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Le discours rapporté.
Le style direct.
1. Martine précisa alors : « Je ne partirai que quelques jours et je reviendrai avec mes
amis. »
2. « Je ne partirai que quelques jours, précisa alors Martine, et je reviendrai avec mes amis. »
3. « je ne partirai que quelques jours et je reviendrai avec mes amis », précisa alors Martine.
Le message est rapporté au style direct. Ce sont les paroles du locuteur qui sont
retransmises.
a. présence d'un verbe introducteur. Celui-ci peut être placé avant, au milieu ou à la fin
du message (dans les deux derniers cas, remarquez l'inversion du sujet).
b. ponctuation : deux points ; guillemets au commencement et à la fin des paroles rapportées.
c. les éléments de l'énonciation sont conservés.
d. intonation : pause après le verbe introducteur si celui-ci est en tête. Si le verbe introducteur
est intercalé ou placé après, légère baisse de la voix.
Le style indirect.
Ex. : Martine précisa alors qu'elle ne partirait que quelques jours et qu'elle reviendrait
avec ses amis.
Le message est rapporté au style indirect.
1. Le verbe introducteur précède obligatoirement le message qui devient une complétive.
Attention : Tous les verbes introducteurs d’un message au style direct ne peuvent pas être
utilisés au style indirect.
Ex. « Mais vous, vous seriez d’accord pour le laisser partir ? », reprit – il.
Transformation impossible : « Il reprit que … » ne se dit pas.
2. Les verbes introducteurs sont nombreux en français ; parmi les plus courant : dire , affirmer,
expliquer, exprimer, assurer, répéter, conseiller, répondre, rétorquer, répliquer, objecter, ordonner,
etc.
3. Le mode de subordination dépend de la nature du message ( assertion, question, ordre)
Ex. Elle a téléphoné qu’elle serait en retard.
Il lui a demandé de venir plus tard.
Il ne savait pas si la grève aurait lieu, etc.
4. Le passage du style direct au style indirect entraîne des modifications importantes du message
initial :
a. Les pronoms personnels et les adjectifs possessifs.
( Le changement dépendra de l’énonciateur et du récepteur)
EX. L’élève dit à sa voisine : « Je vais me servir de ton livre ; j’ai oublié le mien ».
→ L’élève dit à sa voisine qu’il va se servir de son livre, qu’il a oublié le sien.
b. Les adverbes ou adjectifs de temps et de lieu ( si lez verbe introducteur est au passé ) :
hier → la veille Demain → le lendemain après-demain → le
surlendemain
lundi dernier → le lundi lundi prochain → le lundi Cette semaine → cette
précédent, le lundi d'avant suivant, d'après semaine - là
ici → là dans 3 jours → 3 jours après, Il y a 2 jours → 2 jours
3 jours plus tard auparavant
c. Le mode.
L'impératif est remplacé le plus souvent par le subjonctif, par l'infinitif ou par des modaux :
devoir ou falloir.
Ex. : Pierre à ses amis : « Aidez-moi ».
Il a dit qu'on l'aide
qu'on devait l'aider
qu'il fallait l'aider
Il leur a demandé de l'aider.
Les temps
Si le verbe introducteur est au présent, à l'impératif, au futur ou au conditionnel présent : pas
de changement du message initial.
Si le verbe introducteur est au passé, le verbe du message initial va, le plus souvent, changer
de temps.
Elle leur. donna quelques précisions ; elle ne partirait que quelques jours et reviendrait : c'est
un procédé mixte qui présente certains aspects du style indirect (changements de pronoms, de
possessifs, de temps et d'adverbes de temps) et d'autres du style direct (ponctuation
et interjections). Il se caractérise par l'absence de subordonnant et par la présence facultative
d'un verbe introducteur. Il est réservé à l'écrit littéraire. Il est souvent moins lourd que le style
indirect et a l’avantage de ne pas interrompre le récit auquel il s’intègre insensiblement.
