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Le droit mésopotamien
Le droit participe de son milieu d’origine. De très nombreux facteurs contribuent à le
façonner. Certaines civilisations ont organisé leur ordre social sans distinguer le droit
d’autres modèles de conduites, notamment de la religion ou de la morale.
Droit de la Mésopotamie = exemple de droit non-autonome, profondément marqué
par la religion. Cela se voit sur son plus célèbre monument législatif : le Code
d’Hammourabi. Hammourabi était le roi de Babylone autour de -1750. Le code
d’Hammourabi présente le droit comme un droit révélé : c’est un dieu qui passe pour
avoir dicté le droit au roi Hammourabi. Et parce qu’il a été donné par un dieu, le droit
n’est pas destiné à changer. D’ailleurs, le code maudit à l’avance celui qui oserait
changer la loi. De fait, le droit a peu changé : le code d’Hammourabi a été promulgué au
XVIIIe av. J-C et 1000 ans plus tard, il s’appliquait encore !
Un autre signe de l’imprégnation religieuse de ce droit, c’est l’ordalie.
Ordalie (appellée aussi « jugement divin ») = mode de preuve qui fait appel aux
dieux. Quand il n’y a pas d’autre preuve, le plaideur est soumis à une épreuve matérielle
destinée à révéler la vérité.
En Mésopotamie, l’ordalie prend une forme fluviale. Le plaideur doit entrer dans le fleuve
et parcourir une certaine distance. S’il surnage, son innocence est prouvée ; s’il coule,
c’est qu’il est coupable.
= droit non-autonome par rapport à la religion. Il n’est d’ailleurs pas plus autonome
par rapport à la morale. Les manquements à la morale sexuelle et familiale occupent une
large place dans les normes juridiques en Mésopotamie.
La “jurisprudence” à Rome
Ce que l'on appelle « jurisprudence » à Rome ne désigne pas les décisions des
tribunaux, mais la science du droit. Elle résulte de l'activité des juristes, qui connaît 2
formes :
• l'équivalent de notre doctrine. Les juristes écrivent des commentaires.
• et l'activité de consultation. Les juristes délivrent des consultations qui portent le
nom de responsa (“réponses”).
Dans l'un et l'autre cas, ils contribuent à la création du droit par l'interprétation.
+ dvpt sur les juristes ?
6 La coutume
Coutume = source du droit fondée sur la répétition d'une même pratique.
À Rome, son rôle est reconnu en droit public. Mais en droit privé, la coutume est
absente des catalogues de sources de droit proposés par les juristes classiques. Le
système juridique romain n'a pas besoin de la coutume. Il dispose, en effet, de 2 sources
qui lui permettent d'absorber quasi-instantanément les nouveautés de la pratique :
• l'interprétation jurisprudentielle ;
• l’édit du préteur.
La coutume pénétrera pourtant dans l'ordre juridique romain par les provinces
conquises.
L’édit du préteur
L’édit du préteur est la source principale du droit privé romain entre le IIe siècle av. J-
C et le IIe siècle ap. J-C.
Le préteur = magistrat judiciaire élu pour 1 an, qui intervient dans la 1re phase du
procès. Lors de son entrée en fonction, il publie un édit = son programme d'activités
pour l'année, qui énumère les cas dans lesquels il délivrera des actions.
Comme notre droit moderne, le droit romain distingue le droit et l'action.
• Dans le droit moderne, le droit précède l'action, l'action n'est là que pour le
faire respecter.
• Dans le droit prétorien, l'action précède le droit : le préteur peut délivrer des
actions dans un domaine où la loi ne s'est pas prononcée et c'est ce qu’il fait
quand il estime qu'une situation doit être protégée. Le droit ne naît qu'à partir du
moment où l'action est offerte par le préteur.
L’édit du préteur est un catalogue de toutes les actions qu’il annonce à l'avance.
Cet édit, valable 1 an, porte le nom d'édit perpétuel. S’il se présente une situation non
prévue, le magistrat peut prendre un édit spécial.
