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Semaine 1 : Quelles sont les compétences des bébés et comment les étudier ?

Méthodes scientifiques :
a) Le conditionnement
b) La préférence visuelle et l’habituation
c) L’Eye-tracker

Pour étudier scientifiquement les bébés on va utiliser des comportements sensori-moteurs (comme
mettre un objet dans la main du bébé, il va alors avoir un réflexe de grasping, on va donc regarder
s’il fait la différence entre les différents objets). On regarde aussi la façon dont il regarde les objets.
Ces comportements sensori-moteurs donnent des indices pour évaluer les compétences des bébés.
Indice : ce qu’on va mesurer comme le temps de regard, temps de succion, de toucher, indices
neurophysiologiques (rythme cardiaque, activité cérébrale, conduction de la peau etc.)
On va utiliser ces indices en fonction des activités qu’on propose à l’enfant.
1ère méthode : observation de l’enfant soit par les parents soit par les scientifiques à l’aide de grilles
d’observation.
2ème méthode : le conditionnement soit la capacité de notre système cognitif à associer 2 événements
qui n’ont rien à voir mais qui se produisent en même temps : par exemple l’enfant fait un geste et
au même moment il y a une jolie musique. Si à chaque fois qu’il y a ce geste, la jolie musique passe,
le bébé fera dans sa tête un lien causal entre les deux. Dans cet exemple il s’agit d’un
conditionnement actif puisque le bébé est actif. Par contre, si bébé fait un autre mouvement mais
que cette fois il y a production d’un bruit désagréable, le bébé va arrêter de faire ce geste. Le bébé
voudra reproduire ce qui amène des événements positifs. Le conditionnement est utilisé dans
l’éducation, le but étant de modifier un certain comportement.
a) Conditionnement : est à la base de l’éducation.
1) Une méthode pour faire changer des comportements
2) Une capacité de notre système cognitif à associer 2 événements qui n’ont rien à voir mais
qui se produisent en même temps
3) Une méthode scientifique pour évaluer les compétences des bébés

b) Préférence visuelle et habituation : 2 méthodes pour évaluer les compétences des bébés
1) La préférence visuelle ou tactile
2) L’habituation et la réaction à la nouveauté
1) Préférence visuelle ou tactile :
On présente 2 objets au bébé et on mesure ses mouvements oculaires. Par exemple, s’il regarde à
nouveau systématiquement le même objet, cela témoigne d’une préférence visuelle systématique ce
qui montre qu’il est capable de faire la différence entre 2 objets : le bébé a ainsi des discriminations
perceptives possibles.

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 Limite de cette méthode : si bébé ne montre pas de préférence visuelle, on ne peut pas
déduire qu’il est incapable de discriminer les objets. Il est peut-être tout autant intéressé par
les 2 objets.
2) Habituation et réaction à la nouveauté
On présente un nouvel objet à l’enfant, il va finir par s’en lasser donc on lui retire l’objet et on le
lui redonne. Plus on va lui présenter cet objet moins il va s’y intéresser, il est donc habitué. Tous
nos sens s’habituent par ailleurs. La question est de savoir s’il parvient à faire la différence entre cet
objet connu et un autre. On lui présente un nouvel objet et on regarde s’il y a une réaction à la
nouveauté. S’il montre à nouveau un vif intérêt pour ce nouvel objet on va en conclure qu’il sait
faire la différence. Ce qui rend cette méthode fiable est que s’il montre le même intérêt pour l’ancien
objet et le nouveau, on conclura que bébé ne fait pas la différence. Et on ne peut pas parler de
fatigue car les chercheurs, quand ils ont présenté l’objet nouveau, ils ont aussi présenté l’objet
familier et ont vérifié que l’objet familier était regardé avec moins d’intérêt que le nouveau. Donc
si au fur et à mesure c’est l’objet nouveau qui est regardé plus longtemps on est certain que bébé
fait la différence entre les objets présentés.
L’habituation est donc une diminution de la réponse comportementale à la suite d’une présentation
répétée d’une stimulation similaire.

c) L’Eye-tracker :
Idée ici est qu’on regarde ce que regarde l’enfant. Un bébé de 6 mois, quand il entend par exemple
un rire de joie, il va avoir tendance à porter son attention sur un visage qui exprime quelque chose
de tout à fait différent comme un visage de colère car il va davantage regarder ce qui le surprend.
Par cette méthode on voit que le bébé arrive à comprendre le sens de l’émotion en faisant un lien
entre le visage émotionnel et la voix émotionnelle. Les adultes par contre sont attirés par le visage
qui correspond à la voix. La question est alors de savoir à quel âge se produit ce basculement
autrement dit quand les enfants commencent à réagir comme les adultes.

Développement in utero et à la naissance :


Dès 8 semaines : sursauts et hoquets
Dès 9 semaines : mouvements globaux et isolés des bras et des jambes
Dès 10 semaines : rotation de la tête, contacts mains-visage, ouverture de la bouche
Dès 11 semaines : mouvements de la langue
Dès 12 semaines : succion et déglutition
Dès 15 semaines : succion du pouce

Les systèmes sensoriels ne sont pas tous matures en même temps :


Dès 7 semaines : TOUCHER
Dès 8 semaines : SYSTÈME VESTIBULAIRE (EQUILIBRE)

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Dès 14 semaines : ODORAT ET OLFACTION
Dès 27 semaines : AUDITION (rythme cardiaque augmente quand on entend une voix familière)
Dès 36 semaines : VISION (sens très peu stimulé in utero)
Compétences tactiles auditives et visuelles :
Compétences tactiles : réflexe de grasping est mis en place très rapidement quand on met un objet
ou son doigt dans la main de bébé. Dès leurs premiers jours, les bébés sont capable de discriminer
différents objets qu’ils ont dans la main tant par leur forme que par leur texture.
Compétences auditives : dès les premiers jours ils sont des compétences auditives très efficaces.
Compétences visuelles : dès les premiers instants de vie le bébé est très attiré par tout ce qui a une
forme de visage. C’est un moyen pour lui de repérer dans son environnement la personne qui va
s’occuper de lui, ça lui permet de commencer à créer des liens.
- Le bébé dans les premiers mois va apprendre quels types de visages se présentent à lui le
plus souvent.
- A 6-7 mois il ne reconnaîtra que ceux qui ressemblent à son environnement. Idem pour
l’audition
N.B. : le bébé à la naissance est capable de reconnaître la voix de sa maman
 Toutes ces compétences participent au développement psychologique de l’enfant.
La perception multi sensorielle :
On pensait avant que le bébé avait des mondes sensoriels séparés, on sait aujourd’hui que ce n’est
pas le cas. Il est capable de transférer des informations d’un sens à l’autre. Par exemple on va mettre
un objet dans la main du bébé un certain nombre de fois (ex : un prisme), ensuite on lui monter2
images (un prisme et un cylindre), le bébé va regarder plus longtemps l’objet qu’il n’a pas eu dans
la main car cet objet est nouveau pour lui. Il fait ce qu’on appelle une réaction à la nouveauté. Cela
témoigne du fait qu’il est capable de faire un lien entre ce qu’il touche et ce qu’il voit. Donc dès la
naissance bébé est capable de faire des ponts entre le tactile et le visuel. Idem pour le sens visuel et
auditif (par exemple quand on entend une voix, on va tourner la tête du côté de cette voix).

Compétences des bébés prématurés :


Définition de la prématurité selon l’OMS: naissance avant 37 semaines d’aménorrhées.
Terme de grossesse : 42 semaines d’aménorrhées. Il y a 10% de naissances prématurées (environ
15 millions de naissances prématurées par an) mais en augmentation dans les pays riches. Il y a
plusieurs catégories de prématurité :
1) Extrême : < 28 semaines d’aménorrhées (c’est très rare)
2) Majorité : entre 30-32 semaines (80% des naissances prématurées)
Une naissance prématurée peut avoir de gros impacts sur le développement psychologique du bébé
(paralysie motrice, troubles intellectuels, troubles affectifs). Ces impacts peuvent toucher d’autant
plus les grands prématurés. Il y a 2 domaines qui vont affecter les prématurés :

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1) Environnement du bébé en service de néonatologie (un certain nombre de stimulations
sensorielles peuvent affecter le bébé). Les chercheurs vont alors se demander comment
favoriser le développement du bébé en influençant son environnement proche (dans ce cas
la néonatologie)
2) Environnement familial : naissance prématurée est une grande source de stress pour la
famille (surtout maman), la culpabilité peut émerger. On tente alors d’aider la famille à
mieux comprends les compétences du prématuré et à mieux interagir avec le bébé pour
favoriser son développement psychologique.