Exercice 1.
Rapportez au style indirect les phrases suivantes en utilisant un de ces verbes introducteurs
(dire, demander, répondre, confirmer, ajouter) et en le mettant :
1 - au présent
2 - au passé
1. Quelle heure est-il ? - 2. Fermez la porte ! - 3. Mais oui, je rapporterai les disques. - 4.
Voulez-vous ouvrir la fenêtre ! - 5. Et si j'ai le temps, j'irai à Versailles. – 6. Le train de
Paris ? il n'est pas encore arrivé. - 7. Tu viendras seul ? - 8. Deux droites diagonales
forment un angle de 90°. - 9. Voudriez-vous vous taire ! - 10. Qu'est- vous dites ?
- 11. Voulez-vous du thé ou du café ? - 12. Qui est-ce qui peut répondre à cette question ?
Corrigé.
1. Il demande quelle heure il est./ Il a demandé quelle heure il était. -- 2. Il dit de fermer la
porte/qu'on ferme la porte. Il a dit... (id). 3. Il confirme qu'il rapportera les disques. Il a
confirmé qu'il rapporterait... - 4. Il demande qu'on ouvre la fenêtre/d'ouvrir... Il a demandé...
(id). - 5. Il ajoute que s'il a le temps, il ira à Versailles. Il a ajouté que s'il avait le temps, il
irait à... -6. Il répond que le train de Paris n'est pas encore arrivé. Il a répondu que le train de
Paris n'était pas encore arrivé. - 7. Il lui demande s'il viendra seul. Il lui a demandé s'il
viendrait seul. - 8.11 dit que deux droites orthogonales forment un angle... Il a dit que... (id.).
- 9. 11 leur demande de se taire. Il demande qu'on se taise. Il (leur) a demandé de se taire. ---
10. Il demande ce qu'ils disent (ce qu'il dit). Il a demandé ce qu'ils disaient (ce qu'il disait). -
11. Il demande si nous voulons du thé ou du café. Il a demandé si nous voulions... 12. Il
demande qui peut répondre à cette question. Il a demandé qui pouvait (pourrait) répondre à
cette question.
Exercice 2.
Corrigé.
1. Elle demanda à son collègue ce qu'il allait faire cet après-midi (là). -2. Pendant qu'elle
nous par- lait, nous pensions combien elle avait l'air fatiguée et combien elle devait avoir
besoin de repos. - 3. Mon amie m'a demandé si j'étais contente de ma machine à coudre et si
je l'avais payée cher. -4. Je voudrais savoir ce que tu as pensé de l'émission de
télévision de jeudi soir. - 5. Son frère lui a demandé s'il (si elle) l'accompagnerait au cinéma
le lendemain.- 6. Il a annoncé à sa mère qu'il par- tait finir ses études à Paris. - 7. Dans son
discours à ses employés, le directeur a confirmé qu'ils n'avaient aucune crainte à avoir, qu'ils
auraient tous une augmentation de 3 % d'ici à deux mois. - 8. Après plusieurs heures
d'interrogatoire, l'inculpé est passé aux aveux disant/a avoué/que c'était lui qui avait maquillé
l'immatriculation de la voiture. - 9. L'employé de mairie m'a affirmé que je rece- vrais ma
fiche d'état civil sous huitaine, qu'il n'avait plus qu'a la faire tamponner et signer par le maire.
- 10. J'ai tenu à lui demander si elle serait allée à cette soirée sans la permission de sa mère.
Exercice 3.
Formulez le message att style direct sans réutilisez le verbe introducteur.
1. La maîtresse de maison a demandé aux invités de s'asseoir. 2. Elle l’a supplié de renoncer
à ce projet. 3. Le professeur a demandé aux aux élèves de prendre une feuille de papier. 4.
