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Cadi
juge musulman

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Pour les articles homonymes, voir Cady, caddy, Kadi
et Kady.

Un cadi (arabe: ‫ڡﺎﴈ‬# [qāḍī], « juge ») est un juge


musulman remplissant des fonctions civiles,
judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix
et un notaire, réglant des problèmes de la vie
quotidienne : mariages, divorces, répudiations,
successions, héritages, etc. Le mot « cadi » vient
d'un verbe signifiant « juger », « décider ». Il est
issu de l'arabe, en particulier du mot ‫ڡﻀﺎء‬# ‫ اﻟ‬qui veut
dire jugement .

Définition …

Le cadi est un personnage essentiel dans les


sociétés musulmanes. Selon Al-Mâwardi, le cadi
doit : « trancher les disputes, faire valoir les
responsabilités, les droits des incapables ou des
orphelins, administrer les fondations pieuses
(Waqfs), donner effet aux dispositions
testamentaires, infliger les peines fixées, protéger sa
circonscription contre les violations des règlements
et contre les troubles, tenir la justice égal pour les
faibles et les forts, les grands et les petits. »[1]

Au Xe siècle, le juriste hanafite al-Jaṣṣāṣ définissait


le rôle du cadi de la manière suivante : « Le cadi
remplace l’ensemble de la population [dans sa
mission] de rendre à chacun ce à quoi il a droit »[2].

Bien des siècles plus tard, Ibn Khaldoun affirma


dans son ouvrage Al-Muqaddima : « La fonction de
cadi est une de celles qui dépendent du calife. C'est
une institution dont l'objet est de juger les conflits et
de mettre fin aux querelles et aux dissensions. Elle
doit appliquer les lois religieuses définies par le
Coran et la Sunna. c'est donc un office rattaché au
califat et qui dépend de lui. ».

Histoire de la fonction de cadi …

L'origine de la fonction de cadi est mal connue.


L'historiographie musulmane traditionnelle est
ambiguë sur ce point : selon les uns, des cadis
auraient été nommés dès l'époque du califat de
Médine (califes dits "Rāshidūn") ; selon d'autres, le
poste de cadi aurait été une création omeyyade[3].

Sous la dynastie des Omeyyades (661-750), les


cadis étaient généralement nommés par les
gouverneurs de provinces. À quelques exceptions
près, le calife omeyyade n'intervenait pas dans leur
désignation. Joseph Schacht considère ainsi le cadi
comme le "secrétaire judiciaire" du gouverneur. Une
importante réforme eut lieu sous le deuxième calife
abbasside, al-Manṣūr (r. 754-775). Dans la seconde
partie de son règne, celui-ci entreprit de centraliser
la judicature et de nommer lui-même les cadis de
l'empire. Les cadis dépendirent désormais
directement du pouvoir central et leur justice devint
l'expression de celle du califat[4].

À la fin du VIIIe siècle, Hārūn al-Rashīd renforça


l'institution judiciaire en créant la fonction de "grand
cadi" (qāḍī al-quḍāt), à la fois conseiller juridique du
calife et grand juge de l'empire islamique. Le grand
cadi participait avec le calife au choix des candidats
à la judicature et pouvait, en certains cas, nommer
lui-même des cadis[5].

L'organisation juridictionnelle du cadi n'en est


qu'une parmi plusieurs : à l'origine, le cadi est
chargé de trancher les litiges entre particuliers ainsi
que de juger les hudud, ou crimes commis « contre
Dieu ». Ces derniers vont cependant être placés
sous l'autorité militaire pendant le règne des
Mamelouks[6].

D'autres organisations juridictionnelles ont


cependant existé, de façon concurrente, par
exemple celles du chef de la police (le sahib as-
surta, en tant que wali al-djaraim ou responsable de
la lutte contre les crimes), des autorités de marché
(le muhtasib), des mazalim (instances d'appel
contre les décisions de l'administration ou des
militaires, exercée par le prince ou ses délégués), le
hajib al-hujjab (ou grand chambellan, chargé de la
justice militaire sous les Mamelouks[6]), etc[7].