Compétences précoces tactiles, olfactives et gustatives du prématuré


Les systèmes sensoriels sont très immatures. Les sens se développent de manière séquentielle in
utero.
1) Toucher
2) Olfaction
3) Goût
4) Audition
5) Vision
Compétences tactiles : Les bébés prématurés dès 3 mois avant terme présentent déjà une
habituation tactile, ils peuvent déjà faire la distinction entre des objets de forme différente donc
très tôt il y a une capacité de transfert d’informations entre les 2 hémisphères cérébraux qui est mis
en évidence avec le transfert inter-mains. DONC les compétences tactiles des grands prématurés
sont similaires à celles observées chez les nouveau-nés à terme.

Compétences olfactives : il y a une réponse d’habituation tant chez les prématurés que chez les nés
à terme. La mesure faite avec cette expérience est la réponse faciale. Il y a une diminution des
mouvements faciaux au fur et à mesure qu’on leur présente la même odeur. Puis il y a un regain
d’attention quand on lui présente une nouvelle odeur. Donc il y a des compétences de
mémorisation et de discrimination même chez les grands prématurés. On observe une
augmentation de la fréquence respiratoire quand on présente une odeur agréable au bébé et une
diminution quand l’odeur est déplaisante. Ainsi les enfants discriminent les odeurs selon une
valence émotionnelle. Donc discrimination possible entre odeur agréable et désagréable. On
constate que l’apprentissage olfactif a un effet positif sur la gestion de la douleur.
Compétences gustatives : les prématurés ont très peu d’expériences gustatives étant donné qu’ils
sont nourris par sonde. Ils ont cependant une capacité de discrimination gustative et ont une
préférence pour le sucré.

Compétences précoces auditives et visuelles chez les prématurés :


Utilisation de méthodes d’enregistrement cérébral : méthode NIRS : spectroscope proche
infrarouge : on met un casque avec des électrodes sur la tête du bébé, cela mesure les variations
d’oxygénation de certaines zones du cerveau. On constate que les prématurés ont des compétences
discriminatives auditives très précoces. Quant à la mesure de l’activité électrique cérébrale chez les
nés à terme et les prématurés on se rend compte qu’il y a des réponses au niveau cérébral qui sont

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inverses entre les prématurés et nés à terme. Certaines activations sont augmentées et d’autres
diminuées entre par rapport aux enfants nés à terme.
Donc l’information auditive est traitée différemment selon que l’enfant est né à terme ou
prématurément.
L’enfant né à terme discrimine la voix maternelle d’une voix étrangère. Ceci n’est pas le cas pour
les prématurés même s’il y a de nombreux bienfaits à une exposition régulière à la voix maternelle.
La capacité à discriminer la voix maternelle est entravée par la prématurité. A savoir qu’à l’hôpital
le prématuré est entouré de nombreuses voix féminines.
Compétences visuelles : habituation visuelle relativement précoce. On réalise même que les enfants
prématurés entre 35-40 semaines ont de meilleures compétences que les enfants nés à terme ! Pour
ce qui est de la discrimination de rayures noires et blanches, les prématurés de 40 semaines ont des
compétences similaires à celles de ceux qui sont nés à terme alors que les enfants de 35 semaines
ont de moins bonnes compétences. On en déduit que la naissance prématurée a un impact positif
sur certaines composantes visuelles qui sont sous contrôle sous cortical (c’est-à-dire sur des
structures cérébrales plus internes et automatiques et sommaires). Par contre pas d’impact positif
sur les composantes visuelles qui sont sous contrôle cortical.
Finalement la prématurité impacte un peu plus les sens qui se développent plus tard comme la
vision et l’audition.
Conséquences de la prématurité sur le développement de l’enfant
Les conséquences neuro-développementales vont apparaître progressivement au cours du
développement psychologique de l’enfant notamment quand l’enfant rencontre un environnement
complexe qui va le solliciter davantage (crèche/école). On constate notamment un écart de
quelques points entre les prématurés et les nés à terme dès 5-6-7 ans. Les retards sont liés au degré
de naissance prématurée. Plus la prématurité est extrême plus grand est le risque de retard neuro-
développemental. Le niveau socio-économique des parents influence aussi le développement
psychologique (idem que pour ceux nés à terme). Plusieurs facteurs influencent le développement
cognitif.
1) Psychologie de l’environnement familial : les parents ont une attitude d’alerte permanente
à cause du stress causé par cette naissance prématurée. Il faut éviter une surprotection de
l’enfant.
2) Environnement stressant en néonatologie (bruits et lumière +++) peut avoir un impact
négatif sur le développement cognitif de l’enfant. Idem pour une absence de stimulation
auditive (ex : parler au bébé).
La stimulation optimale est typiquement le peau à peau : les effets sont très positifs sur le
développement cognitif et affectif ultérieur du bébé né prématurément.
Plusieurs programmes de soins sont en train de se mettre en place, le but étant d’aider les parents
à mieux comprendre et à mieux interagir avec le bébé pour limiter d’éventuels retards
développementaux. Le bruit affecte énormément le prématuré (sommeil, rythme cardiaque…).
Impact aussi sur certaines capacités d’apprentissage (au niveau sensoriel surtout).

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Semaine 2 : comment se développe la sécurité affective des jeunes enfants ?
La théorie de l’attachement :
Théorie développée par John Bowlby après la 2 ème guerre mondiale. Observation des effets des
carences affectives chez l’enfant. Cette théorie se fonde sur 4 apports théoriques :
1) Etiologie
2) Psychanalyse
3) Darwinisme
4) Cybernétique
1) Etude scientifique du comportement animal. Il existe déjà à la naissance des comportements
innés qui vont être importants pour le développement. Le premier lien d’attachement qu’a le bébé
va avoir une influence pour la suite. Un isolement social peut mener à des troubles au niveau du
développement cognitif de l’enfant. Ce qui se passe dans les premières années de vie va avoir une
très forte influence sur la suite.
3) Le bébé développe un comportement adaptatif stratégique afin d’assurer sa survie et pour
développer ses liens d’attachement. Bébé tente de trouver quelqu’un qui va s’attacher à lui.
4) Chaque élément dépend d’un autre, homéostasie, feedback utilisé pour développer le
comportement d’attachement. Bébé va tenter différents comportements et voir comment son
environnement réagit.
Développement de l’attachement :
Le bébé dispose de comportements d’attachement (sourires, grasping, succion…) qui
correspondent à un besoin primaire d’attachement. L’attachement chez le bébé se construit
progressivement, il suit 4 étapes distinctes.
1) Pré-attachement : de la naissance à 2-3 mois
Personne n’a de statut particulier par rapport à un autre aux yeux du bébé. Le bébé envoie
des signaux pour provoquer la proximité d’un adulte quel qu’il soit.
2) Emergence de l’attachement : 2-3 mois à 5-6 mois
Le bébé réalise que quand il envoie des signaux, 1 ou 2 personnes y répondent plus souvent
que d’autres. Il crée alors un attachement avec une personne. Le bébé va sourire davantage
aux personnes qui s’occupent régulièrement de lui et il n’a pas encore peur des inconnus.
3) Période d’attachement à proprement parler : 6-12 mois
Les adultes ne sont plus égaux car le bébé a ses figures d’attachement.
4) Etape de résistance à la séparation : dès 12 mois
Le bébé se construit une image mentale de personnes de référence qui répondent à ses
besoins. Le bébé est habitué à certaines personnes.
 Il existe bien sûr des variations dans l’apparition de ces différentes étapes.
Différents types d’attachement et vie affective future :
Il existe 2 types d’attachement :
1) Sécure : le bébé est triste quand la personne d’attachement s’en va mais après il est capable
de réguler ses émotions et d’explorer le monde : ceci est le type d’attachement de 60-70%
des enfants

