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Les études portant sur l’utilisation des services de santé en Afrique subsaharienne (ASS) sont
relativement récentes. Elles ont été entamées juste après l’ère des indépendances des années
1950 et 1960 (Fournier & Haddad, 1995). Ce retard peut s’expliquer en partie par l’histoire de
ces services dans cette région du monde. En effet, les services de santé ont été implantés dans
les colonies africaines dans une «perspective colonisatrice» (Fournier & Haddad, 1995;
Houéto, 2008). Ils étaient organisés autour de trois secteurs : (a) les services destinés aux
colons (b) les services pour les travailleurs indigènes afin de préserver leur productivité, et (c)
le contrôle des grandes endémies (Fournier & Haddad, 1995). Ce type d’organisation
n’ouvrait ni la voie ni la nécessité de se questionner sur les mécanismes d’accessibilité et
d’utilisation des services de santé par les populations locales. C’est seulement en 1978 lors de
la conférence d’Alma-Ata que le constat désastreux de l’inaccessibilité aux services de santé a
été soulevé, et ce, en particulier dans les zones rurales des pays en développement (OMS,
1978).
La santé de la mère et de l’enfant, dans le monde en général et dans les pays en voies de
développement en particulier, est au cœur des politiques nationales du secteur sanitaire. En
effet, dans les pays d’Afrique, la mortalité maternelle est l’une des causes de décès maternels
et infantiles. Depuis quelques décennies, des mesures de réduction de la mortalité maternelle
sont appliquées dans de nombreux pays. Cela a entrainé une baisse du taux de mortalité
maternelle qui est passé de 870 en 1990 à 630 décès pour 100 000 naissances vivantes en
2008 soit une réduction remarquable de 27% entre 1990 à 2010 (Tekam, 2013). Une étude
conjointe menée par l’Unicef, l’OMS, l’UNFPA et la Banque Mondiale a déterminé que les
décès maternels en Afrique pourraient baisser de 70% et les décès de nouveaux nés diminués
de près de la moitié, si le monde doublait l’investissement dans la planification familiale et les
soins liés à la grossesse. , À cet effet, de nombreuses initiatives et programmes internationaux
en rapport avec la santé maternelle, notamment le programme cheque santé, l’initiative pour
une maternité sans risque, les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ont été élaboré.
Les premiers jalons des principes d’égalité, de justice sociale, d’équité et de participation
communautaire en matière de santé ont été posés lors de cette conférence. L’accès universel
aux soins de santé primaires a été proposé comme étant primordial pour garantir une
utilisation équitable et efficiente des services de santé. D’où la résolution de l’Organisation
En effet, dans la plupart des villes camerounaises et particulièrement dans la ville de Maroua,
la santé maternelle est fragilisée à cause du faible recours des femmes aux services de
maternité. La proportion des femmes qui reçoivent les soins prénataux d’un agent de santé est
de 59% dans l’Extrême-Nord, 64% dans le Nord et 72% dans la région de l’Adamaoua. Dans
les régions méridionales par contre, cette proportion est très élevée avec 96% à l’Ouest, 98%
dans le Nord-Ouest et 99% dans le Littoral (EDS 2005), pourtant les soins prénataux
représentent l’un des piliers de l’initiative pour une maternité sans risque et contribuant à
fournir les interventions nécessaires à une grossesse saine (E.Zere et al.2012 ; A.Aliet al,
2010, p1). Ces inégalités socio-spatiales en matière de santé et de recours aux soins sont
largement reconnues aujourd’hui du fait que toutes les femmes n’ont pas les mêmes chances
de recourir aux services de santé de qualité.
1) HYPOTHESES DE RECHERCHE
Hypothèse principale
Hypothèses secondaires
Les formations sanitaires de l’extrême Nord fonctionnent uniquement dans le
strict respect des pratiques obstétricales médicalisées au détriment des
pratiques culturelles et religieuses
Les accouchements à domicile se font par des accoucheuses traditionnelles
dépourvues des connaissances scientifiques à l’aide d’un matériel localement
conçu par l’intelligence culturelle et religieuse des populations et la
phytothérapie fournies par l’environnement physique ;
Pour les populations de Maroua II, le recours tardif aux services de maternité se fait à cause
de l’environnement social, des facteurs socioculturels, financiers et de l’accès aux soins de
santé ; les femmes de Maroua pensent que les accouchements à l’hôpital dégradent l’image de
. Le comité des sages-femmes du canada (2000) soutien que certaines femmes, la majorité
d’ailleurs accouchent dans une formation médicale non pas puisque c’est leur choix claire
mais puisque c’est une habitude de la société, pourtant le choix individuel du lieu
d’accouchement pour une femme reste son droit fondamental. Elles continuent en soulignant
qu’une société où les femmes ont du pouvoir sur leur situation de femme et ont confiance
dans leurs capacités de vivre et d'assumer pleinement et entièrement leur expérience
périnatale contribue à créer une société en santé et équilibrée. Selon Olsen(1997) cité par le
comité des sages-femmes du canada (2000), l'accouchement à la maison permet de faire
contrepoids à la médicalisation de l'accouchement ainsi qu’assurer l'affirmation de la
normalité de ce dernier. Il soutient que l’accouchement fait partie des événements normaux de
la vie et il n'a pas à être défini comme un événement médical. Par contre un accouchement à
la maison est au moins aussi sécuritaire que celui à l’hôpital avec moins d’intervention. Il
poursuit en disant que l’accouchement à la maison atteste que la femme est en bonne santé,
que l’accouchement est normal. L’association pour la santé publique du Québec (2000)
par l’entremise du comité des sages-femmes du canada (2000), Célébrons la naissance - La
Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008) prouve que l’apport marginal des
accouchements dans des hôpitaux est médiocre voire inexistant. Parmi les femmes qui
accouchent à voie basse, plus de 80% le font sous anesthésie. C’est la même proportion
depuis 1982 jusqu’en 2000. Ils soutiennent en plus que trop de femmes subissent les abus
d'interventions obstétricales sans même être informées sur leurs droits et sur les conséquences
possibles de ces interventions. Cette thèse est renforcée par Cathy-Anne Pireyn-Piette (2005)
qui nous démontre comment les femmes disent que donner la vie à la maison est un
événement positif, donnant un sentiment de puissance, et très satisfaisant. Elles justifient ce
choix par l’intimité qu’elles veulent préserver, le respect, la présence de la famille, la
réduction des stress, meilleur contrôle et implication etc.
1.1. Historique
Dans les sociétés les plus primitives, tous les adultes pouvaient assister une femme en travail,
parfois même son mari. Ce n’est que quand il y avait complication qu’on faisait recours à une
femme d’expérience approuvée qu’on a appelé sage-femme.
On peut établir une nuance entre l’accouchement à domicile de l’accouchement qui a lieu
dans une structure sanitaire. Ces termes varient selon les auteurs. Certains auteurs comme
Amina (2006), Rochat (2013), Verderese (1975) emploient les termes accouchement
traditionnel, accouchement local, accouchement rural, accouchement en brousse pour signifier
Célébrons la naissance - La Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008)
accouchement à domicile. D’autres emploient les termes accouchement dans une formation
médicale ou sanitaire, accouchement assisté, accouchement moderne pour signifier
accouchement dans une structure sanitaire (Ransom et Yinger, 2002).
a) Accouchement à domicile
L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent de
santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la
définition du personnel de santé qualifié utilisée pour calculer l’indicateur des OMD. Un
C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de santé
donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de santé
diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation reçue,
peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les complications
obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau de soins
Les facteurs influençant le lieu d’accouchement d’une femme sont vus différemment selon
les auteurs .Rugamika et al, 2010 d’entre eux pensent que ces facteurs sont d’ordre culturels
tout court c’est –à- dire liés aux comportements et aux coutumes qui sont en vigueur dans une
culture quand Idris, 2003 ; Faye et al, 2010 et Kamga, 2010 parlent des déterminants socio-
économiques.
Par quatre trop, on entend les grossesses trop nombreuses. Il soutient que plus de 7
grossesses et les grossesses rapprochées exposent la femme au risque. Pour ce cas, il est
conseillé un espacement de naissances d’au moins 3 ans. Il recommande de ne pas oublier
aussi que les grossesses trop tardives, celles attrapées au-delà de 35 ans d’âge peuvent être
aussi dangereuses.
Elle s’explique parfois par le fait que la femme ou l’agent de santé local n’a pas reconnu les
signes de danger de complications obstétriques à cause également du non recours aux services
de cpn ; ou par le fait que les gens sont pauvres et qu’ils s’inquiètent des coûts. Rugamika et
al (2010) pensent que l’absence du mari constitue un de ces facteurs. Le deuxième retard ou
perte de temps est lié au temps à mettre pour arriver au service de santé compétent afin de
bénéficier des soins de qualité. Ceci est dû à l’éloignement du centre ou de la maternité, au
manque de moyens de transport, au délabrement des infrastructures routières, la pénurie du
transport entrainant le problème d’accès aux services de maternité. Le troisième retard est
attribuable à la prise en charge dans le centre de santé, u à la surcharge du personnel médical,
aussi du manque de personnel qualifié quelques fois. Ce retard est souvent lié au manque de
médicaments et autres nécessités sanitaires comme le sang, au personnel qui affichent des
insuffisances professionnelles (notamment pour certains cas spécifiques dont la césarienne), à
l’inconscience et la négligence du personnel soignant. Autres raisons sont dues au manque de
l’organisation au niveau de l’hôpital ou (peut-être) à la politique nationale qui veuille à ce
que les patientes paient pour les prestations et les médicaments dès leur arrivée. Les
décès ainsi que d’autres morbidités liés à la maternité sont aussi occasionnés par l’ignorance
des femmes de se faire suivre avant, pendant et après l’accouchement par un service qualifié.
Certaines femmes ne vont se faire consulter qu’à deux mois de l’accouchement ou au moment
de l’accouchement, et parfois, elles ne reviennent plus après pour le suivi, le recours tardif
aux services de maternité étant un handicap pour les éventuels suivis post natals
Parlant des facteurs socio-économiques, les auteurs (Idris, 2003 ; Faye at al, 2010 ; Kamga,
En Afrique, la mortalité maternelle, néonatale et infantile demeure un véritable fléau : 57 % de tous les
décès maternels surviennent sur le continent, ce qui fait de l’Afrique la région du monde où le ratio de
mortalité maternelle est le plus élevé. Par ailleurs, l’Afrique continue d’enregistrer les taux les plus élevés
de mortalité infantile, avec un enfant sur huit mourant avant d’atteindre l’âge de cinq ans soit à peu près
20 fois plus que la moyenne dans les régions développées, qui est d’un sur 167. Ces enjeux ont motivé
la proposition de ce dossier thématique qui cherchera à répondre aux questions qui suivent : quelle est la
situation actuelle de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique ? Quelles sont les perspectives
envisagées pour une meilleure compréhension et des approches empiriques et théoriques de solutions
adaptées à cette situation ? L’objectif ici est de dresser dans un premier temps un portrait actuel sur la
santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique et deuxièmement d’identifier les défis, les solutions et
les pistes pour des analyses ultérieures.
ANNONCE
Argumentaire
La santé maternelle, néonatale et infantile est une problématique importante dans le monde. Si certains
pays font beaucoup plus pour les femmes et enfants en matière de santé, les progrès accomplis par
d’autres pays à faible niveau de revenu, ne sont pas à la hauteur de ceux affichés à travers les objectifs
de développement durable (ODD) en faveur d’une réduction des taux de mortalité maternelle, néonatale
et infantile (UNICEF, 2008). Chaque année, plus d’un demi-million de femmes meurent de causes liées à
la grossesse et à l’accouchement et pour près de six millions d'enfants de moins de cinq (05) ans, les
principales causes de décès sont les complications de prématurité et de maladies infantiles courantes (L.
Liu et al., 2016; OMS, 2017). Des millions d’autres femmes et d’enfants souffriront de divers handicaps,
maladies, infections et traumatismes. La majeure partie de ces problèmes de santé et décès se
produisent dans les pays d’Asie et de l’Afrique (P. Song et al., 2015; A. Lilungulu et al., 2020).
En Afrique, la mortalité maternelle, néonatale et infantile demeure un véritable fléau : 57 % de tous les
décès maternels surviennent sur le continent, ce qui fait de l’Afrique la région du monde où le ratio de
En signe de riposte à ce problème, ces dernières années, des stratégies et initiatives internationales et
nationales ont été lancées et mises en place en vue d’intensifier et de mieux coordonner les efforts pour
améliorer la santé maternelle et infantile dans le monde et particulièrement en Afrique. L’objectif de ces
interventions est de mettre fin ainsi aux décès évitables de femmes et de nouveau-nés. Des progrès
sensibles ont été accomplis ces 10 dernières années pour la santé des femmes, des mères et des enfants
en Afrique. L’espérance de vie s’est allongée et certaines causes majeures de la mortalité maternelle et
infantile ont diminué. Cependant, les défis restent énormes malgré les efforts importants qui ont été
consacrés pour promouvoir la santé de la femme et l’enfant. Les taux de mortalité maternelle dans
certains pays comme le Mali, le Niger ou la Mauritanie s’élèvent à plus de 550 décès pour 100 000
naissances (L. Alkema et al., 2015). De Plus, 80% des décès néonatals survenus en 2016 ont été
enregistrés dans ces pays. Le nombre trop élevé de femmes qui meurent de causes évitables en Afrique
pendant l’accouchement ou encore d’enfants avant leur cinquième anniversaire, et même, au cours de
leur premier mois de vie est inacceptable.
Plusieurs études révèlent pourtant que près de 80 % des décès maternels pourraient être évités si les
femmes avaient accès à des services essentiels de maternité et à des soins de santé de base, à des
délais de réponse appropriés (F. A. Adiko et al., 2018; OMS, 2017; M. Seguin et M. Niño-Zarazúa, 2015;
L. Sale et al., 2014; M. Ymba, 2013; H. Blencowe et al., 2012; R. Lozano, 2011). En effet, les actions
pour améliorer la santé de la femme et de l’enfant, faire reculer la mortalité maternelle et infantile et
combattre pour la survie des enfants, sont déjà connues. Mais pour qu’elles soient efficaces, il faut une
bonne compréhension des problématiques liées à la santé des mères et de leurs enfants et avoir une
connaissance exhaustive des causes fondamentales des mortalités maternelles et infantiles.
L’Afrique fait face ces dernières années à des mutations sans précédent sur le plan démographique,
économique, politique et sanitaire marquées par des inégalités importantes, de nombreuses pandémies
(VIH-Sida, Ebola, Covid-19, etc.) et des conflits armés. Ces faits ne devraient pas être ignorés dans la
mise en place des actions de lutte contre la mortalité maternelle et infantile mais associés aux actions
déjà existantes. C’est pourquoi, un état des lieux sur la santé maternelle et infantile en Afrique est
déterminant avant toute action « Savoir pour mieux agir ».
Ces enjeux ont motivé la proposition de ce dossier thématique de la Revue Espace, Territoires, Sociétés
et Santé (RETSSA) qui cherchera à répondre aux questions qui suivent : quelle est la situation actuelle
de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique ? Quelles sont les perspectives envisagées pour
une meilleure compréhension et des approches empiriques et théoriques de solutions adaptées à cette
situation ?
L’objectif ici est de dresser dans un premier temps un portrait actuel sur la santé maternelle, néonatale
et infantile en Afrique et deuxièmement d’identifier les défis, les solutions et les pistes pour des analyses
ultérieures.
Cet appel, en s’appuyant sur une approche transversale a pour ambition de rassembler des travaux
épidémiologiques, sociologiques, anthropologiques, géographiques, démographiques, économiques, etc.
sur la problématique de la santé maternelle et infantile en Afrique.
Les articles proposés pour ce numéro concernent les contributions sur : les réflexions épistémologiques
ou théoriques, puis, les résultats des études empiriques portant sur sept principaux axes thématiques.
Les contributions pour ce numéro pourront explorer la combinaison des approches méthodologiques
comme celles de la biomédecine et des sciences sociales traitant de la santé maternelle, néonatale et
infantile.
Les études rétrospectives, historiques, et les points sur les inégalités de la mortalité sont attendus.
Conditions de soumission
Les contributions doivent se conformer scrupuleusement aux normes éditoriales de la RETSSA. Les
instructions aux auteur.e.s sont disponibles en ligne: http://www.retssa-ci.com/index.php?
page=auxauteurs
Les manuscrits soumis à la RETSSA ne doivent pas excéder 30 000 caractères (espaces compris),
soit 15 pages environ.
Calendrier
Pour vos contributions et questions, veuillez contacter les responsables du Dossier Thématique ci-dessus.
Coordination scientifique
Ce dossier thématique est coordonné par :
Dre Ymba Maimouna, Maître-assistant, Institut de Géographie Tropicale (IGT), Université Félix
Houphouët-Boigny, E-mail : hadassah.ymba@gmail.com
Dr Adiko Adiko Francis, Chargé de recherche en sociologie de la santé, Chercheur au Centre Ivoirien
de Recherches Économiques et Sociales (CIRES), Université Félix Houphouët-Boigny ; Chercheur
associé au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), E-mail:
adiko.francis2@gmail.com
Références bibliographiques
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accouchées chez les Akan en milieu rural ivoirien, Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ," [Mis en
ligne le 19 Janvier 2019], consulté le 2020-07-21, URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?
page=detail&k=32
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the year 2010 with time trends for selected countries since 1990: a systematic analysis - Sous presse.
Entrepris pour l’Organisation mondiale de la Santé.
Lilungulu A., Bintabara D., Mujungu S., Chiwanga E., Chetto P., Nassoro M., 2020, Incidence and
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Ymba M., 2013, Accès et recours aux soins de santé modernes en milieu urbain : le cas de la ville
d’Abidjan – Côte d’Ivoire. Thèse de doctorat, Université de Artois (France).
- Les avantages perçus soulignent l’efficacité crue (perçue) des stratégies conçues
pour réduire la menace de la maladie ;
Le HBM était l’un des premiers modèles qui ont adapté la théorie des sciences
comportementales aux problèmes de santé, et reste l’un des cadres conceptuels les plus
largement identifié du comportement de santé. La préoccupation principale de ce modèle était
d’augmenter l’utilisation des services préventifs.
a.1) la conformité
A la suite des travaux de Asch, quelques recherches ont tenté de savoir pourquoi le
gens se conformaient. Il est ressorti deux orientations: selon que la conformité est
analysée comme une caractéristique individuelle (ex: Crutchfield ,en 1955 a
défini le conformiste comme un individu inintelligent et inadapté),ou d’après son
expression au sein d’un groupe (ex : Asch , en 1952 a défini la conformité en
montrant que les individus se servaient d’informations provenant du comportement
et des croyances d’un groupe pour déterminer leurs propres attitudes.
