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Le comportement est la partie observable de l’activité d’un individu, c’est l'ensemble des mouvements

organisés selon des motifs particuliers. L’adaptation comportementale joue un rôle majeur dans l’adaptation
de l’individu à son milieu. Les comportements commencent à se construire avant même la naissance.
L'éthologie est la science qui étudie les comportements.

Chaque espèce dispose de particularités comportementales et des oiseaux proches comme le canard et l’oie,
ou le poulet et le dindon, ont des comportements très différents. Notre propos sera donc de donner des
informations générales sur le comportement des espèces utilisées en aviculture, mais le lecteur aura besoin
d’une monographie spécifique s’il veut comprendre le détail de l’animal observé.

Les oiseaux sont des animaux ayant des capacités cognitives développées qui ont été décrites par de nombreux
scientifiques. Ces capacités ne seront pas développées ici.

Avant de parler du comportement des volailles, il est nécessaire de rappeler quelques particularités des oiseaux
qui vont avoir une forte influence sur le comportement. Les oiseaux ont celle de porter des plumes. Ces plumes
les protègent du froid et de l’eau, elles peuvent également servir au vol. Chaque plume est donc innervée à sa
base pour pouvoir être orientée, il en résulte que l’arrachage des plumes est très douloureux pour l’oiseau.

Le vol va de pair avec la bipédie, or chez les volailles de chair où le développement des masses pectorales est
très important, le centre de gravité est déplacé en avant, ce qui conduit à de très fortes contraintes au niveau
des articulations coxo-fémorales et du tarse afin de maintenir l’animal en équilibre, la marche est ainsi rendue
plus difficile. Le vol va également de pair avec une absence de membre supérieur préhenseur, c’est donc le
bec qui joue ce rôle, il s’agit d’un organe important qui ne sert pas seulement à manger, mais aussi à toucher,
communiquer, etc.

En termes de sensorialités, c’est surtout la vue et l’audition qui différencient les oiseaux des mammifères. Ils
ont une excellente acuité visuelle et voient dans une gamme de couleurs élargie vers l’UV. L’acuité auditive est
également très supérieure à celle de l’Homme. Elle permet aux oiseaux de distinguer de nombreuses
informations dans les signaux acoustiques qu’ils émettent.

L’embryon se développe dans l’œuf et utilise la respiration aérienne avant l’éclosion. L’oisillon va bêcher la
coquille pendant de nombreuses heures avant de s’en extraire, il est stimulé en cela par les vocalisations des
autres oisillons en train d’éclore.

On distingue deux types d’oiseaux à ce stade : les oiseaux nidicoles, le petit nait quasiment nu, il dépend
entièrement des parents pour être nourri. En aviculture, seul le pigeon appartient à ce groupe, la plupart des
jeunes sont nidifuges, c’est-à-dire qu’ils naissent recouverts de plumes, sont assez automnes car ils peuvent se
nourrir de matières qu’ils picorent seuls. Le jeune oiseau va suivre sa mère jusqu’à ce qu’elle disperse la couvée,
ceci est facilité par le mécanisme d’empreinte qui fait que le jeune va suivre les formes en mouvement autour
de lui après la naissance. En élevage commercial, les jeunes ne sont généralement pas avec les parents, ils ont
donc tendance à se suivre les uns les autres.

Les jeunes à l’éclosion, même nidifuges, ne sont pas complètement homéothermes, ils doivent donc être
protégés du froid par la mère ou par une température d’ambiance élevée. S’ils ont froid ils se regroupent et ce
comportement indique que la température est insuffisante. Les oisillons éclos en incubateur sont parfois nés
depuis plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d’heures, il est donc important qu’ils s’abreuvent assez
rapidement. Les jeunes sont très néophiles, ils sont attirés par de nombreux choses, objets, c’est une période
favorable pour rendre les animaux plus adaptables et éviter les réactions de néophobie alimentaire ultérieures
Avant l’ingestion, il existe une phase de recherche de l’aliment qui va être exacerbée par une alimentation
préalable déséquilibrée. Le déplacement, les activités de grattage et de picage sont augmentées par la
présence d’un environnement riche, proposant différents substrats à explorer à l’animal. Ils sont également
augmentés par les régimes alimentaires présentant un déséquilibre soit en protéines, soit en acides aminés
essentiels. En élevage, bien que l’aliment mis à disposition semble optimal, il peut exister une longue phase
d’investigation de l’aliment car l’oiseau a parfois peur des aliments nouveaux.
L’ingestion va dépendre d’abord des caractéristiques sensorielles de l’aliment (odeur, couleur, goût, rugosité,
dureté). Elle se base sur des préférences innées, pour certaines couleurs par exemple, et par des préférences
acquises au cours de la vie, ainsi les poussins vont peu à peu préférer les aliments riches en énergie ou au
contraire, refuser des aliments présentant certaines carences.