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2) Insécure : grandes difficultés à reconnecter les liens et à réguler ses émotions quand la
personne d’attachement part puis revient : bouderie, colère… il y a un vrai risque d’abandon
pour le bébé.
=> Chaque figure d’attachement génère un certain type d’attachement, la qualité de l’attachement
est spécifique à chaque relation. Il n’existe pas de compétition entre ces différentes relations. Dans
tous les cas, la séparation du bébé avec la personne d’attachement est vécue comme une véritable
détresse. C’est à ce moment que le bébé va trouver la stratégie d’utiliser un doudou (pas dans toutes
les cultures) qui va permettre au bébé de dépasser ses peurs et de réguler ses émotions. D’ailleurs
la perte d’un doudou peut être vécue comme un vrai drame. Par la suite le bébé sera capable de lier
des relations en sécurité sans parent et sans doudou. Mais attention ! Les expériences vécues dans
l’enfance ne déterminent pas entièrement les relations futures, cependant l’influence est là. Ainsi
tout ne se joue pas pendant les premières années de vie mais chaque relation influence la suivante.
Du coup on peut dire que tout se joue un peu tout le temps.
Rappel(s) :
- Les besoins primaires du bébé sont tant physiologiques qu’affectifs.
- Les carences affectives extrêmes peuvent conduire à la mort.
- Les comportements du bébé qui attirent la proximité d’un adulte sont :
o 1) Sourire social dès 2 mois
o 2) Regard qui suit
o 3) Succion
o 4) Agrippement manuel
Les relations amicales et l’attachement chez les enfants (4-5 ans)
Vers 4-5 ans, les groupes d’amis sont encore mixtes. C’est vers 6-7 ans que l’on retrouve des
groupes de filles et de garçons. Autour de 4-5 ans les enfants ont 3-4 amis et autour de 5-6 ans c’est
plutôt 3-4 amis pour les filles et 5-6 amis pour les garçons. Par la suite ça s’équilibre. Les motifs qui
déterminent une relation amicale sont bien évidemment complexes mais on observe un
changement qualitatif au cours du temps. Ainsi pour les jeunes enfants le but est de se fondre dans
la masse et de ressembler aux autres. C’est vers 7-8-10 ans que cela commence à changer et là on
est davantage sur des activités partagées et des intérêts communs. Le développement de relations
amicales a un impact extrêmement positif sur le développement psychologique de l’enfant
notamment car cela aide à développer certaines fonctions cognitives comment le développement
du langage, de l’empathie, l’imitation etc. mais aussi des fonctions affectives (les autres enfants nous
aident à réguler nos émotions).
 Les relations amicales sont absolument essentielles au développement psychologique de
l’enfant.
Le groupe et les rôles sociaux :
Les styles de comportements et de réactions que l’on va adopter vont être spécifiques aux
personnes avec lesquelles on est. On observe au sein d’une classe des sous-groupes qui se forment
et on va observer plusieurs phénomènes :
1) Les rôles sociaux : chaque enfant est considéré par une tâche donnée dans un sous-groupe
(par exemple : leader, clown, râleur, introverti). Par contre ces rôles ne sont pas figés, il y
aura des changements selon les compétences et le contexte.

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2) Plus il y a des interactions entre ces enfants plus il y a des normes à respecter. Ces règles
apparaissent d’ailleurs très clairement quand il y a l’arrivée d’un enfant extérieur dans un
groupe.
3) Il existe une répartition de l’information entre les enfants. Il est alors important pour
l’adulte de savoir comment circule l’information. L’enfant a tendance à se comporter de
manière spécifique en fonction des personnes avec qui il est.

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Semaine 3 : Comment se développent les émotions primaires et morales des
jeunes enfants ?
Les émotions primaires sont universelles et présentes dès les premiers mois de vie. Elles ont
des caractéristiques spécifiques.
Les émotions secondaires (ou morales) comme la honte et la culpabilité dépendent davantage de
l’environnement social et culturel.
Les émotions primaires :
Définition : réaction affective immédiate, elle peut être exprimée et reconnue par tous. Elles sont
au nombre de 6 : joie, peur, colère, tristesse, dégoût et surprise. On ajoute parfois le mépris. Darwin
disait qu’il y avait des émotions adaptatives qui permettaient la survie de l’individu. Dans les années
60, Monsieur Pelekman est allé étudier les émotions chez des peuples indigènes. Il constate que les
émotions primaires sont caractérisées par des expressions faciales spécifiques. La colère par
exemple : sourcils froncés et lèvres pincées. La plupart des primates et certains vertébrés ont ces
émotions. Elles sont donc universelles. La question est maintenant de savoir si elles sont innées.
Pour répondre à cette question on peut étudier des personnes aveugles de naissance ou des bébés
qui n’ont pas pu apprendre telle ou telle expression faciale par l’imitation. Pour ce qui est des
aveugles, on constate qu’ils réagissent comme les voyants.
Compétence émotionnelle : capacité à identifier, exprimer, comprendre, réguler et utiliser les
différentes émotions chez soi et chez autrui. Les compétences émotionnelles sont indispensables
au développement de l’enfant.
Expression émotionnelle précoce : c’est l’ensemble des traits comportementaux par lesquels e
révèlent l’émotion (pleurs, sourires, mimiques faciales, gestes, posture corporelle). Ces expressions
permettent au bébé d’exprimer ses besoins élémentaires, d’assurer sa survie et de créer des liens
d’attachement puissants avec son entourage. Ces expressions faciales sont déjà possibles in utero
(les muscles faciaux sont formés et nervés avant terme) et sont visibles par imagerie 4D.
Le dégoût est déjà présent à la naissance. L’expression du dégoût ressemble à celle de l’adulte dès
4 mois.
Dès la naissance on observe le « sourire d’ange » quand le bébé dort ou en dehors d’une interaction.
Le sourire social, lui, apparaît dès 2 mois. Ensuite le bébé va sourire à chaque interaction qui lui
semble plaisante. On observe un pic de sourires à 3 mois. A partir de 4 mois le bébé sourit surtout
aux personnes qui lui sont familières. Les rires quant à eux sont observés pour la 1ère fois vers 3
mois. Il faudra attendre 4-5 mois pour avoir des rires complets mais suite à une stimulation intense
comme des chatouilles ou des bruits rigolos. Le bébé commence à rire par rapport à ce qu’il voit à
partir de 7 mois.
Surprise : yeux grands ouverts, écarquillés, bouche grande ouverte… la surprise est rarement
observée chez le bébé. On l’observe en laboratoire vers l’âge de 4 mois quand on présente au bébé
une boîte d’où sort une chose de façon soudaine et inattendue. L’émotion de surprise est dans ce
cas observée chez la moitié des bébés. Hors laboratoire, la surprise apparaît vers l’âge de 6 mois en
réaction à un événement nouveau ou inattendu.
Les pleurs sont présents dès la naissance. Ils permettent au bébé d’exprimer un besoin, sa détresse
ou une émotion négative. Il est par contre difficile de savoir quelle émotion se cache derrière des
pleurs (tristesse, colère, peur ? Est-ce qu’il a faim ? Soif ?) :