Chaque année, l'ouvrage est refondu. Mais le préteur suivant reprend l'essentiel de son
prédécesseur. L'édit est amélioré, enrichi.
→ C'est donc une source du droit souple, capable de répondre aux nécessités
pratiques.
→ L'essentiel du droit romain a été l'oeuvre d'experts. Ces experts ont travaillé à le
construire durant des siècles, et c'est à eux qu'il doit ses incomparables qualités
techniques.
Ajoutons que pour interpréter les textes, les juristes romains nous ont appris à
distinguer entre l'esprit et la lettre. À une application brutale du sens littéral
d'un texte, il faut parfois préférer une interprétation conforme à son esprit.
Ex : celui qui prétendait respecter la trêve de 40 jours qu'il avait conclue avec
l'ennemi, tout en ravageant le territoire ennemi pendant la nuit.
L’ordalie
L’ordalie est un mode de preuve irrationnel. Elle repose sur l'idée qu’à travers une
épreuve, Dieu révèle celui qui a tort et celui qui a raison.
Dans le droit mésopotamien par exemple, droit non autonome de la religion, l’ordalie
prend une forme fluviale. Le plaideur doit entrer dans le fleuve et parcourir une certaine
distance. S’il surnage, son innocence est prouvée ; s’il coule, c’est qu’il est coupable.
A l’époque carolingienne, le recours à l’ordalie se généralise et l'autonomie du droit
par rapport à la religion subit un très net recul.
On distingue l’ordalie unilatérale (subie par une seule partie, l'accusé en principe) de
l’ordalie bilatérale (subie par les deux parties).
L’ordalie unilatérale connaît plusieurs formes :
• L’ordalie du pain et du fromage. Le patient doit ingurgiter une grande quantité de
ces aliments sans être incommodé.
La loi salique
La loi salique est la loi des Francs Saliens, la famille de Clovis. C’est une loi barbare,
originellement régie par des usages oraux, dont la rédaction a été commencée sous
l’Empire romain, et a été achevée à la fin du règne de Clovis.
1/ La loi salique contient les coutumes propres aux Francs en matière de mariage, de
succession, et de droit pénal. La rédaction de la loi a eu pour objectif d’éliminer ou de
limiter l'usage germanique de se faire justice à soi-même. C'est pourquoi elle prévoit que
la vengeance sera rachetée par une composition pécuniaire accordée en justice.
Pour chaque infraction un prix est fixé.
Exemple de la loi salique : en matière d'homicide, le prix du Franc ordinaire est fixé à
200 sous d’or, celui d’un Romain est fixé à 100 sous d'or simplement, mais un Franc de
qualité vaut jusqu'à 600 sous. La femme, en général, vaut moins cher, sauf si elle est
enceinte.
De même, les coups et blessures, les vols font l'objet de tarifications.
Ce système de règlement des conflits met un frein au système archaïque de la
vengeance privée.
La loi salique était une loi personnelle, mais en tant que loi de la population dominante, a
fini par s’imposer dans tout le territoire entre le Rhin et la Loire.
2/ Une autre caractéristique de la loi salique concerne la conception patrimoniale du
pouvoir et la succession du roi : à la mort du roi, le royaume est partagé comme dans
une succession ordinaire. Les enfants se partagent le royaume, à l'exclusion des filles.
Ainsi, en 511, à la mort de Clovis, ses 4 fils se sont partagés le royaume.
Plusieurs siècles après Clovis, dans le courant du XIVe siècle, alors qu’on cherchait un
argument juridique pour écarter les femmes de la succession au trône, on est allé
exhumer la loi des Francs Saliens, dont un article dispose que la terre des ancêtres ne
peut être transmise à une femme et qu'elle doit échoir à un héritier de sexe masculin. On
ne s'est pas embarrassé de savoir si cette disposition était d'application absolue. Cet
argument va connaître fortune, à ce point que l'exclusion des femmes de la couronne de
France sera baptisée de “loi salique”.
→ Tous ces droits seigneuriaux ont été transformés en coutumes par leur répétition dans
le temps.