Pour d’autres auteurs (Latane et Wolf, 1981) la conformité s’accroît à mesure que
la taille du groupe augmente, mais ledegré de conformité des individus est
fonction du moment à partir duquel ils arrivent dans le groupe.
2.2 LA SOUMISSION
2.2.1 LA SOUMISSION
LIBREMENT CONSENTIE
2.2.2 LA SOUMISSION A L’
AUTORITE
3.1.1 LA RESISTANCE
INDIVIDUELLE : LA REACTANCE
3.1.4 LA THEORIE DE L’
IMPACT SOCIAL
3.2.2 L ’EXPERIENCE
DE MOSCOVICI, LAGE ET NAFFRECHOUX
3.2.3 L INFLUENCE
DE LA MINORITE SUR LA MAJORITE
RÉSUMÉS
FRANÇAISENGLISH
Cet article retrace le processus de mise en œuvre du Chèque santé dans le septentrion
camerounais en réexaminant le rôle des acteurs nationaux et supranationaux impliqués, ainsi que
les effets induits de leurs interventions respectives. Il s’agit de déceler les tensions naissantes
entre les pratiques des acteurs administratifs-nationaux et les logiques d’action des représentants
des bailleurs de fonds, mais aussi des ONG impliquées, mais aussi de cerner les perceptions que
les population-cibles se font du programme. Il appert que des chiffres globaux encourageants
ENTRÉES D’INDEX
Mots-clés :
Chèque santé – Extrême-Nord – Mortalité maternelle et néonatale – Disparités – Jeux d’acteurs.
Keywords:
Health check - Far North - Maternal and neonatal mortality - Disparities – Actors game.
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TEXTE INTÉGRAL
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1 Emmanuel Onana, Contribution du Projet Chèque Santé à la fréquentation des femmes enceintes dans le (...)
2 Voir Institut national de statistique et al., Enquête démographique et de santé et à indicateurs mu (...)
4 Crée en 1961, le Centre international de développement et de recherche (CIDR) est une Ong française (...)
5 Si cinq districts de santé pilote (dont le district de Maroua 2) devant servir de référents d’expér (...)
1Considéré par les autorités dirigeantes comme une amorce de la Couverture sanitaire universelle
(CSU), le chèque santé encore appelé « bon d’achat » est un mécanisme de prépaiement visant la
réduction de la mortalité néonatale et maternelle à travers l’amélioration de la prise en charge de
la femme enceinte. Le mécanisme opère par la mise en place d’un système de prépaiement
permettant le suivi intégral de la grossesse, un accouchement sécurisé et un suivi postnatal allant
jusqu’à 42 jours après l’accouchement. « La femme enceinte détentrice du chèque santé qu’elle
paie à 6 000 FCFA est prise en charge gratuitement pour tous les soins prévus par le chèque dans
les formations sanitaires accréditées et conventionnées par le projet chèque santé »1. Initié par le
gouvernement camerounais et financé par l’Agence française de développement (AFD) et la banque
allemande de développement, Entwicklungsbank (KfW), la finalité du programme est de réduire la
mortalité maternelle et néonatale – passée de 430 décès pour 100.000 naissances vivantes en
1998 à 782 en 2011 2, alors que l’objectif du millénaire de 2015 visait une réduction à 350 décès
maternels. Lancé en mai 2015 en vue de couvrir les trois régions du septentrion camerounais pour
un départ, son objectif est de « Renforcer l’accessibilité aux soins obstétricaux et néonataux grâce
à un appui au financement de la demande de soins par un subventionnement des prestations de
soins » en donnant droit « à un ensemble de prestations liées à la santé maternelle et néonatale
délivrée par des centres de santé et des hôpitaux accrédités »3. La mise en œuvre du système
2Cet article envisage de retracer le processus de mise en œuvre du Chèque santé en réexaminant
le rôle des acteurs nationaux et supranationaux impliqués, ainsi que les effets induits de leurs
interventions respectives. Ce faisant, il s’agit de déceler les hiatus naissant entre les pratiques des
acteurs administratifs-nationaux et les logiques d’action des représentants des bailleurs de fonds,
mais aussi des ONG impliquées. En recherchant globalement à évaluer le degré d’adéquation
existant entre la mise en œuvre du chèque santé et la stratégie sectorielle de santé (2016-2027)
du Cameroun, ce travail souhaite problématiser la place de l’État dans la configuration d’une action
publique globalisée. La recherche est menée sous la base des sources documentaires (journaux,
documents officiels), d’entretiens avec les acteurs nationaux et étrangers impliqués dans la mise
en œuvre du programme. Si l’entretien compréhensif est choisi comme principale technique de
recueil des données en vue de susciter une proximité avec l’enquêté, la base du travail repose
principalement sur des documents de travail officiels et administratifs, et sur des enquêtes
effectuées auprès de personnes ressources des centres de santé agréés par le programme. Après
avoir présenté le contexte de mise en place du Chèque Santé dans le septentrion camerounais,
l’article montre comment le bilan officiel présenté camoufle une série de limites opérationnelles
dues aux apories propres à l’action publique au Cameroun et à la difficile convergence des
interventions des différents acteurs intervenants.
7 Ensemble de consommables médicaux à usage unique, permettant de prendre en charge l’accouchement et (...)
8 Ensemble de consommables médicaux à usage unique, permettant de prendre en charge un accouchement p (...)
3Jusqu’au cours de la décennie 2000, la plupart des femmes enceintes ne vont pas en
consultations prénatales dans les formations sanitaires de la région de l’Extrême-Nord. Pour des
raisons socioéconomiques, culturelles ou géographiques, celles-ci préféraient passer par des
méthodes traditionnelles en prenant des risques d’accoucher dans des cases communautaires,
assistées par des accoucheuses traditionnelles dans la plupart des cas. Depuis 2006, le
gouvernement camerounais, dans sa démarche exécutive de l’approche sectorielle SWAP 6 est
soumis à des exercices de coordination, de suivi et évaluation conjointes dans des sous-
programmes spécifiques. Ces exercices conjoints se déroulent avec le concours des bailleurs tels
que la France, l’Allemagne et la banque mondiale, qui jouent un rôle de premier plan dans le choix
des sous-programmes. Avant le chèque santé, le ministère de la santé publique aura à son actif
mis en œuvre de multiples stratégies dans sa démarche de lutte contre la mortalité maternelle et
infantile. Plusieurs programmes et projets ont ainsi été expérimentés sans parvenir à atteindre les
objectifs escomptés d’amélioration des conditions de santé et d’accouchement des femmes
enceintes. Il s’agit du kit obstétrical qui fait partie des intrants du chèque santé (expérimenté dans
les Régions du septentrion, le Centre, le Sud et l’Ouest), des formations de soins obstétricaux et
néonataux d’urgence (SONEU) et de soins obstétricaux et néonataux d’urgence complets (SONUC),
de la gestion active de la troisième phase de l’accouchement (GATPA), de la consultation prénatale
(CPN) recentrée. La limite du système des kits obstétricaux par exemple – constitués de kits
accouchement7 et de kits césariennes8 - se situe dans son champ d’action circonscrit au moment
de l’accouchement.
4Le projet chèque santé intervient ainsi dans un environnement où les déterminants financiers
d’accès aux soins restaient disproportionnellement élevés au regard du niveau de vie des
populations, à l’instar des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONEU). A titre indicatif, il
fallait débourser 15 260 francs CFA pour un accouchement normal, 32 813 pour une épisiotomie,
tandis que les frais des interventions chirurgicales dans l’Adamaoua s’élevaient à 30 000F CFA, soit
« 3 fois le revenu mensuel moyen du premier quintile de pauvreté 9 ». Le programme de chèque
santé, dans ce sillage, apparaît comme une version améliorée et performante des kits obstétricaux
en se proposant d’améliorer l’accompagnement de la femme pendant la grossesse sur une période
de 9 mois, et qui se poursuit jusqu’à 42 jours après l’accouchement. Comme l’affirme ce médecin
affecté en 2015 au ministère de la santé,
Ce que je sais du chèque santé est que c’est grandement financé par la banque mondiale, c’est comme
un partenariat en vue d’atteindre les objectifs millénaires pour le développement, maintenant on va dire
pour les ODD, les objectifs pour le développement durable. Donc la banque mondiale soutient l’État du
Cameroun, sous forme de prêt. L’État supporte donc cela indirectement, tout ça dans le but d’améliorer
les indicateurs de la santé. Parce que la mortalité infanto-jumelée maternelle sont des mortalités où il
faut infléchir la courbe parce que c’est des indicateurs directs de l’état de santé. Et c’est même une
priorité du gouvernement, la santé de la mère et des enfants (Entretien, Yaoundé, le 28 novembre
2018).
10 Voir Institut national de statistique et al., Enquête démographique et de santé et à indicateurs mu (...)
5La finalité du programme est de réduire la mortalité maternelle et néonatale – passée de 430
décès pour 100.000 naissances vivantes en 1998 à 782 en 2011 10, alors que, l’objectif du
millénaire de 2015 visait une réduction à 350 décès maternels. Dans l’optique d’améliorer les
indicateurs de santé maternels et infantiles restés très bas de manière constante durant plus de
deux décennies, les pouvoirs publics camerounais et les partenaires internationaux vont mettre en
place le programme conjoint Minsanté/AFD/KfW (PC) dédié à la lutte contre la mortalité maternelle
et infantile. Alors que son échéance est fixée au départ en mai 2018, ce programme conjoint (PC)
s’est fixé pour but d’assurer la gestion du chèque santé, la réhabilitation et l’équipement des
formations sanitaires. Comme l’indique le tableau ci-dessous, le choix de la zone d’inauguration du
chèque santé est guidé par les disparités régionales en termes de pauvreté et d’accouchement à
domicile.
15 Centre international de développement de la recherche (CIDR), Lancement et gestion du chèque santé (...)
6En réponse à l’un des objectifs du PC, le gouvernement du Cameroun et ses partenaires
techniques et financiers ont en 2014 réuni un montant de 37,7 milliards FCFA provenant des fonds
du contrat de désendettement et de développement (C2D) Santé deuxième tranche (Convention
CCM 6016 01L signée le 21 mai 2009 sur financement C2D santé d’un montant de € 35 millions /
FCFA 23 milliards) et des fonds de la coopération allemande KfW (Convention séparée signée le 20
novembre 2009 d’un montant de € 22,5 millions / FCFA 14,700 milliards) 13. Le programme chèque
santé démarre réellement en juin 2015, mais la mise en place du projet dans le septentrion
camerounais, pour une périodicité de 42 mois, est officiellement lancée le 5 mai 2014 par le
groupement CIDR/Care. Le Centre International de Recherche et de Développement (CIDR) est en
effet l’opérateur national en charge de l’opérationnalisation du chèque santé au Cameroun 14. Au
moment du démarrage du projet, les données du système national d’information semblent indiquer
qu’entre 2011 et 2015, « le nombre d’accouchements dans les formations sanitaires d’intervention
comme de contrôle est resté pratiquement stationnaire 15». La vétusté des formations sanitaires au
démarrage du projet va nécessiter la réhabilitation de trois dans l’Extrême-Nord, deux à Garoua,
trois dans le district de Meiganga et deux à N’Gaoundéré. Les centres de santé intégrés (CSI) et
centres médicalisés d’arrondissement (CMA) ruraux concentrant la majorité de la population
présentaient un déficit criant en personnel de santé. A titre indicatif, l’Extrême-Nord apparaît
comme la région la moins dotée avec un total de 556 formations sanitaires et 218 infirmiers
diplômés d’État.
16 L’opérateur national a reçu de la partie subvention un montant de 135.050.500 FCFA, correspondant à (...)
7La nécessité d’améliorer la qualité auprès des formations sanitaires aura ainsi conduit à un mode
forfaitaire de financement contractuel inclus dans le marché de l’opérateur et un financement par
subvention du chèque santé, versé par les PTF en fonction des chèques vendus 16. Le mode de
financement par contrat, mise en place sur une durée de 50 mois, a été estimé à 5 915 570 290
FCFA. La partie forfaitaire de ce financement couvre le fonctionnement et la rémunération du
personnel de l’opérateur national, tandis que l’autre partie, remboursable, est dédiée aux activités
de déploiement du chèque santé menées par le groupement CIDR/Care (communication,
formation, suivi-évaluation, etc.). Les fonds reçus des différents comptes d’opération, bien que
gérés conjointement par l’opérateur national, le maître d’ouvrage et l’organisme payeur de l’État,
transitent par le compte CAA-CIDR. Le total des fonds de subvention reçu du maître d’ouvrage
s’élève à 2 516 521 484 FCFA (1 036 842 286 FCFA serait encore non versé), tandis que la
subvention reçue dans les comptes des antennes est de 2 217 844 497 FCFA (p. 44).
19 Unité de coordination.
20 Centre de santé.
Un reçu est délivré à la bénéficiaire qui reçoit un chèque sous forme de support cartonné comprenant 6
coupons (plus la souche). Sur chacun figure son nom et le N° du coupon. Le chèque est activé après
contrôle par un stylo aux rayons ultraviolets par le prestataire de soins lorsque la femme utilise son
chèque pour la première fois. Il est valable pour une durée de 312 jours au cas où la première CPN 18 se
passe en début de grossesse. Le suivi et le contrôle des stocks de chèque sont effectués par les Antennes
régionales ; celles-ci est en mesure de connaître la localisation de chaque chèque depuis la réception des
stocks de l’imprimeur par l’UC19 CS20, jusqu’à la FOSA21.
9Le programme oscille principalement autour de deux volets que sont l’accréditation des
formations sanitaires et la communication ou sensibilisation au sein des communautés. Le premier
volet nécessite, entre autres, un personnel et des infrastructures qualifiées et régulièrement
évalués, la disponibilité des kits obstétricaux, les médicaments et un service de transport. Le
second volet est axé sur la mobilisation des matrones et populations à travers l’utilisation des
référents communautaires et des pots publicitaires. Pour mener à bien le programme, la partition
d’une pluralité d’acteurs a été requise.
23 Classification inspirée du Programme national multisectoriel de lutte contre la mortalité maternell (...)
10Les acteurs stratégiques et les acteurs opérationnels locaux constituent les deux principaux
groupes stratégiques22 en charge de la mise en œuvre du programme chèque santé 23. Les
premiers sont le maître d’ouvrage qu’est le ministère de la santé, le maître d’œuvre constitué du
groupement CIDR/Care Cameroun et les bailleurs que sont l’Agence française de développement
(AFD) qui opère via le mécanisme C2D et la KfW. Pour rendre aisé la coordination des différentes
tâches, une unité de coordination du programme conjoint a été créée, associant des experts
nationaux et internationaux qui appuient le Minsanté. Le maître d’ouvrage demeure théoriquement
au centre de la coordination à travers la direction de la coopération qui capte les différentes
ressources matérielles et financières avant d’orienter certaines vers la direction de la santé
familiale qui, sur le terrain, a la charge de gérer la santé de la mère et de l’enfant. A côté du
chèque santé, l’unité de coordination du programme confie d’autres charges aux fonds régionaux,
parmi lesquelles le chèque médicament, l’aide à l’équipement, l’aide à la structuration interne.
Cette aide à la structuration s’étend aux directions régionales qui apprennent ainsi à faire des plans
24 Son objectif général est de contribuer à l’amélioration de l’état de santé des populations. Il a po (...)
11Le programme C2D24 est le support de l’annulation de la dette bilatérale octroyée de manière
additionnelle par la France dans le prolongement de l’initiative pays pauvres et très endettés
(Ippte). Cet ultime effort de résorption de la dette s’inscrit dans une perspective d’équité et de
responsabilité ayant pour but de rendre la dette du Cameroun plus soutenable. L’accord-cadre du
04 Juillet 2006 entre le gouvernement camerounais et l’AFD a déterminé les principes d’affectation
de la subvention et des modalités de versement des fonds en faveur de différents programmes de
lutte contre la pauvreté. Signé en Juin 2007, le C2D santé a été fixé à un montant de près de 59
milliards de franc CFA. Pour des raisons d’efficacité, il a été convenu avec la partie française de
scinder le C2D santé en deux volets : le C2D 1ère tranche – convention d’affectation CCM 1158 01
N, d’un montant de 36 milliards FCFA, couvre 4 composantes – et le C2D 2 ème tranche – 23
milliards FCFA, combiné au financement de la coopération financière allemande (KfW) pour
constituer le Programme Conjoint AFD/KfW, mise en œuvre depuis 2011. A travers le programme
conjoint (PC), l’AFD et la KfW appuient le renforcement de l’offre de soins et la coordination au
niveau des délégations régionales de santé publique, ainsi qu’une politique de subvention des
prestations pour les femmes enceintes et les enfants de moins d’un an. Pour compléter le tableau
des partenaires techniques et financiers, la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)
appuie techniquement d’une part la stratégie de renforcement et d’extension des FRPS, d’autre
part, le domaine de la maintenance dans le niveau central, de la mise en place des mutuelles de
santé et, du renforcement des capacités
25 Bruno Galland, Lancement du chèque santé au Cameroun : document de programmation opérationnelle, Ce (...)
12Le groupement CIDR/Care est habilité par contrat avec le gouvernement du Cameroun à gérer
les fonds dédiés au système chèque santé pendant la durée du projet. Cette charge opérationnelle
et transitoire s’exerce principalement à travers les antennes régionales du projet. L’objectif étant à
terme de passer le relais au fonds régional pour la promotion de la santé (FRPS, à créer), dans des
régions concernées. Ainsi dès son lancement, la question se posait déjà quant à la nature et la
composition d’une structure nationale pérenne à la fin du projet, à même de prendre le relai après
le départ du groupement CIDR-Care25. Dès le démarrage du projet, la mise en place d’un système
de suivi évaluation a été intégralement prise en charge par l’opérateur CIDR/Care.
13Sur le terrain, trois catégories de missions d’appui sont mandatées par le groupement
CIDR/Care. D’abord les missions de backstopping constituées en deux volets. Le volet institutionnel
regroupe les missions effectuées par les personnes ressources du CIDR (DG, DAF du siège et
directeur régional). Il se concentre sur les aspects stratégiques et organisationnels, et sur la
préservation du dialogue institutionnel avec les PTF et le maître d’ouvrage.
