instrument permet de faire entrer le mélange thérapeutique
sous la peau pendant une dizaine de minutes (10à 20 minutes selon la zone à traiter) de façon
continue.
Il est constitué de 2 à 6 aiguilles reliées par 2 à 6 tubulures à une seringue, elle même reliée à
un appareil exerçant une pression lente et continue. L’injection devient ainsi indolore, et est
parfaitement bien supportée par le patient [27].
Cependant, le facteur temps est plus difficile à gérer en médecine vétérinaire : toute
augmentation de la durée du traitement augmente les difficultés de contention.
Son prix limite également son utilisation en pratique vétérinaire courante [24].
♣ Le mésotron :
Cet appareil permet de délivrer une dose fixe de 0.1 ml à chaque injection, et la vitesse
d’injection est déterminée en fonction de la résistance de la peau.
♣ Le mésalyse :
C’est un appareil de perfusion lente programmable, muni de tubulures reliées à plusieurs
aiguilles intradermiques (2,4 ou 6), qui permet l’injection de faibles quantités en plusieurs
endroits.
27
Le mode d’action du traitement par mésothérapie n’est pas encore clairement établi.
Les appareillages électroniques semblent toutefois être mieux tolérés par les patients en
médecine humaine.
28
II. UTILISATIONS EN MEDECINE HUMAINE
Un sportif est exposé à toutes sortes de lésions, en fonction du sport qu’il pratique, individuel
ou collectif, et selon les contraintes imposées par le sport en question.
Toutes les lésions ne répondent pas forcément à un traitement mésothérapique : nous allons
étudier les grandes entités pathologiques et mentionner les indications les plus adaptées à la
mésothérapie, ou au contraire les situations où la mésothérapie n’est pas recommandée.
2.1.1 Non-indications.
Il nous a paru important, avant d’étudier les entités pathologiques plus précisément de
souligner que dans certaines situations, la mésothérapie n’est absolument pas indiquée.
Il s’agit principalement de situations graves, où par exemple le traitement chirurgical doit être
envisagé en première intention.
Citons les fractures de tous les étages, les luxations, l’ostéonécrose aseptique de la tête du
fémur, l’ostéochondrite, les hernies discales vraies, la lyse isthmique des vertèbres, le
spondylolisthésis, les ruptures tendineuse complètes, sans compter les lésions neurologiques
déficitaires etc…[27, 29].
29
2.1.2 Pathologie musculaire.
Les accidents musculaires sont fréquents et surviennent aussi bien lors de la pratique de sports
collectifs (football, rugby, volley-ball … à cause des chocs qui peuvent intervenir entre deux
joueurs ) que pendant la pratique de sports qui requièrent une certaine souplesse, de la
détente, de la vitesse, ou des efforts musculaires répétés ou soutenus (marathon, course à pied,
saut de haies.).
L’élongation musculaire :
La douleur est souvent d’apparition retardée, le lendemain d’un match par exemple, et même
si le muscle est indolore au repos, les mouvements d’impulsion, de sprints, sont douloureux
et l’élongation risque de dégénérer en claquage musculaire si un traitement efficace n’est pas
mis en place immédiatement.
D’après IJ Parienti, [31], une séance de mésothérapie à l’aide d’un mélange de 0.5 ml de
procaïne 2%, 0.3 ml de chloproéthazine (NEURIPLEGE ND), et 0.5 ml de buflomédil
chlorhydrate (FONZYLANE ND).
La contracture musculaire :
Elle se traduit par l’existence d’une zone douloureuse, dure au palper, et survient
fréquemment lorsque le sportif n’a pas eu le temps de récupérer, en fin de match ou de
compétition.
Le traitement par mésothérapie est le même que précédemment [31].
Les crampes :
Chez un sportif sujet aux crampes, la mésothérapie sera orientée sur l’aspect vasculaire : 1ml
de Procaïne 2%, 0.5 ml du mélange de tétraméthylamonium iodure et de thiamine
chlorhydrate (BANIKOL ND Vitamine B1) et 0.5 ml de mélilot associé à du rutoside
(ESBERIVEN ND) [31].
30
La contusion musculaire :
Engendrée par un choc direct, la contusion est souvent bénigne mais peut être plus grave avec
apparition d’une tuméfaction importante, très douloureuse et une impotence fonctionnelle
marquée.
Certains auteurs [31], pour accélérer la récupération, préconisent un traitement à base 0.5 ml
de Procaïne 2%, 0.5 ml de triméthyliodosulfonium carbonate de sodium
(IODOGLUTHIONAL ND) vitaminé B1 2% et de 2.5 mg de Vitamine B12. En cas de douleur
intense, le praticien peut remplacer les Vitamines B12 par un flacon du mélange thiamine,
pyridoxine et cyanocobalamine (TERNEURINE ND), et s’il existe un œdème ou une
tuméfaction post-traumatique, il peut ajouter un flacon de mucopolysaccharidases
(THIOMUCASE ND ).
Ce type d’accident survient brutalement, lors d’une accélération, d’une grande impulsion ou
d’un tir puissant, et provoque une douleur aiguë, dite en «coup de poignard ».
S’il s’agit d’un muscle de la jambe, cela provoque une boiterie qui peut aller jusqu’à une
suppression complète d’appui.
Dans le cas de la déchirure musculaire, des fibres musculaires sont rompues et entraînent un
saignement intramusculaire, bien visible à l’échographie, et qui forme un hématome visible à
partir du deuxième jour lorsque le claquage est superficiel.
La troisième séance, au 15e jour, aura une action cicatrisante : le mélange est composé de 1
ml de Procaïne 2%, 0.5 ml de buflomédil chlorhydrate (FONZYLANE ND) et 0.5 ml d’extraits
placentaires (appelés «bio stimulines » : PLACENTA FIL ND ou PLACE NTA LUCHINI ND).
La quatrième séance a lieu après la reprise de l’entraînement, au 21e jour et le praticien injecte
le même mélange que lors de la deuxième séance.
Parienti [31] souligne que la reprise du travail doit être progressive, avec au début des séances
de courses sans accélérations, en ligne droite, puis petit à petit introduction de phases
d’accélération et de changements de directions, puis l’entraînement redevient normal avec
reprise des compétitions.
31
Les rechutes ou les récidives dépendent essentiellement du devenir de l’hématome, d’ou
l’importance du traitement mésothérapique, qui en luttant contre la douleur, permet une
mobilisation précoce des fibres musculaires et facilite un parfait bourgeonnement conjonctif.
La mésothérapie évite également d’autres complications telles que l’apparition d’un
enkystement ou d’un tissu fibreux trop important.
Chez les sportifs qui font des claquages à répétition, il est possible de faire un traitement
mésothérapique régulier, une fois par mois, à visée vasculaire [31] : le mélange associe 1 ml
de procaïne 2%, 0.5 ml de nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL HEPARINE ND), et 0.3
ml de chlorproéthazine (NEURIPLEGE ND). D’après le même auteur [31], les résultats sont
bons.
Parfois, il arrive que des calcifications post-claquages se forment : elles pourront être traitées
par un mélange de 1 ml de procaïne 2% et 0.5 ml de calcitétracémate de sodium
(TETRACEMATE DISODIQUE ND), à raison de 1 séance par semaine pendant un mois puis
tous les 15 jours pendant 45 jours [31].
Les tendinites surviennent lors des activités sportives où les articulations sont sollicitées de
manière importante et répétée : la mise en traction excessive renouvelée plusieurs fois
entraîne un dépassement du seuil de tolérance mécanique du tendon [31].
Certains sports sont particulièrement à risque, comme le tennis, le football, l’athlétisme
(course, saut de haies…), ou le basket.
La douleur apparaît lors de la pratique de l’activité sportive, et peut rapidement devenir
insupportable.
32
Selon le Coz et Chos [27], le schéma mésothérapique suivant peut être proposé : quatre
séances à J0, J7, J17 et J30, et les produits injectés sont fonction de l’intensité de la douleur.
Pour Parienti [31], trois séances de mésothérapie seraient suffisantes à l’obtention de bons
résultats : lors de la première séance, on utilise un mélange de 0.5 ml de procaïne 2%, 2.5 mg
de vitamine B12, et un flacon de mucopolysaccharidases (THIOMUCASE ND).
Une semaine plus tard, le mélange injecté se compose de 0.5 ml de procaïne 2%, 0.5 ml de
buflomédil chlorhydrate (FONZYLANE ND), et 0.5 ml de nicotinate de monoéthanolamine
(PERIDIL- HEPARINE ND).
La dernière séance a lieu si les deux précédentes n’ont pas été suffisantes, et le mélange est
alors composé de 0.5 ml de procaïne 2%, et de 0.5 ml d’ apronitine (ZYMOFREN ND).
L’éventuelle présence d’une calcification peut faire proposer l’utilisation [27, 31] d’un
mélange de Procaïne 2% et de calcitétracémate de sodium (TETRACEMATE ND), après
avoir effectué une anesthésie locale avec de la lidocaïne (XYLOCAINE ND) car l’injection de
tétracémate est douloureuse. L’ajout de nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL
HEPARINE ND) est utile selon certains auteurs [27].
Le rythme des séances est de 1 par semaine pendant un mois et une tous les 15 jours pendant
deux mois [31].
La mésothérapie dans cette indication n’a pas la prétention d’être aussi rapidement efficace
qu’une infiltration de cortisone, mais elle évite certains effets secondaires entraînés par les
infiltrations comme des allergies, des réactions hyper algiques intolérables, des nécroses
cutanées même si le médecin a l’habitude des infiltrations [27].
D’après une étude réalisée par Le Coz [25] et une plus récente portant sur 101 cas [26] dont
65 sportifs, les résultats obtenus à J90 sont superposables à ceux obtenus par infiltration
cortisonique (76 % bons et très bons dans la vie courante et 68 % dans la vie sportive).
