Vous êtes sur la page 1sur 184

INTRO

Les études portant sur l’utilisation des services de santé en Afrique subsaharienne (ASS) sont
relativement récentes. Elles ont été entamées juste après l’ère des indépendances des années
1950 et 1960 (Fournier & Haddad, 1995). Ce retard peut s’expliquer en partie par l’histoire de
ces services dans cette région du monde. En effet, les services de santé ont été implantés dans
les colonies africaines dans une «perspective colonisatrice» (Fournier & Haddad, 1995;
Houéto, 2008). Ils étaient organisés autour de trois secteurs : (a) les services destinés aux
colons (b) les services pour les travailleurs indigènes afin de préserver leur productivité, et (c)
le contrôle des grandes endémies (Fournier & Haddad, 1995). Ce type d’organisation
n’ouvrait ni la voie ni la nécessité de se questionner sur les mécanismes d’accessibilité et
d’utilisation des services de santé par les populations locales. C’est seulement en 1978 lors de
la conférence d’Alma-Ata que le constat désastreux de l’inaccessibilité aux services de santé a
été soulevé, et ce, en particulier dans les zones rurales des pays en développement (OMS,
1978).

La santé de la mère et de l’enfant, dans le monde en général et dans les pays en voies de
développement en particulier, est au cœur des politiques nationales du secteur sanitaire. En
effet, dans les pays d’Afrique, la mortalité maternelle est l’une des causes de décès maternels
et infantiles. Depuis quelques décennies, des mesures de réduction de la mortalité maternelle
sont appliquées dans de nombreux pays. Cela a entrainé une baisse du taux de mortalité
maternelle qui est passé de 870 en 1990 à 630 décès pour 100 000 naissances vivantes en
2008 soit une réduction remarquable de 27% entre 1990 à 2010 (Tekam, 2013). Une étude
conjointe menée par l’Unicef, l’OMS, l’UNFPA et la Banque Mondiale a déterminé que les
décès maternels en Afrique pourraient baisser de 70% et les décès de nouveaux nés diminués
de près de la moitié, si le monde doublait l’investissement dans la planification familiale et les
soins liés à la grossesse. , À cet effet, de nombreuses initiatives et programmes internationaux
en rapport avec la santé maternelle, notamment le programme cheque santé, l’initiative pour
une maternité sans risque, les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ont été élaboré.

Les premiers jalons des principes d’égalité, de justice sociale, d’équité et de participation
communautaire en matière de santé ont été posés lors de cette conférence. L’accès universel
aux soins de santé primaires a été proposé comme étant primordial pour garantir une
utilisation équitable et efficiente des services de santé. D’où la résolution de l’Organisation

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 1


mondiale de la santé (OMS) en 1973, «La santé pour tous d’ici l’an 2000», qui visait à
garantir un niveau de santé pour tous les habitants du monde afin qu’ils accèdent à une vie
socialement et économiquement productive (OMS, 1981).La santé maternelle, dans le monde
en général et dans les pays en développement en particulier, est au cœur des politiques
nationales et internationales du secteur sanitaire ;Depuis quelques décennies, des mesures de
réduction de la mortalité maternelle sont appliquées dans de nombreux pays. En dépit de tous
ces projets, la mortalité maternelle est toujours effective dans la plupart des pays en
développement notamment au Cameroun. Selon l’enquête démographique et de santé (EDS
2005) au Cameroun, le ratio de mortalité maternelle est de 762 décès pour 100 000 naissances
vivantes (EDS 2011). Un taux qui reste encore largement élevé et laisse entrevoir l’incapacité
du pays à atteindre l’OMD N°5 qui était celui de réduire la mortalité maternelle de ¾ en 2015.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation parmi lesquels le faible recours des femmes aux
services de santé maternelle dans la majorité des villes du pays et particulièrement celles de
l’Extrême-Nord.

En effet, dans la plupart des villes camerounaises et particulièrement dans la ville de Maroua,
la santé maternelle est fragilisée à cause du faible recours des femmes aux services de
maternité. La proportion des femmes qui reçoivent les soins prénataux d’un agent de santé est
de 59% dans l’Extrême-Nord, 64% dans le Nord et 72% dans la région de l’Adamaoua. Dans
les régions méridionales par contre, cette proportion est très élevée avec 96% à l’Ouest, 98%
dans le Nord-Ouest et 99% dans le Littoral (EDS 2005), pourtant les soins prénataux
représentent l’un des piliers de l’initiative pour une maternité sans risque et contribuant à
fournir les interventions nécessaires à une grossesse saine (E.Zere et al.2012 ; A.Aliet al,
2010, p1). Ces inégalités socio-spatiales en matière de santé et de recours aux soins sont
largement reconnues aujourd’hui du fait que toutes les femmes n’ont pas les mêmes chances
de recourir aux services de santé de qualité.

La ville de Maroua dispose de quelques structures sanitaires et services de maternité de


qualité, mais on enregistre une faible fréquentation des femmes dans ces services. Cette
situation est due aux contraintes socioéconomiques et de mobilité qui limitent l’accès des
femmes aux soins de santé maternelle. C’est dans l’optique d’une meilleure analyse des
facteurs liés à ce fléau et des difficultés d’accès aux soins de santé maternelle que nous nous
intéresserons à la thématique portant sur les facteurs explicatifs du recours tardif aux services
de maternité dans les formations sanitaires du district de Maroua II, et notre travail dans ce
contexte du protocole suivra les plan ci-après :I) Objectifs de recherche, en II) Questions de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 2


recherche, III) Hypothèses de recherche si applicable, IV) Revue de la littérature, V)
méthodologie

Célébrons la naissance - La Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008)

1) HYPOTHESES DE RECHERCHE

Ces questions (principales et secondaires), débouchent rationnellement sur des hypothèses


qui sont des réponses provisoires à ces questions. Ces dernières devront être vérifiées lors
de la recherche, pour être soit confirmées, ce qui est souhaitable, soit infirmées, ce qui
peut arriver. Nga Ndongo (2017) estime que telle que formulées, les hypothèses indiquent
déjà les divers champs d’application du chercheur. Ainsi, nous formulerons une hypothèse
principale, en rapport bien entendu avec notre question principale et des hypothèses
secondaire qui répondent aux questions secondaires

 Hypothèse principale

La persistance du recours tardif des femmes aux services de la maternité à Maroua


s’explique par le fait que non seulement les populations sont ancrés dans leurs pratiques, en
qoi ils reconnaissent une certaine efficacité mais aussi, par le fait que cette pratique obéit à un
ensemble de règles culturelles, religieuses, sociale et économiques.

 Hypothèses secondaires
 Les formations sanitaires de l’extrême Nord fonctionnent uniquement dans le
strict respect des pratiques obstétricales médicalisées au détriment des
pratiques culturelles et religieuses
 Les accouchements à domicile se font par des accoucheuses traditionnelles
dépourvues des connaissances scientifiques à l’aide d’un matériel localement
conçu par l’intelligence culturelle et religieuse des populations et la
phytothérapie fournies par l’environnement physique ;

Pour les populations de Maroua II, le recours tardif aux services de maternité se fait à cause
de l’environnement social, des facteurs socioculturels, financiers et de l’accès aux soins de
santé ; les femmes de Maroua pensent que les accouchements à l’hôpital dégradent l’image de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 3


la femme dans la mesure où leur intimité est livrée à des inconnus parfois de sexe masculin et
le personnel de l’hôpital ne prend pas en compte certains rituels traditionnels liés à
l’accouchement.

. Le comité des sages-femmes du canada (2000) soutien que certaines femmes, la majorité
d’ailleurs accouchent dans une formation médicale non pas puisque c’est leur choix claire
mais puisque c’est une habitude de la société, pourtant le choix individuel du lieu
d’accouchement pour une femme reste son droit fondamental. Elles continuent en soulignant
qu’une société où les femmes ont du pouvoir sur leur situation de femme et ont confiance
dans leurs capacités de vivre et d'assumer pleinement et entièrement leur expérience
périnatale contribue à créer une société en santé et équilibrée. Selon Olsen(1997) cité par le
comité des sages-femmes du canada (2000), l'accouchement à la maison permet de faire
contrepoids à la médicalisation de l'accouchement ainsi qu’assurer l'affirmation de la
normalité de ce dernier. Il soutient que l’accouchement fait partie des événements normaux de
la vie et il n'a pas à être défini comme un événement médical. Par contre un accouchement à
la maison est au moins aussi sécuritaire que celui à l’hôpital avec moins d’intervention. Il
poursuit en disant que l’accouchement à la maison atteste que la femme est en bonne santé,
que l’accouchement est normal. L’association pour la santé publique du Québec (2000)
par l’entremise du comité des sages-femmes du canada (2000), Célébrons la naissance - La
Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008) prouve que l’apport marginal des
accouchements dans des hôpitaux est médiocre voire inexistant. Parmi les femmes qui
accouchent à voie basse, plus de 80% le font sous anesthésie. C’est la même proportion
depuis 1982 jusqu’en 2000. Ils soutiennent en plus que trop de femmes subissent les abus
d'interventions obstétricales sans même être informées sur leurs droits et sur les conséquences
possibles de ces interventions. Cette thèse est renforcée par Cathy-Anne Pireyn-Piette (2005)
qui nous démontre comment les femmes disent que donner la vie à la maison est un
événement positif, donnant un sentiment de puissance, et très satisfaisant. Elles justifient ce
choix par l’intimité qu’elles veulent préserver, le respect, la présence de la famille, la
réduction des stress, meilleur contrôle et implication etc.

1.1. Historique

Dans les sociétés les plus primitives, tous les adultes pouvaient assister une femme en travail,
parfois même son mari. Ce n’est que quand il y avait complication qu’on faisait recours à une
femme d’expérience approuvée qu’on a appelé sage-femme.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 4


Depuis la nuit des temps, selon le document d’information et de sensibilisation présenté par le
comité des sages-femmes du canada (2002), les bébés sont venus au monde avec l'aide des
sages-femmes. Des textes très anciens, d'origine égyptienne, romaine, grecque, chinoise, font
mention du travail des sages-femmes. A ce moment elles étaient traditionnelles avant que la
France puisse plébisciter les sages-femmes diplômées grâce à leurs écoles-maternités en 1760
qui vont évoluer pour former des médecins plus tard. Le 18èmesiècle sera caractérisé par une
contestation farouche des sages-femmes qui vont commencer à disparaitre à pas de tortue
pour enfin se concentrer dans les milieux ruraux. En 1847 s’instaure la corporation des
médecins et qui obtiennent le monopole médical en obstétrique. Dès lors l’accouchement est
devenu un risque de décès, d’où l’urgence d’accoucher dans une formation médicale.

1.2. Accouchement à domicile versus accouchement dans une structure sanitaire

On peut établir une nuance entre l’accouchement à domicile de l’accouchement qui a lieu
dans une structure sanitaire. Ces termes varient selon les auteurs. Certains auteurs comme
Amina (2006), Rochat (2013), Verderese (1975) emploient les termes accouchement
traditionnel, accouchement local, accouchement rural, accouchement en brousse pour signifier
Célébrons la naissance - La Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008)
accouchement à domicile. D’autres emploient les termes accouchement dans une formation
médicale ou sanitaire, accouchement assisté, accouchement moderne pour signifier
accouchement dans une structure sanitaire (Ransom et Yinger, 2002).

a) Accouchement à domicile

L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent de
santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la
définition du personnel de santé qualifié utilisée pour calculer l’indicateur des OMD. Un

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 5


accouchement à domicile est un accouchement qui se déroule en communauté, en dehors de
toute structure formelle de soins. Le comité des sages-femmes du canada (2000) soutien que
certaines femmes, la majorité d’ailleurs accouchent dans une formation médicale non pas
puisque c’est leur choix claire mais puisque c’est une habitude de la société, pourtant le choix
individuel du lieu d’accouchement pour une femme reste son droit fondamental. Elles
continuent en soulignant qu’une société où les femmes ont du pouvoir sur leur situation de
femme et ont confiance dans leurs capacités de vivre et d'assumer pleinement et
entièrement leur expérience périnatale contribue à créer une société en santé et équilibrée.
Selon Olsen(1997) cité par le comité des sages-femmes du canada (2000), l'accouchement à la
maison permet de faire contrepoids à la médicalisation de l'accouchement ainsi qu’assurer
l'affirmation de la normalité de ce dernier. Il soutient que l’accouchement fait partie des
événements normaux de la vie et il n'a pas à être défini comme un événement médical. Par
contre un accouchement à la maison est au moins aussi sécuritaire que celui à l’hôpital avec
moins d’intervention. Il poursuit en disant que l’accouchement à la maison atteste que la
femme est en bonne santé, que l’accouchement est normal. L’association pour la santé
publique du Québec (2000) par l’entremise du comité des sages-femmes du canada (2000),
Célébrons la naissance - La Profession de sage-femme autochtone au Canada (2008) prouve
que l’apport marginal des accouchements dans des hôpitaux est médiocre voire inexistant.
Parmi les femmes qui accouchent à voie basse, plus de 80% le font sous anesthésie.
C’est la même proportion depuis 1982 jusqu’en 2000. Ils soutiennent en plus que trop de
femmes subissent les abus d'interventions obstétricales sans même être informées sur leurs
droits et sur les conséquences possibles de ces interventions. Cette thèse est renforcée par
Cathy-Anne Pireyn-Piette (2005) qui nous démontre comment les femmes disent que donner
la vie à la maison est un événement positif, donnant un sentiment de puissance, et très
satisfaisant. Elles justifient ce choix par l’intimité qu’elles veulent préserver, le respect, la
présence de la famille, la réduction des stress, meilleur contrôle et implication etc.

b) Accouchement dans une structure des soins de santé

C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de santé
donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de santé
diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation reçue,
peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les complications
obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau de soins

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 6


supérieur. Dans des conditions idéales, ce personnel qualifié appartient à la communauté qu’il
sert et vit avec elle. Il est capable d’assumer les fonctions obstétricales d’urgence de base,
d’engager un traitement et de superviser le transfert de la mère et du nourrisson vers un
niveau supérieur lorsque les soins requis dépassent sa compétence ou ne peuvent pas être
dispensés sur place. Par assistance qualifiée on entend les soins fournis par un personnel de
santé qualifié dans un environnement porteur, ou un système de santé qui puisse fournir les
soins requis ou les soins obstétricaux d’urgence appropriés en cas d’accouchement compliqué.
Bien d’auteurs ne sont pas favorables à l’accouchement à domicile et prônent plutôt
l’accouchement assisté dans une formation médicale. C’est le cas de Rochat (2013) qui dit
que les accouchements non assistés peuvent avoir des conséquences désastreuses. Il qualifie
cet accouchement d’une affaire de souffrance, de honte et d'exclusion. Il va même jusqu’à
dire que l’accouchement traditionnel est un monde où seule une faible frontière sépare la vie
de la mort. Cette situation est beaucoup vécue en milieu rural qu’en milieu urbain. En milieu
rural le travail dure souvent des heures et peut aboutir à la mort du bébé ou de sa maman.
Certaines femmes finissent par se rendre à l'hôpital après avoir essayé d'accoucher pendant
des heures, il est trop tard, l'enfant est mort et a déjà causé de nombreux dommages. Cathy-
Anne (2005) de sa part montre que le choix d’accoucher à l’hôpital pour certaines femmes est
conditionné par le besoin de prise en charge, le besoin de repos, retrait de la vie quotidienne,
peu de complication, avoir un analgésique et compagnie. Actuellement, la majorité des
auteurs sont favorables à l’accouchement dans une formation médicale car il réduit les risques
de mortalité maternelle même s’il entraine aussi des coûts non négligeables. De ce fait, il est
possible d’établir une certaine relation entre la santé et le facteur socio-économique.

1.3. Les déterminants du choix du lieu d’accouchement pour une femme.

Les facteurs influençant le lieu d’accouchement d’une femme sont vus différemment selon
les auteurs .Rugamika et al, 2010 d’entre eux pensent que ces facteurs sont d’ordre culturels
tout court c’est –à- dire liés aux comportements et aux coutumes qui sont en vigueur dans une
culture quand Idris, 2003 ; Faye et al, 2010 et Kamga, 2010 parlent des déterminants socio-
économiques.

1.3.1. Déterminants culturels

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 7


La littérature sur la mortalité maternelle spécifie trois types de retards résultants des causes
socioéconomiques et culturelles, qui contribuent au risque de décès maternels (Maine, D et al,
1997 :11) :

1. le retard dans la prise de décision de rechercher les soins ;

2. le retard pour arriver au centre de santé ;

3. le retard dans le traitement au centre de santé.

L’amélioration du statut social et économiques des femmes, la disponibilité et l’accessibilité


des services de santé primaires et de soins obstétricaux ainsi que l’amélioration de la qualité
de ces services sont du domaine collectif : éléments de risque contextuel. De même certaines
caractéristiques telles que l’âge ou la parité pendant la grossesse seront elles aussi
déterminantes pour la survie de la femme : ce sont les éléments du risque individuel (M.
Lamine Keita et Hawa Touré, 2008 :16). Les décès maternels sont dus à des causes médicales
directes (hémorragie, avortement à risque, l’hypertension induite par la grossesse, travail
dystocique) et à des causes médicales indirectes (anémie, paludisme, VIH/Sida, etc.). Ces
dernières peuvent être décelées et prises en charge pendant les consultations prénatales, alors
que les causes médicales directes sont généralement imprévisibles et nécessitent d’être prises
en charge par des soins obstétricaux d’urgence. La survie de la femme va dépendre alors
fondamentalement de la disponibilité des soins obstétricaux d’urgence, de la qualité de ces
soins ainsi que des délais d’accès aux services qui les fournissent. Ci-après, les facteurs du
risque différentiel de la mortalité maternelle. Selon Rugamika et al (2010), ces facteurs sont
classés en deux groupes, notamment le groupe de quatre trop et le groupe de trois retards.

a) Les Quatre trop

Par quatre trop, on entend les grossesses trop nombreuses. Il soutient que plus de 7
grossesses et les grossesses rapprochées exposent la femme au risque. Pour ce cas, il est
conseillé un espacement de naissances d’au moins 3 ans. Il recommande de ne pas oublier
aussi que les grossesses trop tardives, celles attrapées au-delà de 35 ans d’âge peuvent être
aussi dangereuses.

b) Les Trois retards

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 8


Concernant les trois retards, ou trois pertes de temps, le premier est lié à la prise de décision
d’aller consulter un service de santé. C’est souvent par ignorance, par manque de moyens ou à
cause de certains abus et coutumes rétrogrades du genre par exemple, que le premier enfant
doit naître devant sa grand-mère. La perte de temps se produit lorsque la femme et sa famille
attendent trop longtemps avant de décider de chercher un traitement.

Elle s’explique parfois par le fait que la femme ou l’agent de santé local n’a pas reconnu les
signes de danger de complications obstétriques à cause également du non recours aux services
de cpn ; ou par le fait que les gens sont pauvres et qu’ils s’inquiètent des coûts. Rugamika et
al (2010) pensent que l’absence du mari constitue un de ces facteurs. Le deuxième retard ou
perte de temps est lié au temps à mettre pour arriver au service de santé compétent afin de
bénéficier des soins de qualité. Ceci est dû à l’éloignement du centre ou de la maternité, au
manque de moyens de transport, au délabrement des infrastructures routières, la pénurie du
transport entrainant le problème d’accès aux services de maternité. Le troisième retard est
attribuable à la prise en charge dans le centre de santé, u à la surcharge du personnel médical,
aussi du manque de personnel qualifié quelques fois. Ce retard est souvent lié au manque de
médicaments et autres nécessités sanitaires comme le sang, au personnel qui affichent des
insuffisances professionnelles (notamment pour certains cas spécifiques dont la césarienne), à
l’inconscience et la négligence du personnel soignant. Autres raisons sont dues au manque de
l’organisation au niveau de l’hôpital ou (peut-être) à la politique nationale qui veuille à ce
que les patientes paient pour les prestations et les médicaments dès leur arrivée. Les
décès ainsi que d’autres morbidités liés à la maternité sont aussi occasionnés par l’ignorance
des femmes de se faire suivre avant, pendant et après l’accouchement par un service qualifié.
Certaines femmes ne vont se faire consulter qu’à deux mois de l’accouchement ou au moment
de l’accouchement, et parfois, elles ne reviennent plus après pour le suivi, le recours tardif
aux services de maternité étant un handicap pour les éventuels suivis post natals

1.3.2. Facteurs socio-économiques

Parlant des facteurs socio-économiques, les auteurs (Idris, 2003 ; Faye at al, 2010 ; Kamga,

2010,…) font recours à (au) :

1. La religion de la femme : certaines croyances sociétales surtout dans la région


septentrionale du Cameroun, encouragent l’accouchement à domicile : croyance

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 9


selon laquelle l’issue d’un accouchement dépend de Dieu, croyance selon laquelle
l’accouchement est un test d’endurance et que le fait de recourir à l’assistance est
un signe de faiblesse, le personnel du genre masculin ne doit pas voir la nudité de la
femme en salle d’accouchement, cpn ou cpon.
2. Etat matrimonial de la femme : Il influence le choix du lieu d’accouchement
probablement à travers son influence sur l’autonomie de la femme ou à travers les
ressources financières. Les célibataires et les divorcées peuvent être pauvres mais avoir
plus d’autonomie que celles qui sont mariées. Les jeunes mères célibataires, prises en
charge par leur famille accouchent plus dans les formations sanitaires, notamment si
c’est le premier accouchement. D’un autre côté, les mères célibataires peuvent être
stigmatisées, ce qui les pousserait à accoucher à domicile pour éviter les critiques.
3. Niveau d’éducation de la femme : L’éducation maternelle est fortement associée à
tous types de comportements en matière de santé. Ceci inclut une connaissance accrue
des bénéfices de la médecine préventive, une meilleure fréquentation des services de
santé, une réceptivité élevée de toute nouvelle information liée à la santé, une
familiarité avec la culture médicale moderne, un accès aux ressources financières et à
l’assurance maladie, un meilleur contrôle sur les ressources du ménage et sur les
dépenses, une relation égalitaire et une meilleure communication avec son conjoint,
plus de considération et de confiance personnelle induisant une meilleure demande des
services de santé adéquats. Il existe une forte relation dépendante entre la demande de
services et le niveau d’éducation. Plus le niveau est élevé plus la demande est grande
d’où la tendance à accoucher dans une formation sanitaire.
4. Milieux de résidence de la femme : La grande majorité des études sur l’utilisation des
services d’accouchement et cpn inclut le lieu de résidence dans leurs variables.
Presque toutes ces études trouvent un avantage pour les femmes qui résident en milieu
urbain à cause du réseau de soutien social par rapport à celle qui vivent en milieu rural.
Urbain/rural.
5. Profession de la femme : La femme qui a un travail formel et qui gagne de l’argent
peut épargner de l’argent et accoucher dans une formation sanitaire. Elle est plus en
contact avec le monde extérieur et a facilement accès à l’information. Elle participe
aux dépenses et est plus impliquée dans les prises de décisions importantes du
ménage. Cependant celle qui a un travail ne lui permettant pas de sortir de la pauvreté,
se concentre plus sur la survie de sa famille et fréquente moins les structures de santé.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 10


6. Niveau d’éducation du mari : Les bénéfices liés à l’éducation du mari sont semblables
à ceux décrits ci haut pour la femme. Plus le mari est éduqué plus la femme accouche
dans une formation sanitaire, mais l’impact de l’éducation de la femme est plus
important.
7. Profession du mari : Plus le mari a une position élevée c’est-à-dire un revenu élevé,
plus il est susceptible de bénéficier de certains avantages comme l’assurance maladie
ou d’être exposé aux informations concernant la grossesse et ses dangers motivant le
recours à l’accouchement assisté par un personnel qualifié.
8. Le désir de la grossesse: Les femmes ayant une grossesse non désirée fréquentent
moins les services de santé que celles qui ont une grossesse longtemps recherchée.
Ceci s’expliquerait par le non recours aux services de maternité

Santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique : analyse de la


situation et perspectives
Maternal, neonatal and infantile health in Africa: analysis of the situation and perspectives
Revue « Espace Territoires Sociétés et Santé » (RETSSA) volume 3 n°6
Espace Territoires Sociétés et Santé (RETSSA) journal, volume 3 no.6
* * *

Publié le jeudi 20 août 2020 par Elsa Zotian


RÉSUMÉ

En Afrique, la mortalité maternelle, néonatale et infantile demeure un véritable fléau : 57 % de tous les
décès maternels surviennent sur le continent, ce qui fait de l’Afrique la région du monde où le ratio de
mortalité maternelle est le plus élevé. Par ailleurs, l’Afrique continue d’enregistrer les taux les plus élevés
de mortalité infantile, avec un enfant sur huit mourant avant d’atteindre l’âge de cinq ans soit à peu près
20 fois plus que la moyenne dans les régions développées, qui est d’un sur 167. Ces enjeux ont motivé
la proposition de ce dossier thématique qui cherchera à répondre aux questions qui suivent : quelle est la
situation actuelle de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique ? Quelles sont les perspectives
envisagées pour une meilleure compréhension et des approches empiriques et théoriques de solutions
adaptées à cette situation ? L’objectif ici est de dresser dans un premier temps un portrait actuel sur la
santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique et deuxièmement d’identifier les défis, les solutions et
les pistes pour des analyses ultérieures.

ANNONCE

Argumentaire
La santé maternelle, néonatale et infantile est une problématique importante dans le monde. Si certains
pays font beaucoup plus pour les femmes et enfants en matière de santé, les progrès accomplis par
d’autres pays à faible niveau de revenu, ne sont pas à la hauteur de ceux affichés à travers les objectifs
de développement durable (ODD) en faveur d’une réduction des taux de mortalité maternelle, néonatale
et infantile (UNICEF, 2008). Chaque année, plus d’un demi-million de femmes meurent de causes liées à
la grossesse et à l’accouchement et pour près de six millions d'enfants de moins de cinq (05) ans, les
principales causes de décès sont les complications de prématurité et de maladies infantiles courantes (L.
Liu et al., 2016; OMS, 2017). Des millions d’autres femmes et d’enfants souffriront de divers handicaps,
maladies, infections et traumatismes. La majeure partie de ces problèmes de santé et décès se
produisent dans les pays d’Asie et de l’Afrique (P. Song et al., 2015; A. Lilungulu et al., 2020).

En Afrique, la mortalité maternelle, néonatale et infantile demeure un véritable fléau : 57 % de tous les
décès maternels surviennent sur le continent, ce qui fait de l’Afrique la région du monde où le ratio de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 11


mortalité maternelle est le plus élevé (UNFPA, 2013). Alors qu’une femme sur 4 700 court le risque de
mourir de complications liées à la grossesse dans le monde industrialisé, une femme africaine sur 39
court ce même risque (N. Prata et al., 2010). Par ailleurs, l’Afrique continue d’enregistrer les taux les
plus élevés de mortalité infantile, avec un enfant sur huit (08) mourant avant d’atteindre l’âge de cinq
(05) ans soit à peu près 20 fois plus que la moyenne dans les régions développées, qui est d’un sur 167.
Approximativement, 30 % de ces décès des moins de cinq ans frappent les nouveau-nés, et environ 60
% surviennent durant la première année de vie (UNFPA, 2013). Ces taux de mortalité maternelle et
infantile sont caractérisés par des disparités géographiques. Par exemple, des variations à la hausse
d’une région à une autre ont été observées sur le ratio de mortalité. L’Afrique centrale enregistre le ratio
le plus élevé (1 150 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes), suivie de l’Afrique de l’Ouest (1
050 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes). Les femmes de l’Afrique australe présentent le
plus faible ratio de mortalité maternelle de toute l’Afrique subsaharienne, 410 décès maternels pour 100
000 naissances vivantes ; toutefois, ce taux demeure élevé par rapport aux niveaux enregistrés à
l’échelle mondiale (WHO et al., 2015).

En signe de riposte à ce problème, ces dernières années, des stratégies et initiatives internationales et
nationales ont été lancées et mises en place en vue d’intensifier et de mieux coordonner les efforts pour
améliorer la santé maternelle et infantile dans le monde et particulièrement en Afrique. L’objectif de ces
interventions est de mettre fin ainsi aux décès évitables de femmes et de nouveau-nés. Des progrès
sensibles ont été accomplis ces 10 dernières années pour la santé des femmes, des mères et des enfants
en Afrique. L’espérance de vie s’est allongée et certaines causes majeures de la mortalité maternelle et
infantile ont diminué. Cependant, les défis restent énormes malgré les efforts importants qui ont été
consacrés pour promouvoir la santé de la femme et l’enfant. Les taux de mortalité maternelle dans
certains pays comme le Mali, le Niger ou la Mauritanie s’élèvent à plus de 550 décès pour 100 000
naissances (L. Alkema et al., 2015). De Plus, 80% des décès néonatals survenus en 2016 ont été
enregistrés dans ces pays. Le nombre trop élevé de femmes qui meurent de causes évitables en Afrique
pendant l’accouchement ou encore d’enfants avant leur cinquième anniversaire, et même, au cours de
leur premier mois de vie est inacceptable.

Plusieurs études révèlent pourtant que près de 80 % des décès maternels pourraient être évités si les
femmes avaient accès à des services essentiels de maternité et à des soins de santé de base, à des
délais de réponse appropriés (F. A. Adiko et al., 2018; OMS, 2017; M. Seguin et M. Niño-Zarazúa, 2015;
L. Sale et al., 2014; M. Ymba, 2013; H. Blencowe et al., 2012; R. Lozano, 2011). En effet, les actions
pour améliorer la santé de la femme et de l’enfant, faire reculer la mortalité maternelle et infantile et
combattre pour la survie des enfants, sont déjà connues. Mais pour qu’elles soient efficaces, il faut une
bonne compréhension des problématiques liées à la santé des mères et de leurs enfants et avoir une
connaissance exhaustive des causes fondamentales des mortalités maternelles et infantiles.

L’Afrique fait face ces dernières années à des mutations sans précédent sur le plan démographique,
économique, politique et sanitaire marquées par des inégalités importantes, de nombreuses pandémies
(VIH-Sida, Ebola, Covid-19, etc.) et des conflits armés. Ces faits ne devraient pas être ignorés dans la
mise en place des actions de lutte contre la mortalité maternelle et infantile mais associés aux actions
déjà existantes. C’est pourquoi, un état des lieux sur la santé maternelle et infantile en Afrique est
déterminant avant toute action « Savoir pour mieux agir ».

Ces enjeux ont motivé la proposition de ce dossier thématique de la Revue Espace, Territoires, Sociétés
et Santé (RETSSA) qui cherchera à répondre aux questions qui suivent : quelle est la situation actuelle
de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique ? Quelles sont les perspectives envisagées pour
une meilleure compréhension et des approches empiriques et théoriques de solutions adaptées à cette
situation ?

L’objectif ici est de dresser dans un premier temps un portrait actuel sur la santé maternelle, néonatale
et infantile en Afrique et deuxièmement d’identifier les défis, les solutions et les pistes pour des analyses
ultérieures.

Cet appel, en s’appuyant sur une approche transversale a pour ambition de rassembler des travaux
épidémiologiques, sociologiques, anthropologiques, géographiques, démographiques, économiques, etc.
sur la problématique de la santé maternelle et infantile en Afrique.

Les articles proposés pour ce numéro concernent les contributions sur : les réflexions épistémologiques
ou théoriques, puis, les résultats des études empiriques portant sur sept principaux axes thématiques.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 12


Axe thématique 1 : réflexions théoriques, méthodologiques,
épistémologiques et politiques de la santé maternelle, néonatale et infantile
Cet axe thématique s’articule autour des réflexions théoriques, épistémologiques, méthodologiques et
politiques sur la problématique de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique. Les aspects à
aborder concernent les méthodes de mesures de la mortalité maternelle et infantile, les indicateurs de
santé maternelle et infantile, les innovations pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile, la
cartographie de la santé maternelle et infantile, l’interaction entre santé maternelle et infantile et
politique de santé. Les questionnements couvrent également l’analyse innovante des interventions ou
actions adaptées pour lutter contre la mortalité maternelle infantile, etc., en s’appuyant sur les
expériences africaines.

Les contributions pour ce numéro pourront explorer la combinaison des approches méthodologiques
comme celles de la biomédecine et des sciences sociales traitant de la santé maternelle, néonatale et
infantile.

Axe thématique 2 : épidémiologie et mortalité maternelle, néonatale et


infantile
Cet axe vise à mieux comprendre et mesurer les facteurs ou les combinaisons de facteurs susceptibles
d’expliquer certaines maladies et d'exercer une influence sur leur fréquence, leur distribution dans le
temps et dans l’espace, leur évolution chez les femmes, les nouveaux nés et les enfants. Il examine les
tendances et les niveaux de santé maternelle, néonatale et infantile dans chacune des grandes régions
de l’Afrique ou dans les pays, en se servant des taux de mortalité comme indicateurs de référence. Il
explore brièvement les principales causes, proximales ou sous-jacentes de la mortalité et de la morbidité
maternelles, néonatales et infantile et définit le cadre dans lequel seront accélérés les progrès. Outre
l'identification des causes médicales du décès, il est important de connaître les représentations sociales
et l'histoire personnelle de la femme, des enfants et les circonstances précises de leur décès. Des
contributions utilisant des données probantes pour mesurer les taux de mortalités maternelles et
infantiles sont vivement encouragées.

Les études rétrospectives, historiques, et les points sur les inégalités de la mortalité sont attendus.

Axe thématique 3 : accès et recours aux services de santé maternelle,


néonatale et infantile
L’accès aux services de santé est l’un des facteurs clefs favorisant une meilleure santé des mères et des
enfants. Cet axe se penche sur les dimensions géographiques, socio-économiques, sanitaires, éducatifs
et culturelles de l’accès qui influencent le recours aux services de santé maternelle, néonatale et
infantile. En outre, il s’intéresse aux déterminants ou facteurs de renoncement aux soins des femmes en
milieu urbain et rural africain ainsi qu’aux obstacles à leur accès aux soins. Cet axe traite de la question
des inégalités liées au genre et donc, s’intéresse aux facteurs justifiant les choix des femmes qui utilisent
les centres de santé et leurs satisfactions vis-à-vis de la qualité des prestations reçues.

Axe thématique 4 : nutrition des mères, du nouveau-né et de l’enfant et


bien-être
La nutrition est un déterminant important de bonne santé pour la mère et l’enfant. Cet axe s’attarde sur
les pratiques, les connaissances, les attitudes et les comportements des mères en matière de soin,
d’alimentation, de nutrition et de bien-être pour elles-mêmes et pour leurs enfants pendant leur
grossesse, à l’accouchement jusqu’au postpartum. Par ailleurs, cet axe se penche sur l’influence
culturelle ou du réseau social sur les pratiques nutritionnelles des mères et de leurs enfants. Enfin, cette
thématique attend vivement les travaux sur la conception de la relation entre l’allaitement maternel et la
santé maternelle et infantile ainsi que les pratiques et perceptions d’alimentations complémentaires,
artificielles et de nutrition pour les nourrissons.

Axe thématique 5 : santé mentale, handicap et santé maternelle, infantile,


et résilience
La santé maternelle prend en compte tous les aspects de la santé de la femme, depuis la grossesse, à
l’accouchement jusqu'au postpartum. Si la maternité est souvent une expérience positive et
satisfaisante, elle est, pour beaucoup de femmes, leurs proches et des communautés, synonyme de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 13


souffrance, de maladie et même de mort. C’est le cas pour la plupart des femmes souffrant de handicap
physique et mental. L’objectif de cet axe est d’approfondir les connaissances sur comment les femmes
souffrant de handicap vivent leur grossesse. Quelles sont les difficultés auxquelles, elles sont confrontées
pendant et après l’accouchement ? Quelles sont les stratégies qu’elles mettent en place pour faire face à
certaine situation complexe ? Quelle prise en charge pour les femmes enceintes souffrant de handicap
physique et mental ? Comment sont soignés les nouveau-nés ou enfants victimes de handicap ? Dans cet
axe, tous ces questionnements sont à analyser en prenant en considération les stratégies et politiques
développées par les systèmes de santé en Afrique et ce, dans sa globalité et sa complexité.

Axe thématique 6 : pandémies, conflits armés et santé maternelle,


néonatale et infantile
L’objectif de cet axe est de faire un état des lieux sur les problèmes de santé rencontrés par les mères,
les nouveau-nés et les enfants en période de pandémie ou conflits armés. Cet axe vise aussi à présenter
les inégalités sociales face aux pandémies, qui se révèlent de l’exposition des mères et enfants de moins
de cinq ans, à ses facteurs aggravant leur santé et fragilisant leur prise en charge. En outre, il s’intéresse
au vécu des mères pendant la grossesse, à l’accouchement jusqu' au postpartum en temps de
pandémies ou conflits armés. Quelles sont les différentes barrières auxquelles font face ces femmes ou
ces enfants? Quelles sont les leçons et conseils pratiques que nous pouvons apprendre en période de
pandémie ou conflits sur la santé maternelle, néonatale et infantile. Le cumul de ces constats permettra
d’adresser des problématiques liées à la vulnérabilité et la résilience de ces populations face aux
pandémies et conflits armés.

Axe thématique 7 : quelles sont les perspectives ?


Cet axe cherche à regrouper des textes sur des interventions ou actions innovantes, utilisant des
données probantes pour améliorer la santé de la femme et de l’enfant, faire reculer la mortalité
maternelle et infantile et combattre les obstacles de la survie des enfants en milieu urbain et rural
africain.

Conditions de soumission
Les contributions doivent se conformer scrupuleusement aux normes éditoriales de la RETSSA. Les
instructions aux auteur.e.s sont disponibles en ligne: http://www.retssa-ci.com/index.php?
page=auxauteurs

Les manuscrits soumis à la RETSSA ne doivent pas excéder 30 000 caractères (espaces compris),
soit 15 pages environ.

Calendrier

 Date limite de soumission des articles complets : 15 octobre 2020

 Sélection des contributions par le comité scientifique : 30 octobre 2020

 Date de publication du Dossier Thématique : 30 décembre 2020

Les propositions d’articles complets sont à envoyer au secrétariat permanent de la revue


(rev.tssa@gmail.com) contre un accusé de réception.

Pour vos contributions et questions, veuillez contacter les responsables du Dossier Thématique ci-dessus.

Coordination scientifique
Ce dossier thématique est coordonné par :

 Dre Ymba Maimouna, Maître-assistant, Institut de Géographie Tropicale (IGT), Université Félix
Houphouët-Boigny, E-mail : hadassah.ymba@gmail.com

 Dr Adiko Adiko Francis, Chargé de recherche en sociologie de la santé, Chercheur au Centre Ivoirien
de Recherches Économiques et Sociales (CIRES), Université Félix Houphouët-Boigny ; Chercheur
associé au Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), E-mail:
adiko.francis2@gmail.com

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 14


 Dr Eba Konin Arsène, Assistant, Département de Géographie, Université Lorougnon Guédé, Daloa
(Côte d'Ivoire), E-mail : eba.arsene@gmail.com

 Dr Gouataine Seingue Romain, Maître-assistant, Département de Géographie, École Normale


Supérieure de Bongor, TCHAD, Email : gouataines@gmail.com

Références bibliographiques
Adiko F. A., Nindjin C., Yao L. Y., 2018, Normes alimentaires et sanitaires appliquées aux nouvelles
accouchées chez les Akan en milieu rural ivoirien, Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ," [Mis en
ligne le 19 Janvier 2019], consulté le 2020-07-21, URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?
page=detail&k=32

Blencowe H., Cousens S., Oestergaard M., Chou D., Moiler A.B., Narwal R., Adler A., Garcia C. V.,
Rhodes S., Say L. et Lawn JE, 2012, National, regional and worldwide estimates of preterm birth rates in
the year 2010 with time trends for selected countries since 1990: a systematic analysis - Sous presse.
Entrepris pour l’Organisation mondiale de la Santé.

Lilungulu A., Bintabara D., Mujungu S., Chiwanga E., Chetto P., Nassoro M., 2020, Incidence and
Predictors of Maternal and Perinatal Mortality among Women with Severe Maternal Outcomes: A
Tanzanian Facility-Based Survey for Improving Maternal and Newborn Care, Obstet Gynecol Int.; 2020:
5390903

Liu L., Oza S., Hogan D., Chu Y., Perin J., Zhu J., Lawn J. E., Cousens S., Mathers C., et Black R. E,
2016, Global, regional, and national causes of under-5 mortality in 2000–15 : an updated systematic
analysis with implications for the sustainable development goals, Lancet, 388: 3027–3035.

Lozano R., Wang H., Foreman K. J., Rajaratnam J. K., Naghavi M, Marcus J. R., et al., 2011, Progress
towards Millennium Development Goals 4 and 5 on maternal and child mortality: an updated systematic
analysis. Lancet. 378(9797):1139–65. doi: 10.1016/S0140-6736(11)61337-8 PMID: 21937100

OMS, 2017, Normes de notification relatives au Programme pour la santé sexuelle, reproductive, de la
mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent. Organisation Mondiale de la Santé
(OMS/MCA/17.11), Genève. Licence : CC BYNC-SA 3.0 IGO.

Prata N, Passano P, Sreenivas A, Gerdts CE. Maternal mortality in developing countries: challenges in
scaling-up priority interventions. Women's health. 2010 Mar; 6(2):311–27. doi: 10.2217/whe.10.8,
PMID: 20187734

Sale L et al.. Global causes of maternal death: a WHO systematic analysis. Lancet, vol. 2; June 2014.