Le Backstopping technique est mené conjointement par le conseiller technique régional du CIDR,
M. Galland, un consultant économiste de la santé nommé Alain Letourmy et par l’ONG Care. Ses
missions, axées sur les aspects stratégiques et opérationnels du projet, auraient facilité l’état
d’avancement en permettent d’opérer des ajustements nécessaires. Les missions d’appui conseil et
les missions d’expertises spécifiques complètent le tableau des prérogatives du groupement
CIDR/Care. Organisées principalement dans la phase préparation-action projet, ces dernières par
exemple auraient « permis aux groupes thématiques mis en place par le maître d’ouvrage de
travailler techniquement sur les composantes du chèque santé »26. Ayant trait au renforcement
des capacités du personnel soignant, six groupes thématiques en charge de la conception
technique, juridique et financière du chèque santé seront constitués de personnes ressources du
Minsanté, appuyées le cas échéant par un consultant du CIDR.
14Bien que non encore opérationnels, les fonds régionaux de Promotion de la Santé (FRPS) sont
appelés à jouer un rôle stratégique dans la pérennisation du programme chèque santé au
Cameroun. Afin que le transfert du projet chèque santé au FRPS à l’échéance soit effectué,
certaines mesures d’accompagnement ont été mises en œuvre 27 pour une reprise effective de la
15La deuxième catégorie d’acteurs est celle des acteurs opérationnels locaux, constitués du
personnel de santé, des formations sanitaires, des référents communautaires et des agents de
santé, entre autres. Les formations sanitaires se trouvent au centre des activités de ces différents
acteurs. Officiellement, les prestataires du chèque santé sont des établissements des secteurs
publics et privé à but non lucratif. L’accréditation des maternités varie selon que les formations
sanitaires fournissent des activités chirurgicales ou non. Les formations sanitaires à l’accréditation
Soins obstétricaux et néonataux d’urgence de base (SONUB) assurent la prise en charge initiale
des femmes, tandis que la référence aux formations sanitaires d’accréditation Soins obstétricaux et
néonataux d’urgence de base (SONUC) n’intervient qu’en cas de complication. Le processus
d’accréditation évalue dans l’absolu la conformité des formations sanitaires avec des critères de
qualité prédéfinis. Dans une situation où le non-respect d’un critère impacte gravement la sécurité
des patients ou du personnel, ou encore que la dynamique d’amélioration de la qualité des soins
couverts par le chèque santé n’est pas maintenue, les responsables de l’accréditation peuvent
émettre des réserves jusqu’à la suspension de l’accréditation. Les formations sanitaires remplissant
ces conditions deviennent éligibles et se voient établir un plan d’amélioration de la qualité. Si le
processus d’accréditation est ponctué par des visites régulières, avec des objectifs de progrès
assignés à chaque formation, la possibilité d’une suspension d’accréditation demeure constante.
16Le personnel de santé, les référents communautaires et les agents de santé interviennent durant
l’achat du chèque santé jusqu’à son expiration. Un réseau de distributeurs 28, constitué de
personnels de santé et ou agents de santé, est agrée pour la distribution des chèques santés au
sein des formations sanitaires. Dans la communauté, la distribution est effectuée par les référents
communautaires à l’instar des chefs traditionnels, leaders associatifs, agents de mobilisation
sociale. Quant à la prise en charge des parturientes abonnées, elle s’étend à des prestations dites
« non-médicales29». Ces dernières consistent en un ensemble de services qui vont du transfert de
la femme en travail de son domicile à la formation sanitaire la plus proche, au transfert du centre
de santé intégré vers l’hôpital de district, vers l’hôpital régional, en passant par l’assistance d’une
matrone référente durant la grossesse, l’accouchement de la parturiente au chèque santé ou
encore le transfert gratuit vers l’hôpital district ou l’hôpital régional en cas de complications.
17L’action commune des acteurs stratégiques et opérationnelles locaux fonde ainsi la dynamique
opératoire de la mise en place du programme chèque santé dans le septentrion camerounais. Il
importe de scruter les différentes séquences de cette opérationnalisation du programme afin de
pouvoir mieux cerner les responsabilités des différents acteurs, ainsi que les effets induits de leurs
actions
18Sur 81 formations sanitaires d’intervention, le fait que 65% se retrouvent en milieu urbain est
un indicateur de la marginalisation du milieu rural qui, pourtant, comptabilise la plus importante
population. Ce fait est d’autant plus surprenant que l’adhésion au chèque santé aura été, selon le
rapport du CIDR, de 69% en milieu rural contre 45% en zone urbaine 30. Alors que 92.181 chèques
santés auraient été vendu durant la période du 2 juin 2015 au 15 avril 2018, des données
32 Fred Eboko, Repenser l’action publique en Afrique. Du Sida à l’analyse de la globalisation des poli (...)
19Au départ du projet, les indicateurs de suivi de l’attractivité du chèque santé et du suivi des
résultats du projet par utilisation des services aurait été proposé par l’opérateur national à l’issue
de la phase préparatoire. Comme mentionné plus haut, la phase de préparation initialement
programmée pour 6 mois (5 mai 2014 – 4 novembre 2014) a été prolongée par une phase
supplémentaire de 6 mois dédiée à l’opérationnalisation des conclusions de la phase de
préparation-action. Alors que cette phase de préparation initiale devait déboucher sur la validation
des résultats et la mise en œuvre immédiate du chèque santé dans les régions, des lourdeurs
administratives propres à l’action publique au Cameroun 32 auraient freiné la mise en place des
mesures entérinées durant l’atelier.
33 (CIDR, p. 15). Il convient de relever que si des activités telles que les séances de travail sur la (...)
21A la suite des premiers résultats des enquêtes communautaires présentés durant les missions du
conseiller technique régional du CIDR (M. Galland) et des PTF en septembre 2014, le document
préparatoire à l’atelier de validation des propositions sera élaboré vers fin octobre 2014. Du 4 au 7
novembre 2014, l’atelier de validation se tiendra à Ebolowa (région du Sud) se solde par des
recommandations ciblées sur les différentes composantes du chèque santé qui ont amené
l’opérateur national à rédiger un document de programmation opérationnel et à finaliser le
document contractuel. L’opérationnalisation des recommandations de l’Atelier d’Ebolowa 1 aura
ainsi porté sur la validation du prix de vente du chèque santé, la validation des canaux de
distribution du chèque (vente par les formations sanitaires privilégiées), le cantonnement des
recettes de tiers payant dans un compte bancaire dédié, et l’adoption du montage institutionnel et
juridique « officialisant le mécanisme de tiers payant par une structure juridiquement indépendante
des services de santé »33. Si donc le prix de cession (ou vente) du chèque santé est de 6000 FCFA,
son coût normatif avait initialement été estimé à 60.000, avant d’être ré-estimé à 46.410 sur la
base des dépenses réelles réalisées entre le juin 2015 et le 15 avril 2016 34.
23Le suivi et l’extension progressive du chèque santé s’opèrent, selon le rapport d’achèvement du
CIDR, à travers les activités réalisées par les antennes (marketing, gestion des prestations, appui-
conseil, contrôle médical et convention avec de nouvelles formations sanitaires), des formations
groupées des personnels de santé (renforcement des capacités des personnels de formations
sanitaires), des ateliers inter régionaux de mises en commun et de partages d’expériences des
personnels des antennes (état d’avancement, stratégies de marketing, plan d’amélioration-qualité,
système d’information de gestion), et près de 25 missions d’appui ou visites de supervision-
conseils. Au bout d’une année de vente des chèques, des ajustements imposés par les réalités de
terrain vont amener l’unité de coordination du projet à organiser un second atelier baptisé
« Ebolowa 2 » dans l’enceinte de l’hôpital centrale de Yaoundé, du 18 au 20 juillet 2016. A la suite
des recommandations faites au cours de cet atelier, une réunion du 2 septembre présidée par la
direction de l’organisation des soins et des technologies sanitaires (DOSTS), et dont le directeur est
chef du marché, va conduire à l’intégration des prestations relatives aux complications de la
grossesse, à la révision des tarifs, à la modification des modalités d’attribution des primes et à la
réduction des exigences en matière de dotation en personnel qualifié. Vers la fin du projet,
l’antenne régionale va se voir confier la responsabilité de payer directement les prestations
administratives et techniques conformes, tandis que seules les prestations SONUC parce que
supérieures à 18.000 FCFA, feront « l’objet d’un contrôle a posteriori par le contrôleur médical »36.
37 Le domaine de la santé maternelle et néonatale est en effet investi par une pluralité d’intervenant (...)
24La troisième phase, relative à la préparation et transfert de gestion du chèque santé au fonds
régional pour la promotion de la santé (FRPS, à créer), couvre toute l’année de 2018. Elle inclut
des activités réalisées au niveau de l’unité centrale chèque santé que sont l’appui à la
programmation opérationnelle (notamment les programmations régionales annuelles) et du suivi
des activités de l’unité de coordination, des budgets des antennes régionales tout en développant
des synergies avec d’autres intervenants dans le même domaine 37. Dans le sillage des activités de
l’unité centrale, il importe de mentionner également le développement par le groupement
CIRD/CARE d’une application pour la gestion du chèque santé, installé en juillet 2015 en vue de la
saisie des chèques santé vendus, d’un meilleur calcul de son coût moyen et de la réalisation de
tests de facturation en juin 2017 et juin 2018.
25La question du transfert de la gestion va se buter à l’absence des FRPS opérationnels dans
l’Extrême-Nord. A la suite de la demande officielle du ministre de la santé, adressée à l’opérateur
national, de transférer la gestion du chèque santé aux FRPS, le plan de transfert préparé va
connaître des lenteurs. Quelques mois avant l’expiration de la période d’action du groupement
CIDR-Care et le transfert du projet aux fonds régionaux de santé publique, les objectifs du
Minsanté en terme d’amélioration de la demande et de l’offre des soins semblent partiellement
atteints. Surtout, les autorités publiques et certains responsables du programme C2D semblent en
même temps satisfaits du programme chèque santé en inquiets quant aux conditions de sa
pérennisation.
38 Oyane Nsola, Responsable national chargé du suivi des programmes C2D, Voir le tri-hebdomadaire L’œi (...)
Je crois que dans le volet santé s’il y a un volet qui marche très bien c’est le volet cheque santé. Mais
malheureusement il coûte cher, il va falloir le remobiliser. Que l’État fasse un effort supplémentaire parce
que le programme C2D s’étend sur une période et puis après il va falloir que l’État mette sur pied un
processus de pérennisation dans cette opération 38.
39 Voir section « en aparté » p. 8, dans le Trihebdomadaire régional L’œil du Sahel N°1049 du vendredi (...)
On a un commencement en toute chose, on a commencé certes dans les villes mais on va étendre le
processus au niveau des villages et des formations sanitaires reculées. L’autre problème c’est celui
de mentalités et d’éducation, vous voyez même dans les zones où il y a le chèque santé il y a des
femmes qui continuent à éviter le système et qui préfèrent aller accoucher au quartier. Donc il faut
éduquer et étendre le processus à toutes formations sanitaires 39.
27Interrogés sur les raisons du faible impact du programme chèque santé dans la région du
septentrion, des avis opposés ont été recueillis auprès de certains médecins. Pour ce jeune
médecin spécialiste affecté à la direction de la promotion de la santé, ce bilan mitigé est due aux
mentalités locales : « Il faut changer les mentalités au fond. Pour certaines femmes, accoucher à
l’hôpital n’est pas une bonne chose. Il faut un changement de mentalité forte. C’est comme le cas
de choléra, toujours en train de manger ensemble avec les mains sales 40 ». Pour cet enquêté, des
études anthropologiques effectuées au préalable auraient permis d’anticiper sur les mœurs de ces
populations dont certaines continuent par exemple à croire que « le vaccin des enfants peut les
rendre stérile ». À l’opposé des enquêtés qui dénoncent les pratiques culturelles rétrogrades,
d’autres membres du personnel médical pensent que même si beaucoup d’accouchements se font
en communauté dans ces régions, les raisons réelles de la non optimisation du chèque santé sont à
rechercher ailleurs. Ceux-ci pointent la faible sensibilisation des communautés et l’absence de
motivation des prestataires de service qui se plaignent d’être dédommagés de manière tardive
après qu’ils aient pris en charge une femme détentrice du chèque santé. En même temps que
l’attitude de ceux-ci s’explique par le fait que « l’argent n’entre pas à l’hôpital » avec le chèque
santé, une autre critique importante porte en filigrane sur les fondements de l’action publique au
Cameroun.
41 Entretien avec une jeune docteure en médecine, affectée à la direction de la santé familiale, Yaoun (...)
C’est un problème d’équité, la prise en compte de l’équité dans l’élaboration des politiques publiques.
Comment on va toucher la personne la plus vulnérable ? La façon dont ça a été mis, est-ce qu’on a pris
en compte l’équité dans ces projets-là ? L’équité géographique, l’équité économique et l’équité social ?
Les zones rurales sont moins pourvues… Pour dessiner l’équité, il y a trois bonhommes qui veulent
regarder le match par la fenêtre, il y a un qui est grand, un qui est tout petit, et un qui est moyen.
Quand c’est l’égalité on leur donne à tous un banc qui a la même taille. Quand c’est l’équité au plus
grand on va donner un plus petit banc, au plus petit on va donner un plus grand banc. Au lieu de plus
sensibiliser en zone urbaine on aurait dû sensibiliser en zone rurale 41.
28Sur le terrain, il semblerait que le transfert actuel de la gestion du programme aux fonds
régionaux s’opère dans un climat où les postes de service situés dans les zones enclavées déjà
sevrés de spécialistes, sont abandonnés par le personnel de santé. Cet état des choses, qui
remettrait en question la prise en charge efficiente des parturientes de toutes les zones couvertes
par le projet, pose en filigrane la question de la responsabilité des acteurs intervenants.
43 Minsanté, Stratégie sectorielle de santé 2016-2027, Yaoundé, République du Cameroun, 2016, p.17
45 Conforté par cette décision et conscient des difficultés rencontrées pour atteindre les zones rural (...)
31Un reproche essentiel fait à l’opérateur national est le refus dès le départ de s’appuyer sur des
formations sanitaires rénovées et reconstruites par un programme parallèle suivi par l’unité de
coordination, pour établir et fixer leurs antennes ; tout en tirant profit des études démographiques,
sur les fréquentations, les besoins et niveaux de pauvreté. Qui plus est le chèque santé, dans les
projections initiales, devait se vendre au sein d’une pluralité d’espaces que sont les pharmacies, les
opérateurs téléphoniques ayant des bureaux établis, les prestataires privés représentatifs et fiables
et les agences de santé communautaire. Seulement, l’option prise – quoique provisoire au départ –
de vendre les chèques santés à partir des formations sanitaires constituerait la principale cause de
la stagnation du programme en milieu urbain, le personnel des antennes ne parvenant pas à
atteindre les communautés. Suivant les révélations assez discrètes recueillis auprès de certains
personnels de santé, les formations sanitaires accréditées étaient peu motivées à cause des coûts
On se demande s’ils n’ont pas fait exprès que l’outils statistique ne marche pas très bien. Parce qu’avec
l’outil statistique permet de savoir quand le billet de chèque santé est émis ou acheté, quand la femme
vient passer sa consultation prénatale et quand elle accouche. Tu vois, tu te rends facilement compte si
l’outil statistique marche que le chèque santé est vendu au moment où la femme se rend par désespoir
de cause à la formation sanitaire, laquelle n’a pas du tout envie d’y aller, mais peut-être parce qu’elle a
une complication ; ou bien c’est vendu parce que tout d’un coup la femme va quand même dans une
consultation à l’hôpital, et c’est à ce moment-là que ça se vend. Or l’idée c’est au départ que des
intermédiaires, des agents de santé communautaire ou des marketings qui foncent sur le terrain, aillent
organiser des réunions dans les villages et vendre là-bas. Et c’est aussi pour arriver à éviter des
complications qui sont des causes mortelles. Alors le gros risque du programme, ces opérateurs vendent
le chèque santé au moment où la femme enceinte vient parce qu’elle est en désespoir de cause, dans la
formation sanitaire. En ce moment-là ça augmente encore les risques de mortalité, parce que s’il y a des
complications on n’est pas préparé (entretien, octobre 2018).
46 Voir Yannick Jaffré et Jean-Pierre Olivier de Sardan (dir.), Une médecine inhospitalière. Les diffi (...)
47 Citation de Liman Abbo dans le journal en ligne Le Monde, publication de J. Kouagheu du 5 mars 2018 (...)
48 Témoignage d’une victime, voir le journal en ligne Cameroon-info net, 16 mars 2017, publication de (...)
32La concentration du programme dans les espaces urbains semble contre-productif au regard des
objectifs assignés au départ du projet, dans la mesure où ces espaces concentrent la plus grande
proportion de femmes fréquentant les hôpitaux et capables de payer les soins requis. En se
concentrant dans des villes, les bénéfices du programme sont théoriquement orientés vers les
moins nécessiteux. Bien plus, le non engouement du personnel de santé pourrait s’expliquer par le
danger perçu de perdre certains avantages liés aux rançonnements habituels des patients 46, et
que le système chèque santé ne permet guère de compenser. Non seulement les femmes
provenant des milieux ruraux demeurent marginalisées, l’on observe en outre une satisfaction à
demi-teinte auprès des femmes ayant acheté des chèques santés dans des centres urbains. Alors
que le coût réel des prestations devrait être remboursé aux centres de santé grâce à un fonds
alimenté par l’AFD et la Banque de développement allemande, des lourdeurs administratives
courantes ont débouché sur des remboursements tardifs. Or suivant la plainte de ce chef de
centre : « Nous prenons en charge gratuitement les femmes enceintes, dès qu’elles paient des
chèques. Nos pharmacies se vident, car des médicaments et autres outils sont utilisés 47». Un
sentiment d’inquiétude se serait ainsi saisi des patientes quant à leur prise en charge effective en
cas de besoin. Suivant certains témoignages, les infirmières n’hésitent pas à renvoyer les patients
et exigent être payées de façon ponctuelle : « Quand une femme débarque dans un hôpital qui est
en partenariat avec ce projet dans une situation d’urgence, certaines infirmières refusent de leur
offrir les soins »48. C’est probablement à ce niveau que les critiques adressées à l’opérateur
national rejoignent d’autres critiques faites aux pouvoirs publics, premiers responsables du projet
et que les autres partenaires devraient simplement appuyer.
