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Ministère de l’Enseignement Supérieur

et de la Recherche Scientifique

MASTER 1 DE BIORESSOURCES

UE PRODUCTION ANIMALE

ECUE 1 : Techniques de production


des monogastriques

ECUE 2 : Techniques de production


des polygastriques

SUPPORT DU COURS MAGISTRAL

Dr BLEU G. Michel
ECUE 1 : TECHNIQUES DE PRODUCTION
DES MONOGASTRIQUES
INTRODUCTION

De nos jours, face à l’augmentation de la population mondiale, les méthodes traditionnelles de


production d’animaux domestiques ne suffisent plus à satisfaire les besoins en protéines de
cette population. Il faut donc faire appel aux techniques plus modernes de production. En
effet, ces techniques permettent d’augmenter le rendement des éleveurs, ce qui représente une
meilleure source de revenu pour ceux-ci.
Les animaux élevés peuvent être scindés principalement en deux grands groupes en fonction
de particularités anatomiques de leur appareil digestif. On distingue ainsi les polygastriques et
les monogastriques. Ces derniers représentent le groupe des animaux caractérisés par un
estomac à une seule poche auquel font partie le porc, le lapin…etc. Nous parlerons
essentiellement du porc dans le cadre de ce cours.

I/Quelques rappels sur le cycle sexuel

Le cycle sexuel de la truie dure environ 21 jours et se subdivise en quatre phases à savoir :
-le proœstrus dure 2 jours et correspondant à la phase folliculaire : c’est pendant cette phase
qu’a lieu le développement et la maturation folliculaire.
-l’œstrus : dure 2 à 3 jours ; pendant cette phase a lieu l’ovulation
-le metœstrus (2 jours) pendant laquelle se fait la formation des corps jaunes
- le diœstrus : phase la plus longue caractérisée par la dégénérescence ou involution des corps
jaunes (lutéolyse). Elle dure 14 jours.
Metœstrus et diœstrus correspondent donc à la phase lutéale.
Ces quatre phases sont communes à la plupart des mammifères.

Les phases du cycle œstral


Les techniques de production moderne se basent sur la maitrise du cycle sexuel de la truie. On
distingue:

II/ Détection des chaleurs

1-Définition
La chaleur est le comportement particulier d’une femelle correspondant à la période appelée
œstrus, pendant laquelle cette femelle accepte l’accouplement avec un mâle et peut être
fécondée. Afin de déterminer le moment le plus propice à l’insémination (ou de
l’accouplement), il importe de bien connaitre les signes et les méthodes de détection des
chaleurs.

2-Signes de chaleur
Parmi les principaux signes de chaleurs, on mentionnera le réflexe d'immobilité (la truie est
immobile en présence du mâle). En fait, on pourrait dire que “C'EST le signe”. Mais on ne
peut pas ne pas mentionner d'autres signes qui à plus ou moins grande échelle sont aussi des
signes de chaleur de la truie, parmi ceux-ci on signalera :

•Élargissement de la vulve : Pendant toutes les chaleurs


• Présence de mucus collant sur la vulve : Plus présent en fin des chaleurs.
•Tentatives de monter sur ses congénères : Plus significatif quand elles sont en
groupe.
• Inappétence : Pendant la chaleur, il se produit une augmentation des œstrogènes de la
truie. Les œstrogènes ont un certain effet dépresseur de la faim sur la truie.
• Grognements : La truie émet des grognements de longue durée.
• Oreilles dressées vers le haut : En présence d'un mâle certaines truies lèvent les
oreilles.
• Queue levée : De la même façon qu'avant la mise-bas (en fait c'est plus un signe de
l’imminence de la mise-bas), certaines truies peuvent légèrement lever la queue en
présence d'un mâle.
Truie en chaleur avec les oreilles dressées

3-Méthode de détection des chaleurs

Les deux seules méthodes de détection des chaleurs seront les suivantes :
-L'utilisation du verrat
-Le test de la pression sur le dos

3.1-Utilisation du verrat
Cette méthode est la plus "naturelle" et consiste simplement à mettre en contact physique une
truie et un verrat. C'est la méthode la plus sûre puisque c'est le verrat qui fait tout le travail.
Cependant cela prend beaucoup de temps puisque pour bien le faire, on doit mettre en contact
chaque truie avec le verrat. On peut aussi le faire en groupe (ce qui économise du temps) mais
le groupe ne peut pas être trop grand. On ne peut pas normalement le faire dans des groupes
de plus de trois truies. Parmi les points les plus importants évoqués dans la détection des
chaleurs en utilisant le verrat, on souligne ceux-ci :

1. Il est important d'utiliser des verrats sexuellement motivés pour faire ce travail.
Nous avons besoin d'animaux qui ont plus de 9 mois d'âge, dans le cas contraire ils sont
trop immatures.
2. L'environnement dans lequel ce travail est réalisé doit être confortable et familier
pour le verrat en essayant d'éviter de hautes températures, des sols glissants et un
comportement agressif de la part de l'éleveur.
3. On ne doit pas être pressé quand on utilise le verrat, on doit lui laisser suffisamment
de temps pour qu'il fasse son travail.
4. Ne pas laisser plus de 15-30 secondes de monte violente, cela peut être négatif pour
la truie.
5. Surveiller le travail pour éviter des problèmes, être patient et « aimable ».
6. Si on rencontre une truie « douteuse », vérifier 2 heures après avec un autre verrat.

3.2-Pression sur le dos

On dénomme aussi cette méthode réflexe d’immobilité (ou test de chevauchement) puisque
ce que l’on cherche c'est de voir précisément que la truie reste immobile.
En présence du verrat, les truies peuvent aussi manifester les chaleurs quand on leur
applique une pression sur le dos.
Avec cette technique, ce que l’on prétend faire est de "simuler" le travail que ferait le mâle.
On peut faire cette pression ou bien avec les deux mains ou bien en s’asseyant dessus

Pression sur le dos d’une femelle en chaleur

(Comme si on chevauchait un cheval).


Le verrat suscite l’expression d’un comportement récepteur et favorable car la truie répond
fortement aux stimuli émis par le verrat. Ces stimuli sont sonores, olfactifs et visuels. Ils
excitent la femelle et l’incitent à montrer plus clairement les signes de chaleurs. Le contact
entre les animaux se fait de groin à groin. Ce contact entre la truie et le verrat permet à la
truie de renifler à sa guise la salive du verrat qui contient une grande quantité de messagers
chimiques (phéromones). Ces phéromones excitent la truie, accroissent les signes de chaleurs
et déclenchent une forte réponse : l’immobilisation

Le principal avantage de cette méthode est sa rapidité d’exécution et on le fait


habituellement sur des truies en cages.
Nous citerons comme points importants de cette technique :

1. Placer le verrat devant la truie : Garantir un contact tête à tête. Lorsque le mâle se
déplace dans le couloir il est important de pouvoir avoir un système de contrôle du
mouvement de ce mâle (portes, cages coulissantes, etc..).

2. Si les truies ne sont pas immobiles faire le test avec le mâle.

3. Utiliser des verrats adultes à forte odeur et avec une motivation sexuelle.

4. Permettre à la truie un bref temps d'adaptation, la placer en face du verrat

5. Frotter les flancs ; faire une pression sur le dos ; s’asseoir sur le dos.

6. Se rappeler que les truies en chaleurs sont immobiles un minimum de 10 secondes.

7. Observer les autres symptômes déjà décrits précédemment : augmentation de la


vulve, présence de mucus collant sur la vulve, tentatives de monter sur ses congénères,
inappétence, grognements.

8. Le faire dans une ambiance calme, sans bruit.

9. Contrôler les truies à écoulements vulvaires anormaux.


III/ Insémination

1/Anatomie de l’appareil génital du porc

1-1/ appareil génital de la truie


L’appareil génital de la truie comprend la vulve, le vagin, l’utérus, les oviductes et les ovaires.

1-1-1/ La vulve
La vulve est triangulaire et se compose de deux lèvres épaisses réunies en une commissure
inferieure très étroite où se loge le clitoris.

1-1-2/ Le vagin
Long d’environ 20 centimètres, le vagin est un canal musculo-membraneux localisé entre la
vulve et le col de l’utérus. Le vagin a des parois épaisses qui s’amincissent dans sa partie
caudale située près de l’utérus. Le vestibule du vagin comprend le méat urinaire qui
constitue l’issue de l’urètre.

1-1-3/ L’utérus
L’utérus comporte deux cornes qui décrivent de nombreuses flexuosités. L'appareil génital de
la truie se distingue de celui des autres espèces de bestiaux par les longues cornes utérines
circonvolutionnaires (d'une taille de 700 à 800 mm) destinées à accueillir de nombreux fœtus.
La paroi de l’utérus évolue en fonction de l’état physiologique de la truie. L’entrée de
l’utérus s’appelle le col de l’utérus ou le cervix. C’est à cet endroit que vient se loger
l’extrémité de la verge du verrat ou de la sonde d’insémination. Chez le porc, le dépôt du
sperme est donc intra-utérin. Les fleurs épanouies embrassent le corps étranger en se
contractant, le temps de réaliser l’insémination.

1-1-4/ Les oviductes


Appelés aussi trompes de Fallope ou trompes utérines, les deux oviductes mesurent chacun
une quarantaine de centimètres.

1-1-5/ Les ovaires


Au nombre de deux, les ovaires sont de petites tailles (10 à 20 mm de diamètre). Leur aspect
change en fonction de l’état physiologique de la truie. Leur position variable complique leur
visualisation par échographie. L’ovulation de la truie est bilatérale (se produit simultanément
pour les deux ovaires) et comprend normalement entre 11 et 24 ovules. Sur l’ensemble des
ovules pondus lors d’une ovulation, seuls 60 à 70 % poursuivent leur développement et
peuvent être comptabilisés à la mise-bas. Soit les ovules sont fécondés et évoluent pour
donner des porcelets ou sont résorbés suite à la mort embryonnaire, soit ils ne sont pas
fécondés et dégénèrent.

B
Appareil génital de la truie, à l’intérieur du corps (A) et isolé du corps (B)
1-2/ Appareil génital du verrat
Cet appareil comprend les testicules, les canaux déférents, l’urètre, le pénis et les glandes
annexes.