Elle l'a menacé de le quitter. 5. Il les avait avertis que le cours n'aurait pas lieu la semaine
suivante. 6. Le notaire a accepté que l'entrevue soit reportée à huitaine. 7. Ila suggéré qu’on
se retrouve au café après la conférence. 8. Il s’est Justifié en disant qu'il avait donné l'ordre
de ne plus utiliser cette machine. 9. Elle m'a promis que le manuscrit serait tapé avant la fin
de la sernaine. 10. II a réclamé impérativement que la presse publie un démenti à ses propos.
Corrigé.
1. « Asseyez – vous, je vous en prie.» 2. « Je t’en prie, renonce à ce projet. » 3. « Prenez
une feuille de papier. » 4. « Si ça continue, je te quitte. » / « Fais attention, je vais te
quitter. » 5. « Le cours n’aura pas lieu la semaine prochaine.» 6. « D’accord, reportons
l’entrevue à huitaine.» 7. « Et si on se retrouvait au café après la conférence. » / « On
pourrait se retrouver au café après la conférence.» 8. « D’ailleurs, j’avais donné l’ordre de ne
plus utiliser cette machine.» 9. « Vous pouvez être tranquille. » / « Je vous assure que le
manuscrit sera tapé avant la fin de la semaine.» 10. « J’exige que la presse publie un
démenti à ces propos. »
Exercice 4.
Qui parle ?
- Mettez ces phrases au style indirect en les faisant précéder du verbe intro-
ducteur qui convient :
1. Non, monsieur le directeur, je n'ai jamais reçu d'argent de ce client. 2. Tu sais, tu
risques d'avoir une contravention. 3. Oui, je me suis peut-être trompé. 4. Je
veux absolument être remboursé. 5. C'est vrai, ils avaient caché des armes chez
nous . 6. Oui, monsieur le juge, à cette époque je faisais partie de la bande, mais
maintenant, il faut me croire, je n'ai plus rien à faire avec eux. 7. Comme je te l’ai dit,
nous arriverons par le train de 19h 15. 8. Vous pouvez en être certain, ces bottes sont
imperméables. 9. Je vous l’ai déjà dit, mon client n'était pas à Paris à cette date. 10.
Marie, je ne veux pas que tu conduises la voiture ; tu n'as pas encore ton permis. C'est
trop risqué. 11. Sans blague ! on t’a piqué ton autoradio toute neuve !
12. Ce traitement ne semble pas faire d'effet. Vous pourriez consulter un spécialiste ou
un acupuncteur.
Corrigé.
1. (Un employé). L'employé a assuré à son directeur qu'il n'avait jamais reçu d'argent de
ce client. — 2. (Parent à enfant/ami à un autre ami). Il l'a averti qu'il risquait d'avoir une
contravention. — 3. (Ami, connaissance). Il a admis qu'il s'était trompé. —4. (Un client,
un consommateur). Il a exigé d'être remboursé.— 5. (Des complices). Les témoins ont
reconnu qu'ils avaient caché des armes chez eux. —6. (Une personne accusée). Le
suspect a avoué au juge qu'à cette époque il faisait partie de la bande mais il lui jurait
que, maintenant, il n'avait plus rien à faire avec eux.— 7. (Un parent, un ami). Il a
confirmé qu'ils arriveraient par le train de 19h 15. — 8. (Une vendeuse). Elle m'a
garanti/certifié/assuré que ces bottes étaient imperméables.— 9. (Un avocat). Il a
répété que son client n'était pas à Paris à cette date.—10. (Un parent à une adolescente). Il
lui a interdit de conduire / Il a refusé qu'elle conduise la voiture car c'était trop risqué
puisqu'elle n'avait pas encore son permis. — 11. (Un adolescent à un camarade). Il s'est
étonné qu'on lui ait volé son autoradio toute neuve. — 12. (Un médecin à son patient).
Constatant que ce traitement était inefficace/ne faisait pas d'effet, le médecin a conseillé
à son patient d'aller consulter un spécialiste ou un acupuncteur.