49 Entretien avec un médecin affecté à la direction de la promotion de la santé, Yaoundé, octobre 2018
C’est l’État qui est souverain, sans l’État ils (partenaires internationaux) ne vont même pas exister. S’il y
a un problème de coordination c’est à l’État de revoir comment coordonner les choses. Ce n’est pas au
partenaire. Sauf que ce qu’on reproche souvent aux partenaires est que, souvent les gars ont les
financements et justement dans ce problème de coordination on retrouve un partenaire X qui fait un
même travail qu’un partenaire Y est en train de faire, tout ça parce qu’il veut utiliser leur financement.
C’est pourquoi il y a nécessité de mettre véritablement une bonne plate-forme de coordination,
redynamiser parce que la plate-forme existe, de telle sorte qu’il y ait des réunions qui se tiennent à des
fréquences bien correctes et qu’on respecte49.
50 Entretien avec un expert international membre de l’unité de coordination, Yaoundé, août 2018.
En guise de conclusion…
51 Centre international de développement et de recherche, Lancement…, p. 16.
52 Inspiré de Georges Courade, « Des complexes qui coûtent chers. La priorité agro-industrielle dans l (...)
53 Jean Copans, La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie, Paris, (...)
34Alors que la couverture sanitaire universelle est encore au stade de projet au Cameroun, le
chèque santé expérimenté dans les trois régions du septentrion camerounais a été justifié par la
fréquence d’accouchements à domicile ou auprès des accoucheuses traditionnelles. Subventionné
depuis 2014 par l’AFD et la KfW en appui aux investissements du Minsanté, ce programme a pour
but de relever la fréquentation des hôpitaux par femmes enceintes en vue de réduire le taux de
mortalité mère-enfant dans le Grand Nord. L’un des attendus importants du programme était de
notifier, à terme, dans quelle mesure le chèque santé serait « un moyen efficace pour réduire la
mortalité maternelle et néonatale (impact final recherché mais très difficilement démontrable) ou
s’il était en mesure d’agir sur les facteurs pouvant contribuer à réduire ces mortalités 51 ». Confié à
un opérateur national constitué par le groupement CIDR/Care, il est actuellement en phase de
restitution à l’État qui devrait prendre le relais à travers les fonds régionaux. Seulement, il se
trouve que sa pérennisation s’avère délicate du fait d’un certain nombre de couacs soulevés durant
la phase opérationnelle. Si l’on relève une baisse de mortalité auprès des personnes ayant souscrit
au programme, l’absence d’un outil statistique fiable n’aura pas permis de faire un bon diagnostic
du travail effectué. Des chiffres globaux encourageants présentés par l’opérateur national semblent
camoufler des disparités criantes au détriment des zones rurales et reculées, de même qu’ils ne
permettent pas d’apprécier les modalités réelles d’acquisition des chèques santés et les conditions
d’accueil ou de prise en charge des femmes. Alors que l’interprétation officielle des chiffres
s’efforce de « montrer que le chèque santé sert à quelque chose », un premier hiatus à noter est le
lancement du programme sans études préalables de faisabilité. Aussi, il n’est par exemple pas aisé
de se faire une idée sur le nombre de femmes qui, bien que motivées au départ, finissent par ne
pas se procurer du chèque santé ; et encore moins sur celles qui, parce qu’ayant effectué les
quatre consultations prénatales requises, auraient échappé à certaines complications qui auraient
pu être fatales. Soucieux de préserver d’abord son intérêt, l’opérateur national semble avoir tenu
en médiocre estime l’apport potentiel des antennes locales qui auraient pu mieux s’organiser pour
atteindre les couches vulnérables. Il est à espérer qu’avec la restitution du programme, les
antennes locales soient mieux dotées en moyens financiers et matériels pour circuler dans les
formations sanitaires accréditées. Il est surtout crucial que les pouvoirs publics jouent pleinement
leur rôle de principal garant du programme en assurant une bonne coordination des interventions
de différents acteurs. Car au demeurant, le coût du programme chèque santé coûte cher 52 à l’État
au regard des sommes mobilisées pour le paiement de l’opérateur national, des équipes de
supervision, des salaires, des réunions et autres dépenses connexes. Mais ce qui semble coûter
encore plus cher, c’est l’incapacité des pouvoirs publics à mettre en place un modèle de
Selon les estimations, l’année dernière, 303 000 femmes sont décédées de causes
liées à la grossesse, 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés au cours des 28
premiers jours de vie et il y a eu 2,6 millions de mortinaissances. Alors que des soins
de qualité pendant la grossesse et l’accouchement permettent de prévenir un grand
nombre de ces décès, 64% seulement des femmes dans le monde bénéficient de
soins prénatals au moins quatre fois pendant la grossesse.
Les soins prénatals sont essentiels car ils permettent aux intervenants d’offrir aux
femmes enceintes une prise en charge, un soutien et des informations, notamment
de favoriser l’adoption d’un mode de vie sain, y compris une bonne nutrition, de
détecter et de prévenir des maladies, de donner des conseils en matière de
planification familiale et d’aider les femmes éventuellement victimes de violence du
partenaire intime.
«Si l’on veut que les femmes aient recours à des services de soins prénatals
pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, ceux-ci doivent être de qualité»,
affirme le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche
de l’OMS, ajoutant que «la grossesse doit être une expérience positive pour toutes
les femmes, qui doivent bénéficier de soins dans la dignité.»
Recommandations de l’OMS
Suivant le nouveau modèle de l’OMS pour les soins prénatals, le nombre de
consultations prénatales passe de quatre à huit. Des données récentes indiquent
que l’augmentation de la fréquence des consultations prénatales dans le système de
santé pour les femmes et les adolescentes est associée à une probabilité plus faible
de survenue de mortinaissances, car ces consultations offrent plus d’occasions de
détecter et de prendre en charge d’éventuels problèmes. Le fait de prévoir 8
consultations au lieu de 4 permet de ramener le taux de mortalité périnatale à 8 pour
1000 naissances.
«Des consultations plus fréquentes et de meilleure qualité pour toutes les femmes au
cours de la grossesse faciliteront l’application de mesures préventives et la détection
précoce des risques, éviteront autant que possible les complications et permettront
de remédier aux inégalités sanitaires», dit le Dr Anthony Costello, Directeur du
Département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de
l’OMS. «Les soins prénatals sont essentiels pour les primipares. Ils détermineront
comment celles-ci auront recours aux soins prénatals lors de grossesses futures», a
t-il ajouté.
Les recommandations de l’OMS laissent aux pays une certaine latitude quant au
choix des options concernant la mise en œuvre des soins prénatals, selon leurs
besoins. Cela signifie, par exemple, que les soins peuvent être prodigués par des
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 38
sages-femmes ou d’autres soignants, dans des établissements de santé ou dans le
cadre de services communautaires de proximité. Les consultations prénatales
doivent s’accompagner d’une prise en charge et d’un soutien tout au long de la
grossesse.
Exemples de recommandations:
Le modèle de soins prénatals préconise au moins 8 consultations pour faire
baisser la mortalité périnatale et offrir aux femmes des soins de meilleure
qualité.
On trouve des conseils sur l’alimentation saine et la pratique d’exercice
physique pendant la grossesse.
Une supplémentation quotidienne en fer et en acide folique, par voie orale, est
recommandée à raison de 30 mg à 60 mg de fer élémentaire et de 400 µg (0,4
mg) d’acide folique pour les femmes enceintes afin de prévenir l’anémie, la
septicémie puerpérale et les naissances prématurées.
La vaccination antitétanique est recommandée, selon le statut vaccinal de la
femme enceinte, afin d’éviter que le tétanos n’entraîne le décès du nouveau-
né.
Une échographie avant la 24e semaine de grossesse est recommandée afin
d’estimer l’âge gestationnel de l’enfant, d’améliorer la détection des anomalies
fœtales et des grossesses multiples, de réduire le nombre d’accouchements
provoqués en cas de grossesse prolongée et d’améliorer l’expérience des
femmes.
Les soignants devraient, le plus tôt possible au cours de la grossesse et à
chaque consultation prénatale, interroger toutes les femmes enceintes sur leur
consommation (passée et actuelle) d’alcool et d’autres substances.
a) Période de l’étude
Notre population accessible sera constituée des toutes les femmes qui accepterons de
participer à notre étude.
Critères d’inclusions
Seront inclus de notre étude toutes les femmes qui seront venues en cpn et dont leur première
cpn sera supérieure à 3-4 mois de grossesse ainsi que celles ayant accouchées à domiciles et
revenues dans la Fosa
Le critère de non inclusion ici concernera les femmes qui refuseront de participer à l’enquête
Critères d’exclusion
Seront exclus de notre enquête toute les femmes ayant débuté leurs visite prénatales dans les
normes recommandées par l’OMS 2016 (12 premières semaines).
Taille de l’échantillon
Concevoir une société de façon statique serait en effet réducteur. L’appréhender au travers de
sa dynamique revient nécessairement à s’intéresser à ce qui est au cœur des relations qui la
constituent : l’influence sociale. La recherche s’est donc efforcée de découvrir comment elle
opère. L’influence sociale a ainsi été l’occasion d’une grande diversité d’études
expérimentales et de théorisations auxquelles cet ouvrage propose d’introduire.
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à sa valeur instrumentale pour influencer
autrui. C’est en effet de son usage, de son abus et de son mésusage que dépendent, dans une
large mesure, le fonctionnement et l’évolution de la société et de ses composantes. On peut
certes concevoir un rapport d’influence du point de vue du bénéfice qu’une source peut tirer
d’un changement chez une cible. D’ailleurs, l’étude de l’influence a mis au jour de
nombreuses techniques de manipulation censées bénéficier à la source. Mais les gens
revendiquent rarement le fait d’avoir été influencés, et encore moins celui d’être
influençables. C’est que dans les sociétés occidentales libérales, et non sans paradoxe au vu
des influences que l’on examinera dans cet ouvrage, on tend à valoriser l’individu autonome
Par ailleurs, et selon les mêmes principes, en cas de divergence la communication n’est pas
dirigée au hasard : elle augmente à mesure qu’augmente la divergence d’opinion entre un
membre et les autres, et tendra à être adressée principalement à ceux qui ont des opinions
extrêmes à l’intérieur du groupe, de telles relations ne s’appliquant qu’à l’intérieur de groupes
psychologiques, c’est-à-dire d’assemblées de personnes qui existent psychologiquement
comme des groupes pour ses membres. Au contraire, la pression à communiquer avec une
personne particulière diminue dans la mesure où elle n’est pas un membre du groupe ou dans
la mesure où elle n’est pas voulue comme telle.
Reste une question pendante : pourquoi des individus ne percevant pas de différence de statut
ou de catégorie entre eux (hormis celle relative aux jugements perceptifs), n’ayant par ailleurs
aucune relation privilégiée puisqu’ils ne se connaissent pas, convergent-ils, au lieu de se fier à
leurs jugements initiaux ? Alexander, Zucker et Brody (1970) ont répondu à cette
interrogation en termes de demandes expérimentales implicites. Ils ont révélé aux sujets qu’il
s’agissait d’une illusion et les ont avertis qu’ils ne devaient en conséquence pas s’attendre à
voir bouger le point lumineux dans la même direction, ni sur la même distance. Puisque
l’expérimentateur indiquait ouvertement les réponses à éviter, aucun effet de convergence
n’est apparu dans cette condition. Pollis, Montgomery et Smith (1975) ont réalisé une
expérience où ils ont dissocié l’information relative à la nature de la perception étudiée (une
illusion perceptive), et l’anticipation d’une convergence ou d’une divergence
interindividuelle, diverses consignes étant proposées à des sujets répondant soit ensemble, soit
individuellement. Dans une condition, les sujets n’ont pas été mis au courant du caractère
illusoire de la situation. Dans une seconde condition, les auteurs ont repris l’opéra-
tionnalisation d’Alexander et al. (1970) : ils ont précisé qu’il s’agissait d’une illusion et ont
avisé les sujets de ne pas s’étonner s’il y avait des variations dans leurs réponses. Dans une
dernière condition, ils n’ont fait que signaler l’existence de l’illusion. Le résultat marquant est
que la dernière condition donne lieu à une diminution de la variabilité des réponses : lorsqu’il
n’y a pas d’instruction implicite ou explicite suggérant de ne pas converger, même si les
sujets sont au courant du fait que la lumière ne bouge pas, la tendance reste à la convergence
et à la diminution de la variabilité.
Cette section aura été une première occasion d’illustrer la grande complexité des processus
d’influence sociale, les divers niveaux d’analyse apparaissant tous indispensables à une
compréhension exhaustive du phénomène de normalisation. Une conclusion s’impose de cet
ensemble de données : une influence réciproque ne s’observe qu’à la condition que les
individus occupent un même statut et qu’ils n’aient pas de motivation particulière à se
différencier d’autrui. De toute évidence, cette condition n’est pas monnaie courante.
c. Le conformisme
Le paradigme de la normalisation se caractérise par une incertitude élevée dans les jugements.
Il ne faut cependant pas en conclure que la recherche de certitude serait la seule motivation à
l’influence, et qu’aucune influence n’apparaît lorsque les sujets sont a priori certains de leurs
jugements. Asch (1956) a en effet examiné les processus déterminant le degré d’indépendance
L’effet mis en évidence par Asch variait significativement selon les contextes. On signalera
les plus significatifs. Le nombre de membres formant le groupe majoritaire y figure
évidemment
Contexte et objectifs
L’utilisation non optimale des services de soins prénatals est un problème crucial de santé
publique, considérant les forts taux de mortalité maternelle et néonatale au Burkina Faso. En
effet, malgré une amélioration nette de la couverture des soins prénatals durant ces dernières
années, le recours à la première consultation prénatale se fait tardivement à partir du sixième et
septième mois de grossesse et peu de femmes effectuent le minimum des quatre visites
recommandées. Cette situation est plus remarquée dans les zones rurales. Cependant, peu
d’études effectuées au Burkina Faso se sont intéressées aux femmes qui sont à la marge du
système de soins.
Méthode
La recherche qualitative inspirée de l’ethnographie a été adoptée pour cette recherche. La
collecte des données a eu lieu d’octobre 2013 à janvier 2014. Les méthodes utilisées sont vingt-
deux entrevues individuelles semi-dirigées avec des femmes qui sont en recours tardif aux soins
prénatals complétées par de l’observation participante et huit entrevues informelles avec des
informateurs clés identifiés dans la communauté. La typologie explicative du non-recours,
développée par l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), a été utilisée
comme cadre conceptuel.
Conclusion et recommandations
La typologie explicative du non-recours adoptée pour cette recherche a permis de comprendre
que le non-recours n’est pas seulement dû à des contraintes liées à l’accès à l’offre publique,
Communiqué de presse
GENÈVE
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Selon les estimations, l’année dernière, 303 000 femmes sont décédées de causes
liées à la grossesse, 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés au cours des 28
premiers jours de vie et il y a eu 2,6 millions de mortinaissances. Alors que des soins
Les soins prénatals sont essentiels car ils permettent aux intervenants d’offrir aux
femmes enceintes une prise en charge, un soutien et des informations, notamment
de favoriser l’adoption d’un mode de vie sain, y compris une bonne nutrition, de
détecter et de prévenir des maladies, de donner des conseils en matière de
planification familiale et d’aider les femmes éventuellement victimes de violence du
partenaire intime.
«Si l’on veut que les femmes aient recours à des services de soins prénatals
pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, ceux-ci doivent être de qualité»,
affirme le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche
de l’OMS, ajoutant que «la grossesse doit être une expérience positive pour toutes
les femmes, qui doivent bénéficier de soins dans la dignité.»
Recommandations de l’OMS
Suivant le nouveau modèle de l’OMS pour les soins prénatals, le nombre de
consultations prénatales passe de quatre à huit. Des données récentes indiquent
que l’augmentation de la fréquence des consultations prénatales dans le système de
santé pour les femmes et les adolescentes est associée à une probabilité plus faible
de survenue de mortinaissances, car ces consultations offrent plus d’occasions de
détecter et de prendre en charge d’éventuels problèmes. Le fait de prévoir 8
consultations au lieu de 4 permet de ramener le taux de mortalité périnatale à 8 pour
1000 naissances.
«Des consultations plus fréquentes et de meilleure qualité pour toutes les femmes au
cours de la grossesse faciliteront l’application de mesures préventives et la détection
précoce des risques, éviteront autant que possible les complications et permettront
de remédier aux inégalités sanitaires», dit le Dr Anthony Costello, Directeur du
Département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 53
l’OMS. «Les soins prénatals sont essentiels pour les primipares. Ils détermineront
comment celles-ci auront recours aux soins prénatals lors de grossesses futures», a
t-il ajouté.
Les recommandations de l’OMS laissent aux pays une certaine latitude quant au
choix des options concernant la mise en œuvre des soins prénatals, selon leurs
besoins. Cela signifie, par exemple, que les soins peuvent être prodigués par des
sages-femmes ou d’autres soignants, dans des établissements de santé ou dans le
cadre de services communautaires de proximité. Les consultations prénatales
doivent s’accompagner d’une prise en charge et d’un soutien tout au long de la
grossesse.
Exemples de recommandations:
Le modèle de soins prénatals préconise au moins 8 consultations pour faire baisser
la mortalité périnatale et offrir aux femmes des soins de meilleure qualité.
On trouve des conseils sur l’alimentation saine et la pratique d’exercice physique
pendant la grossesse.
Une supplémentation quotidienne en fer et en acide folique, par voie orale, est
recommandée à raison de 30 mg à 60 mg de fer élémentaire et de 400 µg (0,4 mg)
Quand les femmes d’Iringa parlent de santé maternelle, la population écoute. Leurs
messages visant à améliorer l’accès des femmes aux soins prénataux et leur
utilisation de ces services sont particulièrement efficaces, car les femmes elles-
mêmes ont cerné les défis urgents auxquels elles font face. Avec le soutien de la
collectivité, elles ont également conçu des stratégies pour les surmonter.
Ce succès est le résultat d’un projet novateur de recherche sur la mise en oeuvre
mené dans les districts de Kilolo et de Mufindi par l’Université de Dar es-Salaam, en
Tanzanie, et la Fondation HealthBridge du Canada, en collaboration avec le
département de la santé du conseil municipal d’Iringa. Le financement a été fourni
par l’initiative Innovation pour la santé des mères et des enfants
d’Afrique (ISMEA).
Pourquoi les femmes attendent-elles si longtemps ? Pour trouver une réponse, les
chercheurs ont organisé des groupes de discussion et interrogé des femmes, des
hommes, des prestataires de soins de santé locaux et des responsables dans
20 villages de chaque district. Ils ont constaté qu’outre le manque de moyens de
transport pour se rendre dans des établissements de santé éloignés, l’importance
des soins prénataux est mal comprise.