1-2-1/ Les testicules


La taille du testicule varie selon l’espèce animale. Le rapport poids du testicule/poids du corps
est très élevé chez le verrat puisqu’il est de 4,2.10-3 alors qu’il est de 1.10-3 chez le Taureau.
Chez le verrat, les testicules sont donc relativement volumineux par rapport au format de
l’animal, le testicule gauche étant généralement plus gros que le droit. Le poids moyen des
deux testicules est compris entre 300 et 800 grammes (il est en moyenne de 600 grammes
chez le taureau et l’étalon). Ils sont de forme elliptique chez le verrat et ont une localisation
sous anale haute, dans le périnée ; ils sont en général peu détachés du corps mais avec l’âge ils
peuvent l’être un peu plus. En une seule éjaculation, les testicules et les autres glandes
sexuelles peuvent produire entre 150 et 300 ml de sperme.
Les testicules sont reliés aux composants internes du système reproducteur masculin par une
attache semblable à un cordon. Cette connexion s'appelle le cordon spermatique et passe à
travers une petite ouverture de la paroi abdominale appelée canal inguinal. C’est par ce
cordon que passent les vaisseaux sanguins, les nerfs et le canal déférent.

1-2-2/ Les canaux déférents


Les canaux déférents relient les testicules à la partie internes de l’appareil génital et servent de
canaux de transport des spermatozoïdes à partir de l’épididyme lors de l’éjaculation. Le canal
déférent est le tube qui est coupé et suturé ou ligaturé afin d’obtenir un verrat stérile
vasectomisé. Ces verrats vasectomisés ont été utilisés efficacement pour la détection des
chaleurs et sont normaux à tous égards sauf que leur éjaculat ne contient pas de
spermatozoïdes.

1-2-3/ L’urètre
Les deux canaux déférents se connectent et se fondent dans un seul tube appelé urètre pelvien
au niveau du col de la vessie. L'urètre continue vers l'avant et traverse le centre du pénis où il
est connu comme l'urètre du pénis.
L'urètre assure le transport du sperme et de l'urine. L'urine pénètre dans l'urètre par relaxation
d'un muscle appelé sphincter vésical sous contrôle volontaire. La relaxation de ce muscle est
bloquée pendant l'éjaculation par le système nerveux afin d'empêcher l'urine d'entrer dans le
sperme.

1-2-4/ Le pénis
Le pénis contient l'urètre pénien et constitue un passage commun pour le sperme et l'urine. Le
pénis du verrat est composé d’un tissu conjonctif assez développé et d'un tissu érectile limité.
En cas de stimulation sexuelle, il présente une augmentation limitée de sa longueur et de sa
largeur. Cependant, le pénis de verrat lorsqu'il est étendu est assez long. En effet, lorsque le
verrat n'est pas stimulé sexuellement, le pénis présente une courbure en S grâce à un muscle
rétracteur situé dans sa partie ventrale et relié à sa racine. Une telle configuration confère au
pénis une forme sigmoïde (flexure sigmoïde, comme chez le taureau et le bélier).
Une fois que le verrat est excité, la stimulation neurale provoque le relâchement du muscle
rétracteur et le pénis se déploie. Ainsi, il peut sortir du corps par l'ouverture préputiale. Une
caractéristique unique du verrat est la présence d'une poche préputiale ou d'un diverticule.
Cette poche est située juste au-dessus du prépuce et accumule de l'urine et des cellules mortes.
Ce liquide peut devenir assez odorant et contaminer l'éjaculat. Il faut donc le vider en massant
manuellement la poche avant l'éjaculation.
L'extension du pénis du verrat provoque une tension dans les tissus fibro-élastiques et
provoque la torsion de son extrémité libre pour former une forme de tire-bouchon (forme
spiroïdale). Cette forme correspond parfaitement aux coussinets situés à l'intérieur du col de
l'utérus. Lors de l'érection et de l'intromission du pénis dans le col de l'utérus, le verrouillage
du pénis dans les coussinets cervicaux est associé à une pression. Ce stimulus de pression est
nécessaire pour induire le réflexe d'éjaculation chez le verrat.

1-2-5/ Les glandes annexes


Les sécrétions des glandes annexes participent à la formation du plasma séminal et
représentent 50 à 95% du volume total du plasma séminal. Chez le verrat, les glandes les plus
actives sont les vésicules séminales, la prostate et les glandes de Cowper ou glandes bulbo-
urétrales, les autres glandes telles que les glandes urétrales et les glandes préputiales ont une
activité moindre.

1-2-5-1/ La vésicule séminale


Réduites jusqu’à la puberté, les vésicules séminales sont volumineuses chez le verrat adulte.
Elles se développent sous l’effet de la testostérone, plus ou moins tôt selon les races et passent
de quelques grammes à la naissance à un poids adulte de 500 à 800 g. Positionnées
dorsalement à la vessie, elles s’adossent l’une contre l’autre dans le plan médian. Elles
constituent deux glandes compactes symétriques et plurilobées, avec une teinte rosée ou
rougeâtre, une consistance ferme et une forme de pyramide trifaciée. La structure est lobulée,
tubulo-acineuse avec des collecteurs larges et irréguliers et un conduit excréteur unique qui
passe latéralement au canal déférent et débouche dans l’urètre juste caudalement à lui.
Les cellules principales sécrètent un fluide visqueux et abondant qui constitue 10 à 30% de
l’éjaculat. Ce fluide est très riche en calcium et en magnésium et contient des substrats
énergétiques destinés aux spermatozoïdes comme la glycéryl phosphoryl choline et
l’ergothionéïne chez le verrat, ainsi que des protéines en concentration très élevée (100
mg/ml), protéines structurales mais aussi enzymes et inhibiteurs d’enzymes…
Le rôle des sécrétions des vésicules séminales est d’activer la capacité de mouvement des
spermatozoïdes en même temps que leur fournir les nutriments nécessaires à leur survie.

1-2-5-2/ La prostate
La prostate est assez peu développée chez le verrat et se trouve en position crâniale par
rapport aux vésicules séminales. Elle est constituée d’une partie compacte, appelée corps de la
prostate et d’une partie disséminée dans la paroi de l’urètre pelvienne.
La prostate est une glande bien irriguée et compacte, dont il est difficile de récolter les
sécrétions qui constituent 30 à 60% du volume total de l’éjaculat et qui sont riches en calcium,
zinc, substances tampons, amines bactériostatiques ainsi qu’en stéroïdes chez le verrat. La
sécrétion prostatique a comme rôle de neutraliser le plasma séminal rendu acide par une
accumulation de bicarbonates et de lactates et d’initier les mouvements actifs des
spermatozoïdes éjaculés.

1-2-5-3/ Les glandes bulbo-urétrales


Aussi appelées glandes de Cowper, les glandes bulbo-urétrales sont localisées sous la
prostate, le long de l’urètre au début du pénis. Ce sont deux glandes tubulaires chez le verrat
(tubulo-alvéolaires chez le taureau et le bélier) formant de part et d’autre de l’urètre deux
masses de 15 à 18 cm de long et de 5 à 6 cm de large. Comme les vésicules séminales, elles
sont de petite taille chez les sujets impubères ou castrés mais très volumineuses chez les
adultes puisqu’elles pèsent de 80 à 100g. Elles sont composées d’un réseau de tubules et de
saccules entourés de tissu musculaire lisse et strié qui débouche dans des collecteurs larges et
irréguliers où s’accumule un liquide épais et blanchâtre, appelé « tapioca » et caractéristique
des éjaculats de verrat. Le « tapioca » est évacué par le tube excréteur dans l’urètre après un
ou deux cm de trajet.
Le « tapioca » est éliminé au début et à la fin de l’éjaculation. Il a un aspect gélatineux et une
composition muco-protéique et représente 15 à 30% du volume total de l’éjaculat. Lors de la
monte naturelle, le tapioca forme un tampon dans le vagin de la truie qui empêche le reflux du
sperme mais lors de récolte de semence il a tendance à provoquer l’agglutination des
spermatozoïdes, c’est pourquoi on l’élimine par filtration à travers une gaze stérile lors de la
récolte.

1-2-5-3/ Les autres glandes annexes et leurs sécrétions


Les autres glandes annexes comprennent les glandes urétrales et les glandes préputiales : Les
glandes urétrales ou glandes de Littré sont de petites glandes muqueuses débouchant dans
l’urètre pénien par un canalicule. Elles sont sécrétrices au moment du coït et leur sécrétion est
la première à sortir lors de l’éjaculation, elle est d’un petit volume et d’un aspect séreux clair.
Elles auraient aussi une fonction de nettoyage du conduit des restes d’urine avant le passage
de l’éjaculat. Les glandes préputiales ou glandes de Tyson sont situées près de l’orifice
préputial, là où s’accumulent les restes d’urine qui se décomposent en donnant la mauvaise
odeur caractéristique du verrat. Leur sécrétion est source de phéromones, véhicules de l’effet
mâle dans les interactions sexuelles mais elle ne fait pas partie de l’éjaculat.

A
B
Appareil génital du verrat, à l’intérieur du corps (A) et isolé du corps (B)

2/La monte naturelle


C’est le processus naturel suivant lequel un mâle chevauche une femelle en chaleur pour
l’accoupler. Dans le cadre de la production porcine moderne, ce processus obéit à plusieurs
étapes

2.1/Les 10 étapes pour réaliser une monte naturelle


On va énumérer un à un les points clefs pour réaliser avec succès une monte naturelle. Réussir
une monte naturelle suppose de ne pas perdre de vue les points suivants :

1. Être sûr que la truie est en chaleurs


En fait l'avantage de la monte naturelle est que si la truie n'est pas en chaleurs, elle ne se
laissera pas saillir et il n’y aura pas de "viol" (c'est-à-dire une monte non consentie de la part
de la truie). Il ne faudrait jamais laisser plus de 30 secondes de monte violente.

2. Sélectionner le verrat en fonction de la taille de la truie et de sa santé


On devra chercher des tailles similaires. Des verrats plus vieux aux poids importants peuvent
littéralement écraser une primipare, de même si le verrat est très jeune, il est possible qu'il ne
puisse pas arriver à atteindre son “objectif. Des verrats malades ou vaccinés depuis peu
peuvent ne pas bien faire leur travail car leur qualité séminale peut se trouver affectée.