Les cadis vont cependant acquérir d'autres


fonctions à partir du Xe siècle, devenant souvent
chefs de la police, gouverneurs de ville (ainsi la
famille des Ali-Burhan à Boukhara de 1102 à 1238,
ou encore les Abbadides de Séville de 1023 à 1091,
les cadis de Valence, Murcia, Malaga, Jabla, Tripoli,
Tyrós ou encore Diyarbakir), contrôlant
l'administration, étant nommés diplomates ou
ministres[7]. L'accès aux postes administratifs et
politiques leur est ouvert sous les dynasties des
Mamlouks (1250-1517), des Timourides (1370-1506)
et des Seljouks (XIe – XIIIe siècle)[7]. Certains auteurs
du XIIIe et XIVe siècle (dont le hanbalite Ahmad Ibn
Taimiyya, son disciple Ibn Qayyim al-Jawziyya et le
malékite Ibrahim Ibn Farhun, tous trois sujets de
l'empire mamlouk) vont ainsi réclamer l'extension
des compétences du cadi, et son droit d'imposer
des peines jusque-là réservées aux autorités
politiques pour la préservation de l'ordre public[6].

Le Parlementaire et le medjeles
Horace Vernet, 1834
Chantilly, Musée Condé[8]

Au XIXe siècle au début de la colonisation par la


France, Charles RICHARD (ex-Capitaine
Commandant du Génie), décrit ainsi l'institution :

«  Dans les tribus, il y aurait des kadis et


des muphtis ; les seconds seraient les
aides des premiers et leurs suppléants
au besoin. Au centre du cercle serait un
medjeles composés des kadis les plus
importants.... On appellerait devant lui
des affaires portées devant les kadis et il
jugerait en dernier ressort[9].  »

La saisine du cadi et la
procédure judiciaire

Juger selon le vraisemblable …

Les attaques de corruption et de favoritisme contre


les cadis sont aussi anciennes que l'institution.
Présentes chez les juristes, elles conduisent à
relativiser le jugement du cadi: celui-ci ne dit pas la
vérité sur les faits ou les mobiles, le cadi n'ayant pas
accès, contrairement à Dieu, à l'intérieur des
consciences, et ne pouvant donc se fonder, pour
juger, que sur des témoignages vraisemblables[6],[7].
Dès le IXe siècle, ces témoignages et les débats
devant le cadi sont ainsi consignés par écrit, afin de
servir en tant que sources de jurisprudence[6]. Au
XIIe siècle, le juriste hanéfite de Transoxiane Sarakhsi
déclare ainsi :

«  Il n'y a aucune méthode pour démêler


le sincère du mensonger dans un
témoignage car Dieu - il est sublime - ne
nous donne pas accès à la vérité sur la
sincérité d'un rapport fourni par
quelqu'un qui n'est pas immunisé [par
Dieu] contre le mensonge. Du point de
vue du droit sacré (sar), [le cadi] n'est
pas obligé de prendre connaissance des
choses qui lui sont inaccessibles, parce
que l'obligation dépend des capacités. Il
est capable de connaître le statut des
témoins et s'il fait cela diligemment, il
accomplit tout ce qui est dans ses
capacités et il est alors tenu de donner
son jugement. Tout ce qui dépasse ce
niveau de connaissance n'est plus à
prendre en compte parce que ça n'entre
pas dans la sphère de ses capacités[10]. »

Ainsi, la vérité judiciaire est davantage le résultat de


la conformité aux normes juridiques qu'un jugement
conforme aux faits[7]. Elle peut donc entrer en conflit
avec la vérité théologique : le cadi peut rendre un
jugement erroné, puisqu'il ne se fonde que sur le
vraisemblable, ce qui n'empêcherait pas le vrai
coupable d'être condamné à l'enfer par la justice
divine[7].

Les cadis dans le monde

Notes et références

Annexes

Dernière modification il y a 7 mois par Dh…

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