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MASTER 1 DE BIORESSOURCES
UE PRODUCTION ANIMALE
Dr BLEU G. Michel
ECUE 1 : TECHNIQUES DE PRODUCTION
DES MONOGASTRIQUES
INTRODUCTION
Le cycle sexuel de la truie dure environ 21 jours et se subdivise en quatre phases à savoir :
-le proœstrus dure 2 jours et correspondant à la phase folliculaire : c’est pendant cette phase
qu’a lieu le développement et la maturation folliculaire.
-l’œstrus : dure 2 à 3 jours ; pendant cette phase a lieu l’ovulation
-le metœstrus (2 jours) pendant laquelle se fait la formation des corps jaunes
- le diœstrus : phase la plus longue caractérisée par la dégénérescence ou involution des corps
jaunes (lutéolyse). Elle dure 14 jours.
Metœstrus et diœstrus correspondent donc à la phase lutéale.
Ces quatre phases sont communes à la plupart des mammifères.
1-Définition
La chaleur est le comportement particulier d’une femelle correspondant à la période appelée
œstrus, pendant laquelle cette femelle accepte l’accouplement avec un mâle et peut être
fécondée. Afin de déterminer le moment le plus propice à l’insémination (ou de
l’accouplement), il importe de bien connaitre les signes et les méthodes de détection des
chaleurs.
2-Signes de chaleur
Parmi les principaux signes de chaleurs, on mentionnera le réflexe d'immobilité (la truie est
immobile en présence du mâle). En fait, on pourrait dire que “C'EST le signe”. Mais on ne
peut pas ne pas mentionner d'autres signes qui à plus ou moins grande échelle sont aussi des
signes de chaleur de la truie, parmi ceux-ci on signalera :
Les deux seules méthodes de détection des chaleurs seront les suivantes :
-L'utilisation du verrat
-Le test de la pression sur le dos
3.1-Utilisation du verrat
Cette méthode est la plus "naturelle" et consiste simplement à mettre en contact physique une
truie et un verrat. C'est la méthode la plus sûre puisque c'est le verrat qui fait tout le travail.
Cependant cela prend beaucoup de temps puisque pour bien le faire, on doit mettre en contact
chaque truie avec le verrat. On peut aussi le faire en groupe (ce qui économise du temps) mais
le groupe ne peut pas être trop grand. On ne peut pas normalement le faire dans des groupes
de plus de trois truies. Parmi les points les plus importants évoqués dans la détection des
chaleurs en utilisant le verrat, on souligne ceux-ci :
1. Il est important d'utiliser des verrats sexuellement motivés pour faire ce travail.
Nous avons besoin d'animaux qui ont plus de 9 mois d'âge, dans le cas contraire ils sont
trop immatures.
2. L'environnement dans lequel ce travail est réalisé doit être confortable et familier
pour le verrat en essayant d'éviter de hautes températures, des sols glissants et un
comportement agressif de la part de l'éleveur.
3. On ne doit pas être pressé quand on utilise le verrat, on doit lui laisser suffisamment
de temps pour qu'il fasse son travail.
4. Ne pas laisser plus de 15-30 secondes de monte violente, cela peut être négatif pour
la truie.
5. Surveiller le travail pour éviter des problèmes, être patient et « aimable ».
6. Si on rencontre une truie « douteuse », vérifier 2 heures après avec un autre verrat.
On dénomme aussi cette méthode réflexe d’immobilité (ou test de chevauchement) puisque
ce que l’on cherche c'est de voir précisément que la truie reste immobile.
En présence du verrat, les truies peuvent aussi manifester les chaleurs quand on leur
applique une pression sur le dos.
Avec cette technique, ce que l’on prétend faire est de "simuler" le travail que ferait le mâle.
On peut faire cette pression ou bien avec les deux mains ou bien en s’asseyant dessus
1. Placer le verrat devant la truie : Garantir un contact tête à tête. Lorsque le mâle se
déplace dans le couloir il est important de pouvoir avoir un système de contrôle du
mouvement de ce mâle (portes, cages coulissantes, etc..).
3. Utiliser des verrats adultes à forte odeur et avec une motivation sexuelle.
5. Frotter les flancs ; faire une pression sur le dos ; s’asseoir sur le dos.
1-1-1/ La vulve
La vulve est triangulaire et se compose de deux lèvres épaisses réunies en une commissure
inferieure très étroite où se loge le clitoris.
1-1-2/ Le vagin
Long d’environ 20 centimètres, le vagin est un canal musculo-membraneux localisé entre la
vulve et le col de l’utérus. Le vagin a des parois épaisses qui s’amincissent dans sa partie
caudale située près de l’utérus. Le vestibule du vagin comprend le méat urinaire qui
constitue l’issue de l’urètre.
1-1-3/ L’utérus
L’utérus comporte deux cornes qui décrivent de nombreuses flexuosités. L'appareil génital de
la truie se distingue de celui des autres espèces de bestiaux par les longues cornes utérines
circonvolutionnaires (d'une taille de 700 à 800 mm) destinées à accueillir de nombreux fœtus.
La paroi de l’utérus évolue en fonction de l’état physiologique de la truie. L’entrée de
l’utérus s’appelle le col de l’utérus ou le cervix. C’est à cet endroit que vient se loger
l’extrémité de la verge du verrat ou de la sonde d’insémination. Chez le porc, le dépôt du
sperme est donc intra-utérin. Les fleurs épanouies embrassent le corps étranger en se
contractant, le temps de réaliser l’insémination.
B
Appareil génital de la truie, à l’intérieur du corps (A) et isolé du corps (B)
1-2/ Appareil génital du verrat
Cet appareil comprend les testicules, les canaux déférents, l’urètre, le pénis et les glandes
annexes.
1-2-3/ L’urètre
Les deux canaux déférents se connectent et se fondent dans un seul tube appelé urètre pelvien
au niveau du col de la vessie. L'urètre continue vers l'avant et traverse le centre du pénis où il
est connu comme l'urètre du pénis.
L'urètre assure le transport du sperme et de l'urine. L'urine pénètre dans l'urètre par relaxation
d'un muscle appelé sphincter vésical sous contrôle volontaire. La relaxation de ce muscle est
bloquée pendant l'éjaculation par le système nerveux afin d'empêcher l'urine d'entrer dans le
sperme.
1-2-4/ Le pénis
Le pénis contient l'urètre pénien et constitue un passage commun pour le sperme et l'urine. Le
pénis du verrat est composé d’un tissu conjonctif assez développé et d'un tissu érectile limité.
En cas de stimulation sexuelle, il présente une augmentation limitée de sa longueur et de sa
largeur. Cependant, le pénis de verrat lorsqu'il est étendu est assez long. En effet, lorsque le
verrat n'est pas stimulé sexuellement, le pénis présente une courbure en S grâce à un muscle
rétracteur situé dans sa partie ventrale et relié à sa racine. Une telle configuration confère au
pénis une forme sigmoïde (flexure sigmoïde, comme chez le taureau et le bélier).