Taille inappropriée du verrat par rapport à la truie

3. Déplacer la truie vers le local de saillie ou s'il n'en existe pas, vers le local du mâle
Il est important de donner les meilleures conditions au mâle et d'éviter les situations
d’insoumission. De plus, il est préférable de disposer d'une cour spéciale pour la saillie, qui
doit être spacieuse, sans obstacles, non glissante, avec une bonne température et une
ventilation.
Local de saillie

4. S'assurer que le mâle adopte une position adaptée pour monter sur la truie avec
facilité.
S'il ne le fait pas, l'aider ou le faire descendre pour qu'il essaie encore une fois. Des verrats
inexpérimentés essaieront parfois de monter la truie par devant et cela fatiguera non
seulement la truie, mais aussi le verrat.

Position inappropriée du mâle

5. S'assurer que l'introduction soit vulvaire et non anale.


Le pénis du mâle doit rester dans le col de l'utérus (c'est ce qui provoquera l'éjaculation du
mâle). Il est souvent nécessaire de l'aider à la main pour que la pénétration se fasse par la
vulve.
Éleveur surveillant l’introduction
6. Superviser le déroulement de la monte et créer une ambiance calme.
Il est important de voir comment la monte se fait normalement, que la truie accepte le mâle,
que le mâle ne glisse pas et que la truie soit tranquille. Si la monte se trouve interrompue pour
un motif quelconque, il est possible que le mâle ne veuille pas recommencer à monter, et il
faudra chercher un autre verrat.

7. Contrôler le moment de l'éjaculation.


L'éjaculation peut durer environ trois minutes. On peut le savoir car le mâle qui éjacule
contracte et relâche l'anus de façon irrégulière.

8. Vérifier que la saillie a réussi.


Pour ce faire, il faut qu'il n'y ait pas de reflux de semence, de sang ou de pus vers l'extérieur.

9. Ne pas surveiller plus de deux montes en même temps.

10. Noter les données de la monte.


Le nombre de mâles et la qualité de la monte.

2-2/ Utilisation des verrats


Travailler avec les verrats n'est pas une tâche facile, il faut se familiariser avec eux; les verrats
travaillent mieux quand ils ont confiance dans le personnel qui les soigne.

On essaiera de ne pas surutiliser, ni sous-utiliser les verrats ; le bon rythme devrait être:

- moins d'un an : 2 fois par semaine


- plus d'un an : 3-4 fois par semaine
- si on ne suit pas ce rythme, on réalisera au moins une monte par semaine.

Le contrôle de la fertilité est une pratique peu habituelle dans une monte naturelle, mais il
faudrait le faire (on exigera un minimum de 80% de réussite).

2-3/ Qu'est-ce qui est le mieux : utiliser un seul verrat pour réaliser une saillie ou bien
utiliser deux verrats différents ?
En principe il semble que ce soit mieux d'utiliser différents verrats car ils donnent un plus
grand nombre de porcelets nés et un plus grand taux de mises-bas. Par contre, quand il y a un
problème de fertilité, il est préférable d'utiliser un seul verrat et ainsi vérifier que le problème
découle ou ne découle pas de l'un des verrats qui font les saillies.

3/ Insémination artificielle

Le terme insémination vient du latin « inseminare » qui signifie semer dans, répandre dans,
féconder.
L’insémination artificielle est une technique de procréation consistant à placer du sperme dans
l’utérus sans qu’il y ait accouplement au moyen d’instruments appropriés.
Le fait de parler d'insémination artificielle ne veut pas dire qu'il ne faut pas rapprocher la
technique à celle de la monte naturelle. Il est fréquent de voir à plusieurs occasions comment
elle est mise en place plus rapidement sans tenir compte du rôle du mâle.

3-1/ Insémination cervicale


Il existe sur le marché assez de sondes d'insémination qui fonctionnent très bien, toutes dans
le but de faire des inséminations cervicales (la semence est déposée dans le col utérin de la
truie). Ce n'est que depuis l'apparition des nouvelles techniques d'insémination (post-cervicale
et intra-utérine profonde) que l'on voit quelques changements dans la méthodologie.
Cependant, et malgré les différents modèles de sondes, la technique de l'insémination
cervicale reste la même et passe par les points suivants :
• On ne doit pas oublier le rôle du verrat, il faut lui laisser du temps pour qu'il stimule la truie
(environ 5 à 10 minutes). On profitera de ce temps pour inséminer celle de la place d'à côté
qu'il a préalablement stimulée.

• Hygiène de tout ce qui touche l'insémination, y compris le sol derrière la truie et la truie elle-
même. Afin de ne pas introduire d’agent pathogène dans les organes de reproduction, il faut
désinfecter la vulve à l’aide d’une solution désinfectante en tirant sur la pointe de la lèvre
inférieure puis faire sécher la vulve en essuyant cette solution.

• Lubrifier la sonde avant son introduction en appliquant un gel.

• Introduire la sonde avec un angle de 45° vers le haut (on évitera ainsi l'introduction dans
l'urètre).

Inclinaison de la sonde

• Si la sonde est de type "melrose" (en spirale), il faut tourner dans le sens contraire des
aiguilles d'une montre jusqu'à ce qu'elle reste bloquée. Si elle est de type “champignon“
on doit exercer une légère pression. Dans les deux cas on doit s'assurer que la sonde soit
"bloquée" et qu'elle ne revienne pas en arrière.

Sonde de type « champignon »

Sonde de type « melrose »

•Il reste à brancher le récipient contenant la dose sur le raccord de la sonde et à pincer la
pointe de la vulve et la sonde d’une seule main en tirant doucement d’avant en arrière
pour bien positionner la sonde dans le cervix et pour que l’embout de la sonde épouse les
fleurs épanouies.

•Bien que l'introduction de la dose puisse varier en fonction du type de conditionnement


(bouteille, poche, sonde d'auto insémination, ...) il est indispensable que pendant toute
l'insémination le mâle soit présent et que la truie reçoive une stimulation (pression sur le
dos avec la paume de la main, ou utilisation d'un support auto-stimulant). L’ensemble de
ces facteurs favorise les contractions utérines « aspirantes » de la truie. En effet, il n’y a
pas d’éjaculation ; c’est par les contractions et la gravité que le sperme est introduit dans
l’utérus de la truie et qu’il remonte les cornes utérines.

•Il faut être patient et prendre le temps de faire l'insémination. Il faut un minimum de
trois minutes (idéal 5) pour introduire la semence. Bien qu'il existe des systèmes par
lesquels la truie est "auto-inséminée" on laissera la sonde 3 minutes minimum. Il ne faut
jamais exercer de pression manuelle supplémentaire sur le flacon, cela n’entraînerait que
davantage de reflux.

3-2/ L'insémination, post-cervicale et intra-utérine profonde


Sur le plan méthodologie de la conduite, voici ce qui change entre la technique
conventionnelle et ces nouvelles techniques.
Il faut dire aussi qu'il existe différentes sondes et aussi différentes propositions techniques

1. Détecter les chaleurs (de façon classique)

2. Ramener le mâle dans sa case et attendre un minimum d'environ 20 minutes. À la


différence de ce que l'on fait dans une conduite traditionnelle, ici on n'a pas besoin que la
truie soit stimulée pour l'insémination et on n'a pas besoin de la présence du verrat car
cela peut même être contre-productif.

3. Nettoyer la vulve.

4. Sortir le cathéter de la sonde

5. Lubrifier le cathéter

6. Introduire la sonde de manière classique.

7. Presser la canule

8. Placer la canule à l'intérieur du col

9. Attendre quelques minutes pour que le col se relâche

10. Introduire la dose (30 ml) par pression.

11. Sortir la canule en laissant la sonde à l'intérieur

12. Retirer en faisant tourner (« dévisser ») la sonde 5 secondes plus tard.


4/ La gestation de la truie
La truie peut être fécondée tout au long de l’année, tous les 21 jours environ. Verrats et truies
sont capables de se reproduire dès l’âge de 6 mois. Les femelles pèsent alors entre 90 et 120
kg.
La gestation de la truie dure entre 114 et 116 jours, soit 3 mois, 3 semaines et 3 jours. Le
premier mois de gestation est une période délicate : les truies en gestation sont donc séparées
des autres et mises, par groupes de cinq ou six bêtes de même taille et de même âge, dans des
salles ou des parcs de gestation.
Pendant la gestation, la truie a besoin de manger davantage, absorbant jusqu’à trois kilos
d’aliments par jour. À la veille de mettre bas, son poids a généralement augmenté de près de
40 %. La mise-bas dure en moyenne 2 à 3 heures. Une truie peut avoir un peu plus de deux
portées d’une douzaine de porcelets chacune par an.

Les porcelets tètent toutes les heures et absorbent entre 20 et 30 g de lait à chaque fois, soit un
litre par jour. Heureusement, la truie est une bonne laitière, capable de produire jusqu’à 12
litres ou plus de lait par jour. C’est après 26 ou 28 jours de ce régime que les porcelets sont
séparés de leur mère. C’est ce que l’on appelle le sevrage.

À la naissance, le porcelet pèse entre 1 et 1,5 kg. Au sevrage, à 4 semaines, il atteint 8 kg. À
12 semaines, son poids avoisine les 30 kg. À 6 mois, il affiche de 90 à 110 kg sur la balance.
ECUE 2 : TECHNIQUES DE PRODUCTION
DES POLYGASTRIQUES
I-ANATOMIE DU TUBE DIGESTIF ET PHYSIOLOGIE DE LA DIGESTION

I-1/ ANATOMIE

Les ruminants (bovins, ovins, caprins, buffles) sont capables d'utiliser la biomasse
cellulosique et des formes simples d'azote grâce à leur tube digestif qui a la particularité de
posséder trois compartiments appelés "pré-estomacs", placés en avant de la caillette, laquelle
est l'équivalent de l'estomac du monogastrique (fig. 1 a et b). Leur contenu représente 70 à
75% du contenu total du tube digestif.

MONOGASTRIQUE (PORC)

RUMINANTS (BOVINS)

Figure 1a: Représentation schématique du tractus digestif d'un ruminant comparé à celui
d'un monogastrique.
Figure 1b : Représentation schématique du rumen et du réseau dans un plan vertical. Les
flèches indiquent les mouvements du contenu.

Le rumen (ou panse) est de loin le plus volumineux des pré-estomacs (environ 100 litres chez
un bovin adulte pesant de 500 à 600 kg) ; il représente plus de 90% de leur volume total. Les
autres pré-estomacs sont le réseau (ou bonnet) et le feuillet. L'ensemble rumen et réseau,
souvent assimilé au rumen (reticulo-rumen), présente toutes les caractéristiques essentielles
d'un "fermenteur". Les conditions ambiantes sont définies par :

-un milieu riche en eau (85 à 90%),

- un apport régulier de nutriments fournis à la fois par l'ingestion des aliments et par la
rumination (ainsi que par le recyclage de l'urée),

- un pH élevé (6,4 à 7,0) tamponné par l'apport de minéraux (bicarbonates et phosphates) de la


salive,

- une température de 39 à 40°C,

- une élimination continue des produits terminaux de la digestion microbienne,

- des échanges permanents à travers la paroi du rumen.