En outre, il est intéressant de constater que chez des patients auxquels les infiltrations
cortisoniques n’avaient apporté aucune amélioration (30 cas ), la mésothérapie a procuré 73%
de bons et très bons résultats dans la vie courante et 60 % dans la vie sportive [26].
Pour terminer ce paragraphe concernant les tendinites, citons quelques exemples d’autres
affections répondant très bien à la mésothérapie [27, 31]:
33
(ESBERIVEN ND), de mucopolysaccharidases (THIOMUCASE ND) et de nicotinate de
monoéthanolamine (PERIDIL-HEPARINE ND). )
Une série de trois séances est recommandée [31] pour ces entorses bénignes: la première
séance est à base de 0.5 ml de procaïne 2%, 0.5 ml de mélilot et rutoside (ESBERIVEN ND),
et un flacon de mucopolysaccharidases (THIOMUCASE ND).
La deuxième séance a lieu 8 jours plus tard (0.5 ml de procaïne 2%, 0.5 ml de
triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOLUTIONAL ND vitaminé B1 2%) et 0.5
ml de nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL-HEPARINE ND) ) et la troisième séance a
lieu au quinzième jour, seulement si une zone douloureuse persiste (0.5 ml de procaïne 2%,
0.5 ml de thiamine (BENERVA ND), et 2.5 mg de Vitamine B 12).
Les entorses du doigt répondent bien également à la mésothérapie mais sont beaucoup plus
délicates à traiter et nécessitent un mésothérapeute expérimenté [27].
L’aiguille doit être placée obliquement par rapport à la peau. Le mélange injecté dépend alors
de l’intensité de la douleur, et de la présence ou non d’un œdème séquellaire qui nécessitera
l’apport de mélilot et de rutoside (ESBERIVEN ND).
La colonne vertébrale est parfois violemment traumatisée, notamment dans les sports comme
le rugby, les sports de sauts lors d’une réception brutale ou l’équitation lors d’une chute.
Dans toutes les disciplines, le rachis est sollicité de manière importante et rares sont les
sportifs qui ne se plaignent pas de rachialgies aiguës ou chroniques.
34
35
36
Les lésions traumatiques peuvent apparaître :
• par choc direct : chutes répétées sur un sol dur (ski, patinage artistique), hyper extension
subite, rotation du rachis lombaire…
Au niveau de l’étage cervical, l’endroit le plus fréquemment touché est la jonction C5 /C6.
Une contracture des muscles sterno-cléido-mastoïdiens (torticolis ) peut être présente.
Les dorsalgies vraies sont assez rares, et souvent liées à une entorse disco-ligamentaire.
♣ Lombo-sciatique : liée à une discopathie, avec une douleur précise et exquise entre les 4e
et 5e lombaires ou entre la 5e lombaire et la première sacrée. Cette douleur présente une
irradiation sciatique.
Les injections sont effectuées suivant l’axe des apophyses épineuse, et le long des masses
musculaires para-vertébrales.
Parienti [31] insiste sur le fait que la mésothérapie doit dans ce cas être accompagnée de
séances de rééducation fonctionnelle.
La kinésithérapie aura pour but de favoriser la récupération de la mobilité articulaire et de la
trophicité musculaire.
En outre, si la cause mécanique n’est pas traitée par des mains expertes, les résultats de la
mésothérapie seront éphémères (2-3 jours d’amélioration puis rechute). Toujours d’après les
mêmes auteurs, les lombosciatiques répondraient mal au traitement mésothérapique.
37
Pour d’autres auteurs [27], la meilleure indication d’une mésothérapie serait le traitement des
grandes charnières transitionnelles.
D’après Mrejen [29], au moins 80 % de la pathologie vertébrale mécanique serait représentée
par les souffrances intervertébrales dégénératives au niveau des grandes charnières
transitionnelles : C2-C3, C7-D1, D12-L1, L4-L5 et L5-S1.
D’autres affections n’ont pas été évoquées et répondraient très bien au traitement
mésothérapique, comme les kystes synoviaux de la face dorsale du poignet (douloureux à la
pression).
Cependant, les indications se sont actuellement un peu restreintes et certains produits cités
dans ce paragraphe ne sont plus commercialisés actuellement.
38
2.2.1 Cas particulier des accidents de croissance.
Ce sont des affections appelées encore apophysites ou épiphysites, qui touchent les
adolescents entre 11 et 16 ans généralement, et provoquent des douleurs intenses, calmées par
le repos.
A un âge où la pratique sportive fait généralement partie du mode de vie, le traitement par des
séances de mésothérapie régulière peut permettre au jeune de reprendre la pratique de son
sport favori (avec parfois certaines restrictions) [31].
Cette affection pourrait entraîner l’apparition d’une arthrose vertébrale précoce [31].
Le genou est parfois touché, et cela se manifeste par une tuméfaction de l’insertion tibiale du
tendon rotulien. Une composante vasculaire interviendrait dans l’étiopathogénie.
Les jeunes patients atteints peuvent grâce à ce traitement reprendre leurs activités sportives, à
l’exclusion cependant du ski nautique, du cyclisme, du parachutisme, du saut et de
l’haltérophilie dans le cas d’une maladie de Scheuermann.
39
La mésothérapie pourrait se révéler très efficace dans le traitement du vétéran sportif en
diminuant la douleur et la gêne fonctionnelle.
Les résultats dépendent cependant de la gravité des lésions et de leur ancienneté, ainsi que de
l’importance des séances de kinésithérapie qui suivront.
Arthroses
En période de crise aiguë, une séance tous les 15 jours pendant deux mois à base d’un
mélange de :
• Procaïne 2% :0.5 ml
• Diclofénac (VOLTARENE ND):0.5 ml
• Catalase (OPTIDASE ND) : 1 flacon
En période d’accalmie, une séance d’entretien est prévue tous les mois :
• Procaïne 2% : 0.5 ml
• Nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL HEPARINE ND): 0.5 ml
• Triméthylsulfonium carbonate de sodium (IODOGLUTHIONAL Vitaminé B1 ND à 2% ):
0.5 ml
40
Péri-arthrites
Cela traduit une véritable tendinite, sans limitation des mouvements actifs et passifs de
l’épaule, ni diminution de la force musculaire du membre supérieur concerné.
Ces tendinopathies peuvent bénéficier du traitement mésothérapique que nous avons détaillé
dans le paragraphe sur les tendinites.
Une à deux séances suffisent en général à faire disparaître les symptômes, surtout si le
traitement est précoce.
C’est une complication d’une tendinite calcifiante de l’épaule. Les calcifications provoquent
des douleurs aiguës lorsqu’elles migrent du sus épineux dans la bourse séreuse ou sous-
deltoïdienne.
Selon certains auteurs, les infiltrations de cortisone seraient alors à proscrire car elles
risqueraient d’augmenter la douleur [31], tandis que pour d’autres praticiens, elles constituent
le seul traitement efficace.
• Procaïne 2% :1 ml
• Calcitétracémate de sodium (TETRACEMATE DISODIQUE ND) : 0.5 ml
A raison d’une séance tous les dix jours pendant deux mois, puis tous les mois pendant trois
mois, ce traitement donnerait des résultats satisfaisants, avec parfois une disparition de la
calcification [31, 39].
♣ L’épaule pseudo-paralytique :
C’est une rupture large de la coiffe des rotateurs, qui peut être d’origine dégénérative chez les
sujets âgés (très fréquente après 50 ans), suite à des micro-traumatismes répétés.
La mobilité active est diminuée, voire absente.
Toutefois, le traitement chirurgical est souvent nécessaire. La kinésithérapie reste essentielle
pour éviter la fonte musculaire, ou toute raideur articulaire secondaire.
41
Le mésothérapeute prescrit le traitement suivant :
•Procaïne 2% :0.5 ml
• Extraits placentaires : «bio stimulines » (PLACENTA LUCCHINI ND): 0.5 ml
• Triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOGLUTHIONAL VitamineB1 ND
2% ): 0.5 ml
Une séance tous les 15 jours sera effectuée pendant deux mois, puis tous les mois en parallèle
avec les séances de rééducation.
Lors de la deuxième phase, on effectuera une séance tous les 15 jours pendant plusieurs mois
de :
• Procaïne 2%
• «Bio stimulines » provenant d’extraits placentaires humains (PLACENTA LUCCHINI
ND) : 0.5 ml
• Nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL HEPARINE ND): 0.5 ml
Pour illustrer cet exemple, les auteurs ont fait un bilan récapitulatif du rôle de la mésothérapie
dans la PASH, et ont mis en évidence une importance très variable selon la composante
anatomique de cette affection (cf. fig. 4 ).
La mésothérapie est connue, à juste titre, pour la faible incidence des effets secondaires
qu’elle entraîne.
42
Douleur Douleur provoquée Difficultés Rôle de la
spontanée mobilisation mésothérapie
Palpation Mouvement Active Passive
contrarié
Tendinite simple + à ++ + + 0à+ 0 +++
Capsulite ++ + ++ +++ +++ ++
43
Cependant, comme toute thérapie, elle nécessite un opérateur expérimenté, un choix
judicieux des produits et quelques précautions, sous peine de voir apparaître des effets
indésirables.
Même si elles sont rares et en général limitées au territoire cutané, les allergies sont
susceptibles d’apparaître sur des patients ayant un passé allergique.
La procaïne, contrairement à la crainte formulée par de nombreux praticiens, n’a pas entraîné
beaucoup d’effets secondaires [27].
Enfin la chymotrypsine (ou l’alphachymotrypsine) n’est plus guère utilisée en raison des
risques importants d’œdèmes de Quincke associés.
