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Darthenucq Julia

IVème anné lignée française


Groupe 1
Option biotechniques de reproduction

L’insémination
artificielle chez les
camélidés
Sommaire
Introduction

I- Anatomie et physiologie de la reproduction des


grands camélidés
A- Femelles
1. L’anatomie des organes sexuelles
2. La puberté
3. Cycles sexuels
4. Gestation
B- Mâles
1. Anatomie
2. La puberté
3. Le sperme
4. Le comportement de monte
5. L’utilisation des mâles

II- Maîtrise de la reproduction


A- Collecte de sperme
B- Qualité initiale des éjaculats
1. Liquéfaction
2. Rôle du plasma séminal
C- Conservation et utilisation du sperme liquide
D- Essais
E- Cryoconservation
1. Dilueurs
2. Procédure
3. Décongélation
4. Qualité du sperme

Conclusion
Introduction :

La famille des camélidés fait partie des tylopodes ou ruminants digitigrades (Tylopoda).
Ce sont des artiodactyles des régions arides. Ils ont un estomac à 3 compartiments et ils
ruminent.
La famille comprend 3 genres : - Camelus (chameaux et dromadaires), - Lama (lama et
alpaga, domestiques et guanaco, sauvage), -Vicugna (vigogne, sauvage).
On distingue plus simplement les grands et les petits camélidés. Les grands camélidés
comportent 2 espèces : - Camelus dromedarius, le dromadaire, à 1 seule bosse et -
Camelus bactrianus, le chameau de Bactriane, à 2 bosses, adapté à la marche dans les
déserts froids, - le turkoman, leur croisement. Les petits camélidés comportent 4 espèces -
Lama glama, le lama domestique, - Lama pacos, l’alpaga, domestique, - Lama guanicoe et
enfin, - Vicugna vicugna. Les camélidés produisent du travail, du lait, de la viande, des poils
(toison de fibres fines), etc. En France, ils participent à l’entretien de l’espace. La
reproduction des camélidés présente des particularités.

L'insémination artificielle (IA) est la technique la plus importante pour assurer un progrès
génétique rapide. L'IA permet une utilisation plus efficace des mâles génétiquement
supérieurs, la prévention des maladies, l'élimination de la nécessité de transporter les
animaux et l'élimination des problèmes de comportement. La nécessité de l'IA au niveau des
camélidés est bien illustrée par la forte demande de mâles dromadaires de course de haut
niveau. Au cours de la saison de reproduction 2016-2017 par exemple, aux Émirats arabes
unis, 47 mâles ont accouplé environ 27 000 femelles (3 à 4 accouplements par mâle et par
jour). La seule façon de répondre à cette forte demande en mâles supérieurs sans
compromettre le taux de conception et tout en réduisant le risque de transmission de
maladies est l'IA.

L'insémination artificielle chez les camélidés est signalée depuis les années 1960. Le
premier chameau de
Bactriane né par
insémination artificielle
avec du sperme
congelé-décongelé a
été signalé en 1961. À
l'exception du
chameau de Bactriane,
où des taux de
gestation acceptables
ont été obtenus, les
résultats n’ont pas été
très prometteurs chez
les autres espèces de
camélidés. Il n'est pas
clair si cette différence
entre les espèces est
due à une différence
dans la qualité initiale du sperme ou dans les propriétés biologiques et fonctionnelles. Le
sperme recueilli par vagin artificiel chez les chameaux de Bactriane a tendance à donner
une meilleure concentration et une meilleure motilité que celles observées chez les
dromadaires.

I. Anatomie et physiologie de la reproduction des grands camélidés

A. Femelle

1. L’anatomie des organes sexuels

La vulve fait 3 à 5 cm de profondeur et le vagin mesure environ 30 à 40 cm de long. Le


cervix comporte 3 ou 4 plis. L’utérus est typique bicorne, en forme de T ou de Y. Le placenta
est diffus, épithéliochorial et sans caroncules. Les ovaires mesurent 15 mm x 30 mm et
pèsent 5 à 15 g. Ils ressemblent à une grappe de raisin en raison des nombreux follicules se
trouvant à leur surface. En anoestrus, ils sont aplatis et ne pèsent que 5 g chacun.

2. La puberté

La puberté peut être atteinte à 2 ans, mais les femelles ne sont pas mises à la reproduction
avant 3 ans en Arabie Saoudite. Cette mise à la reproduction peut être encore plus tardive :
6 ans ou même 7 à 8 ans comme au Kenya en élevage nomade. La femelle peut continuer à
se reproduire jusqu’à l’âge de 20 ou même 30 ans.