Ces conditions sont propices au développement d'une population de micro-organismes


(appelés aussi microbes du rumen), caractérisée par sa variété et sa densité. On y trouve :

- des bactéries au nombre de 109 à 1010 par ml de contenu de rumen et composée


essentiellement de bactéries anaérobies strictes qui constituent plus de la moitié de la
biomasse microbienne totale. Elle comprend plusieurs variétés de bactéries selon qu'elles sont
cellulolytiques, amylolytiques, protéolytiques ou uréolytiques.
- des protozoaires, surtout des ciliés anaérobies, dont la population est comprise entre 105 et
106 individus/ml de contenu de rumen.

- des champignons anaérobies, plus fréquents chez les ruminants tropicaux, (ils sont au
nombre de 103/ml de contenu de rumen) que les ruminants tempérés.

I-2/ PHYSIOLOGIE DE LA DIGESTION

1. Préestomacs

Ensemble, les deux premiers sacs (rumen et réseau) représentent une bonne moitié du volume
du tube digestif. Ils ne sont séparés que par un repli de la paroi, sans orifice particulier pour
réunir les deux organes. Toutefois, le rumen et le réseau ont des parois d'aspects
considérablement différents. Les aliments apportés par l'œsophage pénètrent dans le rumen en
un point proche de la jonction rumen-réseau. Ainsi, des « corps étrangers » tels que des
pierres ou des ongles tombent souvent au fond du réseau. Les aliments en cours de digestion
(digeste ou chyle) circulent librement entre le rumen et le réseau, raison pour laquelle on
considère souvent qu'ils ne sont que deux éléments d'un seul gros organe, le réticulo-
rumen. Une série de piliers musculaires traversant le rumen soumet celui-ci à des
contractions ; leur mouvement rythmé provoque la contraction puis le relâchement du rumen
entier, qui réalise ainsi un brassage complet des aliments.

Les digesta quittent ensuite le réticulo-rumen par un passage étroit, l’orifice réticulo-
omasal et pénètrent dans un troisième sac, le feuillet. Un des rôles importants de ce sac est
l'absorption massive de l'eau contenue dans les digesta.

1-1/ Digestion dans le rumen

Les aliments ingérés par les ruminants sont d'abord mastiqués, de manière à réduire la
dimension des particules alimentaires et à les mélanger à un flot de salive. Ils sont avalés et
empruntent l'œsophage pour rejoindre la masse de chyme déjà présente dans le rumen. Le
volume des aliments contenus dans le réticulo-rumen est relativement variable et dépend de la
ration alimentaire de l'animal. Pour une ration très lignifiée, le contenu de l'appareil digestif,
situé principalement dans le rumen, peut représenter près de 20 % du poids corporel d'un
bovin ; ce chiffre peut tomber à 12 % chez les animaux recevant une ration essentiellement
composée de céréales.

Le contenu du rumen n'est pas de consistance uniforme : celui du sac ventral est plutôt liquide
tandis que le sac dorsal qui est au-dessus du précédent est rempli d'une masse de matières
solides, principalement lignifiées. Le ruminant peut régurgiter ces matières pour une nouvelle
mastication, ce qui explique pourquoi on voit fréquemment des vaches en train de mastiquer,
sans bouger, dans les pâturages. On a estimé que chaque particule de matière sèche ingérée est
régurgitée deux fois pour être à nouveau mastiquée.

La mastication rompt les fibres alimentaires et les rend attaquables par les microorganismes
du rumen et du réseau. Les premiers à attaquer les matières solides des aliments sont les
champignons. Leurs zoospores se fixent sur les particules et commencent à germer et à
produire du mycélium capable d'infiltrer la structure fibreuse des fourrages ; les champignons
sécrètent en outre des enzymes qui dégradent les fibres voisines. L'invasion des champignons
réduit la résistance des particules alimentaires et permet aux bactéries et aux protozoaires
d'intervenir à leur tour.

Figure 2 : vue complète

1-1-1/ Digestion des glucides dans le rumen

La part la plus importante des matières pénétrant dans le rumen est composée de glucides de
différentes sortes, la majorité étant probablement des glucides tels que la cellulose. Certaines
rations, notamment celles à forte teneur en céréales, peuvent contenir des quantités non
négligeables de polysaccharides de plusieurs glucoses, comme l'amidon. Si les quantités
d'amidon sont importantes, une partie peut échapper à l'action des microbes du rumen et se
diriger sous une forme non modifiée vers la caillette, où elle sera digérée.

Lors de l'ingestion alimentaire, les animaux avalent certes de l'air, mais en quantité si faible
que tout l'oxygène qui pénètre ainsi dans l'organisme est rapidement éliminé, par conséquent,
les conditions qui règnent dans le rumen sont essentiellement anaérobies (dépourvues
d'oxygène). Par contre, à l'intérieur des cellules de l'organisme, les processus métaboliques
sont en grande partie aérobies (dépendants de l'oxygène). Des substances telles que le glucose
ne se dégradent qu'en présence d'oxygène, dégradation qui produit de l'énergie. Les produits
terminaux sont du gaz carbonique, de l'hydrogène et de l'eau. Les quantités d'énergie ainsi
dégagées sont considérables. Les microorganismes vivant dans le rumen ne bénéficient pas
d'un tel apport d'oxygène et doivent donc faire appel à d'autres procédés pour « extraire »
l'énergie qui leur est nécessaire. Ils survivent en utilisant la faible quantité d'énergie libérée au
cours de l'oxydation partielle des aliments. L'oxydation totale d'un kg de glucose en gaz
carbonique et en eau produit environ 16 MJ d'énergie ; l'oxydation partielle de la même
quantité dans des conditions anaérobies n'en produit qu'un sixième. Près de la moitié des
matières qui subsistent après cette dégradation partielle sont assimilables par l'appareil
digestif et peuvent être utilisées par le ruminant.

Que les conditions soient aérobies ou non, le premier stade de l'oxydation du glucose est la
production d'acide pyruvique (pyruvate). Cette oxydation libère de l'énergie pour les
microorganismes et produit quatre atomes d'hydrogène. Dans les conditions anaérobies du
rumen, le pyruvate peut alors subir diverses oxydations, dont les trois principales produisent
chacune un acide gras volatil (A.G.V.) différent.

Les acides gras produits en plus grand nombre dans le rumen sont l'acide acétique,
propionique et butyrique, qui sont les principaux produits de la dégradation des glucides. Les
acides gras valériques, isovalérique et isobutyrique, qui sont composés d'une longue chaîne
ramifiée, sont produits en plus petites quantités. Ces derniers sont le résultat de la dégradation
des acides aminés produite par le métabolisme microbien des protéines.

Réactions chimiques à l'origine des acides gras volatils

2 pyruvates + H 2O 2 acides acétiques + 2CO 2 + 2H 2 + énergie

2 pyruvates + 8 [H] 2 acides propioniques + 2 H 2O + énergie

2 pyruvates + 4[H] acide butyrique + 2CO 2 + 2H 2 + énergie

Les acides gras volatils sont absorbés au travers de la paroi ruminale dans une proportion
presque identique à celle dans laquelle ils sont produits.

La production relative d'acides gras dépend de l'environnement ruminal. En général, une


ration de meilleure qualité engendre une production supérieure d'acide propionique et une
réduction correspondante de la quantité d'acide acétique. La qualité est améliorée soit en
augmentant la quantité d'aliments très fermentescibles, comme les céréales, très riches en
amidon, soit en moulant finement une ration fibreuse.

1-1-2/ Production de méthane dans le rumen

La synthèse de plusieurs acides gras volatils entraîne une production d'hydrogène. Cet
hydrogène pénètre en partie dans le capuchon gazeux du sac dorsal du rumen, mais il est
soumis en grande partie à une réaction chimique à l'intérieur de bactéries méthanogènes, qui
le transforment en méthane.

Production de méthane dans le rumen

CO2 + H 2 : CH 4 + 2H 2O + énergie
La production de méthane est importante; près de 8 % de l'énergie brute d'un aliment est
perdue sous cette forme. Les gaz occupent un volume beaucoup plus important que le poids
correspondant de solides, de sorte que chez un bovin, la production de méthane peut
représenter plusieurs centaines de litres par jour. Le méthane ainsi produit et le gaz
carbonique doivent donc être évacués, c'est le processus d'éructation. Si l'organisme est
incapable d'éructer la totalité des gaz produits, le rumen gonfle, ce qui provoque la maladie
appelée météorisation. L'issue peut être fatale si le gonflement n'est pas traité.

1-1-3/ Protéines du rumen

Les microbes du rumen sont bénéfiques pour leur hôte en termes de nutrition protéique. Chez
les non-ruminants, la quasi-totalité des besoins en azote doivent être satisfaits par un apport de
protéines brutes. Sur le plan pratique, celles-ci constituent généralement la part la plus
coûteuse de la ration alimentaire. Les microorganismes nécessitent également des protéines
pour leur propre croissance, mais, différence non négligeable, ils sont capables de produire
leurs propres acides aminés au départ de substances azotées très simples et probablement
moins onéreuses. Ce n'est pas tant le fait que les microbes utilisent les constituants azotés
lorsqu'il n'y a aucun apport de protéines ; ils sont pour la plupart incapables d'utiliser les
protéines brutes et dépensent énormément d'énergie à les dégrader en constituants simples (et
moins coûteux !).

La vitesse de synthèse des protéines par les microorganismes du rumen dépend de la vitesse à
laquelle les microbes du rumen métabolisent les particules alimentaires. Même si ce
métabolisme est très rapide, la vitesse de synthèse des protéines est souvent insuffisante pour
satisfaire la totalité des besoins de l'organisme en acides aminés, en particulier en période de
lactation ou de croissance rapide. La seule autre source d'acides aminés est l'apport de
protéines dans la ration, mais celles-ci sont en majorité dégradées en constituants simples, tels
que l'ammoniac et l'urée, dans le rumen.