Une fois que le verrat est excité, la stimulation neurale provoque le relâchement du muscle
rétracteur et le pénis se déploie. Ainsi, il peut sortir du corps par l'ouverture préputiale. Une
caractéristique unique du verrat est la présence d'une poche préputiale ou d'un diverticule.
Cette poche est située juste au-dessus du prépuce et accumule de l'urine et des cellules mortes.
Ce liquide peut devenir assez odorant et contaminer l'éjaculat. Il faut donc le vider en massant
manuellement la poche avant l'éjaculation.
L'extension du pénis du verrat provoque une tension dans les tissus fibro-élastiques et
provoque la torsion de son extrémité libre pour former une forme de tire-bouchon (forme
spiroïdale). Cette forme correspond parfaitement aux coussinets situés à l'intérieur du col de
l'utérus. Lors de l'érection et de l'intromission du pénis dans le col de l'utérus, le verrouillage
du pénis dans les coussinets cervicaux est associé à une pression. Ce stimulus de pression est
nécessaire pour induire le réflexe d'éjaculation chez le verrat.
1-2-5-2/ La prostate
La prostate est assez peu développée chez le verrat et se trouve en position crâniale par
rapport aux vésicules séminales. Elle est constituée d’une partie compacte, appelée corps de la
prostate et d’une partie disséminée dans la paroi de l’urètre pelvienne.
La prostate est une glande bien irriguée et compacte, dont il est difficile de récolter les
sécrétions qui constituent 30 à 60% du volume total de l’éjaculat et qui sont riches en calcium,
zinc, substances tampons, amines bactériostatiques ainsi qu’en stéroïdes chez le verrat. La
sécrétion prostatique a comme rôle de neutraliser le plasma séminal rendu acide par une
accumulation de bicarbonates et de lactates et d’initier les mouvements actifs des
spermatozoïdes éjaculés.
A
B
Appareil génital du verrat, à l’intérieur du corps (A) et isolé du corps (B)
3. Déplacer la truie vers le local de saillie ou s'il n'en existe pas, vers le local du mâle
Il est important de donner les meilleures conditions au mâle et d'éviter les situations
d’insoumission. De plus, il est préférable de disposer d'une cour spéciale pour la saillie, qui
doit être spacieuse, sans obstacles, non glissante, avec une bonne température et une
ventilation.
Local de saillie
4. S'assurer que le mâle adopte une position adaptée pour monter sur la truie avec
facilité.
S'il ne le fait pas, l'aider ou le faire descendre pour qu'il essaie encore une fois. Des verrats
inexpérimentés essaieront parfois de monter la truie par devant et cela fatiguera non
seulement la truie, mais aussi le verrat.
On essaiera de ne pas surutiliser, ni sous-utiliser les verrats ; le bon rythme devrait être:
Le contrôle de la fertilité est une pratique peu habituelle dans une monte naturelle, mais il
faudrait le faire (on exigera un minimum de 80% de réussite).
2-3/ Qu'est-ce qui est le mieux : utiliser un seul verrat pour réaliser une saillie ou bien
utiliser deux verrats différents ?
En principe il semble que ce soit mieux d'utiliser différents verrats car ils donnent un plus
grand nombre de porcelets nés et un plus grand taux de mises-bas. Par contre, quand il y a un
problème de fertilité, il est préférable d'utiliser un seul verrat et ainsi vérifier que le problème
découle ou ne découle pas de l'un des verrats qui font les saillies.
3/ Insémination artificielle
Le terme insémination vient du latin « inseminare » qui signifie semer dans, répandre dans,
féconder.
L’insémination artificielle est une technique de procréation consistant à placer du sperme dans
l’utérus sans qu’il y ait accouplement au moyen d’instruments appropriés.
Le fait de parler d'insémination artificielle ne veut pas dire qu'il ne faut pas rapprocher la
technique à celle de la monte naturelle. Il est fréquent de voir à plusieurs occasions comment
elle est mise en place plus rapidement sans tenir compte du rôle du mâle.
• Hygiène de tout ce qui touche l'insémination, y compris le sol derrière la truie et la truie elle-
même. Afin de ne pas introduire d’agent pathogène dans les organes de reproduction, il faut
désinfecter la vulve à l’aide d’une solution désinfectante en tirant sur la pointe de la lèvre
inférieure puis faire sécher la vulve en essuyant cette solution.
• Introduire la sonde avec un angle de 45° vers le haut (on évitera ainsi l'introduction dans
l'urètre).
Inclinaison de la sonde
• Si la sonde est de type "melrose" (en spirale), il faut tourner dans le sens contraire des
aiguilles d'une montre jusqu'à ce qu'elle reste bloquée. Si elle est de type “champignon“
on doit exercer une légère pression. Dans les deux cas on doit s'assurer que la sonde soit
"bloquée" et qu'elle ne revienne pas en arrière.
•Il reste à brancher le récipient contenant la dose sur le raccord de la sonde et à pincer la
pointe de la vulve et la sonde d’une seule main en tirant doucement d’avant en arrière
pour bien positionner la sonde dans le cervix et pour que l’embout de la sonde épouse les
fleurs épanouies.
•Il faut être patient et prendre le temps de faire l'insémination. Il faut un minimum de
trois minutes (idéal 5) pour introduire la semence. Bien qu'il existe des systèmes par
lesquels la truie est "auto-inséminée" on laissera la sonde 3 minutes minimum. Il ne faut
jamais exercer de pression manuelle supplémentaire sur le flacon, cela n’entraînerait que
davantage de reflux.
3. Nettoyer la vulve.
5. Lubrifier le cathéter
7. Presser la canule
Les porcelets tètent toutes les heures et absorbent entre 20 et 30 g de lait à chaque fois, soit un
litre par jour. Heureusement, la truie est une bonne laitière, capable de produire jusqu’à 12
litres ou plus de lait par jour. C’est après 26 ou 28 jours de ce régime que les porcelets sont
séparés de leur mère. C’est ce que l’on appelle le sevrage.
À la naissance, le porcelet pèse entre 1 et 1,5 kg. Au sevrage, à 4 semaines, il atteint 8 kg. À
12 semaines, son poids avoisine les 30 kg. À 6 mois, il affiche de 90 à 110 kg sur la balance.
ECUE 2 : TECHNIQUES DE PRODUCTION
DES POLYGASTRIQUES
I-ANATOMIE DU TUBE DIGESTIF ET PHYSIOLOGIE DE LA DIGESTION
I-1/ ANATOMIE
Les ruminants (bovins, ovins, caprins, buffles) sont capables d'utiliser la biomasse
cellulosique et des formes simples d'azote grâce à leur tube digestif qui a la particularité de
posséder trois compartiments appelés "pré-estomacs", placés en avant de la caillette, laquelle
est l'équivalent de l'estomac du monogastrique (fig. 1 a et b). Leur contenu représente 70 à
75% du contenu total du tube digestif.
MONOGASTRIQUE (PORC)
RUMINANTS (BOVINS)
Figure 1a: Représentation schématique du tractus digestif d'un ruminant comparé à celui
d'un monogastrique.