Seguin M. and Niño-Zarazúa M., 2015, Non-clinical interventions for acute respiratory infections and
diarrhoeal diseases among young children in developing countries, Tropical Medicine and International
Health, volume 20 no 2 pp. 146–169.

Song P., Theodoratou E., Li X., Liu L., Chu Y., Black Robert E., Campbell H., Rudan I., Yee Chan K.,
2015, Causes of death in children younger than five years in China in 2015: an updated analysis, J Glob
Health; 6(2): 020802

UNFPA, 2013, L’État de la population mondiale 2013. La mère-enfant : face aux défis de la grossesse
chez l’adolescente, UNFPA, New York.

UNICEF, 2008, La situation des enfants dans le monde 2009 : la santé maternelle et néonatale, UNICEF,
New York.

WHO, UNICEF, UNFPA, World Bank, United Nations, Department of Economic and Social Affairs, et al.
Trends in maternal mortality, 1990 to 2013: estimates by WHO, UNICEF, UNFPA, The World Bank
estimates, and the United Nations Population Division [Internet]. 2014 [consulté le 15 juillet 2020].
Disponible sur: http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/112682/2/9789241507226_eng.pdf?ua=1

Ymba M., 2013, Accès et recours aux soins de santé modernes en milieu urbain : le cas de la ville
d’Abidjan – Côte d’Ivoire. Thèse de doctorat, Université de Artois (France).

a) Théorie du Health Belief Model (HBM)

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 15


Le Health Belief Model a été développé dans les années 1950 par les psychologues
sociaux du U.S. Public Health Service et reste l’une des théories les plus connues et les plus
utilisées dans la recherche sur les comportements de santé. C’est un modèle psychologique
qui essaye d’expliquer et de prévoir des comportements de santé en se concentrant sur les
attitudes et les croyances des individus. Cette approche, postule qu’un individu adopte un
comportement de prévention ou observe un comportement de soin s’il est conscient de la
gravité du problème, s’il se sent concerné, si le comportement à adopter présente pour lui plus
d’avantages que d’inconvénients et s’il croit qu’il est capable de le réaliser. Un individu a plus
la probabilité d’adopter un nouveau comportement de prévention s’il se croit capable de
réaliser le comportement souhaité. Selon le modèle des croyances relatives à la santé,
l’adoption du comportement est fonction de trois éléments à savoir la perception de la
menace, la perception des bénéfices liés au comportement et l’efficacité personnelle. Les
variables principales du HBM sont présentées comme suit (Rosenstock, Strecher et Becker,
1994) :

- La menace perçue se compose de deux parties : susceptibilité perçue et sévérité


perçue d’un état de santé ;

- La susceptibilité perçue se réfère à la perception subjective au risque de


contracter la maladie ;

- La sévérité perçue renvoi aux sentiments au sujet du sérieux de contracter une


maladie ou de la laisser non traitée (évaluations y compris des conséquences
médicales et cliniques et des conséquences sociales possibles) ;

- Les avantages perçus soulignent l’efficacité crue (perçue) des stratégies conçues
pour réduire la menace de la maladie ;

- Les barrières perçues rendent compte des conséquences négatives potentielles


qui peuvent résulter de l’adoption des mesures préventives (particulières) de santé,
y compris l’examen médical, psychologique et les dépenses financières ;

- La sélection à l’action regroupe les évènements corporels (par exemple,


symptômes physiques d’un état de santé) ou ambiants (par exemples, publicités
des médias) qui motivent des personnes à agir (pour agir). Les sélections aux
actions sont un aspect du HBM qui n’a pas été systématiquement étudié ;

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 16


- Les autres variables sont les variables démographiques, psychosociologiques et
structurales diverses qui affectent les perceptions d’un individu et de ce fait
influencent indirectement le comportement relatif à la santé ;

- L’auto-efficacité rend compte de la croyance pour l’individu de pouvoir exécuter


avec succès le comportement requis pour produire les résultats désirés (Bandura,
1977).

Le HBM était l’un des premiers modèles qui ont adapté la théorie des sciences
comportementales aux problèmes de santé, et reste l’un des cadres conceptuels les plus
largement identifié du comportement de santé. La préoccupation principale de ce modèle était
d’augmenter l’utilisation des services préventifs.

Le HBM a le mérite de mettre en avant l’interaction entre l’homme et le problème de


santé à partir d’un modèle de croyance relative à la santé. Mais, la limite fondamentale qui se
dégage est que les facteurs autres que la croyance de santé, influencent également et fortement
des pratiques en matière de comportement de santé. Ces facteurs peuvent inclure les
influences spéciales, les facteurs culturels, le statut socio-économique et les expériences
antérieures. C’est ainsi que nous trouvons nécessaire d’explorer une autre théorie comme celle
du comportement planifié, dont l’accent est mis sur la rationalité de l’individu vis-à-vis du
problème de santé.

a) Les formes de l’influence sociale

Il existe deux situations dans lesquelles intervient une modification du


comportement qui résulte des pressions spécifiques :

a.1) la conformité

La conformité peut être définie comme la modification des croyances ou des


comportements par laquelle un individu répond à divers types de pressions
d’un groupe, en cherchant à se mettre en accord avec les normes ambiantes par
l’adoption des comportements approuvés socialement.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 17


Le processus de la conformité a été connu notamment par les travaux de Asch
(1951). A partir d’une expérience sur la perception visuelle, il a cherché à
étudier l’indépendance du jugement de l’individu face aux pressions sociales. Il
ressort des résultats que le quart des sujets de son expérience adopte les
mêmes réponses que les compères, c’est-à-dire se conforme au groupe, plutôt que
d’exprimer son jugement personnel, à partir de sa propre perception.

a.2) les théories de la conformité

A la suite des travaux de Asch, quelques recherches ont tenté de savoir pourquoi le
gens se conformaient. Il est ressorti deux orientations: selon que la conformité est
analysée comme une caractéristique individuelle (ex: Crutchfield ,en 1955 a
défini le conformiste comme un individu inintelligent et inadapté),ou d’après son
expression au sein d’un groupe (ex : Asch , en 1952 a défini la conformité en
montrant que les individus se servaient d’informations provenant du comportement
et des croyances d’un groupe pour déterminer leurs propres attitudes.

a.3) Les déterminants de la conformité


Les recherches de Worchel et Cooper,1976, ont établi que plus un individu se sent
compétent pour accomplir une tâche, moins il aura le désir de se conformer au groupe.
Asch (1951) a étudié l’influence de la taille du groupe sur la variation du niveau de
conformité. Il a observé que la conformité augmentait suivant la taille du groupe,
jusqu’à ce que celui-ci se compose de quatre personnes ; au-delà, le poids de la conformité
diminue.

Pour d’autres auteurs (Latane et Wolf, 1981) la conformité s’accroît à mesure que
la taille du groupe augmente, mais ledegré de conformité des individus est
fonction du moment à partir duquel ils arrivent dans le groupe.

Les recherches sur lescaractéristiques de la situation consistent à cerner dans quelles


situations les individus se conforment le plus ou le moins. Blake, Helson et Mouton
(1957) ont montré que la conformité était plus importante lorsqu’une tâche était
difficile et ambiguë que lorsqu’elle était simple à réaliser.

a.4) Interprétation de la conformité

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 18


La conformité est le résultat d’un besoin de repérage chez l’individu, car il s’efforce
d’être en harmonie avec les autres comportements et croyances auxquels il est confronté. On
peut en conclure que moins une personne a confiance en elle, plus elle est susceptible de
subir les pressions en direction de la conformité.
De manière plus générale, on peut expliquer la conformité par l’idée de
dépendance. Lorsqu’un groupe est confronté à l’évaluation d’une situation, il
élabore un système de réponses qui assure la réduction de l’anxiété et sa propre
cohésion. En 1976, Personnaz s’est demandé si, dans une situation de conformité, le
consensus correspondait effectivement à l’acceptation de la norme majoritaire et a
conclu que la dépendance ne crée pas une véritable influence et que la conformité
reste une modification momentanée : le sujet conserve son identité, mais elle est
temporairement clandestine.

2.2 LA SOUMISSION

Les recherches distinguent deux types de soumissions, comme


aspects de l’influence sociale :

2.2.1 LA SOUMISSION
LIBREMENT CONSENTIE

Il s’agit d’un type d’influence qui consiste à


amener quelqu’un à se comporter de façon
différente qu’à son habitude, en le manipulant de telle
sorte qu’il a le sentiment de faire librement ce
qu’on lui demande. La soumission consentie est
obtenue à travers deux stratégies :

* La stratégie d’influence du pied dans la porte :


ce procédé consiste à amener quelqu’un, à

travers un première demande anodine, à faire ce


qu’on attend réellement de lui.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 19


* La stratégie de la faveur déguisée (ou de
l’amorçage) : elle consiste à amener quelqu’un
à s’engager sur une proposition qu’on lui fait,
mais sans qu’il connaisse le coût réel de son
accord.

2.2.2 LA SOUMISSION A L’
AUTORITE

C’est la modification du comportement à


travers laquelle un individu répond par la
soumission à un ordre qui lui vient d’un pouvoir
légitime : travaux de Milgram (1965-‐1974).
Milgram essaie d’expliquer l’obéissance par plusieurs
facteurs : les conditions de la socialisation,
les facteurs de changement de l’obéissance et la
faiblesse de la résistance humaine.

Dans les deux formes d’influence sociale que


nous venons de voir, les individus sont placés
dans des situations où ils modifient leurs
comportements et se soumettent à des ordres.
Dans la conformité, c’est la pression du groupe
qui s’exerce ; dans l’obéissance, c’est l’ordre
d’une autorité.

3. L’ IMPACT DE L’ INFLUENCE SOCIALE

Quels sont les effets généraux du processus


d’influence ? Une pression, une influence conduit--
elle forcément à la conformité ? Une influence
n’a pas un effet automatique : elle peut aussi
produire de la non-‐conformité, de la déviance par

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 20


rapport aux normes ou le rejet de celles-‐ci.

3.1 RESISTANCE , ANOMIE,


DEVIANCE

3.1.1 LA RESISTANCE
INDIVIDUELLE : LA REACTANCE

Dans une situation où des individus se sentent


menacés dans leur indépendance, ils réagissent par
un comportement appelé « réactance ».

Wicklund et Brehm, en 1976, ont montré que


dans certains cas, les individus peuvent résister
à la pression sociale exercée sur eux, car
elle déclenche des motivations en sens inverse de
l’effet recherché.

D’autres études (Brehm et Mann, 1975) ont


montré que la probabilité d’un comportement de
réactance était liée à plusieurs facteurs : elle
augmente d’autant plus que le sentiment de
liberté diminue. La conformité diminue lorsque le
besoin de se distinguer ou de s’affirmer
augmente.

3.1.2 L’ ANOMIE SOCIALE Durkeim,


en 1960 constate une perte d’impact, de puissance,
d’efficacité, des règles sociales qui guident les
conduites. Il y a ainsi anomie, lorsque la
conduite des individus n’est plus régie par des
normes claires.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 21


3.1.3 LA DEVIANCE

Elle peut être définie comme un type de


conduite qui place les individus en dehors d’un
système social de règles établies, où leur
comportement ne paraît plus régi par elles.

3.1.4 LA THEORIE DE L’
IMPACT SOCIAL

Cette théorie peut être comparée à une étude de


Asch (1951) portant sur la manière de
réduire le conformisme.

3.3 L’ INFLUENCE DES MINORITES

Des recherches ont étudié les phénomènes


minoritaires comme source d’influence sociale, et
non plus seulement comme pure cible de la
majorité.

3.2.1 LES EXPERIENCES DE


FAUCHEUX ET MOSCOVICI

Cette expérience a montré qu’il existe des


stratégies d’influence et que certains types de
comportements sont plus efficaces que d’autres pour
produire un impact de l’influence minoritaire.

3.2.2 L ’EXPERIENCE
DE MOSCOVICI, LAGE ET NAFFRECHOUX

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 22


Cette expérience met en évidence l’existence d’une
influence dont le sujet n’est pas conscient et qui
porte sur son code perceptif. Elle permet de
distinguer le processus de l’influence minoritaire de
celui de la conformité.

3.2.3 L INFLUENCE
DE LA MINORITE SUR LA MAJORITE

D’autres travaux (Nemeth et Wachtler, 1973)


montrent qu’une position soutenue par une minorité
peut influencer le comportement de la majorité
et lui faire modifier son système de réponse,
en le rapprochant du sien.

3.3.1 LE « STYLE COMPORTEMENTAL


»

En 1976, Moscovici a mis en évidence « le style comportemental » du minoritaire. Il


s’agit d’un type de comportement qui se caractérise par la capacité à
gérer le conflit émergeant entre la majorité et le
minoritaire ; il se traduit par des prises de
position qui cherchent à influencer la majorité tout en
résistant à ses pressions.

Le programme de chèque Santé appliqué dans les régions du


septentrion camerounais. Entre vision globale et logiques
locales
Gérard Amougou et Victorine Oyane
Résumé | Index | Plan | Texte | Notes | Citation | Auteurs

RÉSUMÉS

FRANÇAISENGLISH
Cet article retrace le processus de mise en œuvre du Chèque santé dans le septentrion
camerounais en réexaminant le rôle des acteurs nationaux et supranationaux impliqués, ainsi que
les effets induits de leurs interventions respectives. Il s’agit de déceler les tensions naissantes
entre les pratiques des acteurs administratifs-nationaux et les logiques d’action des représentants
des bailleurs de fonds, mais aussi des ONG impliquées, mais aussi de cerner les perceptions que
les population-cibles se font du programme. Il appert que des chiffres globaux encourageants

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 23


présentés par l’opérateur national semblent camoufler des disparités au détriment des zones
rurales et reculées, de même qu’ils ne permettent pas d’apprécier les modalités réelles
d’acquisition des chèques santés et les conditions d’accueil ou de prise en charge des femmes. Mais
en recherchant à évaluer le degré d’adéquation existant entre la mise en œuvre du chèque santé et
la stratégie sectorielle de santé (2016-2027) du Cameroun, la contribution interroge la place de
l’État dans la configuration d’une action publique globalisée.
Haut de page

ENTRÉES D’INDEX

Mots-clés :
Chèque santé – Extrême-Nord – Mortalité maternelle et néonatale – Disparités – Jeux d’acteurs.
Keywords:
Health check - Far North - Maternal and neonatal mortality - Disparities – Actors game.
Haut de page

PLAN

Contexte de mise en place du Chèque Santé dans le septentrion camerounais


Disparités Régionales en termes de pauvreté, accouchements à domicile
Rôle affiché des acteurs impliqués
Une réussite opérationnelle en trompe l’œil
Une pluralité d’acteurs aux visées opposées
En guise de conclusion…

Haut de page

TEXTE INTÉGRAL
PDF
Signaler ce document
1 Emmanuel Onana, Contribution du Projet Chèque Santé à la fréquentation des femmes enceintes dans le (...)

2 Voir Institut national de statistique et al., Enquête démographique et de santé et à indicateurs mu (...)

3 Voir Contrat CIDR/CARE/MINSANTE/AFD/KFW, p. 23.

4 Crée en 1961, le Centre international de développement et de recherche (CIDR) est une Ong française (...)

5 Si cinq districts de santé pilote (dont le district de Maroua 2) devant servir de référents d’expér (...)

1Considéré par les autorités dirigeantes comme une amorce de la Couverture sanitaire universelle
(CSU), le chèque santé encore appelé « bon d’achat » est un mécanisme de prépaiement visant la
réduction de la mortalité néonatale et maternelle à travers l’amélioration de la prise en charge de
la femme enceinte. Le mécanisme opère par la mise en place d’un système de prépaiement
permettant le suivi intégral de la grossesse, un accouchement sécurisé et un suivi postnatal allant
jusqu’à 42 jours après l’accouchement. « La femme enceinte détentrice du chèque santé qu’elle
paie à 6 000 FCFA est prise en charge gratuitement pour tous les soins prévus par le chèque dans
les formations sanitaires accréditées et conventionnées par le projet chèque santé »1. Initié par le
gouvernement camerounais et financé par l’Agence française de développement (AFD) et la banque
allemande de développement, Entwicklungsbank (KfW), la finalité du programme est de réduire la
mortalité maternelle et néonatale – passée de 430 décès pour 100.000 naissances vivantes en
1998 à 782 en 2011 2, alors que l’objectif du millénaire de 2015 visait une réduction à 350 décès
maternels. Lancé en mai 2015 en vue de couvrir les trois régions du septentrion camerounais pour
un départ, son objectif est de « Renforcer l’accessibilité aux soins obstétricaux et néonataux grâce
à un appui au financement de la demande de soins par un subventionnement des prestations de
soins » en donnant droit « à un ensemble de prestations liées à la santé maternelle et néonatale
délivrée par des centres de santé et des hôpitaux accrédités »3. La mise en œuvre du système

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 24


Chèque Santé s’opère sous la responsabilité juridique du ministre des marchés publics (MINMAP) et
sous la maitrise d’ouvrage du ministère de la santé (Minsanté). Il est exécuté par un opérateur
national (ON), le groupement composé des Ong française CIDR (Centre International de
Développement et de Recherche4) et camerounaise Care. Mais alors que le nombre
d’accouchements assistés aurait considérablement augmenté selon les propos du médecin-conseil
en service à l’antenne régionale de l’Extrême-Nord 5, une enquête exploratoire effectuée auprès de
certains acteurs nationaux et étrangers impliqués dans le projet laisse percevoir quatre principales
difficultés qui impacteraient sur l’opérationnalité du programme : la persistance des
résistances culturelles (recours aux accoucheuses traditionnelles par exemple), les lenteurs
administratives, l’incapacité des formations sanitaires à proposer un plateau technique requis, et la
difficile conciliation des stratégies mises en place par les différents acteurs.

2Cet article envisage de retracer le processus de mise en œuvre du Chèque santé en réexaminant
le rôle des acteurs nationaux et supranationaux impliqués, ainsi que les effets induits de leurs
interventions respectives. Ce faisant, il s’agit de déceler les hiatus naissant entre les pratiques des
acteurs administratifs-nationaux et les logiques d’action des représentants des bailleurs de fonds,
mais aussi des ONG impliquées. En recherchant globalement à évaluer le degré d’adéquation
existant entre la mise en œuvre du chèque santé et la stratégie sectorielle de santé (2016-2027)
du Cameroun, ce travail souhaite problématiser la place de l’État dans la configuration d’une action
publique globalisée. La recherche est menée sous la base des sources documentaires (journaux,
documents officiels), d’entretiens avec les acteurs nationaux et étrangers impliqués dans la mise
en œuvre du programme. Si l’entretien compréhensif est choisi comme principale technique de
recueil des données en vue de susciter une proximité avec l’enquêté, la base du travail repose
principalement sur des documents de travail officiels et administratifs, et sur des enquêtes
effectuées auprès de personnes ressources des centres de santé agréés par le programme. Après
avoir présenté le contexte de mise en place du Chèque Santé dans le septentrion camerounais,
l’article montre comment le bilan officiel présenté camoufle une série de limites opérationnelles
dues aux apories propres à l’action publique au Cameroun et à la difficile convergence des
interventions des différents acteurs intervenants.

Contexte de mise en place du Chèque Santé


dans le septentrion camerounais
6 Le Plan National de Développement Sanitaire 2011-2015 est devenu l’outil de référence pour toute in (...)

7 Ensemble de consommables médicaux à usage unique, permettant de prendre en charge l’accouchement et (...)

8 Ensemble de consommables médicaux à usage unique, permettant de prendre en charge un accouchement p (...)

3Jusqu’au cours de la décennie 2000, la plupart des femmes enceintes ne vont pas en
consultations prénatales dans les formations sanitaires de la région de l’Extrême-Nord. Pour des
raisons socioéconomiques, culturelles ou géographiques, celles-ci préféraient passer par des
méthodes traditionnelles en prenant des risques d’accoucher dans des cases communautaires,
assistées par des accoucheuses traditionnelles dans la plupart des cas. Depuis 2006, le
gouvernement camerounais, dans sa démarche exécutive de l’approche sectorielle SWAP 6 est
soumis à des exercices de coordination, de suivi et évaluation conjointes dans des sous-
programmes spécifiques. Ces exercices conjoints se déroulent avec le concours des bailleurs tels
que la France, l’Allemagne et la banque mondiale, qui jouent un rôle de premier plan dans le choix
des sous-programmes. Avant le chèque santé, le ministère de la santé publique aura à son actif
mis en œuvre de multiples stratégies dans sa démarche de lutte contre la mortalité maternelle et
infantile. Plusieurs programmes et projets ont ainsi été expérimentés sans parvenir à atteindre les
objectifs escomptés d’amélioration des conditions de santé et d’accouchement des femmes
enceintes. Il s’agit du kit obstétrical qui fait partie des intrants du chèque santé (expérimenté dans
les Régions du septentrion, le Centre, le Sud et l’Ouest), des formations de soins obstétricaux et
néonataux d’urgence (SONEU) et de soins obstétricaux et néonataux d’urgence complets (SONUC),
de la gestion active de la troisième phase de l’accouchement (GATPA), de la consultation prénatale
(CPN) recentrée. La limite du système des kits obstétricaux par exemple – constitués de kits
accouchement7 et de kits césariennes8 - se situe dans son champ d’action circonscrit au moment
de l’accouchement.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 25


9 Centre international de développement et de recherche, Lancement et gestion du chèque santé au Came (...)

4Le projet chèque santé intervient ainsi dans un environnement où les déterminants financiers
d’accès aux soins restaient disproportionnellement élevés au regard du niveau de vie des
populations, à l’instar des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONEU). A titre indicatif, il
fallait débourser 15 260 francs CFA pour un accouchement normal, 32 813 pour une épisiotomie,
tandis que les frais des interventions chirurgicales dans l’Adamaoua s’élevaient à 30 000F CFA, soit
« 3 fois le revenu mensuel moyen du premier quintile de pauvreté 9 ». Le programme de chèque
santé, dans ce sillage, apparaît comme une version améliorée et performante des kits obstétricaux
en se proposant d’améliorer l’accompagnement de la femme pendant la grossesse sur une période
de 9 mois, et qui se poursuit jusqu’à 42 jours après l’accouchement. Comme l’affirme ce médecin
affecté en 2015 au ministère de la santé,

Ce que je sais du chèque santé est que c’est grandement financé par la banque mondiale, c’est comme
un partenariat en vue d’atteindre les objectifs millénaires pour le développement, maintenant on va dire
pour les ODD, les objectifs pour le développement durable. Donc la banque mondiale soutient l’État du
Cameroun, sous forme de prêt. L’État supporte donc cela indirectement, tout ça dans le but d’améliorer
les indicateurs de la santé. Parce que la mortalité infanto-jumelée maternelle sont des mortalités où il
faut infléchir la courbe parce que c’est des indicateurs directs de l’état de santé. Et c’est même une
priorité du gouvernement, la santé de la mère et des enfants (Entretien, Yaoundé, le 28 novembre
2018).

10 Voir Institut national de statistique et al., Enquête démographique et de santé et à indicateurs mu (...)

5La finalité du programme est de réduire la mortalité maternelle et néonatale – passée de 430
décès pour 100.000 naissances vivantes en 1998 à 782 en 2011 10, alors que, l’objectif du
millénaire de 2015 visait une réduction à 350 décès maternels. Dans l’optique d’améliorer les
indicateurs de santé maternels et infantiles restés très bas de manière constante durant plus de
deux décennies, les pouvoirs publics camerounais et les partenaires internationaux vont mettre en
place le programme conjoint Minsanté/AFD/KfW (PC) dédié à la lutte contre la mortalité maternelle
et infantile. Alors que son échéance est fixée au départ en mai 2018, ce programme conjoint (PC)
s’est fixé pour but d’assurer la gestion du chèque santé, la réhabilitation et l’équipement des
formations sanitaires. Comme l’indique le tableau ci-dessous, le choix de la zone d’inauguration du
chèque santé est guidé par les disparités régionales en termes de pauvreté et d’accouchement à
domicile.

Disparités Régionales en termes de pauvreté,


accouchements à domicile11
11 Dr Baye, source EDS 2011, 2012

Région Score % populations Mortalité Accouchement Pas e soins


pauvres selon EDS néonatale a domicile postnatals mère

Extrême Nord 28 79,7 38 75,6 79,3

Nord 26 67,1 35 68,5 83,6

Est 21 47,4 23 52,4 62,9

Adamaoua 20 39,6 41 53,7 50,5

Centre (sans 19 30,4 33 27,1 60,7


Yaoundé)

Sud 18 31,1 23 21,8 59,3

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 26


Littoral (sans 14 15,1 34 6,8 41,1
douala)

Ouest 13 31,1 16 5,6 43,1

Yaoundé 11 0 33 6,6 41,1

Nord-ouest 9 42,7 26 4,7 48,2

Sud- ouest 9 20,6 44 17,5 38,4

Douala 7 0 34 1,4 26,2


12 Il s’agit de la présentation du Dr. Martina L. BAYE, Secrétaire Générale en charge du Programme Nat (...)

Tableau des disparités régionales en termes de pauvreté, accouchements à domicile 12

13 Voir Emmanuel Onana, Contribution du Projet Chèque Santé…, p. 20.

14 Au départ, le marché N° 000524/M/PR/MINMAP/DGMAS/DMSPI/2013 confié au groupement CIDR/Care devait p (...)

15 Centre international de développement de la recherche (CIDR), Lancement et gestion du chèque santé (...)

6En réponse à l’un des objectifs du PC, le gouvernement du Cameroun et ses partenaires
techniques et financiers ont en 2014 réuni un montant de 37,7 milliards FCFA provenant des fonds
du contrat de désendettement et de développement (C2D) Santé deuxième tranche (Convention
CCM 6016 01L signée le 21 mai 2009 sur financement C2D santé d’un montant de € 35 millions /
FCFA 23 milliards) et des fonds de la coopération allemande KfW (Convention séparée signée le 20
novembre 2009 d’un montant de € 22,5 millions / FCFA 14,700 milliards) 13. Le programme chèque
santé démarre réellement en juin 2015, mais la mise en place du projet dans le septentrion
camerounais, pour une périodicité de 42 mois, est officiellement lancée le 5 mai 2014 par le
groupement CIDR/Care. Le Centre International de Recherche et de Développement (CIDR) est en
effet l’opérateur national en charge de l’opérationnalisation du chèque santé au Cameroun 14. Au
moment du démarrage du projet, les données du système national d’information semblent indiquer
qu’entre 2011 et 2015, « le nombre d’accouchements dans les formations sanitaires d’intervention
comme de contrôle est resté pratiquement stationnaire 15». La vétusté des formations sanitaires au
démarrage du projet va nécessiter la réhabilitation de trois dans l’Extrême-Nord, deux à Garoua,
trois dans le district de Meiganga et deux à N’Gaoundéré. Les centres de santé intégrés (CSI) et
centres médicalisés d’arrondissement (CMA) ruraux concentrant la majorité de la population
présentaient un déficit criant en personnel de santé. A titre indicatif, l’Extrême-Nord apparaît
comme la région la moins dotée avec un total de 556 formations sanitaires et 218 infirmiers
diplômés d’État.

16 L’opérateur national a reçu de la partie subvention un montant de 135.050.500 FCFA, correspondant à (...)

7La nécessité d’améliorer la qualité auprès des formations sanitaires aura ainsi conduit à un mode
forfaitaire de financement contractuel inclus dans le marché de l’opérateur et un financement par
subvention du chèque santé, versé par les PTF en fonction des chèques vendus 16. Le mode de
financement par contrat, mise en place sur une durée de 50 mois, a été estimé à 5 915 570 290
FCFA. La partie forfaitaire de ce financement couvre le fonctionnement et la rémunération du
personnel de l’opérateur national, tandis que l’autre partie, remboursable, est dédiée aux activités
de déploiement du chèque santé menées par le groupement CIDR/Care (communication,
formation, suivi-évaluation, etc.). Les fonds reçus des différents comptes d’opération, bien que
gérés conjointement par l’opérateur national, le maître d’ouvrage et l’organisme payeur de l’État,
transitent par le compte CAA-CIDR. Le total des fonds de subvention reçu du maître d’ouvrage
s’élève à 2 516 521 484 FCFA (1 036 842 286 FCFA serait encore non versé), tandis que la
subvention reçue dans les comptes des antennes est de 2 217 844 497 FCFA (p. 44).

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 27


17 Il couvre ainsi une variété de prestations qui vont des consultations prénatales aux consultations (...)

8Tout en visant la réduction des barrières financières et la mortalité maternelle et néonatale, le


programme de chèque santé finance des prestations médicales et non médicales à travers un
mécanisme cofinancé par le C2D, la KFW et les recettes découlant des ventes du Chèque Santé. Ce
mécanisme de prépaiement envisage prévenir les risques de complication en les mutualisant à
travers la technique de tiers payant. Mécanisme de prépaiement et de prise en charge totale d’une
série de 42 prestations allant de la période prénatale jusqu’à 42 jours après l’accouchement, le
chèque santé subventionne des prestations de soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONEU)
programmées17. Le programme est en même temps un mécanisme de mutualisation du risque lié
aux complications de la grossesse, à l’accouchement et aux pathologies susceptibles d’affecter la
santé du nourrisson. Si les ventes sont uniquement autorisées dans des soins obstétricaux et
néonataux d’urgence de base (SONUB) conventionnées, quelques dérogations exceptionnelles
auraient été accordées à des hôpitaux régionaux n’ayant pas de chèque santé dans leurs aires de
santé.

18 Entendue consultation prénatale.

19 Unité de coordination.

20 Centre de santé.

21 Centre international de développement et de recherche, Lancement du Chèque santé…, p. 24.

Un reçu est délivré à la bénéficiaire qui reçoit un chèque sous forme de support cartonné comprenant 6
coupons (plus la souche). Sur chacun figure son nom et le N° du coupon. Le chèque est activé après
contrôle par un stylo aux rayons ultraviolets par le prestataire de soins lorsque la femme utilise son
chèque pour la première fois. Il est valable pour une durée de 312 jours au cas où la première CPN 18 se
passe en début de grossesse. Le suivi et le contrôle des stocks de chèque sont effectués par les Antennes
régionales ; celles-ci est en mesure de connaître la localisation de chaque chèque depuis la réception des
stocks de l’imprimeur par l’UC19 CS20, jusqu’à la FOSA21.

9Le programme oscille principalement autour de deux volets que sont l’accréditation des
formations sanitaires et la communication ou sensibilisation au sein des communautés. Le premier
volet nécessite, entre autres, un personnel et des infrastructures qualifiées et régulièrement
évalués, la disponibilité des kits obstétricaux, les médicaments et un service de transport. Le
second volet est axé sur la mobilisation des matrones et populations à travers l’utilisation des
référents communautaires et des pots publicitaires. Pour mener à bien le programme, la partition
d’une pluralité d’acteurs a été requise.

Rôle affiché des acteurs impliqués


22 Voir Jean-Pierre Olivier de Sardan, Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du (...)

23 Classification inspirée du Programme national multisectoriel de lutte contre la mortalité maternell (...)

10Les acteurs stratégiques et les acteurs opérationnels locaux constituent les deux principaux
groupes stratégiques22 en charge de la mise en œuvre du programme chèque santé 23. Les
premiers sont le maître d’ouvrage qu’est le ministère de la santé, le maître d’œuvre constitué du
groupement CIDR/Care Cameroun et les bailleurs que sont l’Agence française de développement
(AFD) qui opère via le mécanisme C2D et la KfW. Pour rendre aisé la coordination des différentes
tâches, une unité de coordination du programme conjoint a été créée, associant des experts
nationaux et internationaux qui appuient le Minsanté. Le maître d’ouvrage demeure théoriquement
au centre de la coordination à travers la direction de la coopération qui capte les différentes
ressources matérielles et financières avant d’orienter certaines vers la direction de la santé
familiale qui, sur le terrain, a la charge de gérer la santé de la mère et de l’enfant. A côté du
chèque santé, l’unité de coordination du programme confie d’autres charges aux fonds régionaux,
parmi lesquelles le chèque médicament, l’aide à l’équipement, l’aide à la structuration interne.
Cette aide à la structuration s’étend aux directions régionales qui apprennent ainsi à faire des plans

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 28


de travail, des supervisions intégrées. Enfin, l’unité de coordination s’intéresse aussi à la
réhabilitation des hôpitaux dans quatre régions les plus défavorisées du Cameroun.

24 Son objectif général est de contribuer à l’amélioration de l’état de santé des populations. Il a po (...)

11Le programme C2D24 est le support de l’annulation de la dette bilatérale octroyée de manière
additionnelle par la France dans le prolongement de l’initiative pays pauvres et très endettés
(Ippte). Cet ultime effort de résorption de la dette s’inscrit dans une perspective d’équité et de
responsabilité ayant pour but de rendre la dette du Cameroun plus soutenable. L’accord-cadre du
04 Juillet 2006 entre le gouvernement camerounais et l’AFD a déterminé les principes d’affectation
de la subvention et des modalités de versement des fonds en faveur de différents programmes de
lutte contre la pauvreté. Signé en Juin 2007, le C2D santé a été fixé à un montant de près de 59
milliards de franc CFA. Pour des raisons d’efficacité, il a été convenu avec la partie française de
scinder le C2D santé en deux volets : le C2D 1ère tranche – convention d’affectation CCM 1158 01
N, d’un montant de 36 milliards FCFA, couvre 4 composantes – et le C2D 2 ème tranche – 23
milliards FCFA, combiné au financement de la coopération financière allemande (KfW) pour
constituer le Programme Conjoint AFD/KfW, mise en œuvre depuis 2011. A travers le programme
conjoint (PC), l’AFD et la KfW appuient le renforcement de l’offre de soins et la coordination au
niveau des délégations régionales de santé publique, ainsi qu’une politique de subvention des
prestations pour les femmes enceintes et les enfants de moins d’un an. Pour compléter le tableau
des partenaires techniques et financiers, la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)
appuie techniquement d’une part la stratégie de renforcement et d’extension des FRPS, d’autre
part, le domaine de la maintenance dans le niveau central, de la mise en place des mutuelles de
santé et, du renforcement des capacités

25 Bruno Galland, Lancement du chèque santé au Cameroun : document de programmation opérationnelle, Ce (...)

12Le groupement CIDR/Care est habilité par contrat avec le gouvernement du Cameroun à gérer
les fonds dédiés au système chèque santé pendant la durée du projet. Cette charge opérationnelle
et transitoire s’exerce principalement à travers les antennes régionales du projet. L’objectif étant à
terme de passer le relais au fonds régional pour la promotion de la santé (FRPS, à créer), dans des
régions concernées. Ainsi dès son lancement, la question se posait déjà quant à la nature et la
composition d’une structure nationale pérenne à la fin du projet, à même de prendre le relai après
le départ du groupement CIDR-Care25. Dès le démarrage du projet, la mise en place d’un système
de suivi évaluation a été intégralement prise en charge par l’opérateur CIDR/Care.

26 Centre international de développement et de recherche, Lancement et gestion…, p. 39.

13Sur le terrain, trois catégories de missions d’appui sont mandatées par le groupement
CIDR/Care. D’abord les missions de backstopping constituées en deux volets. Le volet institutionnel
regroupe les missions effectuées par les personnes ressources du CIDR (DG, DAF du siège et
directeur régional). Il se concentre sur les aspects stratégiques et organisationnels, et sur la
préservation du dialogue institutionnel avec les PTF et le maître d’ouvrage.
Le Backstopping technique est mené conjointement par le conseiller technique régional du CIDR,
M. Galland, un consultant économiste de la santé nommé Alain Letourmy et par l’ONG Care. Ses
missions, axées sur les aspects stratégiques et opérationnels du projet, auraient facilité l’état
d’avancement en permettent d’opérer des ajustements nécessaires. Les missions d’appui conseil et
les missions d’expertises spécifiques complètent le tableau des prérogatives du groupement
CIDR/Care. Organisées principalement dans la phase préparation-action projet, ces dernières par
exemple auraient « permis aux groupes thématiques mis en place par le maître d’ouvrage de
travailler techniquement sur les composantes du chèque santé »26. Ayant trait au renforcement
des capacités du personnel soignant, six groupes thématiques en charge de la conception
technique, juridique et financière du chèque santé seront constitués de personnes ressources du
Minsanté, appuyées le cas échéant par un consultant du CIDR.

27 Voir centre international de développement et de recherche, document de programmation opérationnel (...)

14Bien que non encore opérationnels, les fonds régionaux de Promotion de la Santé (FRPS) sont
appelés à jouer un rôle stratégique dans la pérennisation du programme chèque santé au
Cameroun. Afin que le transfert du projet chèque santé au FRPS à l’échéance soit effectué,
certaines mesures d’accompagnement ont été mises en œuvre 27 pour une reprise effective de la

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 29


direction du projet dès l’atteinte de l’échéance du 31 décembre 2018. Cette question du transfert
des prérogatives au FRPS semble d’autant plus importante que son opérationnalisation
recommande une harmonisation des pratiques à l’échelle nationale. Or celui-ci laisse percevoir
quelques hésitations entre le transfert de la gestion du chèque santé à une ONG nationale ou, à
défaut, la prolongation du contrat du CIDR dans le cas où les conditions de réalisation d’un
transfert ne sont pas réunies. Un accent est ainsi mis sur la maturation de l’édifice à céder aux
FRPS par le CIDR, mais aussi la capacité des fonds régionaux à gérer le programme chèque santé
de manière pérenne.

15La deuxième catégorie d’acteurs est celle des acteurs opérationnels locaux, constitués du
personnel de santé, des formations sanitaires, des référents communautaires et des agents de
santé, entre autres. Les formations sanitaires se trouvent au centre des activités de ces différents
acteurs. Officiellement, les prestataires du chèque santé sont des établissements des secteurs
publics et privé à but non lucratif. L’accréditation des maternités varie selon que les formations
sanitaires fournissent des activités chirurgicales ou non. Les formations sanitaires à l’accréditation
Soins obstétricaux et néonataux d’urgence de base (SONUB) assurent la prise en charge initiale
des femmes, tandis que la référence aux formations sanitaires d’accréditation Soins obstétricaux et
néonataux d’urgence de base (SONUC) n’intervient qu’en cas de complication. Le processus
d’accréditation évalue dans l’absolu la conformité des formations sanitaires avec des critères de
qualité prédéfinis. Dans une situation où le non-respect d’un critère impacte gravement la sécurité
des patients ou du personnel, ou encore que la dynamique d’amélioration de la qualité des soins
couverts par le chèque santé n’est pas maintenue, les responsables de l’accréditation peuvent
émettre des réserves jusqu’à la suspension de l’accréditation. Les formations sanitaires remplissant
ces conditions deviennent éligibles et se voient établir un plan d’amélioration de la qualité. Si le
processus d’accréditation est ponctué par des visites régulières, avec des objectifs de progrès
assignés à chaque formation, la possibilité d’une suspension d’accréditation demeure constante.

28 Voir centre international de développement et de recherche, document de programmation opérationnel (...)

29 Voir Centre international de développement et de recherche, Document de programmation opérationnell (...)

16Le personnel de santé, les référents communautaires et les agents de santé interviennent durant
l’achat du chèque santé jusqu’à son expiration. Un réseau de distributeurs 28, constitué de
personnels de santé et ou agents de santé, est agrée pour la distribution des chèques santés au
sein des formations sanitaires. Dans la communauté, la distribution est effectuée par les référents
communautaires à l’instar des chefs traditionnels, leaders associatifs, agents de mobilisation
sociale. Quant à la prise en charge des parturientes abonnées, elle s’étend à des prestations dites
« non-médicales29». Ces dernières consistent en un ensemble de services qui vont du transfert de
la femme en travail de son domicile à la formation sanitaire la plus proche, au transfert du centre
de santé intégré vers l’hôpital de district, vers l’hôpital régional, en passant par l’assistance d’une
matrone référente durant la grossesse, l’accouchement de la parturiente au chèque santé ou
encore le transfert gratuit vers l’hôpital district ou l’hôpital régional en cas de complications.

17L’action commune des acteurs stratégiques et opérationnelles locaux fonde ainsi la dynamique
opératoire de la mise en place du programme chèque santé dans le septentrion camerounais. Il
importe de scruter les différentes séquences de cette opérationnalisation du programme afin de
pouvoir mieux cerner les responsabilités des différents acteurs, ainsi que les effets induits de leurs
actions

Une réussite opérationnelle en trompe l’œil


30 Selon les promoteurs du projet, le taux d’adhésion résulte de la comparaison du nombre de chèque sa (...)

31 Centre international de développement et de recherche, Lancement…, p. 25, 27 et 28.

18Sur 81 formations sanitaires d’intervention, le fait que 65% se retrouvent en milieu urbain est
un indicateur de la marginalisation du milieu rural qui, pourtant, comptabilise la plus importante
population. Ce fait est d’autant plus surprenant que l’adhésion au chèque santé aura été, selon le
rapport du CIDR, de 69% en milieu rural contre 45% en zone urbaine 30. Alors que 92.181 chèques
santés auraient été vendu durant la période du 2 juin 2015 au 15 avril 2018, des données

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 30


compilées par le CIDR indiquent que 79% des prestations actives dans des FOSA sont utilisées en
moyenne par les détentrices du chèque santé. Au regard du nombre total d’accouchements
enregistrés dans les formations sanitaires d’intervention, la contribution du chèque santé aura été
de 69% en 2016, 75% en 2017 et de 68% en avril 2018. De même, une évolution similaire aurait
été observée au niveau des consultations prénatales qui seraient passées de 10% au début du
projet à 69% en mai 2018 31. Mais alors que l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord totalisent
respectivement un taux de vente de 90,105 et 58% par rapport aux objectifs initiaux – soit un taux
global de 83% -, certains acteurs impliqués dans l’opérationnalisation du programme semblent
relativiser l’hypothèse officielle de la réussite du programme chèque santé au Cameroun.

