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L’insémination
artificielle chez les
camélidés
Sommaire
Introduction
Conclusion
Introduction :
La famille des camélidés fait partie des tylopodes ou ruminants digitigrades (Tylopoda).
Ce sont des artiodactyles des régions arides. Ils ont un estomac à 3 compartiments et ils
ruminent.
La famille comprend 3 genres : - Camelus (chameaux et dromadaires), - Lama (lama et
alpaga, domestiques et guanaco, sauvage), -Vicugna (vigogne, sauvage).
On distingue plus simplement les grands et les petits camélidés. Les grands camélidés
comportent 2 espèces : - Camelus dromedarius, le dromadaire, à 1 seule bosse et -
Camelus bactrianus, le chameau de Bactriane, à 2 bosses, adapté à la marche dans les
déserts froids, - le turkoman, leur croisement. Les petits camélidés comportent 4 espèces -
Lama glama, le lama domestique, - Lama pacos, l’alpaga, domestique, - Lama guanicoe et
enfin, - Vicugna vicugna. Les camélidés produisent du travail, du lait, de la viande, des poils
(toison de fibres fines), etc. En France, ils participent à l’entretien de l’espace. La
reproduction des camélidés présente des particularités.
L'insémination artificielle (IA) est la technique la plus importante pour assurer un progrès
génétique rapide. L'IA permet une utilisation plus efficace des mâles génétiquement
supérieurs, la prévention des maladies, l'élimination de la nécessité de transporter les
animaux et l'élimination des problèmes de comportement. La nécessité de l'IA au niveau des
camélidés est bien illustrée par la forte demande de mâles dromadaires de course de haut
niveau. Au cours de la saison de reproduction 2016-2017 par exemple, aux Émirats arabes
unis, 47 mâles ont accouplé environ 27 000 femelles (3 à 4 accouplements par mâle et par
jour). La seule façon de répondre à cette forte demande en mâles supérieurs sans
compromettre le taux de conception et tout en réduisant le risque de transmission de
maladies est l'IA.
L'insémination artificielle chez les camélidés est signalée depuis les années 1960. Le
premier chameau de
Bactriane né par
insémination artificielle
avec du sperme
congelé-décongelé a
été signalé en 1961. À
l'exception du
chameau de Bactriane,
où des taux de
gestation acceptables
ont été obtenus, les
résultats n’ont pas été
très prometteurs chez
les autres espèces de
camélidés. Il n'est pas
clair si cette différence
entre les espèces est
due à une différence
dans la qualité initiale du sperme ou dans les propriétés biologiques et fonctionnelles. Le
sperme recueilli par vagin artificiel chez les chameaux de Bactriane a tendance à donner
une meilleure concentration et une meilleure motilité que celles observées chez les
dromadaires.
A. Femelle
2. La puberté
La puberté peut être atteinte à 2 ans, mais les femelles ne sont pas mises à la reproduction
avant 3 ans en Arabie Saoudite. Cette mise à la reproduction peut être encore plus tardive :
6 ans ou même 7 à 8 ans comme au Kenya en élevage nomade. La femelle peut continuer à
se reproduire jusqu’à l’âge de 20 ou même 30 ans.
L’activité sexuelle a lieu toute l’année le plus souvent, mais avec des durées de chaleurs et
de cycles folliculaires variables. Ainsi, en Egypte la durée moyenne du cycle folliculaire est
de 24 (de 11 à 35 jours) : en moyenne 19 jours en été, 23 jours en automne, 27 jours en
hiver, 28 jours au printemps. Les saisons sexuelles varient selon les régions. Par exemple,
après les pluies, de juin à août en Afrique subsaharienne et toute l’année autour de
l’équateur. Elles sont souvent courtes et limitées.
Ces variations saisonnières de l’activité sexuelle sont liées à des variations de sécrétion de
la LH et chez le mâle aussi de la testostérone.
Il existe 4 phases folliculaires en absence d’ovulation : 1. phase de follicule mûr, qui
correspond aux chaleurs, avec acceptation du mâle, 2. phase folliculaire atrétique, avec
régression du gros follicule, en absence de monte, 3. phase non folliculaire, 4. phase de
croissance folliculaire.
La durée du cycle des femelles non gestantes est 23 jours en Inde, 24 jours en Egypte, ou
28 jours au Soudan. L’oestrus dure en moyenne 4,6 jours (0 à 15 jours). Pendant l’oestrus,
chez la femelle, il y a la présence d’agitation, d’écoulements vulvaires et la femelle lève sa
queue. L’oestrus dure en moyenne 4 jours. La fécondation se fait mieux avec mise à la
reproduction le 1er ou le 2e jour des chaleurs. L’ovulation, provoquée (déclenchée par la
saillie), se produit 36 à 48 h après la saillie chez les femelles. Elle peut être induite en 36-46
h par une injection de LH, hCG ou LHRH. Elle est ensuite suivie par le développement d’un
corps jaune. Les corps jaunes augmentent de taille jusqu’au 7e jour après l’ovulation et
restent palpables jusqu’à 13 à 21 jours après l’ovulation. Le taux de progestérone dans le
sang est maximal 8 jours après la saillie (4,5 ± 1,5 ng/ml) puis devient inférieur à 1 ng/ml 11
jours après la saillie.