Figure 1b : Représentation schématique du rumen et du réseau dans un plan vertical. Les
flèches indiquent les mouvements du contenu.
Le rumen (ou panse) est de loin le plus volumineux des pré-estomacs (environ 100 litres chez
un bovin adulte pesant de 500 à 600 kg) ; il représente plus de 90% de leur volume total. Les
autres pré-estomacs sont le réseau (ou bonnet) et le feuillet. L'ensemble rumen et réseau,
souvent assimilé au rumen (reticulo-rumen), présente toutes les caractéristiques essentielles
d'un "fermenteur". Les conditions ambiantes sont définies par :
- un apport régulier de nutriments fournis à la fois par l'ingestion des aliments et par la
rumination (ainsi que par le recyclage de l'urée),
- des champignons anaérobies, plus fréquents chez les ruminants tropicaux, (ils sont au
nombre de 103/ml de contenu de rumen) que les ruminants tempérés.
1. Préestomacs
Ensemble, les deux premiers sacs (rumen et réseau) représentent une bonne moitié du volume
du tube digestif. Ils ne sont séparés que par un repli de la paroi, sans orifice particulier pour
réunir les deux organes. Toutefois, le rumen et le réseau ont des parois d'aspects
considérablement différents. Les aliments apportés par l'œsophage pénètrent dans le rumen en
un point proche de la jonction rumen-réseau. Ainsi, des « corps étrangers » tels que des
pierres ou des ongles tombent souvent au fond du réseau. Les aliments en cours de digestion
(digeste ou chyle) circulent librement entre le rumen et le réseau, raison pour laquelle on
considère souvent qu'ils ne sont que deux éléments d'un seul gros organe, le réticulo-
rumen. Une série de piliers musculaires traversant le rumen soumet celui-ci à des
contractions ; leur mouvement rythmé provoque la contraction puis le relâchement du rumen
entier, qui réalise ainsi un brassage complet des aliments.
Les digesta quittent ensuite le réticulo-rumen par un passage étroit, l’orifice réticulo-
omasal et pénètrent dans un troisième sac, le feuillet. Un des rôles importants de ce sac est
l'absorption massive de l'eau contenue dans les digesta.
Les aliments ingérés par les ruminants sont d'abord mastiqués, de manière à réduire la
dimension des particules alimentaires et à les mélanger à un flot de salive. Ils sont avalés et
empruntent l'œsophage pour rejoindre la masse de chyme déjà présente dans le rumen. Le
volume des aliments contenus dans le réticulo-rumen est relativement variable et dépend de la
ration alimentaire de l'animal. Pour une ration très lignifiée, le contenu de l'appareil digestif,
situé principalement dans le rumen, peut représenter près de 20 % du poids corporel d'un
bovin ; ce chiffre peut tomber à 12 % chez les animaux recevant une ration essentiellement
composée de céréales.
Le contenu du rumen n'est pas de consistance uniforme : celui du sac ventral est plutôt liquide
tandis que le sac dorsal qui est au-dessus du précédent est rempli d'une masse de matières
solides, principalement lignifiées. Le ruminant peut régurgiter ces matières pour une nouvelle
mastication, ce qui explique pourquoi on voit fréquemment des vaches en train de mastiquer,
sans bouger, dans les pâturages. On a estimé que chaque particule de matière sèche ingérée est
régurgitée deux fois pour être à nouveau mastiquée.
La mastication rompt les fibres alimentaires et les rend attaquables par les microorganismes
du rumen et du réseau. Les premiers à attaquer les matières solides des aliments sont les
champignons. Leurs zoospores se fixent sur les particules et commencent à germer et à
produire du mycélium capable d'infiltrer la structure fibreuse des fourrages ; les champignons
sécrètent en outre des enzymes qui dégradent les fibres voisines. L'invasion des champignons
réduit la résistance des particules alimentaires et permet aux bactéries et aux protozoaires
d'intervenir à leur tour.
La part la plus importante des matières pénétrant dans le rumen est composée de glucides de
différentes sortes, la majorité étant probablement des glucides tels que la cellulose. Certaines
rations, notamment celles à forte teneur en céréales, peuvent contenir des quantités non
négligeables de polysaccharides de plusieurs glucoses, comme l'amidon. Si les quantités
d'amidon sont importantes, une partie peut échapper à l'action des microbes du rumen et se
diriger sous une forme non modifiée vers la caillette, où elle sera digérée.
Lors de l'ingestion alimentaire, les animaux avalent certes de l'air, mais en quantité si faible
que tout l'oxygène qui pénètre ainsi dans l'organisme est rapidement éliminé, par conséquent,
les conditions qui règnent dans le rumen sont essentiellement anaérobies (dépourvues
d'oxygène). Par contre, à l'intérieur des cellules de l'organisme, les processus métaboliques
sont en grande partie aérobies (dépendants de l'oxygène). Des substances telles que le glucose
ne se dégradent qu'en présence d'oxygène, dégradation qui produit de l'énergie. Les produits
terminaux sont du gaz carbonique, de l'hydrogène et de l'eau. Les quantités d'énergie ainsi
dégagées sont considérables. Les microorganismes vivant dans le rumen ne bénéficient pas
d'un tel apport d'oxygène et doivent donc faire appel à d'autres procédés pour « extraire »
l'énergie qui leur est nécessaire. Ils survivent en utilisant la faible quantité d'énergie libérée au
cours de l'oxydation partielle des aliments. L'oxydation totale d'un kg de glucose en gaz
carbonique et en eau produit environ 16 MJ d'énergie ; l'oxydation partielle de la même
quantité dans des conditions anaérobies n'en produit qu'un sixième. Près de la moitié des
matières qui subsistent après cette dégradation partielle sont assimilables par l'appareil
digestif et peuvent être utilisées par le ruminant.
Que les conditions soient aérobies ou non, le premier stade de l'oxydation du glucose est la
production d'acide pyruvique (pyruvate). Cette oxydation libère de l'énergie pour les
microorganismes et produit quatre atomes d'hydrogène. Dans les conditions anaérobies du
rumen, le pyruvate peut alors subir diverses oxydations, dont les trois principales produisent
chacune un acide gras volatil (A.G.V.) différent.
Les acides gras produits en plus grand nombre dans le rumen sont l'acide acétique,
propionique et butyrique, qui sont les principaux produits de la dégradation des glucides. Les
acides gras valériques, isovalérique et isobutyrique, qui sont composés d'une longue chaîne
ramifiée, sont produits en plus petites quantités. Ces derniers sont le résultat de la dégradation
des acides aminés produite par le métabolisme microbien des protéines.
Les acides gras volatils sont absorbés au travers de la paroi ruminale dans une proportion
presque identique à celle dans laquelle ils sont produits.
La synthèse de plusieurs acides gras volatils entraîne une production d'hydrogène. Cet
hydrogène pénètre en partie dans le capuchon gazeux du sac dorsal du rumen, mais il est
soumis en grande partie à une réaction chimique à l'intérieur de bactéries méthanogènes, qui
le transforment en méthane.