3. Les cycles sexuels

L’activité sexuelle a lieu toute l’année le plus souvent, mais avec des durées de chaleurs et
de cycles folliculaires variables. Ainsi, en Egypte la durée moyenne du cycle folliculaire est
de 24 (de 11 à 35 jours) : en moyenne 19 jours en été, 23 jours en automne, 27 jours en
hiver, 28 jours au printemps. Les saisons sexuelles varient selon les régions. Par exemple,
après les pluies, de juin à août en Afrique subsaharienne et toute l’année autour de
l’équateur. Elles sont souvent courtes et limitées.
Ces variations saisonnières de l’activité sexuelle sont liées à des variations de sécrétion de
la LH et chez le mâle aussi de la testostérone.
Il existe 4 phases folliculaires en absence d’ovulation : 1. phase de follicule mûr, qui
correspond aux chaleurs, avec acceptation du mâle, 2. phase folliculaire atrétique, avec
régression du gros follicule, en absence de monte, 3. phase non folliculaire, 4. phase de
croissance folliculaire.
La durée du cycle des femelles non gestantes est 23 jours en Inde, 24 jours en Egypte, ou
28 jours au Soudan. L’oestrus dure en moyenne 4,6 jours (0 à 15 jours). Pendant l’oestrus,
chez la femelle, il y a la présence d’agitation, d’écoulements vulvaires et la femelle lève sa
queue. L’oestrus dure en moyenne 4 jours. La fécondation se fait mieux avec mise à la
reproduction le 1er ou le 2e jour des chaleurs. L’ovulation, provoquée (déclenchée par la
saillie), se produit 36 à 48 h après la saillie chez les femelles. Elle peut être induite en 36-46
h par une injection de LH, hCG ou LHRH. Elle est ensuite suivie par le développement d’un
corps jaune. Les corps jaunes augmentent de taille jusqu’au 7e jour après l’ovulation et
restent palpables jusqu’à 13 à 21 jours après l’ovulation. Le taux de progestérone dans le
sang est maximal 8 jours après la saillie (4,5 ± 1,5 ng/ml) puis devient inférieur à 1 ng/ml 11
jours après la saillie.

4. La gestation

Elle dure en moyenne 370 jours. Le diagnostic de gestation par palpation rectale peut être
fait à partir de 6 à 8 semaines après la saillie : le gonflement de la corne gauche est
palpable. L’échographie peut être utilisée dès 20 jours de gestation. Pendant la gestation, le
corps jaune est bien développé. Son diamètre est de 16,5 mm le 25e jour, de 18,5 mm le
35e jour et de 22,5 mm le 60e jour de gestation. Sa couleur change : de rouge orangé
(embryon de 3 mm), il devient brun orangé (fœtus de 3 cm), puis rouge orangé foncé (fœtus
de 20 à 40 cm), puis il devient plus clair.

B. Mâle

1. L’anatomie de l’appareil génital mâle

Les testicules, présents dans les bourses dès la naissance, sont très petits jusqu’à l’âge de
3 ans. La taille maximale est atteinte à 10-15 ans, et décroît légèrement après 15 ans. En
plus, leur taille subit des variations saisonnières : de 66 g en saison intermédiaire à 225 g en
saison de reproduction. Les testicules sont placés en position oblique comme chez le chien.
Les chameaux n’ont pas de vésicules séminales. Le pénis, pourvu d’un S pénien préscrotal,
est dirigé en arrière pour uriner et en avant à l’érection pour la copulation. L’extrémité
antérieure est en forme de faucille. Le pénis se libère du prépuce à la puberté vers 3 ans. Le
sperme est déposé dans le col utérin pendant la saillie
2. La puberté

La puberté est tardive : vers 3 à 4 ans. Les mâles sont souvent mis à la reproduction vers
5-6 ans quand ils ont leur pleine capacité de reproduction.

3. Le sperme

La spermatogenèse est continue, mais avec des variations saisonnières. La production


maximale de spermatozoïdes se fait à l’âge de 6,5 à 7 ans. Les spermatozoïdes des
dromadaires sont plus petits que ceux des autres animaux domestiques.