32 Fred Eboko, Repenser l’action publique en Afrique. Du Sida à l’analyse de la globalisation des poli (...)

19Au départ du projet, les indicateurs de suivi de l’attractivité du chèque santé et du suivi des
résultats du projet par utilisation des services aurait été proposé par l’opérateur national à l’issue
de la phase préparatoire. Comme mentionné plus haut, la phase de préparation initialement
programmée pour 6 mois (5 mai 2014 – 4 novembre 2014) a été prolongée par une phase
supplémentaire de 6 mois dédiée à l’opérationnalisation des conclusions de la phase de
préparation-action. Alors que cette phase de préparation initiale devait déboucher sur la validation
des résultats et la mise en œuvre immédiate du chèque santé dans les régions, des lourdeurs
administratives propres à l’action publique au Cameroun 32 auraient freiné la mise en place des
mesures entérinées durant l’atelier.

20Concrètement, la phase 1 destinée à la préparation de l’action s’étalera finalement sur un an,


compris entre le 5 mai 2014 et le 25 mai 2015. Elle a poursuivi trois objectifs dont le premier
concerne la mise en place des deux principales structures du projet que sont l’unité centrale CIDR
et les antennes régionales. L’on relève à ce niveau qu’alors que le CIDR est opérationnelle dès le
mois de juillet 2014, les antennes régionales ne seront réalisées qu’aux mois de mars 2015 dans
l’Adamaoua et mai 2015 au Nord et dans l’Extrême-Nord. Le deuxième objectif, lié à la conception
et définition des composantes chèque santé à travers des études d’orientation, couvre la période
octobre 2014 à mai 2015. Il concerne notamment le paquet de prestations, le coût, le prix et
support du chèque santé, mais aussi son outil (procédures d’achat de prestations et gestion), la
stratégie de marketing et de mobilisation communautaire, les types de contrats de prestations ou
de régulation à adopter, l’accréditation des formations sanitaires, la recherche action et le protocole
de recherche. Le troisième et dernier objectif de cette phase préalable à la mise en œuvre
opérationnelle est réalisé le 25 mai 2015 avec la signature de l’ordre de service de mise en œuvre
opérationnelle. Il concerne directement la finalisation des documents contractuels que sont le
manuel de procédure de chèque santé, les documents de programmation opérationnelle et
l’Avenant 1 sur les lignes budgétaires.

33 (CIDR, p. 15). Il convient de relever que si des activités telles que les séances de travail sur la (...)

34 Centre international de développement et de recherche, Lancement et gestion…, p. 23.

21A la suite des premiers résultats des enquêtes communautaires présentés durant les missions du
conseiller technique régional du CIDR (M. Galland) et des PTF en septembre 2014, le document
préparatoire à l’atelier de validation des propositions sera élaboré vers fin octobre 2014. Du 4 au 7
novembre 2014, l’atelier de validation se tiendra à Ebolowa (région du Sud) se solde par des
recommandations ciblées sur les différentes composantes du chèque santé qui ont amené
l’opérateur national à rédiger un document de programmation opérationnel et à finaliser le
document contractuel. L’opérationnalisation des recommandations de l’Atelier d’Ebolowa 1 aura
ainsi porté sur la validation du prix de vente du chèque santé, la validation des canaux de
distribution du chèque (vente par les formations sanitaires privilégiées), le cantonnement des
recettes de tiers payant dans un compte bancaire dédié, et l’adoption du montage institutionnel et
juridique « officialisant le mécanisme de tiers payant par une structure juridiquement indépendante
des services de santé »33. Si donc le prix de cession (ou vente) du chèque santé est de 6000 FCFA,
son coût normatif avait initialement été estimé à 60.000, avant d’être ré-estimé à 46.410 sur la
base des dépenses réelles réalisées entre le juin 2015 et le 15 avril 2016 34.

35 Voir Emmanuel Onana, op.cit., p. 11.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 31


22La deuxième phase, liée au lancement et à la mise en œuvre du chèque santé dans les trois
régions du septentrion camerounais, couvre la période allant du 2 juin 2015 au 4 mai 2018. Elle se
scinde en activités préparatoires au lancement et au démarrage effectif des ventes de chèques
santé après la cérémonie de lancement officiel du chèque santé par le ministre de la santé
publique, organisée le 2 juin 2015 à N’Gaoundéré et le lendemain à Garoua. Les activités
préparatoires au lancement du chèque santé se sont déroulées dans les régions de l’Adamaoua et
du Nord et ont été ponctuées par les premières campagnes de marketing. Les signatures des
conventions de régulation avec les trois antennes régionales de l’Adamaoua (1 er mars 2015), du
Nord (2 mai 2015) et de l’Extrême-Nord (8 juin 2015). Selon les données du CIDR (2017),
l’évolution des ventes du chèque santé dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-
Nord serait passé de plus de 6706 en octobre 2015 à 40227 en novembre 2016 35.

36 Centre international de développement et de recherche, Lancement…, p. 19 et 24.

23Le suivi et l’extension progressive du chèque santé s’opèrent, selon le rapport d’achèvement du
CIDR, à travers les activités réalisées par les antennes (marketing, gestion des prestations, appui-
conseil, contrôle médical et convention avec de nouvelles formations sanitaires), des formations
groupées des personnels de santé (renforcement des capacités des personnels de formations
sanitaires), des ateliers inter régionaux de mises en commun et de partages d’expériences des
personnels des antennes (état d’avancement, stratégies de marketing, plan d’amélioration-qualité,
système d’information de gestion), et près de 25 missions d’appui ou visites de supervision-
conseils. Au bout d’une année de vente des chèques, des ajustements imposés par les réalités de
terrain vont amener l’unité de coordination du projet à organiser un second atelier baptisé
« Ebolowa 2 » dans l’enceinte de l’hôpital centrale de Yaoundé, du 18 au 20 juillet 2016. A la suite
des recommandations faites au cours de cet atelier, une réunion du 2 septembre présidée par la
direction de l’organisation des soins et des technologies sanitaires (DOSTS), et dont le directeur est
chef du marché, va conduire à l’intégration des prestations relatives aux complications de la
grossesse, à la révision des tarifs, à la modification des modalités d’attribution des primes et à la
réduction des exigences en matière de dotation en personnel qualifié. Vers la fin du projet,
l’antenne régionale va se voir confier la responsabilité de payer directement les prestations
administratives et techniques conformes, tandis que seules les prestations SONUC parce que
supérieures à 18.000 FCFA, feront « l’objet d’un contrôle a posteriori par le contrôleur médical »36.

37 Le domaine de la santé maternelle et néonatale est en effet investi par une pluralité d’intervenant (...)

24La troisième phase, relative à la préparation et transfert de gestion du chèque santé au fonds
régional pour la promotion de la santé (FRPS, à créer), couvre toute l’année de 2018. Elle inclut
des activités réalisées au niveau de l’unité centrale chèque santé que sont l’appui à la
programmation opérationnelle (notamment les programmations régionales annuelles) et du suivi
des activités de l’unité de coordination, des budgets des antennes régionales tout en développant
des synergies avec d’autres intervenants dans le même domaine 37. Dans le sillage des activités de
l’unité centrale, il importe de mentionner également le développement par le groupement
CIRD/CARE d’une application pour la gestion du chèque santé, installé en juillet 2015 en vue de la
saisie des chèques santé vendus, d’un meilleur calcul de son coût moyen et de la réalisation de
tests de facturation en juin 2017 et juin 2018.

25La question du transfert de la gestion va se buter à l’absence des FRPS opérationnels dans
l’Extrême-Nord. A la suite de la demande officielle du ministre de la santé, adressée à l’opérateur
national, de transférer la gestion du chèque santé aux FRPS, le plan de transfert préparé va
connaître des lenteurs. Quelques mois avant l’expiration de la période d’action du groupement
CIDR-Care et le transfert du projet aux fonds régionaux de santé publique, les objectifs du
Minsanté en terme d’amélioration de la demande et de l’offre des soins semblent partiellement
atteints. Surtout, les autorités publiques et certains responsables du programme C2D semblent en
même temps satisfaits du programme chèque santé en inquiets quant aux conditions de sa
pérennisation.

38 Oyane Nsola, Responsable national chargé du suivi des programmes C2D, Voir le tri-hebdomadaire L’œi (...)

Je crois que dans le volet santé s’il y a un volet qui marche très bien c’est le volet cheque santé. Mais
malheureusement il coûte cher, il va falloir le remobiliser. Que l’État fasse un effort supplémentaire parce
que le programme C2D s’étend sur une période et puis après il va falloir que l’État mette sur pied un
processus de pérennisation dans cette opération 38.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 32


26Pour justifier les principales limites liées à la difficile opérationnalisation du projet chèque santé,
certains acteurs et enquêtés n’hésitent guère à pointer les résistances culturelles. Pour ceux-ci, les
barrières culturelles d’accessibilité aux formations sanitaires agréées influencent également le taux
de pénétration du programme chèque santé. Ce postulat est avancé par cette responsable
nationale chargée du suivi des programmes du C2D qui, interrogée sur le bilan dans la localité du
Mayo-Danay, déclare :

39 Voir section « en aparté » p. 8, dans le Trihebdomadaire régional L’œil du Sahel N°1049 du vendredi (...)

On a un commencement en toute chose, on a commencé certes dans les villes mais on va étendre le
processus au niveau des villages et des formations sanitaires reculées. L’autre problème c’est celui
de mentalités et d’éducation, vous voyez même dans les zones où il y a le chèque santé il y a des
femmes qui continuent à éviter le système et qui préfèrent aller accoucher au quartier. Donc il faut
éduquer et étendre le processus à toutes formations sanitaires 39.

40 Entretien, Yaoundé, 17 septembre 2018.

27Interrogés sur les raisons du faible impact du programme chèque santé dans la région du
septentrion, des avis opposés ont été recueillis auprès de certains médecins. Pour ce jeune
médecin spécialiste affecté à la direction de la promotion de la santé, ce bilan mitigé est due aux
mentalités locales : « Il faut changer les mentalités au fond. Pour certaines femmes, accoucher à
l’hôpital n’est pas une bonne chose. Il faut un changement de mentalité forte. C’est comme le cas
de choléra, toujours en train de manger ensemble avec les mains sales 40 ». Pour cet enquêté, des
études anthropologiques effectuées au préalable auraient permis d’anticiper sur les mœurs de ces
populations dont certaines continuent par exemple à croire que « le vaccin des enfants peut les
rendre stérile ». À l’opposé des enquêtés qui dénoncent les pratiques culturelles rétrogrades,
d’autres membres du personnel médical pensent que même si beaucoup d’accouchements se font
en communauté dans ces régions, les raisons réelles de la non optimisation du chèque santé sont à
rechercher ailleurs. Ceux-ci pointent la faible sensibilisation des communautés et l’absence de
motivation des prestataires de service qui se plaignent d’être dédommagés de manière tardive
après qu’ils aient pris en charge une femme détentrice du chèque santé. En même temps que
l’attitude de ceux-ci s’explique par le fait que « l’argent n’entre pas à l’hôpital » avec le chèque
santé, une autre critique importante porte en filigrane sur les fondements de l’action publique au
Cameroun.

41 Entretien avec une jeune docteure en médecine, affectée à la direction de la santé familiale, Yaoun (...)

C’est un problème d’équité, la prise en compte de l’équité dans l’élaboration des politiques publiques.
Comment on va toucher la personne la plus vulnérable ? La façon dont ça a été mis, est-ce qu’on a pris
en compte l’équité dans ces projets-là ? L’équité géographique, l’équité économique et l’équité social ?
Les zones rurales sont moins pourvues… Pour dessiner l’équité, il y a trois bonhommes qui veulent
regarder le match par la fenêtre, il y a un qui est grand, un qui est tout petit, et un qui est moyen.
Quand c’est l’égalité on leur donne à tous un banc qui a la même taille. Quand c’est l’équité au plus
grand on va donner un plus petit banc, au plus petit on va donner un plus grand banc. Au lieu de plus
sensibiliser en zone urbaine on aurait dû sensibiliser en zone rurale 41.

28Sur le terrain, il semblerait que le transfert actuel de la gestion du programme aux fonds
régionaux s’opère dans un climat où les postes de service situés dans les zones enclavées déjà
sevrés de spécialistes, sont abandonnés par le personnel de santé. Cet état des choses, qui
remettrait en question la prise en charge efficiente des parturientes de toutes les zones couvertes
par le projet, pose en filigrane la question de la responsabilité des acteurs intervenants.

Une pluralité d’acteurs aux visées opposées


42 Centre international de développement et de recherche, Lancement…, p. 21 et 41.

43 Minsanté, Stratégie sectorielle de santé 2016-2027, Yaoundé, République du Cameroun, 2016, p.17

44 Minsanté, Stratégie sectorielle de santé…, p. xvii

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 33


29La montée en charge des activités de l’équipe des antennes régionales est cité par le CIDR
comme la principale raison de la difficulté à répondre à la demande des autorités d’extension du
chèque santé. Selon une série de notes officielles communiquées au maître d’ouvrage par
l’opérateur national, les principales difficultés rencontrées durant la mise en œuvre du projet
oscillent entre les tensions de trésorerie et l’échec dans le processus d’articulation du chèque santé
avec le Performance based financing (PBF), en passant par le nombre limité de formations
sanitaires, l’application non fonctionnelle du système d’information de gestion, le retard connu par
le portage du dispositif de suivi-évaluation, la complexité du circuit de facturation-paiement,
l’implication insuffisante du personnel dans certaines formations sanitaires, et la lourdeur
administrative dans la mise en œuvre par exemple des résolutions d’Ebolowa II 42. Au cours de
l’élaboration de la stratégie sectorielle de la santé (2016-2027), le Minsanté, de son côté, relevait
des faiblesses dans les domaines de la législation, réglementation et engagement politique.
L’absence de volonté politique matérialisée par « l’absence d’un code de santé publique et des
vides juridiques constatés » expliquerait la difficulté éprouvée à « mieux encadrer les acteurs dans
le secteur santé » et le fait que les déterminants de la santé n’aient « pas été anal9ysé avec la
même rigueur que celui de la prévention et de la prise en charge des maladies dites prioritaires
»43. La suite du document relève également des lacunes dans la gestion et qui atténueraient le
leadership du Minsanté, notamment face aux acteurs financiers et techniques dont les interventions
semblent en inadéquation avec les priorités nationales identifiées. Cette extrême verticalisation des
interventions serait la principale cause de doublons qui, en plus de ne pas permettre de réaliser
des économies d’échelle, impactent sur l’efficience des programmes. Aussi, la faiblesse du système
de suivi-évaluation du fait de l’absence d’un plan intégré et d’une documentation fournie des
évolutions du système réduisent la capacité d’anticipation sur les entraves structurelles et
conjoncturelles, du fait de l’absence de données exactes sur le taux de natalité en communauté.
Incidemment, la consolidation des attitudes réactives en lieu et place de la promotion d’un habitus
proactif44 laisserait planer un doute sur le bilan élogieux du CIDR/Care au moment où s’opère la
passation de service aux FRPS.

45 Conforté par cette décision et conscient des difficultés rencontrées pour atteindre les zones rural (...)

30Au cours de l’opérationnalisation, il semblerait que le maître d’ouvrage et certains représentants


des PTF aient découverts des déficits au sein du programme logiciel de statistique de l’opérateur
national. Ce qui aurait faussé des données tout en rendant impossible la compilation des
informations en temps réel, notamment sur le nombre de CPN 1 enregistrées, ou encore le coût
moyen de prestation finale par femme. De manière subtile et discrète, certains partenaires
techniques et financiers semblent également reprocher au groupement CIDR/Care de n’avoir pas
effectué une base-line, c’est-à-dire d’analyser un certain nombre de données sanitaires avant le
démarrage du projet. L’une des raisons du refus des autres partenaires d’accepter la clôture du
contrat de l’opérateur national est à rechercher dans l’absence de sécurité quant à l’optimisation
des données avant le transfert aux fonds régionaux. Aussi, le ministère camerounais de la santé
ayant redouté l’idée de reprendre le programme pour défaillance probable de l’outil statistique, a
dû trouver un compromis avec la France qui se serait engagée à soutenir le CIDR. Alors que le
premier contrat devait prendre fin en octobre 2017, le retard de six mois accusé au départ – du fait
de l’attente de la décision du ministère – s’il explique le rallongement obtenu jusqu’en mai 2018,
ne saurait justifier la non couverture optimale du programme au sein de l’ensemble des régions
initialement choisies. Visiblement, il aurait été convenu que le solde restant du fait de la non
extension du programme serve à l’organisation des modalités pratiques de transfert du programme
dans les fonds régionaux. Mais par la suite, l’unité de coordination aurait, sous la pression exercée
par l’AFD au Minsanté, accepté la conditionnalité selon laquelle une partie de l’aide soit allouée au
paiement des prestations de l’opérateur national jusqu’en décembre 2019 afin de continuer
l’accompagnement des fonds régionaux45.

31Un reproche essentiel fait à l’opérateur national est le refus dès le départ de s’appuyer sur des
formations sanitaires rénovées et reconstruites par un programme parallèle suivi par l’unité de
coordination, pour établir et fixer leurs antennes ; tout en tirant profit des études démographiques,
sur les fréquentations, les besoins et niveaux de pauvreté. Qui plus est le chèque santé, dans les
projections initiales, devait se vendre au sein d’une pluralité d’espaces que sont les pharmacies, les
opérateurs téléphoniques ayant des bureaux établis, les prestataires privés représentatifs et fiables
et les agences de santé communautaire. Seulement, l’option prise – quoique provisoire au départ –
de vendre les chèques santés à partir des formations sanitaires constituerait la principale cause de
la stagnation du programme en milieu urbain, le personnel des antennes ne parvenant pas à
atteindre les communautés. Suivant les révélations assez discrètes recueillis auprès de certains
personnels de santé, les formations sanitaires accréditées étaient peu motivées à cause des coûts

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 34


standards qui ne permettent pas de se faire un « bonus personnel ». Pour certains observateurs
nationaux et internationaux, le CIDR n’aurait pas atteint ses objectifs du fait des doutes planant
sur les modalités réelles de vente des chèques santés, et que l’absence d’un outils statistique
viable empêche aux experts de pouvoir se prononcer avec précision. Selon cet expert international
ayant suivi le projet de près,

On se demande s’ils n’ont pas fait exprès que l’outils statistique ne marche pas très bien. Parce qu’avec
l’outil statistique permet de savoir quand le billet de chèque santé est émis ou acheté, quand la femme
vient passer sa consultation prénatale et quand elle accouche. Tu vois, tu te rends facilement compte si
l’outil statistique marche que le chèque santé est vendu au moment où la femme se rend par désespoir
de cause à la formation sanitaire, laquelle n’a pas du tout envie d’y aller, mais peut-être parce qu’elle a
une complication ; ou bien c’est vendu parce que tout d’un coup la femme va quand même dans une
consultation à l’hôpital, et c’est à ce moment-là que ça se vend. Or l’idée c’est au départ que des
intermédiaires, des agents de santé communautaire ou des marketings qui foncent sur le terrain, aillent
organiser des réunions dans les villages et vendre là-bas. Et c’est aussi pour arriver à éviter des
complications qui sont des causes mortelles. Alors le gros risque du programme, ces opérateurs vendent
le chèque santé au moment où la femme enceinte vient parce qu’elle est en désespoir de cause, dans la
formation sanitaire. En ce moment-là ça augmente encore les risques de mortalité, parce que s’il y a des
complications on n’est pas préparé (entretien, octobre 2018).

46 Voir Yannick Jaffré et Jean-Pierre Olivier de Sardan (dir.), Une médecine inhospitalière. Les diffi (...)

47 Citation de Liman Abbo dans le journal en ligne Le Monde, publication de J. Kouagheu du 5 mars 2018 (...)

48 Témoignage d’une victime, voir le journal en ligne Cameroon-info net, 16 mars 2017, publication de (...)

32La concentration du programme dans les espaces urbains semble contre-productif au regard des
objectifs assignés au départ du projet, dans la mesure où ces espaces concentrent la plus grande
proportion de femmes fréquentant les hôpitaux et capables de payer les soins requis. En se
concentrant dans des villes, les bénéfices du programme sont théoriquement orientés vers les
moins nécessiteux. Bien plus, le non engouement du personnel de santé pourrait s’expliquer par le
danger perçu de perdre certains avantages liés aux rançonnements habituels des patients 46, et
que le système chèque santé ne permet guère de compenser. Non seulement les femmes
provenant des milieux ruraux demeurent marginalisées, l’on observe en outre une satisfaction à
demi-teinte auprès des femmes ayant acheté des chèques santés dans des centres urbains. Alors
que le coût réel des prestations devrait être remboursé aux centres de santé grâce à un fonds
alimenté par l’AFD et la Banque de développement allemande, des lourdeurs administratives
courantes ont débouché sur des remboursements tardifs. Or suivant la plainte de ce chef de
centre : « Nous prenons en charge gratuitement les femmes enceintes, dès qu’elles paient des
chèques. Nos pharmacies se vident, car des médicaments et autres outils sont utilisés 47». Un
sentiment d’inquiétude se serait ainsi saisi des patientes quant à leur prise en charge effective en
cas de besoin. Suivant certains témoignages, les infirmières n’hésitent pas à renvoyer les patients
et exigent être payées de façon ponctuelle : « Quand une femme débarque dans un hôpital qui est
en partenariat avec ce projet dans une situation d’urgence, certaines infirmières refusent de leur
offrir les soins »48. C’est probablement à ce niveau que les critiques adressées à l’opérateur
national rejoignent d’autres critiques faites aux pouvoirs publics, premiers responsables du projet
et que les autres partenaires devraient simplement appuyer.

49 Entretien avec un médecin affecté à la direction de la promotion de la santé, Yaoundé, octobre 2018

C’est l’État qui est souverain, sans l’État ils (partenaires internationaux) ne vont même pas exister. S’il y
a un problème de coordination c’est à l’État de revoir comment coordonner les choses. Ce n’est pas au
partenaire. Sauf que ce qu’on reproche souvent aux partenaires est que, souvent les gars ont les
financements et justement dans ce problème de coordination on retrouve un partenaire X qui fait un
même travail qu’un partenaire Y est en train de faire, tout ça parce qu’il veut utiliser leur financement.
C’est pourquoi il y a nécessité de mettre véritablement une bonne plate-forme de coordination,
redynamiser parce que la plate-forme existe, de telle sorte qu’il y ait des réunions qui se tiennent à des
fréquences bien correctes et qu’on respecte49.

50 Entretien avec un expert international membre de l’unité de coordination, Yaoundé, août 2018.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 35


33Selon certaines indiscrétions, l’unité de coordination se serait quasi substitué à certaines
directions du ministère de la santé publique en outrepassant son rôle de coordonnateur pour se
retrouver engagée sur le terrain et à jouer les principaux relais auprès du ministre de la santé.
Alors que l’ensemble des conventions signées reconnaissent aux directions du ministère de la santé
les prérogatives de mises en œuvre du programme, l’absence de volonté d’appropriation observée
auprès de celles-ci aurait amené l’unité de coordination à devoir « tout faire, tout pousser ». Pour
être en adéquation avec les standards de l’OMS, le Minsanté devait pallier au manque de personnel
dans les formations sanitaires accréditées et garantir le plateau technique nécessaire. Pourtant, il
est souvent arrivé que les femmes enceintes se retrouvent prises en charges par des aides-
soignantes en salle d’accouchement. De même, le déficit d’ambulances requises n’a pas toujours
permis d’être à la hauteur de certains cas d’urgence. A l’analyse, cette léthargie est également
imputée aux « mauvaises connexions » préexistant entre les ministères impliqués dans le
programme (santé publique, fonction publique, finance) et qui, de ce fait, auraient compliqué le
montage institutionnel50. Le chèque santé offre ainsi un prisme de lecture sur des limites de
l’action publique au Cameroun et sur un certain nombre de d’inégalités que recèle la politique
sanitaire aux échelons national et international, et qui permettent à leur tour de mieux cerner les
obstacles à la réalisation de l’utopie en sourdine de la « global health ». De manière prospective, le
chèque santé, du fait de sa pérennité problématique, amène à s’interroger sur l’efficience du projet
de loi en cours de promulgation sur la couverture sanitaire universelle au Cameroun.

En guise de conclusion…
51 Centre international de développement et de recherche, Lancement…, p. 16.

52 Inspiré de Georges Courade, « Des complexes qui coûtent chers. La priorité agro-industrielle dans l (...)

53 Jean Copans, La longue marche de la modernité africaine. Savoirs, intellectuels, démocratie, Paris, (...)

34Alors que la couverture sanitaire universelle est encore au stade de projet au Cameroun, le
chèque santé expérimenté dans les trois régions du septentrion camerounais a été justifié par la
fréquence d’accouchements à domicile ou auprès des accoucheuses traditionnelles. Subventionné
depuis 2014 par l’AFD et la KfW en appui aux investissements du Minsanté, ce programme a pour
but de relever la fréquentation des hôpitaux par femmes enceintes en vue de réduire le taux de
mortalité mère-enfant dans le Grand Nord. L’un des attendus importants du programme était de
notifier, à terme, dans quelle mesure le chèque santé serait « un moyen efficace pour réduire la
mortalité maternelle et néonatale (impact final recherché mais très difficilement démontrable) ou
s’il était en mesure d’agir sur les facteurs pouvant contribuer à réduire ces mortalités 51 ». Confié à
un opérateur national constitué par le groupement CIDR/Care, il est actuellement en phase de
restitution à l’État qui devrait prendre le relais à travers les fonds régionaux. Seulement, il se
trouve que sa pérennisation s’avère délicate du fait d’un certain nombre de couacs soulevés durant
la phase opérationnelle. Si l’on relève une baisse de mortalité auprès des personnes ayant souscrit
au programme, l’absence d’un outil statistique fiable n’aura pas permis de faire un bon diagnostic
du travail effectué. Des chiffres globaux encourageants présentés par l’opérateur national semblent
camoufler des disparités criantes au détriment des zones rurales et reculées, de même qu’ils ne
permettent pas d’apprécier les modalités réelles d’acquisition des chèques santés et les conditions
d’accueil ou de prise en charge des femmes. Alors que l’interprétation officielle des chiffres
s’efforce de « montrer que le chèque santé sert à quelque chose », un premier hiatus à noter est le
lancement du programme sans études préalables de faisabilité. Aussi, il n’est par exemple pas aisé
de se faire une idée sur le nombre de femmes qui, bien que motivées au départ, finissent par ne
pas se procurer du chèque santé ; et encore moins sur celles qui, parce qu’ayant effectué les
quatre consultations prénatales requises, auraient échappé à certaines complications qui auraient
pu être fatales. Soucieux de préserver d’abord son intérêt, l’opérateur national semble avoir tenu
en médiocre estime l’apport potentiel des antennes locales qui auraient pu mieux s’organiser pour
atteindre les couches vulnérables. Il est à espérer qu’avec la restitution du programme, les
antennes locales soient mieux dotées en moyens financiers et matériels pour circuler dans les
formations sanitaires accréditées. Il est surtout crucial que les pouvoirs publics jouent pleinement
leur rôle de principal garant du programme en assurant une bonne coordination des interventions
de différents acteurs. Car au demeurant, le coût du programme chèque santé coûte cher 52 à l’État
au regard des sommes mobilisées pour le paiement de l’opérateur national, des équipes de
supervision, des salaires, des réunions et autres dépenses connexes. Mais ce qui semble coûter
encore plus cher, c’est l’incapacité des pouvoirs publics à mettre en place un modèle de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 36


gouvernance capable de saisir certaines opportunités offertes par les conjonctures nationale et
internationale – en dépit des limites relevées – en vue de faire des sauts qualitatifs dans sa longue
marche vers la modernité

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier une nouvelle série de


recommandations en vue d’améliorer la qualité des soins prénatals pour réduire le
risque de mortinaissance et de complications de la grossesse et offrir aux femmes
une expérience positive de la grossesse.

Selon les estimations, l’année dernière, 303 000 femmes sont décédées de causes
liées à la grossesse, 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés au cours des 28
premiers jours de vie et il y a eu 2,6 millions de mortinaissances. Alors que des soins
de qualité pendant la grossesse et l’accouchement permettent de prévenir un grand
nombre de ces décès, 64% seulement des femmes dans le monde bénéficient de
soins prénatals au moins quatre fois pendant la grossesse.

Les soins prénatals sont essentiels car ils permettent aux intervenants d’offrir aux
femmes enceintes une prise en charge, un soutien et des informations, notamment
de favoriser l’adoption d’un mode de vie sain, y compris une bonne nutrition, de
détecter et de prévenir des maladies, de donner des conseils en matière de
planification familiale et d’aider les femmes éventuellement victimes de violence du
partenaire intime.

«Si l’on veut que les femmes aient recours à des services de soins prénatals
pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, ceux-ci doivent être de qualité»,
affirme le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche
de l’OMS, ajoutant que «la grossesse doit être une expérience positive pour toutes
les femmes, qui doivent bénéficier de soins dans la dignité.»

Recommandations de l’OMS
Suivant le nouveau modèle de l’OMS pour les soins prénatals, le nombre de
consultations prénatales passe de quatre à huit. Des données récentes indiquent
que l’augmentation de la fréquence des consultations prénatales dans le système de
santé pour les femmes et les adolescentes est associée à une probabilité plus faible
de survenue de mortinaissances, car ces consultations offrent plus d’occasions de
détecter et de prendre en charge d’éventuels problèmes. Le fait de prévoir 8
consultations au lieu de 4 permet de ramener le taux de mortalité périnatale à 8 pour
1000 naissances.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 37


Ce nouveau modèle fait augmenter le nombre d’examens de la mère et du foetus
afin de détecter des problèmes, améliore la communication entre les prestataires de
soins et les femmes enceintes et accroît la probabilité que la grossesse connaisse
une issue positive. Il préconise qu’une première consultation ait lieu au cours des 12
premières semaines de grossesse et que les consultations suivantes soient prévues
aux 20e, 26e, 30e, 34e, 36e, 38e, et 40e semaines.

«Des consultations plus fréquentes et de meilleure qualité pour toutes les femmes au
cours de la grossesse faciliteront l’application de mesures préventives et la détection
précoce des risques, éviteront autant que possible les complications et permettront
de remédier aux inégalités sanitaires», dit le Dr Anthony Costello, Directeur du
Département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de
l’OMS. «Les soins prénatals sont essentiels pour les primipares. Ils détermineront
comment celles-ci auront recours aux soins prénatals lors de grossesses futures», a
t-il ajouté.

Les nouvelles lignes directrices comportent 49 recommandations qui précisent les


soins et conseils dont les femmes enceintes devraient bénéficier à chaque
consultation dans le système de santé, y compris en ce qui concerne l’alimentation
saine et la nutrition optimale, l’exercice physique, la consommation de tabac et l’abus
de substances psychoactives, la prévention du paludisme et de l’infection à VIH, les
analyses de sang et la vaccination antitétanique, la mesure du foetus, notamment à
l’échographie, et la prise en charge des symptômes physiologiques courants tels que
les nausées, les douleurs dorsales et la constipation.

«Les conseils en matière d’alimentation saine, de nutrition optimale et concernant les


vitamines et les minéraux que les femmes doivent prendre pendant la grossesse
peuvent favoriser considérablement le développement et la santé de l’enfant pendant
et après la grossesse», dit le Dr Francesco Branca, Directeur du Département
Nutrition pour la santé et le développement de l’OMS.

En recommandant l’augmentation du nombre de consultations prénatales, l’OMS


cherche à améliorer la qualité des soins prénatals et à faire baisser la mortalité
maternelle et périnatale dans toutes les populations, notamment chez les
adolescentes et les femmes qui vivent dans des régions difficiles d’accès ou en proie
à des conflits.

Les recommandations de l’OMS laissent aux pays une certaine latitude quant au
choix des options concernant la mise en œuvre des soins prénatals, selon leurs
besoins. Cela signifie, par exemple, que les soins peuvent être prodigués par des
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 38
sages-femmes ou d’autres soignants, dans des établissements de santé ou dans le
cadre de services communautaires de proximité. Les consultations prénatales
doivent s’accompagner d’une prise en charge et d’un soutien tout au long de la
grossesse.

Exemples de recommandations:
 Le modèle de soins prénatals préconise au moins 8 consultations pour faire
baisser la mortalité périnatale et offrir aux femmes des soins de meilleure
qualité.
 On trouve des conseils sur l’alimentation saine et la pratique d’exercice
physique pendant la grossesse.
 Une supplémentation quotidienne en fer et en acide folique, par voie orale, est
recommandée à raison de 30 mg à 60 mg de fer élémentaire et de 400 µg (0,4
mg) d’acide folique pour les femmes enceintes afin de prévenir l’anémie, la
septicémie puerpérale et les naissances prématurées.
 La vaccination antitétanique est recommandée, selon le statut vaccinal de la
femme enceinte, afin d’éviter que le tétanos n’entraîne le décès du nouveau-
né.
 Une échographie avant la 24e semaine de grossesse est recommandée afin
d’estimer l’âge gestationnel de l’enfant, d’améliorer la détection des anomalies
fœtales et des grossesses multiples, de réduire le nombre d’accouchements
provoqués en cas de grossesse prolongée et d’améliorer l’expérience des
femmes.
 Les soignants devraient, le plus tôt possible au cours de la grossesse et à
chaque consultation prénatale, interroger toutes les femmes enceintes sur leur
consommation (passée et actuelle) d’alcool et d’autres substances.

Note aux rédactions


Le renforcement des systèmes de santé, y compris par un meilleur accès à des
soignants qualifiés, sera essentiel pour que les pays mettent en œuvre les lignes
directrices. En septembre dernier, la Commission de haut niveau des Nations Unies
sur l’emploi dans le secteur de la santé et la croissance économique a préconisé
d’investir plus vite en faveur des personnels de santé.

Pour faire suite à cette recommandation, les vice-présidents de la Commission qui


appartiennent à l’OMS, à l’Organisation internationale du travail (OIT) et à
l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réuniront
toutes les parties concernées d’ici à fin 2016 afin d’élaborer un plan quinquennal en
vue de mettre en œuvre le

a) Période de l’étude

Notre étude se déroulera du 1er Juillet au 30 Juillet 2022

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 39


 Population accessible

Notre population accessible sera constituée des toutes les femmes qui accepterons de
participer à notre étude.

 Critères d’inclusions

Seront inclus de notre étude toutes les femmes qui seront venues en cpn et dont leur première
cpn sera supérieure à 3-4 mois de grossesse ainsi que celles ayant accouchées à domiciles et
revenues dans la Fosa

 Critères de non inclusions

Le critère de non inclusion ici concernera les femmes qui refuseront de participer à l’enquête

 Critères d’exclusion

Seront exclus de notre enquête toute les femmes ayant débuté leurs visite prénatales dans les
normes recommandées par l’OMS 2016 (12 premières semaines).

 Taille de l’échantillon

La taille de notre échantillon sera prélevée de notre cible

Concevoir une société de façon statique serait en effet réducteur. L’appréhender au travers de
sa dynamique revient nécessairement à s’intéresser à ce qui est au cœur des relations qui la
constituent : l’influence sociale. La recherche s’est donc efforcée de découvrir comment elle
opère. L’influence sociale a ainsi été l’occasion d’une grande diversité d’études
expérimentales et de théorisations auxquelles cet ouvrage propose d’introduire.
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à sa valeur instrumentale pour influencer
autrui. C’est en effet de son usage, de son abus et de son mésusage que dépendent, dans une
large mesure, le fonctionnement et l’évolution de la société et de ses composantes. On peut
certes concevoir un rapport d’influence du point de vue du bénéfice qu’une source peut tirer
d’un changement chez une cible. D’ailleurs, l’étude de l’influence a mis au jour de
nombreuses techniques de manipulation censées bénéficier à la source. Mais les gens
revendiquent rarement le fait d’avoir été influencés, et encore moins celui d’être
influençables. C’est que dans les sociétés occidentales libérales, et non sans paradoxe au vu
des influences que l’on examinera dans cet ouvrage, on tend à valoriser l’individu autonome

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 40


et responsable (Beauvois, 1994 ; Dubois, 1994), une image sociale peu compatible avec
l’influençabilité ou la dépendance, synonymes de faiblesse.
Cependant, le fait d’être influencé s’avère souvent profitable. D’abord, l’influence peut tout
aussi bien être envisagée comme un échange d’informations ou d’idées, une sorte de débat ou
de controverse que l’on peut jauger à la lumière de ce que la cible est à même d’en tirer et
d’en apprendre. De ce point de vue, il convient donc de se questionner sur la part des
connaissances acquises par des processus d’influence pour en saisir l’importance et sur les
facteurs à même de faciliter ou contrecarrer ces acquisitions. Il est en effet probable que les
connaissances dont nous avons une expérience directe ne sont pas plus nombreuses que celles
pour lesquelles nous obtenons des informations par l’intermédiaire des témoignages d’autrui
(Lipton, 1998). Pour acquérir des connaissances, pour forger notre opinion ou pour prendre
des décisions, nous sommes en permanence amenés à nous appuyer sur des messages
provenant d’autrui, des prédécesseurs ou des contemporains.
Cette fonction de construction de représentations de la réalité se double d’une fonction
normative qui apparaît quand un membre ressent une pression, explicite ou implicite, à se
conformer aux normes de son groupe en vue de prouver son allégeance, d’éviter toute
rétorsion, d’acquérir l’approbation d’autrui ou d’exprimer une identité sociale. Les normes
sociales permettent de structurer le champ social, assurant à la fois sa stabilisation et une
relative prédictibilité de l’environnement et des comportements de tout un chacun. Elles le
font en socialisant les membres d’un groupe ou d’une société (notamment via les systèmes de
formation ; voir Newcomb, Koenig, Flacks et Warwick, 1967, ou Guimond, 1998) à des
règles et principes de fonctionnement et de comportement dont il s’agit autant d’assurer le
respect que l’adaptation aux conditions changeantes du milieu social, les processus
d’influence ayant pour double fonction d’assurer le maintien d’un certain ordre (fonction de
contrôle social) et la possibilité d’un certain désordre potentiellement constructif (fonction
d’innovation).
Qu’elle le souhaite ou non, toute personne vivant en société se trouve nécessairement sous
influence, que celle-ci soit ou non consciente, qu’elle se fonde sur une communication verbale
ou non verbale, ou qu’elle repose sur des dynamiques automatiques et involontaires ou des
stratégies ou tactiques de communication planifiées
a. Pourquoi communique-t-on ?
Dans son article fondateur sur la communication sociale informelle dans les groupes,
Festinger (1950) a posé les jalons des principaux questionnements qui fonderont les débats
entre les multiples approches psychosociologiques des relations d’influence. Il s’y interrogeait

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 41


d’abord sur les raisons pour lesquelles nous communiquons. Sa première hypothèse est
essentielle : dans un groupe, la pression ressentie par les membres à communiquer avec
d’autres membres du groupe en ce qui concerne un objet donné augmente avec
l’accroissement de la divergence perçue par les membres du groupe à son propos. En accord
avec les préoccupations théoriques de l’époque, il ajoutait qu’elle augmente aussi avec l’aug-
mentation du degré de pertinence de l’objet par rapport au fonctionnement du groupe (sa
centralité pour celui-ci), ainsi que de la cohésion du groupe, c’est-à-dire de la force des liens
qui unissent ses membres.

Par ailleurs, et selon les mêmes principes, en cas de divergence la communication n’est pas
dirigée au hasard : elle augmente à mesure qu’augmente la divergence d’opinion entre un
membre et les autres, et tendra à être adressée principalement à ceux qui ont des opinions
extrêmes à l’intérieur du groupe, de telles relations ne s’appliquant qu’à l’intérieur de groupes
psychologiques, c’est-à-dire d’assemblées de personnes qui existent psychologiquement
comme des groupes pour ses membres. Au contraire, la pression à communiquer avec une
personne particulière diminue dans la mesure où elle n’est pas un membre du groupe ou dans
la mesure où elle n’est pas voulue comme telle.