CO2 + H 2 : CH 4 + 2H 2O + énergie
La production de méthane est importante; près de 8 % de l'énergie brute d'un aliment est
perdue sous cette forme. Les gaz occupent un volume beaucoup plus important que le poids
correspondant de solides, de sorte que chez un bovin, la production de méthane peut
représenter plusieurs centaines de litres par jour. Le méthane ainsi produit et le gaz
carbonique doivent donc être évacués, c'est le processus d'éructation. Si l'organisme est
incapable d'éructer la totalité des gaz produits, le rumen gonfle, ce qui provoque la maladie
appelée météorisation. L'issue peut être fatale si le gonflement n'est pas traité.
Les microbes du rumen sont bénéfiques pour leur hôte en termes de nutrition protéique. Chez
les non-ruminants, la quasi-totalité des besoins en azote doivent être satisfaits par un apport de
protéines brutes. Sur le plan pratique, celles-ci constituent généralement la part la plus
coûteuse de la ration alimentaire. Les microorganismes nécessitent également des protéines
pour leur propre croissance, mais, différence non négligeable, ils sont capables de produire
leurs propres acides aminés au départ de substances azotées très simples et probablement
moins onéreuses. Ce n'est pas tant le fait que les microbes utilisent les constituants azotés
lorsqu'il n'y a aucun apport de protéines ; ils sont pour la plupart incapables d'utiliser les
protéines brutes et dépensent énormément d'énergie à les dégrader en constituants simples (et
moins coûteux !).
La vitesse de synthèse des protéines par les microorganismes du rumen dépend de la vitesse à
laquelle les microbes du rumen métabolisent les particules alimentaires. Même si ce
métabolisme est très rapide, la vitesse de synthèse des protéines est souvent insuffisante pour
satisfaire la totalité des besoins de l'organisme en acides aminés, en particulier en période de
lactation ou de croissance rapide. La seule autre source d'acides aminés est l'apport de
protéines dans la ration, mais celles-ci sont en majorité dégradées en constituants simples, tels
que l'ammoniac et l'urée, dans le rumen.
Tous les constituants azotés simples présents dans le rumen sont finalement transformés en
ammoniac, qui est la principale matière première des microbes fabriquant des acides aminés à
partir de sources azotées simples. Si la ration apporte trop peu d'azote, protéique ou non, les
microbes ne disposent pas d'une quantité suffisante d'ammoniac, matière première de la
synthèse protéique. La flore microbienne ne peut guère se développer ni dégrader les
protéines ou les glucides. L'analyse de la concentration ammoniacale du liquide du rumen est
un moyen de déterminer si la teneur en protéines est suffisante dans la ration des animaux. Si
la concentration est inférieure à environ 100 mg/litre, il est presque certain que la ration est
déficiente en constituants azotés.
Étant donné le coût des protéines alimentaires, il est peu rentable de les fournir telles quelles
pour qu'elles soient ensuite détruites en constituants qui pourraient être apportés à un coût
nettement inférieur par des sources alternatives. Si l'on se base, par exemple, sur les prix du
marché mondial, le coût de l'azote fourni sous la forme de farine de poisson blanc est
généralement plus de cinquante fois supérieur à celui de l'azote contenu dans l'urée. De petites
quantités d'urée peuvent être apportées aux ruminants, ne fût-ce que pour combler une partie
des besoins azotés. Si le fourrage est traité à l'urée, il est absolument essentiel de ne pas en
donner à d'autres catégories de bétail ; chez les non-ruminants, comme le cochon, voire les
herbivores, comme le cheval, l'urée est extrêmement toxique.
Une partie des protéines qui pénètrent dans le rumen échappe à l'action dégradante des
microbes et passe avec le chyle dans la caillette. De ces protéines, une partie passe à nouveau
sans être dégradée, ni dans la caillette ni dans le duodénum, et est excrétée dans les fèces sous
une forme presque intacte. La part de protéines non dégradées dans le rumen, mais digestibles
dans l'estomac joue un rôle extrêmement important ; on lui a donné différents noms :
protéines non dégradables dans le rumen, « by-pass proteins » ou encore, les « by-pass ».
Toutes ces appellations se valent, mais par souci de cohérence, nous utilisons l'expression «
protéines réellement digestibles dans l'intestin » (PDI).
Si l'organisme est soumis à un taux élevé de production, soit en raison d'une croissance rapide
ou d'une production laitière élevée, la synthèse de protéines microbiennes ne suffit pas à
satisfaire les besoins de l'animal. Dans ce cas, l'apport de PDI est essentiel pour assurer la
production d'une quantité suffisante d'acides aminés.
L'autre fraction de protéines alimentaires est appelée protéines dégradables dans le rumen,
et représente celles qui sont dégradées par la flore microbienne du rumen.
Protéines alimentaires
Dégradabilité des protéines = protéines dégradables dans le rumen/ Matières azotées totales
(protéines brutes)
Aliment Dégradabilité
Foin de graminées 0,9
Gluten de blé 0,8
Tourteau de soja 0,6
Farine de poisson 0,4
Farine de sang 0,3
Les protéines dégradables dans le rumen sont transformées en acides aminés simples, en
ammoniac et en urée. Ces constituants azotés simples s'ajoutent aux autres, tels que l'urée, qui
ont été ingérés tels quels ; ensemble, ils représentent la fraction d'azote dégradable dans le
rumen. Cette fraction est calculée en convertissant en valeur azotée la fraction des protéines
dégradables dans le rumen, en divisant celle-ci par 6,25 et en y ajoutant la quantité d'azote
non protéique (ANP) ingérée par l'animal.
La flore microbienne du rumen est capable de synthétiser des acides aminés à partir de
sources azotées simples et de petites molécules contenant du carbone. Deux acides aminés, à
savoir la méthionine et la cystéine, contiennent également du soufre. Le premier est un acide
aminé essentiel et joue un rôle tout aussi important dans la digestion des ruminants que dans
celle des monogastriques. Certains microbes du rumen peuvent les synthétiser, mais
uniquement en présence suffisante de soufre. En règle générale, l'apport de soufre doit
représenter entre un onzième et un quinzième de l'apport d'azote dégradable dans le rumen.
Une partie du soufre est présente sous la forme de constituants organiques et une autre peut
être administrée sous la forme de sels, tels que le sulfate de sodium.
La nutrition lipidique des ruminants est quelque peu différente de celle des monogastriques,
car la flore microbienne du rumen peut dégrader ou modifier les graisses alimentaires ou
synthétiser elle-même de nouveaux lipides au départ de constituants simples.
Les lipides présents dans la ration alimentaire normale des ruminants ont une composition
légèrement différente de ceux apportés aux non-ruminants. Les substances contenues dans des
aliments tels que les céréales, les oléagineux ou les produits animaux sont essentiellement des
triglycérides, alors que les graminées contiennent principalement des galactolipides. En
réalité, le type de lipides présents dans la ration a peu d'importance, car ils subissent presque
tous une hydrolyse ruminale rapide qui produit deux constituants séparés : les substances
solubles dans l'eau et à fermentation rapide, comme le glycérol et les sucres, et celles
insolubles dans l'eau, c'est-à-dire les acides gras.