4. Le comportement de monte

Au moment du rut, le comportement est radicalement différent. Le mâle devient agressif. Il


grince des dents, remue la tête et la queue et urine souvent. Les glandes occipitales se
développent et sécrètent un liquide foncé. Le palais mou (dulaa) rempli d’air fait protrusion
par la bouche. Le mâle s’asperge le dos d’urine et en envoie autour de lui avec des
mouvements de la queue Le mâle sent les organes génitaux de la femelle et peut même la
mordre. Il l’oblige à s’asseoir en décubitus sternal avant de la couvrir. L’accouplement est
long : 15 minutes en moyenne.

5. Utilisation des mâles.

En saillie naturelle, au pré, il faut un mâle pour 30 à 50 femelles, au maximum 70 femelles si


les animaux sont très bien nourris et soignés.

II. Maîtrise de la reproduction des grands camélidés


A. Collecte de sperme

La collecte de sperme
doit faire partie d'un
examen complet de
l'aptitude à la
reproduction du mâle.
Un protocole pour
l'AES chez le chameau
mâle a été proposé et
comprend un examen
physique, des mesures
et une échographie
des testicules ainsi
que la collecte et l'évaluation du sperme.
Le sperme a traditionnellement été collecté en utilisant l'électro-éjaculation ou le vagin
artificiel. L’électroéjaculation n'est pas une procédure viable pour la collecte de routine du
sperme des mâles de valeur. La procédure nécessite une forte sédation (chlorhydrate de
détomidine 80 µ/kg BW, IM) ou même une anesthésie et présente donc un risque pour la vie
et le bien-être de l'animal. Le sperme collecté par électroéjaculation présente de grandes
variations de volume et de concentration, ce qui exclut son utilisation pour la collecte de
sperme et la cryoconservation de routine.
La technique utilisant un vagin artificiel consiste en l’utilisation d’un vagin artificiel similaire à
celui des bovins mais qui est modifié pour fournir un rétrécissement simulant les anneaux
cervicaux qui est essentiel pour la stimulation de l'éjaculation chez les chameaux. Les
principaux défis rencontrés avec cette technique comprennent la nécessité de former le
mâle et la difficulté physique pour l'opérateur en raison de la position et de la longueur du
pénis. De plus, cette méthode de collecte n'est pas sans risque pour l'opérateur lorsque des
animaux agressifs sont utilisés. L’utilisation de mannequin est également adoptée.
Cependant chez les camélidés, plusieurs éjaculats obtenus par vagin artificiel sont de
mauvaise qualité (azoospermiques ou oligozoospermiques) ou contaminés par du sable et
des débris de l'environnement. La technique du mannequin permet d'obtenir des éjaculats
plus propres.

B. QUALITÉ INITIALE DES ÉJACULATS

L'évaluation de la qualité initiale des éjaculats de dromadaires est un défi majeur. La nature
visqueuse du sperme ne se prête pas à une détermination approfondie et précise de la
motilité, de la concentration et de la morphologie. La viscosité du sperme de camélidé est
attribuée au plasma séminal qui représente 85 à 90 % de l'éjaculat. Cette proportion est très
variable selon les individus mâles, la méthode de collecte du sperme et la durée de la
stimulation.
En outre, le matériel visqueux dans l'éjaculat n'est pas une fraction distincte qui peut être
facilement filtrée comme chez d'autres espèces, mais elle est distribuée uniformément tout
au long de l'éjaculation. La viscosité du sperme est souvent estimée par la technique du test
du fil Il est important de noter que ce test ne mesure pas la viscosité structurelle mais plutôt
les propriétés rhéologiques du plasma séminal.

1. Liquéfaction de l'éjaculat

Plusieurs études sur la conservation du sperme de dromadaire font état d'une liquéfaction
spontanée après incubation de l'éjaculat entre 30 et 35°C pendant 15 à 30 minutes.
Les recherches sur la nature des composants du plasma séminal contribuant à la viscosité
des éjaculats chez les camélidés ont été réalisées principalement chez les alpagas. Bien
que le plasma séminal des camélidés contient une forte concentration de
glycosaminoglycanes (principalement de la kératine), ces composés ne semblent pas jouer
le rôle principal dans la viscosité du sperme. Le traitement du sperme avec de la kératinase
ne réduit pas la viscosité du sperme d'alpaga. Des études récentes ont montré que la
viscosité du sperme d'alpaga est principalement liée à la mucine 5B (MUC5B alias MG1), la
mucine 5AC et l'apomucine. L'ajout de diverses enzymes protéolytiques/mucolytiques
(amylase, αchymotrypsine, trypsine, collagénase) au sperme de camélidés s'est avéré
accélérer la liquéfaction des éjaculats avec un succès variable. L'ajout de collagénase à 0,5
à 1% au sperme semble fournir la meilleure liquéfaction sans effet majeur sur la fonction
spermatique. Récemment, une approche utilisant la papaïne semble prometteuse pour les
dromadaires, bien que la liquéfaction ne soit pas aussi rapide que chez les alpagas (1 heure
contre 20 à 40 minutes). L'efficacité de ces traitements varie d'un mâle à l'autre et entre les
éjaculats d'un même mâle.