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o Au 1er trimestre bébé pleure environ 100 minutes par jour puis on observe une
diminution au cours du 2ème et 3ème trimestre. On observe un pic de pleurs autour
de 6 semaines. Les pleurs sont plus fréquents le soir. Il faut se rappeler que les
pleurs sont normaux au niveau du développement même quand ils nous semblent
excessifs. Les pleurs sont considérés comme anormaux quand le bébé pleure + de
3h/jour plus de 3 fois/semaine et ceci pendant plus de 3 semaines !
La tristesse, elle, apparaît vers 8 mois quand le bébé est séparé de sa figure d’attachement.
Peur : on distingue les peurs primaires des peurs secondaires.
Peur primaire : c’est la 1ère à se développer. C’est la peur qu’a le bébé de ce qu’il se passe dans
son environnement immédiat (ex : un bruit soudain). On peut observer la 1ère expression de la peur
à la naissance par le réflexe de Moro : quand bébé est basculé brutalement en arrière, il va avoir le
réflexe d’écarter les bras, de les refermer puis de crier. Les peurs sont par la suite observables autour
de 7-8 mois face à des personnes ou objets qu’il ne connaît pas. Quand il apprend à marcher à 4
pattes il va y avoir l’apparition de la peur du vide. Les peurs primaires permettent la survie du bébé.
Peur secondaires : les peurs secondaires quant à elles se développent à partir de 2 ans. Elles sont
liées à l’imaginaire de l’enfant. Ces peurs vont augmenter entre 2 et 4 ans car l’enfant a du mal à
faire la différence entre l’imaginaire et la réalité. Ces peurs typiques de l’enfant disparaissent vers
l’âge de 6 ans.
Colère : elle est le résultat de l’échec et d’insatisfaction qui provoquent la frustration chez l’enfant.
On perçoit la colère vers 4 mois quand on retient par exemple les bras du bébé. On observe un
pic de colère vers 2-3 ans qui est lié aux faibles capacités d’autonomie de l’enfant. Ces colères
vont diminuer ensuite grâce à l’acquisition du langage oral et de la coordination motrice.
Pour résumer :
1) Les sourires et pleurs sont présents dès la naissance
2) Les expressions faciales deviennent de plus en plus spécifiques au cours de la 1 ère année de
vie pour correspondre à chaque émotion primaire.
3) Les expressions faciales sont indispensables à la survie et à la création de liens
d’attachement.
La perception des expressions faciales chez le nouveau-né et chez le bébé de 2-3 mois :
La perception de l’environnement est présente dès la naissance. Pour ce qui est des visages, la
perception est possible si :
- Le visage est à 40-50 cm maximum
- Il est bien contrasté
- Il présente des caractéristiques
On se demande à quel moment le bébé perçoit les expressions faciales émotionnelles. On se rend
compte que le bébé peut discriminer déjà à quelques heures de vie des expressions à condition
qu’elles soient très contrastées (ex : peur VS joie). Il va falloir attendre 6-7 mois pour voir
clairement que le bébé est capable de discriminer 2 expressions faciales émotionnelles. Les
bébés peuvent associer une expression émotionnelle vocale à un visage. La capacité à distinguer
les émotions fondamentales se fait dès 6-7 mois.
Compréhension non verbale des émotions chez l’enfant de 10-12 mois :

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A 10-12 mois les bébés sont non seulement sont non seulement capables de discriminer les visages
émotionnels mais aussi de prendre en compte ces informations.
La régulation émotionnelle :
L’enfant a certaines stratégies de régulation émotionnelle. La régulation émotionnelle permet de
modifier la nature, l’intensité, la durée ou la façon dont les émotions s’expriment. Il y a 2 types
de stratégies :
1) Stratégies intra personnelles (faites par soi-même)
2) Stratégies interpersonnelles (faites grâce à un co-régulateur)
Pendant la 1ère année c’est plutôt interpersonnel. Le co-régulateur sera typiquement le parent
(consoler l’enfant s’il se fait mal). La régulation émotionnelle est possible si le co-régulateur :
1) Parvient à identifier l’émotion éprouvée par l’enfant
2) Arrive à y répondre de manière adaptée.
Donc le développement de la régulation émotionnelle est lié aux échanges que l’enfant a avec son
entourage. Chez les nouveau-nés les stratégies intra personnelles sont peu présentes et peu efficaces
car le bébé a un nombre de comportements limité comme la succion non nutritive et le
détournement de regard pour réguler ses émotions. La régulation se fait au cours du temps.
Dès 2 ans l’enfant commence à se distinguer à se distinguer des autres et devient conscient de
ses propres intentions et de celles d’autrui. La régulation est plus indépendante et est renforcée
par les habilités motrices et langagières. Il va pouvoir éviter les émotions négatives et solliciter
davantage les émotions positives. La succion qui était là jusque-là involontaire devient auto-
relaxante et volontaire et l’évitement de regard devient des comportements de fuite et
d’évitement (enfant court pour éviter quelqu’un qu’il ne connaît pas).
Entre 3 et 6 ans l’enfant utilise le langage pour initier des demandes de régulations
interpersonnelles. Il va demander au co-régulateur de l’aider à réguler ses émotions. L’adulte aide
alors l’enfant à verbaliser ses émotions. Le langage permet de comprendre son ressenti et de
se distancer de l’émotion. Il développe des stratégies intra personnelles en se calquant sur celles
qu’il observe chez l’adulte. La façon d’exprimer, modifier, dissimuler son émotion va dépendre de
son environnement et contexte social. Par exemple, l’enfant apprend qu’il doit monter du
contentement même s’il reçoit un cadeau qu’il n’aime pas.
Stratégies de régulation entre 1 et 6 ans :
1) Amplification (exagération de la douleur pour attirer l’attention)
2) Minimisation (retenir ses larmes quand on se fait mal)
3) Substitution (air joyeux alors qu’on est déçu)
4) Neutralisation (ne pas montrer ses émotions)
Dès 6 ans on a d’autres stratégies qui se mettent en place grâce au développement des capacités
cognitives.
1) Résolution de problèmes (tente de résoudre la cause des émotions avant de la ressentir)
2) Recherche de soutien (faire appel à un co-régulateur)
3) Distraction (essayer de penser à autre chose comme en écoutant une musique)
4) Réévaluation cognitive (changer de point de vue ou de perspective)

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5) Suppression expressive (ne pas exprimer physiquement l’émotion en bloquant ses
expressions faciales, corporelles et vocales)
La régulation des émotions est présente dès la naissance. Au début il régule ses émotions grâce à
un co-régulateur puis les stratégies deviennent de plus en plus internes grâce à l’acquisition du
langage et du développement des capacités cognitives. Cette acquisition est indispensable au
développement de l’enfant mais est lente et difficile.
Les émotions morales : définition et prérequis :
Les émotions jouent un rôle central dans la communication au sein d’un groupe. On parle
d’émotions dites sociales. Les émotions morales sont une sous-catégorie des émotions
sociales. L’émotion morale requiert la représentation de l’état mental d’autrui et des règles
de la vie en société.
Différentes émotions mentales :
o Les émotions de souffrance d’autrui :
▪ Empathie
o Les émotions de louange d’autrui :
▪ Gratitude
o Les émotions auto-conscientes :
▪ Fierté
▪ Honte
▪ Embarras
▪ Culpabilité
Les émotions morales, contrairement aux émotions primaires n’ont pas de caractéristiques faciales
spécifiques. Elles auraient juste des postures spécifiques (lever les bras en l’air en signe de fierté ou
baisser les yeux et les épaules quand on a honte). Elles ne sont pas universelles car elles sont liées
à la culture. Elles apparaissent en fonction des normes définies par la société. Les émotions morales
ne sont pas innées ou liées au développement très précoce. Elles se développent autour de 2 ans.
2 prérequis :
1) La conscience de soi et une représentation de soi qui est stable
2) La conscience des règles et des normes définies par la société
Dès 2 ans les enfants ont des attentes concernant l’équité et des notions de ce qui est bien et mal.
L’évaluation des émotions morales est difficile et il faut avoir recours au langage pour les percevoir.
La compréhension des émotions morales est plus tardive et semble liée au développement de la
théorie de l’esprit (enfant se rend compte que l’autre enfant peut avoir un autre avis et une autre
perspective que lui mais aussi d’autres attentes et jugements).
Dès 7 ans l’enfant peut citer des situations qui vont déclencher des émotions morales (si on leur
montre une photo d’eux gagnant un match ils pourront dire qu’ils expriment de la fierté).
10-12 ans : développement cognitif permet de se détacher de son propre point de vue.
Les émotions morales évoluent progressivement de l’enfance jusqu’à l’adolescence. Elles sont
adaptatives au sein d’un groupe mais mal adaptatives si elles sont ressenties de manière excessive
ou pas assez ou encore qu’elles sont mal régulées. Les émotions morales sont suscitées par les
interactions par les interactions sociales et seront donc différentes selon la culture. Les premières