Mais sur un même territoire, le droit n'est pas le même pour tous. La personnalité
des lois fondée sur des critères ethniques a disparu, mais elle va resurgir sous une
forme nouvelle, reposant sur des critères sociaux.
Nouvelle idéologie des trois ordres. À ces trois fonctions sociales, correspondent trois
genres de vie qui justifient que le droit ne soit pas le même pour tous.
Cette nouvelle version de la personnalité du droit a engendré à son tour des usages
distincts pour chaque catégorie sociale.
Ex : pour les puissants, la cohésion du groupe suppose un chef. La famille noble va
adopter une discipline successorale propre à préserver le patrimoine.
Ainsi se sont formées les coutumes, mais qui restent des embryons de coutumes.
Dans un système coutumier, le juge joue un rôle essentiel. Alors, l'absence de
jurisprudence aux Xe et XIe siècles représente un lourd handicap pour le droit coutumier
en gestation, qui reste frustre.
La justice fait appel au sacré dans les modes de preuve. Le recours à l’ordalie se
généralise à l'époque carolingienne. À travers une épreuve physique, s'exprime le
jugement de Dieu. Ordalie unilatérale (subie par 1 partie) ou bilatérale (subie par les 2
parties).
L’ordalie unilatérale connaît plusieurs formes.
• L’ordalie du pain et du fromage.
• L'ordalie de l'eau froide.
• L’ordalie du chaudron.
• L’ordalie du fer rouge. Dans ces deux derniers cas, la main brûlée est enveloppée
dans un sac et examinée au bout de quelques jours. L'aspect de la plaie décide
alors du résultat de l'épreuve.
En pratique, les juges choisissent l'une ou l'autre épreuve en fonction de leur intime
conviction.
L'ordalie bilatérale est subie par les deux parties. La plus connue, c'est le duel
judiciaire. Les deux parties s'affrontent en combat singulier.
L'ordalie est beaucoup moins irrationnelle qu'il n'y paraît. La foi est très forte. Celui qui a
tort va se trouver psychologiquement en état d'infériorité : bien souvent, il n’ose même
pas subir l'épreuve, il préfère avouer.
Les choses auraient dû changer avec les Carolingiens. Les clercs qui entourent
les monarques font renaître la notion d'Etat et ils analysent le pouvoir comme une
fonction et non pas comme la propriété de celui qui l'exerce. Pourtant, cette idéologie
se heurte à la persistance des mentalités barbares.
• Le royaume continue à être à la disposition du roi. Le roi continue à en
disposer au profit de ses proches. Et on peut même dire qu'il en dispose de plus
en plus.
• Beaucoup plus grave encore, le partage du royaume. Il y a une véritable
incohérence entre l'idéologie qui inspire l'entourage du roi et la politique que
mènent les rois dans la réalité. C'est par hasard que l'unité de l'empire a été
conservée.
Cette pratique du partage du royaume disparaît en 888, car à partir de cette date, le
roi sera élu par les grands. Plus question alors de partager le royaume entre plusieurs.
On élit un seul roi.
2. L’emprise croissante du privé sur le public
Dans le même temps, les fonctions publiques sont devenues patrimoniales.
Généralement, tout ce qui est public a fait l'objet d'une appropriation privée.
La confusion entre public et privé atteint son comble avec la seigneurie banale : le
seigneur exerce tous les droits régaliens, mais à son profit.
• La fiscalité tombe dans son escarcelle, il en dispose comme il entend.
• Le droit de guerre lui sert à vider ses querelles ou à piller la seigneurie voisine.
• Quant à la justice, c'est un droit très lucratif : elle lui permet de prononcer des
amendes, des confiscations dont il empoche le produit. Elle lui permet aussi de
dépouiller les petits propriétaires restés indépendants.
Cette émancipation urbaine a rejailli sur les campagnes parce que “l’air de la ville
rend libre”, selon l'adage du Moyen Âge. Il suffisait d'habiter dans une ville pendant
un an et un jour pour perdre le statut de serf et devenir un homme libre. Alors, les serfs
fuient les seigneuries pour s'installer en ville.