2. Rôle du plasma séminal


Le plasma séminal est principalement fourni par les glandes bulbo-urétrales et la prostate
car les camélidés ne possèdent pas de glandes vésiculaires. Une conséquence de l'absence
des glandes vésiculaires est la faible concentration de fructose et d'acide citrique dans le
plasma séminal Le plasma séminal contient des protéines qui sont importantes pour la
fonction, l'intégrité et la capacité de fécondation des spermatozoïdes.
Comme indiqué ci-dessus, l'évaluation et le traitement des éjaculats de camélidés pour la
cryoconservation nécessitent une liquéfaction et une dilution. Ces aspects du traitement du
sperme peuvent affecter la fonction des spermatozoïdes. Par exemple, le rôle de la viscosité
n'est pas entièrement compris mais peut être nécessaire pour empêcher la perte de
spermatozoïdes du tractus féminin et la protection des spermatozoïdes. Des études chez
l'alpaga ont montré que la présence d'un niveau minimum de plasma séminal (10%) est
nécessaire pour maintenir la motilité, l'intégrité de l'acrosome et la viabilité.
Un autre aspect du traitement du sperme est le taux de dilution. Alors que plusieurs études
procèdent à une dilution standard de l'éjaculat dans un rapport volume à volume, d'autres
tentent d'ajuster le taux de dilution en fonction de la concentration en spermatozoïdes.
Cependant, cette dernière est extrêmement difficile à atteindre en raison de la viscosité et
de la variabilité de la concentration dans l'éjaculat. La concentration de spermatozoïdes est
très variable (80 à 858 millions par ml), le nombre total par éjaculat allant de 240 à 2576
millions.
Enfin, l'une des découvertes les plus importantes de ces dernières années en matière de
reproduction des camélidés est la présence d'un homodimère de 27kDa, le facteur de
croissance des nerfs bêta (ß-NGF), qui est responsable de l'induction de l'ovulation après
l'accouplement.

C. CONSERVATION ET UTILISATION DU SPERME LIQUIDE

La conservation à court terme (c'est-à-dire quelques heures) du sperme de camélidés a été


tentée à différentes températures (25°C, 30°C ou 4°C). Plusieurs diluants ont été utilisés
pour la dilution du sperme fraîchement collecté (Dimitropolous 11, Glucose-EDTA, Lait
écrémé, INRA-96, Vitrate de sodium-jaune d'œuf, Lactose-jaune d'œuf, Kenny's equine
extender) La plupart de ces extenseurs sont adaptés d'autres espèces et contiennent un
système tampon, une source d'énergie (glucose ou fructose), une protéine pour la protection
contre le choc froid (lipoprotéine du jaune d'œuf ou caséine du lait) et des antimicrobiens.
Chez le dromadaire et le chameau de Bactriane, le sperme est initialement dilué dans un
rapport de 1:1 à 1:3 (sperme : dilueur) selon la concentration de l'éjaculat. Il est
recommandé d'ajouter le dilueur au sperme à une température de 30 à 35°C. Une
liquéfaction partielle ou complète peut être obtenue en mélangeant soigneusement
l'extenseur et le sperme.
Il est recommandé de conserver le sperme à 37°C ou à température ambiante jusqu'à
l'insémination, uniquement si l'IA est effectuée dans les deux heures qui suivent la collecte.
Pour une durée de conservation plus longue sous forme liquide (jusqu'à 48 heures), le
sperme doit être refroidi à 4 ou 5°C. Le refroidissement lent du sperme peut être obtenu en
plaçant le tube contenant le sperme étendu dans un bain-marie à température ambiante et
en le plaçant dans le réfrigérateur. Ce système permet de refroidir le sperme étendu à 5°C
en une heure.