12
manifestations des émotions morales apparaissent après 2 ans. L’identification verbale des
émotions des émotions survient vers 2-3 ans.
L’apparition du langage sophistiqué se fait à partir de 3 ans. Chaque émotion a un rythme de
développement différent. Les émotions morales sont très fortement influencées par
l’environnement social.
1) Emotions de souffrance d’autrui (ex : compassion)
2) Emotions de condamnation d’autrui (ex : mépris)
3) Emotions de louange d’autrui (ex : gratitude)
4) Emotions auto-conscientes (ex : fierté, honte, culpabilité)
La culpabilité est une émotion qui implique autrui alors que la honte est plus centrée sur soi.
Honte : on se sent petit, inutile et impuissant, on veut se cacher et disparaître.
Culpabilité : tension, regrets, repentance, souhait de réparation des dommages causés.
Les émotions morales ne se développent pas avant 18-24 mois. Apparition de ces émotions morales
nécessite l’acquisition d’habiletés cognitives préalables et la compréhension des normes sociales.
La bonne compréhension des normes sociales apparaît vers 17 mois.
Augmentation progressive de la culpabilité entre 14 et 24 mois.
Augmentation des remords entre 18 et 40 mois.
Les enfants présentant un tempérament anxieux seraient plus sensibles à la culpabilité.
Trois « stratégies » utilisées par les parents pour inciter les enfants à se comporter autrement :
1) L’affirmation du pouvoir
2) Le retrait de l’affection
3) Le raisonnement inductif : expliquer les conséquences du comportement de l’enfant. Le
raisonnement inductif renforce l’intériorisation des normes morales et développe
l’empathie.

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Semaine 4 : comment se développe le SOI des jeunes enfants
Le contrôle de soi :
Il existe 3 capacités essentielles que doit acquérir le jeune enfant pour entretenir de bonnes relations
avec autrui :
1) Capacité de contrôle de soi
2) Capacité de conscience de soi, de représentation de soi
3) Capacité de se mettre à la place des autres
 Ces capacités émergent progressivement
Définition et développement du contrôle de soi :
Le contrôle de soi exige beaucoup de ressources intentionnelles et attentionnelles. Son rôle est :
1) Etablir des relations sociales positives
2) Rendre possible la vie collective
3) Réguler ses émotions et ses comportements
Système chaud : ce qui nous fait réagir brutalement
- Rôles bénéfiques :
o Il permet de répondre spontanément
o Il permet de générer nos premières impressions
o Il permet de répondre rapidement
- Rôles négatifs :
o Il donne parfois des réponses illogiques
o Il ne permet pas de générer des impressions justes et équilibrées
Système froid : il implique des aires cérébrales préfrontales (impliquées dans des capacités
cognitives de haut niveau). Ce système préfrontal met du temps à se mettre en place (jusqu’à la fin
de l’adolescence).
- Rôles négatifs :
o Il ne permet pas de répondre rapidement
o Il ne permet pas de répondre spontanément
L’enfant va apprendre à différer ses envies (contrôle du système chaud par le système froid). Cela
exige une grande capacité d’adaptation et beaucoup d’entraînement. Cet apprentissage commence
dès la 1ère année de vie.
Dès 4-5 ans, l’enfant doit apprendre à gérer ses frustrations (ils ne peuvent avoir tout, tout de suite).
Dès 10 ans l’enfant apprend à s’autocontrôler. Cette capacité d’autocontrôle est présente chez la
plupart des adultes.
La mesure du contrôle de soi, ses effets et son accompagnement :
Test du bonbon : enfant est mis dans une pièce face à un bonbon. Il peut soit le manger de suite
ou patienter un certain temps et en avoir le double. On observe que vers 3-4 ans la majorité cède
immédiatement mais que vers 4-5 ans la majorité attend. En revanche on se rend compte que cela
est physiquement difficile pour l’enfant et qu’il doit mettre en place un certain nombre de stratégies
(se cacher les yeux, regarder ailleurs, s’inventer des histoires etc.). Cela présuppose par contre que

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l’enfant ait foi en la parole de l’adulte. Cette capacité de contrôle sur soi serait partiellement liée aux
réussites sociales et professionnelles ultérieures (résultats actuellement en discussion).
o Cette capacité de contrôle sur soi contribue partiellement aux performances
ultérieures
o Il existe un lien (positif) ou une corrélation positive entre les capacités de contrôle
et les réussites ultérieures
Plusieurs principes éducatifs permettent à l’enfant de développer cette capacité d’autocontrôle.
1) Lui dire d’attendre un peu et de ne pas céder de suite à ses envies.
2) Proposer un l’enfant une explicitation (qu’est-ce qu’il se passe si je fais ceci ou cela) : cela
permet à l’enfant de mettre en place une stratégie mentale de « si… alors… » (si je veux
pouvoir jouer à ce jeu alors je dois faire mes devoirs avant). Cet accompagnement doit être
systématique et surtout bienveillant.
Cet autocontrôle et très difficile à mettre en place même à l’âge adulte.
Définition et développement de la conscience de soi :
Les chercheurs ont longtemps pensé que le bébé ne faisait pas de différente entre lui et sa maman
ou lui et son environnement extérieur. Or il est capable de distinguer le soi (primaire) et son
environnement. Les nouveau-nés font la distinction entre leurs pleurs et ceux d’un autre bébé.
Réflexe de fouissement : quand on stimule la joue du bébé, il oriente sa tête du côté de la
stimulation. Quand on stimule la joue du bébé avec sa propre main il tourne moins la tête. La
reconnaissance de soi émerge progressivement dans l’enfance.
Dès 7-8 mois le bébé réagit quand une personne non familière arrive dans son environnement :
peur des étrangers.
Dès 12 mois bébé utilise des comportements pour établir un lien entre lui et son environnement.
La tâche du miroir permet d’établir le soi cognitif (conscience de soi indépendamment de son
environnement). Le chercheur dessine une tâche sur le front de l’enfant et le met devant un miroir
puis il observe les réactions du bébé.
Vers 6-7 mois quand le bébé est en face du miroir, il pense que le reflet est un autre enfant, il va
toucher le miroir et essayer de passer derrière mais il ne montre pas d’intérêt pour la tâche. Leur
reflet à cet âge est quelque chose différent d’eux.
20 mois (à peu près 2 ans) ils vont directement chercher la tâche car ils savent que c’est eux qu’ils
voient dans le miroir.
A partir de 18 mois (1 an et demi) le bébé porte la main à son visage pour effacer la tâche, par
contre les plus petits ne le font pas.
Concept de soi : ensemble riche et détaillé d’idées relativement stables qu’on se fait à notre propre
sujet. Ce concept émerge entre 0 et 2 ans. Il y a des étapes intermédiaires avant la reconnaissance
de soi. Une de ces étapes est le sentiment de malaise de l’enfant face à son reflet : il comprend qu’il
n’est pas dans une rencontre habituelle avec un autre enfant. La conscience de soi apparaît donc
vers 18 mois
N.B. : il y a 2 profils d’enfants face à la casse d’un jouet dès 2 ans 1/2 - 3 ans : le profil honteux
(évitement de l’expérimentateur, il ne cherche pas à réparer sa faute) et le profil coupable (pas

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d’évitement du regard, pas de détournement de l’objet, comportements d’excuses, confession de la
faute et recherche de réparation). Ceux qui expriment de la culpabilité manifestent davantage
d’empathie et de comportements pro-sociaux.
La capacité à se mettre à la place de l’autre :
Cette capacité n’est pas aisée. On parle aussi de théorie de l’esprit. 14-15 mois : enfant qui voit
quelqu’un avoir un problème comprend spontanément que cette personne a besoin d’aide.
A 3 ans l’enfant n’est pas encore capable de faire cette théorie de l’esprit, pas encore capable de se
mettre à la place de l’autre.
A 5 ans il en est par contre capable. Pour des choses complexes par contre il faudra attendre 6-7-8
ans. Cette capacité à se mettre à la place des autres est aussi très importante pour percevoir ce qui
relève du mensonge et de la plaisanterie. Vers 5-6-7 ans l’enfant ne comprend pas les plaisanteries
Dès 7 ans il y arrive.