4. La gestation
Elle dure en moyenne 370 jours. Le diagnostic de gestation par palpation rectale peut être
fait à partir de 6 à 8 semaines après la saillie : le gonflement de la corne gauche est
palpable. L’échographie peut être utilisée dès 20 jours de gestation. Pendant la gestation, le
corps jaune est bien développé. Son diamètre est de 16,5 mm le 25e jour, de 18,5 mm le
35e jour et de 22,5 mm le 60e jour de gestation. Sa couleur change : de rouge orangé
(embryon de 3 mm), il devient brun orangé (fœtus de 3 cm), puis rouge orangé foncé (fœtus
de 20 à 40 cm), puis il devient plus clair.
B. Mâle
Les testicules, présents dans les bourses dès la naissance, sont très petits jusqu’à l’âge de
3 ans. La taille maximale est atteinte à 10-15 ans, et décroît légèrement après 15 ans. En
plus, leur taille subit des variations saisonnières : de 66 g en saison intermédiaire à 225 g en
saison de reproduction. Les testicules sont placés en position oblique comme chez le chien.
Les chameaux n’ont pas de vésicules séminales. Le pénis, pourvu d’un S pénien préscrotal,
est dirigé en arrière pour uriner et en avant à l’érection pour la copulation. L’extrémité
antérieure est en forme de faucille. Le pénis se libère du prépuce à la puberté vers 3 ans. Le
sperme est déposé dans le col utérin pendant la saillie
2. La puberté
La puberté est tardive : vers 3 à 4 ans. Les mâles sont souvent mis à la reproduction vers
5-6 ans quand ils ont leur pleine capacité de reproduction.
3. Le sperme
4. Le comportement de monte
La collecte de sperme
doit faire partie d'un
examen complet de
l'aptitude à la
reproduction du mâle.
Un protocole pour
l'AES chez le chameau
mâle a été proposé et
comprend un examen
physique, des mesures
et une échographie
des testicules ainsi
que la collecte et l'évaluation du sperme.
Le sperme a traditionnellement été collecté en utilisant l'électro-éjaculation ou le vagin
artificiel. L’électroéjaculation n'est pas une procédure viable pour la collecte de routine du
sperme des mâles de valeur. La procédure nécessite une forte sédation (chlorhydrate de
détomidine 80 µ/kg BW, IM) ou même une anesthésie et présente donc un risque pour la vie
et le bien-être de l'animal. Le sperme collecté par électroéjaculation présente de grandes
variations de volume et de concentration, ce qui exclut son utilisation pour la collecte de
sperme et la cryoconservation de routine.
La technique utilisant un vagin artificiel consiste en l’utilisation d’un vagin artificiel similaire à
celui des bovins mais qui est modifié pour fournir un rétrécissement simulant les anneaux
cervicaux qui est essentiel pour la stimulation de l'éjaculation chez les chameaux. Les
principaux défis rencontrés avec cette technique comprennent la nécessité de former le
mâle et la difficulté physique pour l'opérateur en raison de la position et de la longueur du
pénis. De plus, cette méthode de collecte n'est pas sans risque pour l'opérateur lorsque des
animaux agressifs sont utilisés. L’utilisation de mannequin est également adoptée.
Cependant chez les camélidés, plusieurs éjaculats obtenus par vagin artificiel sont de
mauvaise qualité (azoospermiques ou oligozoospermiques) ou contaminés par du sable et
des débris de l'environnement. La technique du mannequin permet d'obtenir des éjaculats
plus propres.
L'évaluation de la qualité initiale des éjaculats de dromadaires est un défi majeur. La nature
visqueuse du sperme ne se prête pas à une détermination approfondie et précise de la
motilité, de la concentration et de la morphologie. La viscosité du sperme de camélidé est
attribuée au plasma séminal qui représente 85 à 90 % de l'éjaculat. Cette proportion est très
variable selon les individus mâles, la méthode de collecte du sperme et la durée de la
stimulation.
En outre, le matériel visqueux dans l'éjaculat n'est pas une fraction distincte qui peut être
facilement filtrée comme chez d'autres espèces, mais elle est distribuée uniformément tout
au long de l'éjaculation. La viscosité du sperme est souvent estimée par la technique du test
du fil Il est important de noter que ce test ne mesure pas la viscosité structurelle mais plutôt
les propriétés rhéologiques du plasma séminal.
1. Liquéfaction de l'éjaculat
Plusieurs études sur la conservation du sperme de dromadaire font état d'une liquéfaction
spontanée après incubation de l'éjaculat entre 30 et 35°C pendant 15 à 30 minutes.