1-1-3-1/ Ammoniac du rumen

Tous les constituants azotés simples présents dans le rumen sont finalement transformés en
ammoniac, qui est la principale matière première des microbes fabriquant des acides aminés à
partir de sources azotées simples. Si la ration apporte trop peu d'azote, protéique ou non, les
microbes ne disposent pas d'une quantité suffisante d'ammoniac, matière première de la
synthèse protéique. La flore microbienne ne peut guère se développer ni dégrader les
protéines ou les glucides. L'analyse de la concentration ammoniacale du liquide du rumen est
un moyen de déterminer si la teneur en protéines est suffisante dans la ration des animaux. Si
la concentration est inférieure à environ 100 mg/litre, il est presque certain que la ration est
déficiente en constituants azotés.

1-1-3-2/ Sources peu coûteuses d'azote

Étant donné le coût des protéines alimentaires, il est peu rentable de les fournir telles quelles
pour qu'elles soient ensuite détruites en constituants qui pourraient être apportés à un coût
nettement inférieur par des sources alternatives. Si l'on se base, par exemple, sur les prix du
marché mondial, le coût de l'azote fourni sous la forme de farine de poisson blanc est
généralement plus de cinquante fois supérieur à celui de l'azote contenu dans l'urée. De petites
quantités d'urée peuvent être apportées aux ruminants, ne fût-ce que pour combler une partie
des besoins azotés. Si le fourrage est traité à l'urée, il est absolument essentiel de ne pas en
donner à d'autres catégories de bétail ; chez les non-ruminants, comme le cochon, voire les
herbivores, comme le cheval, l'urée est extrêmement toxique.

1-1-3-3/ Dégradation des protéines dans le rumen

Une partie des protéines qui pénètrent dans le rumen échappe à l'action dégradante des
microbes et passe avec le chyle dans la caillette. De ces protéines, une partie passe à nouveau
sans être dégradée, ni dans la caillette ni dans le duodénum, et est excrétée dans les fèces sous
une forme presque intacte. La part de protéines non dégradées dans le rumen, mais digestibles
dans l'estomac joue un rôle extrêmement important ; on lui a donné différents noms :
protéines non dégradables dans le rumen, « by-pass proteins » ou encore, les « by-pass ».
Toutes ces appellations se valent, mais par souci de cohérence, nous utilisons l'expression «
protéines réellement digestibles dans l'intestin » (PDI).

Si l'organisme est soumis à un taux élevé de production, soit en raison d'une croissance rapide
ou d'une production laitière élevée, la synthèse de protéines microbiennes ne suffit pas à
satisfaire les besoins de l'animal. Dans ce cas, l'apport de PDI est essentiel pour assurer la
production d'une quantité suffisante d'acides aminés.

L'autre fraction de protéines alimentaires est appelée protéines dégradables dans le rumen,
et représente celles qui sont dégradées par la flore microbienne du rumen.

Protéines alimentaires

La dégradabilité des protéines correspond à la proportion des protéines brutes alimentaires


dégradées en constituants azotés simples.

Dégradabilité des protéines = protéines dégradables dans le rumen/ Matières azotées totales
(protéines brutes)

La dégradabilité donne un aperçu de la capacité des protéines à contribuer à la fraction PDI,


étant donné que des protéines de différentes sources n'ont pas une valeur identique

Aliment Dégradabilité
Foin de graminées 0,9
Gluten de blé 0,8
Tourteau de soja 0,6
Farine de poisson 0,4
Farine de sang 0,3

Les protéines dégradables dans le rumen sont transformées en acides aminés simples, en
ammoniac et en urée. Ces constituants azotés simples s'ajoutent aux autres, tels que l'urée, qui
ont été ingérés tels quels ; ensemble, ils représentent la fraction d'azote dégradable dans le
rumen. Cette fraction est calculée en convertissant en valeur azotée la fraction des protéines
dégradables dans le rumen, en divisant celle-ci par 6,25 et en y ajoutant la quantité d'azote
non protéique (ANP) ingérée par l'animal.

Azote dégradable dans le rumen = (protéines dégradables dans le rumen/6,25) + ANP


1-1-3-4/ Apport de soufre dans le rumen

La flore microbienne du rumen est capable de synthétiser des acides aminés à partir de
sources azotées simples et de petites molécules contenant du carbone. Deux acides aminés, à
savoir la méthionine et la cystéine, contiennent également du soufre. Le premier est un acide
aminé essentiel et joue un rôle tout aussi important dans la digestion des ruminants que dans
celle des monogastriques. Certains microbes du rumen peuvent les synthétiser, mais
uniquement en présence suffisante de soufre. En règle générale, l'apport de soufre doit
représenter entre un onzième et un quinzième de l'apport d'azote dégradable dans le rumen.
Une partie du soufre est présente sous la forme de constituants organiques et une autre peut
être administrée sous la forme de sels, tels que le sulfate de sodium.

1-1-4/ Digestion des lipides dans le rumen

La nutrition lipidique des ruminants est quelque peu différente de celle des monogastriques,
car la flore microbienne du rumen peut dégrader ou modifier les graisses alimentaires ou
synthétiser elle-même de nouveaux lipides au départ de constituants simples.

Les lipides présents dans la ration alimentaire normale des ruminants ont une composition
légèrement différente de ceux apportés aux non-ruminants. Les substances contenues dans des
aliments tels que les céréales, les oléagineux ou les produits animaux sont essentiellement des
triglycérides, alors que les graminées contiennent principalement des galactolipides. En
réalité, le type de lipides présents dans la ration a peu d'importance, car ils subissent presque
tous une hydrolyse ruminale rapide qui produit deux constituants séparés : les substances
solubles dans l'eau et à fermentation rapide, comme le glycérol et les sucres, et celles
insolubles dans l'eau, c'est-à-dire les acides gras.

Les acides gras de la ration sont généralement un mélange d'acides saturés et insaturés. Si les
lipides sont en grande partie d'origine végétale, la majorité des acides gras sera probablement
insaturée ; les lipides d'origine animale contiennent souvent une plus grande proportion
d'acides saturés. Le rumen étant un milieu anaérobie, les réactions fermentatives produisent
presque toutes de l'hydrogène. Une partie sera « piégée » et évacuée sous la forme de méthane
tandis que l'autre réagira avec les acides insaturés. À chaque fois qu'il existe une « double »
liaison carbone-carbone, un acide gras insaturé possède deux atomes d'hydrogène de moins
que son correspondant saturé. Les microbes contiennent des enzymes capables d'attacher des
atomes d'hydrogène « de réserve » à la chaîne carbonée des acides gras insaturés. Au cours de
ce processus, les doubles liaisons deviennent des liaisons simples et les acides insaturés se
transforment en acides saturés correspondants. La proportion d'acides saturés augmente donc
fortement par rapport à la quantité apportée par les aliments. En fin de compte, le ruminant
utilise les lipides comme source d'énergie, il les synthétise de ses propres amas graisseux ou
les sécrète dans le lait. Le processus de l'hydrogénation explique pourquoi une grande part des
acides gras contenus dans la graisse tissulaire ou dans le lait des ruminants sont saturés
(aucune liaison double) ou monoinsaturés (une seule liaison double).

Les graisses ont une teneur en énergie brute beaucoup plus élevée que tout autre constituant
de la ration et la tentation peut être grande de les introduire en quantités élevées dans les
rations destinées aux ruminants, uniquement dans le but d'accroître l'ingestion journalière
d'énergie. Malheureusement, il s'agit d'une mauvaise technique, car la présence de grandes
quantités d'acides gras dans le rumen peut nuire fortement à la capacité de la flore
microbienne de dégrader d'autres constituants alimentaires. En général, on estime qu'une
teneur en graisses supérieure à 5 % entraîne une diminution de l'aptitude de l'animal à utiliser
les fibres alimentaires.

1-1-5/ Activité ruminale

La vitesse de transit dans le rumen détermine en grande partie l'ingestion alimentaire. Si les
aliments sont dégradés lentement dans le rumen, ils s'y accumulent et empêchent de
poursuivre l'ingestion. En outre, si la dégradation est très lente, il se produit un ralentissement
proportionnel de la production d'acides gras volatils qui constituent la principale source
d'énergie de l'organisme.

Dans l'ensemble, les besoins des microbes sont relativement simples et se résument à un
apport suffisant d'azote et de soufre, et à une abondance de substances à dégrader pour
produire de l'énergie. Si la ration de l'animal est de très mauvaise qualité, elle n'apportera
probablement pas assez d'azote ni de substances énergétiques pour combler les besoins des
microorganismes. Une carence de ces éléments essentiels signifie que les microbes ne
pourront dégrader les substances disponibles qu'à un rythme ralenti, aggravant encore
davantage le déficit nutritionnel. La règle générale est de veiller à entretenir les conditions
ruminales qui permette aux microbes de prospérer, mais également de dégrader les parties les
plus pauvres (et les moins coûteuses) de la ration.

2/ Digestion après le rumen

Dès leur arrivée dans la caillette du ruminant adulte, les digesta subissent une série de
transformations identiques à celles qui ont lieu chez le jeune ruminant et chez tous les autres
mammifères.

2-1/ Digestion dans la caillette

La caillette du ruminant est l'équivalent de l'estomac des monogastriques et sa fonction est


très semblable. Chez les monogastriques ou les jeunes ruminants, l'absorption des nutriments
est très faible avant l'arrivée des aliments dans l'estomac. Dans la caillette, ils sont soumis à
un environnement très acide et à l'action d'une série d'enzymes capables d'agir dans de telles
conditions. Les sécrétions pénètrent dans la caillette du ruminant soit par des petites glandes,
soit au travers des cellules qui tapissent l'estomac (cellules épithéliales). Les principales
protéines sécrétées sont la mucine (qui a essentiellement une fonction lubrifiante) et un
groupe d'enzymes appelées pepsines, qui sont protéolytiques (elles attaquent les protéines).
Les pepsines sont libérées dans l'estomac sous une forme inactive et inoffensive, le
pepsinogène, et les cellules sécrétrices le libèrent dans une solution alcaline fortement diluée.
Dès que le pepsinogène rencontre les conditions très acides de l'estomac, une partie de la
molécule est rompue et se divise en un petit groupe inoffensif d'acides aminés et en pepsine
active.
La pepsine n'hydrolyse pas totalement les protéines en acides aminés mais produit également
des polypeptides. Certains produits de la digestion sont absorbés à travers la paroi de la
caillette et passent dans le sang pour être utilisés par l'organisme.