En outre, le défrichement s'intensifie, on a besoin de bras. Pour attirer ces bras, certains
seigneurs offrent un statut avantageux aux serfs.
→ Les seigneurs sont alors bien obligés de leur accorder des concessions s’ils veulent
les garder. C'est pourquoi ils vont abandonner les prérogatives les plus pesantes.
Déclaration du seigneur consignée dans une charte d'affranchissement collectif.
Ces chartes écrites interdisent à l'avenir l'arbitraire du seigneur.
Recueil de Gratien : Concorde des Canons discordants mais qu'on baptisera vite de
son nom, le Décret de Gratien.
2. Les collections de décrétales
Le droit canonique est un droit vivant. Les conciles, les papes continuent à légiférer
et ils légifèrent même de mieux en mieux car les législateurs de l'Eglise sont formés à la
technique juridique (l’Eglise a ouvert un enseignement de droit : Facultés de décret).
Les papes sont de grands juristes. Et ils vont compléter le Décret de Gratien. On
consulte le pape sur un point nouveau ou sur un point douteux, et le pape répond par
voie de décrétale. Comme l'empereur romain le faisait par rescrit, le pape légifère
par décrétale.
Le Décret de Gratien (1140) a été suivi par une explosion de décrétales. Un siècle plus
tard, les décrétales sont tellement nombreuses qu'il faut les trier : ce recueil prendra le
nom de “Livre des Décrétales qui se promènent en dehors du décret”.
L'ensemble est achevé à la fin du XVe siècle, on lui a donné le nom de Corpus
Juris canonici (“corps de droit canonique”). Ce Corpus est resté en vigueur jusqu'en
1917, date à laquelle il a été remplacé par un autre code.
I. Le laboratoire universitaire
Les premiers foyers d'enseignement se répandent en Europe. Une communauté savante
se fixe en un lieu : c'est ainsi que se forment des universités. Deux grands centres ont
servi de modèle : Bologne pour le droit ; Paris pour la théologie.
À partir du XIIIe siècle, les institutions universitaires se propagent dans toute l'Europe.
• C'est un monde universitaire cosmopolite. langue : latin.
Voilà la doctrine juridique médiévale. Comme la doctrine juridique romaine, elle créé du
droit par interprétation. Mais elle n'est pas constituée de praticiens comme à Rome : elle
est constituée de professeurs, qui vont donc développer une approche abstraite,
théorique du droit.
1. L’exaltation de la loi
3. La place du juge
La doctrine des romanistes fait une très large place au juge, parce que c'est le juge qui
est présumé exprimer la volonté populaire, ce consentement populaire nécessaire à
l'existence d'une coutume.
Avec la doctrine savante, le juge acquiert quasiment le monopole de la
reconnaissance de la coutume.
I. Le droit canonique
Le droit canonique est un droit d'application directe. Il s'applique dans tous les
tribunaux ecclésiastiques. C'est un droit transnational, unique, commun à tous les pays
d'Europe, y compris l'Angleterre.
Ce droit va très profondément marquer l'Occident, parce qu’il a régi, et au départ,
exclusivement, certains domaines du droit privé, notamment le mariage.
Le Jus commune
Le Jus commune est un droit universel qui intéresse surtout l'Europe continentale.
On a vu que l'Angleterre avait créé son propre droit commun le Common Law.
C'est un droit qui s'appuie d'abord sur le droit romain. Mais les romanistes vont
l'enrichir avec des éléments qu'ils empruntent à leur temps. Ils vont puiser dans le
droit canonique, dans le droit féodal, dans le droit coutumier. En retour, ils vont faire
profiter ces droits de la méthodologie et de la technique du droit romain.
Ce droit commun qui se crée ainsi dans les universités a vocation à s'appliquer à chaque
fois qu'il n'y a pas d'autre droit : c’est le droit supplétoire de toute l'Europe continentale.