Quant au changement dans le récepteur d’une communication, c’est-à-dire à l’influence


sociale stricto sensu, Festinger concevait que le changement d’opinion résultant du fait de
recevoir une communication augmente à mesure que la pression vers l’uniformité dans le
groupe augmente, et qu’augmente pour le récepteur la force le poussant à demeurer dans le
groupe. Une autre idée importante est que la quantité de changement d’opinion résultant de la
réception de la communication diminue d’autant plus que les opinions et les attitudes
impliquées sont ancrées dans les appartenances à un autre groupe, ou du fait que celles-ci
répondent à des besoins importants pour la satisfaction de la personne.
On trouve dans cette analyse, et bien davantage qu’en filigrane, des problématiques majeures
qui organiseront cet ouvrage : le rôle capital de la divergence et de la communication dans les
dynamiques d’influence sociale, l’importance de la pression sociale et des liens sociaux de
dépendance qui unissent ou séparent la source et la cible de l’influence, et en particulier
l’appartenance ou la non-appartenance à un même groupe ou à une même catégorie, et
finalement l’importance des résistances à l’influence, que Festinger considérait comme
ancrées dans des appartenances groupales et dans la satisfaction de besoins personnels. Dans
ce texte fondateur, se profilait déjà ce qui transparaîtra à la lecture de cet ouvrage : il existe

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 42


une grande diversité de processus d’influence, exprimant la grande richesse de ce domaine de
recherche qui s’est traduite, et se traduit encore, par de multiples paradigmes expérimentaux
et d’explications théoriques que nous tenterons, tant que faire se peut, d’intégrer.
On ne peut réfléchir sur les processus d’influence sans connaître quelques fondamentaux
incontournables qui certes datent, ce qui n’enlève rien à leur actualité. Les effets décrits
permettront d’aborder ensuite les explications de l’influence en connaissance de cause. La
suite de ce chapitre décrira donc les études issues du paradigme autocinétique de Sherif
(1935) qui, s’il ne fut pas le premier à s’intéresser à la genèse des normes (la normalisation),
le fut à proposer son étude expérimentale. Ce sera une première occasion de considérer toute
la complexité de la question, en utilisant pour ce faire la grille d’interprétation proposée par
Doise (1982), à savoir l’articulation de multiples niveaux d’analyse. Cette grille nous amènera
bien au-delà du processus de normalisation et nous introduira de fait à de multiples facteurs
amenant au conformisme ou au contraire à son rejet, c’est-à-dire à l’indifférence ou à la
différenciation. La seconde partie du chapitre rappellera les principales mises en évidence
initiales sur les dynamiques de la conformité issues des travaux d’Asch (1956).
b. L’effet autocinétique et la normalisation
Le principe de l’effet autocinétique est fort simple : un individu placé dans une pièce obscure
doit à plusieurs reprises (en fait des dizaines de fois) juger, sans disposer de repères, de
l’amplitude du mouvement apparent d’une minuscule source lumineuse pourtant figée. La
tâche ne permet pas de formuler une réponse correcte : le mouvement est en réalité inexistant
et illusoire, et le sujet se trouve dans la plus haute incertitude. Sherif (1935) a observé que,
dans cette situation, l’individu réduisait progressivement la variation de ses réponses autour
d’une valeur centrale qui définissait un cadre de référence pour ses nouveaux jugements, en
quelque sorte une norme individuelle. De la même manière, lorsque plusieurs individus ne se
connaissant pas étaient ensuite confrontés au même dispositif et répondaient oralement à tour
de rôle, sans autre communication, ils définissaient progressivement une valeur centrale et
réduisaient l’écart de variation autour de cette valeur. En d’autres termes, ils abandonnaient
leur norme individuelle initiale pour converger vers une norme collective. Cette dynamique de
convergence interindividuelle, qualifiée de processus de normalisation, peut facilement être
répliquée dans des situations expérimentales similaires (comme évaluer un grand nombre de
points projetés sur un écran) où la réponse exacte relève de la gageure. Par ailleurs, lorsqu’ils
émettaient d’abord des jugements en situation collective, ils s’y tenaient lorsqu’ils
effectuaient ensuite des jugements individuels. La norme collective apparaît donc plus
résistante et persistante que la norme individuelle. Ce processus constitue un domaine de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 43


recherches particulièrement propice à l’analyse des niveaux d’explication, dans la perspective
de leur articulation psychosociologique (Doise, 1982). Selon Doise, à un premier niveau, les
explications peuvent se baser sur les processus d’organisation individuelle rendant compte de
la manière dont un individu structure son expérience avec l’environnement social, par
exemple en termes de traitement de l’information. Un deuxième niveau considère les
processus interindividuels se déroulant dans une situation donnée alors qu’un troisième niveau
(intergroupe) rend compte de l’intervention de dynamiques liées aux appartenances sociales et
aux statuts dans la structure des interactions. Enfin, un quatrième niveau (idéologique) se
fonde sur l’analyse de croyances générales que les individus mobilisent dans une situation, en
termes des valeurs ou normes auxquelles adhèrent les membres d’un certain groupe culturel.
Ce cadre théorique, qui vise à articuler ces niveaux d’analyse, s’est révélé pertinent pour
organiser la diversité des mises en évidence expérimentales dans ce champ de recherche
(Mugny et Doise, 1979).
Pour ce qui est des processus intrapersonnels, Sherif a insisté sur l’incertitude des sujets
placés devant la nécessité d’organiser un objet non structuré et pour lequel ils ne disposent
d’aucun moyen de vérification. À défaut de validation empirique, le sujet a recours à d’autres
critères afin de rétablir un certain degré de certitude (Festinger, 1954). Il considère ses
premières réponses, en établit une valeur médiane et diminue l’écart de variation de ses
réponses ultérieures autour de cette norme. Dans une situation collective, les jugements
d’autrui remplissent la même fonction informative et seraient traités cognitivement au même
titre que les réponses initiales du sujet lui-même. Flament (1959) a conceptualisé la
convergence par les opérations logiques d’un sujet statisticien qui établit une distribution des
réponses propres et de celles fournies par les partenaires de l’interaction.
Une analyse de la normalisation en termes de processus intrapersonnels peut aussi relever de
la personnalité des cibles. Le paradigme de Jacobs et Campbell (1961) à propos de la
perpétuation de normes arbitraires en laboratoire en a permis l’illustration. Dans ce
paradigme, un sujet naïf était placé face au dispositif autocinétique en compagnie de trois
compères de l’expérimentateur qui défendaient de manière consistante une réponse
relativement éloignée de la sienne. Après un certain nombre d’essais, un des compères était
remplacé par un autre sujet naïf, de telle sorte qu’après quatre « générations », les présents
étaient tous des sujets expérimentaux. Jacobs et Campbell (1961) ont montré que la norme
établie par les compères se perpétuait durant plusieurs générations avant que les jugements ne
reviennent à la norme spontanée des sujets, telle que mesurée dans une condition de passation
individuelle. Reprenant ce paradigme, Montgomery, Hinkle et Enzie (1976) ont postulé que la

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 44


norme établie au long des générations serait conservée différemment selon la nature des «
sociétés » de laboratoire ainsi constituées. Utilisant une mesure de la personnalité autoritaire,
ils ont divisé les sujets selon qu’ils étaient hautement ou faiblement autoritaires, en supposant
qu’un haut degré d’autoritarisme serait associé à davantage de conformité et partant, de
résistance au changement. Effectivement, les sujets hautement autoritaires ont moins
rapidement modifié la norme établie par les compères que les sujets faiblement autoritaires.
Des facteurs de personnalité peuvent ainsi influer sur le maintien ou la modification d’une
norme initiale.
Les dynamiques de convergence ne sont par ailleurs pas indépendantes des relations
interpersonnelles établies avant ou pendant l’élaboration normative. Sherif avait déjà signalé
que la convergence n’aboutit pas nécessairement à la moyenne des jugements individuels.
Ainsi, Otani et Dixon (1976) ont montré que celle-ci était supérieure entre des individus ayant
eu une interaction amicale de quelques minutes avant de commencer la tâche autocinétique.
Dans une expérience impliquant des jugements à propos de stimuli auditifs ambigus, Pollis
(1967) a dans une première phase placé les sujets dans une situation où ils apprenaient des
standards de réponse dans trois conditions différentes : répondaient ensemble soit deux sujets
appartenant à une même collectivité mais ne se connaissant pas, soit deux amis ; dans une
condition contrôle, les sujets travaillaient isolément. Dans une seconde phase, répondaient à la
même tâche trois sujets ayant appris des standards différents ; en outre, l’un des sujets avait
préalablement interagi avec un inconnu, un autre avec un ami, le troisième ayant travaillé
seul. Cette procédure permettait de mesurer la résistance de la norme construite lors de la
première phase. Les résultats ont montré que la stabilité des standards lors de cette nouvelle
confrontation variait : les membres les ayant établis seuls changeaient le plus vers autrui alors
que ceux les ayant établis avec un ami étaient les moins influencés, les sujets ayant travaillé
avec un inconnu occupant une position intermédiaire.
Selon le niveau d’explication intergroupe, avoir des liens privilégiés ou appartenir à un même
groupe serait une précondition de l’effet de normalisation. Dans le cadre de la théorie de
l’autocatégorisation (voir chap. 2, 6.2.), il a effectivement été montré que l’impact de
compères sur la formation de la norme collective diminuait dès lors que leur appartenance à
une catégorie différente était rendue saillante (Abrams, Wetherell, Cochrane, Hogg et Turner,
1990), ce qui rejoint la démonstration de Montgomery et Enzie (1973) selon laquelle des
sujets blancs ayant de forts préjugés ethniques convergent davantage vers un compère blanc
que vers un compère noir.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 45


Cependant, dans ces travaux la convergence liée au fait d’appartenir à un même groupe
implique que les individus font abstraction d’éventuelles différences de statut au sein du
groupe. Harvey et Consalvi (1960) ont constitué des groupes en fonction du statut
sociométrique, confrontant des sujets de haut, moyen et bas statut. Ils ont ainsi montré que les
sujets de bas statut convergeaient plus vers les sujets de haut statut que ceux-ci ne le faisaient
réciproquement. Ces relations, établies avant ou lors de l’interaction, souvent marquées par
leur asymétrie, expliquent pourquoi généralement la norme collective ne correspond pas à la
moyenne algébrique des jugements individuels préalables. De fait, seule l’égalité de statut des
partenaires assure une influence à peu près égale de chaque partenaire. Sampson (dans une
étude rapportée par Sherif et Sherif, 1969, pp. 168-170) a ainsi étudié la convergence entre
des membres d’un monastère occupant diverses positions statutaires. Les observations ont
montré qu’une convergence réciproque s’établissait uniquement entre des individus ayant
entre eux des rapports plutôt égalitaires (des novices fraîchement arrivés) ; la convergence
devenait asymétrique dès lors qu’existait une différence de statut sociométrique (un novice
recevant plus d’approbation d’un autre novice qu’il ne lui en donnait en retour convergeait
moins que l’autre) ou groupal (les moines confrontés à un novice ne convergeaient pas).
Des dynamiques intergroupes ancrées dans des divisions sociales, dans des rapports de
pouvoir ou dans des confrontations, induiraient donc des asymétries dans la dynamique de
normalisation. On peut même observer une dynamique de divergence lorsque les individus
ressentent la nécessité de se différencier d’autrui en raison d’un risque identitaire associé à la
confusion catégorielle résultant d’une réponse équivalente : il n’est plus alors question de
construire une norme commune, mais au contraire de l’éviter. L’expérience de Lemaine,
Lasch et Ricateau (1971-1972) l’a montré à propos de divergences idéologiques. Avant d’être
introduits dans la situation habituelle aux expériences sur la normalisation, les sujets
répondaient en même temps qu’un compère à un questionnaire d’opinion apparemment sans
lien avec la suite de l’expérience. Un dépouillement permettait de catégoriser le sujet comme
idéologiquement à gauche ou à droite, et le compère était présenté comme de même
orientation idéologique ou d’orientation opposée. Le sujet et le compère répondaient ensuite à
une tâche similaire à l’effet autocinétique, d’abord individuellement, puis collectivement. Le
compère donnait des réponses soit extrêmement éloignées des jugements perceptifs initiaux
du sujet, soit divergentes mais relativement proches, soit enfin des réponses identiques. Les
résultats ont mis en évidence que la convergence avec un compère extrêmement éloigné était
indépendante de sa catégorisation. Paraissait donc prédominer la recherche d’une solution
moyenne à la tâche, une résolution que l’on qualifiera d’épistémique (centrée sur la

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 46


connaissance en jeu) de la confrontation de réponses par trop divergentes. Lorsque le compère
donnait des jugements divergents mais tout de même assez proches de ceux du sujet, celui-ci
convergeait davantage lorsque le compère partageait les mêmes opinions idéologiques. La
régulation épistémique (la convergence des jugements) apparaîtrait donc davantage lorsque la
source est intragroupe que lorsqu’elle est hors-groupe, auquel cas elle serait inhibée par une
régulation relationnelle, fondée en l’occurrence sur l’appartenance catégorielle. Lorsque le
compère donnait les mêmes évaluations que le sujet, prédominait une régulation relationnelle.
Face au compère idéologiquement différent, le sujet changeait ses propres évaluations
perceptives initiales pour qu’elles se distinguent de celles du compère, en un effet qualifié de
dissimilation : la différenciation catégorielle (éviter toute confusion entre soi-même et autrui)
l’emportait alors sur la recherche d’une réponse qui pourtant devrait être consensuelle pour
être correcte.

Reste une question pendante : pourquoi des individus ne percevant pas de différence de statut
ou de catégorie entre eux (hormis celle relative aux jugements perceptifs), n’ayant par ailleurs
aucune relation privilégiée puisqu’ils ne se connaissent pas, convergent-ils, au lieu de se fier à
leurs jugements initiaux ? Alexander, Zucker et Brody (1970) ont répondu à cette
interrogation en termes de demandes expérimentales implicites. Ils ont révélé aux sujets qu’il
s’agissait d’une illusion et les ont avertis qu’ils ne devaient en conséquence pas s’attendre à
voir bouger le point lumineux dans la même direction, ni sur la même distance. Puisque
l’expérimentateur indiquait ouvertement les réponses à éviter, aucun effet de convergence
n’est apparu dans cette condition. Pollis, Montgomery et Smith (1975) ont réalisé une
expérience où ils ont dissocié l’information relative à la nature de la perception étudiée (une
illusion perceptive), et l’anticipation d’une convergence ou d’une divergence
interindividuelle, diverses consignes étant proposées à des sujets répondant soit ensemble, soit
individuellement. Dans une condition, les sujets n’ont pas été mis au courant du caractère
illusoire de la situation. Dans une seconde condition, les auteurs ont repris l’opéra-
tionnalisation d’Alexander et al. (1970) : ils ont précisé qu’il s’agissait d’une illusion et ont
avisé les sujets de ne pas s’étonner s’il y avait des variations dans leurs réponses. Dans une
dernière condition, ils n’ont fait que signaler l’existence de l’illusion. Le résultat marquant est
que la dernière condition donne lieu à une diminution de la variabilité des réponses : lorsqu’il
n’y a pas d’instruction implicite ou explicite suggérant de ne pas converger, même si les
sujets sont au courant du fait que la lumière ne bouge pas, la tendance reste à la convergence
et à la diminution de la variabilité.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 47


Ce dernier résultat suggère une explication se situant au niveau idéologique de Doise (1982)
selon laquelle la croyance au consensus comme gage de vérité serait un des éléments
constitutifs de la normalisation individuelle comme collective, et de l’influence sociale en
général (voir chap. 2, 3.). On évoquera à ce propos l’expérience de Pêcheux (1972-1973). Les
sujets étaient des collégiens auxquels l’expérimentateur expliquait la théorie psychologique de
la perception subliminale qu’il se proposait d’illustrer en réalisant avec eux l’expérience
classique. Cette tâche est en soi analogue au paradigme autocinétique puisqu’elle ne permet
pas un accès immédiat à l’information. À la moitié des sujets, il projetait alors des
diapositives neutres, les sujets ne pouvant rien percevoir ; à l’autre moitié il passait des
diapositives pendant une durée suffisante pour que les sujets puissent y reconnaître un
chiffre : les conditions méthodologiques de démonstration de la perception subliminale
n’étaient donc pas remplies. L’expérimentateur simulait ensuite le dépouillement des réponses
et rapportait à la moitié des sujets qu’un fort degré de convergence s’était dégagé de leurs
réponses, ce qui confirmait en quelque sorte la théorie, ou qu’au contraire une forte
divergence interindividuelle était apparue, à l’encontre donc de la prédiction de la théorie. La
tâche des sujets était de juger la validité de la théorie de la perception subliminale. Les
résultats ont montré que les sujets jugeaient la validité de la théorie uniquement en fonction de
la convergence des réponses interindividuelles, indépendamment du fait que les conditions
méthodologiques de vérification de la théorie aient été remplies ou non : le consensus fait
donc bien partie de la représentation de sens commun de la définition scientifique d’un objet
(ici une théorie psychologique). Il détermine donc pour une large part l’effet de normalisation.

Cette section aura été une première occasion d’illustrer la grande complexité des processus
d’influence sociale, les divers niveaux d’analyse apparaissant tous indispensables à une
compréhension exhaustive du phénomène de normalisation. Une conclusion s’impose de cet
ensemble de données : une influence réciproque ne s’observe qu’à la condition que les
individus occupent un même statut et qu’ils n’aient pas de motivation particulière à se
différencier d’autrui. De toute évidence, cette condition n’est pas monnaie courante.

c. Le conformisme
Le paradigme de la normalisation se caractérise par une incertitude élevée dans les jugements.
Il ne faut cependant pas en conclure que la recherche de certitude serait la seule motivation à
l’influence, et qu’aucune influence n’apparaît lorsque les sujets sont a priori certains de leurs
jugements. Asch (1956) a en effet examiné les processus déterminant le degré d’indépendance

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 48


d’un individu sachant disposer de la réponse correcte face à un groupe répondant de manière
erronée. L’expérimentateur présentait la tâche comme un test de discrimination visuelle. Il
s’agissait de juger laquelle de trois lignes variables était de même longueur qu’une ligne
étalon. Les trois barres variables étaient de longueurs différentes et l’une était toujours, de
toute évidence, égale à la ligne étalon, la tâche étant donc a priori d’une grande facilité ; les
sujets répondant individuellement ne se trompaient d’ailleurs que rarement. Dans les
conditions expérimentales, le sujet se retrouvait confronté à plusieurs individus de même
statut (des étudiants universitaires), en fait des compères de l’expérimentateur, répondant de
manière unanime à chaque essai. Si pour un tiers des essais ils désignaient tous la barre
correcte, dans les autres ils répondaient de manière visiblement incorrecte, désignant tous,
pour un tiers des essais, une barre nettement plus courte que la barre égale et, pour un autre
tiers, une barre nettement plus longue. Sur les 18 essais de l’étude, la majorité du groupe se
trompait donc 12 fois. C’est à l’aune de ces 12 items « critiques » que la conformité était
évaluée. Même si la consigne demandait aux sujets de donner leur réponse personnelle, les
sujets étaient contraints de prendre position oralement face au groupe. En l’absence de
pression explicite, puisque toute autre communication était par ailleurs prohibée, Asch a
trouvé qu’indépendamment de l’origine socio-éducative des sujets, un tiers des réponses était
erroné, et qu’une grande majorité de sujets donnait au moins une réponse incorrecte.

L’effet mis en évidence par Asch variait significativement selon les contextes. On signalera
les plus significatifs. Le nombre de membres formant le groupe majoritaire y figure
évidemment

1. J.-L. Beauvois, G. Mugny et D. Oberlé 1995, p. 203.


2. ↑ Revenir plus haut en :a b c d et e D. G. Myers 1992.
3. ↑ Lycophron, Alexandra, [lire en ligne [archive]] [(grc) lire en ligne [archive]] Étude de l'extrait 951-957 [archive],
951-957.
4. ↑ Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 956. Voir (grc) Christian Gottfried Müller, Ισαακιου και
Ιωαννου του τζετζου Σχολια εις Λυκοφρονα [« Isaac et Jean Tzétzès Scholies sur Lycophron »], Leipzig,
Sumtibus F.C.G. Vogelii, 1811 (lire en ligne [archive]), p. 891 949).
5. ↑ Revenir plus haut en :a b c d e et f M. Deutsch et H. B. Gerard 1955
6. ↑ Revenir plus haut en :a et b D. G. Myers 1992, p. 218-219
7. ↑ Revenir plus haut en :a b c et d J.-P. Leyens et V. Yzebyt 1979
8. ↑ Revenir plus haut en :a et b L. Bédard, J. Déziel et L. Lamarche 2006, p. 172-174
9. ↑ J.-L. Beauvois, G. Mugny et D. Oberlé 1995
10. ↑ S. Schachter 1951, p. 190-207
11. ↑ C. E. Miller et P. D. Anderson 1979, p. 354-363
12. ↑ Revenir plus haut en :a b c et d H. Kelman 1958, p. 50-61
13. ↑ Revenir plus haut en :a et b L. Bédard, J. Déziel et L. Lamarche 2006, p. 180-181.
14. ↑ Revenir plus haut en :a et b S. Asch 1955, p. 31-35.
15. ↑ L. Ross, G. Bierbauer et S. Hoffman 1976, p. 148-157.
16. ↑ L. Bédard, J. Déziel et L. Lamarche 2006, p. 188.
17. ↑ L. Bédard, J. Déziel et L. Lamarche 2006.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 49


18. ↑ G. Paicheler 1985.
19. ↑ S. Moscovici, E. Lage et M. Naffrechoux 1969, p. 365-379.
20. ↑ Larousse 2011.
21. ↑ S. Milgram 1974.
22. ↑ J. Bouchet et al. 1996, p. 82.
23. ↑ N. Triplett 1898, p. 507-533
24. ↑ L. Bédard, J. Déziel et L. Lamarche 2006, p. 323
25. ↑ R. B. Zajonc 1965, p. 269-274
26. ↑ Revenir plus haut en :a et b S. Baggio 2011
27. ↑ Revenir plus haut en :a et b J.-L. Beauvois et H.-V. Joule 2002
28. ↑ J. Bouchet et al. 1996, p. 79
29. ↑ Revenir plus haut en :a b et c S. Guimond 2010, p. 25-26
30. ↑ Revenir plus haut en :a et b E. R. Smith et D. M. Mackie 1999, p. 347-351
31. ↑ Revenir plus haut en :a et b R. K. Merton 1948, p. 193-210
32. ↑ L. Jussim 1991, p. 54-73
33. ↑ Revenir plus haut en :a b c et d M. Snyder et A. A. Stukas 1999, p. 273-303
34. ↑ J. D. Vorauer et D. T. Miller 1997, p. 281-295
35. ↑ J.-F. Staszak 2000, p. 105-119
36. ↑ J. Brophy et T. Good 1974
37. ↑ J. M. Darley et R. H. Fazio 1980, p. 867-881
38. ↑ K. Deaux et B. Major 1987, p. 369-389
39. ↑ M. J. Harris et R. Rosenthal 1985, p. 363-386
40. ↑ E. E. Jones 1986, p. 41-46
41. ↑ L. Jussim 1986, p. 429-445
42. ↑ D. T. Miller et W. Turnbull 1986, p. 233-256
43. ↑ R. Rosenthal 1974
44. ↑ M. Snyder 1984, p. 274-305
45. ↑ M. Snyder 1992, p. 67-114
46. ↑ Revenir plus haut en :a b et c M. Snyder et O. Klein 2005, p. 53-67
47. ↑ J. A. Haugen et M. Snyder 1995
48. ↑ W. B. Swann, A. Stein-Seroussi et S. E. McNulty 1992, p. 618-624
49. ↑ M. Snyder 1995
50. ↑ Revenir plus haut en :a et b J. T. Copeland 1994, p. 264-277
51. ↑ A. A. Stukas et M. Snyder 2002, p. 31-40
52. ↑ J. T. Jost et A. W. Kruglanski 2002, p. 168-187
53. ↑ S. L. Neuberg 1989, p. 374-386
54. ↑ J. L. Hilton et J. M. Darley 1985, p. 1-18
55. ↑ M. Snyder et J. A. Haugen 1995, p. 963-974
56. ↑ J. T. Jost et M. R. Banaji 1994, p. 1-27
57. ↑ L. Jussim et C. Fleming 1996, p. 161-192
58. ↑ D. Christiansen et R. Rosenthal 1982, p. 75-87
59. ↑ S. M. Andersen et S. L. Bem 1981, p. 74-86
60. ↑ J. A. Hall et N. J. Briton 1993, p. 276-295

Le non-recours aux services de soins


prénatals : expériences de femmes

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 50


vivant dans la commune rurale de
Kokologho au Burkina Faso
Marietou Niang
Sophie Dupéré, Emmanuelle Bédard

Contexte et objectifs
L’utilisation non optimale des services de soins prénatals est un problème crucial de santé
publique, considérant les forts taux de mortalité maternelle et néonatale au Burkina Faso. En
effet, malgré une amélioration nette de la couverture des soins prénatals durant ces dernières
années, le recours à la première consultation prénatale se fait tardivement à partir du sixième et
septième mois de grossesse et peu de femmes effectuent le minimum des quatre visites
recommandées. Cette situation est plus remarquée dans les zones rurales. Cependant, peu
d’études effectuées au Burkina Faso se sont intéressées aux femmes qui sont à la marge du
système de soins.

Description et population visée


L’objectif de cette étude était de comprendre les motifs de non-recours aux services de soins
prénatals, en s’intéressant aux femmes âgées de 18 ans et plus qui ont renoncé ou qui ont
recouru tardivement aux consultations prénatales dans la commune rurale de Kokologho.

Méthode
La recherche qualitative inspirée de l’ethnographie a été adoptée pour cette recherche. La
collecte des données a eu lieu d’octobre 2013 à janvier 2014. Les méthodes utilisées sont vingt-
deux entrevues individuelles semi-dirigées avec des femmes qui sont en recours tardif aux soins
prénatals complétées par de l’observation participante et huit entrevues informelles avec des
informateurs clés identifiés dans la communauté. La typologie explicative du non-recours,
développée par l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), a été utilisée
comme cadre conceptuel.

Résultats et outils développés


L’analyse thématique a révélé quatre barrières qui entravent le recours effectif aux soins
prénatals par les femmes rencontrées :

1. le manque de connaissance du calendrier et de la visée des soins prénatals


2. la perception de la grossesse et des soins prénatals
3. les barrières socioéconomiques : paiement direct des consultations prénatales et manque
d’autonomie des femmes, et
4. la perception de la qualité des soins prénatals.

Conclusion et recommandations
La typologie explicative du non-recours adoptée pour cette recherche a permis de comprendre
que le non-recours n’est pas seulement dû à des contraintes liées à l’accès à l’offre publique,

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 51


mais il est un rapport social entre l’offre et les utilisateurs. Nos résultats suggèrent qu’au-delà des
barrières socioéconomiques, l’antagonisme entre les normes sociales et les normes médicales
entourant la grossesse et les soins prénatals entrave le recours effectif aux consultations
prénatales. Aussi, les défaillances du système de soins et de la politique d’exemption des soins
préventifs durant la grossesse contribuent à éloigner certaines femmes des services de soins
prénatals. De ce fait, le non-recours aux soins prénatals ne résulte pas seulement de facteurs liés
à l’individu, mais de différents facteurs socioculturels, politiques et institutionnels. Nos résultats
soulèvent l’importance d’effectuer d’autres études portant sur le non-recours aux services de
soins prénatals au Burkina Faso, afin de déceler les obstacles et les échecs du système de santé
(Dupéré et al., 2012; Rode, 2010) et de s’interroger sur la pertinence et l’effectivité des services
de santé publique (Warin, 2010).

Les femmes enceintes


doivent pouvoir
bénéficier de soins
adaptés au bon moment
7 novembre 2016

Communiqué de presse

GENÈVE

English
中文
Español

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier une nouvelle série de


recommandations en vue d’améliorer la qualité des soins prénatals pour réduire le risque de
mortinaissance et de complications de la grossesse et offrir aux femmes une expérience
positive de la grossesse.

Selon les estimations, l’année dernière, 303 000 femmes sont décédées de causes
liées à la grossesse, 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés au cours des 28
premiers jours de vie et il y a eu 2,6 millions de mortinaissances. Alors que des soins

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 52


de qualité pendant la grossesse et l’accouchement permettent de prévenir un grand
nombre de ces décès, 64% seulement des femmes dans le monde bénéficient de
soins prénatals au moins quatre fois pendant la grossesse.

Les soins prénatals sont essentiels car ils permettent aux intervenants d’offrir aux
femmes enceintes une prise en charge, un soutien et des informations, notamment
de favoriser l’adoption d’un mode de vie sain, y compris une bonne nutrition, de
détecter et de prévenir des maladies, de donner des conseils en matière de
planification familiale et d’aider les femmes éventuellement victimes de violence du
partenaire intime.

«Si l’on veut que les femmes aient recours à des services de soins prénatals
pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, ceux-ci doivent être de qualité»,
affirme le Dr Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche
de l’OMS, ajoutant que «la grossesse doit être une expérience positive pour toutes
les femmes, qui doivent bénéficier de soins dans la dignité.»

Recommandations de l’OMS
Suivant le nouveau modèle de l’OMS pour les soins prénatals, le nombre de
consultations prénatales passe de quatre à huit. Des données récentes indiquent
que l’augmentation de la fréquence des consultations prénatales dans le système de
santé pour les femmes et les adolescentes est associée à une probabilité plus faible
de survenue de mortinaissances, car ces consultations offrent plus d’occasions de
détecter et de prendre en charge d’éventuels problèmes. Le fait de prévoir 8
consultations au lieu de 4 permet de ramener le taux de mortalité périnatale à 8 pour
1000 naissances.

Ce nouveau modèle fait augmenter le nombre d’examens de la mère et du foetus


afin de détecter des problèmes, améliore la communication entre les prestataires de
soins et les femmes enceintes et accroît la probabilité que la grossesse connaisse
une issue positive. Il préconise qu’une première consultation ait lieu au cours des 12
premières semaines de grossesse et que les consultations suivantes soient prévues
aux 20e, 26e, 30e, 34e, 36e, 38e, et 40e semaines.

«Des consultations plus fréquentes et de meilleure qualité pour toutes les femmes au
cours de la grossesse faciliteront l’application de mesures préventives et la détection
précoce des risques, éviteront autant que possible les complications et permettront
de remédier aux inégalités sanitaires», dit le Dr Anthony Costello, Directeur du
Département Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent de
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 53
l’OMS. «Les soins prénatals sont essentiels pour les primipares. Ils détermineront
comment celles-ci auront recours aux soins prénatals lors de grossesses futures», a
t-il ajouté.

Les nouvelles lignes directrices comportent 49 recommandations qui précisent les


soins et conseils dont les femmes enceintes devraient bénéficier à chaque
consultation dans le système de santé, y compris en ce qui concerne l’alimentation
saine et la nutrition optimale, l’exercice physique, la consommation de tabac et l’abus
de substances psychoactives, la prévention du paludisme et de l’infection à VIH, les
analyses de sang et la vaccination antitétanique, la mesure du foetus, notamment à
l’échographie, et la prise en charge des symptômes physiologiques courants tels que
les nausées, les douleurs dorsales et la constipation.

«Les conseils en matière d’alimentation saine, de nutrition optimale et concernant les


vitamines et les minéraux que les femmes doivent prendre pendant la grossesse
peuvent favoriser considérablement le développement et la santé de l’enfant pendant
et après la grossesse», dit le Dr Francesco Branca, Directeur du Département
Nutrition pour la santé et le développement de l’OMS.

En recommandant l’augmentation du nombre de consultations prénatales, l’OMS


cherche à améliorer la qualité des soins prénatals et à faire baisser la mortalité
maternelle et périnatale dans toutes les populations, notamment chez les
adolescentes et les femmes qui vivent dans des régions difficiles d’accès ou en proie
à des conflits.

Les recommandations de l’OMS laissent aux pays une certaine latitude quant au
choix des options concernant la mise en œuvre des soins prénatals, selon leurs
besoins. Cela signifie, par exemple, que les soins peuvent être prodigués par des
sages-femmes ou d’autres soignants, dans des établissements de santé ou dans le
cadre de services communautaires de proximité. Les consultations prénatales
doivent s’accompagner d’une prise en charge et d’un soutien tout au long de la
grossesse.

Exemples de recommandations:
 Le modèle de soins prénatals préconise au moins 8 consultations pour faire baisser
la mortalité périnatale et offrir aux femmes des soins de meilleure qualité.
 On trouve des conseils sur l’alimentation saine et la pratique d’exercice physique
pendant la grossesse.
 Une supplémentation quotidienne en fer et en acide folique, par voie orale, est
recommandée à raison de 30 mg à 60 mg de fer élémentaire et de 400 µg (0,4 mg)

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 54


d’acide folique pour les femmes enceintes afin de prévenir l’anémie, la septicémie
puerpérale et les naissances prématurées.
 La vaccination antitétanique est recommandée, selon le statut vaccinal de la femme
enceinte, afin d’éviter que le tétanos n’entraîne le décès du nouveau-né.
 Une échographie avant la 24e semaine de grossesse est recommandée afin d’estimer
l’âge gestationnel de l’enfant, d’améliorer la détection des anomalies fœtales et des
grossesses multiples, de réduire le nombre d’accouchements provoqués en cas de
grossesse prolongée et d’améliorer l’expérience des femmes.
 Les soignants devraient, le plus tôt possible au cours de la grossesse et à chaque
consultation prénatale, interroger toutes les femmes enceintes sur leur
consommation (passée et actuelle) d’alcool et d’autres substances.

Note aux rédactions


Le renforcement des systèmes de santé, y compris par un meilleur accès à des
soignants qualifiés, sera essentiel pour que les pays mettent en œuvre les lignes
directrices. En septembre dernier, la Commission de haut niveau des Nations Unies
sur l’emploi dans le secteur de la santé et la croissance économique a préconisé
d’investir plus vite en faveur des personnels de santé.

Pour faire suite à cette recommandation, les vice-présidents de la Commission qui


appartiennent à l’OMS, à l’Organisation internationale du travail (OIT) et à
l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réuniront
toutes les parties concernées d’ici à fin 2016 afin d’élaborer un plan quinquennal en
vue de mettre en œuvre les 10 recommandations.

Quand les femmes d’Iringa parlent de santé maternelle, la population écoute. Leurs
messages visant à améliorer l’accès des femmes aux soins prénataux et leur
utilisation de ces services sont particulièrement efficaces, car les femmes elles-
mêmes ont cerné les défis urgents auxquels elles font face. Avec le soutien de la
collectivité, elles ont également conçu des stratégies pour les surmonter.

Ce succès est le résultat d’un projet novateur de recherche sur la mise en oeuvre
mené dans les districts de Kilolo et de Mufindi par l’Université de Dar es-Salaam, en
Tanzanie, et la Fondation HealthBridge du Canada, en collaboration avec le
département de la santé du conseil municipal d’Iringa. Le financement a été fourni
par l’initiative Innovation pour la santé des mères et des enfants
d’Afrique (ISMEA).

Pourquoi les femmes n’ont-elles pas recours à des


soins prénataux ?
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 55
L’amélioration de la santé maternelle et infantile en Tanzanie constitue une urgence.
Le pays a signalé 8 200 décès maternels annuels dus à des complications de la
grossesse ou de l’accouchement en 2015, et 45 691 décès annuels de nourrissons
dans les 28 jours suivant la naissance en 2017. Selon les statistiques de
l’Organisation mondiale de la Santé et de l’UNICEF, ces chiffres placent la Tanzanie
parmi les 10 pays ayant les taux les plus élevés.

La Tanzanie s’efforce de réduire ces indicateurs préoccupants de santé maternelle et


infantile par des politiques nationales, des réformes du secteur de la santé et des
plans et programmes ciblés. Mais comme l’équipe de recherche l’a constaté, les
améliorations ne répondent pas toujours aux réalités locales. À Iringa, l’un des
besoins les plus urgents est de trouver les moyens d’accroître le recours aux
services de soins prénataux. Les directives du ministère tanzanien de la Santé
recommandent au moins quatre visites dans un établissement de santé pour les
grossesses non compliquées, en commençant par une consultation pendant les
12 premières semaines de gestation. Or, selon le Bureau du Commissaire régional
d’Iringa, seulement 27 % des femmes à Kilolo et 17 % à Mufindi fréquentent un
centre de santé avant leur quatrième mois de grossesse.

Pourquoi les femmes attendent-elles si longtemps ? Pour trouver une réponse, les
chercheurs ont organisé des groupes de discussion et interrogé des femmes, des
hommes, des prestataires de soins de santé locaux et des responsables dans
20 villages de chaque district. Ils ont constaté qu’outre le manque de moyens de
transport pour se rendre dans des établissements de santé éloignés, l’importance
des soins prénataux est mal comprise.

Les rôles traditionnels des hommes et des femmes limitent également la capacité
des femmes à décider si et quand elles doivent se faire soigner. De même, les rôles
sexospécifiques traditionnels découragent les hommes d’accompagner leur
partenaire, malgré la politique gouvernementale, qui exige que les femmes enceintes
amènent leur conjoint à leur première consultation. Un mauvais accueil de la part des
travailleurs de la santé peut décourager les hommes qui s’y rendent de revenir.

La peur d’être stigmatisée en raison du court espacement entre les naissances


maintient également les femmes à la maison. Une femme a déclaré : « On hésite
toujours à consulter un service de soins prénataux lorsqu’on sait – et les infirmières
le savent à coup sûr – que vous avez laissé un enfant de six mois à la maison ».

Cet environnement défavorable, combiné aux longs délais d’attente dans les
établissements de santé, dissuade les femmes enceintes de recourir à des soins
précoces.

Stratégies locales pour améliorer la santé maternelle


et infantile
Le projet étudie comment des solutions adaptées aux réalités locales pourraient
aider à surmonter ces obstacles. Comme point d’entrée, l’équipe de recherche a mis
sur pied des groupes d’apprentissage et d’action participatifs pour les femmes dans

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 56


les 20 villages afin de cerner et de prioriser les problèmes liés à leur mauvaise santé
maternelle et infantile, puis de définir des stratégies pour les résoudre.

Les groupes ont cerné quatre principaux sujets de préoccupation : les


accouchements à domicile; la faible participation des hommes aux soins prénataux;
le recours tardif ou l’absence de recours aux services de soins prénataux; et
l’espacement insuffisant des naissances. Les groupes ont suggéré de nombreuses
stratégies pour traiter ces questions, notamment :

 l’utilisation de groupes de femmes et de championnes pour éduquer d’autres femmes


sur la meilleure façon de partager l’information avec leurs partenaires pendant la
grossesse et l’accouchement;
 s’associer aux agents de santé communautaires pour sensibiliser la collectivité à
l’importance des soins prénataux précoces et pour rendre visite aux femmes
enceintes afin de les encourager à accoucher dans l’établissement de santé;
 trouver des champions masculins dans chaque village pour transmettre des
messages de santé clés aux hommes là où ils se rassemblent (bars, matchs de
football et autres activités sociales);
 améliorer la capacité des comités directeurs des établissements de santé actuels à
éduquer les prestataires de soins de santé sur leurs rôles et les moyens de mieux
s’engager auprès des communautés et des agents de santé des villages.

Améliorer les soins


Les problèmes du système de santé – langage et comportement irrespectueux de la
part des fournisseurs de soins de santé, retards dans la prestation de soins
appropriés, manque d’installations et d’équipement et pénurie de médicaments et de
fournitures – exigent un type d’intervention différent.

La recherche a montré que les comités directeurs des établissements de santé


avaient des difficultés à planifier et à mettre en oeuvre les services, ce qui a conduit
à négliger les plus pauvres et les plus vulnérables. En mai 2018, l’équipe de
recherche a formé les membres des comités des 12 dispensaires de la zone du
projet. Tous ont été choqués par les mauvais indicateurs de santé maternelle et
infantile et la faible participation aux soins prénataux. Ils se sont engagés à
collaborer avec les groupes de femmes et ont promis de travailler en étroite
collaboration avec la collectivité et les établissements de santé pour surmonter les
normes sexospécifiques qui constituent des obstacles à la santé maternelle et
infantile, notamment en donnant l’exemple en accompagnant leurs propres épouses
aux cliniques. « En tant que responsables sanitaires de district, nous allons prendre
des mesures sur un certain nombre de questions suggérées par les groupes de
femmes », a déclaré un membre du comité.

Le pouvoir de la recherche-action
Les messages clés étant prêts, les femmes, les hommes champions et les dirigeants
communautaires ont commencé à mettre en oeuvre les stratégies choisies dans
leurs villages respectifs. L’équipe du projet est en train de documenter le
déroulement du projet. Elle a déjà présenté certains de ses travaux à des parties
prenantes locales et nationales, notamment le ministère de la Santé, et publié les

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 57


résultats dans des revues à comité de lecture sur des sujets tels que la participation
des hommes pour briser les obstacles à la santé maternelle et infantile. « Ce type de
recherche est très important, car il apporte déjà un changement », a déclaré un
conseiller municipal.

L’équipe de recherche souligne que ce projet est l’un des rares en Tanzanie à utiliser
une approche de recherche-action pour impliquer les collectivités dans les
changements qu’elles souhaitent voir dans le secteur de la santé. Comme l’a fait
remarquer un participant, « cette approche nous a permis de diagnostiquer nos
problèmes et de concevoir des stratégies pour les résoudre. Il s’agit d’une façon très
novatrice de faire participer les collectivités.»

Les membres de la collectivité et les décideurs impliqués ont été en mesure de


concevoir des stratégies culturellement acceptables qui ont de bonnes chances de
rester en place après la fin du projet en 2020.

En savoir plus au sujet du projet

Lire l’article de HealthBridge Breaking Barriers to Maternal Health in Tanzania

Apprenez-en plus sur l’initiative Innovation pour la santé des mères et des
enfants d’Afrique

8.1. Problématique
Selon Quivy et al, (1995) citée par Nkoum (2019 :80), la problématique est « l’approche ou
la perspective théorique qu’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question
de départ, elle est une manière d’interroger les phénomènes étudiés ».