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Semaine 5 : le jeu !
Il y a plusieurs types de jeux : jeux de règles, sensori-moteurs, faire semblant… le jeu du faire
semblant permet le développement cognitif et affectif de l’enfant. Imaginer et créer participent au
développement psychologique de l’enfant et est donc crucial (développement d’amis imaginaires
est essentiel au développement cognitif et affectif de l’enfant).
Qu’est-ce que le jeu ?
Le jeu occupe une place centrale dans la vie d’un enfant. C’est une composante fondamentale du
développement de l’enfant. Le jeu est un phénomène complexe. Il comprend un certain nombre
de caractéristiques.
1ère caractéristique) c’est une activité de second degré. Le jeu serait à prendre comme une
fiction/simulation qui propose un monde autre mais qui renvoie quand même à un monde réel.
2ème) Motivation intrinsèque : le jeu n’est pas contraint par des règles externes ou des demandes
sociales. Le jeu n’est pas une activité imposée par l’adulte mais initié spontanément par l’enfant.
3ème) Flexibilité dans le jeu (au niveau de la forme et du contenu du jeu)
4ème) Absence de prédétermination de la fin du jeu
5ème) Le jeu génère des affects positifs (des rires typiquement)
Attention, un seul critère ne permet pas de déterminer s’il s’agit d’un jeu. Plus il y a de critères
réunis plus il y a de chances qu’on soit face à un jeu.
Les différents types de jeux :
1) La 1ère forme de jeu qui apparaît est le jeu d’exercice (sensori-moteur) : période du
développement préverbal (au cours des 2 premières années de vie). Ici l’enfant manipule des objets.
C’est une forme de jeu qui permet à l’enfant d’expérimenter son environnement.
2) Vers la fin de la 1ère année : apparition de jeux locomoteurs (jeux physiquement vigoureux) :
bagarre, course, vol, sauts etc. Les jeux locomoteurs augmentent progressivement de 1 à 5 ans. Dès
3 ans apparition de jeux de bagarres. Cette forme de jeu occupe 8% des formes de jeu chez les
enfants de 7 à 10 ans.
3) Vers 2 ans mais davantage chez les enfants de 3 à 6 ans : jeux de construction. Le dessin est
aussi un jeu de construction.
4) Les jeux symboliques (jeux de faire semblant) apparaissent vers 18 mois avec une substitution
des objets. De 2 ans et demi à 6 ans : on passe de la simple imitation des actions des adultes à une
création plus complexe et coopérative. Il y a peu à peu une sophistication du jeu. Pic vers 5-7 ans.
Le faire semblant est l’activité maîtresse chez les enfants d’âge préscolaire (3 à 7 ans) : c’est l’activité
la plus susceptible de générer des gains au niveau du développement global de l’enfant.
5) Jeux de règles. Surtout de 7 à 11 ans. Cette forme de jeu persiste à l’âge adulte.
Pourquoi les enfants jouent-ils ?
1) Théorie du préexercice. L’enfant exercerait une activité qu’il ne peut pas encore faire
sérieusement. Il s’exerce à faire des choses qu’il ne peut pas encore faire.

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2) Le but du jeu selon Jean Piaget est de reproduire ce qui a plu, frappé. Le jeu permettrait
d’assimiler la réalité. Les enfants joueraient donc par simple plaisir fonctionnel.
3) Théorie de Vygotski : les enfants joueraient pour satisfaire des besoins et désirs
irréalisables.
4) Le jeu permettrait de donner du sens au monde qui l’entoure. Les enfants créent des
connaissances à travers le jeu.
Effets bénéfiques du jeu de faire semblant à plusieurs niveaux:
o Cognitif :
Facilitation de la décentration cognitive : habileté à prendre la perspective à l’autre.
Le jeu favorise le développement des représentations mentales. L’utilisation de
substituts symboliques (ex : un crayon qui serait une fusée).
Il permet également le développement des comportements intentionnels (c’est-à-
dire dirigés vers un but précis). Cela est possible dans la mesure où l’enfant doit
suivre des règles. L’enfant fait un effort sur son propre comportement mais aussi
régulation sur le comportement des autres.

o Socio-affectif :
Meilleures habiletés en régulation émotionnelle (affects positifs).

o Linguistique :
Jeu de faire semblant et langage impliquent les 2 la capacité à symboliser. Le jeu a
aussi un impact sur la lecture.
5 niveaux de jeu de faire semblant : du moins au plus mature
1) Les premiers scripts. Jeu immature. L’action est orientée sur les objets (vroom vroom pour
faire la voiture). Utilisation très réaliste des objets et peu de recours au langage. Les rôles ne sont
pas encore présents.
2) Apparition de rôles en action (faire semblant d’être une maman par exemple). Utilisation
essentiellement du langage. Ebauches de rôles.
3) Coordination des actions de faire semblant avec partenaires de jeu. Stade des rôles avec des
règles et débuts de scénario. L’enfant à ce stade a encore fortement besoin d’accessoires pour jouer.
Les rôles et scénarios se complexifient.
4) Rôles plus matures, scénarios planifiés, utilisation d’accessoires de manière symbolique. L’enfant
s’engage dans de multiples actions de faire semblant. Le temps de planification augmente (avant
et/ou pendant).
5) Jeu mature. Dramatisation, rôles multiples. Contrôle de son comportement et du jeu dans son
ensemble. Plus de temps mis dans la planification du jeu que dans la mise en scène du scénario.
Les enfants peuvent assurer plusieurs rôles à la fois. Les thèmes sont multiples et l’enfant n’a plus
besoin d’accessoires.
Résumé :
1) Premiers scripts
2) Rôles en action
3) Rôles avec règles et des ébauches de scénarios

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4) Rôles matures, scénarios planifiés, accessoires symboliques
5) Dramatisation, thèmes multiples, rôles multiples et jeux dirigés

Aider son enfant à développer le faire semblant :


1) Observer le comportement de jeu
2) Aménager un espace de jeu et laisser du temps de jeu (40 minutes minimum quand le jeu
commence à devenir mature). Il faut lui laisser des accessoires qu’il puisse utiliser de
manière symbolique.
3) Donner des idées de thème de jeu (papa/maman, fantastique…).
4) Lire des livres aux enfants
5) Proposer à l’enfant de dessiner des scénarios de ce qui va être joué
6) Aller au contact des personnages pouvant être interprétés (dans la réalité comme le
personnel d’un zoo par exemple)
7) Utiliser le mime
8) Intervenir dans le jeu de l’enfant en posant des questions
9) Adopter un langage de faire semblant, utiliser régulièrement les termes : fais semblant
que…
10) Décrire les gestes et actions de l’enfant
Rôle de l’imagination dans le développement psychologique :
Imagination est une activité essentielle et spécifique à l’espèce humaine. Elle est essentielle pour
créer des raisonnements contrefactuels (imaginer l’inverse de ce qu’on a décidé). Elle va bien au-
delà de simples représentations mentales. L’imagination participe positivement au développement
psychologique de l’enfant. Elle aide également à la régulation émotionnelle et à comprendre le
monde. Elle émerge entre 18 mois et 2 ans et est très présente durant les premières années de vie.
Un ami imaginaire = un ami ordinaire
2/3 des enfants de 3 à 6 ans environ ont un ou des amis imaginaires. L’ami imaginaire peut prendre
n’importe quelle forme. Il répond à un besoin transitoire (lors d’une situation difficile typiquement).
Cet ami permet de développer la théorie de l’esprit et permet le développement d’une activité
cognitive très forte. L’ami imaginaire disparaît en général spontanément. Ne jamais se moquer de
l’enfant !!
Distinction entre réalité VS imagination : à quel âge ?
Dès 3 ans quand enfant entre dans un jeu de faire semblant, l’enfant sait pertinemment ce qui existe
et ce qui n’existe pas. Par contre, lors de la lecture ou du visionnement de la TV, cela est plus
difficile pour l’enfant. L’enfant doit sélectionner les infos pertinentes qui lui permettent de dire si
ceci ou cela est la réalité. Là les adultes ont un rôle vraiment prioritaire : ils doivent choisir le type
d’informations qu’ils donnent à l’enfant. Vers 2-3 ans : l’enfant croit ce que l’adulte dit et en plus il
est capable de sélectionner l’adulte qui est pertinent. L’enfant a donc la capacité de sélectionner
l’information mais aussi la source de celle-ci. C’est un apprentissage lent mais qui commence très
tôt dans le développement. Nous avons tous tendance à choisir par exemple des films qui font
émerger des émotions. Cette activité est qualitativement similaire chez les enfants et chez les
adultes, la différence est dans la régulation. L’adulte génère lui-même ses émotions mais il a la
capacité de réguler ses émotions. Cela est plus dur chez l’enfant, il teste visuellement ses émotions
et apprend à les réguler de cette manière.