D. ESSAIS D'INSÉMINATION ARTIFICIELLE UTILISANT DU SPERME FRAIS ET


RÉFRIGÉRÉ
L'insémination artificielle nécessite un timing précis après l'induction de l'ovulation basée sur
le suivi ultrasonographique du développement folliculaire. L'insémination artificielle est
généralement effectuée 24 heures après l'induction de l'ovulation.
Le taux de grossesse est affecté par le nombre de spermatozoïdes dans l'inséminat et le site
d'insémination.

D. CRYOPRÉSERVATION DU SPERME

1. Dilueurs pour la cryoconservation

Une variété de dilueurs utilisés pour la congélation du sperme d'autres espèces ont été
adaptés au dromadaire et au chameau de Bactriane. Plusieurs méthodes de
cryoconservation avec des dilueurs utilisés pour la conservation du sperme de taureau, de
bélier, de chien, d'étalon et de verrat ont été comparées par l'évaluation de la motilité et de
la morphologie après décongélation. Ces études ont montré que le meilleur extenseur pour
la congélation du sperme de dromadaire et de chameau de Bactriane est une technique
modifiée pour le sanglier ou l'étalon. Cette technique utilise deux dilueurs, un dilueur de
refroidissement (80 ml Lactose 11%, 20 ml Jaune d'oeuf) et un dilueur de congélation (95,5
m Extenseur de refroidissement, 06,0 ml Glycérol, 1,5 ml Pâte d'Orvus -Equex). Le dilueur
de refroidissement est ajouté au sperme immédiatement après la collecte. Le protecteur de
congélation contient le dilueur de refroidissement en plus d'un cryoprotecteur (glycérol) et
d'un agent émulsifiant (pâte d'Orvus) qui joue un rôle dans la stabilisation de la membrane
plasmique du sperme.

2. Procédure de congélation

La procédure de congélation dépend de la méthode


de conditionnement utilisée. Le sperme peut être
conditionné sous forme de paillettes en plastique de
différents volumes (0,25 ml, 0,5 ml ou 4 ml) ou dans
des ampoules. Les pastilles de sperme sont
obtenues en laissant tomber un volume connu (0,1
ou 0,2 ml) de sperme dilué dans une dépression
faite dans de la glace sèche. Cette technique
permet d'atteindre des taux de congélation très
élevés et s'est avérée supérieure pour certaines
espèces et techniques de traitement. Cependant,
elle est rarement utilisée aujourd'hui, en raison des
difficultés à étiqueter le sperme et de l'impossibilité
de modifier le taux de congélation.
Les paillettes sont généralement congelées en les
plaçant sur un support à des distances connues
au-dessus de la surface de l'azote liquide. Le
volume de la paillette a une grande influence sur le processus de congélation. Les vitesses
de congélation les plus rapides sont obtenues par l'utilisation de petits volumes (0,25 ou 0,5
ml). Les taux de congélation peuvent être modifiés en modifiant l'élévation des paillettes.
Des taux de congélation plus précis peuvent être obtenus pour le sperme conditionné en
paillettes en utilisant un congélateur informatisé qui peut être programmé pour suivre une
courbe de congélation précise.

La procédure de congélation utilisée pour le sperme de dromadaire et de chameau de


Bactriane conditionné dans des paillettes de 4 ml peut être résumée comme suit : le sperme
brut est incubé entre 25°C et 30°C jusqu'à liquéfaction, suivi d'une dilution avec le dilueur de
refroidissement (1 volume de sperme : 1 volume de dilueur), puis d'un refroidissement à
15°C sur une période de 2,5 heures. Le sperme est encore dilué à l'aide du dilueur de
congélation puis refroidi à 5°C sur une période de 1,5 heure. Une dernière dilution avec le
dilueur de congélation précède le conditionnement en paillettes de grande taille (4 ml). Les
paillettes sont congelées dans des vapeurs d'azote liquide (2,5 à 4 cm au-dessus du niveau
d'azote liquide) pendant 20 minutes puis plongées dans l'azote liquide.
Une technique simplifiée de congélation du conditionnement du sperme en paillettes de 0,25
ou 0,5 ml consiste en une dilution après liquéfaction complète puis un refroidissement à 5°C
pendant une heure. Le sperme est conditionné et maintenu à cette température pendant 2
heures. Les paillettes sont placées sur un support à 4 cm au-dessus de la surface de l'azote
liquide pendant 10 minutes puis transférées directement dans l'azote liquide.
Le conditionnement en ampoules de 1,5 ml est la technique la plus couramment utilisée
pour la congélation du sperme de chameau de Bactriane en Chine. Le sperme est maintenu
à 37°C pendant 10 minutes puis refroidi étape par étape de 37°C à 20°C (pendant 10
minutes), de 20°C à 10°C (pendant 10 minutes) et de 10°C à 4°C (maintenu pendant 4
heures). Congélation sur une grille métallique placée au-dessus de l'azote liquide en quatre
(4) étapes : 3 minutes à 3 cm, 2 minutes à 2 cm, 1 minute à 1 cm, puis plongée dans l'azote
liquide.
Une technique utilisant des cryovials a été décrite dans laquelle le sperme est refroidi de 4 à
-15°C à un rythme de -1°C par min, -4°C par min de -15 à -60°C, -20°C par min de -60 à
-100°C puis plongé dans l'azote liquide (Deen et al., 2003).