Les rôles traditionnels des hommes et des femmes limitent également la capacité
des femmes à décider si et quand elles doivent se faire soigner. De même, les rôles
sexospécifiques traditionnels découragent les hommes d’accompagner leur
partenaire, malgré la politique gouvernementale, qui exige que les femmes enceintes
amènent leur conjoint à leur première consultation. Un mauvais accueil de la part des
travailleurs de la santé peut décourager les hommes qui s’y rendent de revenir.
Cet environnement défavorable, combiné aux longs délais d’attente dans les
établissements de santé, dissuade les femmes enceintes de recourir à des soins
précoces.
Le pouvoir de la recherche-action
Les messages clés étant prêts, les femmes, les hommes champions et les dirigeants
communautaires ont commencé à mettre en oeuvre les stratégies choisies dans
leurs villages respectifs. L’équipe du projet est en train de documenter le
déroulement du projet. Elle a déjà présenté certains de ses travaux à des parties
prenantes locales et nationales, notamment le ministère de la Santé, et publié les
L’équipe de recherche souligne que ce projet est l’un des rares en Tanzanie à utiliser
une approche de recherche-action pour impliquer les collectivités dans les
changements qu’elles souhaitent voir dans le secteur de la santé. Comme l’a fait
remarquer un participant, « cette approche nous a permis de diagnostiquer nos
problèmes et de concevoir des stratégies pour les résoudre. Il s’agit d’une façon très
novatrice de faire participer les collectivités.»
Apprenez-en plus sur l’initiative Innovation pour la santé des mères et des
enfants d’Afrique
8.1. Problématique
Selon Quivy et al, (1995) citée par Nkoum (2019 :80), la problématique est « l’approche ou
la perspective théorique qu’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question
de départ, elle est une manière d’interroger les phénomènes étudiés ».
La présente étude s’inscrit dans le champ de la santé publique et plus spécifiquement dans le
domaine de la santé communautaire.
La santé publique est « la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et
d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le moyen d’une action
collective concertée visant à : assainir le milieu, lutter contre les maladies, enseigner les règles
d’hygiène personnelle, organiser des services médicaux et infirmiers en vue d’un diagnostic
précoce et du traitement préventif des maladies, mettre en œuvre des mesures sociales propres
à assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de
la santé ». (Aubert et al ; 2003).
Accouchement à domicile
L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent de
santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la
C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de santé
donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de santé
diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation reçue,
peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les complications
obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau de soins
supérieur. Dans des conditions idéales, ce personnel qualifié appartient à la communauté qu’il
sert et vit avec elle. Il est capable d’assumer les fonctions obstétricales d’urgence de base,
d’engager un traitement et de superviser le transfert de la mère et du nourrisson vers un
niveau supérieur lorsque les soins requis dépassent sa compétence ou ne peuvent pas être
dispensés sur place. Par assistance qualifiée on entend les soins fournis par un personnel de
santé qualifié dans un environnement porteur, ou un système de santé qui puisse fournir les
soins requis ou les soins obstétricaux d’urgence appropriés en cas d’accouchement compliqué.
Bien d’auteurs ne sont pas favorables à l’accouchement à domicile et prônent plutôt
l’accouchement assisté dans une formation médicale. C’est le cas de Rochat (2013) qui dit
que les accouchements non assistés peuvent avoir des conséquences désastreuses. Il qualifie
cet accouchement d’une affaire de souffrance, de honte et d'exclusion. Il va même jusqu’à
dire que l’accouchement traditionnel est un monde où seule une faible frontière sépare la vie
de la mort. Cette situation est beaucoup vécue en milieu rural qu’en milieu urbain. En milieu
rural le travail dure souvent des heures et peut aboutir à la mort du bébé ou de sa maman.
Certaines femmes finissent par se rendre à l'hôpital après avoir essayé d'accoucher pendant
des heures, il est trop tard, l'enfant est mort et a déjà causé de nombreux dommages. Cathy-
Anne (2005) de sa part montre que le choix d’accoucher à l’hôpital pour certaines femmes est
conditionné par le besoin de prise en charge, le besoin de repos, retrait de la vie quotidienne,
peu de complication, avoir un analgésique et compagnie. Actuellement, la majorité des
auteurs sont favorables à l’accouchement dans une formation médicale car il réduit les risques
de mortalité maternelle même s’il entraine aussi des coûts non négligeables. De ce fait, il est
possible d’établir une certaine relation entre la santé et le facteur socio-économique.
Les facteurs influençant le lieu d’accouchement d’une femme sont vus différemment selon
les auteurs. Rugamika et al, 2010 d’entre eux pensent que ces facteurs sont d’ordre culturels
tout court c’est –à- dire liés aux comportements et aux coutumes qui sont en vigueur dans une
culture quand Idris, 2003 ; Faye et al, 2010 et Kamga, 2010 parlent des déterminants socio-
économiques.
Déterminants culturels
La littérature sur la mortalité maternelle spécifie trois types de retards résultants des causes
socioéconomiques et culturelles, qui contribuent au risque de décès maternels (Maine, D et al,
1997 :11) ; L’amélioration du statut social et économiques des femmes, la disponibilité et
l’accessibilité des services de santé primaires et de soins obstétricaux ainsi que l’amélioration
de la qualité de ces services sont du domaine collectif, éléments de risque contextuel. De
même certaines caractéristiques telles que l’âge ou la parité pendant la grossesse seront elles
aussi déterminantes pour la survie de la femme : ce sont les éléments du risque individuel (M.
Lamine Keita et Hawa Touré, 2008 :16). Les décès maternels sont dus à des causes médicales
directes (hémorragie, avortement à risque, l’hypertension induite par la grossesse, travail
dystocique) et à des causes médicales indirectes (anémie, paludisme, VIH/Sida, etc.). Ces
dernières peuvent être décelées et prises en charge pendant les consultations prénatales, alors
que les causes médicales directes sont généralement imprévisibles et nécessitent d’être prises
en charge par des soins obstétricaux d’urgence. La survie de la femme va dépendre alors
fondamentalement de la disponibilité des soins obstétricaux d’urgence, de la qualité de ces
soins ainsi que des délais d’accès aux services qui les fournissent. Ci-après, les facteurs du
risque différentiel de la mortalité maternelle. Selon Rugamika et al (2010), ces facteurs sont
classés en deux groupes, notamment le groupe de quatre trop et le groupe de trois retards.
Facteurs socio-économiques
Au vu de tout ce qui précède, l'on se rend compte que le recours aux soins pendant la
grossesse dépend des caractéristiques socio-culturelles, socio- démographiques et
économiques de la femme ainsi que du contexte institutionnel. À ces différents facteurs
s’ajoutent d’autres facteurs explicatifs des disparités d’accessibilité aux soins de santé.
Diverses études considèrent l'accessibilité géographique comme un facteur limitant majeur de
l'utilisation des services des soins. Une étude réalisée par le CRDI entre 1994 et 1995 a révélé
que l'éloignement du centre de santé avait une forte influence sur la fréquence des CPN au
deuxième et au troisième trimestre de la grossesse. « Les femmes sont frustrées et
découragées lorsqu'elles parcourent de longues distances à pieds pour se rendre au centre de
santé et se font dire que le travailleur de la santé n'est pas là, qu'une seule personne est
disponible, qu'elle doit s'occuper de beaucoup de gens et qu'elle ne peut donc pas prêter
l'attention nécessaire ni offrir un service personnalisé à chacun des clients » (CRDI, 1995).
Afin de répondre aux différentes questions que suscite notre sujet de recherche et soutenir nos
résultats, nous avons mobilisé la théorie de la représentation sociale, la théorie du
comportement planifié et la théorie de de l’influence sociale.
Questionnaire
Selon Quivy et Campenhoudt (1995) l’enquête par questionnaire consiste à poser à un
ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions
relatives à un problème qui intéresse le chercheur. Le questionnaire adressé aux femmes
enceintes venues dans les formations sanitaires du district de Maroua II permettra d’évaluer
- Les éléments centraux sont ceux-là qui jouent un rôle privilégié dans une
représentation, et les autres éléments dépendent directement de lui. Ces par rapport à
lui que se définissent les poids et les valeurs d’un objet donné : ils définissent de ce
fait l’identité de la représentation. Les éléments centraux forment un noyau appelé «
Noyau central ». Autour du noyau central s’organisent les éléments périphériques qui
fonctionnent comme une grille de décryptage d’une situation selon expression de
Claude Flament.
- Les éléments périphériques assurent le fonctionnement de la représentation. Ces
sont des schèmes c'est-à-dire un ensemble organisés d’informations qui facilitent la
description des situations. Il s’agit des structures psychologiques intermédiaires entre
les objets concrets et leur concept abstrait.
Cependant Jodelet, définit cinq éléments fondamentaux qui caractérisent une représentation
sociale. Ces cinq éléments disent que:
- La représentation sociale est toujours représentation d’un objet : en effet, le sujet ne peut que
se représenter un objet, qu’il soit de nature abstraite ou concrète. Il y a donc une interaction
entre le sujet et l’objet ;
- Elle a un caractère symbolique et signifiant : elle aide le sujet à interpréter l’objet qu’il a en
face de lui, en lui donnant un sens.
Une fonction génératrice de sens : Il est l’élément par lequel se crée ou se transforme, la
signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce par quoi les
éléments prennent un sens, une valence.
Une fonction organisatrice : C’est autour du noyau central que s’agencent les autres
cognitions de la représentation. C’est le noyau central qui détermine la nature des liens qui
unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l’élément unificateur et
stabilisateur de la représentation.
Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent bien comme une entité où chaque
partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l’autre. Leur organisation, comme leur
fonctionnement est régie par un double système :
Le système central : structure les cognitions relatives à l’objet, fruit des déterminismes
historiques et sociaux auxquels est soumis le groupe social. Le système central, constitué par
le noyau central de la représentation est directement lié et déterminé par les conditions
L’objectivation
L’ancrage
- Le sens : l’objet représente est investi d’une signification par le groupe concerne par la
représentation.
- Une transformation résistante : qui peut se produire quand les pratiques sont en
contradiction avec la représentation, mais ici cette contradiction peut être géré dans la
périphérie. Lors de la transformation résistante la représentation est caractérisée dans le
système périphérique par l’apparition de « schèmes étranges » découverts et définis par
Flament (1987). Ces schèmes sont composés de la manière suivante :
Le rappel du normal
- Une transformation progressive : lorsqu’il existe des pratiques anciennes mais rares qui ne
se sont jamais trouvées en contradiction avec la représentation, la transformation va
s’effectuer sans rupture, c’est à dire sans éclatement du noyau central. Les schèmes activés
par les pratiques nouvelles vont progressivement s’intégrer à ceux du noyau central, et
fusionner pour constituer, un nouveau noyau et donc une nouvelle représentation.
Pour la recherche, les représentations sociales fournissent des notions prêtes à l’emploi et un
système de relation entre ces notions permettant aussi, l’interprétation, l’explication et la
prédiction. Et travailler sur une représentation, c’est : observer comment cet ensemble de
valeurs, de normes sociales et des modèles culturels, est pensé et vécu par des individus de
notre société ; étudier comment s’élabore, se structure logiquement et psychologiquement,
l’image de ces objets. . Il en ressort que le concept de représentation sociale a été introduit en
Cette théorie des représentations sociales permet de mieux cerner mais aussi d’agir sur des
enjeux sociétaux d’aujourd’hui comme la prévention des maladies, la réduction des
différentes formes de violence, la préservation de l’environnement, la promotion de l’équité
de genre, la lutte contre les discriminations, les inégalités sociales en santé.
Mle : 20MSP031-Y
Au
INSTITUTIONNELLE DE L’ISSS
Monsieur le Président,
C’est avec grande considération que nous venons auprès de votre haute personnalité
par le biais de cette note, procéder à une soumission de notre protocole de recherche pour
l’obtention de la clairance éthique en vue de réaliser les exigences académiques.
En effet, je suis étudiante en Master niveau 2 en Santé Publique option Santé Communautaire.
Le sujet de notre étude porte sur les facteurs explicatifs du recours tardif des femmes
enceintes dans les formations sanitaires du district de santé de Maroua II, Après une
Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez recevoir distingués membres du comité, notre
profonde gratitude.
Par structuralisme, je veux dire qu’il existe dans le monde social lui-même, des
structures objectives indépendantes de la conscience et de la volonté des agents
[…]. Par constructivisme je veux dire qu’il y a une genèse sociale d’une part des
schèmes de perceptions, de pensées et d’actions qui sont constitutives de ce que
j’appelle habitus, et d’autre part des structures sociales, et en particulier de ce
que j’appelle des champs et des groupes.
Ainsi, les recours tardif aux services de maternité sont construits sur la base des
significations qui lui sont attribuées par les acteurs sociaux. Les pratiques culturelles peuvent
se modeler ou se remodeler en fonction des conjonctures.
Pierre Bourdieu dans cette théorie met en avant le concept d'habitus qui constitue un
ensemble d’inculcations durables et inconscientes, mais aussi transposables. Ceci nous amène
à envisager le recours tardif aux services de maternité comme la transposition des habitus
sociaux des femmes enceintes dans le champ de la santé maternelle; toute chose qui va
favoriser la prééminence des pratiques socioculturelles.
Notre objectif étant d’étudier les facteurs explicatif du recours tardif des femmes
enceintes dans la formation sanitaire, le constructivisme structuraliste qui définit les réalités
sociales comme des constructions, entendues comme produits antérieurs aux processus en
cours de structuration nous parait indiqué ici
infrastructure
Le CMA de Founangue possède - bâtiments en son sein. Elle est organisé comme suit ;
Le Centre est coiffé par un Chef de centre qui organise toutes les activités au sein de la
FOSA ainsi que les activités dans l’aire de sante dans le cadre des activités de sante publique.
Un surveillant générale responsable de la coordination et la programmation du personnel,
deux commis responsable pour la vente de médicaments, un Régis financier responsable pour
les finance appuyer un point focal PBF et cheque sante (dans le cadre de programmes
respectives) et des Major de chaque service. Il y aussi un le COGE et COSA qui sont des
représentant de la communauté au sein du centre et assurent la liaison du centre avec la
communauté
Lieu de consultation
Le lieu de la consultation de la mère est un facteur du recours aux soins prénatal. Les
résultats de Nguemo (2014) dans le cas du Grand –nord Cameroun, révèlent que les mères qui
accouchent dans un centre de santé ont moins de risque de ne pas recourir aux soins postnatals
que celles qui accouchent à domicile. En plus en Côte d’Ivoire, les nouveaux nés accouchés à
domicile ont plus de risque de ne pas recevoir des soins prénatals modernes que ceux
accouchés dans un service de santé (Konan, 2014).
C’est une opportunité médicalement suivie qui accroît les chances de recevoir des
conseils de prise en charge pendant la période de l’accouchement, la période postnatale et
celle du nouveau-né. Mais, la présence de professionnels de la santé masculins dans les
Le fait de recourir aux soins prénatals modernes diminue au fur et à mesure que le
non-recours aux soins prénatals augmente. Ce risque est, pour les femmes du Grand –Nord du
Cameroun n’ayant effectué aucune visite, plus élevé que chez celles ayant effectué 1 à 3 CPN
ou au moins 4 (Nguemo, 2014).
Accouchement à domicile
L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent
de santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la
définition du personnel de santé qualifié utilisée pour calculer l’indicateur des ODD. Un
accouchement à domicile est un accouchement qui se déroule en communauté, en dehors de
toute structure formelle de soins
C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de
santé donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de
santé diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation
reçue, peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les
complications obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau
Ngalani Christine
De même, 72 % ont déclaré avoir eu au moins un problème d’accès aux soins de santé. Le
problème majeur rencontré est la difficulté d’obtenir de l’argent pour se faire soigner (67 %). En
plus de ce problème, on peut citer la distance jusqu’à l’établissement de santé (40 %), l’obtention
de la permission d’aller se faire soigner (35 %) et le fait de ne pas vouloir s’y rendre seule (28 %),
(EDS MICS).
Dans le monde, 585 000 femmes décèdent chaque année pendant la grossesse,
l’accouchement ou pendant les 42 jours qui suivent la terminaison d’une grossesse.
Les objectifs de développement durable (ODD) ont été lancés le 25 septembre 2015 et sont
entrés en vigueur le 1er janvier 2016 pour une période de 15 ans allant jusqu’au 31 décembre
2030. Parmi les 17 ODD, les objectifs directement liés à la santé relèvent de l’ODD 3 :
Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Avec
l’adoption des ODD, les États Membres des Nations Unies ont étendu les engagements
mondiaux qu’ils avaient pris en 2000 aux objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD), qui couvraient la période allant jusqu’en 2015
OBJECTIFS PROFESSIONNELS
Intégrer une équipe avec laquelle je pourrai mettre à profit mes compétences, mes qualités
organisationnelles, ma capacité d’adaptation et d’intégration dans le groupe et le travail.
PARCOURT SCOLAIRE
COMPETENCES PROFESSIONNELLES
Consultations prénatales recentrées
Accouchement eutocique et par ventouse
Consultations post natales
TACHES REALISEES
Accouchements normaux
Suivi des accouchements à domicile
Consultations prénatales communautaires
Consultations post natales
Recherches des enfants nés de mères VIH + perdus de vus et prise en charge
Prélèvements PCR et transfert des échantillons vers le CIRB Yaoundé
Pose des différentes méthodes de planification familiale
Causeries éducatives en communautés et lors des CPN
QUALITES MAJEURES
Facilité d’adaptation
Sens du contact et de l’équipe
Dynamique du groupe
Activités Fevr Mars Avri Mai Juin Juill Aout Sept Oct Nov Dec
ier 2022 l 2022 2022 et 2022 2022 2022 2022 2022
2022 2022 2022
Choix et validation du
thème de recherche
Rédaction du
protocole (problème,
questions objectifs,
outils de collecte de
données….)
Lecture des
documents pour
extraire des
informations
Validation du
protocole
Validation de l’outil
de collecte de données
Obtention de
l’autorisation de
l’enquête
Collecte des données
Dépouillement des
données
Dépôt du mémoire
Analyse et
interprétation des
données
Publication du résultat
(Soutenance)
De plus, l'amélioration de l'éducation en matière de santé sexuelle est la clé pour éliminer les
grossesses chez les adolescentes. Ces grossesses représentent une part importante de la
mortalité maternelle en Afrique subsaharienne. Les adolescentes, en particulier celles de
moins de 15 ans, ont un risque plus élevé de mortalité maternelle que les femmes plus âgées.