Lorsque l’un des produits injectés semble entraîner une allergie légère mais qu’il est
indispensable au traitement, Le Coz et Chos [27] proposent d’ajouter au mélange
mésothérapique quelques gouttes d’un anti histaminique ou d’entreprendre la veille de la
mésothérapie un traitement anti-allergique par voie générale.
44
Par exemple, la procaïne acide inactive les vitamines B12, les sulfamides (non utilisés en
médecine sportive), et les A.I.N.S. La chloproéthazine (NEURIPLEGE ND) forme des
précipités avec le nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL-HEPARINE ND), ainsi qu’avec
le mélilot associé au rutoside (ESBERIVEN ND).
Il faut toujours tenir compte des actions antagonistes que deux médicaments pourraient
présenter, ainsi que des incompatibilités physiques : l’obtention de précipités ou de
microcristaux pourrait tout simplement obturer la seringue.
Nous avons vu précédemment que certains procédés sont plus douloureux que d’autres.
L’utilisation du matériel électronique a amélioré le confort des patients et la douleur est en
général minime lorsque le mésothérapeute est expérimenté.
Plus le mélange injecté est huileux, acide ou abondant, plus l’injection est superficielle (intra
dermo superficielle plutôt que sous cutanée), plus la douleur décrite est importante.
Les extrémités des membres telles que les doigts, les faces palmaires des mains, les orteils et
les faces plantaires des pieds sont des endroits particulièrement sensibles, qui nécessitent un
matériel et une technique adaptés.
En grande majorité, les infections décrites sont survenues après un traitement pour une
hypolipodystrophie (Dystrophie élective du tissu graisseux sous-cutané).
Le délai d’apparition des infections est plus long (1à 6 semaines) que celui décrit pour les
lésions toxiques médicamenteuses.
Le mésoflash a souvent été mis en cause, car les têtes de cet appareil ne sont pas jetables et
induisent un traumatisme important.
La dilacération des tissus entraînée par l’impact du mésoflash, ainsi que les hématomes qu’il
provoque sont des facteurs déclenchant [24, 28].
45
Dans ce cas, la disparition est longue et le risque de cicatrices persistantes est important. Ces
considérations ont conduit certains auteurs à déconseiller l’application de la mésothérapie sur
le visage [30].
• La peau doit être soigneusement désinfectée avant tout traitement mésothérapique, et les
aiguilles utilisées doivent être changées entre chaque patient.
• La dose injectée ne devrait pas dépasser 0.2 ml par point selon Le Coz et Al [28]. Lors de
l’administration d’une quantité trop importante de produit, des adénopathies inflammatoires
non accompagnées de signes infectieux ont également été observées [27, 28].
• L’hémostase doit être rigoureuse et le médecin appliquera des compresses après la séance
pour limiter le frottement avec les vêtements.
Pour diminuer encore le risque d’allergie et d’irritation, il est également déconseillé
d’appliquer de la pommade après une séance de mésothérapie [27].
• Les séances ne doivent pas être trop rapprochées pour éviter la persistance d’hématomes
d’une séance sur l’autre : intervalle minimum de 1 semaine selon certains auteurs [28].
La multiplicité des séances est non seulement inutile mais peut léser la circulation
superficielle et entraîner une coloration bleutée irréversible des téguments [27].
Le risque de lésion mécanique est évoqué par certains détracteurs de la mésothérapie,
qui auraient observé des paralysies du nerf poplité externe après une séance de mésothérapie
dans cette région [27].
Toutefois, même si certaines régions sont délicates à traiter (tête du péroné ou malléole
externe de la cheville ), de telles conséquences restent tout de même du domaine de
l’exceptionnel si le praticien est rigoureux dans sa technique.
De façon générale, les médecins évitent de traiter les patients qui présentent [24] :
♠ Un terrain diabétique: les tissus sont plus susceptibles de développer des infections, des
plaies et des hémorragies.
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♠ Des problèmes cardiaques: l’insuffisance cardiaque et l’hypotension sont des contre
indications relatives.
Le traitement des femmes enceintes n’est pas déconseillé, mais il convient de s’assurer de
l’innocuité des produits utilisés du point de vue tératogène.
Dans l’espèce équine, lors du traitement d’une jument gravide avec du
triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOLUTIONAL ND), un risque
d’hypothyroïdie fœtale serait rapporté [24] .
47
III UTILISATIONS EN PATHOLOGIE LOCOMOTRICE EQUINE
En effet, au même titre que n’importe quel sportif, le cheval est exposé à des accidents
traumatiques ou au développement des affection dégénératives de type arthrosiques en cours
de carrière.
Il peut aussi présenter des défauts de conformation ou des aplombs gênants pour son
exploitation en compétition.
On peut donc imaginer que les contraintes mécaniques exercées sur les articulations des
membres, sur le rachis ou sur les tendons vont être énormes lors d’une course ou lors d’un
saut.
En pratique équine, la majorité des motifs de consultations des chevaux de sports concernent
la locomotion.
• Le dressage
• Le concours complet: c’est une combinaison sur plusieurs jours d’une épreuve de sauts
d’obstacles, d’une de dressage et d’un parcours d’obstacles à l’extérieur (cross)
• Les courses: le trot, attelé ou monté, le galop sur le plat ou sur des parcours d’obstacles
(Steeple Chase)
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• L’attelage: le cheval est attelé individuellement ou en équipage, avec des épreuves de
maniabilité, de vitesse (marathon)
• La voltige: le cheval tourne en longe au galop pendant que son cavalier exécute des
figures de gymnastique sur son dos.
Comme le sportif humain, le cheval est soumis à des contraintes particulières à chaque
discipline.
Examen dynamique : aux trois allures, en ligne droite puis en cercle, sur terrain dur et sur
terrain plus souple.
Cependant, les trotteurs de course devraient être examinés sur une piste à l’entraînement pour
que l’examen soit vraiment représentatif.
A l’issue de ces deux examens, et selon les commémoratifs, une mésothérapie peut être
proposée.
A l’aide d’un multi-injecteur ou d’un autre instrument, selon la région à traiter, les punctures
sont effectuées perpendiculairement à la peau.
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Le nombre de punctures dépend de l’étendue de la région à traiter : en principe, les points
sont espacés de 1.5 cm environ. De toutes façons, le multi-injecteur permet de réaliser des
punctures régulièrement espacées.
Le protocole de remise au travail varie selon les régions traitées, mais en tous cas, le cheval
n’est ni monté, ni couvert pendant trois jours.
Quelle que soit la discipline envisagée, l’axe rachidien du cheval est toujours sollicité de
manière importante, en particulier parce qu’il porte un(e) cavalier(e) ou tire un attelage.
Avant d’envisager les différentes entités pathologiques, il nous a paru important de rappeler
quelques éléments d’anatomie et de biomécanique.
Les vertèbres thoraciques (fig. 7) sont caractérisées par des processus épineux très hauts,
surtout dans la région du garrot. L’orientation de ces processus s’inverse au niveau de la
vertèbre anticlinale (entre le 13e et la 16e thoracique) pour devenir dorso-crâniale en région
lombaire [19].
Les vertèbres lombaires (fig. 8) présentent des processus transverses longs et un emboîtement
prononcé de leurs processus articulaires, ce qui contribue à limiter fortement la mobilité
lombaire, surtout dans les mouvements de latéro-flexion et de rotation [19].
Le sacrum est formé de 5 vertèbres soudées entre elles et intimement liées aux iliums
droits et gauches par des ligaments sacro-iliaques puissants.
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Dans son ensemble, la colonne vertébrale présente une série de courbures plus ou moins
accentuées selon les individus [19] :
• Le pont vertébral thoraco-lombaire est pratiquement rectiligne : l’axe des corps vertébraux
présente une légère convexité dorsale, qui peut être à l’inverse ventrale chez les chevaux
fortement ensellés.
• La courbure lombo-sacrale, très marquée, est limitée au seul espace intervertébral lombo-
sacral. Avec l’axe de la région lombaire, l’axe du sacrum forme un angle de 15 à 25°.
Les vertèbres sont solidarisées entre elles par leurs corps et par leurs arcs, et par une
importante contention musculaire.
Les corps vertébraux sont reliés entre eux par un disque intervertébral, un ligament
longitudinal ventral et un longitudinal dorsal.
Les arcs vertébraux sont unis par des articulations synoviales et par des ligaments, inter
épineux et supra épineux.
L’extrapolation stricte au cheval à partir des données humaines n’est pas envisageable en
raison de données anatomiques et biomécaniques parfois très différentes.
L’orientation de la colonne vertébrale est la plus évidente des différences structurales, et chez
le cheval, on peut noter l’importance des processus épineux et de la musculature qui s’y
rattache (fig. 9).
Chez l’homme les affections de l’axe rachidien se concentrent majoritairement en région
lombaire (lombalgies) [34], alors que chez le cheval, on observe aussi fréquemment des
dorsalgies localisées en région thoracique.
En outre, les disques intervertébraux des équidés ne présentent pas de noyau pulpeux.
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Or, chez l’homme, ce noyau permet l’absorption de la plupart des forces transmises au rachis,
ce qui permet la posture verticale, mais il est aussi responsable d’une pathologie vertébrale
grave, absente chez les équidés : la hernie discale.
Le fait que le cheval soit utilisé monté la plupart du temps modifie le moment des forces qui
s’exercent sur son axe vertébral: lorsque le cheval porte son cavalier, il supporte une force
perpendiculaire à son axe principal [11]. La présence d’un noyau pulpeux aurait alors favorisé
l’apparition des hernies discales.
Cependant, les études biomécaniques effectuées montrent que dans les deux espèces, des
mouvements de latéro-flexion sont associés à des mouvements de rotation [34], même si chez
les équidés, la mobilité est moindre à cause de la configuration des articulations
intervertébrales [11].