Les acides gras de la ration sont généralement un mélange d'acides saturés et insaturés. Si les
lipides sont en grande partie d'origine végétale, la majorité des acides gras sera probablement
insaturée ; les lipides d'origine animale contiennent souvent une plus grande proportion
d'acides saturés. Le rumen étant un milieu anaérobie, les réactions fermentatives produisent
presque toutes de l'hydrogène. Une partie sera « piégée » et évacuée sous la forme de méthane
tandis que l'autre réagira avec les acides insaturés. À chaque fois qu'il existe une « double »
liaison carbone-carbone, un acide gras insaturé possède deux atomes d'hydrogène de moins
que son correspondant saturé. Les microbes contiennent des enzymes capables d'attacher des
atomes d'hydrogène « de réserve » à la chaîne carbonée des acides gras insaturés. Au cours de
ce processus, les doubles liaisons deviennent des liaisons simples et les acides insaturés se
transforment en acides saturés correspondants. La proportion d'acides saturés augmente donc
fortement par rapport à la quantité apportée par les aliments. En fin de compte, le ruminant
utilise les lipides comme source d'énergie, il les synthétise de ses propres amas graisseux ou
les sécrète dans le lait. Le processus de l'hydrogénation explique pourquoi une grande part des
acides gras contenus dans la graisse tissulaire ou dans le lait des ruminants sont saturés
(aucune liaison double) ou monoinsaturés (une seule liaison double).
Les graisses ont une teneur en énergie brute beaucoup plus élevée que tout autre constituant
de la ration et la tentation peut être grande de les introduire en quantités élevées dans les
rations destinées aux ruminants, uniquement dans le but d'accroître l'ingestion journalière
d'énergie. Malheureusement, il s'agit d'une mauvaise technique, car la présence de grandes
quantités d'acides gras dans le rumen peut nuire fortement à la capacité de la flore
microbienne de dégrader d'autres constituants alimentaires. En général, on estime qu'une
teneur en graisses supérieure à 5 % entraîne une diminution de l'aptitude de l'animal à utiliser
les fibres alimentaires.
La vitesse de transit dans le rumen détermine en grande partie l'ingestion alimentaire. Si les
aliments sont dégradés lentement dans le rumen, ils s'y accumulent et empêchent de
poursuivre l'ingestion. En outre, si la dégradation est très lente, il se produit un ralentissement
proportionnel de la production d'acides gras volatils qui constituent la principale source
d'énergie de l'organisme.
Dans l'ensemble, les besoins des microbes sont relativement simples et se résument à un
apport suffisant d'azote et de soufre, et à une abondance de substances à dégrader pour
produire de l'énergie. Si la ration de l'animal est de très mauvaise qualité, elle n'apportera
probablement pas assez d'azote ni de substances énergétiques pour combler les besoins des
microorganismes. Une carence de ces éléments essentiels signifie que les microbes ne
pourront dégrader les substances disponibles qu'à un rythme ralenti, aggravant encore
davantage le déficit nutritionnel. La règle générale est de veiller à entretenir les conditions
ruminales qui permette aux microbes de prospérer, mais également de dégrader les parties les
plus pauvres (et les moins coûteuses) de la ration.
Dès leur arrivée dans la caillette du ruminant adulte, les digesta subissent une série de
transformations identiques à celles qui ont lieu chez le jeune ruminant et chez tous les autres
mammifères.
La ration des jeunes ruminants est très différente de celle des adultes et leur système digestif y
est adapté. Par exemple, il produit de grandes quantités d'une enzyme appelée rénine, qui
attaque les principales protéines du lait. La caséine, qui est la plus abondante d'entre elles,
coagule sous l'effet combiné des conditions acides et de la rénine, de sorte que son passage
dans le tube digestif est ralenti.
De la caillette, les aliments partiellement digérés passent dans l'intestin grêle, où les
conditions sont alcalines et où toute une série d'autres enzymes entrent en action.
Chez le jeune ruminant, c'est dans l'intestin grêle que se situe la phase principale de
l'assimilation de la nourriture. Chez l'adulte, il est le lieu de dégradation finale des protéines et
des lipides, ainsi que de l'amidon et d'autres constituants similaires qui ont échappé aux
attaques de la flore ruminale.
- le pancréas ;
Le pancréas est un organe qui exerce deux types de fonctions. D'une part, il produit des
hormones qui sont en grande partie responsables de la régulation du métabolisme de
l'organisme ; d'autre part, il produit une sécrétion liquide (suc pancréatique) qui contient une
série de substances essentielles à la digestion. La glande est directement reliée à l'intestin
grêle par un petit canal (canal pancréatique).
Les digesta quittant l'estomac ont un pH très faible ; pour que le processus de la digestion
puisse se poursuivre, cette acidité doit être neutralisée. C'est essentiellement le rôle du suc
pancréatique, qui contient une forte concentration de bicarbonate.
Avant d'être absorbés dans le sang au travers de la muqueuse intestinale, la majorité des
glucides doivent être réduits aux sucres simples qui les constituent (monosaccharides). Le
tube digestif produit des enzymes qui ne peuvent hydrolyser que les glucides comme l'amidon
et le glycogène. La ration de la majorité des ruminants contient généralement une faible
quantité de polysaccharides d'±glucose et, si le rumen est actif, ils seront rapidement dégradés
par les microorganismes. Chez l'animal qui ingère des doses élevées d'amidon, une fraction
considérable des glucides pénètre toutefois dans l'intestin grêle. C'est notamment le cas de la
vache laitière à haut rendement qui consomme de grandes quantités de graines de maïs. Étant
donné la faible capacité de fermentation des jeunes ruminants, la proportion d'amidon à
digérer dans l'intestin grêle peut être élevée. Le catalyseur essentiel de cette hydrolyse est une
amylase produite par le pancréas ; cette réaction produit du maltose et de petites chaînes de
sucres, les dextrines. Les glucides subissent une dégradation supplémentaire par les enzymes
produites par la muqueuse de l'intestin grêle ; le maltose et les dextrines sont alors hydrolysés
en glucose. Quelques disaccharides simples, notamment le lactose et le saccharose, sont
hydrolysés en leurs constituants par des enzymes spécifiques.
Toutes les protéines animales sont synthétisées à partir des acides aminés qui les composent.
Pour alimenter le processus en matières premières, les protéines passant dans le tube digestif
sont dégradées en acides aminés simples avant d'être absorbées. Il se produit une certaine
dégradation des protéines sous l'action de la pepsine et de la rénine dans la caillette, mais elle
produit davantage des polypeptides, des chaînes d'acides aminés, que des substances
absorbables. La pepsine semble jouer un rôle « modérateur » sur les protéines prêtes à
attaquer les enzymes dans l'intestin grêle.