Le niveau élevé de décès maternels dans certaines régions du monde reflète les inégalités dans
l’accès aux services de santé et met en lumière l’écart entre les riches et les pauvres. La quasi-
totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus
de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud. Plus de la moitié des
décès maternels se produisent dans des régions instables et plongées dans des crises
humanitaires.
Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.
Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement. 2,3
Dans les pays en développement, en moyenne, les femmes ont beaucoup plus de grossesses
que dans les pays développés; le risque de mourir du fait d’une grossesse au cours de leur vie
est pour elles bien supérieur.
Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.
Mortalité maternelle
19 septembre 2019
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Español
La mortalité maternelle est très élevée, ce qui est inacceptable. Environ 830 femmes meurent
chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. En
2015, 303 000 femmes sont décédées pendant ou après la grossesse ou l’accouchement. La majeure
partie de ces décès se sont produits dans des pays à revenu faible et la plupart auraient pu être
évités. 1
En Afrique subsaharienne, un certain nombre de pays ont réduit de moitié le taux de mortalité
maternelle depuis 1990. Dans d’autres régions, dont l’Asie et l’Afrique du Nord, des progrès
encore plus considérables ont été réalisés.
Entre 1990 et 2015, le taux mondial de mortalité maternelle (soit le nombre de décès
maternels pour 100 000 naissances vivantes) n’a diminué que de 2,3% par an. Néanmoins, la
baisse de la mortalité maternelle s’est accélérée à partir de 2000. Dans certains pays, le repli
annuel de la mortalité maternelle entre 2000 et 2010 s’est situé au-dessus de 5,5%, qui est le
taux nécessaire pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.
Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.
Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement. 2,3
Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.
Les autres causes de complications sont associées à des maladies comme le paludisme, et le
VIH durant la grossesse.
La santé maternelle et la santé du nouveau-né sont étroitement liées. On estime qu'environ 2,7
millions de nouveau-nés sont décédés en 20155 et 2,6 millions d’autres enfants sont mort-nés6.
Il est fondamental que toutes les naissances aient lieu en présence de professionnels de la
santé compétents, car une prise en charge et un traitement rapides peuvent sauver la vie de la
mère et de l’enfant.
Une hémorragie sévère après la naissance de l’enfant peut tuer une femme en bonne santé en
2 heures seulement si elle ne bénéficie d’aucune assistance. L’injection d’ocytocine
immédiatement après l’accouchement réduit de manière efficace le risque d’hémorragie.
Le risque d’infection après l’accouchement peut être supprimé par la pratique d'une bonne
hygiène et si les premiers signes d’infection sont reconnus et traités dans les meilleurs délais.
Pour éviter les décès maternels, il est également primordial de prévenir les grossesses non
désirées ou trop précoces. Toutes les femmes, y compris les adolescentes, doivent avoir accès
à la contraception, à l’avortement dans de bonnes conditions de sécurité dans le plein respect
du cadre législatif et à des soins de qualité suivant l’avortement.
Dans les pays à haut revenu, la quasi-totalité des femmes bénéficient d’au moins 4
consultations anténatales, de l’assistance d’un agent de santé qualifié lors de l’accouchement
et de soins post-partum. Dans les pays à faible revenu, sur l’ensemble des femmes enceintes,
un peu plus de 40% avaient bénéficié en 2015 des 4 consultations anténatales recommandées.
Les autres facteurs qui empêchent les femmes de recevoir ou de solliciter des soins durant la
grossesse et l’accouchement sont notamment les suivants:
la pauvreté;
la distance;
le manque d’informations;
l’inadéquation des services;
les pratiques culturelles.
Pour améliorer la santé maternelle, il convient d’identifier les obstacles qui limitent l’accès à
des services de santé maternelle de qualité et de prendre des mesures pour y remédier à tous
les niveaux du système de santé.
Action de l’OMS
Améliorer la santé maternelle est l’une des grandes priorités de l’OMS. L’Organisation
oeuvre afin de réduire cette mortalité en développant la recheche, en fournissant des
recommandations cliniques et programmatiques fondées sur des données factuelles, en fixant
des normes mondiales et en apportant un soutien technique aux États Membres.
En outre, l’OMS préconise l’utilisation de traitements plus efficaces et d’un coût plus
abordable, élabore des matériels de formation et des lignes directrices à l’intention des agents
À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies 2015, le Secrétaire général des
Nations Unies, Ban Ki-moon, a lancé à New York la Stratégie mondiale pour la santé de la
femme, de l’enfant et de l’adolescent, 2016-20306. Cette stratégie est une feuille de route pour
l’après-2015 qui relève des objectifs de développement durable. Son but est de mettre fin à
l’ensemble des décès évitables de femmes, d’enfants et d’adolescents et de créer un
environnement dans lequel ces groupes ne se contenteraient pas de survivre, mais pourraient
s’épanouir et voir leur environnement, leur santé et leur bien-être transformés.
de lutter contre les inégalités dans l’accès aux services de soins de santé génésique,
maternelle et néonatale, ainsi que dans la qualité de ces services;
d’assurer la couverture sanitaire universelle pour des soins complets de santé génésique,
maternelle et néonatale;
de lutter contre toutes les causes de mortalité maternelle, de morbidité génésique et
maternelle, et d’incapacités connexes;
de renforcer les systèmes de santé pour répondre aux besoins et aux priorités des femmes et
des jeunes filles; et
de veiller à la responsabilisation pour améliorer la qualité des soins et l’équité.
1
Global, regional, and national levels and trends in maternal mortality between 1990 and
2015, with scenario-based projections to 2030: a systematic analysis by the UN Maternal
Mortality Estimation Inter-Agency Group.
Alkema L, Chou D, Hogan D, Zhang S, Moller AB, Gemmill A, et al. Lancet. 2016; 387 (10017):
462-74.
2
Maternal-perinatal morbidity and mortality associated with adolescent pregnancy in Latin
America: Cross-sectional study.
Conde-Agudelo A, Belizan JM, Lammers C. American Journal of Obstetrics and Gynecology,
2004, 192:342–349.
3
Global patterns of mortality in young people: a systematic analysis of population health
data.
Patton GC, Coffey C, Sawyer SM, Viner RM, Haller DM, Bose K, Vos T, Ferguson J, Mathers CD.
Lancet, 2009, 374:881–892.
4
Global Causes of Maternal Death: A WHO Systematic Analysis
Say L, Chou D, Gemmill A, Tunçalp Ö, Moller AB, Daniels JD, et al. Lancet Global Health.
2014;2(6): e323-e333.
5
Levels and Trends in Child Mortality. Report 2015
The Inter-agency Group for Child Mortality Estimation (UN IGME). UNICEF, WHO, The World
Bank, United Nations Population Division. New York, USA, UNICEF, 2015.
6
National, regional, and worldwide estimates of stillbirth rates in 2015, with trends from
2000: a systematic analysis
Blencowe H, Cousens S, Jassir FB, Say L, Chou D, Mathers C et al. Lancet Glob Health. 2016
Feb;4(2):e98-e108. doi: 10.1016/S2214-109X(15)00275-2.
7
Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent (2016-2030)
Chaque femme, chaque enfant, ONU, 2015
L’une des solutions pour y parvenir est de veiller à l’amélioration de la qualité et à l’accès
des femmes aux services obstétricaux pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum.
Pour cela, plusieurs initiatives sont nées au Cameroun pour garantir l’efficacité et l’équité
d’accès aux services de santé maternels et néonatals.
A cet effet, pour notre travail il serait crucial de savoir si les facteurs sociaux culturels,
socioéconomiques, sociodémographiques et institutionnels et environnementaux ont un
impact sur la décision de faire recours aux services de maternité.
Alors, au Cameroun,
Il ressort que la proportion de femmes enceintes qui ont eu au moins quatre visites prénatales
est de 65 %. Cette proportion est plus élevée en milieu urbain (79 %) qu’en milieu rural (52
%). Des niveaux beaucoup plus élevés sont observés à Yaoundé/Douala (88 %). Par ailleurs,
en milieu rural, une femme sur cinq n’avait pas effectué de consultations prénatales durant la
grossesse (20 %), (EDS 2018).
La recommandation de faire la première visite prénatale dans le premier trimestre de la
grossesse n’est pas suffisamment suivie. En effet, seulement 41 % de femmes ont effectué
leur première visite prénatale au cours du premier trimestre de la grossesse. Ce pourcentage
est plus élevé en milieu urbain (54 %) qu’en milieu rural (30 %). Dans 11 % des cas, les
femmes effectuent tardivement leur première visite prénatale et c’est au troisième trimestre de
la grossesse que cette visite a lieu (EDS 2018).
Plusieurs facteurs sont à l’origine du recours tardif des femmes aux services de maternité
dans la partie septentrionale du pays. En majeure partie dans les villes du Cameroun, la santé
maternelle est fragilisée mais un accent particulier est tourné vers la partie septentrionale du
au faible recours aux services de santé maternelle.
Dans cette perspective, nous nous sommes posé la question de recherche suivante : « Quels
sont les facteurs explicatifs du recours tardif des femmes enceintes dans la formation sanitaire
de Founangue (district de santé de Maroua II) ? ».
L’objectif du modèle OMS 2016 de soins prénatals est d’assurer aux femmes enceintes des
soins respectueux, individualisés, centrés sur la personne à chaque contact, en mettant en
œuvre des pratiques cliniques intégrées efficaces (interventions et tests), avec des praticiens
possédant de bonnes compétences cliniques et relationnelles pour leur fournir des
informations pertinentes et en temps utile ainsi qu’un soutien psychologique et affectif, dans
un système de santé qui fonctionne bien. Au vu des données montrant une augmentation de la
mortalité périnatale lorsque la femme ne bénéficie que de quatre visites prénatales et qu’une
augmentation du nombre de contacts prénatals, indépendamment du pays, est associée à une
amélioration de la satisfaction maternelle, l’OMS recommande un minimum de huit contacts :
cinq au troisième trimestre, un au premier trimestre et deux au deuxième trimestre. L’OMS
part du principe que chaque pays adaptera le nouveau modèle à son contexte en fonction de
l’ensemble de services de soins prénatals essentiels défini et en s'appuyant sur un consensus
sur les questions suivantes : quels sont les soins devant être fournis à chaque contact ? Qui
dispense les soins prénatals (quelle catégorie de personnel) ? Où ces soins seront-ils fournis (à
quel niveau du système de santé) ?, et Comment ces soins seront-ils fournis (plateformes) et
coordonnés au cours des huit contacts prénatals ? Améliorer la santé maternelle est l’une des
grandes priorités de l’OMS. L’Organisation œuvre afin de réduire cette mortalité en
Les femmes décèdent par suite de complications survenues pendant ou après la grossesse ou
l’accouchement. La plupart de ces complications apparaissent au cours de la grossesse et
pourraient être évitées ou traitées. D’autres, qui existaient auparavant, s’aggravent à ce
moment-là surtout si elles ne sont pas prises en compte dans le cadre des soins. Les
principales complications, qui représentent 75% de l’ensemble des décès maternels, sont les
suivantes:
Les autres causes de complications sont associées à des maladies comme le paludisme, et le
VIH durant la grossesse.
Le niveau élevé de décès maternels dans certaines régions du monde reflète les inégalités dans
l’accès aux services de santé et met en lumière l’écart entre les riches et les pauvres. La quasi-
totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus
de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud. Plus de la moitié des
décès maternels se produisent dans des régions instables et plongées dans des crises
humanitaires.
Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.
Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement.
Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.
On estime à 287 000 le nombre de femmes qui sont mortes de complications de la grossesse
en 2010 à travers le monde, 99 % d’entre elles dans les pays en voie de développement. Ces
décès sont évitables dans leur immense majorité. En 2012, la Commission de la Condition de
la Femme de l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution appelant à
l’élimination des décès maternels évitables. Pour cela, il est essentiel de disposer d’un
système qui permet d’identifier et de mesurer tous les décès maternels en temps réel, nous
aide à appréhender tous les facteurs sous-jacents qui contribuent à ces décès, et suscite et
guide des actions destinées à prévenir de futurs décès. La majeure partie des décès maternels
sont évitables car on connaît bien les solutions médicales permettant de prévenir ou prendre
en charge les complications. Toutes les femmes doivent avoir accès aux soins prénatals
pendant la grossesse, bénéficier de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement
et recevoir des soins et un soutien au cours des semaines qui suivent cet accouchement.
La santé maternelle et la santé du nouveau-né sont étroitement liées. On estime qu'environ 2,7
millions de nouveau-nés sont décédés en 2015 et 2,6 millions d’autres enfants sont mort-nés.
Il est fondamental que toutes les naissances aient lieu en présence de professionnels de la
santé compétents, car une prise en charge et un traitement rapide peuvent sauver la vie de la
mère et de l’enfant.
Une hémorragie sévère après la naissance de l’enfant peut tuer une femme en bonne santé en
2 heures seulement si elle ne bénéficie d’aucune assistance. L’injection d’ocytocine
immédiatement après l’accouchement réduit de manière efficace le risque d’hémorragie.
Le risque d’infection après l’accouchement peut être supprimés par la pratique d'une bonne
hygiène et si les premiers signes d’infection sont reconnus et traités dans les meilleurs délais.
Pour éviter les décès maternels, il est également primordial de prévenir les grossesses non
désirées ou trop précoces. Toutes les femmes, y compris les adolescentes, doivent avoir accès
à la contraception, à l’avortement dans de bonnes conditions de sécurité dans le plein respect
du cadre législatif et à des soins de qualité suivant l’avortement.
Une norme sociale est définie comme étant une règle implicite ou explicite qui prescrit le
comportement adéquat à adopter en société dans des situations bien déterminées. Ces normes
sont donc une source d'influence importante de par le fait qu'elles prescrivent aux gens la
façon dont ils devraient se comporter afin de ne pas être catégorisés comme « hors norme ».
La crainte d'être catégorisé comme tel engendre une forme d'influence puissante que l'on
retrouve par exemple dans le conformisme.
Les normes sociales sont influencées par la culture et peuvent donc varier drastiquement d’un
pays à l’autre ainsi que toucher des sujets très divers comme la nudité ou la manière de se
saluer. Par exemple en France la nudité est fortement associée à la notion de pudeur, par
contre, être dénudé est tout à fait normal pour un membre d'une tribu de Papouasie, qui lui,
risquerait d’être mal vu s’il venait à porter des vêtements.
Les normes régulent également beaucoup de domaines différents de la vie quotidienne comme
les repas, les loisirs, l’espace personnel, le temps, les interactions, etc. Elles varient non
seulement culturellement mais peuvent également être différentes selon le statut social ou
encore le genre.
Ces comportements sont suffisamment ancrés dans les mentalités qu’ils en sont devenus
presque inconscients. Dans des grandes situations moins habituelles, l'automatisme disparaît
et l'attention se reporte sur les comportements des autres afin de les calquer et d’agir selon la
norme attendue
C’est à la suite des expériences de Muzafer Sherif et Solomon Asch notamment, qu’en
1955, Morton Deutsch et Harold Benjamin Gerard entament leurs travaux. Sachant que les
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 105
processus psychologiques individuels sont sujets à l’influence sociale, selon eux, dans ces
expériences, les sujets n’agissaient pas en tant que membres d’un groupe. Le but de leur
travail était donc de mettre en avant qu’il existe deux types d’influences sociales et que celles-
ci sont opérationnelles dans ces expériences.
D'autre part ils ont identifié l'influence normative, définie comme « l’influence de se
conformer aux attentes positives de quelqu’un d’autre (individu ou groupe) ». En effet,
l'individu qui souhaite rester membre d'un groupe doit adhérer aux normes de celui-ci, la
majorité étant plus favorable à un comportement de conformité qu’à un comportement de
déviance. De plus, le groupe peut décider de punir un membre qui n’adhère pas aux normes.
Celui-ci ressentirait alors la pression à se plier à ces normes en vue d’éviter la punition.
Plusieurs études ont en effet mis en avant que ceux qui s’écartaient des normes se voyaient
rejetés du groupe. Ceci reflète l’importance qu’accorde l’individu à son image sociale 2.
Pour vérifier les hypothèses qu'ils avaient posées, ils ont repris la situation expérimentale
qu’Asch avait développée en y apportant quelques modifications. Les principaux résultats de
leur expérience ont mis en avant que lorsqu’une situation de groupe était créée, même si celle-
ci était triviale et artificielle, l’influence sociale normative augmente, produisant plus
d’erreurs dans le jugement des individus. Ils ont également noté un effet moindre de ce type
d’influence lorsque les individus donnaient leurs réponses de manière anonyme. En effet,
contrairement à une situation de groupe, l'anonymat les protège de la pression immédiate de
se conformer (en observant par exemple certaines expressions de stupéfaction visibles chez
les autres membres du groupe). Un autre résultat met en avant que plus le sujet est incertain
par rapport à la justesse de son jugement, plus il sera sensible à l’influence sociale dans la
construction de celui-ci.
Pour illustrer ces deux types d’influence, Luc Lamarche partage une de ses expériences
personnelles: lorsqu’il assistait à un congrès scientifique à Paris, il fut surpris qu’à la fin de sa
conférence, les personnes présentes aient commencé à taper sur les tables. Lorsqu’il s’aperçut
qu’il en fut de même pour celui qui le suivait, il comprit que ce comportement indiquait une
appréciation (influence informationnelle). De plus, ne voulant pas être le seul à applaudir à la
fin de la conférence suivante, il tapa sur la table. Il se conforma dès lors au comportement des
autres (influence normative).
C’est en 1951 que Solomon Asch entreprend ses recherches sur le conformisme13.
Son expérience la plus connue met en jeu un groupe allant jusqu’à une dizaine de personnes,
où le sujet d’expérience est seul et le reste du groupe est complice de l’équipe de recherche.
La tâche proposée au groupe est de comparer un segment témoin à trois autres, parmi lesquels
un seul a la même longueur que le segment témoin, l’expérience effectuée sur des individus
témoins avait permis de déterminer que la tâche était non ambigüe puisque les réponses
étaient systématiquement bonnes.
Dans chaque groupe, chaque personne doit alors dire à haute voix quels segments il pense être
identique, le sujet du test étant placé en avant-dernier. Chaque test contient une série de 18
questions sur la longueur des segments, les complices de l'expérimentateur répondant
faussement à 12 reprises. 123 sujets ont été testés, qui répondent faux comme le reste du
groupe dans 36,8 % des cas.
L'origine du phénomène de conformisme pourrait se trouver dans le fait que l'unanimité d'un
groupe d'individus plaide en faveur de l'exactitude de l'opinion exprimée. De plus, les
individus craignent généralement la désapprobation sociale : ils ont peur des conséquences de
leur désobéissance, notamment de se faire rejeter.