Ainsi, on retrouve quelques pathologies communes et récurrentes dans les deux espèces, et à
ce titre, il est intéressant de comparer le succès de l’utilisation de la mésothérapie dans les
deux espèces.
Les sollicitations dorsales, importantes lors du saut, sont corrélées à la biomécanique thoraco-
lombaire et lombo-sacrale lors de cet exercice [15].
Lors de la dernière foulée avant l’appel des postérieurs, une flexion de grande amplitude mais
à faibles contraintes s’exerce.
Ensuite, une extension de faible amplitude mais avec de fortes contraintes se développe
pendant la propulsion des postérieurs.
Pendant la phase de planer, l’articulation lombo-sacrale exécute une extension ample, sans
rencontrer de grande résistance.
Enfin, la réception sur les antérieurs impose une forte extension thoracique et thoraco-
lombaire, avant une flexion lombo-sacrale de grande amplitude mais à faibles contraintes
permettant l’engagement des postérieurs et la reprise de l’équilibre du cheval.
57
L’utilisation d’enrênements sévères, employés parfois sans discernement et sans attendre le
développement préalable de la musculature de soutien, va à l’encontre de la physiologie
rachidienne du cheval.
Le trot normal impose déjà une rigidification de la colonne vertébrale, mais le trot de course
(la vitesse nécessaire pour une qualification est maintenant de 1’19 au lieu de 1’21 et ne cesse
de diminuer) implique une rigidification à l’extrême afin de maintenir le rythme de la
diagonalisation, et ce au détriment de l’intégrité vertébrale [6].
L’amplitude des mouvements est fondamentale dans la pratique sportive. Elle permet
d’améliorer l’efficacité de la locomotion (longueur de la foulée et propulsion), de mieux
contrôler les mouvements de réception à l’obstacle par exemple, et ainsi de minorer les
sollicitations.
En outre, les contraintes et les percussions s’exerçant sur les articulations sont limitées par la
coordination, la douceur des allures et l’absorption des chocs [19].
3.3. 3 Commémoratifs.
Il est très important de les recueillir soigneusement car ils vont contribuer à une suspicion
de dorsalgie ou de cervicalgie.
Les symptômes peuvent être de présentation variable et chaque cavalier ou entraîneur va,
selon sa façon de travailler son cheval, modifier la tolérance des lésions du cheval.
58
Dans les cas de dorsalgies avérées, le changement de comportement du cheval représente le
motif de consultation le plus fréquent : il devient plus réticent à faire certains exercices ou
manifeste une gêne au montoir.
Ce changement de comportement peut être progressif et passer inaperçu au départ pour un œil
non averti.
Des réactions d’inconfort ou de mauvaise humeur (oreilles couchées, tentative de pincer avec
les lèvres …) sont souvent rapportées lors du pansage.
Parfois, dans des cas aigus, le cheval peut même manifester une gêne lorsqu’on lui met une
couverture sur le dos.
Les chevaux dorsalgiques peuvent mal supporter l’étape du sanglage, ou cherchent à se
défendre au montoir et parfois à faire chuter leur cavalier [11].
Sous la selle, ils manifestent parfois leur gêne par un «fouaillement » de queue, ou une
boiterie postérieure intermittente.
Le cavalier/ driveur peut être confronté à un manque d’enthousiasme de son cheval, une
gêne dans les allures étendues (comme lors d’une course : chez les galopeurs, un défaut de
propulsion et un raccourcissement des allures sont souvent évoqués) ou au contraire
rassemblées, un manque d’engagement des postérieurs et un défaut d’incurvation.
En course, les manifestations principales des rachialgies sont les défauts de performances :
chez les trotteurs, les driveurs notent des allures irrégulières à grande vitesse, ou remarquent
que le cheval déporte ses hanches ou sa tête d’un côté.
A l’obstacle, on observe une moins grande fluidité du geste, des chevaux qui se mettent à
sauter «creux » c’est à dire qu’ils ne passent pas ou plus leur dos, ou refusent catégoriquement
d’aller sur l’obstacle [11].
Lors de l’appel, le cavalier rapporte souvent que son cheval se déporte d’un côté, et la
réception peut être douloureuse : le cheval gémit. Il a beaucoup de mal à passer les
combinaisons d’obstacles.
Inspection :
Placé de profil, on évalue les courbures et les déformations du dos (cf. Tableau 1).
59
60
Un éventuel épaississement situé en regard d’un processus épineux indique bien souvent une
anomalie morphologique de celui-ci, tandis qu’un épaississement localisé entre deux
processus épineux successifs évoque une desmopathie du ligament supra épineux [17].
Palpation :
La palpation superficielle se fait avec la pulpe des doigts le long de l’axe épineux pour
l’évaluation de la déformation et de la sensibilité du ligament supra épineux et le long de
longissimus pour la recherche de contractures musculaires plus ou moins étendues.
Pression :
Avec l’extrémité des doigts on recherche une sensibilité en regard des processus épineux,
entre les processus épineux et au niveau du tuber sacrale.
Le principe consiste à stimuler la peau avec l’extrémité de l’index jusqu’à obtenir une légère
contraction réflexe localisée du longissimus induisant un léger mouvement d’extension et de
latéroflexion.
♣Une hyper sensibilité et une réaction de défense, signe d’une probable réaction
inflammatoire.
♣Une absence de contraction réflexe reflète un défaut de mobilisation chronique, lié à des
lésions anciennes.
61
Mobilisation :
L’extension de la colonne vertébrale est provoquée par des légères pressions symétriques de
chaque côté de la colonne, suivant la région examinée.
En exerçant une stimulation en regard du processus xiphoïde, on provoque la flexion de la
région thoracique.
Pour fléchir la région thoraco-lombaire et lombo-sacrale, le clinicien exerce une stimulation
en regard des pointes de la fesse.
La latéroflexion gauche est obtenue en appuyant légèrement en regard de la pointe de la fesse
droite et des côtes gauches, et inversement la latéroflexion droite en appuyant légèrement en
regard de la fesse gauche et des côtes droites.
Les réponses normales et anormales à ces stimulations sont présentées dans le tableau ci-
joint (cf. Tableau 3).
62
63
64
♣ Enthésopathie de ligament inter épineux,
Chez le chien, par exemple, le traitement des souffrances intervertébrales dégénératives se fait
à l’aide d’un mélange de procaïne à 2% et de kétoprofène (PROFENID ND) lors d’une
inflammation aiguë, ou d’un mélange de procaïne à 2% et de thicolchicoside (COLTRAMYL
ND) si l’ensemble du rachis est très contracturé avec peu de support ostéophytique [3]. Les
résultats obtenus par l’auteur semblent bons [3].
De Faucompret [20, 21, 22, 23] a beaucoup utilisé la mésothérapie. D’après lui, les résultats
les plus constants étaient obtenus dans le traitement des arthropathies dorsolombaires [23],
particulièrement celles des trotteurs car chez les chevaux de selle, le travail demande plus de
souplesse au dos et le cheval porte tout le poids du cavalier. Il utilisait différents mélanges
selon la structure incriminée.
Mélange de :
• 5ml de procaïne à 2%
• 2 ml de triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOLUTHIONAL ND Vit.B1 à
2%)
• 5 ml de chloproéthazine (NEURIPLEGE ND) ou d’ idrocilamide (BROLITENE ND)
• 8 ml de monométhyltrisilanol orthoxybenzoate sodique (CONJONCTYL ND) ou 1
ampoule de mécobalamine (ALGOBAZ ND).
65
Implication du sciatique :
• 3 ml de procaïne ND à 2 %
• 3 ml de nicotinate de monoéthanolamine (PERIDIL HEPARINE ND) ou une ampoule de
iodohéparinate sodique (DIOPARINE ND) avec 5 ml de procaïne au lieu de 3
• 2 ml de triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOLUTHIONAL ND Vitaminé
B1 à 2% )
• 2ml de thiamine seule (BEVITINE ND)
Dans les cas chroniques ou récidivants, De Faucompret a l’habitude d’insister dans la zone de
projection cutanée des reins avec 200mg d’ACTH, sans monométhyltrisilanol
orthoxybenzoate sodique (CONJONCTYL ND) ou mécobalamine (ALOBAZ ND).
Arthrose dorsolombaire :
Les résultats obtenus sont intéressants en particulier chez les trotteurs [20,23] avec 50 à 75 %
de réussite complète sans récidive [20].
Mélange 1 :
Mélange 2 :
Mélange 3 :
66
Mélange 4 :
L’auteur [20] remarque cependant que l’ajout de Capérase ou de spécialités aqueuses à base
de vitamine B3 dans le mélange provoquent parfois des réactions cutanées importantes de
type alopécique, inesthétiques.
Plus récemment, selon Denoix et Audigié [17], les produits utilisables sont le ZEEL ND, et
l’association anesthésique local et AIS d’action rapide (par exemple la dexamethasone
DEXADRESON ND), ou le thicolchicoside (COLTRAMYL ND) et le nicotinate de
monoéthanolamine (IODOLUTHIONAL ND).
D’autres auteurs proposent l’utilisation d’un mélange de lidocaïne (LAOCAINE ND) et de
fluméthasone (CORTEXILAR ND) [24] dans le traitement d’un conflit de processus épineux
(« kissing spines »).
De Faucompret [20] préconise deux intervention à quinze jours [20] ou trois semaines
d’intervalle [23].
La zone à traiter est localisée précisément :lorsqu’il n’existe aucun signe lésionnel extérieur,
les zones limitant la zone lésée sont très nettement hyperesthésiques, alors que la zone lésée
elle même est plutôt hypoesthésique [20].