Une série d'enzymes protéolytiques (qui attaquent les protéines) sont présentes dans l'intestin
grêle. En général, chaque type d'enzyme hydrolyse une liaison peptidique particulière et une
grande quantité d'enzymes sont nécessaires pour produire les acides aminés correspondant à
une protéine donnée. Certains aliments produisent des protéines capables d'inhiber de manière
spécifique des enzymes protéolytiques isolées ; ingérés à l'état cru, ils peuvent provoquer des
troubles digestifs en réduisant le rythme de dégradation des protéines dans l'intestin grêle. Les
germes de soja crus contenant la trypsine, un inhibiteur, en sont un exemple. Il est donc
conseillé de soumettre les germes de soja à un traitement par la chaleur chaque fois qu'ils
entrent dans la nourriture des animaux, ceci afin d'inactives l'inhibiteur.
Chez le ruminant, les protéines proviennent de deux sources : la première est alimentaire, la
seconde est liée aux microbes qui quittent le rumen. Quelle que soit leur origine, les protéines
ne sont utiles à l'organisme que si elles sont dégradées en acides aminés dans l'intestin. Lors
du calcul de la quantité de protéines réellement apportées par la ration et par la flore
microbienne, il ne faut pas oublier qu'une partie de chacune de ces fractions ne sera pas
digérée dans l'intestin grêle et sera excrétée de manière presque intacte dans les fèces.
Les lipides posent de sérieux problèmes à l'organisme étant donné qu'ils ne sont pas
directement solubles dans l'eau. Ce problème est résolu de la même manière qu'on lave des
vêtements tachés de graisse ou des assiettes sales. Si les lipides ne se dissolvent pas dans
l'eau, on peut néanmoins les disperser en minuscules gouttelettes de manière à ce qu'elles
couvrent la plus grande surface possible. Pour la vaisselle, on se sert de détergents. Les
graisses sont vigoureusement mélangées à des substances chimiques dont les molécules sont
divisées en deux parties : la première interagit avec les graisses et la deuxième se mélange à
l'eau. En agitant le mélange, il se forme de fines gouttelettes entourées d'une couche de
molécules de détergent, toutes orientées de manière à ce que leur « queue » non polaire
pénètre dans la gouttelette de graisse et que la « tête » polaire émerge dans l'eau. Les
détergents naturels (sels biliaires) produits par l'appareil digestif sont extrêmement puissants,
ce qui est indispensable étant donné qu'ils agissent à la température corporelle. Ils sont
synthétisés par le foie et sont stockés dans la vésicule biliaire qui les libère dans l'intestin
grêle selon les besoins.
Les micelles, c'est-à-dire ces petites gouttes de graisse entourées d'une couche de molécules
de détergent, ont un diamètre moyen d'approximativement 10 nanomètres. L'augmentation de
surface est énorme : si une tache de graisse de 1 cm de diamètre éclate en micelles, sa surface
est multipliée par un facteur proche de 670000. Les enzymes appelées lipases hydrolysent les
triglycérides en acides gras libres, en glycérol et en monoglycérides. Ces produits sont
absorbés au travers de l'épithélium intestinal et traversent ensuite le système lymphatique pour
aboutir dans le foie.
Le rôle de ces organes varie d'une espèce à l'autre ; chez certains herbivores non ruminants
tels que le cheval et le lapin, le caecum est le lieu principal de fermentation des particules
alimentaires qui ne peuvent être dégradées par les enzymes digestives de l'organisme. Chez la
plupart des espèces, le gros intestin est le lieu d'une activité intense de fermentation. Il fait
également office de lieu d'entreposage des déchets jusqu'à ce que ceux-ci soient excrétés sous
la forme de fèces. La plupart des animaux survivent à l'ablation chirurgicale du gros intestin.
La quantité de matières absorbées au travers des parois de cette partie du tube digestif est en
effet très réduite. L'organe joue probablement un rôle dans la synthèse de certains constituants
tels que des vitamines utilisées en quantités infimes, mais qui n'en sont pas moins essentielles
à la vie et à la santé.
PLEINES CHALEURS
• Meugle ;
• Confronte d’autres vaches latéralement ou en tête à tête;
• Tourne en rond; essaye de reposer son museau sur le dos des autres vaches; Ceci peut être
suivi ou non par une tentative de monte;
Figure 1 : Une vache qui ne s’esquive pas lorsqu’elle est chevauchée par une
autre vache est en chaleur (la vache à droite dans cette photo).
SIGNES INCIDENTELS
Les vaches montrent leurs signes de chaleurs principalement pendant la nuit. Dans les grands
élevages, plus d’une vache peut venir en chaleur simultanément. Lorsque cela se produit, la
probabilité de détection des chaleurs augmente parce que le nombre de montes augmente
fortement. Par exemple, deux vaches en chaleur au même moment forment un “groupe
sexuellement actif”’ qui triple le nombre normal de montes par chaleurs. Par contre, certains
facteurs comme les fortes températures et humidité, le vent, la pluie, la neige, un espace
confiné, et des types de pavement qui peuvent provoquer une glissade, une chute ou le mal de
pattes tendent à réprimer l’expression des chaleurs.
La durée des chaleurs varie de 18 à 72 heures, elles peuvent durer plus longtemps en cas
d'ovulation double ou multiple et se manifestent en plus grand nombre de minuit à midi que
de midi à minuit. L'ovulation survient 24 heures après le pic de LH, juste avant la fin des
chaleurs.
Les signes extérieurs physiques démontrés par la brebis en œstrus sont relativement peu
perceptibles si on les compare à ceux de l’espèce bovine. Généralement, la vulve est
légèrement tuméfiée et laisse s’écouler une petite quantité de liquide visqueux (glaire). Le
comportement de la brebis en chaleur est modifié par la présence du bélier : elle se place à
côté de celui-ci de façon à attirer son attention, agite la queue, se laisse flairer la vulve,
s’immobilise et accepte que le bélier la chevauche.
Les chèvres en chaleur font souvent des vocalises et quelques-unes se plaignent très fort
comme si elles souffraient. Un autre signe de chaleur est le va-et-vient constant de la queue.
De plus, la vulve paraîtra gonflée et rougie, et la région autour de la queue peut être humide et
salie à cause des décharges vaginales. D'autres signes de chaleur incluent une baisse d'appétit
et une augmentation de la fréquence de miction. Les femelles en chaleur sont plus facilement
identifiables puisque le bouc reste en leur compagnie. Elles bougeront sans arrêt dans leur
parc pour trouver une façon de s'approcher du bouc ou elles se tiendront près de la clôture.
Finalement, une femelle en chaleur peut monter une autre chèvre comme si elle était un bouc
ou encore laisser une autre chèvre la monter.
II-2/ Techniques de synchronisation ou groupage des chaleurs
La synchronisation des chaleurs permet de maîtriser et d’harmoniser les cycles sexuels des
femelles. Elle se pratique essentiellement dans les troupeaux bovins laitiers. Elle facilite
l’insémination artificielle (IA) en se libérant des contraintes liées à la détection des chaleurs et
aux déplacements. Les traitements décrits ici sont donnés à titre indicatif : les hormones ne
peuvent être délivrées que sur ordonnance, suite à une consultation du vétérinaire qui saura
vous conseiller.