Texte.
- Les brumes: s'exclama Drogo incrédule. Elles ne doivent pas rester en permanence,
l'horizon doit parfois être clair.
- Il n'est presque jamais clair, même en hiver. Mais il y en a qui prétendent avoir vu...
- Qui prétendent avoir vu ? Quoi donc ?
- lis ont rêvé. c'est sûr. Allez donc croire les soldats ! Celui-ci dit une chose, celui-là une autre.
Certains disent avoir vu des tours blanches, ou bien ils disent qu'il y a un volcan fumant et que
c'est de là que viennent les brumes. Même Ortiz, le capitaine, prétend avoir vu quelque chose,
il y a bien de cela cinq ans. À l'entendre. il y a une longue tache noire, apparemment des
forêts.
Ils se turent. Où donc Drogo avait-il déjà vu ce monde ? Y avait-il vécu en songe ou l'avait-il
construit en lisant quelque antique légende ? II lui semblait le reconnaître, reconnaître ce
chaos de roches basses, cette vallée tortueuse sans aucune végétation, ces précipices abrupts
et enfin ce triangle désolé de plaines que les roches qui étaient devant ne parvenaient pas à
masquer. Dans le tréfonds de son âme, des échos s'étaient éveillés. qui demeuraient incompré-
hensibles pour lui.
Dino Buzzati. Le Désert des Tartares, traduit de
l'italien par Michel Arnaud.
Le discours direct :
a. Dans quel passage le texte reproduit-il les paroles échangées entre les deux
personnages telles qu'elles pourraient avoir été prononcées? À quels signes de ponctuation le
reconnaissez-vous ? À quels indices grammaticaux (jeu des pronoms et temps verbaux) ?
b. Par quel verbe ces paroles sont-elles introduites? À quel temps est-il ? Fait-il partie
du dialogue ou du récit ?
Le discours indirect :
Observez la quatrième réplique
a. Quels verbes introduisent les paroles des soldats ?
b. Quelles sont les deux constructions possibles après ces verbes ?
c. Quelles sont la nature et la fonction de ces groupes ?
Le discours indirect libre :
a. Les pensées de Drogo sont rapportées au discours indirect libre :
À quel temps et à quelle personne sont conjugués les verbes ?
Y a-t-il un verbe introducteur ?
b. Transposez-les au discours direct. Quelles remarques faites-vous sur les pronoms person-
nels et le temps des verbes ?
c. Pourquoi parle-t-on ici de discours indirect libre ?
Corrigé.
1. Le discours direct
a. C'est dans la première partie (1. 1 à 10), présentée sous a forme d'un dialogue, que le
texte reproduit les paroles échangées entre les deux personnages telles qu'elles pourraient
avoir été prononcées.
On les reconnaît grâce aux signes de ponctuation spécifiques du dialogue : les tirets et
les passages à la ligne (pour séparer les répliques ou prises de parole).
À cela, on aurait pu ajouter des guillemets, les ouvrir au début de la première réplique, à la
ligne 1, et les refermer à la fin de la dernière réplique, à la ligne 10.
Les deux personnages s'adressent directement l'un à l'autre en se vouvoyant (Allez,
1, 6).
Dans la partie dialoguée, les verbes sont au présent d'énonciation (doivent, 1. 1 ; est, il y a,
prétendent, 1. 3) alors que le récit est au passé simple ( se turent, 1. 11).
b. Ces paroles sont introduites par une proposition incise (s'exclama Drogo incrédule, 1. 1),
qui précise l'identité et le ton du personnage qui prend la parole en premier.
Son verbe est au passé simple, comme le récit, dont elle fait partie. Elle n'est en effet pas
située sur le même plan énonciatif que le reste de la phrase.