Dans les cas de traumatismes graves, le praticien ne doit pas hésiter à faire deux séances à
quarante-huit heures d’intervalle en variant les produits utilisés et en diminuant la dose la
deuxième fois [20].
67
Parfois certains cas chroniques nécessitent des interventions régulières tous les six mois
(après deux séances standard à trois semaines d’intervalle au départ ), mais dans la plupart des
cas un rappel annuel est suffisant [20].
Il faut toutefois associer au traitement mésothérapique la pratique d’un travail bien conduit,
afin de fortifier la musculature axiale qui équilibre les contraintes mécaniques sur les
formations ostéoarticulaires, et de rééduquer la proprioception intervertébrale [17].
La mésothérapie serait également utilisée avec succès pour soulager des cervicalgies
récurrentes.
Mis à part les affections rachidiennes, tout cheval de sport est exposé à des traumatismes, en
particulier au niveau tendineux et ligamentaire.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, une consultation pour troubles locomoteurs
repose toujours sur un examen physique complet, à la recherche de déformations, de zones de
chaleur éventuelles, et sur un examen dynamique.
Seul un examen complet permettra au praticien d’orienter son diagnostic et de préciser
quelle(s) région(s) est (sont) en cause.
L’imagerie est précieuse pour affiner encore le diagnostic : la radiographie donne au praticien
la possibilité de visualiser d’éventuelles lésions osseuses, et l’échographie d’une région
permet d’évaluer le degré d’atteinte d’une structure tendineuse ou ligamentaire, mais aussi de
vérifier l’intégrité des contours osseux.
Après cette étape, indispensable au choix du traitement, la mésothérapie peut être proposée.
Nous allons donc évoquer l’emploi de la mésothérapie comme traitement des tendinopathies,
de l’arthrose localisée ailleurs qu’au niveau du rachis, puis, avec un succès moindre, des
entorses, des arthrites et des synovites.
Ces accidents revêtent chez le cheval une importance considérable par leur fréquence et leur
gravité potentielle, mettant en jeu la carrière sportive d’un athlète.
68
La qualité des terrains joue un rôle certain dans la survenue de ces accidents. Un terrain trop
souple, où les chevaux s’enfoncent beaucoup, sollicite davantage les tendons et les ligaments,
sans oublier que lors d’une réception à l’obstacle, les contraintes qui s’exercent sont très
importantes, incomparables avec celles qui s’exercent chez le sportif humain.
L’évolution des lésions tendineuses est, chez le cheval, difficile à influencer [17]. De
nombreuses thérapeutiques sont utilisées, mais peu donnent de bons résultats.
Le traitement par mésothérapie a surtout été étudié par De Faucompret et nous allons nous
intéresser à ses résultats.
Les péri tendinites seraient traitées efficacement par mésothérapie, d’autant mieux que
l’intervention est précoce [20,21].
Le traitement des péri tendinites contusionnelles repose sur l’injection, par dixième de
millilitre en intradermique, sur toute la longueur du tendon, du mélange suivant :
• Procaïne :50%
• Corticoïde :50%
• Alphachymotrypsine : ajout de 25 Unités au mélange déjà constitué.
Les résultats seraient constants et apparaîtraient en moins de 72 h [20,21] : sur 54 cas traités
par De Faucompret à l’E.N.E (Ecole nationale d’Equitation) de Saumur entre 1967 et 1972, ce
dernier a observé 29 guérisons totales par mésothérapie seule, 11 guérisons totales avec
mésothérapie suivie d’un traitement chirurgical classique, 6 guérisons totales avec
mésothérapie et traitement secondaire non délabrant, et 8 échecs [20].
Il faut souligner que cette guérison rapide ne doit pas inciter à reprendre le travail trop tôt : il
est important de respecter une période de repos de 15 jours au moins avec promenades au pas
seulement [21].
Les péri tendinites plus graves sont traitées avec un mélange similaire, mais dans ce cas deux,
voire trois interventions à trois ou quatre jours d’intervalle sont nécessaires [21].
L’auteur précise que l’emploi après les séances de mésothérapie d’un emplâtre chaud d’acide
salicylique et de kaolin (ANTIPHLOGISTINE ND, utilisé dans le traitement d’appoint des
douleurs musculotendineuses [41]) sous un épais pansement cardé potentialise l’action de la
mésothérapie [20,21].
69
Les tendinites :
Les cas de tendinites sont plus graves et répondent en général moins bien au traitement, d’où
la nécessité d’intervenir précocement.
Les mêmes mélanges que pour les péri tendinites sont utilisés, mais il est nécessaire de faire
trois ou quatre interventions à 8 ou 10 jours d’intervalle, en injectant un tiers du mélange en
sous dermique au niveau de la lésion [21].
Nous n’avons volontairement pas jugé utile d’alourdir l’exposé en détaillant les mélanges
utilisés et les points d’acupuncture mis en œuvre. Il aurait fallu situer les points
d’acupuncture, alors qu’actuellement, toutes ces entités pathologiques sont traitées autrement,
notamment à l’aide de ferrures orthopédiques.
70
3.4.3 Traitement des affections ligamentaires.
En médecine humaine, le traitement des entorses par mésothérapie est délicat et nécessite un
mésothérapeute expérimenté.
En médecine équine, quelques cas sont répertoriés par De Faucompret [20] : 4 entorses de
boulets antérieurs et 3 cas de luxations sacro-coccygiennes. Le mélange Corticoïde-
Alphachymotrypsine aurait été utilisé avec succès par l’auteur. Les résultats sont obtenus
après 2 à 10 jours.
Il semble que la mésothérapie soit actuellement rarement utilisée dans cette indication.
D’après De Faucompret, la mésothérapie peut également être utilisée pour soulager les
arthrites, accidentelles ou d’usure. Les régions concernées seraient celles qui sont facilement
accessibles : boulets, «genoux » (carpes), coudes, et jarrets [21,44], voire même la hanche ou
l’épaule [20, 44].
Le phénomène inflammatoire doit être bloqué le plus précocement possible, par une série
d’injections cerclant l’articulation, avec un mélange de :
• Procaïne
• anatoxine staphylococcique et thiomersal (DIVASTA ND)
• Extraits lyophilisés articulaires
71
En ce qui concerne les synovites, appelées molettes ou vessigons selon leur localisation
basse ou haute, leur détection précoce par rapport à d’autres affections grâce à leur visibilité
favorise leur traitement efficace par mésothérapie à l’aide du mélange suivant :
• Procaïne
• Alphachymotrypsine, 1mg
• Triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOGLUTHIONAL ND vitaminé B1
100)
Lorsque l’origine est ostéoarthritique (avérée par radiographie ), les résultats obtenus par
De Faucompret seraient encourageants, en particulier au niveau de l’articulation inter
phalangienne distale, avec un traitement mésothérapique effectué sur la région de la couronne
[21] : il a utilisé 4 cupules remplies du mélange :
• Procaïne,
• Apronitine (ZYMOFREN ND)
• Nucléum (extraits lyophilisés de moelle osseuse)
• Vitamine D3 hydrosoluble
• Triméthyliodosulfonium carbonate de sodium (IODOGLUTHIONAL ND vitaminé B1
100)
• (Trophobolène, en cas d’ostéoporose ).
L’auteur signale cependant que cette mésothérapie est douloureuse et peut être effectuée plus
facilement en pratiquant au préalable une anesthésie digitale proximale avec de la lidocaïne
(XYLOCAINE ND). L’aiguille est implantée sur le bord palmo-abaxial du paturon, juste sous
l’os sésamoïde proximal correspondant, de façon bilatérale.
A l’heure actuelle, la mésothérapie n’est plus guère utilisée dans ce genre d’indications.
72
Actuellement, en pathologie locomotrice Equine, le domaine d’utilisation optimal de la
mésothérapie reste les dorsalgies, en particulier dans des cas d’arthrose dorsolombaire
[20, 24].
Les autres utilisations décrites dans la littérature (tendinites, arthrites …) datent d’une
vingtaine d’années, et depuis, d’autres techniques thérapeutiques se sont développées.
Le praticien utilise d’avantage la ferrure orthopédique, les thérapeutiques par
vésicatoires, par ondes de choc, ou les infiltrations.
73
PARTIE II
I OBJECTIFS DE L’ETUDE
Le but de cette étude est d’essayer de mettre en évidence les avantages de l’utilisation de la
mésothérapie dans le traitement des pathologies locomotrices équines.
Pour cela, nous avons choisi l’entité pathologique pour laquelle le traitement par mésothérapie
semble le plus utilisé, c’est à dire les dorsalgies.
En effet, il existe d’autres méthodes de traitement employées, comme les infiltrations, les
traitements par voie générale, les traitements par ondes de choc ou par cryothérapie, mais tous
ces traitements ont leurs inconvénients ou leurs limites.
II MATERIELS ET METHODES
2.1 Matériels
Le recrutement clinique des animaux s’est effectué sur les chevaux de sport, indifféremment
mâles, femelles, ou hongres, venus en consultation à la clinique vétérinaire Equine des Grands
Clos (27) (Docteur A. FRESU ) pour dorsalgies.
La période d’étude s’étend sur un an, du mois de juin 2002 au mois de juin 2003. Il n’y a pas
eu de choix délibéré de la discipline sportive, mais ce sont majoritairement des trotteurs ou
des chevaux de CSO de niveaux variés.
Une mésothérapie dorsale ou cervicale était proposée d’emblée à tous ces chevaux, associée
ou non à une infiltration para vertébrale ou inter épineuse du dos, selon les exigences du
74
propriétaire ou de l’entraîneur, les antécédents du cheval, son niveau d’activité et l’intensité
des manifestations de dorsalgie.
2.2 Méthodes.
L’idée était d’interroger le cavalier sur l’évolution des douleurs du cheval après traitement
mésothérapique, et de lui faire évaluer le degré de l’amélioration.