La ration des jeunes ruminants est très différente de celle des adultes et leur système digestif y
est adapté. Par exemple, il produit de grandes quantités d'une enzyme appelée rénine, qui
attaque les principales protéines du lait. La caséine, qui est la plus abondante d'entre elles,
coagule sous l'effet combiné des conditions acides et de la rénine, de sorte que son passage
dans le tube digestif est ralenti.

2-2/ Digestion dans l'intestin grêle

De la caillette, les aliments partiellement digérés passent dans l'intestin grêle, où les
conditions sont alcalines et où toute une série d'autres enzymes entrent en action.

Chez le jeune ruminant, c'est dans l'intestin grêle que se situe la phase principale de
l'assimilation de la nourriture. Chez l'adulte, il est le lieu de dégradation finale des protéines et
des lipides, ainsi que de l'amidon et d'autres constituants similaires qui ont échappé aux
attaques de la flore ruminale.

Il existe trois sources principales de sécrétions digestives :

- le pancréas ;

- les cellules de la paroi intestinale ;

- le foie (avec la vésicule biliaire).

Le pancréas est un organe qui exerce deux types de fonctions. D'une part, il produit des
hormones qui sont en grande partie responsables de la régulation du métabolisme de
l'organisme ; d'autre part, il produit une sécrétion liquide (suc pancréatique) qui contient une
série de substances essentielles à la digestion. La glande est directement reliée à l'intestin
grêle par un petit canal (canal pancréatique).

Les digesta quittant l'estomac ont un pH très faible ; pour que le processus de la digestion
puisse se poursuivre, cette acidité doit être neutralisée. C'est essentiellement le rôle du suc
pancréatique, qui contient une forte concentration de bicarbonate.

2-2-1/ Digestion des glucides dans l'intestin grêle

Avant d'être absorbés dans le sang au travers de la muqueuse intestinale, la majorité des
glucides doivent être réduits aux sucres simples qui les constituent (monosaccharides). Le
tube digestif produit des enzymes qui ne peuvent hydrolyser que les glucides comme l'amidon
et le glycogène. La ration de la majorité des ruminants contient généralement une faible
quantité de polysaccharides d'±glucose et, si le rumen est actif, ils seront rapidement dégradés
par les microorganismes. Chez l'animal qui ingère des doses élevées d'amidon, une fraction
considérable des glucides pénètre toutefois dans l'intestin grêle. C'est notamment le cas de la
vache laitière à haut rendement qui consomme de grandes quantités de graines de maïs. Étant
donné la faible capacité de fermentation des jeunes ruminants, la proportion d'amidon à
digérer dans l'intestin grêle peut être élevée. Le catalyseur essentiel de cette hydrolyse est une
amylase produite par le pancréas ; cette réaction produit du maltose et de petites chaînes de
sucres, les dextrines. Les glucides subissent une dégradation supplémentaire par les enzymes
produites par la muqueuse de l'intestin grêle ; le maltose et les dextrines sont alors hydrolysés
en glucose. Quelques disaccharides simples, notamment le lactose et le saccharose, sont
hydrolysés en leurs constituants par des enzymes spécifiques.

2-2-2/ Digestion des protéines dans l'intestin grêle

Toutes les protéines animales sont synthétisées à partir des acides aminés qui les composent.
Pour alimenter le processus en matières premières, les protéines passant dans le tube digestif
sont dégradées en acides aminés simples avant d'être absorbées. Il se produit une certaine
dégradation des protéines sous l'action de la pepsine et de la rénine dans la caillette, mais elle
produit davantage des polypeptides, des chaînes d'acides aminés, que des substances
absorbables. La pepsine semble jouer un rôle « modérateur » sur les protéines prêtes à
attaquer les enzymes dans l'intestin grêle.

Une série d'enzymes protéolytiques (qui attaquent les protéines) sont présentes dans l'intestin
grêle. En général, chaque type d'enzyme hydrolyse une liaison peptidique particulière et une
grande quantité d'enzymes sont nécessaires pour produire les acides aminés correspondant à
une protéine donnée. Certains aliments produisent des protéines capables d'inhiber de manière
spécifique des enzymes protéolytiques isolées ; ingérés à l'état cru, ils peuvent provoquer des
troubles digestifs en réduisant le rythme de dégradation des protéines dans l'intestin grêle. Les
germes de soja crus contenant la trypsine, un inhibiteur, en sont un exemple. Il est donc
conseillé de soumettre les germes de soja à un traitement par la chaleur chaque fois qu'ils
entrent dans la nourriture des animaux, ceci afin d'inactives l'inhibiteur.

Chez le ruminant, les protéines proviennent de deux sources : la première est alimentaire, la
seconde est liée aux microbes qui quittent le rumen. Quelle que soit leur origine, les protéines
ne sont utiles à l'organisme que si elles sont dégradées en acides aminés dans l'intestin. Lors
du calcul de la quantité de protéines réellement apportées par la ration et par la flore
microbienne, il ne faut pas oublier qu'une partie de chacune de ces fractions ne sera pas
digérée dans l'intestin grêle et sera excrétée de manière presque intacte dans les fèces.

2-2-3/ Digestion des lipides dans l'intestin grêle

Les lipides posent de sérieux problèmes à l'organisme étant donné qu'ils ne sont pas
directement solubles dans l'eau. Ce problème est résolu de la même manière qu'on lave des
vêtements tachés de graisse ou des assiettes sales. Si les lipides ne se dissolvent pas dans
l'eau, on peut néanmoins les disperser en minuscules gouttelettes de manière à ce qu'elles
couvrent la plus grande surface possible. Pour la vaisselle, on se sert de détergents. Les
graisses sont vigoureusement mélangées à des substances chimiques dont les molécules sont
divisées en deux parties : la première interagit avec les graisses et la deuxième se mélange à
l'eau. En agitant le mélange, il se forme de fines gouttelettes entourées d'une couche de
molécules de détergent, toutes orientées de manière à ce que leur « queue » non polaire
pénètre dans la gouttelette de graisse et que la « tête » polaire émerge dans l'eau. Les
détergents naturels (sels biliaires) produits par l'appareil digestif sont extrêmement puissants,
ce qui est indispensable étant donné qu'ils agissent à la température corporelle. Ils sont
synthétisés par le foie et sont stockés dans la vésicule biliaire qui les libère dans l'intestin
grêle selon les besoins.

Les micelles, c'est-à-dire ces petites gouttes de graisse entourées d'une couche de molécules
de détergent, ont un diamètre moyen d'approximativement 10 nanomètres. L'augmentation de
surface est énorme : si une tache de graisse de 1 cm de diamètre éclate en micelles, sa surface
est multipliée par un facteur proche de 670000. Les enzymes appelées lipases hydrolysent les
triglycérides en acides gras libres, en glycérol et en monoglycérides. Ces produits sont
absorbés au travers de l'épithélium intestinal et traversent ensuite le système lymphatique pour
aboutir dans le foie.

2-3/ Rôle du caecum et du gros intestin

Le rôle de ces organes varie d'une espèce à l'autre ; chez certains herbivores non ruminants
tels que le cheval et le lapin, le caecum est le lieu principal de fermentation des particules
alimentaires qui ne peuvent être dégradées par les enzymes digestives de l'organisme. Chez la
plupart des espèces, le gros intestin est le lieu d'une activité intense de fermentation. Il fait
également office de lieu d'entreposage des déchets jusqu'à ce que ceux-ci soient excrétés sous
la forme de fèces. La plupart des animaux survivent à l'ablation chirurgicale du gros intestin.
La quantité de matières absorbées au travers des parois de cette partie du tube digestif est en
effet très réduite. L'organe joue probablement un rôle dans la synthèse de certains constituants
tels que des vitamines utilisées en quantités infimes, mais qui n'en sont pas moins essentielles
à la vie et à la santé.

II- TECHNIQUE DE PRODUCTION

II-1/ Techniques de détection des chaleurs

II-1-1/ Chez la vache


Les chaleurs de la vache durent une journée et l’ovulation a lieu 12 h après la fin.
La détection des chaleurs chez les vaches est autant un art qu’une science et demande une
observation experte des vaches du troupeau. La plupart des vaches montrent leurs signes de
chaleurs de manière progressive. La connaissance précise de cette gradation permet de
déterminer si la vache est au début, au milieu, ou vers la fin de ses chaleurs. Une vache est en
chaleur lorsqu’elle ne s’esquive pas quand elle est montée (chevauchée) par d’autres vaches
ou par un taureau (Figure 1). D’autres signes indicateurs des chaleurs peuvent être observés :

PLEINES CHALEURS

• Reste immobile lorsqu’elle est montée ;

DEBUT ET FIN DES CHALEURS

• Meugle ;
• Confronte d’autres vaches latéralement ou en tête à tête;

• Charge ou pousse d’autres vaches;

• Renifle la vulve ou l’urine d’autres vaches et retrousse les naseaux;

• Tourne en rond; essaye de reposer son museau sur le dos des autres vaches; Ceci peut être
suivi ou non par une tentative de monte;

• Vulve rosée et gonflée qui décharge un mucus clair.

Figure 1 : Une vache qui ne s’esquive pas lorsqu’elle est chevauchée par une
autre vache est en chaleur (la vache à droite dans cette photo).

SIGNES INCIDENTELS

• Dépression de l’appétit et de la production laitière ;

• Animal malpropre (défécation sur les flancs de la vache) ;

• Poils ébouriffés ou manquant là où la queue joint la colonne vertébrale.

Effet diurnal sur l’expression des chaleurs


L’expression des chaleurs suit un cycle journalier très prononcé. La plupart des tentatives de
monte se produisent la nuit, aux premières heures de la journée et en fin de soirée. Les
résultats de nombreuses recherches indiquent que plus ou moins 70% des montes se
produisent entre 7 heures du soir et 7 heures du matin (Figure2). De manière à pouvoir
détecter plus de 90% des chaleurs dans un troupeau, les vaches doivent être observées
attentivement aux premières heures de la matinée, aux heures tardives de la soirée et à
intervalles de 4 à 5 heures pendant la journée.

Autres facteurs qui influencent l’expression des chaleurs


L’expression et la détection des chaleurs peuvent être plus ou moins faciles en fonction de
nombreux facteurs (le type de stabulation, la santé de l’animal, le climat, la surpopulation,
etc.).