L’innovation :
L’innovation est définie comme l’influence qu’a un individu ou une minorité de personnes sur
une majorité. Contrairement au conformisme, c’est la minorité qui réussit à imposer son point
de vue. Ceci engendre des comportements nouveaux ou modifie ceux qui étaient déjà en
place. Afin de se faire entendre, la minorité doit passer outre la « déviance » qui lui est prêtée
pour son refus de se conformer aux normes et de suivre la majorité. Plusieurs éléments sont
favorables à l’émergence d’une innovation :
la constance : elle se veut aussi bien « interne » (ou intra-individuelle : la personne semble
convaincue de ce qu'elle affirme) que « sociale » (ou inter-individuelle : le groupe
minoritaire adopte une position ferme et valide). Une minorité unie, cohérente et
constante est beaucoup plus efficace face à la majorité ;
la confiance : avoir confiance en soi ou, en tout cas, en donner l’impression est beaucoup
plus convaincant. Une minorité confiante est plus efficace face à la majorité ;
les personnes qui quittent la position de la majorité pour se rallier à celle de la minorité
sont encore plus influentes que celles qui ont initié le mouvement d’innovation. De plus,
une fois qu’un individu rejoint l’avis de la minorité, les autres suivent relativement vite.
On peut parler d’une sorte d’effet « boule de neige » ;
ce qui aide à l’innovation est que l’avis minoritaire devient le centre de la discussion, ce
qui permet d’exposer plus d’arguments. La minorité peut alors avoir plus d’une occasion
d’exposer son point de vue, ce qui augmente ses chances de convaincre.
Une des expériences les plus connues sur le phénomène d’innovation est celle de Serge
Moscovici, Elisabeth Lage et Martine Naffrechoux en 1969. L'expérience consiste à juger la
couleur et l'intensité lumineuse de six diapositives bleues. Les groupes expérimentaux sont
composés de quatre sujets naïfs et deux complices des expérimentateurs. Chacun donne sa
réponse à tour de rôle et à haute voix. Les complices répondent soit en position 1 et 2 soit en
position 1 et 4 et donnent systématiquement une mauvaise réponse : vert au lieu de bleu. Les
participants se rallient à la mauvaise réponse donnée par les complices dans 8,25 % des cas
contre 0,25 % dans les groupes témoins. Les groupes témoins sont composés de six sujets
« naïfs » qui donnent leurs réponses par écrit.
L’effet de constance a pu être démontré ainsi. En effet les minorités ayant continuellement
répété leur choix « vert » au lieu de « bleu » ont plus souvent rallié la majorité à leur opinion.
Par contre, celles qui ont assuré que les diapositives bleues étaient vertes seulement pour deux
tiers de celles-ci n’ont pas convaincu.
L'obéissance est définie en psychologie comme la réalisation d'une conduite prescrite par une
source d'autorité (réalisation d'une obligation). Le terme « source d'influence » est parfois
utilisé. L'obéissance laisse sous-entendre une différenciation de positions ou rôles sociaux
entre les individus (un patron et son employé, une mère et son enfant) et fait donc apparaître
la notion d'« agent » d'un système (travail, familial, etc.).
La conclusion principale de ces recherches est la suivante, le sujet soumis à une pression
explicite de la part d’une source d’influence se place dans un « état agentique » : lorsqu’un
individu reçoit des instructions ou des ordres d’un autre individu détenant une certaine
autorité ou prestige, il devient l’instrument d’une volonté dont les tenants et aboutissants le
dépassent.
Les auteurs distinguent l'obéissance du conformisme en signalant que l'obéissance et, par
extension, la soumission à l'autorité exige une pression de la part d'un tiers mais aussi une
différence de statut entre les deux individus en situation.
La facilitation sociale se définit comme « l'effet positif de la présence des autres sur la
performance ». Cependant, il faut noter que la présence des autres peut également avoir un
effet inhibiteur et donc diminuer la performance de l'individu.
Robert Zajonc a entrepris plusieurs recherches à ce sujet. Il a mis en avant que lorsque les
tâches étaient faciles (c’est-à-dire quand la réponse la plus probable était celle qui était
correcte), il y avait un effet de facilitation sociale et donc un meilleur rendement. Par contre,
lorsque les tâches étaient complexes (c'est-à-dire quand la réponse correcte n’était pas celle
qui prédominait), la présence d’autrui favorisait l’inexactitude dans les réponses.
La manipulation et l'engagement
La manipulation est une forme d’influence implicite dans laquelle la personne qui en est
victime a l'impression de rester libre de ses choix. Elle se base principalement sur le
principe d’engagement. La personne s’engage dans un comportement qu’il sera difficile
de quitter. Parfois, c’est une personne extérieure qui initie les premiers comportements et
force implicitement l'individu à s’engager dans une dynamique dont il pourra
difficilement sortir.
Différents facteurs peuvent influencer l'engagement comme le fait que l'acte soit public,
répétitif, coûteux ou encore irrévocable. Il est également important de préciser qu’il doit s’agir
d'actes n’allant pas à l’encontre des attitudes habituelles de l'individu27.
La polarisation de groupe
La prise de décision communautaire peut elle aussi être influencée socialement ; il est rare que
tous les membres d'un groupe aient le même point de vue. Pour aboutir à une décision ou
consensus, les membres du groupe s’engagent alors dans des interactions qui font apparaître
le phénomène de polarisation de groupe : les décisions que les individus prennent seuls par
rapport à une situation sont moins extrêmes et risquées que celles qu'ils prennent après en
avoir discuté en groupe.
b)
Le district de santé de MAROUA II est l’un des 03 districts que compte le département du
DIAMARE, situé dans l’Arrondissement de MAROUA 2e, c’est un district urbain avec une
population estimée en 2020 à 195 570 habitants répartie dans 07 aires de santé.
Le service de santé du district de MAROUA II est logé dans la même enseigne que la
Délégation Régionale de la Santé Publique de l’Extrême-Nord, c'est-à-dire en plein centre
administratif de l’arrondissement de Maroua 1er, à proximité de la direction générale de
la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS).
CARTOGRAPHIE DU DS
c) Données démographiques
Le District de Santé de MAROUA II comporte actuellement sept aires de santé, avec une
population inégalement répartie et très cosmopolite.
Hôpital Privé
CSI Privé
Islamique de Bamaré
confessionnelle
LOPERE
Privé laïc
Clinique Romah CS
(lucratif)
Privé laïc
Clinique Kaliao CS
(lucratif)
Centre de Santé
PAPATA CSI Publique
Intégré de Papata
hôpital Régional de
HR Publique
Maroua
ZOKOK
Centre Médical de la
CS Publique
Sureté Nationale
Nous avons retenu cette approche parce qu’elle permet un approfondissement de thèmes
complexes parfois sensibles ou intimes (Fassin, 2000). Les données qualitatives sont riches et
ont un caractère englobant (Miles et al., 2003). Elles produisent des descriptions denses et
pénétrantes, nichées dans un contexte réel et unique à chaque personne. L’approche
qualitative permet à cette étude de « dévoiler l’invisible » (Fassin, 2000 : 128) en
approfondissant avec la population de l’étude, les raisons qui sous-tendent le choix d’un
modèle de santé ; les modèles/pratiques traditionnelles ; les attentes vis-à-vis des soins
prénatals de leurs perceptions du recours précoce aux soins. Il n’est autre qu’une technique
d’analyse situationnelle (Mucchielli, 1991). L’une des caractéristiques fondamentales de cette
theories
La TCP a été proposée afin de tenir compte des comportements qui n’étaient pas
entièrement sous le contrôle de la volonté individuelle, c’est à dire lorsqu’il existait des
contraintes à l’adoption du comportement. Ainsi, si le comportement n’est pas sous ce
contrôle total de la volonté, l’individu a besoin de toutes les ressources requises pour
accomplir l’action. La perception de la disponibilité de ces ressources affecte l’intention
d’accomplir le comportement, ainsi que la probabilité du succès de la réalisation de ce
comportement. A l’attitude et aux normes subjectives vient s’ajouter une troisième variable
qui est le contrôle perçu du comportement. Le contrôle perçu du comportement se réfère à la
perception qu’a un individu de la facilité ou la difficulté à accomplir un comportement donné.
La Théorie du Comportement Planifiée (TCP) découle des insuffisances de la théorie de
l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975). Celle-ci négligeait le fait que les comportements
des individus ne sont parfois que partiellement volontaires, ou bien, qu’ils sont dépendants du
contrôle que nous pouvons avoir sur nos actes. C’est pour remédier à ces insuffisances
qu’Ajzen et Madden (1986) proposent la théorie du comportement planifié.
- Croyances comportementales qui sont une évaluation par le sujet des conséquences
probables du comportement ;
- Croyances normatives qui renvoient à la façon dont le sujet se représente au niveau
des normes sociales et les attentes de ses pairs, mais aussi en intégrant la motivation
du sujet à se conformer à ses attentes (ou à ne pas s’y soumettre) ;
- Croyances de contrôle qui renvoient à la présence et l’influence des facteurs pouvant
faciliter, ou au contraire entraver l’exécution du comportement. Ces croyances
peuvent parfois se révéler être des illusions de contrôle.
Une méta-analyse d’Armitage et Conner (2001) a révélé que ce modèle théorique permet de
prédire les intentions et le comportement dans une variété de situations, tels que l’arrêt
tabagique et l’exercice physique. Selon ce modèle théorique, le principal facteur qui permet
de prédire le comportement d’un individu est son intention à l’égard du comportement.
L’intention comprend l’élément motivationnel nécessaire pour générer le comportement et
indique à quel point un individu est prêt à fournir des efforts afin de le produire.
Ensuite, la norme subjective représente la pression sociale perçue par l’individu, que ce
soit de la société en général ou encore de son entourage ; la manière de se comporter d’une
certaine façon (Ajzen, 1991). Cette norme est basée sur les croyances normatives de
l’individu, c’est-à-dire le comportement qu’il croit être le plus acceptable compte tenu de son
environnement social. La force des croyances normatives, couplée à la motivation ou la
volonté de l’individu de s’y conformer, déterminera l’importance de la norme subjective
globale dans la prédiction de son intention à l’égard du comportement. Dans ce contexte, si
les proches des commerçants approuvent l’amélioration de leur comportement ou habitudes
de vie et que cette reconnaissance est primordiale dans leurs décisions, il conduira à une
norme subjective favorable à l’adoption du comportement. Si leurs proches désapprouvent
l’amélioration de leurs habitudes de vie ou encore que l’opinion de ces derniers soit peu
importante, cela entraînera une norme subjective défavorable à l’adoption du comportement.
Finalement, la perception de contrôle fait référence à l’évaluation que fait une personne
de la difficulté ou de la facilité avec laquelle, elle sera en mesure d’adopter un comportement
(Ajzen, 1991). Plus précisément, la perception de contrôle reflète les croyances par rapport à
la présence de facteurs, internes ou externes à l’individu, qui facilitent ou entravent l’adoption
d’un comportement. Les facteurs internes comprennent les capacités et la force de volonté
perçues, alors que les facteurs externes incluent les demandes spécifiques à la tâche et les
actions d’autres personnes (Ajzen, 2002). Par exemple, si les femmes enceinte de Maroua
avaient le contrôle sur leur propre santé, cela éviterait le recours tardif aux services de
maternité qui sera un comportement sain, par contre elles n’ont aucun pouvoir de décision sur
leur santé ce qui pourrait donc entraver à l’adoption des comportements sain
Transposée dans cette étude, la TCP permettra de comprendre que la manière dont
femmes enceintes de Maroua perçoivent les services de maternité, et l’adoption de certains
Auteurs : Gabriel Mugny, serges Moscovici (1925-2014), Solomon Asch (1907-1996), John
Turner (1947-2011)
groupes façonnent, maintiennent, diffusent et modifient leurs modes de pensée et d’action lors
d’interactions sociales directes ou symboliques. Aborder ces processus est une question
fondamentale non pas seulement pour les chercheurs, qu’ils soient psychologues, sociologues
ou anthropologues, mais aussi pour les groupes, les organisations et les sociétés, qui sont
confrontés à la double mission de maintenir la cohésion sociale et de s’adapter à la perpétuelle
tendance au changement social.
L’influence sociale ou la pression sociale est l'influence exercée par un individu, ou par
un groupe sur chacun de ses membres, dont le résultat est d'imposer des normes dominantes
en matière d'attitude et de comportement. Émile Durkheim fut le premier sociologue à
souligner la « force » du social sur l'individu
L'influence sociale couvre un champ très vaste. Les phénomènes étudiés peuvent être
observés au quotidien.
Ils ont d'une part identifié l'influence informationnelle, définie comme « l’influence
d’accepter l’information obtenue de quelqu’un d’autre comme preuve de la réalité ». En effet,
l’individu, soucieux de fournir une réponse correcte, cherche à rassembler les informations
pertinentes qui lui permettront de résoudre la tâche à laquelle il est confronté 7 ; pour y
parvenir, l'individu se base notamment sur l'avis d'autrui.
À l'inverse, la réflexion de groupe amène aussi à un examen approfondi des faits en général
lorsque la décision à prendre affecte le groupe directement. Les sujets s’impliquent plus et
traitent l’information de façon plus spécifique en s’appuyant sur ce que les gens pensent et
pourquoi ils le pensent, en plus de leur propre opinion.
Notre objectif étant de savoir comment les femmes se représentent le recours précoce aux
soins maternels, l’influence sociale qui définit les réalités sociales comme des agirs que la
société exerce sur le groupe en imposant un caractère. La compréhension des construits
sociaux n’a de sens que si elles sont replacées dans leurs contextes de production. D’où
l’importance de l’ethnométhodologie.
Toutes les étapes qui accompagnent la naissance doivent être scrupuleusement suivies par un
personnel de santé qualifié. Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons au recours
Le recours aux soins de santé est un sujet complexe à appréhender ; Chaque année, plus d’un
demi-million de femmes décèdent dans le monde des causes liées à la grossesse, à
l’accouchement et plus de deux tiers de ces décès surviennent au cours du premier mois qui
suit l’accouchement (UNICEF & USAID, 2009 ; Sines et al., 2007 ; Nour, 2008). La santé de
la mère et de l’enfant dans le monde en général et au Cameroun en particulier demeure des
préoccupations majeures du système national de santé en dépit des engagements pris à propos
et des actions menées.
Face à cette situation préoccupante, le Cameroun à l’instar de nombreux pays a participé aux
différentes rencontres à savoir la conférence d’Alma Ata en 1978 en passant par celle de
Nairobi en 1987 où l’initiative pour une maternité sans risque lancée par le groupe inter-
agence de maternité sans risque visait la réduction de 50% du ratio de mortalité maternelle à
l’an 2000 et le sommet du millénaire en 2000. Il a également mis sur pied de nombreux
programmes orientés vers le développement des services obstétricaux
Cependant, malgré l’engagement politique et les efforts des différents acteurs, les indicateurs
de mortalité maternelle demeurent préoccupants. En effet, toutes les deux heures au
Cameroun, selon les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS MICS 2018), indiquent
qu'un nombre relativement important de femmes âgées de 15 à 49 ans meurent chaque année
des suites de complications liées à la grossesse et à l'accouchement. Malgré tous ces
programmes mis sur pied pour favoriser le recours précoce des femmes enceintes aux services
de maternité et contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, elle a
considérablement chuté mais des efforts plus frappants sont à mettre sur pied dans le
septentrion.
Le ratio de mortalité maternelle est l’indicateur sanitaire qui fait apparaitre les plus grands
écarts entre riches et pauvres, aussi bien au sein des pays que d’un pays à l’autre. L’Afrique
subsaharienne est la région du monde où les risques liés à la grossesse et à l’accouchement
sont les plus élevés. Le ratio de mortalité maternelle est estimé à 900 décès maternels pour
100000 naissances vivantes en Afrique subsaharienne contre 27 en Europe. Des progrès ont
été enregistrés par de nombreux pays ; néanmoins, le taux de réduction est encore en deçà des
5,5 % de réduction annuelle nécessaire pour l’atteinte de l’ODD 5 (statistiques sanitaires
mondiales, 2010).
Au Cameroun, 87 % des femmes de 15-49 ans qui ont eu une naissance vivante ont reçu des
soins prénatals auprès de personnel formé à savoir les médecins, les infirmiers, les sages-
femmes ou les aides-soignants. Six femmes sur dix (60 %) ont reçu des soins prénatals
administrés par des infirmiers, des sages-femmes ou des aides-soignants et 27 % par des
médecins (2018). La majorité des décès maternels résultent d’hémorragies ou d’infections
accompagnant les accouchements ou les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions.
Dans certains cas, le décès est imputable à des pathologies préexistantes, aggravées par la
grossesse ou augmentant les risques de complications, comme le paludisme, le VIH/SIDA, les
hépatites et l’anémie. Les soins qualifiés pendant la CPN sont d’une importance capitale dans
la prévention de la mortalité maternelle.
Au Cameroun, plusieurs stratégies sont mises en œuvre par le Gouvernement avec l’appui des
partenaires au développement pour améliorer la santé maternelle et néonatale. Il s’agit
notamment du Plan Stratégique National de Santé de la Reproduction Maternelle, Néonatale
et Infantile (PSN/SRMNI) 2014-2020 ; du plan stratégique de lutte contre la mortalité
maternelle, néonatale et infanto-juvénile 2014-2020 ; du Plan opérationnel de planification
familiale 2015-2020 ; du Plan stratégique de sécurisation des produits contraceptifs 2014-
2020 ; du Plan stratégique intégré de communication en SRMNI 2016-2021 ; des Normes et
standards en santé de la reproduction y compris celle des adolescents et jeunes ; des
Directives techniques de Santé maternelle et néonatale surveillance des décès maternels,
périnataux et riposte ; de la Stratégie Sectorielle de la Santé 2016-2027 et du Plan National de
Développement Sanitaire 2016-2020.
La partie septentrionale est la zone la plus touchée. D’après une enquête de l’Institut national
de la statistique publiée en 2015, seulement 25,2 % de femmes de l’Extrême-Nord ont
accouché dans un espace médicalisé, et 34 % dans le Nord, contre 61,3 % au niveau national.