Nous avons donc élaboré deux types de questionnaire, l’un destiné aux propriétaires/ cavaliers
de chevaux de CSO, et l’autre aux entraîneurs/propriétaires des chevaux trotteurs.
Nous avons distingué ces deux cas de figure car le travail demandé n’est pas le même, et la
gêne du cheval ne s’exprime pas de la même façon.
Lors de la première consultation, le motif de consultation est noté, c’est à dire les problèmes
de comportement du cheval aux soins et au travail, et les défauts de performances en
compétition.
Un examen clinique, tel qu’il est décrit dans la partie précédente, permettait d’objectiver
d’éventuelles raideurs dorsales dans la locomotion du cheval, des défauts de mobilisation et
d’éventuelles amyotrophies localisées.
L’ensemble de ces critères a permis de proposer une mésothérapie.
Un questionnaire a été mis au point afin d’interroger précisément et de manière homogène les
cavaliers/ driveurs (cf. annexes 1 et 2).
Le traitement mésothérapique est parfois effectué d’emblée sur plusieurs séances espacées
d’une semaine, ou peut être répété plusieurs fois dans la saison lorsque l’amélioration a été
effective, mais fugace.
On distingue également deux groupes dans le traitement : les chevaux traités par mésothérapie
seule, et ceux traités de manière concomitante avec une infiltration du dos, para vertébrale ou
inter épineuse.
Les mélanges utilisés pour effectuer la mésothérapie sont toujours les mêmes, afin de
comparer efficacement les résultats obtenus :
• Lidocaïne (XYLOCAINE ND) : 10 ml
• Dexamethasone (DEXADRESON ND) : 10 ml
• ZEEL ND : 2 ampoules de 5ml
• Thicolchicoside (COLTRAMYL ND): 2 ampoules de 5 ml
75
Dans tous les cas, un protocole de remise au travail est indiqué au client : le cheval ne doit pas
être monté ou attelé pendant trois jours, mais il doit être travaillé quand même : il est tourné
en longe ou sorti dans le marcheur. Puis le quatrième jour, le travail est repris normalement.
Le délai d’apparition de l’amélioration est demandé aux cavaliers / propriétaires, ainsi que le
degré de cette amélioration sur une échelle de 0 à 5. L’amélioration obtenue n’étant pas
mesurable, les critères utilisés sont subjectifs et dépendent de l’appréciation du cavalier.
Différentes propositions leur étaient suggérées pour les aider à caractériser l’amélioration
éventuelle. Ces propositions ont été choisies parmi des motifs de consultation fréquents en cas
de dorsalgie :
♣ Chez le cheval de CSO : défaut d’incurvation, défaut de mise sur la main, gêne au sanglage
ou au montoir, abord des obstacles modifié.
♣ Chez le trotteur : Va à la faute (= part au galop), vitesse diminuée, cheval qui tire à droite
ou à gauche (qui dévie en course)
Les satisfactions des cavaliers ont ensuite été classées en grandes catégories.
76
III RESULTATS
Sur l’effectif de 40 chevaux retenus au départ pour cette étude, quatre ont été sortis de l’étude.
Le premier a été vendu très peu de temps après sa mésothérapie, et il n’a pas été possible de le
suivre.
Le deuxième est mort de coliques 10 jours après le traitement, et les deux autres se sont
blessés et ont été mis au repos pour quelques temps, ce qui a rendu impossible l’évaluation de
l’éventuelle amélioration obtenue.
Nous avons choisi de distinguer les deux catégories de chevaux, trotteurs et chevaux de CSO
pour une plus grande représentativité.
Les résultats bruts sont présentés dans les tableaux 5 et 6.
Si l’on regarde d’abord les résultats confondus des deux effectifs sur la fig. 10 (Tableaux 7 et
8), on constate que plus de la moitié des résultats sont favorables : le degré de satisfaction de
21 propriétaires de chevaux sur 36 est supérieur ou égal à 3/5, ce qui représente un
pourcentage de 58 %.
♣ Dans le cas particulier de l’effectif des trotteurs (12 chevaux), pour 10 chevaux (83 %),
aucun résultat positif n’a été observé après mésothérapie. Un cheval a procuré un degré de
satisfaction de 2/5 et un autre de 3/5, soit 8 %. Seuls 8 % des résultats de l’effectif dépassent
le seuil de 3/5.
♣ En ce qui concerne les chevaux de CSO, 20 résultats sur 24 sont supérieurs à 3/5 (84 %).
Un seul cheval a eu un résultat totalement négatif (4 %), trois autres des résultats faiblement
positifs (8 % à1/5 et 4 % à 2/5). L’effectif le plus nombreux se situe à un degré de satisfaction
de 4/5 : 37 % des chevaux.
Bilan :
Les résultats des deux effectifs confondus sont plutôt bons avec plus de la moitié des
chevaux supérieurs à 3/5.
Cependant, si l’on s’intéresse à 1a fig 10, il apparaît clairement que les résultats de
l’effectif trotteurs sont décevants par rapport à ceux de l’effectif CSO : un pourcentage
très élevé d’échecs a été rapporté pour les trotteurs (83 %), tandis que pour la plupart
des chevaux de CSO, les résultats sont bons à excellents.
77
Chevaux CSO Sexe Localisation mésothérapie Nb de séances Infiltration Degré
amélioration
Code
1 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
2 F Dorsale 2 Oui 4sur 5
3 H Cervicale 1 Oui 3 sur 5
4 F Dorsale 1 Non 4 sur 5
5 F Dorsale et cervicale 2 Oui 3 sur 5
6 H Dorsale et cervicale 2 Oui 3 sur 5
7 H Dorsale 1 Non 3 sur 5
8 H Dorsale 1 Non 5 sur 5
78
Trotteurs Sexe Localisation Nb de Infiltration Degré
mésothérapie séances amélioration
Code
1 M Dorsale 1 Non 0 sur 5
2 M Dorsale 1 Oui 0 sur 5
3 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
4 F Dorsale 2 Oui 0 sur 5
5 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
6 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
7 F Dorsale 3 Non 2 sur 5
8 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
9 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
10 F Dorsale 1 Non 3 sur 5
11 F Dorsale 1 Oui 0 sur 5
12 F Dorsale 1 Non 0 sur 5
79
90
80
70
60
Pourcentage
50
Trotteurs
CSO
40
30
20
10
0
0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
Fig 10 : Degrés de satisfaction comparés pour les trotteurs et les chevaux de CSO.
Tableau 7 : Degrés de satisfaction comparés chez les trotteurs et les chevaux de CSO.
80
3.2 Localisation de la mésothérapie.
♣ D’après le tableau 6, aucun trotteur n’a bénéficié de mésothérapie cervicale : les traitements
par mésothérapie ont été effectué uniquement sur le dos au sens propre du terme.
♣ Seuls 4 chevaux de CSO sur 24 (17 %) ont eu une mésothérapie cervicale, sachant que
deux d’entre eux ont également reçu un traitement mésothérapique du dos.
La localisation dorsale a donc été de loin la plus fréquente.
Bilan :
Dans l’effectif trotteurs, toutes les mésothérapies ont été effectuées sur le dos.
En ce qui concerne les chevaux de CSO, sur le petit effectif traité par mésothérapie
cervicale, tous les résultats sont bons à très bons, tandis que ceux de l’effectif traité par
mésothérapie dorsale sont plus hétérogènes, avec cependant 83 % de résultats
supérieurs ou égaux à 3/5.
♣Dans l’effectif «chevaux de CSO », 13 chevaux ont été traités par mésothérapie seule et 11
avec une infiltration dorsale concomitante.
81
80
70
60
Pourcentage
50
Dos
40
Cervicales
30
20
10
0
0 sur 5 1sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
Degré satisfaction CSO 0 sur 5 1sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5 Total
Dos 1 2 1 7 8 3 20
Cervicales 0 0 0 3 1 0 4
Total 1 2 1 10 11 3 24
82
80
70
60
Pourcentages
50
Méso seule
40
Méso+Infiltration dos
30
20
10
0
0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
Fig 12 : Résultats comparés chez les chevaux de CSO avec ou sans infiltration.
Degré satisfaction CSO 0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5 Total
Méso seule 1 2 1 5 2 2 13
Méso+Infiltration dos 0 0 0 2 8 1 11
Total 1 2 1 7 10 3 24
83
120
100
80
Pourcentage
méso seule
60
méso + infiltration
40
20
0
0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
84
Les plus mauvais résultats ont été obtenus après mésothérapie seule : aucun résultat après
«méso + infiltration » n’est situé en dessous de 3/5, tandis que dans le groupe «méso seule »,
31% des résultats (4 chevaux sur 13) ont obtenu de mauvais résultats, inférieurs ou égaux à
2/5 (tableaux 11 et 12).
♣ En ce qui concerne les trotteurs, 25 % ont été infiltrés simultanément, sans aucun résultat.
D’après la figure 13 et les tableaux 13 et 14, les deux chevaux (17 %) pour lesquels les
résultats ne sont pas nuls n’ont pas été infiltrés simultanément et les deux chevaux (17%) qui
ont été infiltrés ont des résultats négatifs.
Bilan :
Chez les chevaux de CSO, les résultats obtenus après «mésothérapie+ infiltration » sont
globalement meilleurs que ceux obtenus après mésothérapie seule.
Parmi les trotteurs, l’infiltration n’a pas amélioré les résultats : 100% des chevaux
infiltrés simultanément ont eu des résultats négatifs.
♣ Dans l’effectif chevaux de CSO, le nombre de séances de mésothérapie effectuées (en 1 an)
varie de 1 à 3 séances.