2. Le discours indirect
Observons la quatrième réplique (1. 6 à 10)
a. Ce sont le verbe de déclaration dire (dit, 1. 6 ; disent, 1. 7) et le verbe d'opinion prétendre
(prétend, 1. 9) qui introduisent les paroles des soldats.
b. Les deux constructions possibles sont :
— Verbe + groupe infinitif complément : Certains disent avoir vu... (1. 7) et Ortiz, le
capitaine, prétend avoir vu... (1. 9). Il s'agit d'un infinitif passé pour marquer une antériorité.
— Verbe + proposition subordonnée conjonctive : ils disent qu'il y a un volcan
fumant (1. 7-8).
La fonction de ces groupes est COD du verbe (dire ou prétendre).
3. Le discours indirect libre
a. Les verbes sont au plus-que-parfait de l'indicatif, à la troisième personne du
singulier : avait vu, avait vécu (1. 11) et avait construit (1.12).
Il n'y a pas de verbe introducteur.
b. Transposition au discours direct
Drogo pensait : « Où ai-je déjà vu ce monde? Y ai-je vécu en songe ou l'ai-je construit en
lisant quelque antique légende ? »
Les pronoms personnels et le temps des verbes changent : il devient je et le plus-que-parfait
devient passé composé.
On parle de discours indirect libre, car cette forme de discours est exactement la même que
celle du discours indirect (temps et personne) mais sans verbe introducteur, donc sans
proposition subordonnée ; les points d'interrogation (signe du discours direct) sont
maintenus.
ROMEO et JULIETTE
Le couple ROMEO et JULIETTE est devenu célèbre au travers
d’une pièce de théâtre de William Shakespeare. La première
représentation de la pièce remonte à 1595.
1° Pyrame et Thisbé étaient follement amoureux l'un de l'autre mais ils n'étaient pas encore mariés quand
Thisbé tomba enceinte.
Désespérée, elle se suicida et Pyrame la suivit dans la mort.
Les dieux eurent pitié d'eux et les métamorphosèrent en un fleuve homonyme pour Pyrame et en une source
qui déverse son eau dans le fleuve pour Thisbé.
2° Pyrame était un jeune babylonien amoureux de sa voisine Thisbé mais leurs parents leur refusaient le
mariage. Pour se parler, ils se rendaient au fond du jardin et se murmuraient des mots doux à travers une
fissure du mur mitoyen.
Un jour, n'y tenant plus, ils décidèrent de s'enfuir et se donnèrent rendez-vous à l'écart de la ville, à la nuit
tombée, au pied d'un mûrier dont les fruits, en ce temps là, étaient blancs. Thisbé arriva la première mais une
lionne, attirée par l'odeur de la jeune fille, survint ; Thisbé s'enfuit dans une caverne proche et, dans sa hâte,
laissa tomber son foulard que la lionne déchiqueta et macula de sang de sa précédente victime.
Sur ses entrefaites, Pyrame arriva et, avisant le foulard ensanglanté, crut sa bien-aimée dévorée.
Décidant de ne point lui survivre, il se poignarda au pied du mûrier.
PRÉSENTATIO
N
1
Amours tragiques de Pyrame et Thisbé, les [Théophile de Viau], tragédie en cinq actes et en alexandrins
de Théophile de Viau, sans doute composée et représentée pour la première fois en 1621, devant la cour,
éditée en 1623 dans la Seconde partie des œuvres du sieur Théophile.