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Développement de la créativité :
La créativité est un phénomène spécifiquement humain et est très complexe. Nécessité de
compétences cognitives, émotionnelles, sociales. A partir d’une somme d’éléments connus il va
devoir faire un élément inconnu. La créativité se développe de manière non linéaire. L’évolution se
fait différemment selon les âges. Au début on observe une baisse de la créativité lors de l’acquisition
de la lecture et de l’écriture car ce sont des apprentissages très normés qui ne laissent au début pas
de place à la créativité. La créativité est aussi ralentie à la période de l’adolescence (car les
adolescents font très attention aux normes sociales). Il est complexe d’évaluer la créativité. Il est
important de laisser de l’espace et du temps à l’enfant.
Intervenir dans la créativité de son enfant :
1) Faire-faire : adulte pilote l’activité (très rigide car pas d’autonomie)
2) Faire avec : adulte fait activité avec enfant sans réguler
3) Donner à faire : adulte prépare l’activité et ne donne pas de consigne
4) Laisser faire : adulte ne prépare rien, aucune régulation (très laxiste)
Le dosage de ces 4 types d’intervention est ce qui est important. Tout dépend de notre conception
de l’éducation.
Ecrans et développement psycho-affectif :
Débat vif chez les chercheurs. Dur d’établir les effets pour des raisons éthiques. Effets négatifs
quand exposition plus de 2-3 heures par jour précocement. Les écrans permettent cependant de
mieux comprendre le monde et d’augmenter les connaissances. Effets cognitifs et attentionnels,
moins de vocabulaire, diminution des comportements pro sociaux et de l’empathie etc. Plus les
ados regardent/jouent à des jeux vidéo violents plus ils ont tendance plus tard à être antisociaux.
Respecter les recommandations sur la TV et les jeux vidéo. Pas d’écrans durant les premières années
de vie. Réguler le temps d’usage et la nature de ce qu’ils regardent. Ne pas laisser un enfant seul
face à son écran. Plus un enfant passe de temps avec un smartphone ou une tablette plus il est
susceptible de développer un retard de langage. Exposition aux écrans devrait être totalement évitée
avant l’âge de 3 ans puis limitée à 1h/jour entre 2 et 5 ans.

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Semaine 6 : Comment se développent l’empathie, le sens moral et le sens de
l’équité et l’altruisme des jeunes enfants
Définition et développement de l’empathie :
L'empathie: capacité à percevoir, reconnaître et comprendre état émotionnel de l'autre sans
contagion émotionnelle. Crucial. Se met en place progressivement. Essentiel pour les autres
compétences sociales. Voir qqn souffrir et souffrir => mêmes aires cérébrales qui s'activent.

Une des 1ères compétences préalables: capacité à réagir affectivement à une situation. Comprendre
que telle situation provoque telle émotion chez autrui.
2) se mettre à place de l'autre (faire théorie de l'esprit). Cette capacité cognitive met du temps. Pas
avant 4-5 ans.
3) on ne doit pas se laisser contaminer par émotions des autres.
Ces 3 conditions permettent de développer capacité de l'empathie.
1ère phase: bébé réagit de manière innée aux détresses d’environnement.
2) dès 6 mois: bébé réagit à comportements de détresse dans leur environnement comme un autre
bébé. (Si voit bébé triste va devenir triste) juste réaction, pas d'action.
3) 12 mois-4-5-6 ans enfant tente d'y faire face mais toujours avec point de vue égocentrique.
Enfant amène son propre doudou par exemple. Réaction pas adaptée à détresse de l'autre
4) 6-7 ans: action appropriée de la part de l'enfant. Va chercher doudou de l'autre enfant.
5) 10-12 ans: enfants peuvent être en empathie avec plus que leur environnement immédiat (faim
dans le monde par exemple). Conscience morale se développe.
Aider enfant à identifier émotions d'autrui pour qu'il arrive à gérer ses émotions. L’aider à adopter
différents points de vue. Que ressentirais-tu si tu étais à sa place?

Capacités requises pour émergence d’empathie:


1) capacité à comprendre le point de vue mental de l'autre
2) conscience de soi et des autres
3) capacité à identifier et comprendre les émotions d'autrui

Le sens moral et le sens de l’équité :


Notre sens moral ne se réduit pas à intérioriser des règles sociales. Il se fonde sur des raisonnements
qui viennent de notre expérience et de nos capacités cognitives. Pour le développer les chercheurs
font part de dilemmes moraux aux enfants (plausibles et fictifs). Dans ces histoires il va y avoir des
conflits de loyauté.
3 grandes étapes :
1) Etape pré-conventionnelle : entre 5 et 8 ans
Utilisation de l’impact des conséquences de briser une vitre ou pas. Ce qui va les faire dire si telle
chose est bien ou mal c’est le fait de savoir s’ils vont se faire attraper ou non. Pas vraiment de
morale à ce stade c’est est-ce qu’il y a un risque de se faire attraper ou non.
2) Etape conventionnelle : entre 8 et 12 ans
L’enfant commence à prendre en compte les normes sociales. Les normes sont surtout basées sur
ce que leurs proches ont dit
3) Etape post-conventionnelle : à partir de 12 ans

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Vraie autonomie morale. Idée de ce qui est bien ou pas bien indépendamment de ce que pense la
famille. Les enfants entrent de plein pied dans ce qu’on appelle le contrat social (il y a des règles à
respecter en société).
Face à un dilemme moral les personnes réagiraient en 2 temps :
Système chaud puis système froid. Système chaud correspondrait à un jugement émotionnel
automatique qui ne fait appel à aucun raisonnement. Ensuite on fait appel au système froid qui est
davantage rationnel. Enfant en grandissant va de plus en plus utiliser le système froid.
Rappel :
- Les bébés ont des intuitions morales mais on ne peut pas encore parler de sens moral à
proprement parler.
- Les bébés de 8 mois s’habituent à la vue d’un comportement d’aide d’une marionnette
envers une autre puis réagissent à la vue d’un comportement d’opposition
- Les intuitions morales précoces seraient les fondations du sens moral
Le sens de l’équité :
Nous sommes très sensibles aux partages des ressources. Dès 3-4-5 ans les enfants y sont déjà très
sensibles. Les bébés dès 6-7-8 mois sont capables de faire la différence entre des comportements
dits pro sociaux (comportements positifs, les gens s’entraident) et des comportements antisociaux.
Equité : la distribution correspond à la contribution.
Trois principaux courants théoriques ont été développés pour penser le développement de la justice
distributive chez les enfants :
1) Théories cognitivo-développementales
2) Théories de la socialisation
3) Théories évolutionnistes
Justice distributive : habileté à partager les bénéfices des interactions sociales dans un sens
mutuellement avantageux.
Egalité et équité selon Piaget :
Egalité : tous reçoivent la même chose
Equité : distribution correspond à la contribution
Pour penser le développement de la justice distributive on a 3 courants théoriques :
1) Théories cognitivo-comportementales : selon Piaget il y a 3 grandes périodes dans le
développement de la justice distributive en relation avec l’autorité adulte.
a) 1ère période jusqu’à 7-8 ans : est juste ce que commande l’adulte. L’obéissance
l’emporte sur l’égalité
b) Entre 8 et 11 ans, égalitarisme l’emporte sur tout le reste. La justice prime sur
l’obéissance.
c) Dès 11-12 ans : justice purement égalitaire est tempérée par des préoccupations
d’équité. Il faut tenir compte de la situation de chacun.
Selon Piaget l’enfant passerait de l’hétéronomie à l’autonomie et de l’égocentrisme à la prise
en compte du point de vue d’autrui.