Si l’on s’intéresse aux tableaux 15 et 16, la plupart des chevaux (15 sur 24 soit 62%) ont eu
une séance unique (série 1).
8 chevaux sur 24 (33 %) ont bénéficié de 2 séances (série 2) et seul un cheval sur 24 (4 %) a
au trois séances (série 3).
En regardant la figure 14, il apparaît clairement que l’ensemble des mauvais résultats (0,1 et
2/5) a été obtenu avec des traitements d’une seule séance (série 1).
A un degré de 3/5, 50% des résultats ont été obtenus avec une seule séance (série 1), 38 %
avec deux séances (série 2) et 12 % avec trois séances (série 3). Ces 12 % représentent le seul
cheval de l’effectif à avoir été traité avec trois séances.
Aucun des résultats à 4/5 ou à 5/5 n’a nécessité trois séances, et le nombre de chevaux traités
avec deux séances est toujours inférieur à celui des chevaux traités par une seule séance à un
degré de satisfaction de 3/5 et de 4/5. 75 % des résultats d’un degré de 5/5 sont représentés
par des chevaux traités avec une seule séance.
♣ Dans l’effectif trotteurs, 90% des chevaux n’ayant bénéficié que d’une séance ont eu des
résultats négatifs (figure 15, tableaux 17 et 18). Le seul cheval a avoir eu deux séances (8 %)
a eu également des résultats négatifs. Cependant, le seul cheval (8 % de l’effectif total) a
avoir obtenu des résultats corrects à 3/5 n’a eu qu’une seule séance. Cela signifie que 10 %
des chevaux ayant eu une seule séance ont eu de bons résultats.
85
Répartition du nombre de séances en %.
120
100
80
Série1
60 Série2
Série3
40
20
0
0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
Fig 14 : Influence du nombre de séances sur les résultats chez les chevaux de CSO.
86
120
80
Série1
60 Série2
Série3
40
20
0
0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5
Degré de satisfaction
Fig 15 : Influence du nombre de séances sur les résultats chez les trotteurs.
Nb de séances/résultats 1 2 3 Total
0 sur 5 9 1 0 10
1 sur 5 0 0 0 0
2 sur 5 0 0 1 1
3 sur 5 1 0 0 1
4 sur 5 0 0 0 0
5 sur 5 0 0 0 0
Total 10 1 1 12
Tableau 17 : Résultats bruts :influence du nombre de séances sur les résultats chez les
trotteurs.
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Le cheval ayant obtenu des résultats à 2/5 a nécessité trois séances.
Bilan :
La majorité des chevaux n’a eu qu’une seule séance.
Pour les chevaux de CSO, tous les mauvais résultats ont été obtenus avec une séance
unique, cependant 75% des chevaux à 5/5 n’ont eu qu’une seule séance.
L’augmentation du nombre des séances ne semble donc pas indispensable à l’obtention
d’un résultat satisfaisant.
Pour les trotteurs, le seul cheval avec des résultats à 3/5 n’a eu qu’une séance, mais on
émettre l’hypothèse que les résultats auraient été meilleurs avec davantage de séances.
♣Sur tout l’effectif «chevaux de CSO », 42 réponses précises ont été fournies concernant la
nature de l’amélioration entraînée par le traitement mésothérapique.
♣Chez les trotteurs améliorés par la mésothérapie, les satisfactions des entraîneurs
concernaient l’augmentation de la souplesse des chevaux.
Bilan :
Près de la moitié des chevaux de CSO ont été améliorés dans leur souplesse et leur
attitude générale.
Plus du quart de l’effectif des cavaliers a trouvé que la mise sur la main était améliorée,
ou que l’abord des obstacles était facilité.
Chez les trotteurs, les améliorations constatées concernent la souplesse du cheval.
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IV DISCUSSION
La situation idéale aurait été d’avoir deux effectifs de même taille, l’un traité par
mésothérapie et l’autre par un placebo, afin de comparer vraiment les résultats. Les chevaux
traités auraient été tirés au sort parmi les chevaux dorsalgiques présentés. La difficulté était ici
la gestion de la clientèle, majoritairement constituée de professionnels, qui venait pour des
soins efficaces et non pour une étude expérimentale..…
En outre, tous les cavaliers ne travaillent pas leurs chevaux de la même manière, ce qui peut
fausser les résultats : le cavalier aura l’impression qu’il n’y a eu aucun changement parce que
l’amélioration n’a pas été utilisée correctement dans le travail du cheval. Il faudrait pouvoir
évaluer et comparer l’intensité du travail de tous les chevaux traités pour diminuer les risques
de biais. En pratique, cela n’est pas facilement réalisable.
Les réponses étaient parfois un peu évasives par rapport à ce que l’on attendait, mais
globalement, les cavaliers ont tous été coopératifs et ont essayé de rendre compte du mieux
possible de ce qu’ils ressentaient.
Toutefois, la rubrique «délai d’apparition de l’amélioration » n’a pas été exploitée en raison
des réponses trop imprécises des cavaliers.
On peut souligner également que tous les chevaux traités n’ont pas eu de bilan radiologique
dorsal, même si certains étaient dorsalgiques de façon quasi-certaine. De façon idéale, il aurait
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fallu un effectif de chevaux présentant des lésions dorsales avérées, sur lequel on aurait
également pu comparer les réponses obtenues en fonction des entités pathologiques mises en
évidence.
Le fait d’obtenir des sous effectifs de petite taille, par exemple 4 chevaux sur 24 pour le
traitement des cervicalgies ou 1 cheval sur 24 qui a eu trois séances, rend plus difficile
l’expression des résultats.
Un pourcentage doit normalement être exprimé lorsque la population est supérieure à 10 [40]
sinon il est recommandé de parler de 3 chevaux sur 4 et non pas de 75% de l’effectif.
En outre, les petits effectifs rendent les tests statistiques difficiles : par exemple les effectifs
inférieurs à 5 rendent l’utilisation du test KHI DEUX impossible. Il est donc parfois difficile
d’interpréter des résultats puisqu’on ne sait pas si on se trouve devant une différence
significative ou bien devant de trop faibles effectifs.
Cependant, étant donné que nous ne sommes pas dans le cadre d’une véritable enquête
épidémiologique, nous nous contenterons des résultats obtenus….
♣ D’après les résultats bruts, la mésothérapie effectuée sur les trotteurs a donné de très
mauvais résultats.
L’exemple des trotteurs est un cas particulier. Nous avons souligné que les résultats pouvaient
être faussés par l’appréciation erronée des cavaliers /driveurs, et dans ce cas c’est même le
motif de consultation qui peut être erroné.
En effet, il est déjà beaucoup plus difficile de faire un examen clinique sur un trotteur : un
grand nombre d’entre eux ne manifestent leur gêne que lorsqu’ils sont sur une piste à vitesse
élevée. Contrairement au cheval de sport que l’on peut longer, examiner aux trois allures, à
qui on peut faire des tests de flexion, le trotteur est un «spécimen » devant lequel le praticien
est plus démuni. L’identification du problème en cause est beaucoup plus difficile car il
faudrait voir le trotteur en course ou à l’entraînement, voire le suivre sur le sulky (!) ce qui
n’est pas toujours faisable.
C’est pourquoi la scintigraphie représente une aide diagnostique inestimable chez les
trotteurs : elle permet la mise en évidence des sites lésionnels actifs et ainsi l’adaptation du
traitement.
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Ainsi, le praticien est obligé de faire confiance au driveur et à son sentiment sur le problème.
De nombreux entraîneurs ou propriétaires arrivent donc à la clinique en réclamant une
mésothérapie ou une infiltration parce que d’après eux le cheval est «raide du dos ». Or, nous
n’ignorons pas qu’un grand nombre de pathologies «basses » sont la conséquence d’une
raideur dorsale ou à l’inverse entraînent une raideur dorsale.
Toutes ces considérations peuvent expliquer les mauvais résultats obtenus dans l’effectif des
trotteurs : le problème du dos, si tant est qu’il existait vraiment, était vraisemblablement
accompagné d’autres problèmes…
Il n’est pas non plus exclu que le travail effectué après la mésothérapie, comme chez certains
chevaux de CSO, ait été insuffisant, ou que les trotteurs nécessitent un plus grand nombre de
séances pour qu’une amélioration apparaisse.
Il serait donc intéressant de faire une étude sur un effectif de trotteurs ayant des lésions
dorsales décelées par imagerie, afin de mieux évaluer la réponse de cet effectif à la
mésothérapie.
♣ En ce qui concerne les chevaux de CSO, au moins 2 des 4 chevaux qui ont eu des mauvais
résultats n’ont, à notre avis, pas été assez travaillés, ou pas correctement.
Cependant, peut être cela n’explique-t-il pas tout.
Le petit effectif de chevaux de CSO traités par mésothérapie cervicale est de 4 chevaux sur
24. Les très bons résultats obtenus par rapport à la mésothérapie dorsale ne sont pas
strictement extrapolables : le simple hasard peut expliquer que ces 4 chevaux en question
aient bien répondu.
En outre, il faut souligner que ces quatre chevaux avaient des lésions cervicales avérées,
tandis que parmi ceux traités au niveau du dos, tous n’en avaient pas eu de bilan radiologique.
♣ Concernant les chevaux de CSO, les deux effectifs sont ici pratiquement de taille égale : 13
(« méso seule ») et 11 chevaux (méso+infiltration). Les résultats semblent meilleurs lors du
traitement par l’association « méso+ infiltration dorsale ».
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Pour savoir si cette différence entre les deux traitements est significative et non due au simple
hasard, nous devrions calculer le X2 [40].
Le degré de liberté est de 2 (on ne compte pas les trois premières colonnes où il y a des
résultats nuls), et la valeur du X2 calculé est de 7.5, ce qui est signifierait que l’on peut rejeter
l’hypothèse nulle et donc qu’il existe une différence significative entre les deux effectifs.
