Vous êtes sur la page 1sur 2

Notre Voie Lactée finira-t-elle percutée par Andromède 

?
D'après les calculs, les galaxies Andromède et Voie lactée sont vouées à entrer en collision et
à fusionner, d'ici environ 5 milliards d'années.
Une chose est sûre : le destin de notre galaxie ne s’annonce ni explosif, lié à un cataclysme
cosmique, ni paisible, comme on s’éteint doucement. Non, il se situe quelque part entre ces
deux extrêmes. Par ce qu’il ne dépend pas d’elle, mais d’une autre galaxie : Andromède !
Comme la Voie lactée, Andromède (M31 pour les spécialistes) est une galaxie spirale. Et
bien qu’elle se situe à environ 2,55 millions d’années-lumière du Soleil, elle est observable à
l’œil nu depuis la Terre, juste à côté du célèbre W de la constellation de Cassiopée. Son
diamètre apparent équivaut à six fois celui de la Lune ! C’est la galaxie massive la plus
proche de nous et, contrairement à la Voie lactée, nous jouissons d’une vue d’ensemble
d’Andromède.
Or, en 1917, alors que la spectroscopie bat son plein, l’astronome américain Vesto Slipher
révèle un fait sensationnel. Si ses analyses sont exactes, la galaxie d’Andromède
s’approcherait de la nôtre à la vitesse (dite radiale) de 300 km/s ! Au cours du siècle, les
avancées technologiques et scientifiques ont permis d’apporter des précisions
supplémentaires à la vitesse relative des deux galaxies, qui s’élèverait plutôt à 130 km/s. Un
rythme qui signifie que, d’ici quelques milliards d’années, elles vont se rapprocher d’assez
près pour entrer en interaction.
Le sort de notre galaxie est donc probablement écrit d’avance : il y a de grandes chances
qu’elle finisse par interagir et peut-être même par fusionner avec sa voisine pour former une
immense galaxie.
Néanmoins, pour savoir précisément quand interviendra cette interaction et à quoi elle
ressemblera, il nous manque un élément crucial : la vitesse tangentielle. Cette dernière est la
composante de la vitesse d’Andromède dans le plan du ciel, soit perpendiculairement à la
vitesse radiale. Paradoxalement, elle est plus difficile à estimer que celle du mouvement dans
notre direction. Car rien ne permet d’affirmer qu’Andromède se dirige frontalement vers nous
: peut-être bouge-t-elle également dans une autre direction de l’espace. Au cours des
dernières années, les chercheurs se sont donc mis en tête de mesurer la valeur de cette vitesse
tangentielle à laquelle Andromède se déplace dans d’autres directions de l’espace.
Une collision frontale
En 2012, une équipe d’astronomes s’est servie de la caméra du télescope spatial Hubble pour
prendre deux images d’Andromède, la première en 2002 et la seconde en 2010. Ils ont ensuite
comparé la position de la galaxie sur ces deux images avec celle d’objets beaucoup plus
lointains. Ces astres de référence, généralement des galaxies situées à des distances largement
plus grandes de nous qu’Andromède, peuvent en effet être considérés comme fixes, tant leur
vitesse de déplacement est dérisoire par rapport à nous. Ils ont alors montré que la vitesse
tangentielle d’Andromède était négligeable par rapport à la vitesse radiale.
Le mouvement de notre voisine dans le plan du ciel est donc presque inexistant à côté de son
mouvement dans notre direction, et la collision entre les deux galaxies sera très probablement
frontale…
Mais la vitesse ne fait pas tout. Les galaxies sont également attirées l’une par l’autre à cause
de la force gravitationnelle, intrinsèquement liée à leur masse. Or, en juillet 2018, des
chercheurs australiens ont utilisé une nouvelle méthode pour estimer la masse de la galaxie
d’Andromède.
Ils ont observé en détail le mouvement de certaines étoiles dans la partie externe
d’Andromède afin de calculer la vitesse de libération de cette galaxie. Il s’agit de la vitesse
qu’il faut qu’un objet acquière pour s’extraire de l’attraction gravitationnelle d’un corps
massif. Cette vitesse de libération étant directement liée à la masse, Geraint Lewis et ses
collègues en ont déduit une approximation plus précise de la masse d’Andromède. Alors
qu’on l’estimait à deux ou trois fois celle de la Voie lactée, il s’avère que les deux voisines
sont à peu près aussi massives. Ce qui change pas mal de choses au scénario de la fusion :
c’est comme si l’on passait d’une collision entre un camion et une petite voiture à deux
voitures qui se font face. Vraisemblablement, aucune des deux galaxies ne dominera
véritablement la fusion.
Une flambée de Nouvelles étoiles
Ces recherches permettent de mieux visualiser la rencontre entre la Voie lactée et
Andromède. Si les calculs sont corrects, les étoiles et le gaz contenus dans Andromède
devraient être visibles à l’œil nu depuis la Terre d’ici 2 milliards d’années. La fusion devrait
ensuite se dérouler en deux temps : les galaxies se croiseront dans environ 4,5 milliards
d’années, puis s’éloigneront légèrement avant de charger à nouveau l’une vers l’autre et de
finir par se mélanger.
À cette époque, notre Soleil aura toutefois probablement grossi jusqu’à devenir une géante
rouge. Son enveloppe englobera alors toutes les planètes de Mercure à Mars.
Contrairement à ses deux parentes, cette nouvelle galaxie géante n’aura pas une forme
spirale. Ce sera plutôt une galaxie elliptique, au sein de laquelle les étoiles sont éparpillées
dans une sphère et non rangées méthodiquement selon un disque. Pour la Voie lactée et
Andromède, la fusion signera leur arrêt de mort. La collision devrait arracher une bonne
partie du gaz contenu dans les deux galaxies. Le reste du gaz devrait assez vite se retrouver
vers le centre de la nouvelle galaxie elliptique. Ce gaz étant la brique de base pour la
formation des étoiles, la grande galaxie naissante devrait alors voir apparaître très rapidement
une flambée de nouvelles étoiles.
Un âge d’or qui sera de courte durée. L’intégralité du gaz sera probablement très rapidement
consommée. N’ayant alors plus aucun moyen de former de nouvelles étoiles, cette galaxie
s’éteindra progressivement, à mesure que ses anciennes étoiles mourront. Une fin paisible
pour la Voie lactée, après une vie mouvementée au sein de notre Univers.

Vous aimerez peut-être aussi