Le groupage des mises bas par la synchronisation des fécondations, facilite l’organisation du
travail, permet une meilleure surveillance des naissances et simplifie la gestion du troupeau de
par la constitution de lots assez homogènes.
-Réalisation des IA plus facile (un seul déplacement pour plusieurs femelles à une date
fixe et prévue).
Attention, la synchronisation des chaleurs facilite le travail de l’éleveur, mais elle n’améliore
pas la fertilité. D’ailleurs, la fertilité est légèrement inférieure chez les vaches synchronisées
par rapport à celles dont la venue en chaleur est naturelle.
-Une phase folliculaire (phase de proœstrus) caractérisée par la maturation d’un gros
follicule en croissance, qui aboutit à l’ovulation du follicule (libération de l’ovule dans les
cornes utérines, lieu de la fécondation éventuelle). L’ovulation a lieu environ 12 heures
après la fin de l’œstrus.
-Une phase lutéale (phase de metœstrus et diœstrus) : un corps jaune (tissu sécrétoire issu
de la maturation d’un follicule) s’installe dans la zone d’ovulation de l’ovaire. Après une
période de développement de 3-4 jours, il se maintient pendant une dizaine de jours, puis
régresse sous 24-48 heures en l’absence de fécondation.
Les deux phases sont séparées par l’ovulation qui survient juste après l’œstrus
- L’ovaire sécrète à son tour deux hormones (dites « stéroïdiennes ») : les œstrogènes par
les follicules et la progestérone par le corps jaune. L’hypophyse interprète un taux
d’œstrogènes bas en augmentant la sécrétion de FSH. Et inversement, un taux élevé
d’œstrogènes en présence d’un follicule pré ovulatoire déclenche un pic ovulatoire de LH
et arrête la sécrétion de FSH. La présence de progestérone indique ensuite à l’hypophyse
la présence d’un corps jaune sur l’ovaire. La sécrétion de LH n’est donc plus nécessaire et
aucun pic de LH n’est observé pendant la phase lutéale. Puis, en l’absence de gestation,
l’utérus émet des décharges d’une nouvelle hormone, la prostaglandine PgF2 alpha.
Cette hormone provoque la destruction du corps jaune (ou lutéolyse) et par conséquent
l’arrêt de la sécrétion de progestérone, ce qui signe le début d’une nouvelle croissance
folliculaire. S’il y a un début de gestation, le cycle sexuel reste bloqué par la progestérone
jusqu’au vêlage.
Les méthodes hormonales permettent de grouper les ovulations et donc les chaleurs, afin de
pouvoir inséminer toutes les vaches en une seule fois. Elles reposent sur l’utilisation
d’analogues d’hormones de la reproduction.
2) Avec la progestérone
Chez les femelles non cyclées, la progestérone (ou ses analogues) administrée de façon
continue (sous forme d’un implant sous-cutané ou d’une spirale vaginale, pendant 8 à 12
jours), permet de simuler la phase lutéale, empêchant ainsi l’apparition des chaleurs et de
l’ovulation. Le retrait de l’implant entraîne une chute brutale de son taux circulant, d’où un
pic de LH qui provoque l’ovulation. On peut associer à la progestérone de la prostaglandine
(deux jours avant le retrait de l’implant, pour faire disparaître un éventuel corps jaune) ou de
la PMSG [Pregnant Mare Serum Gonadotropin] (au moment du retrait de l’implant, pour
multiplier les ovulations). Les chaleurs apparaissent 24 h à 48 h après l’arrêt du traitement.
3) Avec la GnRH
Chez les vaches qui reviennent régulièrement en chaleur malgré 2 ou 3 IA, on utilise un
protocole à base de GnRH, qui agit en amont du dysfonctionnement hormonal. On pratique
une injection de GnRH, suivie d’une injection de PGF2a 4 jours plus tard pour provoquer une
lutéolyse complète. Les vaches viennent en chaleur 48 à 72 heures plus tard. Une deuxième
injection de GnRH quelques jours après l’insémination augmente la sécrétion de progestérone
par le corps jaune, diminuant ainsi les pertes embryonnaires.
c/ Méthodes zootechniques de synchronisation des chaleurs
Les méthodes zootechniques conviennent pour induire ou grouper les ovulations, sans
véritablement synchroniser les chaleurs.
Elles sont représentées par :
-L’effet mâle : l’introduction d’un taureau dans un troupeau de femelles qui en étaient
momentanément séparées, provoque l’ovulation des femelles, probablement en relation
avec des phéromones émises dans l’urine du mâle.
-L’effet groupe : il est obtenu par la mise en lot de vaches, qui augmente la durée des
chaleurs. La mise en lot de génisses permet d’avancer l’âge à la puberté.
Le cycle ovarien correspond à la période délimitée par deux ovulations consécutives ; le cycle
œstral est la période se situant entre deux œstrus consécutifs. Les deux termes sont souvent
confondus.
Les éponges vaginales destinées à la synchronisation des chaleurs ont été mises au point en
Australie dans les années 1960. Le dérivé de progestérone dont elles sont imbibées bloque
l’activité ovarienne, supprimant ainsi les chaleurs. La levée de cette inhibition entraîne le
redémarrage du cycle et donc l’induction des chaleurs. La gonadotrophine (PMSG) injectée
au moment du retrait de l’éponge renforce l’ovulation.
Brebis/agnelles
Chez les brebis et les agnelles, on utilise des éponges vaginales imprégnées d’une
progestagène de synthèse, l’acétate de flugestone. Les éponges sont mises en place pour une
durée de 14 jours (en saison sexuelle) ou de 12 jours (en contre-saison pour les brebis).
Le jour du retrait de l’éponge, on pratique une injection par voie intramusculaire de PMSG.
Le protocole est adapté au métabolisme des caprins, nettement plus actif que celui des ovins.
La dose de progestagènes incorporée dans les éponges est supérieure ; la durée de pose est
également supérieure (17 à 21 jours). De même, les doses de PMSG à injecter au moment du
retrait de l’éponge sont différentes.
La chèvre peut être saillie dès qu’elle accepte l’accouplement, soit 36 à 48 heures après le
retrait de l’éponge (1 bouc pour 5 chèvres). Une 2ème saillie sera pratiquée 12 heures après la
1ère.
En cas d’insémination artificielle, elle sera pratiquée 43 heures après le retrait de l’éponge
L’utilisation d’un implant de mélatonine sur les femelles n’est pas à proprement parler un
traitement de synchronisation de l'œstrus. Elle permet cependant d’avancer la saison sexuelle
de 1 mois ½ - 2 mois, d’où un effet de regroupement des agnelages.
La mélatonine est une hormone produite par la glande pinéale (au niveau du cerveau) pendant
la nuit, qui informe l'organisme des variations de la longueur des jours. Chez les petits
ruminants, l'allongement des nuits entraîne une augmentation de la sécrétion de mélatonine, à
l'origine du déclenchement de l'activité sexuelle. L’implant de mélatonine mime cet effet, en
libérant progressivement la mélatonine pendant 3 à 4 mois, à des taux comparables à ceux
observés pendant la phase de sécrétion nocturne. L’implant se place sous la peau,
généralement à l’oreille.