Pyrame et Thisbé s’aiment depuis longtemps, malgré la surveillance de la mère de Thisbé, malgré la jalousie
de Narbal, le père de Pyrame, et enfin malgré celle du roi qui projette de faire assassiner le jeune homme
(acte I). Car leur seul maître est Amour. Ils ont coutume de se parler à travers la fente d’un mur, qui « pour
receler [leurs] feux s’entr’ouvre les entrailles » (acte II). Un des assassins engagés par le roi est tué par
Pyrame à qui il apprend la trahison du roi : bouleversement du jeune homme, puis fureur du roi qui apprend
l’échec de son entreprise (acte III). Les amants décident de se sauver et se donnent rendez-vous auprès du
tombeau de Ninus au-dessus duquel pousse un arbre « fertile en mûres blanches ». La mère de Thisbé
raconte à sa confidente le rêve affreux dans lequel elle a vu sa fille morte. Celle-ci attend Pyrame sous la
lune, jusqu’à ce que la vue d’un lion la fasse fuir (acte IV). Au lieu du rendez-vous, Pyrame trouve le voile
abandonné par la jeune fille et ensanglanté par le mufle du lion. Il croit Thisbé morte et se tue après une
longue déploration ; à son retour, la jeune fille trouve les fruits du mûrier rougis par le sang du cadavre,
plaint la perte de son amant et se suicide à son tour (acte V).
LA SCÈNE SANS
CONTRAINTES
3
Qui se souvient aujourd’hui des Amours tragiques de Pyrame et Thisbé ? Il se peut que Roméo et Juliette
leur aient volé la célébrité. Presque oubliée aujourd’hui, la tragédie de Théophile de Viau fut pourtant très
admirée de ses contemporains et souvent rééditée jusqu’à la fin du XVIIe siècle : avant le procès pour
libertinage qui en fit un banni, son auteur était au centre d’un groupe de poètes indépendants vis-à-vis du
pouvoir et très féconds. C’est alors l’époque, de courte durée, où le théâtre peut n’obéir encore à aucune des
règles qui régiront dès 1630 comédies et tragédies. La tragédie de Théophile de Viau est écrite dans une
langue âpre et nette, avec un excès qui trouve dans la violence mélancolique de quoi alimenter la double
déploration finale. Celle-ci se développe comme un long poème du sang, où tout, jusqu’au poignard, « le
traître », rougit de la honte de la mort des amants.
MÉLANCOLIE ET
POLITIQUE
4
Le titre de la tragédie du poète souligne d’ailleurs le rapport entre l’intrigue amoureuse et le genre narratif
des « histoires tragiques » qu’aimait la Renaissance et qui se caractérisent par des fins atroces et sanglantes.
La véritable source de cette histoire est cependant le livre IV des Métamorphoses d’Ovide, où le sang des
amants sert d’explication anthropologique à la couleur rouge des mûres, sans qu’il y ait dans ce conte aucun
roi pour persécuter les amants. Théophile de Viau n’est certes pas le premier à exploiter la matière
ovidienne, qui a traversé le Moyen Âge, puis la Renaissance de Montemayor, Góngora pour l’Espagne,
d’Antoine de Baïf en France, de Giambattista Marino pour l’Italie, de Shakespeare qui l’utilise sur un mode
comique dans le Songe d’une nuit d’été. D’autres après lui, dont le peintre Nicolas Poussin, ont participé à la
fortune de la même histoire. Au sein de ce réseau de réécritures et d’imitations, le sens politique de la pièce
de Théophile de Viau apparaît clairement, tout comme le rapport établi par le poète entre l’amour déçu pour
le monarque et la nature mélancolique de la passion de Pyrame pour Thisbé : la découverte de la rivalité du
roi est décrite comme une trahison par le jeune homme dont « tout [le] sang se trouble ». Le refus de toute
autorité devient ici le corollaire d’une revendication du lien d’amour entre le monarque et ses sujets, lien que
les guerres de Religion avaient mis en péril. Par là même, ces Amours tragiques prennent place dans une
littérature contemporaine attachée à interroger les sens politiques, érotiques et spirituels de l’amour. Si elle
paraît n’entretenir aucun lien avec le reste de l’œuvre du poète (qui n’a rien écrit d’autre pour la scène), cette
tragédie lègue aux amours violentes du théâtre de l’âge classique le motif de l’unique tombeau, davantage
propre aux années 1580.
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ORPHEE ET EURYDICE
Orphée et Eurydice d'après Corot (1861)
© Museum of Fine Arts, Houston, Texas.