L’acquisition de ces préférences repose sur la phase post-ingestive, lorsque la digestion libère des métabolites,
des sensations agréables ou désagréables qui vont être mis en relation avec les caractéristiques de l’aliment
préalablement ingéré. L’oiseau ayant eu une expérience négative de ce type, évite ultérieurement la
consommation d’un tel aliment.
Il faut également noter qu' une réduction du comportement alimentaire est souvent le premier signe d’une
maladie ou de la présence de douleur.

Les poules et les poulets sont des oiseaux qui se perchent. Ils apprécient en particulier d’être surélevés par
rapport au sol, et secondairement d’agripper le perchoir. Chez les animaux de chair, cependant, le perchage
peut être limité par le poids des animaux qui ne se perchent que si le support est à faible hauteur, c’est-à-dire
émergent peu de la litière.

Dans cette espèce, la locomotion se fait essentiellement par la marche, les courtes séquences de vol sont
réservées aux individus légers, soit par leur âge, jeune poussin, ou par leur conformation, pondeuses.

Dans d’autres espèces comme le pigeon, la pintade ou le faisan, le comportement de vol est maintenu et doit
être pris en compte car il peut donner lieu à des blessures dues à des mauvais aménagements du logement et
de la gestion globale du mode d’élevage.

Chez les palmipèdes, la nage est un mode de déplacement très efficace. Même si ce comportement n’est pas
exprimé dans la plupart des conditions d’élevage, il a des conséquences sur la mobilité des animaux : la position
du membre inférieur provoque un dandinement et favorise l’écartement pathologique des pattes lors d’une
croissance trop rapide.

Les oiseaux d’élevage réalisent un bain de poussière en ébouriffant leurs plumes, se secouant vigoureusement
dans un substrat posé sur le sol et ce bain se termine par un secouage qui permet de repositionner
correctement les plumes. Ce comportement serait destiné à éliminer les parasites et l’excès de lipides déposé
sur les plumes, mais il participe également au comportement social quand il est pratiqué en groupe.

Le comportement social représente l’ensemble des interactions qui existent entre les individus du groupe. Ces
interactions reposent sur des gestes, des vocalisations et des odeurs qui peuvent permettre la reconnaissance
individuelle chez certaines espèces. Les oiseaux d’élevage sont grégaires pour la plupart.
Les signaux acoustiques occupent une part importante dans la communication chez les oiseaux. Chez la poule,
par exemple, on distingue de nombreux types de vocalisations qui correspondent chacun à des situations
particulières, soit lors de la ponte, soit une plainte lors d’une douleur, soit un cri d’ alarme.

Les interactions peuvent être positives (contact, picage doux, toilettage mutuel, etc), mais ce sont les combats
et le picage qui sont particulièrement redoutés en élevage car ils peuvent conduire à la mort de certains
individus. Le picage est un comportement où les oiseaux arrachent les plumes de leurs congénères en réalisant
des coups de bec sévères. Ceci peut conduire à la prostration de la victime car l’arrachage des plumes est très
douloureux, les blessures peuvent éventuellement conduire à la mort. Le comportement de picage est favorisé
par certains facteurs génétiques, l’expérience de l’animal, une alimentation déséquilibrée, certaines conditions
d’ambiance comme une luminosité et une température élevée.