Toutefois, le test du X2 ne peut être utilisé que si les effectifs de toutes les cases sont au moins
égaux à 5. Ici, ce n’est pas le cas (cf. tableau 7), on ne peut donc pas conclure sur la différence
observée entre les deux échantillons.
Cependant, les infiltrations ne sont pas répétables à volonté (1 à 2 fois par an au grand
maximum), alors que les séances de mésothérapie peuvent être répétées autant qu’on le
souhaite. Lors d’une infiltration, non seulement on lèse beaucoup plus vite les structures
articulaires (le cartilage notamment), mais les risques sont beaucoup plus importants : risque
d’hémarthrose, d’arthrite septique favorisée par les corticoïdes injectés… sans compter la
douleur plus importante lors du cheminement de l’aiguille.
An contraire, la mésothérapie, même si elle n’a pas une efficacité optimale dans tous les cas,
est parfaitement inoffensive, et paraît suffire à soulager bien des douleurs (dues à des
contractures notamment).
Il aurait été intéressant de disposer d’un lot traité seulement par infiltration dorsale, afin de
pouvoir comparer les résultats obtenus avec une mésothérapie seule, une infiltration seule, et
avec l’association des deux techniques. Cela aurait permis de mettre en évidence l’intérêt de
l’association de la mésothérapie avec une infiltration dorsale.
♣ En ce qui concerne les trotteurs, l’effectif est trop petit pour généraliser les résultats
obtenus, cependant aucun des chevaux ayant été traité simultanément par une infiltration
dorsale n’a eu de bons résultats.
La grande majorité des chevaux n’a eu qu’une seule séance de mésothérapie. Toutefois, il
n’est pas impossible que certains chevaux auraient eu besoin de davantage de séances pour
que le traitement soit efficace. Par exemple, si les 4 chevaux de CSO qui ont eu de mauvais
résultats avaient eu une à deux séances de plus, leurs résultats pourraient être meilleurs. De la
même façon, on peut se demander si en augmentant le nombre de séances sur les trotteurs, on
n’obtiendrait pas de meilleurs résultats.
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D’ailleurs, le cheval de CSO qui a eu trois séances de mésothérapie n’aurait peut-être eu
aucun résultat si on ne lui avait fait qu’une seule séance.
Cependant, dans certains cas, une seule séance de mésothérapie, suivie d’un travail sérieux,
suffit à obtenir de très bons résultats.
Après mésothérapie, les résultats obtenus dans notre étude sont globalement satisfaisants.
Cependant, il existe d’autres méthodes de traitements utilisées pour soulager les dorsalgies.
Nous allons brièvement en détailler quelques unes, en soulignant leurs avantages et leurs
inconvénients.
Il est nécessaire d’administrer des doses beaucoup plus importantes que par voie locale pour
obtenir des concentrations intra-articulaires suffisantes. En outre, l’observance d’un traitement
confié au propriétaire est toujours plus incertaine que celle d’un traitement effectué par le
praticien lui-même.
Les AINS ont une action limitée dans le soulagement des dorsalgies [17].
Enfin, ces produits font l’objet de recherches lors des contrôles sanguins anti-dopage.
Par voie systémique, ils ont davantage de risques d’être détectés, puisqu’ils diffusent
forcément par voie sanguine.
On réservera donc l’usage systémique en pathologie locomotrice à des cas ponctuels, aigus,
qui sont rapidement résolus ou par exemple, à des traitements antalgiques post-opératoires.
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Administration de corticoïdes (AIS) par voie intra articulaire ou péri articulaire :
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Electrostimulation antalgique transcutanée : courants « tens » :
♣ Antalgie par libération d’endorphines : la stimulation des fibres de petit calibre entraîne
la libération d’endorphines et d’enképhalines au niveau de l’encéphale, permettant un
effet antalgique progressif et diffus. (Brèves impulsions 0.1à0.5 ms d’intensité élevée, à
très basse fréquence : 2 à 8 htz)
♣ Antalgie par hyperstimulation nociceptive : assez mal tolérée chez le cheval. (Courant
de 100 à 150 htz, d’intensité élevée par impulsions de 300à 500 µs).
Quoiqu’il en soit, employée avec un travail adapté et une thérapeutique antalgique judicieuse,
comme la mésothérapie par exemple, l’électrostimulation empêcherait l’installation d’un
«cercle vicieux » où la douleur entraîne un défaut de mobilisation et une amyotrophie, qui
elle-même est génératrice de douleur.
Des résultats favorables ont été rapportés suite à des manipulations ostéopathiques, de
l’acupuncture ou des massages (mobilisations, étirements) [17].
Si elles sont un bon complément aux techniques précédemment citées, ces méthodes ne
permettent pas de soulager des douleurs trop importantes.
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Par rapport aux autres méthodes de traitement des dorsalgies, la mésothérapie présente
l’avantage d’être peu invasive, peu coûteuse, et répétable pratiquement à volonté.
Les effets secondaires décrits suite aux traitements systémiques ou infiltrations semblent
moindres après mésothérapie.
Les concentrations locales obtenues semblent durables, et les résultats de notre étude
montrent que la plupart des chevaux sont mieux après un traitement mésothérapique,
avec notamment une bonne amélioration moyenne de la souplesse et de l’attitude au
travail.
Dans les autres domaines, la mésothérapie n’est que rarement utilisée. Pourtant, d’après De
Faucompret, l’utilisation de la mésothérapie ne se limite pas au traitement des dorsalgies.
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Les tendinites, les arthrites, et même les affections du pied font selon lui, l’objet
d’applications.
Cependant, à l’heure actuelle d’autres moyens thérapeutiques sont utilisés, avec un succès
relativement constant.
Comme en médecine humaine, grâce au développement de l’imagerie médicale, le diagnostic
est plus précis et les traitements sont également mieux adaptés.
En outre, l’imagerie médicale a contribué à mieux connaître la physiopathologie de certaines
entités pathologiques, et ainsi à mieux les traiter. .
Tous ces éléments ont conduit à la sélection progressive des traitements les plus adaptés et les
plus efficaces, et d’autres méthodes comme la mésothérapie ont été cantonnées dans des
applications précises, par exemple les dorsalgies chez le cheval.
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CONCLUSION
Les résultats de notre étude sont plutôt encourageants : la plupart des chevaux, (58 % de
l’effectif total et près de 84% des chevaux de CSO), sont améliorés après traitement
mésothérapique, surtout dans leur souplesse et leur attitude au travail, et les résultats semblent
même meilleurs lors d’une mésothérapie cervicale que lors d’une localisation dorsale sur les
chevaux de CSO.
Les chevaux de CSO traités simultanément par infiltration semblent répondre encore mieux
au traitement.
Les résultats sur les trotteurs sont décevants, puisque 83% des résultats sont négatifs. Il serait
intéressant d’augmenter le nombre de séances effectuées.
Cependant, faute d’un effectif suffisant, il est difficile de généraliser les conclusions obtenues.
Peut-être serait-il intéressant de coupler mésothérapie et infiltration sur certains chevaux, pour
obtenir une efficacité optimale et durable, par exemple mésothérapie cervicale et infiltration
dorsale.
Cette étude mériterait d’être poursuivie sur un effectif plus important, en y incluant un lot
placebo et un lot traité par infiltration seule, afin de déterminer si l’association mésothérapie
et infiltration procure vraiment une amélioration des résultats, en intensité et en durée.
En tous cas, la mésothérapie pourrait sûrement être davantage utilisée pour soulager la
douleur après un traumatisme par exemple, en complément du repos ou des autres traitements
prescrits, ou comme moyen d’évaluer la réceptivité des chevaux traités avant d’envisager une
infiltration.
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BIBLIOGRAPHIE
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Vincent, Ouvrage à diffusion restreinte, 2002,118 p.
102
GLOSSAIRE
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5. DIOPARINE ND: ce produit n’est plus commercialisé.
Il s’agit d’Iodohéparinate sodique à 50 mg, et d’héparine à 5000 UI.
C’est un produit hypolipémiant : il modifie le bilan lipidique par libération (in vivo) et
activation de la protéine lipase, ce qui lui confère donc un effet anti-inflammatoire. Son effet
anti-coagulant serait négligeable.
Il était utilisé dans le traitement de l’arthérosclérose.
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10. ZYMOFREN ND: Il s’agit de l’ancien nom du TRASYLOL ND100000 KIU /10 ml ND.
Le principe actif est l’aprotinine, qui possède des propriétés antifibrinolytiques inhibiteur des
protéines. C’est un inhibiteur de certaines enzymes telles que la kallicréine, la trypsine, la
chymotrypsine, la plasmine et quelques activateurs du plasminogène. Elle se lie aux enzymes
libres mais aussi aux enzymes déjà liées à une autre molécule et dont le site actif est
accessible. L’aprotinine inhibe donc à la fois la plasmine libre et le complexe plamine /
streptokinase formé comme intermédiaire lors du traitement par les thrombolytiques.
Ce produit est utilisé dans le traitement des syndromes hémorragiques fibrinolytiques, et en
prévention des risques hémorragiques fibrinolytiques en chirurgie cardiaque.
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ANNEXE N°1 : Questionnaire mésothérapie chevaux de CSO
Date du traitement :
Motif de consultation :
Localisation de la mésothérapie :
dorsale
cervicale
autre :
Traitements concomitants :
Oui :
Infiltration : localisation
Autre :
Non
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ANNEXE N° 2 : Questionnaire mésothérapie trotteurs
Date du traitement :
Motif de consultation :
Localisation de la mésothérapie :
Dorsale
Cervicale
Autres
Traitements concomitants :
Oui
Infiltration : localisation :
Autres :
Non
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