3. Taux de décongélation

Les taux de décongélation varient en fonction de la technique d'emballage utilisée. Les


pastilles sont généralement décongelées en les déposant dans des récipients chauffés ou
en les mélangeant à un diluant de décongélation chaud. Le sperme congelé dans des
ampoules est décongelé en les plaçant dans un bain-marie réglé entre 45 et 55°C pendant
30 secondes à 1 minute. Les petites paillettes (0,25 et 0,5 mL) sont décongelées dans un
bain-marie à 35-37°C pendant 30 à 60 secondes ou à 40°C pendant 8 secondes. Les
grandes paillettes sont décongelées par agitation continue dans un bain-marie à 40°C
pendant 50 secondes. Les cryovials sont décongelés par immersion dans un bain-marie à
40°C pendant 2 minutes.

4. Qualité du sperme après décongélation

La plupart des études s'appuient sur des méthodes traditionnelles d'évaluation du sperme
telles que la motilité progressive post-décongélation à différents intervalles de l'incubation.
Ces dernières années, les techniques utilisées pour l'évaluation du sperme d'autres espèces
ont été adaptées au sperme des camélidés et comprennent le test de gonflement
hypoosmotique (incubation dans une solution de fructose ou de saccharose de 50 à 100
mOsm à 37°C pendant 45 minutes, des techniques de coloration spéciales (agglutinine
d'arachide conjuguée à l'isothiocynate, coloration à la chlortétracycline pour la capacitation
spontanée. Toutes ces méthodes ajoutent plus de rigueur dans l'évaluation des différents
paramètres après cryoconservation mais n'ont pas encore été corrélées à la fertilité.

CONCLUSION :
Bien que des études sur la conservation du sperme des camélidés aient été menées depuis
plus de 50 ans et malgré l'intensification des recherches dans ce domaine sur le dromadaire
au cours des 15 dernières années, l'IA avec sperme conservé chez les camélidés est encore
loin d'être optimale, sauf pour le chameau de Bactriane. On peut avancer plusieurs raisons
pour expliquer le manque de progrès dans le développement de l'insémination artificielle
chez les camélidés et particulièrement chez le dromadaire. La première et la plus importante
est le manque de rigueur dans l'expérimentation de la cryoconservation du sperme. La
multitude de facteurs couvrant l'ensemble du processus, depuis la collecte du sperme,
l'analyse de la qualité initiale, le processus de liquéfaction, la dilution initiale, le
refroidissement, les taux de congélation et le taux de décongélation, ne permet pas de
comparer les études entre elles.. Il est évident que l'un des principaux obstacles à surmonter
pour la conservation du sperme chez les camélidés est la viscosité du plasma séminal et
son rôle dans la fonction du sperme. Les méthodes de liquéfaction des spermatozoïdes pour
permettre leur dilution et l'incorporation d'un diluant protecteur peuvent interférer
ultérieurement avec la fonction des spermatozoïdes malgré la qualité rapportée par les tests
in vitro. D'autres études sont nécessaires pour déterminer l'effet du lavage du plasma
séminal et de son remplacement sur la fonction des spermatozoïdes. L'amélioration des
diluants peut être réalisée en utilisant des approches décrites chez d'autres espèces telles
que l'ajout d'antioxydants, la modification des cryoprotecteurs et/ou leur élimination avant
l'insémination et l'utilisation de sucres cryoprotecteurs comme le tréhalose. Enfin, le
développement de protocoles de fécondation in vitro pour tester les spermatozoïdes
congelés-décongelés peut apporter un éclairage sur l'effet du traitement sur la fonction des
spermatozoïdes.

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