La présente étude s’inscrit dans le champ de la santé publique et plus spécifiquement dans le
domaine de la santé communautaire.

La santé publique est « la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et
d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le moyen d’une action
collective concertée visant à : assainir le milieu, lutter contre les maladies, enseigner les règles
d’hygiène personnelle, organiser des services médicaux et infirmiers en vue d’un diagnostic
précoce et du traitement préventif des maladies, mettre en œuvre des mesures sociales propres
à assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de
la santé ». (Aubert et al ; 2003).

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 58


Par cette définition, la santé publique se présente comme une approche collective des actions
de santé et elles abordent l’organisation de la santé à l’échelle des populations entières, en
mettant en avant la prévention et la promotion de la santé. Elle se sert des outils tels que la
santé communautaire pour décrire et analyser les problèmes de santé.
Selon Winslow (1920), l’observance des problèmes de santé d’une communauté relève de la
santé publique, consiste en l’art et la science d’améliorer l’état de santé de la population, de
prévenir la maladie, et de promouvoir la santé et l’efficacité des services de santé, par la
coordination des efforts de la société
Notre thème fait partie intégrante de la santé communautaire. . La santé communautaire est
née en 1978 à Alma-Ata (URSS) avec l’avènement des Soins de Santé Primaire (SSP).
Plutard, cette notion s’est enracinée avec la conférence d’Harare au Zimbabwe en 1987 et
celle de Bamako au Mali en septembre de la même année qui a abouti à la réorientation des
soins de santé primaire. La santé communautaire est alors définie par Kondji (2005 ; 58)
comme celle qui vise une meilleure maitrise de déterminants de la santé par des actions
concernées de façon à permettre à chacun de ses membres de mener une vie harmonieuse et
équilibrée). Selon Manciaux et al, 1978, la santé communautaire implique une réelle
participation de la communauté a l’amélioration de sa santé ; mise en place, gestion et
évaluation des activités ou mieux des pratiques. Elle est théoriquement mise en œuvre par un
groupe associant professionnels et population. Le champ de la santé publique inclut ainsi
plusieurs composantes à savoir : « la promotion de la santé, la prévention des maladies, la
lutte contre la maladie (médecine et soins) et la réadaptation » (OMS, 2013). Notre étude
s’inscrit dans la promotion de la santé ; Il s’agit de la promotion de la santé maternelle et
infantile.
L’amélioration de l’état de santé des populations demeure pour le gouvernement, un objectif
de développement social étroitement lié à la poursuite d’une politique de croissance
économique soutenue. Les résultats escomptés à la suite des multiples stratégies mises sur
pied pour lutter contre ce fléau n’ayant pas été atteints, le gouvernement a développé une
feuille de route pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
On parlera de santé communautaire quand les membres d’une collectivité, géographique ou
sociale, réfléchissent en commun sur leurs problèmes de santé, sont libres d’exprimer
exactement ce qu’ils ressentent, mais dans notre contexte Camerounais, le pouvoir de décision
ne reviens pas à la communauté mais aux pouvoirs publics.
La pyramide sanitaire Camerounaise n’a que trois niveaux, le niveau central, intermédiaire et
périphérique ; si le niveau communautaire existait comme dans les pays développés,

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 59


plusieurs problèmes liés à la santé communautaire seraient résolus à l’instar du recours tardif
des femmes enceintes aux services de maternité dans les formations sanitaires du district de
Maroua II.
Dans les services de maternité, au cours des consultations, des accouchements, et CPON
plusieurs actes sont posés et lorsque ces femmes ne mettent pas en priorité la nécessité de
recourir à ces services cela augmente le risque de décès maternels et néonatals car la mère et
l’enfant sont exposés. En ce qui concerne les différents actes posés dans les différents services
de la maternité nous avons entre autre :
 En CPN, la femme devrait s’y rendre dès le constat de l’absence des menstruations
cela permettrai de vite prendre en charge les éventuels problèmes liés à la grossesse
comme HTA, diabète gestationnel, et plusieurs autres pathologies congénitales. La
venue en début de grossesse permettrait à la sage-femme d’évaluer l’état sanitaire de
la mère et son futur bébé à travers : des bilans sanguins les plus nécessaires (HIV,
NFS, toxoplasmose, rubéole, AGhbs, AChcv, syphilis, chlamydia, GsRh, GE,
électrophorèse, B.U etc…) chaque examen ayant chacun une importance particulière
pour le bon déroulement de la grossesse ; de même, lors de sa venue, la sage-femme
prendrait les antécédents de la femme, les mesures comme le poids, la T.A, la H.U, la
C.A, les bdcf, le Pb, l’échographie, le D.T, le TPI, la prise du sulfate ferreux ; au vu
de tout ce qui précède, à Maroua les femmes continuent de recourir tardivement aux
services de santé maternelle ce qui accentuerai le pronostic de décès lors du suivi ou
de l’accouchement, car c’est dans le service de CPN que se prépare l’accouchement.
La vaccination antitétanique pendant la grossesse fait partie des interventions essentielles,
recommandées par les programmes de santé maternelle et infantile, afin d’améliorer les
chances de survie des femmes et de leurs nouveau-nés. Un peu plus d’une femme sur deux
(54 %) a reçu deux injections du vaccin antitétanique ou plus, durant la grossesse ayant donné
lieu à une naissance vivante (EDSMICS 2018) . Environ sept femmes sur dix (71 %) ont reçu
les doses requises du vaccin antitétanique et par conséquent, on considère que la naissance
vivante la plus récente était protégée contre le tétanos néonatal (EDS MICS 2018) ; De 2011 à
2018, le pourcentage de femmes dont la dernière naissance vivante est protégée contre le
tétanos néonatal n’a pratiquement pas changé (73 % à 71 %), (EDS 2018).
A l’extrême nord et dans le district de Maroua II, quelques formations sanitaires sont dotés du
programme chèque santé, la venue du chèque santé a améliorer le recours aux soins mais n’a
pas totalement pu atteindre ses objectifs, car il n’a pas changé les mentalités de ces
communautés, nonobstant, la finalité du programme est de réduire la mortalité maternelle et

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 60


néonatale – passée de 430 décès pour 100.000 naissances vivantes en 1998 à 782 en 2011,
alors que l’objectif du millénaire de 2015 visait une réduction à 350 décès maternels. Lancé
en mai 2015 en vue de couvrir les trois régions du septentrion camerounais pour un départ,
son objectif est de « Renforcer l’accessibilité aux soins obstétricaux et néonataux grâce à un
appui au financement de la demande de soins par un subventionnement des prestations de
soins » en donnant droit « à un ensemble de prestations liées à la santé maternelle et néonatale
délivrée par des centres de santé et des hôpitaux accrédités », alors malgré l’existence du
chèque santé certaines femmes se trouvent entrain de fréquenter ce service après le premier
trimestre de la grossesse voir même vers la fin au troisième trimestre, certaines dans les 38
SA, certaines viennent acheter le chèque santé pour la première visite prénatal et vont rester
chez elle attendre le jour qu’elle entrera en travail pour revenir à l’hôpital, d’autres arrivent à
l’hôpital pour se le fournir juste pour une éventuelle maladie qui a favorisé une gêne, et même
à 9mois lors de l’entrée en travail ; malgré les limites du chèque santé dans le protocole de
PEC, certaines mentalités sont à revoir. Les différents services de maternité ou le recours
posent problème sont d’ordre de :
 En salle d’accouchement : comme nous l’avons dit précédemment, si une bonne cpn
est faite l’accouchement se conduire bien, car c’est dans le service précédent qu’on
prend connaissance avec la femme d’où en salle de naissance elle est connue à travers
toute son histoire obstétricale qui facilitera sa prise en charge. Mais dans le septentrion
le recours à ce service est toujours tabou malgré la présence du chèque santé, les
femmes arrivent toujours avec un retard qui impactent sur le pronostic vital de la mère
et de l’enfant car si une femme arrive par exemple dans une formation sanitaire
SONUB avec un placenta prævia et n’ayant pas fait de cpn et qu’il faille la référer vers
un SONUC, le temps de prise de décision par le personnel jusqu’à évacuation du
patient pour une éventuelle césarienne peut lui couter la vie. La gestion de la douleur
étant encré en eux dans les valeurs culturelles, ces femmes supportent la douleur du
travail dans leurs domicile et se voient entrain d’accoucher à la maison (septique), ou
parfois chez les accoucheuses traditionnelles, et ces types d’accouchement ne
respectent aucune norme d’asepsie ce qui expose la femme et son enfant aux
infections puerpérales et INN. Le chèque santé prend en charge la femme jusqu’à
42jours après l’accouchement mais le post partum est un service non sollicité car ces
femmes après l’accouchement elles ne restent pas à l’hôpital, donc le suivi du post
partum immédiat, intermédiaire et tardif sont mal suivi ce qui est un risque pour des

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 61


éventuels cas de HPP, éclampsie du pp qui sont les principales causes des décès
maternels avec les infections puerpérales.
 Le service de PF : ce service fait partie intégrante des services de maternité, et est un
volet très important dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile car les
préférences en matière de fécondité représentent un enjeu important pour le
développement et un droit fondamental pour l’homme et la femme qui devraient
exercer librement leur choix informé et en toute responsabilité (CIPD, 1994). La
possibilité d’éviter les grossesses précoces, tardives, rapprochées ou de rang élevé
prévient les risques pour la santé de la mère et de l’enfant. Entre autre nous avons
également le service de vaccination et de malnutrition.
Lors de l’enquête démographique et de santé, en matière de planification familiale, les
proportions d’hommes et de femmes en union qui ne désirent plus avoir d’enfants varient
nettement en fonction de la région. Chez les femmes, les plus fortes proportions s’observent
dans les régions du Littoral (sans Douala) (43 %), de l’Ouest (32 %) et dans les villes de
Douala (35 %) et de Yaoundé (30 %) alors que les plus faibles sont enregistrées à l’Extrême-
Nord (11 %), dans l’Adamaoua (17 %) et dans le Nord (17 %). Chez les hommes, ce sont les
régions du Littoral (37 %) et la ville de Douala (34 %) qui enregistrent les proportions les plus
élevées de ceux qui ne veulent plus d’enfants. À l’opposé, comme
chez les femmes, les régions du Nord (6 %) et l’Adamaoua (5 %) sont celles qui ont les
pourcentages les plus faibles (EDS 2018)
la planification familiale a pour objectif, par l’utilisation de méthodes contraceptives,
d’espacer ou de limiter les naissances afin d’atteindre le nombre souhaité d’enfants.
La planification familiale est considérée comme une des stratégies appropriées pour améliorer
les indicateurs de développement socio-économique, suite à l’impulsion d’un dividende
démographique. Un élargissement de l’accès à la planification familiale et une réponse mieux
ciblée pour satisfaire les besoins non satisfaits en matière de contraception constituent des
interventions-clés pour améliorer la santé de la reproduction, prévenir les grossesses non
désirées et donc réduire les risques de morbidité et de mortalité maternelle et néonatale.
C’est ainsi que la volonté politique du gouvernement s’est matérialisée par de multiples
initiatives avec pour intervention prioritaire la planification familiale. Ces initiatives sont
formulées dans les principaux documents cadre, à savoir : La Feuille de Route pour la
Réduction de la Mortalité Maternelle et Néonatale (2006-2015), le Plan Stratégique
Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle (2011-2013), le

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 62


Plan Stratégique de la Santé de Reproduction, Maternelle, Néonatale et Infantile (2014-2020)
et le Plan Opérationnel de Planification Familiale (2015-2020) dont l’un des objectifs est
d’atteindre une prévalence contraceptive moderne de 30 % à l’horizon 2020 chez les femmes
de 15-49 ans.
Dans la ville de Maroua, les services de planifications familiales sont également vus comme
tabou, car malgré la promotion de la santé instaurée par le Minsanté à travers les partenaires
comme ACMS, DKT, les grossesses non désirées continuent de pulluler avec les ivg ainsi que
les transmissions des IST et MST malgré leur mission qu’est la promotion du planning
familial, lutter contre les ivg et la prévention contre le VIH sida à travers leurs différents
intrants en pf qui permet de limiter, espacer les naissances ainsi que les préservatifs. Les
grossesses non désirées sont toujours observées dans cette partie du pays quel que soit la
jeunesse de la jeune fille ; certaines filles qui arrivent tardivement dans les services de pf
ayant déjà été en contact sexuel qui désire une méthode contraceptive sur une grossesse
encours qui engendrerait une ivg au risque de décès de la jeune fille. Les SAA ne sont pas
sollicités exposant les jeunes femmes aux infections.
Les services de maternité sont peu fréquentés à cause de la préference des accouchements à
domicile, On peut établir une nuance entre l’accouchement à domicile de l’accouchement
qui a lieu dans une structure sanitaire. Ces termes varient selon les auteurs. Certains auteurs
comme Amina (2006), Rochat (2013), Verderese (1975) emploient les termes accouchement
traditionnel, accouchement local, accouchement rural, accouchement en brousse pour signifier
accouchement à domicile. D’autres emploient les termes accouchement dans une formation
médicale ou sanitaire, accouchement assisté, accouchement moderne pour signifier
accouchement dans une structure sanitaire (Ransom et Yinger, 2002).

 Accouchement à domicile

L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent de
santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 63


définition du personnel de santé qualifié utilisée pour calculer l’indicateur des OMD. Un
accouchement à domicile est un accouchement qui se déroule en communauté, en dehors de
toute structure formelle de soins

 Accouchement dans une structure des soins de santé

C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de santé
donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de santé
diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation reçue,
peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les complications
obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau de soins
supérieur. Dans des conditions idéales, ce personnel qualifié appartient à la communauté qu’il
sert et vit avec elle. Il est capable d’assumer les fonctions obstétricales d’urgence de base,
d’engager un traitement et de superviser le transfert de la mère et du nourrisson vers un
niveau supérieur lorsque les soins requis dépassent sa compétence ou ne peuvent pas être
dispensés sur place. Par assistance qualifiée on entend les soins fournis par un personnel de
santé qualifié dans un environnement porteur, ou un système de santé qui puisse fournir les
soins requis ou les soins obstétricaux d’urgence appropriés en cas d’accouchement compliqué.
Bien d’auteurs ne sont pas favorables à l’accouchement à domicile et prônent plutôt
l’accouchement assisté dans une formation médicale. C’est le cas de Rochat (2013) qui dit
que les accouchements non assistés peuvent avoir des conséquences désastreuses. Il qualifie
cet accouchement d’une affaire de souffrance, de honte et d'exclusion. Il va même jusqu’à
dire que l’accouchement traditionnel est un monde où seule une faible frontière sépare la vie
de la mort. Cette situation est beaucoup vécue en milieu rural qu’en milieu urbain. En milieu
rural le travail dure souvent des heures et peut aboutir à la mort du bébé ou de sa maman.
Certaines femmes finissent par se rendre à l'hôpital après avoir essayé d'accoucher pendant
des heures, il est trop tard, l'enfant est mort et a déjà causé de nombreux dommages. Cathy-
Anne (2005) de sa part montre que le choix d’accoucher à l’hôpital pour certaines femmes est
conditionné par le besoin de prise en charge, le besoin de repos, retrait de la vie quotidienne,
peu de complication, avoir un analgésique et compagnie. Actuellement, la majorité des
auteurs sont favorables à l’accouchement dans une formation médicale car il réduit les risques
de mortalité maternelle même s’il entraine aussi des coûts non négligeables. De ce fait, il est
possible d’établir une certaine relation entre la santé et le facteur socio-économique.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 64


 Les déterminants du choix du lieu d’accouchement pour une femme.

Les facteurs influençant le lieu d’accouchement d’une femme sont vus différemment selon
les auteurs. Rugamika et al, 2010 d’entre eux pensent que ces facteurs sont d’ordre culturels
tout court c’est –à- dire liés aux comportements et aux coutumes qui sont en vigueur dans une
culture quand Idris, 2003 ; Faye et al, 2010 et Kamga, 2010 parlent des déterminants socio-
économiques.

Déterminants culturels

La littérature sur la mortalité maternelle spécifie trois types de retards résultants des causes
socioéconomiques et culturelles, qui contribuent au risque de décès maternels (Maine, D et al,
1997 :11) ; L’amélioration du statut social et économiques des femmes, la disponibilité et
l’accessibilité des services de santé primaires et de soins obstétricaux ainsi que l’amélioration
de la qualité de ces services sont du domaine collectif, éléments de risque contextuel. De
même certaines caractéristiques telles que l’âge ou la parité pendant la grossesse seront elles
aussi déterminantes pour la survie de la femme : ce sont les éléments du risque individuel (M.
Lamine Keita et Hawa Touré, 2008 :16). Les décès maternels sont dus à des causes médicales
directes (hémorragie, avortement à risque, l’hypertension induite par la grossesse, travail
dystocique) et à des causes médicales indirectes (anémie, paludisme, VIH/Sida, etc.). Ces
dernières peuvent être décelées et prises en charge pendant les consultations prénatales, alors
que les causes médicales directes sont généralement imprévisibles et nécessitent d’être prises
en charge par des soins obstétricaux d’urgence. La survie de la femme va dépendre alors
fondamentalement de la disponibilité des soins obstétricaux d’urgence, de la qualité de ces
soins ainsi que des délais d’accès aux services qui les fournissent. Ci-après, les facteurs du
risque différentiel de la mortalité maternelle. Selon Rugamika et al (2010), ces facteurs sont
classés en deux groupes, notamment le groupe de quatre trop et le groupe de trois retards.

Les Quatre trop

Par quatre trop, on entend :

 les grossesses trop nombreuses, plus de 7 grossesses


 les grossesses rapprochées exposent la femme au risque. Pour ce cas, il est conseillé
un espacement de naissances d’au moins 3 ans

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 65


 les grossesses trop tardives, celles attrapées au-delà de 35 ans d’âge peuvent être
aussi dangereuses.
 Les grossesses survenues trop tôt : à partir de 15 ans

Facteurs socio-économiques

Au vu de tout ce qui précède, l'on se rend compte que le recours aux soins pendant la
grossesse dépend des caractéristiques socio-culturelles, socio- démographiques et
économiques de la femme ainsi que du contexte institutionnel. À ces différents facteurs
s’ajoutent d’autres facteurs explicatifs des disparités d’accessibilité aux soins de santé.
Diverses études considèrent l'accessibilité géographique comme un facteur limitant majeur de
l'utilisation des services des soins. Une étude réalisée par le CRDI entre 1994 et 1995 a révélé
que l'éloignement du centre de santé avait une forte influence sur la fréquence des CPN au
deuxième et au troisième trimestre de la grossesse. « Les femmes sont frustrées et
découragées lorsqu'elles parcourent de longues distances à pieds pour se rendre au centre de
santé et se font dire que le travailleur de la santé n'est pas là, qu'une seule personne est
disponible, qu'elle doit s'occuper de beaucoup de gens et qu'elle ne peut donc pas prêter
l'attention nécessaire ni offrir un service personnalisé à chacun des clients » (CRDI, 1995).
Afin de répondre aux différentes questions que suscite notre sujet de recherche et soutenir nos
résultats, nous avons mobilisé la théorie de la représentation sociale, la théorie du
comportement planifié et la théorie de de l’influence sociale.

 Questionnaire
Selon Quivy et Campenhoudt (1995) l’enquête par questionnaire consiste à poser à un
ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions
relatives à un problème qui intéresse le chercheur. Le questionnaire adressé aux femmes
enceintes venues dans les formations sanitaires du district de Maroua II permettra d’évaluer

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 66


auprès de celles-ci leurs connaissances en ce qui concerne les risques encourus du recours
tardif aux services de maternité, ainsi que des facteurs à l’origine de ce comportement.
Notre questionnaire aura cinq sections :
- SECTION I : Identification des répondantes
- SECTION II : facteurs socio culturels
- SECTION III : facteurs institutionnels
- SECTION IV : facteurs économiques
- SECTIONS V : facteurs environnementaux

Histoire et évolution du concept de représentations sociales


Le sociologue Français Émile Durkheim introduit en 1898 l'idée de représentation collective
et fixe à la psychologie sociale la tâche d'étudier les représentations sociales. Selon lui, il
abandonne la notion de représentation collective pour s’intéresser aux représentations
sociales, il essaye de voir en quoi la production intellectuelle des groupes sociaux, joue un
rôle dans la pratique sociale. Il propose la notion de représentation collective pour expliquer
divers problèmes d’ordre sociologique. Selon Durkheim la société forme un tout, une entité
originale, différente de la simple somme des individus qui la compose. En parlant de
représentation collective, Durkheim fait apparaître une idée de contrainte sur l’individu : la
représentation impose à l’individu des manières de penser et d’agir, et se matérialise dans les
institutions sociales au moyen de règles sociales, morales, juridiques. On retiendra de
Durkheim, l’idée d’une supériorité des éléments sociaux : conscience collective, et
représentation collective, sur les éléments individuels. Plusieurs psychologues ont emboite

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 67


ses pas pour rendre le concept opérationnel. Les attributions les plus significatives sont celles
de Piaget, Moscovici, de Herylich, de Jodelet et d’Abric…
Dès 1945, Henri Wallon et Jean Piaget ont démontré l'importance de la base motrice posturale
et imitative dans la représentation. Michel Foucault, dans une perspective épistémologique et
d'archéologie du savoir, introduit quant à lui le concept d'épistémè : il s'agit d'une conception
du monde qui rassemble différents paradigmes ou représentations mentales individuelles,
relatives à la pratique du monde, l'histoire, la cosmologie, ... Michel Foucault pense que nous
entrons dans une ère nouvelle, qu'il appelle hyper modernité. Par ailleurs, les travaux
analysant les conditions de la compréhension et de l'échange linguistique (John Searle)
postulent un arrière fond culturel, un savoir tacite, des conventions, c'est-à-dire ce qui dans la
représentation est social.
Dans une perspective clinique inspirée de la psychanalyse D. Kaes articule, quant à lui, dans
ses travaux les processus cognitifs, les représentations à l'ordre des désirs et des affects. Les
apports récents de l'histoire (Georges Duby), de la sociologie (Pierre Bourdieu), de
l'anthropologie (Marc Augé) reconnaissent et explicitent la fonction de la représentation dans
la constitution des ordres et des rapports sociaux, l'orientation des comportements collectifs et
la transformation du monde social. Par exemple Georges Duby à propos de l'imaginaire du
féodalisme parle de la représentation comme « membrure », « structure latente », « image
simple » de l'organisation sociale assurant le passage vers différents systèmes symboliques.
En 1961, Serge Moscovici s'est beaucoup inspiré du concept de «Représentations collectives
» d'Emile Durkheim pour élaborer le concept de représentation sociale. Il pose les bornes d'un
vaste champ de recherche articulé autour des représentations sociales. Dans ses différents
ouvrages, il démontre le rôle des représentations sociales dans l'institution d'une réalité
consensuelle, leur fonction sociocognitive dans l'intégration de la nouveauté, l'orientation des
communications et des conduites. Il montre également que les représentations sociales
peuvent être étudiées globalement comme des contenus dont les dimensions (informations,
valeurs, opinions...) sont coordonnées par un principe organisateur (attitude, normes...) ou de
manière focalisée comme structures de savoir organisant l'ensemble des significations
relatives à l'objet concerné. Cette deuxième approche est à mettre en parallèle au concept
d'organisateur central élaboré par Solomon Asch en 1954 lors de ses recherches sur la
formation des impressions.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 68


D. Jodelet en 1985 et en 1991, et ensuite M.L. Rouquette en 1996 précisent la spécificité des
phénomènes représentatifs eu égard à l'idéologie : La représentation sociale a un objet (par
exemple la maladie mentale) alors que l'idéologie porte sur une classe d'objets dont les
frontières demeurent en permanence ouverte. Par exemple l'idéologie communiste pouvait
inspirer des jugements sur la religion mais aussi la psychanalyse, etc.
L'idéologie interprète et ne distingue pas ce qui est interprétable de ce qui ne l'est pas.
L'idéologie apparaît comme un ensemble de conditions et de contraintes cognitives présidant
à l'élaboration d'une famille de représentation sociale, elle se situe à un niveau de généralité
plus grand. Ce sont les mêmes conditions et contraintes cognitives qui d'une part lient
ensemble certaines représentations et d'autre part rejettent les représentations différentes ou
antagonistes. Ce même mécanisme explique en partie comment les membres d'un groupe
réflexif s'identifient sans se connaître. M.L. Rouquette écrit « Derrière la diversité apparente
des préférences et des engagements se situent des règles configurantes d'origine sociale ».
D’après une brève aperçu de l’histoire, il ressort que le concept représentation sociale n'est
pas nouveau et que certains changements ont été opérés au cours de son évolution. De ce fait,
nous allons le définir selon certains auteurs.
1.2. Définitions de la représentation sociale
Représenter vient du latin repraesentare, rendre présent. Le dictionnaire Larousse précise
qu'en philosophie, « la représentation est ce par quoi un objet est présent à l'esprit » et qu'en
psychologie, « c'est une perception, une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet,
à une situation, à une scène (etc.) du monde dans lequel vit le sujet. » La représentation est
l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'une figure, d'un symbole, d'un signe.
Pour Jean Piaget (1926), la représentation sociale est assimilée à une image mentale, il s’agit
«soit d’une évocation des objets, soit, lorsqu’elle double la perception en leur présence, de
complète des connaissances perceptives en se référant à d’autres objets, non actuellement
perçus. Si la représentation prolonge en un sens de perception, elle introduit un élément
nouveau qui est irréductible : un système de significations comprenant une différenciation
entre le signifiant et le signifie ». Ainsi il considère la représentation comme activité mentale
rendant présent à l’esprit l’image d’un objet ou devenant absent.
Pour Serge Moscovici (1961), la représentation sociale est un système de valeurs, de notions
et de pratiques relatives à des objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, qui
permet non seulement la stabilisation du cadre de vie des individus et des groupes, mais

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 69


qui constitue également un instrument d'orientation de la perception des situations et
d'élaboration des réponses. Cette définition met l'accent sur le contenu (valeurs, notions,
pratiques) et les fonctions (stabilisation du cadre de vie, instrument d'orientation,
élaboration de réponses) d'une représentation sociale.
Pour Claudine Herzlich (1969), elle part de la représentation sociale et de la maladie pour
montrer que la représentation est un processus réel. Selon elle, « l’accent mis sur la notion de
représentation vise à réintroduire l’étude des modes de connaissances et des processus
symboliques dans leur relation avec les conduites ». Pour elle, un effort de construction du
réel, consiste à partager qu’en société et ceci induit chez l’homme d’autres phénomènes
pouvant modifier sa conduite.
Denise Jodelet (1989) est dans le même diapason de Herzlich car pour lui la représentation
est considère comme une texture qui module nos conduite et nos pensées. Il déclare que «les
représentations sociales sont des systèmes d’interprétation régissant notre relation au monde
et aux autre qui, orientent et organisent les conduits et les communications sociaux. Les
représentations sociales sont des phénomènes cognitifs engageant l’apparence sociale des
individus par l’intériorisation de pratiques et d’expériences, de modèles de conduites et de
pensée ».
Selon Jean-Claude Abric (1987), « La représentation sociale est le produit et le processus
d’une activité mentale par laquelle un individu où un groupe, reconstitue le réel auquel il est
confronté et lui attribue une signification spécifique ».
L’analyse de ces différentes définition nous amènes à dire que la représentation sociale est le
produit issu d’une construction sociale bénéfique à tous les membres de la communauté ; leur
devant de référence donc régissant leur comportement, leur conduite. Nous allons pour
l’instant présenter ses particularités.
1.3. Caractéristiques d’une représentation sociale
Toute représentation sociale doit tenir compte de ses caractéristiques principales qui sont : le
contenu et la structure.
1.3.1. Le contenu d’une représentation sociale
Dans la plus part des définitions psycho-sociales des représentations, on retrouve trois aspects
caractéristiques et indépendants

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 70


 La communication : les représentations offrent aux individus d’une société « un code
pour leurs échanges et un code pour nommer et classer de manière univoque les
parties de leur monde et de leur histoire individuelle ou collective ». Moscovici (1961)
 La reconstruction du réel : « Les représentations nous guident dans la façon de
nommer et de définir ensemble les différents aspects de notre réalité de tous les jours ;
dans la façon de les interpréter, de statuer sur eux et le cas échéant de prendre une
position à leurs égards et de la défendre ». Jodelet (1992)
 La maîtrise de l’environnement par le sujet : les représentations, en tant que
connaissances pratiques, permettent à l’individu de connaitre et de maîtriser leur
environnement. Ces différentes fonctions sont :
 La fonction de code commun : les représentations dotent les acteurs sociaux, d’un
savoir qui est commun, donc partagé, ce qui facilite la communication permettant de
comprendre et d’expliquer la réalité.
 La fonction d’orientation des conduites : elles guident les comportements et les
pratiques. Elles précisent ce qui est permis et les interdits dans un contexte social
donnent.
 La fonction de justification : elles permettent à priori, de justifier les prises de
position et les attitudes de divers groupes sociaux.
 La fonction identitaire : elles permettent de définir l’identité d’un groupe
professionnel ou social ce qui justifie le fait que les représentations sociales diffèrent
d’un groupe à l’autre.
Ceci est assimilé aux caractéristiques identifiées par E .A Mvessomba (2009 : 26-39) dans
Elément de psychologie sociale pour l’analyse des relations intergroupe : influence et les
représentations sociales. A savoir : l’information, le champ de la représentation et
l’attitude.
Le champ de la représentation se rapporte à l’organisation et à la richesse du contenu de cette
représentation. Il est variable d’un individu à un autre ou d’un groupe à un autre et apparait
comme une grille qui permet de décoder les informations, un moule qui façonne le contenu de
la représentation (Ebalé Monezé ,2009).
L’attitude permet d’anticiper, de soutenir et d’orienter le comportement. Grace à l’attitude, le
stimulus n’apparait plus comme absolu

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 71


Cette brève présentation des caractéristiques nous permet de comprendre que les éléments tels
que l’information, le champ de la représentation et l’attitude jouent un rôle très important dans
la prise de position des membres d’un groupe social donné. Tout représentation dispose donc
d’abord d’un contenu sociocognitif, ensuite est marquée par son caractère signifiant et enfin à
un contenu symbolique. Quant n’est-il de son fonctionnement ?
1.3.2. Structure d’une représentation sociale
L’analyse structurelle permet de comprendre que les éléments d’une représentation occupent
en général deux types de statuts. Il s’agit en effet des éléments centraux et des éléments
périphériques.

- Les éléments centraux sont ceux-là qui jouent un rôle privilégié dans une
représentation, et les autres éléments dépendent directement de lui. Ces par rapport à
lui que se définissent les poids et les valeurs d’un objet donné : ils définissent de ce
fait l’identité de la représentation. Les éléments centraux forment un noyau appelé «
Noyau central ». Autour du noyau central s’organisent les éléments périphériques qui
fonctionnent comme une grille de décryptage d’une situation selon expression de
Claude Flament.
- Les éléments périphériques assurent le fonctionnement de la représentation. Ces
sont des schèmes c'est-à-dire un ensemble organisés d’informations qui facilitent la
description des situations. Il s’agit des structures psychologiques intermédiaires entre
les objets concrets et leur concept abstrait.

Cependant Jodelet, définit cinq éléments fondamentaux qui caractérisent une représentation
sociale. Ces cinq éléments disent que:

- La représentation sociale est toujours représentation d’un objet : en effet, le sujet ne peut que
se représenter un objet, qu’il soit de nature abstraite ou concrète. Il y a donc une interaction
entre le sujet et l’objet ;

- Elle a un caractère imageant et à la propriété de rendre interchangeable le sensible. Elle aide


donc à la compréhension de notions abstraites grâce à son caractère imageant ;

- Elle a un caractère symbolique et signifiant : elle aide le sujet à interpréter l’objet qu’il a en
face de lui, en lui donnant un sens.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 72


- Elle a un caractère autonome et créatif : elle influence sur les attitudes et les comportements
des sujets.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 73


Par ailleurs, Abric (1984, 1989), souligne que la représentation sociale se structure en
éléments organisateurs, stables et non négociables (formant le noyau de la représentation)
autour duquel des éléments périphériques instables et négociables exercent le rôle de tampon
à la réalité. Dans l'expérience qui lui permit d'avancer cette théorie, Abric mit à jour en
exemple, les éléments nucléaires de la représentation sociale de l'Artisan : ces cinq éléments
que sont « travailleur manuel », « amour du métier », « travail personnalisé », « travail de
qualité » et « apprenti », sont dits non négociables du fait qu'ils constituent les éléments
indispensables qu'un objet social doit comporter pour appartenir à cette représentation. Ainsi,
un artisan qui ne présente pas un certain amour du métier, par exemple, ne peut être
réellement considéré comme tel. De nombreux éléments plus instables peuvent caractériser
l'objet social sans pour autant y être associé de manière systématique. De tels éléments «
périphériques » permettent de classer aisément un objet social au sein de la représentation
sociale remplissant alors leur rôle facilitateur de gestion de la réalité sociale tout en
maintenant une certaine souplesse : l'objet social peut ou non présenter ces éléments sans que
leur nature n'en soit fondamentalement affectée.
La notion de noyau figuratif, élaborée par Moscovici constitue une base stable autour de
laquelle pourrait se construire la représentation. Ce noyau assure deux fonctions essentielles :

 Une fonction génératrice de sens : Il est l’élément par lequel se crée ou se transforme, la
signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce par quoi les
éléments prennent un sens, une valence.

 Une fonction organisatrice : C’est autour du noyau central que s’agencent les autres
cognitions de la représentation. C’est le noyau central qui détermine la nature des liens qui
unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l’élément unificateur et
stabilisateur de la représentation.

Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent bien comme une entité où chaque
partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l’autre. Leur organisation, comme leur
fonctionnement est régie par un double système :
Le système central : structure les cognitions relatives à l’objet, fruit des déterminismes
historiques et sociaux auxquels est soumis le groupe social. Le système central, constitué par
le noyau central de la représentation est directement lié et déterminé par les conditions

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 74


historiques, sociologiques, et idéologiques. Il est marqué par la mémoire collective du groupe
et aussi par le système de normes auquel il se réfère. Le système central

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 75


constitue la base commune collectivement partagée des représentations sociales. Sa fonction
est consensuelle c’est par lui que se réalise et se définit l’homogénéité d’un groupe social. Le
système central est stable, cohérent, il résiste au changement assurant ainsi une deuxième
fonction celle de la continuité et de la permanence de la représentation. Ce système est
relativement indépendant du contexte social et matériel dans lequel la représentation est mise
en évidence.
Le système périphérique : en prise avec les contingences quotidiennes permet dans certaines
mesures l’adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés. Ce système est
fonctionnel, c’est grâce à lui que la représentation peut s’inscrire dans la réalité du moment.
Contrairement au système central, il est plus sensible et déterminé par les caractéristiques du
contexte immédiat. Il constitue l’interface entre la réalité concrète et le système central,
régulation et d’adaptation du système central aux contraintes et aux caractéristiques de la
situation concrète à laquelle le groupe est confronté, qui permet une certaine modulation
individuelle de la représentation. C’est parce qu’elle est constituée de ce double système, un
système stable, un système flexible, que la représentation peut répondre à l’une de ces
fonctions essentielles : l’adaptation sociocognitive.
Il ressort de cette partie que la représentation sociale se structure en éléments organisateurs,
stables et non négociables (formant le noyau de la représentation) autour duquel des éléments
périphériques instables et négociables exercent le rôle de tampon à la réalité. Et que chaque
cognition est alors composée d'un système central, organisateur (stable) et disposant d'une
orientation, puis d'un système périphérique qui sert au décryptage et fait office de tampon
entre réalité extérieure et représentation sociale (réalité intérieure).
1.4. Élaborations des représentations sociales (Processus de construction)
Avant de voir quels processus se mettent en place pour l’élaboration des représentations
sociales, il serait judicieux de revenir sur les circonstances qui peuvent pousser à prédire
qu’une représentation sociale va s’élaborer chez un individu. En effet, il existe trois facteurs
qui indiquent qu’une représentation sociale peut s’élaborer chez un individu :

- La focalisation de l’attention du groupe : sur le problème.

- La dispersion et le décalage : la dispersion est la quantité d’information reçue sur le temps


passé à s’informer. Le décalage quant à lui est la différence entre la quantité d’information qui
parvient à l’individu et la quantité nécessaire pour se former une nouvelle cognition relative
au problème.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 76


- La pression à l’inférence.

La représentation sociale est construite à partir de l’expérience quotidienne et des


communications mais elle détermine à son tour la conduite et les interactions sociales. Les
représentations sociales se construisent à travers les échanges suscités par les objets de la vie
quotidienne, puis offrent à leur tour une grille de lecture de ces objets à propos desquels elles
ont été elles-mêmes élaborées.
L’analyse des travaux de Moscovici (1961) cité par Mvessomba (2009) permet de constater
qu’il existe deux processus à l’oeuvre dans l’activité des représentations :

 L’objectivation

« Objectivation, c’est résorber un excès de significations en les matérialisant ».


L’objectivation est un processus de la représentation sociale visant à concrétiser l’abstrait. Il
intervient lorsque les individus sont confrontés à un «objet » inconnu ou insolite. Il comporte
trois phases :

- Le tri des informations en fonction de critères culturel et surtout normatifs ;

- La formation d’un modèle ou noyau figuratif : les informations retenues s’organisent en un


noyau simple, concret, image et cohérent ;

- La naturalisation des éléments aux quel on attribue des propriétés.

 L’ancrage

C’est « l’enracinement social de la représentation et de son objet». Ce processus comporte


plusieurs aspects :

- Le sens : l’objet représente est investi d’une signification par le groupe concerne par la
représentation.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 77


- L’utilité : « les éléments de la représentation ne font pas qu’exprimer des rapports sociaux
mais contribuent à les constituer ».

- L’enracinement dans le système de pensée préexistant.

Les processus de représentation que sont l’objectivation et l’ancrage permettent de mieux


comprendre la transformation des connaissances scientifiques en représentation sociale.
L’objectivation permet de rendre concret l’abstrait donc le savoir en image tandis que
l’ancrage permet son insertion dans le milieu. Sachant que les représentations sociales
naissent des différentes transformations que les individus se font dans leur environnement, il
serait donc important de montrer les différents types de transformations d’une représentation.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 78


1.5. Les différents types de transformations
A partir du facteur « pratique sociale », trois types de transformation peuvent théoriquement
avoir lieu :

- Une transformation brutale : on peut observer ce type de transformation, lorsque les


nouvelles pratiques mettent en cause directement la signification centrale de la représentation,
sans recours possible aux mécanismes défensifs mis en oeuvre dans le système périphérique.
Le changement est alors massif et immédiat.

- Une transformation résistante : qui peut se produire quand les pratiques sont en
contradiction avec la représentation, mais ici cette contradiction peut être géré dans la
périphérie. Lors de la transformation résistante la représentation est caractérisée dans le
système périphérique par l’apparition de « schèmes étranges » découverts et définis par
Flament (1987). Ces schèmes sont composés de la manière suivante :

 Le rappel du normal

 La désignation de l’élément étranger

 L’affirmation d’une contradiction entre les deux termes

 La proposition d’une rationalisation permettant de supporter la contradiction.

- Une transformation progressive : lorsqu’il existe des pratiques anciennes mais rares qui ne
se sont jamais trouvées en contradiction avec la représentation, la transformation va
s’effectuer sans rupture, c’est à dire sans éclatement du noyau central. Les schèmes activés
par les pratiques nouvelles vont progressivement s’intégrer à ceux du noyau central, et
fusionner pour constituer, un nouveau noyau et donc une nouvelle représentation.
Pour la recherche, les représentations sociales fournissent des notions prêtes à l’emploi et un
système de relation entre ces notions permettant aussi, l’interprétation, l’explication et la
prédiction. Et travailler sur une représentation, c’est : observer comment cet ensemble de
valeurs, de normes sociales et des modèles culturels, est pensé et vécu par des individus de
notre société ; étudier comment s’élabore, se structure logiquement et psychologiquement,
l’image de ces objets. . Il en ressort que le concept de représentation sociale a été introduit en

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 79


psychologie sociale par Serge MOSCOVICI en 1961 dans son ouvrage intitulé La
psychanalyse, son image et son public.

Cette théorie des représentations sociales permet de mieux cerner mais aussi d’agir sur des
enjeux sociétaux d’aujourd’hui comme la prévention des maladies, la réduction des
différentes formes de violence, la préservation de l’environnement, la promotion de l’équité
de genre, la lutte contre les discriminations, les inégalités sociales en santé.

De nombreux préjugés ou idées erronées existent au sujet du recours aux services de


maternité en cas de grossesse, accouchements, planning familial, ou complications liées à
l’accouchement. Ceux-ci ne peuvent être levés que par une bonne connaissance des risques
encourus en cas d’accouchements à domicile ou lors du recours des services de maternité en
dernier ressort. La théorie des représentations sociales nous permet ainsi d’identifier les
différents déterminants de choix du lieu d’accouchement ou autres services de maternité par
les femmes du district de Maroua II.