Les vaches montrent leurs signes de chaleurs principalement pendant la nuit. Dans les grands
élevages, plus d’une vache peut venir en chaleur simultanément. Lorsque cela se produit, la
probabilité de détection des chaleurs augmente parce que le nombre de montes augmente
fortement. Par exemple, deux vaches en chaleur au même moment forment un “groupe
sexuellement actif”’ qui triple le nombre normal de montes par chaleurs. Par contre, certains
facteurs comme les fortes températures et humidité, le vent, la pluie, la neige, un espace
confiné, et des types de pavement qui peuvent provoquer une glissade, une chute ou le mal de
pattes tendent à réprimer l’expression des chaleurs.

II-1-2/ Chez la brebis

La durée des chaleurs varie de 18 à 72 heures, elles peuvent durer plus longtemps en cas
d'ovulation double ou multiple et se manifestent en plus grand nombre de minuit à midi que
de midi à minuit. L'ovulation survient 24 heures après le pic de LH, juste avant la fin des
chaleurs.

Les signes extérieurs physiques démontrés par la brebis en œstrus sont relativement peu
perceptibles si on les compare à ceux de l’espèce bovine. Généralement, la vulve est
légèrement tuméfiée et laisse s’écouler une petite quantité de liquide visqueux (glaire). Le
comportement de la brebis en chaleur est modifié par la présence du bélier : elle se place à
côté de celui-ci de façon à attirer son attention, agite la queue, se laisse flairer la vulve,
s’immobilise et accepte que le bélier la chevauche.

II-1-3/ Chez la chèvre

Les chèvres en chaleur font souvent des vocalises et quelques-unes se plaignent très fort
comme si elles souffraient. Un autre signe de chaleur est le va-et-vient constant de la queue.
De plus, la vulve paraîtra gonflée et rougie, et la région autour de la queue peut être humide et
salie à cause des décharges vaginales. D'autres signes de chaleur incluent une baisse d'appétit
et une augmentation de la fréquence de miction. Les femelles en chaleur sont plus facilement
identifiables puisque le bouc reste en leur compagnie. Elles bougeront sans arrêt dans leur
parc pour trouver une façon de s'approcher du bouc ou elles se tiendront près de la clôture.
Finalement, une femelle en chaleur peut monter une autre chèvre comme si elle était un bouc
ou encore laisser une autre chèvre la monter.
II-2/ Techniques de synchronisation ou groupage des chaleurs

La synchronisation des chaleurs permet de maîtriser et d’harmoniser les cycles sexuels des
femelles. Elle se pratique essentiellement dans les troupeaux bovins laitiers. Elle facilite
l’insémination artificielle (IA) en se libérant des contraintes liées à la détection des chaleurs et
aux déplacements. Les traitements décrits ici sont donnés à titre indicatif : les hormones ne
peuvent être délivrées que sur ordonnance, suite à une consultation du vétérinaire qui saura
vous conseiller.

Le groupage des mises bas par la synchronisation des fécondations, facilite l’organisation du
travail, permet une meilleure surveillance des naissances et simplifie la gestion du troupeau de
par la constitution de lots assez homogènes.

Pourquoi synchroniser les chaleurs ?

La synchronisation des chaleurs présente de nombreux avantages et permet un gain de temps


et d’argent :

-Suppression de la surveillance des chaleurs.

-Constitution de lots d’animaux homogènes.

-Réalisation des IA plus facile (un seul déplacement pour plusieurs femelles à une date
fixe et prévue).

-Groupage des mises-bas pour une surveillance plus facile.

-Obtention de vêlages précoces.

Attention, la synchronisation des chaleurs facilite le travail de l’éleveur, mais elle n’améliore
pas la fertilité. D’ailleurs, la fertilité est légèrement inférieure chez les vaches synchronisées
par rapport à celles dont la venue en chaleur est naturelle.

II-2-1/ Chez les bovins

a/ Rappels sur le cycle sexuel de la vache

Au cours du cycle ovarien, on retrouve les deux phases du cycle sexuel :

-Une phase folliculaire (phase de proœstrus) caractérisée par la maturation d’un gros
follicule en croissance, qui aboutit à l’ovulation du follicule (libération de l’ovule dans les
cornes utérines, lieu de la fécondation éventuelle). L’ovulation a lieu environ 12 heures
après la fin de l’œstrus.

-Une phase lutéale (phase de metœstrus et diœstrus) : un corps jaune (tissu sécrétoire issu
de la maturation d’un follicule) s’installe dans la zone d’ovulation de l’ovaire. Après une
période de développement de 3-4 jours, il se maintient pendant une dizaine de jours, puis
régresse sous 24-48 heures en l’absence de fécondation.
Les deux phases sont séparées par l’ovulation qui survient juste après l’œstrus

L’activité cyclique est contrôlée par le système nerveux central :

-Sous l’influence de la GnRH [Gonadotrophin Releasing Hormon], produite par


l’hypothalamus, l’hypophyse sécrète deux hormones (appelées « gonadotrophines ») :
la FSH [Follicle Stimulating Hormon] qui stimule la croissance folliculaire et
la LH [Luteinizing Hormon] qui stimule l’ovulation.

- L’ovaire sécrète à son tour deux hormones (dites « stéroïdiennes ») : les œstrogènes par
les follicules et la progestérone par le corps jaune. L’hypophyse interprète un taux
d’œstrogènes bas en augmentant la sécrétion de FSH. Et inversement, un taux élevé
d’œstrogènes en présence d’un follicule pré ovulatoire déclenche un pic ovulatoire de LH
et arrête la sécrétion de FSH. La présence de progestérone indique ensuite à l’hypophyse
la présence d’un corps jaune sur l’ovaire. La sécrétion de LH n’est donc plus nécessaire et
aucun pic de LH n’est observé pendant la phase lutéale. Puis, en l’absence de gestation,
l’utérus émet des décharges d’une nouvelle hormone, la prostaglandine PgF2 alpha.
Cette hormone provoque la destruction du corps jaune (ou lutéolyse) et par conséquent
l’arrêt de la sécrétion de progestérone, ce qui signe le début d’une nouvelle croissance
folliculaire. S’il y a un début de gestation, le cycle sexuel reste bloqué par la progestérone
jusqu’au vêlage.

Figure 3 : cycle sexuel de la vache


b/ Méthodes hormonales de synchronisation des chaleurs

Les méthodes hormonales permettent de grouper les ovulations et donc les chaleurs, afin de
pouvoir inséminer toutes les vaches en une seule fois. Elles reposent sur l’utilisation
d’analogues d’hormones de la reproduction.

Deux méthodes sont principalement utilisées :

1) Avec la prostaglandine F2 alpha

La prostaglandine est responsable de la régression du corps jaune et de l’arrêt de la sécrétion


de progestérone. Elle permet de synchroniser les femelles cyclées qui présentent un corps
jaune à la palpation transrectale. Administrée entre le 5ème et le 17ème jour du cycle (par
voie intramusculaire), elle entraîne la chute du niveau de progestérone et l’apparition des
chaleurs dans les deux à trois jours qui suivent. En revanche, avant le 5ème et après le 17ème
jour, la prostaglandine F2 alpha ne modifie pas la durée du cycle normal : soit le corps jaune
est trop jeune pour être sensible aux prostaglandines, soit il est déjà en train de dégénérer sous
l’effet des prostaglandines sécrétées naturellement par l’utérus de la vache en fin de cycle.
Une seule administration de prostaglandine ne permet pas de synchroniser toutes les femelles
d’un troupeau, il faut réaliser deux injections à onze ou douze jours d’intervalle afin de
regrouper toutes les chaleurs. Au moment de la deuxième injection, théoriquement entre J5 et
J17, toutes les femelles sont réceptives à la prostaglandine et les chaleurs apparaissent 48 h à
72 h plus tard.

Attention, l’utilisation de la prostaglandine chez une femelle gestante entraîne un avortement.

2) Avec la progestérone

Chez les femelles non cyclées, la progestérone (ou ses analogues) administrée de façon
continue (sous forme d’un implant sous-cutané ou d’une spirale vaginale, pendant 8 à 12
jours), permet de simuler la phase lutéale, empêchant ainsi l’apparition des chaleurs et de
l’ovulation. Le retrait de l’implant entraîne une chute brutale de son taux circulant, d’où un
pic de LH qui provoque l’ovulation. On peut associer à la progestérone de la prostaglandine
(deux jours avant le retrait de l’implant, pour faire disparaître un éventuel corps jaune) ou de
la PMSG [Pregnant Mare Serum Gonadotropin] (au moment du retrait de l’implant, pour
multiplier les ovulations). Les chaleurs apparaissent 24 h à 48 h après l’arrêt du traitement.

3) Avec la GnRH

Chez les vaches qui reviennent régulièrement en chaleur malgré 2 ou 3 IA, on utilise un
protocole à base de GnRH, qui agit en amont du dysfonctionnement hormonal. On pratique
une injection de GnRH, suivie d’une injection de PGF2a 4 jours plus tard pour provoquer une
lutéolyse complète. Les vaches viennent en chaleur 48 à 72 heures plus tard. Une deuxième
injection de GnRH quelques jours après l’insémination augmente la sécrétion de progestérone
par le corps jaune, diminuant ainsi les pertes embryonnaires.
c/ Méthodes zootechniques de synchronisation des chaleurs

Les méthodes zootechniques conviennent pour induire ou grouper les ovulations, sans
véritablement synchroniser les chaleurs.
Elles sont représentées par :

-L’effet mâle : l’introduction d’un taureau dans un troupeau de femelles qui en étaient
momentanément séparées, provoque l’ovulation des femelles, probablement en relation
avec des phéromones émises dans l’urine du mâle.

-L’effet groupe : il est obtenu par la mise en lot de vaches, qui augmente la durée des
chaleurs. La mise en lot de génisses permet d’avancer l’âge à la puberté.

-Le flushing : il consiste à augmenter le niveau énergétique de l’alimentation sur une


courte période, améliorant la fertilité des vaches maigres.

Le cycle ovarien correspond à la période délimitée par deux ovulations consécutives ; le cycle
œstral est la période se situant entre deux œstrus consécutifs. Les deux termes sont souvent
confondus.

II-2-2/ Chez les ovins et les caprins

a/ Association éponges + Gonadotrophine

Les éponges vaginales destinées à la synchronisation des chaleurs ont été mises au point en
Australie dans les années 1960. Le dérivé de progestérone dont elles sont imbibées bloque
l’activité ovarienne, supprimant ainsi les chaleurs. La levée de cette inhibition entraîne le
redémarrage du cycle et donc l’induction des chaleurs. La gonadotrophine (PMSG) injectée
au moment du retrait de l’éponge renforce l’ovulation.