La plupart des oiseaux d’élevage sont polygames, le pigeon monogame et fidèle constituant plutôt une
exception. Le comportement sexuel s’observe chez l’animal mature en fonction de la photopériode. Il se
caractéristiques par des parades du mâle qui allient postures, vocalisations sous forme de cris ou de chants,
éventuellement des signaux tactiles. Lors de la copulation, le mâle contient la femelle avec le bec et les pattes,
ce qui peut parfois occasionner des lésions, d’autant plus graves que dans certaines espèces l’activité sexuelle
du mâle est importante. Pour ces raisons, le dispositif d’élevage doit permettre aux femelles d’échapper au
harcèlement des mâles et à l’exposition aux blessures.

Le comportement de ponte se caractérise par la recherche préalable d’un lieu favorable, c’est-à-dire clos en
partie pour les poules, et par la manipulation de substrats divers, c’est pourquoi la mise à disposition de nids
favorise le comportement normal de ponte. Il est important d’avoir un nombre important de nids car les
individus dominants peuvent parfois chasser les femelles en train de pondre. Dans les espèces sauvages
d’oiseaux, la couvaison peut être assurée par le mâle, la femelle, ou une alternance des deux. En élevage, les
œufs sont généralement ramassés pour être incubés artificiellement ou bien, lors d’une couvaison naturelle,
ils sont couvés par la mère dans la plupart des cas.

La gestion des reproductrices est très importante car il a été montré que des stimulations négatives stressantes
(Température ambiante élevée, manipulations stressantes) peuvent conduire à des altérations du
comportement de la descendance. En effet, des hormones stéroïdes sont déposées dans le jaune de l’œuf lors
de sa fabrication au sein du tractus génital femelle. Un état de stress peut modifier les quantités d’hormones
déposées dans l’œuf, or cet environnement hormonal influence le développement neurologique de
l’embryon. De même, l’alimentation des mères, en particulier l’apport important en acides gras oméga-3,
impacte le développement neurologique et peut avoir des conséquences positives sur le comportement de la
descendance, comme une réduction du picage.

Chaque oiseau a une propension plus ou moins grande à réagir à un changement de son environnement. On
parle de réactivité émotionnelle pour désigner la propension à manifester des réactions émotionnelles, telle
que des réactions de peur, ou d’autres émotions comme les réponses à l’isolement social, à la frustration
alimentaire, etc. Cette réactivité peut se traduire par des réactions accrues en présence de l’homme,
d’événement inconnus (bruits, transports, etc) ou de manipulations brusques. Elle dépend de facteurs
génétiques, mais ceux-ci sont modulables par l’expérience vécue par l’animal. La complexité du milieu
(enrichissement de l’environnement, confrontation régulière à des expériences nouvelles), permet à l’animal
de s’adapter, de mieux faire face à ces évènements.

La peur peut être provoquée par des stimulations acoustiques, visuelles et olfactives. Elle se traduit par des
comportements de fuite, d’entassements, des essais d’envols et peut occasionner lésions ou mortalité, en
particulier chez les espèces très réactives (pintades, canards). Il ne faut pas oublier que les oiseaux d’élevage
sont des proies et que, même si la plupart ne sont plus soumis à la pression de leurs prédateurs naturels, il
subsiste une peur des prédateurs, aériens en particulier. Ceci explique pourquoi, il est difficile à ces oiseaux de
s’aventurer dans les espaces découverts, et pourquoi ils quittent rapidement le parcours pour revenir
rapidement dans le bâtiment d’élevage quand le parcours est découvert et qu’il est survolé par des oiseaux
pouvant représenter une menace.

Pourquoi observer les comportements : S’intéresser au comportement de l’animal d’élevage permet de


détecter précocement les anomalies dues à la maladie, à la douleur, aux transitions alimentaires, aux
problèmes de régulation de la température ambiante, etc. Il existe de nombreuses grilles d’évaluation du bien-
être des animaux qui incorporent des paramètres comportementaux car ils apportent souvent des
informations importantes sur la qualité de vie de l’animal. Cependant, l’observation du comportement
demande du calme et de la patience. Il est donc nécessaire de prévoir du temps pour pouvoir réaliser une
bonne observation comportementale.

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