NGALANI CHRISTINE Yaoundé, le 12 Avril 2022

Mle : 20MSP031-Y

Etudiante en MSPII/ Santé Communautaire

Au

PRESIDENT DU COMITE D’ETHIQUE

INSTITUTIONNELLE DE L’ISSS

Objet : Demande de clairance éthique COSENDAI

Monsieur le Président,

C’est avec grande considération que nous venons auprès de votre haute personnalité
par le biais de cette note, procéder à une soumission de notre protocole de recherche pour
l’obtention de la clairance éthique en vue de réaliser les exigences académiques.

En effet, je suis étudiante en Master niveau 2 en Santé Publique option Santé Communautaire.
Le sujet de notre étude porte sur les facteurs explicatifs du recours tardif des femmes
enceintes dans les formations sanitaires du district de santé de Maroua II, Après une

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 80


prise en compte des observations qui ont été faites sur le plan méthodologique, nous venons
soumettre notre protocole afin que votre comité puisse juger de la validité de ce dernier et par
conséquent, nous accorder l’autorisation qui nous permettra d’investiguer dans la clarté selon
les règles éthiques.

Dans l’attente d’une suite favorable, veuillez recevoir distingués membres du comité, notre
profonde gratitude.

2.1.1. Théorie constructivisme –structuraliste


Cette théorie, dont le principal tenant est Bourdieu, appréhende les réalités sociales,
comme des constructions historiques et quotidiennes des acteurs individuels et collectifs.
Justifiant la thèse constructiviste, Bourdieu (1987 : 147) écrit :

Par structuralisme, je veux dire qu’il existe dans le monde social lui-même, des
structures objectives indépendantes de la conscience et de la volonté des agents
[…]. Par constructivisme je veux dire qu’il y a une genèse sociale d’une part des
schèmes de perceptions, de pensées et d’actions qui sont constitutives de ce que
j’appelle habitus, et d’autre part des structures sociales, et en particulier de ce
que j’appelle des champs et des groupes.

Ainsi, les recours tardif aux services de maternité sont construits sur la base des
significations qui lui sont attribuées par les acteurs sociaux. Les pratiques culturelles peuvent
se modeler ou se remodeler en fonction des conjonctures.

Pierre Bourdieu dans cette théorie met en avant le concept d'habitus qui constitue un
ensemble d’inculcations durables et inconscientes, mais aussi transposables. Ceci nous amène
à envisager le recours tardif aux services de maternité comme la transposition des habitus
sociaux des femmes enceintes dans le champ de la santé maternelle; toute chose qui va
favoriser la prééminence des pratiques socioculturelles.

Par leur socialisation, les femmes enceintes incorporèrent un ensemble de manières de


penser, sentir et agir qu’elles pensent naturelles, qui se révèlent durables et influencent de ce
fait leur rapport au champ sanitaire. Celui-ci prédisposerait donc leurs croyances,
comportements et recours tardif aux soins. Comme l’émet Pierre Bourdieu, ces dispositions
sont à l'origine des pratiques futures des individus.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 81


Toutefois, l'habitus est plus qu'un simple conditionnement qui conduirait à reproduire
mécaniquement ce que l'on a acquis ; toute chose qui nous permettra d’envisager les rapports
du recours précoce des femmes enceintes compte tenue du recours tardif. Le champ sanitaire
serait alors à la fois un champ de conflit (où il y a une dissimilitude des valeurs traditionnelles
et modernes en termes de recours précoce aux soins) et un champ de lutte (où les agents
utilisent les systèmes normalisation des soins dans une perspective de complémentarité ou de
conflit). Le recours tardif des femmes enceintes dépend des capitaux (social, symbolique,
économique, culturel) dont elles disposent pour le suivi de leur grossesse.

Notre objectif étant d’étudier les facteurs explicatif du recours tardif des femmes
enceintes dans la formation sanitaire, le constructivisme structuraliste qui définit les réalités
sociales comme des constructions, entendues comme produits antérieurs aux processus en
cours de structuration nous parait indiqué ici

1.1.1. Intérêt théorique


Les résultats de cette étude permettront de produire des connaissances nouvelles sur le
recours précoce des femmes enceintes de l’aire de santé de Founangue. La production des
connaissances nouvelles sur le sujet pourra constituer une base factuelle pour d’autres
chercheurs en santé publique voulant plus approfondir cette problématique
1.1.2. Intérêt pratique
Cette étude contribue à l’amélioration des connaissances en vue de l’atteinte de
l’Objectif du Développement Durable n°3 (ODD 3). Elle pourra réorienter les stratégies
d’intervention des départements ministériels qui traitent des questions de santé maternelle,
néonatale voire infantile. Une prise en charge efficace des mères et du nouveau- né après
l’accouchement accroît les chances de survie de ceux-ci.
La disponibilité des données sur le recours tardif des femmes enceintes dans la formation
sanitaire de Founangue, permettra aux décideurs de réorienter les activités des programmes
dédiés dans le domaine. Elle permettra également de renforcer la stratégie de prévention et de
réduction de la mortalité maternelle nécessaire à l’atteinte de l’Objectif du Développement
Durable en abrégé ODD, n°3 visant à assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour
tous à tous âges.
La connaissance des facteurs du recours du recours tardif des femmes enceintes
contribue à renforcer les actions préventives partant de diminuer le risque de mortalité
précoce. Chaque membre de ménage a donc la possibilité de constituer une main- d’œuvre
potentielle pour la famille et pour le développement du pays.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 82


1.1.3. Justification personnelle
Nous avons choisi de travailler sur ce thème non seulement parce qu’il est du domaine
de la santé publique, mais plus particulièrement parce qu’il est de la santé communautaire. En
dépit de tous les défis de la santé au Cameroun, la santé de la mère et de l’enfant sont l’un des
éléments clé qui ne cesse de tabler dans les prises de décisions pour la bonne marche de notre
système de santé.
Alors, lors de l’exercice de nos fonctions dans la partie septentrionale du pays de 2015
à 2020, notre irritation est parti du constat que la majeure partie des femmes reçues dans les
services de maternités notamment en consultation prénatale (CPN) et salle d’accouchement le
faisait toujours avec un certain retard qui engendrait des complications de toute nature dont la
prise en charge était souvent difficile parce que n’ayant pas l’anamnèse au préalable du
patient, l’origine nous était inconnue.
De même, celles qui trainaient chez elles et accouchaient à domicile ou par les
matrones ne se pressaient pas de revenir pour la prise en charge post natale ou les soins post
natals, même celles qui avaient des avortements incomplet trainaient pour arriver à l’hôpital
afin de recevoir les soins post abortum.
Aussi, parmi celles qui venaient quand même à l’hôpital, nous avions également pu
remarquer que ces femmes ne se souciaient pas de leur devenir, elles ne respectaient pas le
temps requis pour le suivi du post partum, tous ces retards compliquaient la prise en charge ou
l’évacuation pour une bonne prise en charge entre le temps d’arrivée en structure hospitalière
et le temps de prise de décision, entrainant sois le décès de la mère ou du nouveau-né. C’est
au regard de ce constat que nous nous sommes attelés à travailler sur les facteurs explicatifs
du recours tardif des femmes enceintes dans la formation sanitaire de Founangue (District de
Santé de Maroua II).

1.6.2. Justifications scientifiques


Vu les différentes conséquences qui se cachent autour du recours tardif des femmes en
maternité dans cette partie du pays, le gouvernement n’a cessé de mener des actions qui
permettrons de relever le défis de la santé maternelle. Selon l’enquête démographique et de
santé (EDS 2005) au Cameroun, le ratio de mortalité maternelle est de 762 décès pour 100
000 naissances vivantes (EDS 2011), malgré que ce taux a connu une régression favorable par
rapport au précédent, qui est passé actuellement à 467 pour 100000 naissances vivantes (EDS
2018), avec la littérature consultée, il reste toujours un problème de santé publique. Un taux

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 83


qui reste encore largement élevé et laisse entrevoir l’incapacité du pays à atteindre ODD 3 qui
priorise les questions de « bonne santé et bien-être » afin de permettre à tous de vivre en
bonne santé et de promouvoir le bien-être de tous à tout âge, avec pour cible 3.1, d’ici 2030
faire passer le taux de mondial de mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100000
naissances vivantes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation parmi lesquels le faible
recours des femmes aux services de santé maternelle dans la majorité des villes du pays et
particulièrement celles de l’Extrême-Nord. La présente étude permettra à cet effet d’avoir des
connaissances approfondies sur les pratiques et les raisons qui président le choix du recours
tardif aux soins en lien avec le contexte de l’étude. Elle est une contribution à l’analyse
approfondie des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS), du Programme National de
Développement Sanitaire (PNDS) et de la Stratégie Sectorielle de Santé (SSS). Elle contribue
à l’amélioration des connaissances sur la problématique des soins prénatals qui est
généralement abordée sous l’angle strictement médical en négligeant la dimension
socioculturelle. Les réalités « latentes » qui se situent autour de cette problématique seront
révélées. Les résultats de l’étude permettront de cerner les représentations, les pratiques et de
documenter le vécu des femmes en matière de soins prénataux.
La présente étude est menée dans la ville de Maroua, chef-lieu du département du
Diamaré dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Elle est située entre 10°35 de latitude
Nord et 14°19 de longitude Est. Elle est subdivisée en trois arrondissements à savoir Maroua
I, Maroua II et Maroua III. Dans notre contexte nous sommes dans l’aire de santé de
Founangué qui appartient au district de santé de Maroua II
 Situation Géographique
Le CMA de Founangue se trouve dans l’aire de sante de Founangue qui est à l’est de
Maroua, juste à côté du pont vert, et à proximité de l’école maternelle de Founangue et du
pont vert

 infrastructure

Le CMA de Founangue possède - bâtiments en son sein. Elle est organisé comme suit ;

- Un Bâtiment à l’entrée, qui est en construction contenant 2 bureaux et 2 salles


d’hospitalisation
- Un grand bâtiment au centre qui contient quatre bureaux de consultations, deux
pharmacies, deux laboratoires, une salle de soins, et bureau du régisseur.
- Une salle d’hospitalisation a capacité de 20 lits,

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 84


- un hangar pour la PEV et réunions
- Finalement le bâtiment de la maternité qui contient le bureau de CPN, planning
familial, une salle d’accouchement (avec trois tables d’accouchement), une salle
de travail et de post partum (avec capacité de 4lits, ainsi que les toilettes
externes)
 Ressources Humaines
Le personnel en activité au service de santé du district se compose d’un : 2 Médecins
Généralistes, 1 Pharmacien ; 2 IDE, 3 sage-femme, 2 Commis, 4 ATMS, 2 IBA, et 15 AS.

 Organigramme Du CMA de Founangue

Le Centre est coiffé par un Chef de centre qui organise toutes les activités au sein de la
FOSA ainsi que les activités dans l’aire de sante dans le cadre des activités de sante publique.
Un surveillant générale responsable de la coordination et la programmation du personnel,
deux commis responsable pour la vente de médicaments, un Régis financier responsable pour
les finance appuyer un point focal PBF et cheque sante (dans le cadre de programmes
respectives) et des Major de chaque service. Il y aussi un le COGE et COSA qui sont des
représentant de la communauté au sein du centre et assurent la liaison du centre avec la
communauté

 Lieu de consultation

Le lieu de la consultation de la mère est un facteur du recours aux soins prénatal. Les
résultats de Nguemo (2014) dans le cas du Grand –nord Cameroun, révèlent que les mères qui
accouchent dans un centre de santé ont moins de risque de ne pas recourir aux soins postnatals
que celles qui accouchent à domicile. En plus en Côte d’Ivoire, les nouveaux nés accouchés à
domicile ont plus de risque de ne pas recevoir des soins prénatals modernes que ceux
accouchés dans un service de santé (Konan, 2014).

 Recours aux soins prénatals

C’est une opportunité médicalement suivie qui accroît les chances de recevoir des
conseils de prise en charge pendant la période de l’accouchement, la période postnatale et
celle du nouveau-né. Mais, la présence de professionnels de la santé masculins dans les

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 85


services de santé reproductive gênerait le recours aux soins prénatals (Finlayson & Downe,
2013).

Le fait de recourir aux soins prénatals modernes diminue au fur et à mesure que le
non-recours aux soins prénatals augmente. Ce risque est, pour les femmes du Grand –Nord du
Cameroun n’ayant effectué aucune visite, plus élevé que chez celles ayant effectué 1 à 3 CPN
ou au moins 4 (Nguemo, 2014).

L’approche socioculturelle a le mérite de mettre en avant le poids des valeurs


culturelles sur le comportement des individus. Elle sous-tend l’objectif basé sur la description
des modèles et pratiques culturelles. Mais, elle ne tient pas en compte de la rationalité
individuelle.

 Accouchement à domicile
L’accouchement traditionnel est celui qui se fait à la maison en présence soit d’un agent
de santé bien formé ou soit d’une accoucheuse traditionnelle (matrones). Par accoucheuse
traditionnelle on entend une personne qui assiste les femmes de sa communauté au cours de
leur grossesse et de leur accouchement. Les accoucheuses traditionnelles n’ont pas reçu la
formation requise pour gérer les accouchements compliqués. En général, elles ne sont pas
salariées et ne sont pas affiliées au système de santé officiel. Bien qu’elles soient tenues en
grande estime par les membres de leur communauté, et souvent les seules personnes
disponibles pour assister à l’accouchement, elles ne devraient pas être incluses dans la
définition du personnel de santé qualifié utilisée pour calculer l’indicateur des ODD. Un
accouchement à domicile est un accouchement qui se déroule en communauté, en dehors de
toute structure formelle de soins

 Accouchement dans une structure des soins de santé

C’est l’accouchement assisté par un personnel qualifié dans une structure des soins de
santé donnée. Kamga, 2010 définit un personnel qualifié comme étant un personnel de
santé diplômé (sage-femme, infirmière accoucheuse, ou médecin) qui, grâce à la formation
reçue, peut pratiquer en toute sécurité les accouchements normaux, diagnostiquer les
complications obstétricales et les prendre en charge ou transférer la parturiente vers un niveau

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 86


de soins supérieur. Dans des conditions idéales, ce personnel qualifié appartient à la
communauté qu’il sert et vit avec elle. Il est capable d’assumer les fonctions obstétricales
d’urgence de base, d’engager un traitement et de superviser le transfert de la mère et du
nourrisson vers un niveau supérieur lorsque les soins requis dépassent sa compétence ou ne
peuvent pas être dispensés sur place. Par assistance qualifiée on entend les soins fournis par
un personnel de santé qualifié dans un environnement porteur, ou un système de santé qui
puisse fournir les soins requis ou les soins obstétricaux d’urgence appropriés en cas
d’accouchement compliqué. Bien d’auteurs ne sont pas favorables à l’accouchement à
domicile et prônent plutôt l’accouchement assisté dans une formation médicale. C’est le cas
de Rochat (2013) qui dit que les accouchements non assistés peuvent avoir des conséquences
désastreuses. Il qualifie cet accouchement d’une affaire de souffrance, de honte et d'exclusion.
Il va même jusqu’à dire que l’accouchement traditionnel est un monde où seule une faible
frontière sépare la vie de la mort. Cette situation est beaucoup vécue en milieu rural qu’en
milieu urbain. En milieu rural le travail dure souvent des heures et peut aboutir à la mort du
bébé ou de sa maman. Certaines femmes finissent par se rendre à l'hôpital après avoir essayé
d'accoucher pendant des heures, il est trop tard, l'enfant est mort et a déjà causé de nombreux
dommages. Cathy-Anne (2005) de sa part montre que le choix d’accoucher à l’hôpital pour
certaines femmes est conditionné par le besoin de prise en charge, le besoin de repos, retrait
de la vie quotidienne, peu de complication, avoir un analgésique et compagnie. Actuellement,
la majorité des auteurs sont favorables à l’accouchement dans une formation médicale car il
réduit les risques de mortalité maternelle même s’il entraine aussi des coûts non négligeables.
De ce fait, il est possible d’établir une certaine relation entre la santé et le facteur socio-
économique. Le CMA attend 1209 femmes enceintes en son sein mais seulement 766
recourent aux CPN, cette différence marque un problème dans l’amélioration de la santé
maternelle ; les distances entre les quartiers et le CMA sont comprises entre 2 et 15 km par
rapport à leurs populations (rapport du district de santé).

Ngalani Christine

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 87


Transposé dans notre travail, il se poserai une difficulté entre l’offre et la demande En effet, cela
s’expliquerai par le fait que une proportion importante de la population de la ville de Maroua n’a
pas recours aux services de soins de santé essentiel à temps, soit parce que les services de
maternité ne sont pas disponible avec l’absence des personnels qualifiés, soit parce que ces
services ne sont pas disponible à la bourse du plus pauvre,

De même, 72 % ont déclaré avoir eu au moins un problème d’accès aux soins de santé. Le
problème majeur rencontré est la difficulté d’obtenir de l’argent pour se faire soigner (67 %). En
plus de ce problème, on peut citer la distance jusqu’à l’établissement de santé (40 %), l’obtention
de la permission d’aller se faire soigner (35 %) et le fait de ne pas vouloir s’y rendre seule (28 %),
(EDS MICS).

, le Plan Stratégique National de Santé de la Reproduction Maternelle, Néonatale et Infantile


(PSN/SRMNI) 2014-2020 ; du plan stratégique de lutte contre la mortalité maternelle,
néonatale et infanto-juvénile 2014-2020 ; du Plan opérationnel de planification familiale
2015-2020 ; du Plan stratégique de sécurisation des produits contraceptifs 2014-2020 ; du
Plan stratégique intégré de communication en SRMNI 2016-2021 ; des Normes et standards
en santé de la reproduction y compris celle des adolescents et jeunes ; des Directives
techniques de surveillance des décès maternels, périnataux et riposte ; de la Stratégie
Sectorielle de la Santé 2016-2027 et du Plan National de Développement Sanitaire 2016-
2020.

Dans le monde, 585 000 femmes décèdent chaque année pendant la grossesse,
l’accouchement ou pendant les 42 jours qui suivent la terminaison d’une grossesse.

Les objectifs de développement durable (ODD) ont été lancés le 25 septembre 2015 et sont
entrés en vigueur le 1er janvier 2016 pour une période de 15 ans allant jusqu’au 31 décembre
2030. Parmi les 17 ODD, les objectifs directement liés à la santé relèvent de l’ODD 3 :
Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Avec
l’adoption des ODD, les États Membres des Nations Unies ont étendu les engagements
mondiaux qu’ils avaient pris en 2000 aux objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD), qui couvraient la période allant jusqu’en 2015

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 88


CURRICULUM VITAE

NGALANI CHRISTINE SAGE FEMM SUPERIEURE


NEE LE 06/04 /1984 6ans d’expérience
ADRESSE : Yaoundé Cameroun Bilingue (Français et Anglais)
NATIONALITE : Camerounaise Maitrise de l’outil informatique
SITUATION MATRIMONIALE : en couple (Word, Excel, Powerpoint)
Avec un enfant en charge centres d’intérêts (lecture,
TELEPHONE : 699096142 /651783684 (voyages et découvertes, danse)
EMAIL :ngalanichristine@gmail.com

OBJECTIFS PROFESSIONNELS
Intégrer une équipe avec laquelle je pourrai mettre à profit mes compétences, mes qualités
organisationnelles, ma capacité d’adaptation et d’intégration dans le groupe et le travail.

PARCOURT SCOLAIRE

 2008 : Baccalauréat A4 Allemand au lycée bilingue d’Ebolowa


 2011 : Licence en Administration et Gestion des Entreprises université de Soa
 2014 : Diplôme de Sage-Femme à l’école des sages-femmes de Laquintinie Douala
 2020 : licence en sciences sociales pour le développement option santé Publique de
l’Université de Maroua
 2021 : Etude de Master Santé Publique Université Adventiste de Nanga Eboko

COMPETENCES PROFESSIONNELLES
 Consultations prénatales recentrées
 Accouchement eutocique et par ventouse
 Consultations post natales

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 89


 Planning Familial (DIU, IMPLANON NXT, JADELLE, etc)
 Bonne maitrise de la prise en charge des avortements incomplets par la technique
d’aspiration manuelle
 Bonne maitrise de la prise en charge des hémorragies du post partum et de la
délivrance
 Aptitude à réanimer les nouveaux nés en situation de détresse avec le matériel adéquat
 Capacité à poser de bonnes actions lors d’une référence
 Bonnes maitrise des thèmes lors des causeries éducatives
 Prestataire sur la prise en charge des IST
 Bonne maitrise sur l’étude du Genre
 Prestataire sur la prise en charge de la PTME et le suivi des enfants nés des PVVIH et
des perdus de vus
 Prestataire dans les prélèvements de la PCR
 Prestataire dans la prise en charge des HSH, FSF, Transgenre

LIEUX D’EXERCICE COMME SAGE FEMME


 2014 : Hôpital de district de la cité des palmiers Douala (salle d’accouchement, cpn)
 2015 : Hôpital de District de Bafang et Centre de Santé christ Roi de Bafang (salle
d’accouchement, cpn, cpon, post partum, post opératoire)
 Décembre 2015- juin 2021 : Centre Médical D’arrondissement de Founangué à
Maroua (salle d’accouchement, vaccination, cpn recentrés, planning familial, gestion
des IST et avortements incomplets, CPON mère et enfants, gestion des données du
projet chèque santé et PBF).
 Juin 2020-juillet 2021 : Centre Médical d’Arrondissement de Mendong (Yaoundé)

TACHES REALISEES

 Accouchements normaux
 Suivi des accouchements à domicile
 Consultations prénatales communautaires
 Consultations post natales
 Recherches des enfants nés de mères VIH + perdus de vus et prise en charge
 Prélèvements PCR et transfert des échantillons vers le CIRB Yaoundé
 Pose des différentes méthodes de planification familiale
 Causeries éducatives en communautés et lors des CPN

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 90


REFERENCES
 Affirmativ action, Mr Ombilitek Jacques : 696045975
 PEPFAR
 GTR Maroua
 ACMS Maroua

QUALITES MAJEURES
 Facilité d’adaptation
 Sens du contact et de l’équipe
 Dynamique du groupe

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 91


CHRONOGRAMME D’ACTIVITE

Activités Fevr Mars Avri Mai Juin Juill Aout Sept Oct Nov Dec
ier 2022 l 2022 2022 et 2022 2022 2022 2022 2022
2022 2022 2022

Choix et validation du
thème de recherche

Rédaction du
protocole (problème,
questions objectifs,
outils de collecte de
données….)
Lecture des
documents pour
extraire des
informations
Validation du
protocole
Validation de l’outil
de collecte de données
Obtention de
l’autorisation de
l’enquête
Collecte des données
Dépouillement des
données
Dépôt du mémoire

Analyse et
interprétation des
données
Publication du résultat
(Soutenance)

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 92


BUDGET ESTIMATIF

Libellé Quantité/Nombre PU(FCFA) Total Source de


financement

Conception théorique - 50 000 50 000


Conception de l’outil 50 100 5000
de collecte de donnée
Recherche sur internet - 80 000 80 000
Formation des 2 5000 10000
enquêteurs
Perdiem des enquêteurs 2 5000 1000
(frais de déplacement et Salaire et
de rafraichissement) épargne
Enquête et matériel 80 000 80 000 personnelle
pour le dépouillement
(Bic, crayon, taille-
crayons, gommes,
chemise à rabat,
formation, dictaphone,
etc…)
Multiplication des 10 15000 150 000
documents
Frais de déplacement et 50 000 50 000
téléphone (taxi, moto)
TOTAL - - 426 000

De plus, l'amélioration de l'éducation en matière de santé sexuelle est la clé pour éliminer les
grossesses chez les adolescentes. Ces grossesses représentent une part importante de la
mortalité maternelle en Afrique subsaharienne. Les adolescentes, en particulier celles de
moins de 15 ans, ont un risque plus élevé de mortalité maternelle que les femmes plus âgées.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 93


Par exemple, en 2014, il y avait 224 adolescentes pour 1000 cas de grossesse en République
démocratique du Congo. Il s'agit du taux de grossesse chez les adolescentes le plus élevé au
monde, suivi du Libéria, qui en compte 221, et du Niger, qui en compte 204. Des
améliorations de l'éducation en matière de santé sexuelle informeraient les jeunes filles sur les
options de contraception, les méthodes de planification familiale et les installations
d'avortement sans risque.

Où les décès maternels se produisent-ils?

Le niveau élevé de décès maternels dans certaines régions du monde reflète les inégalités dans
l’accès aux services de santé et met en lumière l’écart entre les riches et les pauvres. La quasi-
totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus
de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud. Plus de la moitié des
décès maternels se produisent dans des régions instables et plongées dans des crises
humanitaires.

Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.

Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement. 2,3

Dans les pays en développement, en moyenne, les femmes ont beaucoup plus de grossesses
que dans les pays développés; le risque de mourir du fait d’une grossesse au cours de leur vie
est pour elles bien supérieur.

Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.

Mortalité maternelle
19 septembre 2019

English

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 94


‫العربية‬
中文
Русский

Español

La mortalité maternelle est très élevée, ce qui est inacceptable. Environ 830 femmes meurent
chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. En
2015, 303 000 femmes sont décédées pendant ou après la grossesse ou l’accouchement. La majeure
partie de ces décès se sont produits dans des pays à revenu faible et la plupart auraient pu être
évités. 1

En Afrique subsaharienne, un certain nombre de pays ont réduit de moitié le taux de mortalité
maternelle depuis 1990. Dans d’autres régions, dont l’Asie et l’Afrique du Nord, des progrès
encore plus considérables ont été réalisés.

Entre 1990 et 2015, le taux mondial de mortalité maternelle (soit le nombre de décès
maternels pour 100 000 naissances vivantes) n’a diminué que de 2,3% par an. Néanmoins, la
baisse de la mortalité maternelle s’est accélérée à partir de 2000. Dans certains pays, le repli
annuel de la mortalité maternelle entre 2000 et 2010 s’est situé au-dessus de 5,5%, qui est le
taux nécessaire pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.

Les objectifs de développement durable et Stratégie


mondiale
Constatant qu’il est possible d’accélérer le reculde la mortalité maternelle, les pays se sont
maintenant fixé une nouvelle cible visant à réduire davantage la mortalité maternelle. Une des
cibles de l’objectif de développement durable 3 est de faire passer le taux mondial de
mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes, aucun pays ne
devant présenter un taux de mortalité maternelle supérieur à deux fois la moyenne mondiale.

Où les décès maternels se produisent-ils?


Le niveau élevé de décès maternels dans certaines régions du monde reflète les inégalités dans
l’accès aux services de santé et met en lumière l’écart entre les riches et les pauvres. La quasi-
totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus
de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud. Plus de la moitié des
décès maternels se produisent dans des régions instables et plongées dans des crises
humanitaires.

Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.

Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement. 2,3

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 95


Dans les pays en développement, en moyenne, les femmes ont beaucoup plus de grossesses
que dans les pays développés; le risque de mourir du fait d’une grossesse au cours de leur vie
est pour elles bien supérieur.

Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.

Pour quelles raisons les femmes meurent-elles?


Les femmes décèdent par suite de complications survenues pendant ou après la grossesse ou
l’accouchement. La plupart de ces complications apparaissent au cours de la grossesse et
pourraient être évitées ou traitées. D’autres, qui existaient auparavant, s’aggravent à ce
moment-là surtout si elles ne sont pas prises en compte dans le cadre des soins. Les
principales complications, qui représentent 75% de l’ensemble des décès maternels, sont les
suivantes4:

 hémorragie sévère (pour l’essentiel après l’accouchement);


 infections (habituellement après l’accouchement);
 hypertension durant la grossesse (prééclampsie et éclampsie);
 complications dues à l'accouchement;
 avortement pratiqué dans de mauvaises conditions de sécurité.

Les autres causes de complications sont associées à des maladies comme le paludisme, et le
VIH durant la grossesse.

Comment peut-on sauver la vie des femmes?


La majeure partie des décès maternels sont évitables car on connaît bien les solutions
médicales permettant de prévenir ou prendre en charge les complications. Toutes les femmes
doivent avoir accès aux soins prénatals pendant la grossesse, bénéficier de l’assistance d’un
personnel qualifié lors de l’accouchement et recevoir des soins et un soutien au cours des
semaines qui suivent cet accouchement.

La santé maternelle et la santé du nouveau-né sont étroitement liées. On estime qu'environ 2,7
millions de nouveau-nés sont décédés en 20155 et 2,6 millions d’autres enfants sont mort-nés6.
Il est fondamental que toutes les naissances aient lieu en présence de professionnels de la
santé compétents, car une prise en charge et un traitement rapides peuvent sauver la vie de la
mère et de l’enfant.

Une hémorragie sévère après la naissance de l’enfant peut tuer une femme en bonne santé en
2 heures seulement si elle ne bénéficie d’aucune assistance. L’injection d’ocytocine
immédiatement après l’accouchement réduit de manière efficace le risque d’hémorragie.

Le risque d’infection après l’accouchement peut être supprimé par la pratique d'une bonne
hygiène et si les premiers signes d’infection sont reconnus et traités dans les meilleurs délais.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 96


Il conviendrait de repérer la prééclampsie et de la prendre en charge d’une manière
appropriée avant la survenue de convulsions (éclampsie) et autres complications mettant la
vie en danger. L’administration de médicaments comme le sulfate de magnésium en cas de
prééclampsie peut réduire le risque d’éclampsie chez la femme.

Pour éviter les décès maternels, il est également primordial de prévenir les grossesses non
désirées ou trop précoces. Toutes les femmes, y compris les adolescentes, doivent avoir accès
à la contraception, à l’avortement dans de bonnes conditions de sécurité dans le plein respect
du cadre législatif et à des soins de qualité suivant l’avortement.

Pourquoi les femmes ne bénéficient-elles pas des soins dont


elles ont besoin?
Ce sont les femmes pauvres vivant dans des zones reculées qui ont le moins de chances de
recevoir des soins médicaux appropriés. Cela est particulièrement vrai dans les régions où les
travailleurs de santé qualifiés sont peu nombreux, comme l’Afrique subsaharienne et l’Asie
du Sud. Si le niveau de soins anténatals a augmenté dans de nombreuses régions du monde au
cours de la dernière décennie, seules 51% des femmes des pays à faible revenu bénéficient de
l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement. Autrement dit, des millions de
naissances ont lieu sans l’assistance d’une sage-femme, d’un médecin ou d’une infirmière
qualifiée.

Dans les pays à haut revenu, la quasi-totalité des femmes bénéficient d’au moins 4
consultations anténatales, de l’assistance d’un agent de santé qualifié lors de l’accouchement
et de soins post-partum. Dans les pays à faible revenu, sur l’ensemble des femmes enceintes,
un peu plus de 40% avaient bénéficié en 2015 des 4 consultations anténatales recommandées.

Les autres facteurs qui empêchent les femmes de recevoir ou de solliciter des soins durant la
grossesse et l’accouchement sont notamment les suivants:

 la pauvreté;
 la distance;
 le manque d’informations;
 l’inadéquation des services;
 les pratiques culturelles.

Pour améliorer la santé maternelle, il convient d’identifier les obstacles qui limitent l’accès à
des services de santé maternelle de qualité et de prendre des mesures pour y remédier à tous
les niveaux du système de santé.

Action de l’OMS
Améliorer la santé maternelle est l’une des grandes priorités de l’OMS. L’Organisation
oeuvre afin de réduire cette mortalité en développant la recheche, en fournissant des
recommandations cliniques et programmatiques fondées sur des données factuelles, en fixant
des normes mondiales et en apportant un soutien technique aux États Membres.

En outre, l’OMS préconise l’utilisation de traitements plus efficaces et d’un coût plus
abordable, élabore des matériels de formation et des lignes directrices à l’intention des agents

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 97


de santé et accorde un soutien aux pays pour la mise en œuvre des politiques et programmes
et le suivi des progrès accomplis.

À l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies 2015, le Secrétaire général des
Nations Unies, Ban Ki-moon, a lancé à New York la Stratégie mondiale pour la santé de la
femme, de l’enfant et de l’adolescent, 2016-20306. Cette stratégie est une feuille de route pour
l’après-2015 qui relève des objectifs de développement durable. Son but est de mettre fin à
l’ensemble des décès évitables de femmes, d’enfants et d’adolescents et de créer un
environnement dans lequel ces groupes ne se contenteraient pas de survivre, mais pourraient
s’épanouir et voir leur environnement, leur santé et leur bien-être transformés.

Dans le cadre de la Stratégie mondiale et de l’objectif visant à mettre un terme à la mortalité


maternelle évitable, l’OMS collabore avec ses partenaires afin:

 de lutter contre les inégalités dans l’accès aux services de soins de santé génésique,
maternelle et néonatale, ainsi que dans la qualité de ces services;
 d’assurer la couverture sanitaire universelle pour des soins complets de santé génésique,
maternelle et néonatale;
 de lutter contre toutes les causes de mortalité maternelle, de morbidité génésique et
maternelle, et d’incapacités connexes;
 de renforcer les systèmes de santé pour répondre aux besoins et aux priorités des femmes et
des jeunes filles; et
 de veiller à la responsabilisation pour améliorer la qualité des soins et l’équité.

1
 Global, regional, and national levels and trends in maternal mortality between 1990 and
2015, with scenario-based projections to 2030: a systematic analysis by the UN Maternal
Mortality Estimation Inter-Agency Group.
Alkema L, Chou D, Hogan D, Zhang S, Moller AB, Gemmill A, et al. Lancet. 2016; 387 (10017):
462-74.
2
 Maternal-perinatal morbidity and mortality associated with adolescent pregnancy in Latin
America: Cross-sectional study.
Conde-Agudelo A, Belizan JM, Lammers C. American Journal of Obstetrics and Gynecology,
2004, 192:342–349.
3
 Global patterns of mortality in young people: a systematic analysis of population health
data.
Patton GC, Coffey C, Sawyer SM, Viner RM, Haller DM, Bose K, Vos T, Ferguson J, Mathers CD.
Lancet, 2009, 374:881–892.
4
 Global Causes of Maternal Death: A WHO Systematic Analysis
Say L, Chou D, Gemmill A, Tunçalp Ö, Moller AB, Daniels JD, et al. Lancet Global Health.
2014;2(6): e323-e333.
5
 Levels and Trends in Child Mortality. Report 2015
The Inter-agency Group for Child Mortality Estimation (UN IGME). UNICEF, WHO, The World
Bank, United Nations Population Division. New York, USA, UNICEF, 2015.
6
 National, regional, and worldwide estimates of stillbirth rates in 2015, with trends from
2000: a systematic analysis
Blencowe H, Cousens S, Jassir FB, Say L, Chou D, Mathers C et al. Lancet Glob Health. 2016
Feb;4(2):e98-e108. doi: 10.1016/S2214-109X(15)00275-2.
7
 Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent (2016-2030)
Chaque femme, chaque enfant, ONU, 2015

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 98


 Près de 303 000 femmes et adolescentes sont décédées en 2015 à la suite de
complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Environ 2,6 millions d’enfants
sont mort-nés la même année. La quasi-totalité des décès maternels (99 %) et
infantiles (98 %) sont survenus dans des pays à revenu faible et intermédiaire. Ces
décès maternels auraient pu être évités si les femmes ou adolescentes enceintes avaient
eu accès à des soins prénatals de qualité. 60 % des mortinaissances (1,46 millions)
sont survenues pendant la période prénatale et étaient principalement dues à une
infection ou une hypertension maternelle non traitées et à un retard de croissance intra-
utérin. Des données factuelles récentes suggèrent que le modèle de soins prénatals
ciblés, qui a été élaboré dans les années 1990, est probablement associé à une
mortalité périnatale plus importante que les modèles qui comprennent au moins huit
visites de soins prénatals entre la femme ou l’adolescente enceinte et le prestataire de
soins. Une analyse secondaire de l’essai de l’Organisation mondiale de la Santé sur les
soins prénatals suggère que l’augmentation du taux de mortalité périnatale est
probablement due à une augmentation des mortinaissances (OMS 2018).
 L’objectif général du plan stratégique multisectoriel de lutte contre la mortalité
maternelle, néonatale, et infanto juvénile était de réduire de 29% les décès maternels
soit de 782 à 557 pour 100000 naissances vivantes, les décès infanto-juvéniles de 27%
soit de 122 à 89 pour 1000 naissances vivantes et les décès néonataux de 23% soit de
31 à24 pour 1000 vivantes d’ici 2020 au Cameroun. Sa vision est de faire « faire du
Cameroun une nation ou l’accès universels aux soins et services de qualité pour les
femmes et les enfants est une réalité, ou les décès maternels, néonatals et infantiles
évitables sont éliminés ». Le Cameroun n’a pas pu atteindre ces objectifs tels que fixés
au préalable.
 Au Cameroun 6000 femmes enceintes meurent chaque année en donnant la vie selon
les statistiques et nombreux sont les décès enregistrés dans la partie septentrionale du
pays (cheque santé 2018).
 Dans le septentrion, plusieurs facteurs sont en cause de ces pratiques à l’en-contre de
l’accès aux soins qui ont des conséquences néfastes sur la mère et l’enfant, le recours
aux formations sanitaires est limité. Notre préoccupation dans cette étude sera de
déterminer les facteurs pouvant influencer le choix des femmes enceintes de cette ville
de faire recours aux services de maternité ( CPN, PF, CPON, accouchement) ; le but
de notre étude étant d’améliorer la fréquence des recours aux soins maternels et
d’éliminer les perceptions des communautés septentrionales sur les prestations des

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 99


personnels qualifiés à travers l’étude sur les facteurs explicatifs du recours tardif des
femmes enceintes dans les formations sanitaires du district de santé de Maroua II.

Dans le monde comme en Afrique, la réduction de la mortalité maternelle et néonatale


demeure l’un des points cruciaux du système de santé. Au Cameroun,. La réduction de la
mortalité maternelle et néonatale est aujourd’hui l’une des composantes essentielles des
politiques en matière de santé de la reproduction en Afrique Subsaharienne.

L’une des solutions pour y parvenir est de veiller à l’amélioration de la qualité et à l’accès
des femmes aux services obstétricaux pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum.
Pour cela, plusieurs initiatives sont nées au Cameroun pour garantir l’efficacité et l’équité
d’accès aux services de santé maternels et néonatals.

A cet effet, pour notre travail il serait crucial de savoir si les facteurs sociaux culturels,
socioéconomiques, sociodémographiques et institutionnels et environnementaux ont un
impact sur la décision de faire recours aux services de maternité.

Alors, au Cameroun,

Jusqu’en 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommandait à chaque femme


enceinte de faire au moins quatre visites prénatales et d’effectuer la première dans le premier

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 100


trimestre de la grossesse, c’est-à dire entre 8 et 16 semaines d’aménorrhée. Récemment,
l’OMS a revu ses recommandations en la matière et selon les nouvelles directives, une femme
devrait avoir au moins huit contacts avec un prestataire formé et le premier devrait avoir lieu
avant la douzième semaine (EDS 2018).

Il ressort que la proportion de femmes enceintes qui ont eu au moins quatre visites prénatales
est de 65 %. Cette proportion est plus élevée en milieu urbain (79 %) qu’en milieu rural (52
%). Des niveaux beaucoup plus élevés sont observés à Yaoundé/Douala (88 %). Par ailleurs,
en milieu rural, une femme sur cinq n’avait pas effectué de consultations prénatales durant la
grossesse (20 %), (EDS 2018).
La recommandation de faire la première visite prénatale dans le premier trimestre de la
grossesse n’est pas suffisamment suivie. En effet, seulement 41 % de femmes ont effectué
leur première visite prénatale au cours du premier trimestre de la grossesse. Ce pourcentage
est plus élevé en milieu urbain (54 %) qu’en milieu rural (30 %). Dans 11 % des cas, les
femmes effectuent tardivement leur première visite prénatale et c’est au troisième trimestre de
la grossesse que cette visite a lieu (EDS 2018).

Eloundou et al., (2017), le taux d’utilisation de la CPN ou couverture en première


consultation prénatale (CPN1) était de 60 % et celui d’achèvement ou couverture en troisième
consultation prénatale (CPN3) de 30 %. Ce faible taux d’achèvement en CPN constitue un
facteur limitant dans la surveillance correcte de la grossesse et résulterait d’un retard de la
CPN1. Pour les femmes, le respect des consultations prénatales pourrait réduire de 70% les
décès (programme national de lutte contre la mortalité maternelle et infanto-juvénile au
Cameroun PNLMI 2018).

En prévision du lancement des ODD, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses


partenaires ont publié une déclaration consensuelle et un exposé stratégique complet visant à
mettre fin à la mortalité maternelle évitable. La cible consistant à réduire le taux de mortalité
maternelle (TMM) mondial d’ici 2030 a été adoptée sous l’objectif ODD 3.1 : réduire le
TMM mondial à moins de 70 pour 100 000 naissances vivantes d’ici 2030.

Plusieurs facteurs sont à l’origine du recours tardif des femmes aux services de maternité
dans la partie septentrionale du pays. En majeure partie dans les villes du Cameroun, la santé
maternelle est fragilisée mais un accent particulier est tourné vers la partie septentrionale du
au faible recours aux services de santé maternelle.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 101


Toutefois, il est important de souligner que le recours aux soins de santé n’est pas uniquement
tributaire de l’offre à savoir, la qualité du service offert mais aussi et surtout de la demande de
service qui, elle aussi, est très variable, selon de nombreux facteurs socio-économiques,
environnementales et sociales. La ville de Maroua dispose de quelques structures sanitaires de
qualité, avec des maternités équipées et le chèque santé en place, mais on enregistre une faible
fréquentation des femmes dans ces services, surtout la pléthore des consultations prénatales
(CPN) faites vers la fin de la grossesse. Cette situation est surement due aux contraintes socio-
économiques et de mobilité qui limitent le recours des femmes aux soins de santé maternelle.
C’est dans l’optique d’une meilleure compréhension des inégalités et des difficultés de
recours aux soins de santé maternelle que nous nous intéressons à la thématique portant sur
les facteurs explicatifs du recours tardif des femmes enceintes dans la formation sanitaire de
Founangue (district de santé de Maroua II).