Brebis/agnelles

Chez les brebis et les agnelles, on utilise des éponges vaginales imprégnées d’une
progestagène de synthèse, l’acétate de flugestone. Les éponges sont mises en place pour une
durée de 14 jours (en saison sexuelle) ou de 12 jours (en contre-saison pour les brebis).

Le jour du retrait de l’éponge, on pratique une injection par voie intramusculaire de PMSG.

Après le retrait de l’éponge et l’injection de PMSG, les premières chaleurs apparaissent au


bout de 24 heures. Les brebis seront inséminées 55 heures après le retrait de l’éponge pour les
brebis, 52 heures pour les agnelles. En lutte naturelle, le bélier est placé deux fois en présence
des femelles, 48 et 60 heures après le retrait de l’éponge. Prévoir un bélier pour 5 agnelles ou
10 brebis en période sexuelle, pour 3 agnelles ou 5 brebis en contre-saison.
Chèvres/chevrettes

Le protocole est adapté au métabolisme des caprins, nettement plus actif que celui des ovins.
La dose de progestagènes incorporée dans les éponges est supérieure ; la durée de pose est
également supérieure (17 à 21 jours). De même, les doses de PMSG à injecter au moment du
retrait de l’éponge sont différentes.

La chèvre peut être saillie dès qu’elle accepte l’accouplement, soit 36 à 48 heures après le
retrait de l’éponge (1 bouc pour 5 chèvres). Une 2ème saillie sera pratiquée 12 heures après la
1ère.

En cas d’insémination artificielle, elle sera pratiquée 43 heures après le retrait de l’éponge

b/ La mélatonine (uniquement chez les brebis/agnelles)

L’utilisation d’un implant de mélatonine sur les femelles n’est pas à proprement parler un
traitement de synchronisation de l'œstrus. Elle permet cependant d’avancer la saison sexuelle
de 1 mois ½ - 2 mois, d’où un effet de regroupement des agnelages.

La mélatonine est une hormone produite par la glande pinéale (au niveau du cerveau) pendant
la nuit, qui informe l'organisme des variations de la longueur des jours. Chez les petits
ruminants, l'allongement des nuits entraîne une augmentation de la sécrétion de mélatonine, à
l'origine du déclenchement de l'activité sexuelle. L’implant de mélatonine mime cet effet, en
libérant progressivement la mélatonine pendant 3 à 4 mois, à des taux comparables à ceux
observés pendant la phase de sécrétion nocturne. L’implant se place sous la peau,
généralement à l’oreille.

Deux protocoles sont possibles :

-Traitement sans synchronisation (lutte naturelle) : le ou les bélier(s) sont mis en présence des
femelles 45 à 50 jours après la pose de l’implant sur celles- ci. L'activité sexuelle commence
généralement après un délai de 3 à 10 jours. L'introduction de béliers vasectomisés pendant
les 14 premiers jours permet d'obtenir une période d'agnelage plus brève. Le pic d'activité
sexuelle se produit environ 10 à 30 jours après l'introduction des béliers.

-Traitement avec synchronisation (insémination artificielle ou lutte naturelle) :


Le traitement par la mélatonine peut être associé à un traitement de synchronisation des
chaleurs à l'aide d'éponges vaginales à base d'acétate de flugestone et d'une administration de
PMSG selon le schéma suivant :

- Jour 1 : pose de l'implant.


- Jour 33 : pose d'une éponge vaginale.
- Jour 47 : retrait de l'éponge et administration intramusculaire de PMSG (selon les schémas
d'utilisation précédents).
L'insémination artificielle doit être pratiquée 54-56 heures après le retrait de l'éponge.
c/ Méthode de synchronisation naturelle

« L’effet bélier »

Il est bien connu, depuis le milieu des années 1940, que l'introduction d'un bélier dans un
troupeau de brebis en anœstrus permet de déclencher l'apparition des chaleurs et l'ovulation.
C'est ce qu'on appelle l'effet bélier. Deux périodes d’activité sexuelle intense se produisent
autour des 18 et 24 jours suivant l’introduction des béliers. La période d’accouplements des
brebis se trouve ainsi regroupée sur environ 10 jours. C'est l'odeur dégagée par le mâle, via la
production d’une ou de plusieurs phéromones contenues dans le suint (graisse qui imprègne la
laine), qui semble être la cause des événements physiologiques conduisant au déclenchement
de l’activité sexuelle. Ainsi, le contact direct entre mâle et femelle n’est pas nécessaire pour
induire la réponse hormonale chez la brebis. Elle peut être déclenchée même si les animaux
sont séparés par une clôture.

« L’effet bouc »

Hors période de cyclicité installée ou anœstrus, l’effet bouc permet de synchroniser les
chèvres de façon naturelle. La méthode consiste à introduire un mâle au sein d’un groupe de
femelles (20 au maximum) dont il a été séparé pendant au moins 40 jours (1,5 à 2 mois).
L’introduction du bouc produit un stress chez les chèvres et déclenche une ovulation induite
chez 80% d’entre elles après un contact de 7 jours.
Effectué en septembre-octobre et mars-avril, l’effet bouc permet un groupage des mises-bas
(pics de fécondité entre 5 à 10 jours et 20 à 30 jours après introduction du bouc). Les chaleurs
se déclenchant sur plusieurs jours, l’éleveur doit systématiquement les confirmer avant
d’appeler son inséminateur, par la présence d’un ou plusieurs boucs munis d’un tablier
marqueur.
Le reste de la saison sexuelle, le bouc est capable de détecter les chaleurs, mais il n’apporte
pas l’effet de synchronisation car les femelles sont déjà cyclées.

II-3/ INSEMINATION ARTIFICIELLE

Elle est pratiquée aujourd'hui à grande échelle sur de très nombreuses espèces animales :
bovins, caprins, porcins, ovins, équidés... Cette méthode de reproduction répond à plusieurs
objectifs. Initialement le perfectionnement génétique du cheptel : en effet grâce à cette
technique il est envisageable de féconder la plupart de femelles avec la semence d'un seul
mâle. Comme ses descendants hériteront d'une partie de son patrimoine génétique, ce mâle
sera choisi selon ses qualités : développement musculaire par exemple pour un taureau de race
à viande.

D'autres raisons sont aussi mises en avant : l'économie permise par la réduction de la
population de reproducteurs mâles, la limitation des risques sanitaires (maladies sexuellement
transmissibles), ou encore le contrôle de la période de mise-bas.
Mode d'emploi

 Prélèvement du sperme. En centre de sélection, la semence est prélevée sur des mâles
choisis pour leurs performances. A cette fin on utilise le plus souvent un gros et poilu vagin
artificiel et divers simulacres visant à stimuler le processus d'éjaculation (mannequin imitant
la femelle par exemple).

 Mise en paillettes. La semence est diluée dans du liquide physiologique en laboratoire avant
d'être fractionnée en petites doses et refroidie ou congelée, après avoir été mélangée à des
cryoprotecteurs tels que le glycérol (la capacité du sperme à supporter la congélation fluctue
selon les espèces). Chaque dose est nommée une paillette. A plusieurs stades, des contrôles
sont effectués. Les lots susceptibles de ne pas être fertiles sont retirés.

 Stockage et transport. La facilité de stockage et de transport est liée à l'usage de bonbonnes


d'azote liquide.

 Utilisation. Un inséminateur décongèle une paillette avant l'introduction dans l'utérus


maternel pour assurer la fécondation.

Avantages

 Elle permet la multiplication. Ainsi, un éjaculat dilué sert à donner une centaine de
descendants, donnant une diffusion importante des meilleurs reproducteurs mâles et ainsi un
progrès des performances d'une race ou espèce en direction des objectifs de rentabilité
recherchés. En monte naturelle bovine, on estime qu'un mâle ne peut féconder que 30 à 40
vaches par an, contre plusieurs milliers pour son congénère en centre de sélection.

 Elle permet la conservation. La semence d'un mâle peut être stockée pendant des années et
transportée facilement partout. Cette aptitude est utilisée à grande échelle par les centres de
sélection. Les jeunes mâles sont testés sur descendance en même temps que leur semence est
recueillie et congelée. Les tests conçus pour mesurer les performances de leur progéniture
peuvent durer plusieurs années. Quand un mâle est jugé intéressant au vu des tests, il peut
être déjà en fin de vie de reproducteur. Le stock de semence est alors bienvenu pour lui
assurer une descendance. Par exemple pour vérifier qu'un taureau de race laitière apporte
bien un progrès en termes de potentiel laitier, il faut qu'un nombre suffisant de ses filles
aient vêlé et qu'on ait pu estimer leur production laitière. Cette évaluation nécessite des
contrôles (pesées du lait lors de la traite à différent stades de la lactation), qu'on comparera
aux performances des mères. Un modèle mathématique permettra ensuite d'estimer la valeur
génétique du taureau comparé à la totalité de la population contrôlée : dans le jargon de ce
secteur d'activité, on nomme cela l'index.

 Aide à la sauvegarde de races menacées de disparition. Les individus de races à petit effectif
sont groupés en familles et l'insémination est dirigée par une association de défense. Chaque
famille est scindée entre mâles et femelles et la semence est choisie dans les familles les plus
éloignées génétiquement. L'insémination sert à faire voyager la semence à l'endroit où le
transport d'un reproducteur serait trop couteux. La Norvège, plutôt que d'entretenir des
troupeaux bovins de plus de 1 000 individus, seuil où la consanguinité est plus facile à gérer,
préfère stocker de la semence. Ainsi, à chaque génération, la semence des jeunes mâles
correspondant le mieux au standard de race est stockée. A l'inverse, de la semence de
taureaux morts depuis 20 ou 30 ans est réinjectée pour apporter du sang neuf.

 Facilité d'utilisation. Un éleveur peut choisir sur catalogue le mâle qu'il va accoupler avec la
femelle de son élevage. Ainsi, il n'a pas besoin de nourrir un mâle à l'année et peut choisir
différents géniteurs pour chacune de ses pensionnaires.

 Lutte contre les maladies. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, des épidémies
de fièvre aphteuse et de tuberculose bovine font des ravages. L'isolement recommandé par
les vétérinaires est plus facile à maîtriser avec l'insémination : elle sert à féconder les vaches
sans déplacement ni contacts physiques directs entre mâle et femelles de troupeaux divers.

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