Les lois nationales et les coutumes locales laissent une très large place à cette
application subsidiaire dans la mesure où elles sont encore très incomplètes, encore très
imparfaites.
Le jus commune constitue un considérable facteur d'unification du droit. De nos jours, on
reparle beaucoup de ce jus commune à cause de la construction européenne.
I. Le rôle de la jurisprudence
Dans un droit caractérisé par la pluralité des sources comme c'est le cas au Moyen Âge,
le juge occupe nécessairement une place essentielle, puisque c'est lui qui dit quel
est le droit applicable à l'espèce qu'il doit juger.
La jurisprudence va dès lors jouer un rôle majeur dans l’affirmation du droit coutumier.
La coutume va disparaître des ordonnances royales. La coutume devient l'affaire du
juge.
Le développement des juridictions d'appel va peser lourd sur le droit coutumier : une
juridiction d'appel tend à unifier le droit dans son ressort.
Véritable tri parmi la multitude des usages locaux.
C'est ainsi que dans la première moitié du XVIe siècle, sont officiellement publiées
la plupart des grandes coutumes du Nord, du Centre, de l'Ile de France, mais aussi
une bonne partie des coutumes de l’Ouest et quelques coutumes du Sud-Ouest.
Ces premières rédactions restent imparfaites, et comportent trop de lacunes.
La jurisprudence de son côté continue à trancher des points obscurs ou négligés, ou
encore elle innove. C'est ainsi qu'un écart se creuse entre le texte et la façon dont on
l'applique. C'est pourquoi la nécessité apparaît de refondre les coutumes, de les
réformer.
→ Dans le domaine qui leur reste, les coutumes ont été modernisées.
Les ordonnances de codification sont, à partir du règne de Louis XIV, une manière
nouvelle pour le roi d'intervenir dans le droit. Elles traitent d’un domaine précis
qu'elles réglementent systématiquement. Sous le règne de Louis XIV :
• La procédure civile donne lieu à la grande ordonnance de 1667.
• La procédure pénale donne lieu à l'ordonnance de 1670.
• L'ordonnance du commerce de 1673.
• L'ordonnance de la marine en 1681
Toutes ces ordonnances doivent beaucoup à Colbert.
• En 1685, Code noir qui réglemente le droit colonial et l'esclavage.
A l'occasion du traité de Troyes (signé par Charles VI), on avait posé le principe
qu'un roi ne pouvait exhéréder l'héritier nécessaire et se choisir un successeur.
À partir du XVIe siècle, on a dû dégager d'autres implications de la règle d'indisponibilité
de la Couronne.
1re implication : le roi ne peut pas renoncer au trône. Il ne peut pas abdiquer.
La question s'est posée sous François Ier au début du XVIe siècle ; il est fait prisonnier
par l'empereur. Il envoie secrètement à Paris des lettres patentes d'abdication pour faire
couronner roi de France le jeune dauphin. Le Parlement de Paris refusera d'enregistrer
ces lettres patentes : une abdication était contraire au principe d'indisponibilité de la
Couronne.
2e implication : pas plus que le roi ne peut lui-même renoncer à la Couronne, il ne
peut y faire renoncer l'un de ses descendants légitimes.
Le problème s'est posé à propos de ce que l'on appelle la succession d'Espagne sous
Louis XIV. Louis XIV est obligé de faire signer de telles renonciations à son petit-fils : ces
renonciations seront incluses dans le traité de paix signé à Utrecht en 1713.
Au regard des Lois fondamentales pourtant, ces renonciations étaient radicalement
nulles.
3e implication dégagée sous le règne de Louis XIV : le roi ne peut habiliter
personne à succéder à la couronne.
Une affaire retentissante a secoué la fin du règne de Louis XIV. Durant les années 1711-
1712, Louis XIV voit disparaître successivement trois dauphins. Auatre autres princes de
sang étaient morts. Louis XIV est inquiet. Il promulgue à Marly en juillet 1714 un édit
qui habilite à la Couronne deux des enfants qu'il avait eus de Mme de Montespan.
