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La vision de femmes immigrantes face au dépistage précoce du cancer du sein

Par
Mélanie Martel
Le 7 Juin 2006

Le problème de recherche

En Amérique du Nord, comme partout dans le monde, l’incidence du cancer du


sein augmente d’année en année. Selon une revue de littérature de Doumont et Libion
(2000), le cancer du sein serait la principale cause de mortalité féminine en Europe et
dans le monde. Au Canada et au Québec, le cancer du sein est un problème de santé
publique qui est en augmentation constante (Santé Canada, 2000). Selon le Ministère de
la Santé et des Services Sociaux (MSSS, 1996), le cancer du sein occupait la première
place parmi toutes les formes de cancers diagnostiquées chez les québécoises. Selon
l’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux
(ACCÉSSS, 2002), on prévoyait chez l’ensemble des Canadiennes pour l’année 2000,
que le nombre de cas, allait atteindre 8700, pour la seule tranche d’âge des 50 à 69 ans.
Considérant le vieillissement de la population, on peut prévoir une augmentation de ces
chiffres dans les prochaines années.
De nombreuses études montrent que le dépistage par mammographie peut réduire
le taux de mortalité par cancer auprès des femmes qui se soumettent régulièrement à cet
examen dès l’âge de 50 ans (Doumont et Libion, 2000). L’Agence de Santé Publique du
Canada (1999), prévoit une réduction d’environ 30% de mortalité chez les femmes de 50
à 69 ans. Par souci d’appliquer des mesures concrètes en vue de réduire la croissance des
cas de cancer du sein et le taux de mortalité au Québec, un programme de dépistage fut
mis sur pied en 1998. Intitulé le Programme québécois de dépistage du cancer du sein
(PQDCS), le MSSS convie par le biais d’une invitation postale, toutes les Québécoises
âgées entre 50 et 69 ans, à se prévaloir des services de dépistage systématique
(ACCÉSSS, 2002). Un tel projet pose cependant de nouveaux défis au réseau de la santé
à savoir : faire face à une clientèle diversifiée et s’assurer de la participation des femmes
à leurs propres auto soins. La population immigrante est très diversifiée au Québec. Pour
l’année 2004, on compte 44 226 nouveaux immigrants, dont 49.4% sont des femmes. De
plus, on prévoit une augmentation constante des nouveaux arrivants pour les prochaines
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années (Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec, 2005).


Les intervenants ne connaissent pas cette nouvelle clientèle plus diversifiée et ne sont pas
formés pour intervenir adéquatement (Bernier, Bujold et Choinière, 1998). Selon le
MSSS (2004), le bilan du PQDSC des années 1998 à 2003 révélait que 40 % des femmes
du Québec n’utilisaient pas le PQDSC. Deux enquêtes importantes au Québec et au
Canada montrent que le taux d’utilisation des services de prévention est bas et cela
particulièrement chez les femmes immigrantes (Vissandjée, Leduc, Gravel, Bourdeau et
Carignan, 1998 & Vissaddjée, Carignan et Bourdeau, 1999). Selon l’ACCÉSSS (2002),
la participation des femmes des communautés ethnoculturelles à une démarche de
dépistage et la réalité de ces dernières constituent un thème d’étude relativement récent.
Les femmes immigrées doivent utiliser les services de prévention car, comme le
démontre Morrison (1996) dans son étude américaine, même si l’incidence du cancer du
sein est plus élevée chez les femmes blanches, les taux de morbidité et de mortalité
associés à ce type de cancer demeurent plus élevés chez les femmes ethnoculturelles
Toujours selon le même auteur, le taux de survie relié au cancer du sein serait de 75%
chez les femmes blanches contre 63% chez les femmes de race noire. Ce phénomène est
attribuable au fait qu’elles ont été diagnostiquées plus tardivement ce qui nous démontre
l’importance de la sous utilisation des programmes de dépistage par les femmes noires.
Mais qui sont ces femmes et quelles sont les circonstances qui empêchent les femmes de
recourir à ce service préventif gratuit?
Au Québec, il existe peu d’études pouvant apporter une réponse éclairée à ces
questions. D’après l’ACCÉSSS, ce serait surtout les Québécoises d’origine, c’est-à-dire
nées au Québec et de grands-parents nés au Québec, de niveau socio-économique et de
scolarité plutôt élevé qui poursuivent une pratique préventive de dépistage du cancer du
sein. Récemment, la Direction de la santé publique de Montréal et son Centre de
coordination du PQDCS lançait une vaste campagne d’information auprès de femmes
immigrantes ou issues des communautés culturelles* afin d’accroître le taux de
participation au programme de dépistage. Il existe très peu d’études québécoises sur ces
femmes immigrantes qui recourent ou ne recourent pas au programme systématique du
cancer du sein. Notre étude visera donc à déborder les modèles de croyances utilisés
*
L’expression « femmes immigrantes » incluent les femmes nées en dehors du Québec ou du
Canada .
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jusqu’à présent dans les recherches sur les femmes participant au dépistage du cancer du
sein en considérant la réalité culturelle et complexe des femmes issues des communautés
ethnoculturelles. Le niveau d’acculturation, la manière dont elles vivent leurs rapports à
la santé et sa promotion, à la maladie et sa prévention, aux intervenants de la santé, aux
services et institutions de santé sont des facteurs qui peuvent contribuer à divers degrés à
l’adhésion ou non au dépistage du cancer du sein.

Cette étude se présente donc afin d’explorer et de comprendre la vision des


femmes immigrantes face au dépistage précoce du cancer du sein, et ce afin de mieux
outiller l’infirmière dans son rôle de promotion de la santé pour cette nouvelle clientèle.’
Questions de recherche
1- Quelle est la vision de femmes immigrantes face au dépistage précoce du cancer
du sein ?
Le milieu : sont des endroits familiers aux femmes immigrantes.

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