Ce faisant, la notion de « recours tardif » même si elle pouvait être retrouvée dans un certain
nombre de situations, affectant certaines populations, et démontrée de manière comparative,
ne peut être pour être présentée comme l’une des causes des problématiques de santé, puisque
cela méprise la distinction scientifique de causalité et de constat, de l’observation et de
l’analyse, des faits et des déterminants ; l’effet étant notamment d’évacuer la question relative
à une potentielle responsabilité du « système de santé » (Jean Marc et al.,2016)
Généralement, l’accès aux soins est défini comme étant l’utilisation en temps utile des
services de santé par les individus de façon à atteindre le meilleur résultat possible en termes
de santé. Il existe « l’accès primaire » qui renvoie à l’entrée dans le système de soins et
« l’accès secondaire » qui correspond à la manière structurellement déterminée dont se
déroulent les soins après un premier contact, depuis l’identification du besoin de soins jusqu’à
la délivrance des soins nécessaires. Conséquemment, l’accès secondaire permet « de
percevoir la qualité des soins offerts de même que leur pertinence » (Lombrail, 2007 : 23).
L’accès est différent de l’utilisation dans le sens qu’il existe un « accès potentiel » qui peut
Le suivi prénatal a pour objectif d’aider la femme à mener sa grossesse à terme et à accoucher
dans les meilleures conditions de sécurité pour elle et son enfant. Les soins prénatals
constituent tous les soins dispensés durant la grossesse ; ils sont nécessaires pour établir un
lien de confiance entre la femme et le pourvoyeur de soins, pour identifier et prendre en
charge tout risque de complications. C'est très souvent pendant les consultations prénatales,
que les femmes reçoivent une éducation sanitaire qui, entre autres, met en évidence
l'importance d’une assistance médicale à l’accouchement (Beninguisse, 2009).
Les décès maternels sont dus à des causes médicales directes (hémorragie, avortement à risque,
l’hypertension induite par la grossesse, travail dystocique) et à des causes médicales indirectes
(anémie, paludisme, VIH/Sida, etc.). Ces dernières peuvent être décelées et prises en charge pendant
les consultations prénatales si les femmes venaient précocement à l’hôpital, alors que les causes
médicales directes sont généralement imprévisibles et nécessitent d’être prises en charge par des
soins obstétricaux d’urgence.
Selon Grawitz (2001), cité par Nkoum (2019 : 131), l’Entretien est « comme un procédé de
recherche qui mobilise le processus de communication verbale dans le but d’obtenir des
informations en lien avec l’objet de la recherche ». Le guide d’entretien sémi structuré a
permis, d'une part de documenter le vécu des femmes enceintes et d’autres part de recueillir
auprès du personnel de la maternité les différentes techniques qu’elles utilisent pour que les
femmes enceintes recourent précocement à l’hôpital ; chaque entretien a duré environ 10 à 15
minutes
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grossesse ou d’accouchement
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homme ?
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belles mères » mieux rester à la mais le plus ce qui est gras, rien sauf Allah
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l’hôpital ignore »
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aucun problème moi surtout sont interdis » que les pratiques
6
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l’argent » mon bébé et moi
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attaques de
sorcellerie afin
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moyens de bien on refuse dès que mon trop mais on dit ça protège contre
8
transport. On mais moi je n’ai mari me donne de ne pas la sorcellerie »
dépense trop à pas de choix si je l’argent manger certains
L’hôpital même trouve un repas »
Fe « l’argent, les « rire, c’est pas « mon mari « je ne sais « les pratiques
17 matrones et la normal mais je parfois, mais pas » faites par la
famille » n’ai pas le choix » moi le plus culture nous
souvent je reste protège de la
chez moi sorcellerie »
jusqu’à
l’accouchement,
j’ai fais 5
accouchements
chez moi avec
les matrones,
aujourd’hui je
suis venue parce
que jetais
malade »
Fe 1 « que les « rire, docta c’est « je ne « même à 1km « que vous venez
docta nous quelle question connais pas comme cz on nous consulter à
reçoive vite comme ça, tu la distance, peut même la maison devant
car nous avons sais bien que tout ce que je marcher à pied, nos maris même
à faire nous, c’est l’argent qui sais c’est que quand l’hôpital en les expliquant
Fe 2 « que les « chez nous c’est « 3km, c’est « même à 5 « que le chèque
docta nous le mari qui loin et ça minutes de santé baisse son
reçoive vite donne fatigue » marches » prix et que les
pour qu’on l’autorisation et docta disent à
rentre » l’argent pour la nos maris de
CPN, et le mari nous laisser aussi
parfois veut décider quand on
d’abord voir le doit aller à
ventre sortir l’hôpital »
avant de prendre
la décision »
Fe 4 « qu’ils ne « quand tu viens « je paye 300 « moi je veux que « moi j’accouche
nous grondent tôt tu dépenses frs sur la l’hôpital soit à toujours à la
et nous font beaucoup et le moto, c’est 100f de ma maison avec la
rentrer tôt » mari se fâche » loin » maison pour que matrone de la
je marche même famille, et je n’ai
si je n’ai pas jamais eu de
l’argent » problème, même
ma mère et mes
sœurs
accouchent à la
maison.
Aujourd’hui je
suis là parce que
je suis malade et
la matrone a dit
que je viens
d’abord ici me
soigner »
Fe 9 « que le « pour moi c’est « c’est loin je « docta si ça « que tout soit
personnel l’argent mon ne sais pas pouvait même gratuit »
nous reçoive mari n’a pas moi docta » être dans mon
vite pour d’argent, moi je quartier »
qu’on rentre ne travaille pas
aussi vite chez et je ne peux pas
nous » décider »
Fe 11 « RAS « rire, si mon « tout ce que « j’aimerai que « que les docta
» mari n’a rien dit je connais l’hôpital soit disent à nos
et n’a pas c’est que devant ma maris de nous
donner l’argent c’est bien maison dans ce donner l’argent
je vais venir loin » cas je serai pour nous
comment fréquente laba » prendre en
docta ? » charge comme
ça on pourrait
venir à l’hôpital »
Fe 15 « que les « les moyens « ce n’est pas « même à pied « que nos maris
infirmières financiers et la trop loin je car quand il pleut nous donnent
mettent un distance » paye 150 frs la voie est l’argent, que
accent dans à moto » inaccessible » l’hôpital ne soit
notre suivi en pas loin, que le
nous faisant chèque santé
même des baisse son prix »
conseils sur
l’évolution de
notre
grossesse pour
qu’on sache ce
qui est bien ou
pas »
Fe 17 « que les « c’est l’argent « je ne suis « même devant « que tout soit
docta soignent qu’il nya pas et pas mais ma porte » gratuit et que
sans parfois la c’est loin je l’hôpital ne soit
demander paresse surtout marche plus loin ça
l’argent nous que moi je ne beaucoup décourage »
on n’a pas viens pas quand je n’ai
même souvent ici, pas l’argent
d’abord » j’accouche tous et je paye
mes enfants à la 200 frs avec
maison avec les la moto »
matrones et les
enfants sont bien
donc aujourd’hui
je suis la parce
que mon ventre
V- Facteurs économiques
Fe « si Mr ne « pas « c’est «
1
donne pas vraiment » nécessaire
6
l’argent je sinon on ne
vais acheter bénéficie pas
ça avec des soins »
quoi ? »
I- identification du répondant
V- Facteurs économiques
Approximativement, 30 % de ces décès des moins de cinq ans frappent les nouveau-nés, et
environ 60 % surviennent durant la première année de vie (UNFPA, 2013). Ces taux de
mortalité maternelle et infantile sont caractérisés par des disparités géographiques. Par
exemple, des variations à la hausse d’une région à une autre ont été observées sur le ratio de
mortalité. L’Afrique centrale enregistre le ratio le plus élevé (1 150 décès maternels pour 100
000 naissances vivantes), suivie de l’Afrique de l’Ouest (1 050 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes). Les femmes de l’Afrique australe présentent le plus faible ratio de
mortalité maternelle de toute l’Afrique subsaharienne, 410 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes ; toutefois, ce taux demeure élevé par rapport aux niveaux enregistrés à
l’échelle mondiale (Who et al., 2015).
Dans le même ordre d’idée, Beninguisse (2003) recommande une approche intégrée offre-
demande qui tient compte à la fois des facteurs relatifs à l’offre et ceux concernant la
demande afin de mieux expliquer le phénomène. Ce modèle retient cinq facteurs susceptibles
d’agir sur le comportement sanitaire de la femme enceinte:
le niveau de vie du ménage auquel appartient la femme en déterminant la capacité à
mobiliser les ressources ;
le degré de modernité ou d’ouverture culturelle qui par l’éducation, les médias, le
travail formel engendre une conscientisation aux normes biomédicales de la prise en
charge à l’accouchement;
le degré d’urbanité ou de contact avec la ville agissant sur le comportement de la
femme par le même mécanisme que le degré de modernité ;
la structure du ménage et le sexe du chef de ménage, la position de la femme dans la
parentèle du chef de ménage permettant d’appréhender les mécanismes de prise de décision
face au problème de santé. Les éléments du capital santé de la femme tels que l’intervalle
inter génésique, interviennent également dans la prise en charge de la grossesse ;
les facteurs contextuels : la disponibilité mais surtout l’accessibilité du service de
santé maternelle est susceptible de rebuter ou de favoriser le recours aux soins.
Dans le meme ordre d’idée, l’étude de Salifou et al.,(2020), montre que la probabilité de
fréquenter tardivement le service de CPN augmente avec l’âge avancé (>34 ans), la grande
multiparité (≥ 4), la situation de ménagère ou d’élève et le faible niveau d’instruction de la
mère. Ainsi, le retard d’initiation de la CPN concerne 94,5% des mères non instruites et du
niveau primaire contre 58,2% de celles ayant au moins le niveau secondaire.
Les résultats obtenus permettent de constater une grande ignorance chez certaines
femmes enceintes interrogées dans la présente étude. À la lumière de cette étude, le manque
de connaissance du dispositif des soins prénatals serait un motif important de retard à la
première CPN, étant donné que plusieurs femmes ne connaissaient ni le calendrier ni les
objectifs des soins prénatals focalisés. Outre l’éducation des femmes, cette étude a révélé que
le manque de connaissance du dispositif des soins prénatals serait dû au manque d’efficience
dans le transfert de l’information par le système de soins. Les femmes ne reçoivent pas de la
part des professionnels des informations suffisantes sur l’importance et la nécessité des CPN
pour leur santé et celle du fœtus. De plus, il s’est avéré que l’absence d’éducation à la santé
lors des CPN et d’outils de communication adéquats dans les centres de santé est centrale au
manque de connaissance des femmes sur les CPN. Dans ce contexte, l’éducation à la santé des
usagères des services de soins prénatals, à l’intérieur et à l’extérieur des milieux de soins, est
primordiale pour une utilisation adéquate des soins prénatals En effet, elles ont affirmé en
majorité ne pas savoir les dangers qui se cachent sous le recours tardif au service de maternité
à travers leurs connaissances. Plusieurs participantes ne savaient pas qu’elles devaient
recourir à leur première CPN au premier trimestre de la grossesse comme il est recommandé.
Pour les femmes primipares, quoique connaissant l’existence des soins prénatals, elles ne
savaient pas à quel moment elles devaient y recourir. Pour les multipares, bien qu’elles aient
recouru aux CPN lors de leurs grossesses antérieures, elles ignoraient qu’il faut commencer
les CPN au premier trimestre de la grossesse.
Les perceptions qu’ont les femmes de leur grossesse et des soins prénatals en général
participent au choix de recourir ou non aux CPN. Ces perceptions sont régulées par les
normes sociales et les réalités socio-économiques du milieu et elles motivent les attitudes
qu’ont les femmes face au recours aux soins prénatals.
D’emblée, les femmes rencontrées perçoivent les CPN comme relevant du curatif,
elles n’y recourent que lorsqu’elles se perçoivent malades : « moi avec les autres grossesses je
n’étais jamais venu tôt, avec l’autre si c’est la maladie qui me fait venir tôt comme ça, Fe1,
22 ans ». La survenue d’une maladie, perçue comme étant grave, expliquerait le recours de
plusieurs femmes à leur première CPN, «moi je connais déjà comment ça se passe parce que
j’ai déjà 3 enfants, donc aujourd’hui je suis là parce que je suis malade, (Fe 5, 25 ans) ; si
moi j’ai plus de 5accouchements je n’irai plus à l’hôpital parce que je connais déjà sauf si je
suis malade comme aujourd’hui, (Fe 7, 33ans). Cette perception des CPN comme relevant du
curatif est cohérente avec le regard que portent les femmes sur leur grossesse qui relèverait de
l’ordre naturel et n’aurait donc pas besoin de suivi médical. Les notions de prévention ou de
Faye (2008) dans une étude menée auprès des femmes enceintes ou parturientes dans
une communauté rurale Malicounda au Sénégal, a montré que les positions sociales des
femmes contribuent, de façon conjointe, à influencer leurs expériences de maternité ainsi que
l’accès aux soins. Erless (2010) ajoute que, dans la plupart des régions du Mali
particulièrement en zones rurales, les femmes ont l’obligation de faire respecter un de leurs
droits les plus élémentaires qui est d’enfanter dans les bonnes conditions sanitaires, ceci parce
qu’elles n’ont pas leur mot à dire en ce qui concerne leur santé.
L’étude montre que le profil des 17 femmes enceintes interviewées est diversifié. Elles sont
âgées de 20 à 37ans ; pour le personnel de santé c’est de 38 à 46ans ; Il apparaît dans cette
étude comme dans d’autres que les femmes qui ont un faible niveau d’instruction ont plus de
difficultés à avoir recours aux soins prénatals de qualité. Cela s’expliquerait par le fait que les
personnes moins instruites ont plus de difficultés à s’informer sur leur santé, à comprendre le
système médical qui est fortement « intellectuel » et à exprimer leur douleur.
Les résultats obtenus permettent de constater une grande ignorance chez certaines
femmes enceintes interrogées dans la présente étude. À la lumière de cette étude, le manque
de connaissance du dispositif des soins prénatals serait un motif important de retard à la
première CPN, étant donné que plusieurs femmes ne connaissaient ni le calendrier ni les
objectifs des soins prénatals focalisés. Outre l’éducation des femmes, cette étude a révélé que
D’emblée, les femmes rencontrées perçoivent les CPN comme relevant du curatif,
elles n’y recourent que lorsqu’elles se perçoivent malades : « moi avec les autres grossesses je
n’étais jamais venu tôt, avec l’autre si c’est la maladie qui me fait venir tôt comme ça, Fe1,
22 ans ». La survenue d’une maladie, perçue comme étant grave, expliquerait le recours de
plusieurs femmes à leur première CPN, «moi je connais déjà comment ça se passe parce que
j’ai déjà 3 enfants, donc aujourd’hui je suis là parce que je suis malade, (Fe 5, 25 ans) ; si
moi j’ai plus de 5accouchements je n’irai plus à l’hôpital parce que je connais déjà sauf si je
suis malade comme aujourd’hui, (Fe 7, 33ans). Cette perception des CPN comme relevant du
curatif est cohérente avec le regard que portent les femmes sur leur grossesse qui relèverait de
l’ordre naturel et n’aurait donc pas besoin de suivi médical. Les notions de prévention ou de
promotion de la santé présentes dans les objectifs premiers des soins prénatals ne trouvent pas
de sens dans les logiques de recours aux CPN des femmes rencontrées
Les facteurs socioculturels ont été évoquées par les enquêtées pour justifier le recours tardif
dans la formation sanitaire. De l’avis de la plupart des interviewées, il en ressort une
dépendance de la femme vis-à-vis de son conjoint, dans la mesure où ces dernières ont précisé
que la décision finale de se rendre en consultation revient au conjoint. Toutefois, ces recours
tardifs se justifient par le fait que les femmes dans leur ménage n’ont pas de prise de décision
car ceci revient à la belle famille et au conjoint . Dans ces conditions, la femme enceinte est
entre conjoint, belle familles et matrones par le fait que le mot final concernant leur santé ne
leur revient pas. A ce propos, Kamga (2010), a analysé les déterminants ssocioculturels Par ailleurs,
par le mariage, l’adolescente acquiert une considération sociale dans la société et celle-ci est
l’élaboration de nouvelles stratégies axées principalement sur les meilleures techniques qui
permettrons d’améliorer le recours précoce des femmes enceintes aux services de maternité avec
pour urgence d’opérer une transition d’un système médical normatif à un système médical global
et flexible en fonction des attentes des populations déterminées avec leur
Les résultats obtenus ne sauraient être généralisable dans les autres régions. Pour
qu’une action de promotion sanitaire dans le domaine obstétrical soit efficace, il faut
nécessairement qu’elle se fonde sur une juste appréciation et une connaissance adéquate du
contexte dans lequel se déroule la grossesse.
Cette étude n’est qu’une piste pour une réflexion plus globale sur les rapports entre le recours
précoce en CPN et la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Les phénomènes étant
propre à chaque contexte, il est pertinent de faire une analyse régionale afin de vérifier si le
schéma de la localité de Founangue est semblable avec une autre dans le septentrion.
Au gouvernement Camerounais
Cette étude interpelle donc les autorités et décideurs à divers niveaux au Cameroun et à
l’extrême Nord en particulier, sur l’importance que requiert l’éducation et l’autonomisation
des femmes. Ces deux facteurs intimement liés peuvent influencer positivement sur le recours
aux services de santé de la maternité et de la CPN en particulier pour une meilleure survie
médicale des grossesses des femmes dans ce contexte. Comme le dit un adage : « éduquer une
fille c’est éduquer toute une nation », aussi d’impliquer les maris dans les décisions
Nous leur disons de ne plus fuir les le début des CPN 1 pour éviter les complications, de
cultiver la notion de lecture.
Difficultés rencontrées
La première difficulté est d’ordre linguistique. Les mères s’expriment en Foulfoubé et nous
n’avions aucune maîtrise de cette langue. Pour atténuer ce problème, nous avons eu recours à
trois enquêteurs originaires de la localité pour la collecte et la transcription des données. À
ceci se sont ajoutées, les difficultés pour rencontrer le chef de district afin d’avoir une
autorisation d’enquête
DÉDICACEI
CERTIFICATION …………………………………………………………………………….II
REMERCIEMENT
LISTE DES ABRÉVIATIONS ,SIGLES ET ACRONYMES
LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………..
RÉSUME
ABSTRACT
INTRODUCTION………………………………………………………………………………
2.1.1.2. Facteurs……………………………………………………………………………...
Il ressort de l'analyse que le non-recours aux soins prénatals ne résulte pas seulement de facteurs liés
à l‟individu, mais de différents facteurs socioculturels, politiques et institutionnels
le recours précoce dans une formation sanitaire reste très faible en première intention. Les
statistiques de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS MICS 2018) au Cameroun ont révélé que