Les recherches sur la nature des composants du plasma séminal contribuant à la viscosité
des éjaculats chez les camélidés ont été réalisées principalement chez les alpagas. Bien
que le plasma séminal des camélidés contient une forte concentration de
glycosaminoglycanes (principalement de la kératine), ces composés ne semblent pas jouer
le rôle principal dans la viscosité du sperme. Le traitement du sperme avec de la kératinase
ne réduit pas la viscosité du sperme d'alpaga. Des études récentes ont montré que la
viscosité du sperme d'alpaga est principalement liée à la mucine 5B (MUC5B alias MG1), la
mucine 5AC et l'apomucine. L'ajout de diverses enzymes protéolytiques/mucolytiques
(amylase, αchymotrypsine, trypsine, collagénase) au sperme de camélidés s'est avéré
accélérer la liquéfaction des éjaculats avec un succès variable. L'ajout de collagénase à 0,5
à 1% au sperme semble fournir la meilleure liquéfaction sans effet majeur sur la fonction
spermatique. Récemment, une approche utilisant la papaïne semble prometteuse pour les
dromadaires, bien que la liquéfaction ne soit pas aussi rapide que chez les alpagas (1 heure
contre 20 à 40 minutes). L'efficacité de ces traitements varie d'un mâle à l'autre et entre les
éjaculats d'un même mâle.
D. CRYOPRÉSERVATION DU SPERME
Une variété de dilueurs utilisés pour la congélation du sperme d'autres espèces ont été
adaptés au dromadaire et au chameau de Bactriane. Plusieurs méthodes de
cryoconservation avec des dilueurs utilisés pour la conservation du sperme de taureau, de
bélier, de chien, d'étalon et de verrat ont été comparées par l'évaluation de la motilité et de
la morphologie après décongélation. Ces études ont montré que le meilleur extenseur pour
la congélation du sperme de dromadaire et de chameau de Bactriane est une technique
modifiée pour le sanglier ou l'étalon. Cette technique utilise deux dilueurs, un dilueur de
refroidissement (80 ml Lactose 11%, 20 ml Jaune d'oeuf) et un dilueur de congélation (95,5
m Extenseur de refroidissement, 06,0 ml Glycérol, 1,5 ml Pâte d'Orvus -Equex). Le dilueur
de refroidissement est ajouté au sperme immédiatement après la collecte. Le protecteur de
congélation contient le dilueur de refroidissement en plus d'un cryoprotecteur (glycérol) et
d'un agent émulsifiant (pâte d'Orvus) qui joue un rôle dans la stabilisation de la membrane
plasmique du sperme.
2. Procédure de congélation
3. Taux de décongélation
La plupart des études s'appuient sur des méthodes traditionnelles d'évaluation du sperme
telles que la motilité progressive post-décongélation à différents intervalles de l'incubation.
Ces dernières années, les techniques utilisées pour l'évaluation du sperme d'autres espèces
ont été adaptées au sperme des camélidés et comprennent le test de gonflement
hypoosmotique (incubation dans une solution de fructose ou de saccharose de 50 à 100
mOsm à 37°C pendant 45 minutes, des techniques de coloration spéciales (agglutinine
d'arachide conjuguée à l'isothiocynate, coloration à la chlortétracycline pour la capacitation
spontanée. Toutes ces méthodes ajoutent plus de rigueur dans l'évaluation des différents
paramètres après cryoconservation mais n'ont pas encore été corrélées à la fertilité.
CONCLUSION :
Bien que des études sur la conservation du sperme des camélidés aient été menées depuis
plus de 50 ans et malgré l'intensification des recherches dans ce domaine sur le dromadaire
au cours des 15 dernières années, l'IA avec sperme conservé chez les camélidés est encore
loin d'être optimale, sauf pour le chameau de Bactriane. On peut avancer plusieurs raisons
pour expliquer le manque de progrès dans le développement de l'insémination artificielle
chez les camélidés et particulièrement chez le dromadaire. La première et la plus importante
est le manque de rigueur dans l'expérimentation de la cryoconservation du sperme. La
multitude de facteurs couvrant l'ensemble du processus, depuis la collecte du sperme,
l'analyse de la qualité initiale, le processus de liquéfaction, la dilution initiale, le
refroidissement, les taux de congélation et le taux de décongélation, ne permet pas de
comparer les études entre elles.. Il est évident que l'un des principaux obstacles à surmonter
pour la conservation du sperme chez les camélidés est la viscosité du plasma séminal et
son rôle dans la fonction du sperme. Les méthodes de liquéfaction des spermatozoïdes pour
permettre leur dilution et l'incorporation d'un diluant protecteur peuvent interférer
ultérieurement avec la fonction des spermatozoïdes malgré la qualité rapportée par les tests
in vitro. D'autres études sont nécessaires pour déterminer l'effet du lavage du plasma
séminal et de son remplacement sur la fonction des spermatozoïdes. L'amélioration des
diluants peut être réalisée en utilisant des approches décrites chez d'autres espèces telles
que l'ajout d'antioxydants, la modification des cryoprotecteurs et/ou leur élimination avant
l'insémination et l'utilisation de sucres cryoprotecteurs comme le tréhalose. Enfin, le
développement de protocoles de fécondation in vitro pour tester les spermatozoïdes
congelés-décongelés peut apporter un éclairage sur l'effet du traitement sur la fonction des
spermatozoïdes.