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Pourquoi expérimenter sur des souris et des rats ?

Sur les 2,2 millions d ’animaux utilisés chaque année en France pour la recherche, rats et souris
fournissent le gros des bataillons. En Europe, les souris représentent près de 61 % des animaux de
laboratoire et les rats, près de 14 %. Des chiffres qui ne sont pas très différents d ’un bout à l ’autre
du globe. Mais alors pourquoi ces animaux sont-ils si précieux pour les scientifiques ? Georges
Chapouthier, biologiste et philosophe a répondu aux questions du Point.fr

Pourquoi la recherche a-t-elle si souvent recours Ceux qui s’opposent à l’expérimentation animale le
aux rats et aux souris pour l ’expérimentation mettent en doute. Pourtant, imaginons que vous
animale ? travaillez sur un somnifère : si vous le testez sur
une drosophile, les effets ne seront pas très nets.
D’abord, il y a une question de modèles. Pour En revanche, si un somnifère fait dormir un rat, il
mener une étude concernant des microbes, on va fera à 99,9 % dormir un homme. Quelques
utiliser des colonies bactériennes. Pour la molécules peuvent être spécifiques d’une espèce,
génétique, on prendra plutôt des mouches mais c’est rarissime ! Dans l’écrasante majorité des
drosophiles. Mais, dans les nombreux cas où l’on cas, ce qui est applicable au rat est aussi applicable
vise la physiologie humaine, on opérera à l’homme. De plus, l’autre avantage de travailler
effectivement le plus souvent sur des rats ou des souvent avec les mêmes espèces animales, c’est
souris. Parce que ce sont des mammifères, ils sont qu’on les connaît très bien. On a même créé des
suffisamment proches de l’homme. Sans être trop lignées particulières plus ou moins sensibles à telle
proches quand même… ou telle chose, comme des souris plus anxieuses ou
moins anxieuses... Ainsi a-t-on désormais des
D ’autres mammifères seraient tout aussi valables modèles particuliers chez la souris ou chez le rat
comme modèles, non ?
Ces expérimentations sont-elles bien encadrées ?
Bien sûr, mais les rats et les souris blanches sont,
pour plusieurs raisons, vraiment très commodes. Elles le sont de plus en plus et il y a, d’ailleurs, de
Premièrement, ils sont très doux et donc très moins en moins d’animaux utilisés pour la
faciles à manipuler. Deuxièmement, ils sont petits recherche. Quand j’ai commencé il y a 40 ans, le
et donc faciles à gérer. On peut facilement placer scientifique était quasiment libre de faire ce qu’il
100, 200 rats en cage dans un même endroit. voulait avec les animaux. Maintenant, il y a un
Troisièmement, ils se reproduisent très vite. La encadrement. Les projets de recherche passent par
gestation est de l’ordre de trois semaines et des comités d’éthique. Il y a des enseignements
l’animal est adulte au bout de deux mois, ce qui d’éthique, des contrôles… Et la réglementation est
permet une nouvelle fois de travailler facilement assez satisfaisante pour les vertébrés et les
sur de grandes quantités d’animaux, comme on se pieuvres, qui sont bien mieux protégés dans la
doit de le faire, par exemple, pour tester un recherche que dans la gastronomie. Reste qu’à
médicament. mon avis ce n’est pas encore suffisant. Car il
pourrait y avoir plus de contrôles vétérinaires et,
Mais ce qui est vrai pour le rat l ’est-il vraiment surtout, la formation des chercheurs en la matière
pour l’homme ? mériterait d’être renforcée et améliorée.

Propos recueillis par Chloé Durand-Parenti Publié


le 29/06/2015

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