Dans cette perspective, nous nous sommes posé la question de recherche suivante : « Quels
sont les facteurs explicatifs du recours tardif des femmes enceintes dans la formation sanitaire
de Founangue (district de santé de Maroua II) ? ».

L’objectif du modèle OMS 2016 de soins prénatals est d’assurer aux femmes enceintes des
soins respectueux, individualisés, centrés sur la personne à chaque contact, en mettant en
œuvre des pratiques cliniques intégrées efficaces (interventions et tests), avec des praticiens
possédant de bonnes compétences cliniques et relationnelles pour leur fournir des
informations pertinentes et en temps utile ainsi qu’un soutien psychologique et affectif, dans
un système de santé qui fonctionne bien. Au vu des données montrant une augmentation de la
mortalité périnatale lorsque la femme ne bénéficie que de quatre visites prénatales et qu’une
augmentation du nombre de contacts prénatals, indépendamment du pays, est associée à une
amélioration de la satisfaction maternelle, l’OMS recommande un minimum de huit contacts :
cinq au troisième trimestre, un au premier trimestre et deux au deuxième trimestre. L’OMS
part du principe que chaque pays adaptera le nouveau modèle à son contexte en fonction de
l’ensemble de services de soins prénatals essentiels défini et en s'appuyant sur un consensus
sur les questions suivantes : quels sont les soins devant être fournis à chaque contact ? Qui
dispense les soins prénatals (quelle catégorie de personnel) ? Où ces soins seront-ils fournis (à
quel niveau du système de santé) ?, et Comment ces soins seront-ils fournis (plateformes) et
coordonnés au cours des huit contacts prénatals ? Améliorer la santé maternelle est l’une des
grandes priorités de l’OMS. L’Organisation œuvre afin de réduire cette mortalité en

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 102


développant la recherche, en fournissant des recommandations cliniques et programmatiques
fondées sur des données factuelles, en fixant des normes mondiales et en apportant un soutien
technique aux États Membres.

Les femmes décèdent par suite de complications survenues pendant ou après la grossesse ou
l’accouchement. La plupart de ces complications apparaissent au cours de la grossesse et
pourraient être évitées ou traitées. D’autres, qui existaient auparavant, s’aggravent à ce
moment-là surtout si elles ne sont pas prises en compte dans le cadre des soins. Les
principales complications, qui représentent 75% de l’ensemble des décès maternels, sont les
suivantes:

 hémorragie sévère (pour l’essentiel après l’accouchement);


 infections (habituellement après l’accouchement);
 hypertension durant la grossesse (pré éclampsie et éclampsie);
 complications dues à l'accouchement;
 avortement pratiqué dans de mauvaises conditions de sécurité.

Les autres causes de complications sont associées à des maladies comme le paludisme, et le
VIH durant la grossesse.

Le niveau élevé de décès maternels dans certaines régions du monde reflète les inégalités dans
l’accès aux services de santé et met en lumière l’écart entre les riches et les pauvres. La quasi-
totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus
de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud. Plus de la moitié des
décès maternels se produisent dans des régions instables et plongées dans des crises
humanitaires.

Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour
100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. On note d’importantes
disparités entre les pays, à l’intérieur d’un même pays, entre les populations à faible revenu et
à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines.

Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les adolescentes de moins de 15 ans. Les
complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont l'une des principales causes
de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 103


Dans les pays en développement, en moyenne, les femmes ont beaucoup plus de grossesses
que dans les pays développés; le risque de mourir du fait d’une grossesse au cours de leur vie
est pour elles bien supérieur.

Le risque de décès maternel sur la durée de la vie – c’est à dire la probabilité qu’une jeune
femme décédera un jour d’une cause liée à la grossesse ou à l’accouchement – est de 1 sur
4900 dans les pays développés, contre 1 sur 180 dans les pays en développement. Dans les
pays connus pour leur fragilité, ce risque est de 1 pour 54, conséquence de l’effondrement des
systèmes de santé.

On estime à 287 000 le nombre de femmes qui sont mortes de complications de la grossesse
en 2010 à travers le monde, 99 % d’entre elles dans les pays en voie de développement. Ces
décès sont évitables dans leur immense majorité. En 2012, la Commission de la Condition de
la Femme de l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution appelant à
l’élimination des décès maternels évitables. Pour cela, il est essentiel de disposer d’un
système qui permet d’identifier et de mesurer tous les décès maternels en temps réel, nous
aide à appréhender tous les facteurs sous-jacents qui contribuent à ces décès, et suscite et
guide des actions destinées à prévenir de futurs décès. La majeure partie des décès maternels
sont évitables car on connaît bien les solutions médicales permettant de prévenir ou prendre
en charge les complications. Toutes les femmes doivent avoir accès aux soins prénatals
pendant la grossesse, bénéficier de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement
et recevoir des soins et un soutien au cours des semaines qui suivent cet accouchement.

La santé maternelle et la santé du nouveau-né sont étroitement liées. On estime qu'environ 2,7
millions de nouveau-nés sont décédés en 2015 et 2,6 millions d’autres enfants sont mort-nés.
Il est fondamental que toutes les naissances aient lieu en présence de professionnels de la
santé compétents, car une prise en charge et un traitement rapide peuvent sauver la vie de la
mère et de l’enfant.

Une hémorragie sévère après la naissance de l’enfant peut tuer une femme en bonne santé en
2 heures seulement si elle ne bénéficie d’aucune assistance. L’injection d’ocytocine
immédiatement après l’accouchement réduit de manière efficace le risque d’hémorragie.

Le risque d’infection après l’accouchement peut être supprimés par la pratique d'une bonne
hygiène et si les premiers signes d’infection sont reconnus et traités dans les meilleurs délais.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 104


Il conviendrait de repérer la pré éclampsie et de la prendre en charge d’une manière
appropriée avant la survenue de convulsions (éclampsie) et autres complications mettant la
vie en danger. L’administration de médicaments comme le sulfate de magnésium en cas de
pré éclampsie peut réduire le risque d’éclampsie chez la femme.

Pour éviter les décès maternels, il est également primordial de prévenir les grossesses non
désirées ou trop précoces. Toutes les femmes, y compris les adolescentes, doivent avoir accès
à la contraception, à l’avortement dans de bonnes conditions de sécurité dans le plein respect
du cadre législatif et à des soins de qualité suivant l’avortement.

 Les normes sociales

Une norme sociale est définie comme étant une règle implicite ou explicite qui prescrit le
comportement adéquat à adopter en société dans des situations bien déterminées. Ces normes
sont donc une source d'influence importante de par le fait qu'elles prescrivent aux gens la
façon dont ils devraient se comporter afin de ne pas être catégorisés comme « hors norme ».
La crainte d'être catégorisé comme tel engendre une forme d'influence puissante que l'on
retrouve par exemple dans le conformisme.

Les normes sociales sont influencées par la culture et peuvent donc varier drastiquement d’un
pays à l’autre ainsi que toucher des sujets très divers comme la nudité ou la manière de se
saluer. Par exemple en France la nudité est fortement associée à la notion de pudeur, par
contre, être dénudé est tout à fait normal pour un membre d'une tribu de Papouasie, qui lui,
risquerait d’être mal vu s’il venait à porter des vêtements.

Les normes régulent également beaucoup de domaines différents de la vie quotidienne comme
les repas, les loisirs, l’espace personnel, le temps, les interactions, etc. Elles varient non
seulement culturellement mais peuvent également être différentes selon le statut social ou
encore le genre.

Le rôle social comprend un ensemble de normes attendues sur la façon de se comporter2.

Ces comportements sont suffisamment ancrés dans les mentalités qu’ils en sont devenus
presque inconscients. Dans des grandes situations moins habituelles, l'automatisme disparaît
et l'attention se reporte sur les comportements des autres afin de les calquer et d’agir selon la
norme attendue

C’est à la suite des expériences de Muzafer Sherif et Solomon Asch notamment, qu’en
1955, Morton Deutsch et Harold Benjamin Gerard entament leurs travaux. Sachant que les
Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 105
processus psychologiques individuels sont sujets à l’influence sociale, selon eux, dans ces
expériences, les sujets n’agissaient pas en tant que membres d’un groupe. Le but de leur
travail était donc de mettre en avant qu’il existe deux types d’influences sociales et que celles-
ci sont opérationnelles dans ces expériences.

D'autre part ils ont identifié l'influence normative, définie comme « l’influence de se
conformer aux attentes positives de quelqu’un d’autre (individu ou groupe) ». En effet,
l'individu qui souhaite rester membre d'un groupe doit adhérer aux normes de celui-ci, la
majorité étant plus favorable à un comportement de conformité qu’à un comportement de
déviance. De plus, le groupe peut décider de punir un membre qui n’adhère pas aux normes.
Celui-ci ressentirait alors la pression à se plier à ces normes en vue d’éviter la punition.
Plusieurs études ont en effet mis en avant que ceux qui s’écartaient des normes se voyaient
rejetés du groupe. Ceci reflète l’importance qu’accorde l’individu à son image sociale 2.

Pour vérifier les hypothèses qu'ils avaient posées, ils ont repris la situation expérimentale
qu’Asch avait développée en y apportant quelques modifications. Les principaux résultats de
leur expérience ont mis en avant que lorsqu’une situation de groupe était créée, même si celle-
ci était triviale et artificielle, l’influence sociale normative augmente, produisant plus
d’erreurs dans le jugement des individus. Ils ont également noté un effet moindre de ce type
d’influence lorsque les individus donnaient leurs réponses de manière anonyme. En effet,
contrairement à une situation de groupe, l'anonymat les protège de la pression immédiate de
se conformer (en observant par exemple certaines expressions de stupéfaction visibles chez
les autres membres du groupe). Un autre résultat met en avant que plus le sujet est incertain
par rapport à la justesse de son jugement, plus il sera sensible à l’influence sociale dans la
construction de celui-ci.

Pour illustrer ces deux types d’influence, Luc Lamarche partage une de ses expériences
personnelles: lorsqu’il assistait à un congrès scientifique à Paris, il fut surpris qu’à la fin de sa
conférence, les personnes présentes aient commencé à taper sur les tables. Lorsqu’il s’aperçut
qu’il en fut de même pour celui qui le suivait, il comprit que ce comportement indiquait une
appréciation (influence informationnelle). De plus, ne voulant pas être le seul à applaudir à la
fin de la conférence suivante, il tapa sur la table. Il se conforma dès lors au comportement des
autres (influence normative).

Le conformisme et expérience de Asch

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 106


L'influence de la majorité sur l'individu est nommée conformisme. Il est défini plus
précisément comme « un changement de comportement ou de croyance résultant de la
pression réelle ou imaginée d’une majorité à l’endroit d’un individu ou d’une minorité
d’individus ». Jacques-Philippe Leyens met en avant que la majorité influente peut être
quantitative ou qualitative. La majorité influente est quantitative lorsque c’est le nombre
important de ses membres qui lui donne du poids ; elle est qualitative lorsque c’est le niveau
de compétence, le prestige ou l’autorité qui repose légitimement dans cette majorité.

Représentation schématique de l'expérience de Solomon Asch.

C’est en 1951 que Solomon Asch entreprend ses recherches sur le conformisme13.

Son expérience la plus connue met en jeu un groupe allant jusqu’à une dizaine de personnes,
où le sujet d’expérience est seul et le reste du groupe est complice de l’équipe de recherche.
La tâche proposée au groupe est de comparer un segment témoin à trois autres, parmi lesquels
un seul a la même longueur que le segment témoin, l’expérience effectuée sur des individus
témoins avait permis de déterminer que la tâche était non ambigüe puisque les réponses
étaient systématiquement bonnes.

Dans chaque groupe, chaque personne doit alors dire à haute voix quels segments il pense être
identique, le sujet du test étant placé en avant-dernier. Chaque test contient une série de 18
questions sur la longueur des segments, les complices de l'expérimentateur répondant
faussement à 12 reprises. 123 sujets ont été testés, qui répondent faux comme le reste du
groupe dans 36,8 % des cas.

L'origine du phénomène de conformisme pourrait se trouver dans le fait que l'unanimité d'un
groupe d'individus plaide en faveur de l'exactitude de l'opinion exprimée. De plus, les
individus craignent généralement la désapprobation sociale : ils ont peur des conséquences de
leur désobéissance, notamment de se faire rejeter.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 107


On peut également expliquer le conformisme en regard des typologies développées, d’une
part, par Kelman et, d’autre part, par Deutsch et Gerard. Le processus d’influence en jeu dans
cette expérience est la soumission, ce qui correspond à la compliance définie par Kelman. En
effet, ce n’est pas parce que l’individu se conforme à la majorité qu’il accepte la réponse de
celle-ci comme juste. Le conformisme s'explique également par deux types d'influence
suivants la théorie de Deutsch et Gerard : une influence informationnelle (le groupe a raison
contre l'individu) et une influence normative (il est plus coûteux de subir la désapprobation du
groupe que de se conformer).

De multiples paramètres peuvent influencer le conformisme d’un sujet, notamment la taille du


groupe, l'unanimité du groupe, la difficulté de la tâche, l'ambiguïté du stimulus, l'attrait pour
le groupe, la confiance en soi du sujet, le besoin d'affiliation, la culture, etc

L’innovation :

L’innovation est définie comme l’influence qu’a un individu ou une minorité de personnes sur
une majorité. Contrairement au conformisme, c’est la minorité qui réussit à imposer son point
de vue. Ceci engendre des comportements nouveaux ou modifie ceux qui étaient déjà en
place. Afin de se faire entendre, la minorité doit passer outre la « déviance » qui lui est prêtée
pour son refus de se conformer aux normes et de suivre la majorité. Plusieurs éléments sont
favorables à l’émergence d’une innovation :

 la constance : elle se veut aussi bien « interne » (ou intra-individuelle : la personne semble
convaincue de ce qu'elle affirme) que « sociale » (ou inter-individuelle : le groupe
minoritaire adopte une position ferme et valide). Une minorité unie, cohérente et
constante est beaucoup plus efficace face à la majorité ;
 la confiance : avoir confiance en soi ou, en tout cas, en donner l’impression est beaucoup
plus convaincant. Une minorité confiante est plus efficace face à la majorité ;
 les personnes qui quittent la position de la majorité pour se rallier à celle de la minorité
sont encore plus influentes que celles qui ont initié le mouvement d’innovation. De plus,
une fois qu’un individu rejoint l’avis de la minorité, les autres suivent relativement vite.
On peut parler d’une sorte d’effet « boule de neige » ;
 ce qui aide à l’innovation est que l’avis minoritaire devient le centre de la discussion, ce
qui permet d’exposer plus d’arguments. La minorité peut alors avoir plus d’une occasion
d’exposer son point de vue, ce qui augmente ses chances de convaincre.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 108


Même si la minorité ne rassemble pas de nouveaux partisans, elle permet de casser l’avis
majoritaire et de laisser les membres du groupe exprimer un avis qu’ils n’auraient peut-être
pas osé avancer avant cela.

Une des expériences les plus connues sur le phénomène d’innovation est celle de Serge
Moscovici, Elisabeth Lage et Martine Naffrechoux en 1969. L'expérience consiste à juger la
couleur et l'intensité lumineuse de six diapositives bleues. Les groupes expérimentaux sont
composés de quatre sujets naïfs et deux complices des expérimentateurs. Chacun donne sa
réponse à tour de rôle et à haute voix. Les complices répondent soit en position 1 et 2 soit en
position 1 et 4 et donnent systématiquement une mauvaise réponse : vert au lieu de bleu. Les
participants se rallient à la mauvaise réponse donnée par les complices dans 8,25 % des cas
contre 0,25 % dans les groupes témoins. Les groupes témoins sont composés de six sujets
« naïfs » qui donnent leurs réponses par écrit.

L’effet de constance a pu être démontré ainsi. En effet les minorités ayant continuellement
répété leur choix « vert » au lieu de « bleu » ont plus souvent rallié la majorité à leur opinion.
Par contre, celles qui ont assuré que les diapositives bleues étaient vertes seulement pour deux
tiers de celles-ci n’ont pas convaincu.

L’obéissance et la soumission à l’autorité

L'obéissance est définie en psychologie comme la réalisation d'une conduite prescrite par une
source d'autorité (réalisation d'une obligation). Le terme « source d'influence » est parfois
utilisé. L'obéissance laisse sous-entendre une différenciation de positions ou rôles sociaux
entre les individus (un patron et son employé, une mère et son enfant) et fait donc apparaître
la notion d'« agent » d'un système (travail, familial, etc.).

La recherche en psychologie fait distinguer obéissance et soumission à l'autorité, notamment


dans l'intérêt qu'elle porte plutôt à la deuxième notion. En effet, ce sont les cas extrêmes
d'obéissance qui ont été les plus étudiés, principalement à travers l'expérience de Milgram sur
la soumission à l'autorité. Cette expérience réalisée dans les années 1960 à l'université de Yale
consistait à tester à quel point les participants se soumettent à l'autorité. Le but était de
mesurer leur degré d’obéissance face à une source d'autorité en l’occurrence l'expérimentateur
en blouse blanche. L'expérimentateur demandait au participant d'infliger à un sujet compère,
qui était dans une autre pièce, des décharges électriques (punition) de plus en plus forte
chaque fois que ce dernier se trompait dans la tâche de rappel de mots qui lui était imposée.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 109


Les résultats des travaux de Stanley Milgram ont amené beaucoup de pistes d'interprétation à
ce phénomène. Lui-même, ainsi que d'autres chercheurs, ont tenté de vérifier ou de confronter
ces pistes en répliquant l'étude selon différents modes opératoires et sur différentes
populations.

La conclusion principale de ces recherches est la suivante, le sujet soumis à une pression
explicite de la part d’une source d’influence se place dans un « état agentique » : lorsqu’un
individu reçoit des instructions ou des ordres d’un autre individu détenant une certaine
autorité ou prestige, il devient l’instrument d’une volonté dont les tenants et aboutissants le
dépassent.

Les auteurs distinguent l'obéissance du conformisme en signalant que l'obéissance et, par
extension, la soumission à l'autorité exige une pression de la part d'un tiers mais aussi une
différence de statut entre les deux individus en situation.

Les autres formes de l’influence sociale

 facilitation et l’inhibition sociale

La facilitation sociale se définit comme « l'effet positif de la présence des autres sur la
performance ». Cependant, il faut noter que la présence des autres peut également avoir un
effet inhibiteur et donc diminuer la performance de l'individu.

Robert Zajonc a entrepris plusieurs recherches à ce sujet. Il a mis en avant que lorsque les
tâches étaient faciles (c’est-à-dire quand la réponse la plus probable était celle qui était
correcte), il y avait un effet de facilitation sociale et donc un meilleur rendement. Par contre,
lorsque les tâches étaient complexes (c'est-à-dire quand la réponse correcte n’était pas celle
qui prédominait), la présence d’autrui favorisait l’inexactitude dans les réponses.

 La manipulation et l'engagement

La manipulation est une forme d’influence implicite dans laquelle la personne qui en est
victime a l'impression de rester libre de ses choix. Elle se base principalement sur le
principe d’engagement. La personne s’engage dans un comportement qu’il sera difficile
de quitter. Parfois, c’est une personne extérieure qui initie les premiers comportements et
force implicitement l'individu à s’engager dans une dynamique dont il pourra
difficilement sortir.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 110


Jean-Léon Beauvois et Robert-Vincent Joule dans leur livre Petit traité de manipulation à
l'usage des honnêtes gens, définissent l'engagement comme « le lien qui existe entre l'individu
et ses actes ». Ils en dégagent deux axiomes :

 « Seuls les actes engagent les individus » ;


 « L'engagement d'un individu présente une intensité variable et contrôlable », c'est-à-dire
qu'on peut le renforcer ou l'affaiblir.

Différents facteurs peuvent influencer l'engagement comme le fait que l'acte soit public,
répétitif, coûteux ou encore irrévocable. Il est également important de préciser qu’il doit s’agir
d'actes n’allant pas à l’encontre des attitudes habituelles de l'individu27.

Il existe différents types d’engagement, en voici les principaux :

 la technique du pied dans la porte : il s’agit de demander une ou plusieurs choses


banales à une personne pour ensuite lui faire part de notre véritable requête. Par exemple,
demander l’heure avant de demander de prêter xfranc ;
 la technique de la porte au nez : il s’agit de faire une demande démesurée pour ensuite
obtenir quelque chose de raisonnable. Par exemple demander à quelqu’un de prêter 100 f
pour ensuite abaisser la requête à 10 f;
 l’amorçage : l’individu se lance dans un comportement dont on lui cache dans un premier
temps le coût réel. On lui fait miroiter quelque chose qu’il n’aura pas. Par exemple, la
personne voit un canapé qui ne lui plaît pas vraiment, mais avec lequel on lui promet un
halogène gratuit. Arrivé en caisse on lui explique que la promotion n’est plus d’actualité
et qu’elle doit donc payer plus cher que prévu. Dans la plupart des cas, la personne
acceptera de payer plus car sinon, cela voudrait dire qu’elle aurait acheté ce canapé pour
la promotion et non parce qu’il lui plaisait ;
 le pied dans la bouche : il s’agit simplement de demander à une personne si elle va bien.
Une réponse positive prédispose favorablement à l’acceptation d’une requête ;
 l’étiquetage : attribuer une étiquette à une personne lui fait souvent se comporter en
conséquence. Par exemple, dire à quelqu’un qu’il est généreux augmentera les chances
qu’il prête de l’argent ;
 le toucher : toucher brièvement une personne peut augmenter les chances qu’elle accepte
une requête. Par exemple effleurer l’avant-bras ou poser sa main sur l’épaule durant un
bref moment ;

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 111


 le leurre : il s’agit de faire miroiter quelque chose à l’individu, de lui annoncer que
malheureusement ce n’est plus disponible et de lui proposer ensuite quelque chose de
moins bien. Par exemple proposer un superbe téléphone portable dernier cri et en solde
qui n’est justement plus en stock. Cependant il y en a un autre un peu moins bien, non
soldé mais disponible tout de suite ;
 la technique du « mais vous êtes libre » : énoncer ces mots à la fin de la phrase donne à
la personne l’illusion qu’elle est maîtresse de ses actes et augmente les chances qu’elle
accepte une requête

La polarisation de groupe

La prise de décision communautaire peut elle aussi être influencée socialement ; il est rare que
tous les membres d'un groupe aient le même point de vue. Pour aboutir à une décision ou
consensus, les membres du groupe s’engagent alors dans des interactions qui font apparaître
le phénomène de polarisation de groupe : les décisions que les individus prennent seuls par
rapport à une situation sont moins extrêmes et risquées que celles qu'ils prennent après en
avoir discuté en groupe.

b)
Le district de santé de MAROUA II est l’un des 03 districts que compte le département du
DIAMARE, situé dans l’Arrondissement de MAROUA 2e, c’est un district urbain avec une
population estimée en 2020 à 195 570 habitants répartie dans 07 aires de santé.

Le service de santé du district de MAROUA II est logé dans la même enseigne que la
Délégation Régionale de la Santé Publique de l’Extrême-Nord, c'est-à-dire en plein centre
administratif de l’arrondissement de Maroua 1er, à proximité de la direction générale de
la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS).

CARTOGRAPHIE DU DS

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 112


Figure 1:CARTE SANITAIRE DU DISTRICT DE SANTE DE MAROUA 2 (Source : Rapport annuelle 2019 du DS Maroua
2)

c) Données démographiques
Le District de Santé de MAROUA II comporte actuellement sept aires de santé, avec une
population inégalement répartie et très cosmopolite.

Tableau 1: CARTOGRAPHIE DES FOSA DISTRICT DE SANTE MAROUA 2

Catégorie (CSI, Secteur (Publique,


Formations
Aire de Santé CMA, Privé (Laïc ou
Sanitaires
HR, CS) Confessionnel)

Centre de Santé Privé


DOGBA CSI Privé
Adventiste de Dogba
confessionnelle

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 113


Centre de Santé
DOUALARE Intégré de CSI Publique
DOUALARE
Centre Médical
FOUNANGUE d’Arrondissement de CMA Publique
FOUNANGUE
Centre de Santé
KOSSEWA Intégré de CSI Publique
KOSSEWA

Hôpital Privé
CSI Privé
Islamique de Bamaré
confessionnelle
LOPERE
Privé laïc
Clinique Romah CS
(lucratif)
Privé laïc
Clinique Kaliao CS
(lucratif)
Centre de Santé
PAPATA CSI Publique
Intégré de Papata
hôpital Régional de
HR Publique
Maroua
ZOKOK
Centre Médical de la
CS Publique
Sureté Nationale

Source : (Rapport annuel 2019)

Nous avons retenu cette approche parce qu’elle permet un approfondissement de thèmes
complexes parfois sensibles ou intimes (Fassin, 2000). Les données qualitatives sont riches et
ont un caractère englobant (Miles et al., 2003). Elles produisent des descriptions denses et
pénétrantes, nichées dans un contexte réel et unique à chaque personne. L’approche
qualitative permet à cette étude de « dévoiler l’invisible » (Fassin, 2000 : 128) en
approfondissant avec la population de l’étude, les raisons qui sous-tendent le choix d’un
modèle de santé ; les modèles/pratiques traditionnelles ; les attentes vis-à-vis des soins
prénatals de leurs perceptions du recours précoce aux soins. Il n’est autre qu’une technique
d’analyse situationnelle (Mucchielli, 1991). L’une des caractéristiques fondamentales de cette

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 114


technique est de chercher à décrire la complexité d’une situation afin d’éclairer les liens
multiples et dynamiques qui unissent les divers éléments (Collerette, 1997).

theories

2.2.2 Théorie du comportement planifié


Auteur : Ajzen (1985, 1988, 1991)

Postulat : La théorie du comportement planifié (TCP) postule que le comportement humain,


pour être effectif, doit d’abord être décidé ou planifié.

De plus pour être décidé, trois types de facteurs sont nécessaires :

 Des jugements sur la désirabilité du comportement et de ses conséquences (attitudes


par rapport au comportement).
 Des considérations sur l’influence et l’opinion des proches sur le comportement (les
normes sociales).
 Des croyances sur la capacité du sujet à réussir le comportement (auto-efficacité ).

La TCP a été proposée afin de tenir compte des comportements qui n’étaient pas
entièrement sous le contrôle de la volonté individuelle, c’est à dire lorsqu’il existait des
contraintes à l’adoption du comportement. Ainsi, si le comportement n’est pas sous ce
contrôle total de la volonté, l’individu a besoin de toutes les ressources requises pour
accomplir l’action. La perception de la disponibilité de ces ressources affecte l’intention
d’accomplir le comportement, ainsi que la probabilité du succès de la réalisation de ce
comportement. A l’attitude et aux normes subjectives vient s’ajouter une troisième variable
qui est le contrôle perçu du comportement. Le contrôle perçu du comportement se réfère à la
perception qu’a un individu de la facilité ou la difficulté à accomplir un comportement donné.
La Théorie du Comportement Planifiée (TCP) découle des insuffisances de la théorie de
l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975). Celle-ci négligeait le fait que les comportements
des individus ne sont parfois que partiellement volontaires, ou bien, qu’ils sont dépendants du
contrôle que nous pouvons avoir sur nos actes. C’est pour remédier à ces insuffisances
qu’Ajzen et Madden (1986) proposent la théorie du comportement planifié.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 115


Cette théorie repose sur l’idée que les individus sont prêts à adopter un comportement sain,
surtout s’ils croient que : le comportement en question donnera des résultats positifs pour
eux ; ces derniers sont valorisables et qu’ils les valorisent ; les gens dont le point de vue est
important pour eux pensent qu’il est bien de se comporter ainsi et que l’action envisagée est
contrôlable (Conner et Norman, 1995). Elle postule que, pour que le comportement humain
soit effectif, il doit d’abord être planifié ou décidé. Ladite théorie initie le contrôle
comportemental perçu par le sujet comme antécédent des intentions comportementales. Ce
contrôle sera lui-même déterminé par trois types de croyances qu’a le sujet. Il s’agit des :

- Croyances comportementales qui sont une évaluation par le sujet des conséquences
probables du comportement ;
- Croyances normatives qui renvoient à la façon dont le sujet se représente au niveau
des normes sociales et les attentes de ses pairs, mais aussi en intégrant la motivation
du sujet à se conformer à ses attentes (ou à ne pas s’y soumettre) ;
- Croyances de contrôle qui renvoient à la présence et l’influence des facteurs pouvant
faciliter, ou au contraire entraver l’exécution du comportement. Ces croyances
peuvent parfois se révéler être des illusions de contrôle.

Une méta-analyse d’Armitage et Conner (2001) a révélé que ce modèle théorique permet de
prédire les intentions et le comportement dans une variété de situations, tels que l’arrêt
tabagique et l’exercice physique. Selon ce modèle théorique, le principal facteur qui permet
de prédire le comportement d’un individu est son intention à l’égard du comportement.
L’intention comprend l’élément motivationnel nécessaire pour générer le comportement et
indique à quel point un individu est prêt à fournir des efforts afin de le produire.

Les intentions pour un individu d’émettre un comportement donné constituent le facteur


central de la théorie du comportement planifié. L’intention ne s’exprime en comportement
effectif que si celui-ci est sous le contrôle de l’individu. Les facteurs externes (temps, argent,
connaissance, coopération des autres) déterminent le contrôle réel de l’individu sur le
comportement. Cette intention est toutefois influencée par trois variables que sont : l’attitude ;
les normes subjectives et la perception du contrôle du comportement. Toutes ces variables
conduisent à la formation d’une intention comportementale et le comportement est la réponse
observable de cette intention (Ajzen, 2008). Ainsi, plus l’attitude et la norme subjective sont
favorables, plus le contrôle perçu est comme important, plus l’intention qu’a une personne de
réaliser le comportement en question est forte.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 116


Les attitudes représentent l’évaluation favorable ou défavorable qu’une personne a d’un
comportement. La formation de ces attitudes peut être conceptualisée selon le modèle attentes
- valeurs de Fishbein et Ajzen (1975). Ces attentes se forment à partir des croyances de
l’individu à propos d’un comportement. Les caractéristiques et les conséquences liées à ce
comportement, sont préalablement évaluées de façon positive ou négative. Pour donner suite à
cette évaluation, l’individu lie le comportement et ses conséquences ou son coût d’adoption.
Les attitudes découlent de ce lien, et ce dernier influencera les attitudes de façon
proportionnelle à la probabilité subjective du comportement reflétée (Ajzen, 1991).

Ensuite, la norme subjective représente la pression sociale perçue par l’individu, que ce
soit de la société en général ou encore de son entourage ; la manière de se comporter d’une
certaine façon (Ajzen, 1991). Cette norme est basée sur les croyances normatives de
l’individu, c’est-à-dire le comportement qu’il croit être le plus acceptable compte tenu de son
environnement social. La force des croyances normatives, couplée à la motivation ou la
volonté de l’individu de s’y conformer, déterminera l’importance de la norme subjective
globale dans la prédiction de son intention à l’égard du comportement. Dans ce contexte, si
les proches des commerçants approuvent l’amélioration de leur comportement ou habitudes
de vie et que cette reconnaissance est primordiale dans leurs décisions, il conduira à une
norme subjective favorable à l’adoption du comportement. Si leurs proches désapprouvent
l’amélioration de leurs habitudes de vie ou encore que l’opinion de ces derniers soit peu
importante, cela entraînera une norme subjective défavorable à l’adoption du comportement.

Finalement, la perception de contrôle fait référence à l’évaluation que fait une personne
de la difficulté ou de la facilité avec laquelle, elle sera en mesure d’adopter un comportement
(Ajzen, 1991). Plus précisément, la perception de contrôle reflète les croyances par rapport à
la présence de facteurs, internes ou externes à l’individu, qui facilitent ou entravent l’adoption
d’un comportement. Les facteurs internes comprennent les capacités et la force de volonté
perçues, alors que les facteurs externes incluent les demandes spécifiques à la tâche et les
actions d’autres personnes (Ajzen, 2002). Par exemple, si les femmes enceinte de Maroua
avaient le contrôle sur leur propre santé, cela éviterait le recours tardif aux services de
maternité qui sera un comportement sain, par contre elles n’ont aucun pouvoir de décision sur
leur santé ce qui pourrait donc entraver à l’adoption des comportements sain

Transposée dans cette étude, la TCP permettra de comprendre que la manière dont
femmes enceintes de Maroua perçoivent les services de maternité, et l’adoption de certains

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 117


comportements par ces dernières provient d’une certaine rationalité de masse ; ceci a trait aux
habitudes culturelles, c’est à dire la capacité d’adopter un comportement sain après une
évaluation du coût/bénéfice ; avantage/risque et de contrôler l’action envisagée. La formation
des attitudes peut être conceptualisée selon le modèle attentes - valeurs qui tendent à être
propre à chaque femme. L’intention de ces femmes serait influencée par trois variables que
sont : l’attitude ; les normes subjectives et la perception du contrôle du comportement. Une
attitude positive sera produite, si les femmes de Maroua croient qu’améliorer leurs
comportements quotidiens réduira le risque des décès maternels et les complications liés aux
accouchements non médicalisé. Cependant, si elles croient qu’améliorer leurs comportements
quotidiens aura peu ou pas d’impact sur la réduction de la mortalité maternelle et infantile,
alors ils présenteront une attitude négative envers le comportement. Afin de mieux
comprendre ces agir en société, il serait bénéfique d’introduire la théorie de l’influence
sociale.

2.2.3 Théorie de l’influence sociale

Auteurs : Gabriel Mugny, serges Moscovici (1925-2014), Solomon Asch (1907-1996), John
Turner (1947-2011)

Postulat : l’étude des phénomènes


sociaux révèle la tendance des
systèmes à l’intégration et à
l’uniformisation sociale par la
capacité des individus à incorporer

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 118


les éléments dominants dans une
culture.
L es phénomènes d’influence concernent les processus par lesquels les individus et les

groupes façonnent, maintiennent, diffusent et modifient leurs modes de pensée et d’action lors
d’interactions sociales directes ou symboliques. Aborder ces processus est une question
fondamentale non pas seulement pour les chercheurs, qu’ils soient psychologues, sociologues
ou anthropologues, mais aussi pour les groupes, les organisations et les sociétés, qui sont
confrontés à la double mission de maintenir la cohésion sociale et de s’adapter à la perpétuelle
tendance au changement social.

L’influence sociale ou la pression sociale est l'influence exercée par un individu, ou par
un groupe sur chacun de ses membres, dont le résultat est d'imposer des normes dominantes
en matière d'attitude et de comportement. Émile Durkheim fut le premier sociologue à
souligner la « force » du social sur l'individu

Cette influence entraîne la modification des comportements, attitudes, croyances, opinions ou


sentiments d'un individu ou d'un groupe à la suite du contact avec un autre individu ou
groupe. Pour noter un tel effet d’influence, une quelconque relation doit exister entre ces
entités. On distingue plusieurs types d’influences sociales, dites typologies d'influence, telles
que le conformisme, l'innovation et la soumission à l'autorité. Il existe également d’autres
phénomènes qui peuvent s’expliquer en termes d’influence sociale comme la résistance qui
s'oppose aux phénomènes précédents.

L'influence sociale couvre un champ très vaste. Les phénomènes étudiés peuvent être
observés au quotidien.

Ils ont d'une part identifié l'influence informationnelle, définie comme « l’influence
d’accepter l’information obtenue de quelqu’un d’autre comme preuve de la réalité ». En effet,
l’individu, soucieux de fournir une réponse correcte, cherche à rassembler les informations
pertinentes qui lui permettront de résoudre la tâche à laquelle il est confronté 7 ; pour y
parvenir, l'individu se base notamment sur l'avis d'autrui.

En 1958, Herbert Kelman identifie trois processus d'influence distincts.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 119


 La compliance : un individu change de comportement dans le but d'obtenir une
récompense et afin d'éviter une punition de la part d'un individu ou d'un groupe.
Toutefois, ses croyances restent inchangées. Par exemple, accepter de fumer car son ami
le fait, pour éviter d’être rejeté par ce dernier tout en continuant de croire que ce n’est pas
bon pour la santé. De ce fait, l’individu s’est soumis à la volonté de son ami sans pour
autant modifier ses croyances.
 L'identification : un individu change de comportement car il s'identifie à l'individu ou au
groupe qui constitue la source d'influence. Il faut noter que l’identification est le
processus d’influence le plus fort. En effet, l’individu modifie ses croyances en fonction
de son modèle de référence (un individu ou un groupe). Cela signifie que lorsqu’il change
de modèle, il modifie également ses croyances. Par exemple, l’individu s’habille de la
même façon que les autres membres du groupe auquel il s’identifie.
 L'intériorisation : un individu change de comportement car celui-ci est congruent avec
son système de valeurs. Par exemple, adhérer aux idées d’une personne ou d’un groupe en
opérant chez soi un changement interne.

À l'inverse, la réflexion de groupe amène aussi à un examen approfondi des faits en général
lorsque la décision à prendre affecte le groupe directement. Les sujets s’impliquent plus et
traitent l’information de façon plus spécifique en s’appuyant sur ce que les gens pensent et
pourquoi ils le pensent, en plus de leur propre opinion.

Egalement, Il existe quelques points essentiels et incontournables à ce sujet. Par exemple, il


est intéressant de commencer avec la piste des fausses croyances. Les commentaires d’autrui
à propos d’un individu, d’un endroit, d’un objet ou de quelque chose en particulier peuvent
venir colorer l’opinion de différentes personnes. Il est délicat de se positionner sur quelque
chose, sans l’avoir vu de ses propres yeux ou sans l’avoir expérimenté personnellement.
Cependant, il peut arriver que des situations désagréables se produisent en raison d’une
influence extérieure à la personne comme le recours à la culture pour les premiers secours de
santé dans la ville de Maroua au détriment du recours aux soins par des personnels qualifiés.

Notre objectif étant de savoir comment les femmes se représentent le recours précoce aux
soins maternels, l’influence sociale qui définit les réalités sociales comme des agirs que la
société exerce sur le groupe en imposant un caractère. La compréhension des construits
sociaux n’a de sens que si elles sont replacées dans leurs contextes de production. D’où
l’importance de l’ethnométhodologie.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 120


Dans l'ensemble, l'OMS a déclaré que l'amélioration de la santé maternelle restait l'une
de ses principales priorités. En 2015, l'organisation mondiale de la santé a lancé la Stratégie
mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents. Il vise à mettre fin à tous
les décès évitables de femmes, d'enfants et d'adolescents. La cible 3.1 de l’objectif de
développement durable de l’ONU, également lancée en 2015, vise à réduire le TMM mondial
à moins de 70 pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2030. Le TMM actuel en Afrique est
toujours sept fois inférieur à l’objectif. Néanmoins, les résultats prometteurs des campagnes
passées et actuelles indiquent qu'un avenir meilleur est à portée de main.

Toutes les étapes qui accompagnent la naissance doivent être scrupuleusement suivies par un
personnel de santé qualifié. Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons au recours

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 121


tardif des femmes enceintes en milieu hospitalier et dont la suite est d’une importance capitale
dans la prévention de la mortalité maternelle.

Le recours aux soins de santé est un sujet complexe à appréhender ; Chaque année, plus d’un
demi-million de femmes décèdent dans le monde des causes liées à la grossesse, à
l’accouchement et plus de deux tiers de ces décès surviennent au cours du premier mois qui
suit l’accouchement (UNICEF & USAID, 2009 ; Sines et al., 2007 ; Nour, 2008). La santé de
la mère et de l’enfant dans le monde en général et au Cameroun en particulier demeure des
préoccupations majeures du système national de santé en dépit des engagements pris à propos
et des actions menées.

Face à cette situation préoccupante, le Cameroun à l’instar de nombreux pays a participé aux
différentes rencontres à savoir la conférence d’Alma Ata en 1978 en passant par celle de
Nairobi en 1987 où l’initiative pour une maternité sans risque lancée par le groupe inter-
agence de maternité sans risque visait la réduction de 50% du ratio de mortalité maternelle à
l’an 2000 et le sommet du millénaire en 2000. Il a également mis sur pied de nombreux
programmes orientés vers le développement des services obstétricaux

Cependant, malgré l’engagement politique et les efforts des différents acteurs, les indicateurs
de mortalité maternelle demeurent préoccupants. En effet, toutes les deux heures au
Cameroun, selon les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS MICS 2018), indiquent
qu'un nombre relativement important de femmes âgées de 15 à 49 ans meurent chaque année
des suites de complications liées à la grossesse et à l'accouchement. Malgré tous ces
programmes mis sur pied pour favoriser le recours précoce des femmes enceintes aux services
de maternité et contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, elle a
considérablement chuté mais des efforts plus frappants sont à mettre sur pied dans le
septentrion.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 122


La réduction de la mortalité maternelle reste un des défis majeurs liés au développement
auquel est confronté le continent africain. Parmi les huit objectifs du développement durable
(ODD), le cinquième destiné à la réduction du ratio de mortalité maternelle de 75% d’ici
2015, est l’un des plus peu probables d’être atteint dans beaucoup de pays africains. Les
dirigeants de la planète, compte tenu de l’échéance de 2015 pour l’atteinte des ODD doivent
redoubler d’efforts pour améliorer la santé de la femme et de l’enfant car celle –ci est l’une
des clés pour l’atteinte de tous les ODD. En effet, la santé de la femme est essentielle à sa
propre vie, au bien-être de sa famille et à l’économie de son pays. Par ailleurs, de nombreux
travaux ont montré que le risque de décès d’un enfant augmente considérablement après le
décès de sa mère. Une étude menée en Afghanistan a prouvé que, lorsque les mères meurent à
la suite d’un accouchement, trois quarts de leurs nouveau-nés décèdent au cours de l’année
suivante. (WOMEN DELIVER, 2007). De même, une étude réalisée au Bangladesh a montré
qu’un enfant qui a perdu sa mère était quatre fois plus susceptible de mourir qu’un enfant dont
la mère est vivante. Le décès d’une mère a donc des répercussions désastreuses sur la
croissance, les soins et l’éducation de ses enfants (WOMEN DELIVER, 2007).