Apollon lui fit don d'une Lyre à 7 cordes; les Muses lui apprirent à en jouer et en leur honneur il rajouta
deux cordes à sa lyre. Non seulement il attendrissait les bêtes féroces mais il charmait aussi par sa musique
les arbres et les rochers au point qu'ils se déplaçaient pour le suivre et l'écouter.
Il forma tous les grands musiciens de la mythologie: Musée que certains auteurs considère comme son fils,
Eumolpe (ou Eumolpos), Linos.
Après un voyage en Egypte, Orphée se joignit aux Argonautes avec qui il s'embarqua pour la Colchide et sa
musique les aida à vaincre de nombreuses difficultés:
• Par ses chants le navire Argo descendit de lui même à la mer;
• Par ses chants il immobilisa les terribles rochers mouvants, les Symplégades, qui menaçaient de briser le
navire;
• Par ses chants il encouragea les rameurs;
• Par ses chants il charma le terrible serpent gardien de la Toison d'or.
• Par ses chants il vainquit les sirènes et leurs sortilèges.
A son retour, il épousa la dryade Eurydice et il s'installa en Thrace parmi le peuple des sauvages Cicones.
Un jour, près de Tempé, dans la vallée du fleuve Pénée, Eurydice refusa les avances d’un dieu
champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser.
En s'enfuyant, elle posa le pied sur un serpent caché dans l'herbe et elle mourut de la morsure qu'il lui fit.
Orphée inconsolable se rendit à Ténare en Laconie où se situe l'entrée des Enfers et descendit
courageusement au Tartare dans l'espoir de la ramener.
A son arrivée, non seulement il charma le passeur Charon, le chien Cerbère et les trois Juges des Morts par
sa musique, mais il interrompit momentanément les supplices des Camnés: il adoucit à tel point l'insensible
Hadès et son épouse Perséphone qu'il obtint la permission de ramener Eurydice dans le monde des vivants.
Hadès n'y mit qu'une seule condition: Orphée ne devait pas se retourner jusqu'à ce qu'elle soit revenue sous
la lumière du soleil.
Eurydice suivit Orphée dans le sombre passage, guidée par la musique de sa lyre, mais lorsqu'il revit
poindre à nouveau la lumière du jour, il se retourna pour voir si elle était toujours derrière lui et ainsi la
perdit pour toujours.
Lorsque Dionysos envahit la Thrace Orphée négligea de l'honorer mais enseigna d'autres mystères sacrés
connus sous le nom d'orphisme et flétrit les sacrifices humains auprès des hommes de Thrace qui
l'écoutaient respectueusement. Vexé, Dionysos le livra aux Ménades, en Macédoine. Elles attendirent que
leurs maris aient pénétré dans le temple d'Apollon dont Orphée était le desservant, se saisirent des armes
déposées à l'extérieur, firent irruption dans le temple, tuèrent leurs maris et mirent en pièces Orphée.
Elles jetèrent sa tête dans le fleuve Hébros mais elle flottait, continuant à chanter "Eurydice, Eurydice" puis
arrivée à la mer les courants l'emportèrent vers Lesbos où furent fondés un sanctuaire et un oracle. Les
Muses en larmes recueillirent ses membres et les enterrèrent à Leibèthres, au pied du mont Olympe où le
chant du rossignol est plus beau que partout ailleurs.
Quant à la tête d'Orphée, après avoir été attaquée par un serpent de Lemnos, jaloux qu'Apollon le
changea sur-le-champ en pierre, elle fut transportée dans une caverne à Antissa, consacrée à Dionysos. Là,
elle rendait des oracles nuit et jour au point qu'Apollon, voyant ses oracles de Delphes, de Grynéon et de
Claros désertés, vint un jour voir la tête d'Orphée et s' écria: " Cesse donc de te mêler de mes affaires ! " La
tête désormais demeura silencieuse.