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2) Théories de la socialisation
Les parents et l’environnement social favorisent le développement moral de l’enfant.
a) Théorie de l’apprentissage social. L’enfant apprend à être moral en observant des
modèles qui se conduisent moralement et en les imitant.
b) Théorie de l’internalisation des valeurs
c) Modèles bilatéraux d’internalisation

3) Théories évolutionnistes
3-5 ans : l’enfant partage pour être équitable quand il sent de l’injustice : ceci est valable dans
des actions de coopération et pas de compétition.
5 ans : le partage c’est le plaisir d’être ensemble à travers l’objet. L’enfant entre dans l’équité
vers 5 ans.
80% des conflits entre enfants tournent autour de la propriété.
L’altruisme : n’est pas propre à l’espèce humaine.
L’altruisme peut émerger dès 12-13 mois. Très précoce. L’origine des comportements altruistes
n’est pas claire. Est-ce inné ? Un apprentissage social ? C’est probablement un mix des deux.
L’environnement familial cependant l’influence énormément.
Types de comportements agressifs :

Direct : la victime est physiquement présente. Les comportements agressifs sont difficiles à
identifier. A 2 ans : 1 interaction sur 4 est agressive. Ensuite les formes se diversifient avec
l’amélioration du langage. Diminution ensuite de ce pic d’agressivité dès 3 ans.
Obéissance et châtiments corporels :
Utilisation des châtiments corporels fait débat au niveau législatif. Effets psychologiques :
châtiments corporels ont un lien avec le développement psychologique ultérieur. Plus les
enfants reçoivent de coups plus ils développent des comportements agressifs et des troubles
du comportement. Il y a 2 grandes explications à ces effets observés :
1) Imitation sociale
2) Personnalité de l’enfant : le châtiment serait une réponse au tempérament de l’enfant.
Droits de l’enfant suisse et international

23
L’utilisation des châtiments corporels est à prescrire par tous les moyens. On observe un
mouvement vers l’interdiction des châtiments corporels qui repose sur 3 principaux piliers :
1) Evolution sociale : 1er pays à interdire le châtiment corporel : la Suède en 1979 puis la
Norvège et la Finlande
2) Rôle de plus en plus important accordés aux droits humains (et à ceux des enfants)
3) Recherche scientifique : les châtiments ne rendent pas les enfants plus compliants, on
n’observe pas de meilleurs apprentissages de principes moraux (au contraire). Les
recherches montrent que les châtiments augmentent les comportements agressifs,
influencent négativement l’estime de soi, réduisent leurs performances scolaires, péjorent
les relations avec les parents, conduisent à plus de fragilité sur la santé mentale. Un usage
exceptionnel de ces pratiques cependant n’aurait pas d’effet délétère sur les comportements
de l’enfant. Il existe donc une CORRELATION entre châtiments et comportements
agressifs et autres effets néfastes (sur le développement psychologique cognitif et affectif).

24
Semaine 7 : La parentalité : que se passe-t-il du côté des parents ?

Parentalité et interactions dyadiques :

• Le contexte social du bébé :


Le développement des relations ne concerne pas seulement les relations de bébé
avec ses parents.
Il y aurait plusieurs systèmes relationnels selon la théorie écosystémique de
Bronfenbrenner :
1) Microsystème : relations que le bébé développe avec ses parents, enseignants,
puériculteurs etc. (systèmes sociaux très proches). Le bébé n’est pas directement
impliqué. Différentes personnes du microsystème interagissent entre elles.
2) Mésosystème : enfant n’est pas directement partenaire de ces relations mais
elles ont un impact sur lui. Exemple de relation : relation entre maman et
maman de jour
3) Exosystème par rapport au bébé : le bébé et les relations parents-enfants sont
influencés par les relations que les parents ont en dehors du cercle familial et
en dehors de la relation avec bébé (typiquement milieu professionnel). Les
exosystèmes ont un impact indirect sur le développement de l’enfant.
4) Macrosystème : système de valeurs (religieuses, morales…). Ce système englobe
les autres systèmes.
5) Chronosystème : tout développement se passe dans le temps avec des
changements (de priorité typiquement). Les influences changent aussi au cours
du temps.
Les compétences sociales des bébés :
Les relations précoces se construisent sur les interactions au quotidien entre le bébé et ses
parents. Le bébé est pré-équipé d’un certain nombre d’attirances et de comportements qui
l’orientent vers le milieu social. Le tout petit est attiré par la voix humaine, les visages
humains, réagit de façon différentielle aux expressions faciales des adultes. Ces
comportements suscitent des réponses de la part de l’environnement social. Les parents
ont eux-mêmes des comportements qui vont aller à la rencontre des comportements des
bébés. L’enfant apprend que son comportement a des effets sur son environnement social
et il va donc avoir certains comportements de manière intentionnelle. Phase monadique :
capacités que le bébé met en œuvre avec son corps, tonus, gestes, expressions faciales et
émotionnelles… qui lui permettent de montrer son engagement ou désengagement
relationnel (en détournant la tête par exemple)

Les capacités « multis » des bébés :


Bébé a des capacités pour interagir avec son environnement. Mais dans quelle mesure est-
il capable d’interagir avec plusieurs personnes à la fois ? Il semblerait que dès les premiers
mois un bébé est sensible à ce qu’il se passe entre plusieurs personnes (alternance des
regards très rapide) il va faire un signalement d’affect et ceci dès 3-4 mois. Le bébé est très
sensible au fait que son parent interagisse avec quelqu’un d’autre que lui. Jalousie : émotion
qui déclenche des comportements de protection de la relation. Dès 5-6 mois on peut
observer de la jalousie de la part des bébés si maman s’intéresse à quelqu’un d’autre.

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Contrairement à ce qu’on a longtemps pensé le bébé est sensible à l’ensemble de son milieu
social et pas exclusivement à 1 relation (et pas non plus exclusivement relation mère-bébé).

La parentalité :
Comment les parents entrent-ils en interaction avec leur bébé ? Etre parent c’est d’abord
un statut au regard de la loi. C’est aussi un état : se sentir parent. Cela devient une partie
de l’identité du parent. On va agir en tant que parents, c’est un processus qui va enclencher
un certain nombre de comportements. Se sentir parent et agir comme un parent est un duo
essentiel. Agir comme un parent renforce le fait de se sentir parent.
Etre parent c’est :
- Une tendance à l’action. Se sentir parent motive à accomplir un certain nombre de
comportements dits de « parentage »
- Un statut. Un parent a des droits et des devoirs.
- Un état. Etre parent est une partie de l’identité de la personne.

Les interactions dyadiques :


Apparition très tôt de proto-dialogue. Alternance du tour de dialogue lors de la tétée entre
maman et bébé. Dès 2-3 mois (quand bébé commence à interagir avec adultes). Les
interactions entre adulte et bébé dès 2-3 mois sont des interactions très structurées (se
passent selon un certain nombre de phases (phases dyadiques)). Sorte d’initiation du bébé
au monde de l’échange social dans lequel on a une structure temporelle et un certain
nombre de comportements qui sont attendus de l’un et de l’autre. Bébé très tôt n’est pas
content qu’un de ses parents ait un comportement autre de celui qui était attendu (par
exemple si le parent se désengage visuellement trop rapidement).

N.B.
Dans la première année, le bébé...
- Est équipé de comportements qui suscitent des réponses du milieu social
- A de l’attirance pour les stimuli humains

Quand un bébé de 6 mois est dans un échange impliquant deux autres personnes (disons
son père et sa mère)...
- Il peut montrer des réactions de jalousie quand il a l’impression que ses parents s’intéressent
à quelqu’un d’autre que lui
- Il regarde alternativement son père et sa mère, en suivant même les moments où ceux-ci
interagissent entre eux

Le parentage intuitif se réfère à :


- Un ensemble de comportements que le parent met en œuvre dans l’interaction avec un
enfant

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