-Traitement sans synchronisation (lutte naturelle) : le ou les bélier(s) sont mis en présence des
femelles 45 à 50 jours après la pose de l’implant sur celles- ci. L'activité sexuelle commence
généralement après un délai de 3 à 10 jours. L'introduction de béliers vasectomisés pendant
les 14 premiers jours permet d'obtenir une période d'agnelage plus brève. Le pic d'activité
sexuelle se produit environ 10 à 30 jours après l'introduction des béliers.
« L’effet bélier »
Il est bien connu, depuis le milieu des années 1940, que l'introduction d'un bélier dans un
troupeau de brebis en anœstrus permet de déclencher l'apparition des chaleurs et l'ovulation.
C'est ce qu'on appelle l'effet bélier. Deux périodes d’activité sexuelle intense se produisent
autour des 18 et 24 jours suivant l’introduction des béliers. La période d’accouplements des
brebis se trouve ainsi regroupée sur environ 10 jours. C'est l'odeur dégagée par le mâle, via la
production d’une ou de plusieurs phéromones contenues dans le suint (graisse qui imprègne la
laine), qui semble être la cause des événements physiologiques conduisant au déclenchement
de l’activité sexuelle. Ainsi, le contact direct entre mâle et femelle n’est pas nécessaire pour
induire la réponse hormonale chez la brebis. Elle peut être déclenchée même si les animaux
sont séparés par une clôture.
« L’effet bouc »
Hors période de cyclicité installée ou anœstrus, l’effet bouc permet de synchroniser les
chèvres de façon naturelle. La méthode consiste à introduire un mâle au sein d’un groupe de
femelles (20 au maximum) dont il a été séparé pendant au moins 40 jours (1,5 à 2 mois).
L’introduction du bouc produit un stress chez les chèvres et déclenche une ovulation induite
chez 80% d’entre elles après un contact de 7 jours.
Effectué en septembre-octobre et mars-avril, l’effet bouc permet un groupage des mises-bas
(pics de fécondité entre 5 à 10 jours et 20 à 30 jours après introduction du bouc). Les chaleurs
se déclenchant sur plusieurs jours, l’éleveur doit systématiquement les confirmer avant
d’appeler son inséminateur, par la présence d’un ou plusieurs boucs munis d’un tablier
marqueur.
Le reste de la saison sexuelle, le bouc est capable de détecter les chaleurs, mais il n’apporte
pas l’effet de synchronisation car les femelles sont déjà cyclées.
Elle est pratiquée aujourd'hui à grande échelle sur de très nombreuses espèces animales :
bovins, caprins, porcins, ovins, équidés... Cette méthode de reproduction répond à plusieurs
objectifs. Initialement le perfectionnement génétique du cheptel : en effet grâce à cette
technique il est envisageable de féconder la plupart de femelles avec la semence d'un seul
mâle. Comme ses descendants hériteront d'une partie de son patrimoine génétique, ce mâle
sera choisi selon ses qualités : développement musculaire par exemple pour un taureau de race
à viande.
D'autres raisons sont aussi mises en avant : l'économie permise par la réduction de la
population de reproducteurs mâles, la limitation des risques sanitaires (maladies sexuellement
transmissibles), ou encore le contrôle de la période de mise-bas.
Mode d'emploi
Prélèvement du sperme. En centre de sélection, la semence est prélevée sur des mâles
choisis pour leurs performances. A cette fin on utilise le plus souvent un gros et poilu vagin
artificiel et divers simulacres visant à stimuler le processus d'éjaculation (mannequin imitant
la femelle par exemple).
Mise en paillettes. La semence est diluée dans du liquide physiologique en laboratoire avant
d'être fractionnée en petites doses et refroidie ou congelée, après avoir été mélangée à des
cryoprotecteurs tels que le glycérol (la capacité du sperme à supporter la congélation fluctue
selon les espèces). Chaque dose est nommée une paillette. A plusieurs stades, des contrôles
sont effectués. Les lots susceptibles de ne pas être fertiles sont retirés.
Avantages
Elle permet la multiplication. Ainsi, un éjaculat dilué sert à donner une centaine de
descendants, donnant une diffusion importante des meilleurs reproducteurs mâles et ainsi un
progrès des performances d'une race ou espèce en direction des objectifs de rentabilité
recherchés. En monte naturelle bovine, on estime qu'un mâle ne peut féconder que 30 à 40
vaches par an, contre plusieurs milliers pour son congénère en centre de sélection.
Elle permet la conservation. La semence d'un mâle peut être stockée pendant des années et
transportée facilement partout. Cette aptitude est utilisée à grande échelle par les centres de
sélection. Les jeunes mâles sont testés sur descendance en même temps que leur semence est
recueillie et congelée. Les tests conçus pour mesurer les performances de leur progéniture
peuvent durer plusieurs années. Quand un mâle est jugé intéressant au vu des tests, il peut
être déjà en fin de vie de reproducteur. Le stock de semence est alors bienvenu pour lui
assurer une descendance. Par exemple pour vérifier qu'un taureau de race laitière apporte
bien un progrès en termes de potentiel laitier, il faut qu'un nombre suffisant de ses filles
aient vêlé et qu'on ait pu estimer leur production laitière. Cette évaluation nécessite des
contrôles (pesées du lait lors de la traite à différent stades de la lactation), qu'on comparera
aux performances des mères. Un modèle mathématique permettra ensuite d'estimer la valeur
génétique du taureau comparé à la totalité de la population contrôlée : dans le jargon de ce
secteur d'activité, on nomme cela l'index.
Aide à la sauvegarde de races menacées de disparition. Les individus de races à petit effectif
sont groupés en familles et l'insémination est dirigée par une association de défense. Chaque
famille est scindée entre mâles et femelles et la semence est choisie dans les familles les plus
éloignées génétiquement. L'insémination sert à faire voyager la semence à l'endroit où le
transport d'un reproducteur serait trop couteux. La Norvège, plutôt que d'entretenir des
troupeaux bovins de plus de 1 000 individus, seuil où la consanguinité est plus facile à gérer,
préfère stocker de la semence. Ainsi, à chaque génération, la semence des jeunes mâles
correspondant le mieux au standard de race est stockée. A l'inverse, de la semence de
taureaux morts depuis 20 ou 30 ans est réinjectée pour apporter du sang neuf.
Facilité d'utilisation. Un éleveur peut choisir sur catalogue le mâle qu'il va accoupler avec la
femelle de son élevage. Ainsi, il n'a pas besoin de nourrir un mâle à l'année et peut choisir
différents géniteurs pour chacune de ses pensionnaires.
Lutte contre les maladies. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, des épidémies
de fièvre aphteuse et de tuberculose bovine font des ravages. L'isolement recommandé par
les vétérinaires est plus facile à maîtriser avec l'insémination : elle sert à féconder les vaches
sans déplacement ni contacts physiques directs entre mâle et femelles de troupeaux divers.