La lyre d'Orphée avait également été portée par les eaux jusqu'à Lesbos et déposée dans le temple
d'Apollon. C'était un sacrilège que de la toucher. Néanthe, fil du tyran de la ville voulu jouer de la lyre
merveilleuses mais il fut dévoré par des chiens que la musique avaient attirés. Sur intervention d'Apollon et
des Muses la Lyre figura commeconstellation dans le ciel.
Le mythe d'Orphée et d'Eurydice a beaucoup inspiré les artistes aussi bien sculpteurs, peintre, poètes
que musiciens.
L'épisode d'Orphée déchiré par les Ménades était le thème des Bassarides, une tragédie perdue d'Eschyle.
Ovide, dans ses Métamorphoses, livres X et XI, et Virgile, au livre IV des Géorgiques ont illustré le
personnage d'Orphée dans la littérature latine.
Claude Monteverdi a composé sa «fable en musique» Orfeo. A l'égal de cette oeuvre connue et souvent
jouée, l'Orphée de Gluck peut être considéré comme une des plus belles oeuvres inspirées de la mythologie.
Tous les passages en sont célèbres dont le fameux «J'ai perdu mon Eurydice»? Offenbach a, quant à lui,
traité sur le mode plaisant, avec une verve endiablée, cet épisode de la recherche d'Eurydice dans son opéra
bouffe "Orphée aux Enfers".
Cocteau a été séduit par ses sortilèges et a produit deux films sur le sujet : Orphée (1951), et Le Testament
d'Orphée (1959). Le cinéaste Marcel Camus est l'auteur d'Orfeu Negro (1959).
Dans le domaine de la peinture, certains tableaux évoquent Orphée parmi les animaux qu'il charme par
sa musique, d'autres Orphée et les Ménades, mais la plupart retracent aussi les aventures d'Orphée et
d'Eurydice : Eurydice piquée par un serpent, de Poussin, au musée du Louvre, Orphée aux Enfers, de P.
Brueghel le Jeune au musée des Offices à Florence,
La sculpture a aussi donné des oeuvres célèbres comme le bas relief montrant Hermès, Eurydice et
Orphée dont le musée du Louvre possède une copie ou Eurydice mourante, par Charles François Leboeuf,
dit Nanteuil (1822) conservée au musée du Louvre.
Productions d’élèves
Sujet proposé :
« Tant que le cœur conserve des souvenirs, l’esprit garde des illusions », affirme
CHATEAUBRIAND.
Vous développerez sur la question un essai argumentatif cohérent et illustré par des exemples
précis et/ou par des citations d’auteurs.
Rédaction
On ne peut tourner une page de sa vie sans que s’y accrochent
certains souvenirs ; des souvenirs que nous gardons en nous-mêmes et
dont quelques uns pâlissent et entrent dans l’oubli tandis que d’autres
sont ineffables. Certains pensent que les souvenirs, de part leur aspect
virtuel, ne sont que de simples illusions ; d’autres croient qu’ils ne sont
pas si illusoires qu’on le prétendait. Alors, dans quelle mesure pouvons-
nous dire que les souvenirs sont trompeurs ?
En revanche, il existe des souvenirs qui sont plus vivants et voire plus
réels que la réalité même : ce sont ces souvenirs qui rappellent des êtres
chers qui font preuve de reconnaissance et de loyauté en gardant leurs
souvenirs bien vivants ; dans cette perspective, Joubert admet qu’ « il
faut compenser l’absence par le souvenir puisque la mémoire est le
miroir où nous regardons les absents ».
En outre, quoique le fait de se souvenir du passé n’aille rien changer,
on peut tout de même tirer des morales à partir des erreurs relatives à
cette époque. Ainsi, rien ne peut mieux illustrer cette attitude que la
citation de Bussières qui voit que « le souvenir est notre plus fidèle
compagnon ».