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Au moins 140.

000 enfants américains ont perdu un parent à


cause du Covid-19

Une étude montre que les minorités raciales et ethniques sont les plus touchées
par ces pertes.
C'est un triste bilan qui devrait encore s'alourdir : aux États-Unis, 140.000 enfants ont
perdu un parent ou un grand-parent qui en avait la garde en raison du Covid-19.
Une étude publiée jeudi 7 octobre dans la revue Pediatrics et réalisée par des
scientifiques du Centers for Disease Control and Prevention tire la sonnette d'alarme
face aux conséquences dévastatrices de la pandémie de Covid-19 sur les
enfants. « Cela signifie que pour quatre décès dus au Covid-19, un enfant est laissé sans
mère, sans père et/ou sans grand-parent qui subvient à ses besoins et à son éducation à la
maison –des besoins tels que l'amour, la sécurité et les soins quotidiens », détaille l'autrice
principale du rapport, Susan Hillis.
Également épidémiologiste au sein de l'équipe d'intervention Covid-19 des Centers
for Disease Control and Prevention, Susan Hillis estime aujourd'hui que le nombre
de 140.000 devrait même être revu à la hausse. L'étude menée entre avril 2020 et juin
2021 ne prend en effet pas en compte les dernières données émises, lorsque le variant
Delta commençait à sévir. La chercheuse estime aujourd'hui que 175.000 jeunes
Américains ont subi la perte d'au moins un membre de la famille responsable d'eux.
Un nombre qui continuera de grimper « tant que nos décès pandémiques augmenteront
».

Les minorités raciales plus touchées


L'équipe de recherche a analysé les données des naissances et décès aux États-Unis,
ainsi que la composition des ménages. Elle estime que 129.630 enfants ont perdu un
parent à cause du Covid-19, auxquels s'ajoutent les 22.007 pertes d'un tuteur ou
aidant secondaire comme un grand-parent vivant à la maison, détaille NBC News.
Dans 65% des cas, les enfants devenus orphelins de père, de mère, ou des deux
parents à cause du Covid-19, ou qui ont perdu leur tuteur légal, sont issus des
minorités raciales et ethniques, explique Susan Hillis. Les enfants amérindiens et
autochtones de l'Alaska étaient 4,5 fois plus concernés par ces décès que les enfants
blancs, suivis des enfants noirs et des hispaniques. « C'est une disparité si extrême
», commente l'épidémiologiste.
Pour le psychiatre Warren NG de l'université de Columbia, « les chiffres ne racontent
pas toutes les histoires ». Il faut aussi prendre en compte l'avenir affecté de ces enfants
et adolescents ainsi que de leurs familles, ajoute-t-il. L'étude note qu'une expérience
d'enfance défavorable comme la mort d'un proche « peut avoir un impact profond à
long terme sur la santé et le bien-être des enfants ». À court terme, cela peut aussi
engendrer des crises de santé mentale entraînant un risque accru de suicide, confie
Susan Hillis.
Les craintes sont donc nombreuses pour ces enfants orphelins, désormais exposés à
un risque élevé d'insécurité économique, alimentaire et de logement. Une situation
qui est d'autant plus pesante pour les communautés non-blanches déjà défavorisées.
L'équipe de recherche appelle à une action politique. « Ce que nous proposons, c'est
qu'il soit sérieusement envisagé d'ajouter un quatrième pilier à notre réponse Covid, et ce
quatrième pilier s'appellerait la prise en charge des enfants », conclut Susan Hillis.

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