Le Parlement de Paris enregistre sans résistance cet édit de Marly. Mais dès que Louis
XIV meurt en 1715, commence une véritable guerre de la constitution. En juillet 1717, un
arrêt en forme d’édit annule l’édit de Marly, inconstitutionnel car il violait le principe
La Révolution et la Constitution
a. La constitution écrite
Pendant la campagne électorale qui précède l’élection des députés aux Etats généraux,
des cahiers de doléances sont rédigés. Ils réclament souvent une constitution.
Inconvénients du régime coutumier :
• incertitude : les règles sont immergées dans les faits, on hésite sur leur étendue,
sur leur portée.
• instabilité. Les règles sont mouvantes, elles échappent à toute fixation.
→ On réclame une constitution écrite pour disposer de règles claires, fixes,
précises.
Mouvement constitutionnaliste fort. Dans la lettre qui porte règlement électoral des
Etats généraux (24 janvier 1789), Louis XVI pose la question de la constitution : « Les
Etats donneront les moyens et avis pour arriver à un ordre constant et invariable dans
toutes les parties du gouvernement ».
Les Etats généraux iront bien au-delà, puisqu'ils vont se transformer en assemblée
constituante, qui donnera à la France sa première constitution écrite.
Cette constitution écrite du 3 septembre 1791 inaugure une longue liste de
constitutions. Nous n'avons pas connu moins de 15 constitutions avant celle de 1958.
Toutes ont été des constitutions écrites, y compris celle de la Restauration en 1814. Le
principe de la constitution écrite est resté un acquis définitif de la Révolution.
b. La constitution, instrument de liberté
Conformément à la doctrine du droit naturel, la constitution est le moyen de
procurer aux droits individuels, la sûreté qui leur est due. Dans la DDHC, l'existence
même d’une constitution est subordonnée à son contenu. Article 16 : « Toute société
dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n'a point de constitution. »
La DDHC
L'Assemblée constituante souhaite affirmer très vite les principes sur lesquels la
monarchie ne pourra plus revenir. C'est ainsi qu'elle est amenée à rédiger la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789. Cette Déclaration est destinée à
être placée en tête de la constitution.
La Déclaration des droits de l'homme présente donc un caractère circonstanciel :
c'est une véritable machine de guerre contre l'absolutisme et la société d'Ancien
Régime.
La référence est faite au droit naturel : c'est de la nature que les hommes tiennent leurs
droits. C'est pourquoi le texte se borne à les déclarer.
La codification napoléonienne
Le Code civil
Pour le fond, la source la plus importante du Code civil, c'est le droit coutumier, et
surtout la coutume de Paris qui inspirera les rédacteurs du Code civil. Ils ont beaucoup
puisé dans l'oeuvre de Pothier au point que Pothier a pu être qualifié de “Père du Code
civil”.
Il y a aussi des reprises du droit canonique (droit matrimonial).
La part de l'héritage juridique de l'Ancien Régime est donc considérable.
Mais le Code civil puise également dans le droit intermédiaire, intervenu depuis la
Révolution. Un héritage cette fois sous bénéfice d'inventaire, car il refuse les excès
égalitaires de l'an II. En revanche, le Code civil reprend les principes consacrés au début
de la Révolution : la propriété inviolable et sacrée, l'égalité dans les successions
légitimes, la conception civile du mariage, l'état civil, le divorce.
B. L’équilibre du Code civil
Le Code civil forme un ensemble à la fois composite et équilibré, et un ensemble qui ne
se veut pas figé. Le Code civil a, en effet, été conçu pour durer.
Le Code civil rompt avec la tradition révolutionnaire en réhabilitant les sources du
droit autres que la loi. C'est surtout le rôle de la jurisprudence qui est réhabilité.
• Si l'article 5 du Code civil défend au juge de prononcer par voie de disposition
générale et réglementaire sur les causes qui leur sont soumises,
• l'article 4 précise que « le juge qui refusera de juger sous prétexte du silence, de
l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi pourra être poursuivi comme coupable de
déni de justice. » → Nécessairement, le juge sera amené à interpréter la loi.