Le ratio de mortalité maternelle est l’indicateur sanitaire qui fait apparaitre les plus grands
écarts entre riches et pauvres, aussi bien au sein des pays que d’un pays à l’autre. L’Afrique
subsaharienne est la région du monde où les risques liés à la grossesse et à l’accouchement
sont les plus élevés. Le ratio de mortalité maternelle est estimé à 900 décès maternels pour
100000 naissances vivantes en Afrique subsaharienne contre 27 en Europe. Des progrès ont
été enregistrés par de nombreux pays ; néanmoins, le taux de réduction est encore en deçà des
5,5 % de réduction annuelle nécessaire pour l’atteinte de l’ODD 5 (statistiques sanitaires
mondiales, 2010).

Au Cameroun, 87 % des femmes de 15-49 ans qui ont eu une naissance vivante ont reçu des
soins prénatals auprès de personnel formé à savoir les médecins, les infirmiers, les sages-
femmes ou les aides-soignants. Six femmes sur dix (60 %) ont reçu des soins prénatals
administrés par des infirmiers, des sages-femmes ou des aides-soignants et 27 % par des
médecins (2018). La majorité des décès maternels résultent d’hémorragies ou d’infections
accompagnant les accouchements ou les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions.
Dans certains cas, le décès est imputable à des pathologies préexistantes, aggravées par la
grossesse ou augmentant les risques de complications, comme le paludisme, le VIH/SIDA, les
hépatites et l’anémie. Les soins qualifiés pendant la CPN sont d’une importance capitale dans
la prévention de la mortalité maternelle.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 123


Au Cameroun, comme un peu partout en Afrique, l’offre de soins reste insuffisante. La
construction de nouvelles infrastructures sanitaires et l’amélioration des programmes sont une
priorité des gouvernements. Mais ces améliorations suffisent-elles à faire progresser l’état de
santé des populations? La question se pose, entre autres, lorsque de nouvelles installations
sanitaires sont construites et que cela n’est pas suivi rapidement d’une amélioration des
indicateurs de santé maternelle. Comment expliquer la lenteur des changements ? Provient-
elle de l’inadéquation entre l’offre et les besoins ? D’un manque d’information de la
population ? De freins culturels empêchant la modernité de se diffuser ? De problèmes
matériels : coût des soins ou des transports ? De la pauvreté de la population

 ADJAMAGBO A. et al, (2001), « La sante de la reproduction en milieu rural ivoirien »


17p, publié par l’IRD dans autrepart, revue des sciences sociales au sud.
 BAYA B. (1998), Instruction des parents et survie des enfants au Burkina Faso: cas de
Bobo Dioulasso; Dossier CEPED n°48, 34 p.
 Anne sophie R. (2013), accoucher en brousse, du rêve au cauchemar au Béni, Collège
claparède.
 Baya B. (1993), les déterminants de la mortalité des enfants au Burkina faso: cas de
Bobodioulasso, montréal, thèse
 Gabriel MUGNY, Jean Manuel FALOMIR-PICHASTOR, Alain Qiamzade, Influence
sociale

Au Cameroun, plusieurs stratégies sont mises en œuvre par le Gouvernement avec l’appui des
partenaires au développement pour améliorer la santé maternelle et néonatale. Il s’agit
notamment du Plan Stratégique National de Santé de la Reproduction Maternelle, Néonatale
et Infantile (PSN/SRMNI) 2014-2020 ; du plan stratégique de lutte contre la mortalité
maternelle, néonatale et infanto-juvénile 2014-2020 ; du Plan opérationnel de planification
familiale 2015-2020 ; du Plan stratégique de sécurisation des produits contraceptifs 2014-
2020 ; du Plan stratégique intégré de communication en SRMNI 2016-2021 ; des Normes et
standards en santé de la reproduction y compris celle des adolescents et jeunes ; des
Directives techniques de Santé maternelle et néonatale surveillance des décès maternels,
périnataux et riposte ; de la Stratégie Sectorielle de la Santé 2016-2027 et du Plan National de
Développement Sanitaire 2016-2020.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 124


Au cours d’un atelier de restitution des résultats de la revue à mi-parcours du Dossier
d’Investissement pour l’amélioration de la Santé de la Reproduction, Santé de la Mère, du
Nouveau-né, de l’Enfant et de l’Adolescent/jeune (SRMNEA), qui s’est tenu à l’hôtel Mont-
Fébé de Yaoundé, les 17 et 18 décembre 2019 et présidé par le Secrétaire d’État à la Santé
Publique en charge des épidémies et des pandémies, Alim Hayatou, Les chiffres sont tombés !
Et, ils confirment les progrès effectués dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle,
néonatale et infanto-juvénile au Cameroun. En effet, en 2018, la mortalité maternelle a connu
une amélioration significative avec une réduction de 40%, situant ainsi le niveau de cette
mortalité à environ 467 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (EDS MICS 2018).
Pour ce qui est de la santé de l’enfant, les taux de mortalité ont continué à baisser, soit 28
décès pour 1000 naissances vivantes pour la mortalité néonatale, 48 décès pour 1000
naissances vivantes pour la mortalité infantile et 79 décès pour 1000 naissances vivantes pour
la mortalité infanto-juvénile. Situation toutefois inquiétante pour le développement de notre
pays, d’où la continuité acharné de l’éradication dans la mesure du possible de la mortalité
materno-infantile car le but du Cameroun est d’atteindre l’objectif de Développement Durable
(ODD) N°3.1, d’ici 2030 c’est-à-dire, de réduire le ratio de mortalité maternelle à moins de
140 décès maternel pour 100 000 naissances vivantes et réduire également le taux de mortalité
néonatale à moins de 12 pour 1000 naissances vivantes.

La partie septentrionale est la zone la plus touchée. D’après une enquête de l’Institut national
de la statistique publiée en 2015, seulement 25,2 % de femmes de l’Extrême-Nord ont
accouché dans un espace médicalisé, et 34 % dans le Nord, contre 61,3 % au niveau national.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 125


À travers cette définition, on retrouve la signification la plus commune, véhiculée dans la
littérature scientifique par les cliniciens qui tentent à partir des normes médicales de définir un
« délai » compris comme l’intervalle de temps entre le début des symptômes et le moment de
diagnostic, avec l’intention de mesurer ainsi un délai de recours, qui sera jugé « tardif » le cas
échéant. Le choix de cette dénomination dénote également de la place du patient dans la prise
en charge, son rôle, sa responsabilité : le délai de recours renvoyant au comportement qui
dévie de la norme lorsqu’il est jugé tardif et ne prend pas en compte les éventuelles
contraintes, l’affirmation de ses droits. L’enjeu d’un tel angle de recherche pour les cliniciens
vient du fait de l’émergence des pathologies chroniques où le moment de survenue du
diagnostic puis du traitement est l’un des facteurs pronostiques les plus importants afin que la
réponse médicale ait un effet sur la survie du patient.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 126


Cet intervalle de temps estimé entre la perception et le moment de prise en charge, focalise
une grande partie des analyses produites sur le « recours tardif ». Très peu sont sorties du
cadre de l’analyse biomédicale, ce qui nécessite alors de penser le recours au regard
également du nombre important de contraintes ou de barrières : qu’elles soient
institutionnelles, économiques, sociales ou culturelles.
La question consiste alors à se demander sur quelle légitimité scientifique reposent à la fois le
critère de jugement usité et l’emploi massif de la notion de « recours tardif » dans un cadre
institutionnel ; puisque l’usage qui en est fait par les politiques, tend à le transformer en une
imposition aux publics étudiés. L’emploi extensif de cette expression, sur tous les « publics »
et tous les « milieux », crée une nouvelle forme de « pathologie du social », de nature à
expliquer l’état sanitaire notamment à l’échelle régionale. Le sens véhiculé par l’expression «
recours tardif » est également le signe du processus plus large de médicalisation à l’échelle
individuelle, mais également sur des objets et des contextes sociaux que l’on tend à
homogénéiser et à indifférencier. Cela a pour effet de « pathologiser » une population et
d’inscrire alors cette démarche dans ce que Jonathan Mann dénonçait en décrivant une «
socioparésie » de la santé publique, en référence au déficit au sein de la santé publique
d’intégration des différentes formes du social. L’enjeu étant au contraire de tenir compte de la
question sociale afin d’adapter la réponse proposée par le système de santé, (Jean Marc et
al.,2016).

Ce faisant, la notion de « recours tardif » même si elle pouvait être retrouvée dans un certain
nombre de situations, affectant certaines populations, et démontrée de manière comparative,
ne peut être pour être présentée comme l’une des causes des problématiques de santé, puisque
cela méprise la distinction scientifique de causalité et de constat, de l’observation et de
l’analyse, des faits et des déterminants ; l’effet étant notamment d’évacuer la question relative
à une potentielle responsabilité du « système de santé » (Jean Marc et al.,2016)

Généralement, l’accès aux soins est défini comme étant l’utilisation en temps utile des
services de santé par les individus de façon à atteindre le meilleur résultat possible en termes
de santé. Il existe « l’accès primaire » qui renvoie à l’entrée dans le système de soins et
« l’accès secondaire » qui correspond à la manière structurellement déterminée dont se
déroulent les soins après un premier contact, depuis l’identification du besoin de soins jusqu’à
la délivrance des soins nécessaires. Conséquemment, l’accès secondaire permet « de
percevoir la qualité des soins offerts de même que leur pertinence » (Lombrail, 2007 : 23).
L’accès est différent de l’utilisation dans le sens qu’il existe un « accès potentiel » qui peut

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 127


être défini comme étant «la possibilité d’accéder aux soins » et un « accès réalisé » qui
renvoie au recours effectif aux soins (Pascal et al. 2006).

Le suivi prénatal a pour objectif d’aider la femme à mener sa grossesse à terme et à accoucher
dans les meilleures conditions de sécurité pour elle et son enfant. Les soins prénatals
constituent tous les soins dispensés durant la grossesse ; ils sont nécessaires pour établir un
lien de confiance entre la femme et le pourvoyeur de soins, pour identifier et prendre en
charge tout risque de complications. C'est très souvent pendant les consultations prénatales,
que les femmes reçoivent une éducation sanitaire qui, entre autres, met en évidence
l'importance d’une assistance médicale à l’accouchement (Beninguisse, 2009).

 Disponibilité des formations sanitaires

De nombreux pays en développement font face à un déficit et à une inégale répartition


d’infrastructures et de personnel sanitaires. Plusieurs études ont montré que cette répartition
inégale peut expliquer le non recours aux services de santé moderne par les femmes en cas
d’accouchement notamment les travaux réalisés dans toutes les formations sanitaires
publiques et privées des districts de santé de Mfou, Bafang et Nkongsamba au Cameroun ont
révélé l’insuffisance et même l’indisponibilité du personnel et de certains équipements
matériels nécessaires aux soins prénatals et à l’accouchement, (Rwenge,2007). Il suggère que
les capacités des systèmes de santé dans les milieux étudiés soient renforcées afin
d’encourager le recours des populations.
En effet, les ressources sanitaires (en termes d’infrastructures et de personnels) sont
concentrées dans les grandes villes. Le personnel sanitaire déployé souvent en zone rurale ne
s’y rend pas régulièrement ou pas du tout si bien que cela provoque un déficit de personnel
qualifié dans les formations sanitaires.
 Qualité des soins dans les formations sanitaires
Pendant plusieurs décennies, la qualité des soins n’était pas au premier plan des politiques
sanitaires parce que subordonnée à l’existence même des services de santé fonctionnels
(Haddad et al., 1995). Mais, depuis le début des années 1990, la qualité des soins est devenue
un objet de préoccupations. La qualité des soins influence l’utilisation des services de santé ;
un service de qualité conduit notamment à des attitudes et comportements positifs au niveau
des clientes. Parmi les raisons des consultations prénatales tardives et des accouchements non
assistés par un personnel médical, les femmes interrogées ont cité les soins médiocres reçus

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 128


pendant les grossesses précédentes, la peur, les attitudes négatives des médecins et les longues
durées d’attente (Rwenge, 2007).
La mauvaise perception de la qualité des services lors des grossesses et accouchements
précédents pourrait amener une femme à l’avenir à accoucher à la maison ou avec l’aide
d’une accoucheuse traditionnelle. Les résultats d’une étude réalisée en 2003 portant sur
l’équité dans l’accès aux soins et les facteurs d’exclusion des plus pauvres dans cinq capitales
(Abidjan, Bamako, Conakry, Dakar et Niamey) par Jaffre et Sardan témoignent de l’ampleur
des dysfonctionnements que connaissent les formations sanitaires et la dégradation des
relations entre soignants et soignés. Les propos de cette femme enceinte illustre ce climat de
tension «Je ne vais plus jamais accoucher à l’hôpital Roi Beaudoin de Dakar. La première
fois que je suis allée là bas pour accoucher, les sages – femmes n’arrêtaient pas de me crier
dessus, je ne comprenais rien parce que je n’avais jamais eu d’enfants…, puis, l’une d’elle est
montée sur moi et a commencé à appuyer mon ventre, comme j’avais très mal, je lui ai
demandé d’arrêter, et elle m’a giflée…» (Jaffre et al., 2003:55).
Suite à ce qui précède, les mêmes auteurs affirment: «Pour les patients ordinaires, l’univers
médical moderne est un univers non seulement traumatisant à cause de la maladie, mais aussi
traumatisant à cause de l’attitude indifférente ou arrogante des personnels de santé». Comme
les travaux des auteurs précédents l’ont démontré, les violences verbales associées à la
corruption flagrante du personnel sanitaire qui sont très courantes dans les salles
d’accouchement engendrent une incertitude et un malaise chez les malades et particulièrement
chez les plus pauvres.

 La religion de la femme : certaines croyances sociétales surtout dans la région


septentrionale du Cameroun, encouragent l’accouchement à domicile: croyance selon
laquelle l’issue d’un accouchement dépend de Dieu, croyance selon laquelle
l’accouchement est un test d’endurance et que le fait de recourir à l’assistance est un
signe de faiblesse, le personnel du genre masculin ne doit pas voir la nudité de la
femme en salle d’accouchement, CPN ou CPON, suites de couches ce qui impacte sur
le recours aux services de maternité ou il y a comme personnel un homme ; la femme
n’a pas le pouvoir de prendre des décisions concernant sa santé. La religion influence
considérablement le recours aux soins de santé maternelle dans la ville de Maroua. En

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 129


effet, certaines pratiques religieuses s’inscrivent directement dans la vie sociale :
l’habillement, l’alimentation, le recours aux soins de santé modernes. Dans la ville de
Maroua, il existe trois principales religions qui sont (le Christianisme, l’Animisme et
l’Islamisme) généralement associées à une diversité de modèles de perceptions du
recours précoce aux soins de santé. Il en découle un ensemble de pratiques du système
de santé traditionnel propre à chaque religion. C’est pourquoi la prise en charge des
grossesses et des accouchements est susceptible d’être influencée par l’appartenance à
une obédience religieuse.
 Etat matrimonial de la femme : Il influence le choix du lieu d’accouchement
probablement à travers son influence sur l’autonomie de la femme ou à travers les
ressources financières. Les célibataires et les divorcées peuvent être pauvres mais
avoir plus d’autonomie que celles qui sont mariées. Les jeunes mères célibataires,
prises en charge par leur famille accouchent plus dans les formations sanitaires,
notamment si c’est le premier accouchement. D’un autre côté, les mères célibataires
peuvent être stigmatisées, ce qui les pousserait à accoucher à domicile pour éviter les
critiques.
 Niveau d’éducation de la femme : L’éducation maternelle est fortement associée à
tout type de comportements en matière de santé. Ceci inclut une connaissance accrue
des bénéfices de la médecine préventive, une meilleure fréquentation des services de
santé, une réceptivité élevée de toute nouvelle information liée à la santé, une
familiarité avec la culture médicale moderne, un accès aux ressources financières et à
l’assurance maladie, un meilleur contrôle sur les ressources du ménage et sur les
dépenses, une relation égalitaire et une meilleure communication avec son conjoint,
plus de considération et de confiance personnelle induisant une meilleure demande des
services de santé adéquats. Il existe une forte relation dépendante entre la demande de
services et le niveau d’éducation. Plus le niveau est élevé plus la demande est grande
d’où la tendance à accoucher dans une formation sanitaire.
 Milieu de résidence de la femme : La grande majorité des études sur l’utilisation des
services d’accouchement et CPN inclut le lieu de résidence dans leurs variables car
plus l’accès est facile plus le pourcentage de ne pas fréquenter les services de
maternité est élevé. Presque toutes ces études trouvent un avantage pour les femmes
qui résident en milieu urbain à cause du réseau de soutien social par rapport à celle qui
vivent en milieu rural Urbain/rural (EDS 2018).

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 130


 Profession de la femme : La femme qui a un travail formel et qui gagne de l’argent
peut épargner de l’argent faire son suivi prénatal et accoucher dans une formation
sanitaire. Elle est plus en contact avec le monde extérieur et a facilement accès à
l’information. Elle participe à sa propre santé et aux dépenses, elle est plus
impliquée dans les prises de décisions importantes du ménage. Cependant celle
qui a un travail ne lui permettant pas de sortir de la pauvreté, se concentre plus sur la
survie de sa famille et fréquente moins les structures de santé.
 Niveau d’éducation du mari : Les bénéfices liés à l’éducation du mari sont
semblables à ceux décrits ci haut pour la femme. Plus le mari est éduqué plus la
femme va fréquenter les services de maternité et se faire suivre par un personnel
qualifié.
 Profession du mari : Plus le mari a une position élevée c’est-à-dire un revenu élevé,
plus il est susceptible de bénéficier de certains avantages comme l’assurance maladie
ou d’être exposé aux informations concernant la grossesse et ses dangers motivant le
recours à l’accouchement assisté par un personnel qualifié.
 Le désir de la grossesse: Les femmes ayant une grossesse non désirée fréquentent
moins les services de santé que celles qui ont une grossesse longtemps recherchée.
L’opportunité de la grossesse est le fait que sa venue ait été souhaitée ou non. Une
grossesse non planifiée, c’est – à dire celle dont l’occurrence est jugée inopportune,
diminue les chances d’une prise en charge médicale. (Beninguisse, 2003).

Les décès maternels sont dus à des causes médicales directes (hémorragie, avortement à risque,
l’hypertension induite par la grossesse, travail dystocique) et à des causes médicales indirectes
(anémie, paludisme, VIH/Sida, etc.). Ces dernières peuvent être décelées et prises en charge pendant
les consultations prénatales si les femmes venaient précocement à l’hôpital, alors que les causes
médicales directes sont généralement imprévisibles et nécessitent d’être prises en charge par des
soins obstétricaux d’urgence.

Selon Grawitz (2001), cité par Nkoum (2019 : 131), l’Entretien est « comme un procédé de
recherche qui mobilise le processus de communication verbale dans le but d’obtenir des
informations en lien avec l’objet de la recherche ». Le guide d’entretien sémi structuré a
permis, d'une part de documenter le vécu des femmes enceintes et d’autres part de recueillir
auprès du personnel de la maternité les différentes techniques qu’elles utilisent pour que les
femmes enceintes recourent précocement à l’hôpital ; chaque entretien a duré environ 10 à 15
minutes

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 131


4.1. Transcription des résultats de la grille d’entretien soumis aux femmes enceintes

I - Informations relatives à l’identification des répondantes

Répon Nombre Histoire Age Situati Religio Niveau Professi Professi Taille du Age de
dants de CPN génésique on n on on ménage
matrim D’étude La
oniale conjoint grossess
e

Fe 1 1ère G4P3003 22 mariée Musul Seconda Ménagè Cultivat 05 28 SA


ans mane ire re eur

Fe 2 1ère G1P0 20 Mariee Chréti Primaire Ménage cultivate 02 20 SA


ans enne re ur

Fe 3 1ère G4P3003 25 Mariee Chréti Primaire Ménagè Mécanic 05 24 SA


ans enne re ien

Fe 4 1ère G7P6006 32 Mariee Musul Primaire Ménagè commer 9 22 SA


ans mane re çant

Fe 5 1ère G4P3003 25 Mariee Musul Non Ménagè Marabo 04 25 SA


ans mane scolarisé re ut
e

Fe 6 1ère G2P1001 26 Concub Chréti seconda Coiffeus Militaire 02 24 SA


ans inage enne ire e

Fe 7 1ère G3P2002 33 Mariee Musul Non Ménagè Vendeur 07 28 SA


ans mane scolarise re
e

Fe 8 1ère G2P1001 20 Mariee Musul Seconda Ménagè Commer 03 20 SA


ans mane ire re çant

Fe 9 1ère G2P1001 22 Mariee Musul Non Ménagè Conduct 03 20 SA


ans mane scolarise re eur
e moto

Fe 10 1ère G2P1001 24 Mariée Musul Seconda Ménagè Maçon 09 24 SA


ans mane ire re

Fe 11 1ère G2P1001 28 Mariée Musul Seconda Ménagè Militaire 06 32 SA


ans mane ire re

Fe 12 1ère G6P5005 27 Mariée Chréti Seconda commer Commer 07 28 SA


ans enne ire çante çant

Fe 13 1ère G7P6006 36 Mariée Musul Non Ménagè commer 08 30 SA


ans mane scolarise re çant
e

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 132


Fe 14 1ère G1P0 20 Mariée Musul Seconda Ménage commer 02 31 SA
ans mane ire re çant

Fe 15 1ère G2P1001 22 Mariée Chréti seconda Ménage Commer 03 20 SA


ans enne ire re çante

Fe 16 1ère G1P0 24 Mariee Chréti universi Etudiant Fonctio O2 19 SA


ans enne taire e nnaire

Fe 17 1ère G8P7006 37 Mariée Musul Non Ménagè Conduct 10 34 SA


ans mane scolarisé re eur
e

II- Connaissances générales des femmes enceintes

Selon vous quel Pourquoi est- Quels sont les Quels sont les Selon vous Quel est Selon vou
est le moment il important objectifs visés par dangers du quels sont les l’avantage de quel est l
idéal pour de débuter le CPN recours tardifs signes de débuter tôt ses nombre d
commencer les précocement en CPN danger cpn ? CPN que vou
CPN ? les CPN ? qu’une Fe. devez fair
peut avant
rencontrer d’accoucher ?
tout au long
de sa
grossesse ?

Fe 1 « Quand je ne « pour me « Pour éviter que la « Je ne connais Je ne connais « Je ne connais « Aucune


vois plus le soigner si je femme enceinte ne pas » pas pas » idée »
sang et que suis soit malade »
mon ventre malade »
sort déjà »

Fe 2 « Je dois venir « Chez nous « Pour savoir si le « Je n’aurai « Elle peut « Tu auras ta « Je n
à l’hôpital voir on part bébé grandi bien » pas de avoir le palu » moustiquaire connais pas »
docta quand quand le moustiquaire » et tu vas faire
mon ventre est bébé bouge l’échographie »
déjà gros et déjà, donc si
que le bébé je suis

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 133


bouge déjà » malade je
pars tôt »

Fe 3 « Lorsqu’on a « Pour suivre « Connaitre si « On peut « Je ne « Pour bien Je ne connai


l’argent pour le ventre et l’enfant va bien » accoucher à la connais pas » suivre la pas
acheter le le bébé » maison ou grossesse et les
chèque santé » perdre le maladies »
bébé »

Fe 4 « Dès qu’on a « Pour suivre « Faire « Je ne connais « Je ne « Je ne connais « Je n


l’argent » l’évolution l’échographie et pas » connais pas » pas » connais pas »
du ventre » voir si bébé va
bien »

Fe 5 « Quand le « Je ne « Mesurer nos « Je ne connais « Je ne sais « Il n’y a pas « Je n


ventre se voit connais pas ventres et regarder pas » pas » d’avantages, connais pas »
déjà et que le moi hein, si le bébé va bien » sauf les
mari a donné pour moi je dépenses
l’argent du commence quand on part
chèque santé » toujours à beaucoup de
5mois ou 7 fois »
mois »

Fe 6 « Je ne connais « Pour suivre « Suivre l’état « La grossesse « Mes cas de « Pour le bien « Je ne sai
pas le moment, la grossesse d’évolution du peut sortir et maladies » du bébé » pas »
moi je pars et son bébé et sa santé » la femme peut
quand mon évolution » avoir le palu
ventre se voit fort »
déjà »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 134


Fe 7 « Quand le « Je ne sais « Je ne sais pas » « Je ne sais « Le sang « Je ne sais pas « Deux »
ventre est déjà pas » pas » peut couler, moi, sinon moi
gros et que le tu peux être je commence
bébé bouge malade » toujours à 7
déjà » mois de
grossesse »

Fe 8 « Dès que le « Pour voir si « Je ne sais pas » « Je ne sais « Le sang « ça permet de « 3 »


bébé bouge, il le bébé pas » peut sortir ou bien suivre la
est donc bien grandi la femme grossesse et
formé et le peut avoir le soigner la mère
Bien »
sorcier ne peut palu » si elle est
plus le tuer » malade »

Fe 9 « Quand le « Je ne sais « Je ne connais pas « Dangers ? je « Le palu, la « Pour éviter « Je ne sai


mari donne pas, moi je moi, je viens ne sais pas » typhoïde, le les maladies pas »
l’argent pour sais que c’est seulement » mal de pendant la
aller à 7 mois » ventre » grossesse et la
l’hôpital » santé du
bébé »

Fe « Quand j’ai « Pour se « Suivre l’évolution « Le bébé peut « Elle peut « Je ne sais « Je ne sai
10 l’argent pour rassurer que de la grossesse, mourir dans le avoir mal au pas » pas »
me faire le bébé va faire l’échographie ventre et la ventre et le
prendre en bien » et donner le fer et femme ne sang coule »
charge » me vacciner au connait pas,
bras » elle souffre »

Fe « Aucune « Je ne sais « Soins du ventre, « Aucune « Elle peut « ça protège la « J’avais

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 135


11 idée » pas » faire l’échographie idée » saigner, avoir mère et le écouté dan
et les examens » la tension à la bébé » un débat à l
maison et télé que c 8
perdre la
grossesse »

Fe Dès l’absence Lutter contre Je ne sais pas un cas de Je n’ai aucune Je ne sais pas Je ne sais pas
12 des règles les malades maladie peut idée
et le suivi du survenir, une
bébé malformation
peut arriver au
bébé et on voit
tard

Fe « Quand le « Je ne sais « Je ne sais pas » « Je ne sais « Je ne sais « Je ne sais « Je ne sai


13 bébé bouge pas » pas » pas » pas » pas »
déjà et le
ventre gros »

Fe « Je ne sais « Je ne sais « Mesurer le ventre « Il nya aucun « Moi je ne « Je ne sais « 2 ou 3 »


14 pas, mon mari pas » et donner les danger » sais pas, peut pas, si je savais
et ma famille médicaments qui être le palu je devais venir
ont dit que protègent du palu comme mon tôt »
c’est dès que le et le manque de cas »
ventre est gros sang »
et le bébé
bouge »

Fe « Le bon « Pour bien « Nous suivre et « Je ne sais « Elle peut « Eviter d’avoir « 4 »
15 moment c’est surveiller la nous donner le pas » avoir la les maladies
quand le bébé mère et le fer » tension compliquées
bouge déjà » bébé » comme ma pendant la
voisine qui grossesse »
était morte
de ça et
n’avait pas
encore fait de
CPN »

Fe « Normalement « Pour bien « Prise en charge « Plusieurs « Les « Ça permet de « Autant qu


16 c’est dès qu’on suivre la globale de la pathologies saignements, prévenir possible
constate la grossesse et grossesse » peuvent les œdèmes, d’éventuels jusqu’à la fin
grossesse » prévenir les empêcher » l’hypertension dangers » le nombr
éventuelles l’évolution de et le même je n
pathologies » la grossesse diabète » sais pas »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 136


Fe « Quand le « Je ne sais « Je ne sais pas « « On accouche « Le palu, la « Je ne sais « 2 »
17 ventre est pas » à la maison » typhoïde, le pas »
gros » manque de
sang »

III- Facteurs socioculturels

Quels sont les Quelle est la Lorsque vous Quelles sont les Quelles sont vos
différents perception de êtes enceinte, restrictions opinions sur les
obstacles qui votre culture sur qui prend la culturelles pratiques
peuvent vous la nécessité de la décision pour auxquelles la culturelles faites
empêcher de femme enceinte vous de venir à femme enceinte pendant la
vous rendre tôt à de se faire suivre l’hôpital pour la est sensé grossesse et
l’hôpital en cas de en salle CPN ? respecter ? l’accouchement ?
grossesse ou d’accouchement
d’accouchement ? ou en CPN par un
homme ?

Fe « Les avis de nos « Refus total, « Moi-même, Ne pas manger Moi je ne connais
belles mères » mieux rester à la mais le plus ce qui est gras, rien sauf Allah
1
maison jusqu’à souvent c’est faire les
l’accouchement » mon mari parce pratiques pour
que c’est lui qui éviter la
donne sorcellerie sur
l’argent » mon bébé

Fe « Ma belle-famille « C’est interdit « Mon mari ou « Je ne sais « C’est bien de


me dit de voir par la culture car ma belle-mère pas » suivre la culture
2
d’abord les seulement le moi je n’ai parce que
marabouts pour mari doit voir aucun pas de l’hôpital ne voit
voir si le bébé est mon corps » paroles » pas tout, il y a
bien formé ou sil parfois la
nya aucun sorcellerie sur le
problème » bébé que
seulement le
marabout peut
soigner »

Fe les moyens « Ce n’est pas « Mon mari et « Je ne connais « Ça nous aide


financiers pour bien, seulement ma belle mère » pas » beaucoup, car les
3
acheter le chèque mon mari doit anciens nous
santé et prendre voir mon corps » disent les choses
la moto à éviter et nous

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 137


donnent certains
remèdes pour
rendre le bébé et
la mère forts
pour bien
accoucher sans
problème »

Fe Je dois d’abord S’il y a un homme Mon mari et ma Je ne sais pas C’est très
voir les je rentre chez belle mère importants parce
4
marabouts et moi, je ne peux que les écorces
matrones avant pas l’accepter qu’on nous
d’aller à l’hôpital donne laba de
boire rend
l’enfant fort et
l’accouchement
se passera sans
problème, il y a
des choses que
l’hôpital ignore »

Fe « L’argent, la « Ce n’est pas « Mon mari et « Ne pas aller à « Je ne sais pas


distance, ma bien pour ma sa mère » l’hôpital sans moi »
5
famille » culture, il ne doit avoir vu une
pas voir ma matrone »
nudité »

Fe « Je ne sais pas » « Chez nous y’a « Mon mari et « Certains repas « C’est bien parce
aucun problème moi surtout sont interdis » que les pratiques
6
à cela » quand il y’a là nous protègent
l’argent » mon bébé et moi
contre les
attaques de
sorcellerie afin
que j’accouche
bien »

Fe « Ma famille, « Aie ! ce n’est « Mon mari » « Il Ya les « C’est bien parce


l’argent, la pas bien sauf si nourritures que que les remèdes
7
distance, la prise mon mari donne la famille de ne qu’on nous fait
de décision de l’autorisation » pas manger, nous protègent
mon mari » certains truc contre la
qu’on doit faire sorcellerie pour
que les qu’on accouche
matrones bien »
disent »

Fe « La distance, les « Ce n’est pas « Moi-même, « Je ne sais pas « C’est bien car
moyens de bien on refuse dès que mon trop mais on dit ça protège contre
8
transport. On mais moi je n’ai mari me donne de ne pas la sorcellerie »
dépense trop à pas de choix si je l’argent manger certains
L’hôpital même trouve un repas »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 138


quand on a le homme »
chèque santé »

Fe L’hôpital est loin, « (Rire), moi je « Le mari » « On nous « Je pense que


il nya pas l’argent trouve un home interdit c’est bien car ça
9
je rentre » quelques nous protège »
repas »

Fe « Les moyens « Ma culture « Mon mari et « Certains repas « Moi je ne suis


financiers, la refuse souvent ça ma belle- sont interdis pas d’accord
10
distance et ma mais pour le bien famille » que ça protège pour toutes ces
belle-famille » de ma santé moi l’enfant » choses
j’accepte » traditionnelles
qu’on méfait
mais je n’ai pas le
choix mon avis ne
compte pas donc
je suis obligé
d’obéir »

Fe « Les moyens « La culture « Mon mari et « certains rites « je ne peux rien


11 financiers, la refuse mais moi ma belle- culturels » dire »
distance, le temps si je trouve un famille »
et la paresse » homme je me
fais consulter car
je n’ai pas le
choix »

Fe « les moyens « chez nous il nya « mon « aucune » « je n’en sais


12 financiers » aucun conjoint » rien »
problème »

Fe « quand le mari « Normalement « Mon mari » « Je ne sais « Ça protège la


13 donne l’argent » c’est interdit pas » femme qui est
mais on les enceinte des
trouve dans les dangers, de la
hôpitaux on a sorcellerie »
donc pas de choix
docta »

Fe « Ma belle- « On m’a « Mon mari » « Il y a les repas « Ça nous


14 famille, l’argent et enseigné que ce interdis, surtout protège de la
la distance » n’est pas bien les gras que ça sorcellerie »
mais étant à rend malade
l’hôpital moi l’enfant et
j’accepte sinon je retarde
fais comment l’accouchement,
docta ? ainsi que
certains
poissons »

Fe « L’argent, la « Chez nous il « Mon conjoint « Aucune que je « Ça nous aide à


15 distance » nya aucune et moi » sache » faciliter

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 139


restriction » l’accouchement
et l’évolution de
la grossesse »

Fe « moi je n’ai « RAS » « Moi-même » « Aucune juste « RAS »


16 aucun obstacle à certains repas
ma que je sache »
connaissance »

Fe « l’argent, les « rire, c’est pas « mon mari « je ne sais « les pratiques
17 matrones et la normal mais je parfois, mais pas » faites par la
famille » n’ai pas le choix » moi le plus culture nous
souvent je reste protège de la
chez moi sorcellerie »
jusqu’à
l’accouchement,
j’ai fais 5
accouchements
chez moi avec
les matrones,
aujourd’hui je
suis venue parce
que jetais
malade »

IV- Facteurs institutionnels

Comment Pouvez-vous A quelle A quelle distance Que proposez-


voudriez-vous nous dire ce qui distance est voudriez-vous vous pour
que le vous démotive à votre que l’hôpital soit améliorer vos
personnel venir tôt en domicile de de votre domicile fréquentations
vous reçoive CPN ? l’hôpital ? pour vous régulières dans
quand vous encourager à les formations
arrivez en CPN vous y rendre ? sanitaires
ou en SA ?

Fe 1 « que les « rire, docta c’est « je ne « même à 1km « que vous venez
docta nous quelle question connais pas comme cz on nous consulter à
reçoive vite comme ça, tu la distance, peut même la maison devant
car nous avons sais bien que tout ce que je marcher à pied, nos maris même
à faire nous, c’est l’argent qui sais c’est que quand l’hôpital en les expliquant

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 140


pour éviter de nous empêche je suis loin de est loin ça donne l’importance de
durer à nous sommes l’hôpital, je la paresse de nous donner
l’hôpital » pauvres, sans paye 300 sur partir surtout l’argent et nous
argent on ne la moto pour avec nos pluies et autoriser à venir
peut rien » venir » la chaleur » à l’hôpital car
c’est eux les
véritables
problèmes »

Fe 2 « que les « chez nous c’est « 3km, c’est « même à 5 « que le chèque
docta nous le mari qui loin et ça minutes de santé baisse son
reçoive vite donne fatigue » marches » prix et que les
pour qu’on l’autorisation et docta disent à
rentre » l’argent pour la nos maris de
CPN, et le mari nous laisser aussi
parfois veut décider quand on
d’abord voir le doit aller à
ventre sortir l’hôpital »
avant de prendre
la décision »

Fe 3 « que les « la distance, la « c’est 4km » « je veux même Je veux que le


docta ne nous fatigue, la que l’hôpital soit chèque santé
grondent plus, paresse et devant chez nous soigne bien
qu’elles nous l’argent » moi » et que on nous
reçoivent vite donne les
sans durer » médicaments
gratuits »

Fe 4 « qu’ils ne « quand tu viens « je paye 300 « moi je veux que « moi j’accouche
nous grondent tôt tu dépenses frs sur la l’hôpital soit à toujours à la
et nous font beaucoup et le moto, c’est 100f de ma maison avec la
rentrer tôt » mari se fâche » loin » maison pour que matrone de la
je marche même famille, et je n’ai
si je n’ai pas jamais eu de
l’argent » problème, même
ma mère et mes
sœurs
accouchent à la
maison.
Aujourd’hui je
suis là parce que
je suis malade et
la matrone a dit
que je viens
d’abord ici me
soigner »

Fe 5 « que les « on demande « mon mari «rire, même « que le chèque

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 141


infirmières trop les choses m’avait dit devant ma santé soit gratuit
nous reçoivent qui font que c’est maison moi je et que les
vite pour ne dépenser alors 3km » serai contente » infirmières ne
pas rester qu’on a le demandent plus
longtemps à chèque santé, on l’argent aux
l’hôpital et perd le temps gens »
que elles pour nous voir et
arrêtent de la maison est
nous faire loin »
dépenser pour
rien si ce n’est
pas, le chèque
santé moi je
ne paye rien »

Fe 6 « que l’accueil « l’argent et la « à 2h de « même à 3 « que les


soit bien fait distance » marche à minutes de hôpitaux soient
même sil nya pied » marches » partout autour
pas l’argent » des maisons,
quand c’est loin
on a la paresse »

Fe 7 « que les « l’argent « je suis loin « même devant « que l’hôpital


docta ne nous seulement je paye 250 chez moi » soit partout
demandent docta » frs » même au
plus l’argent, quartier »
ça fait on ne
veut plus venir
les voir »

Fe 8 « qu’elles nous « le « ce n’est pas « peu importe » « qu’on diminue


accueillent comportement très loin, l’argent du
bien et nous des infirmières et moins de 30 chèque santé »
reçoivent bien les moyens minutes de
pour qu’on financiers » marches et
rentre tôt chez 100 frs en
nous » moto »

Fe 9 « que le « pour moi c’est « c’est loin je « docta si ça « que tout soit
personnel l’argent mon ne sais pas pouvait même gratuit »
nous reçoive mari n’a pas moi docta » être dans mon
vite pour d’argent, moi je quartier »
qu’on rentre ne travaille pas
aussi vite chez et je ne peux pas
nous » décider »

Fe 10 « que le « le plus souvent « c’est à « Si l’hôpital « que les


personnel c’est parce que le environ pouvait être dans infirmières
s’occupe de mari n’a pas 2km » mon quartier ça s’occupent bien
nous de façon encore donné pourrait être très de nous, et que

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 142


égale même si l’argent et son avantageux » nos maris nous
on n’a pas accord » donnent la
l’argent à leur possibilité de
donner » prendre une
décision, que les
hôpitaux ne
soient pas loin de
nos maison »

Fe 11 « RAS « rire, si mon « tout ce que « j’aimerai que « que les docta
» mari n’a rien dit je connais l’hôpital soit disent à nos
et n’a pas c’est que devant ma maris de nous
donner l’argent c’est bien maison dans ce donner l’argent
je vais venir loin » cas je serai pour nous
comment fréquente laba » prendre en
docta ? » charge comme
ça on pourrait
venir à l’hôpital »

Fe 12 « bien, en « je ne sais pas » « c’est loin je « même à 1km « en dehors de


faisant qu’on paye 300 frs ou même au l’argent et la
ne dure pas à à moto » quartier devant distance je ne
l’hôpital » ma maison» sais pas quoi
dire »

Fe 13 « que les « à l’hôpital on « c’est loin » « Mieux partir « que le gomna


docta nous dépense trop chez la matrone fassent que tout
reçoivent vite donc si je pars chez elle n’est soit gratuit pour
pour qu’on tôt je vais trop pas loin et on ne nous femmes
rentre sans dépenser ; même dépense pas enceintes »
nous avec le chèque beaucoup»
demander santé les docta
l’argent » demandent
toujours l’argent
pour soigner le
palu alors que on
avait dit que
c’est gratuit »

Fe 14 « que les « juste l’argent « je ne sais « même au « que l’hôpital


infirmières et la distance » pas évaluer quartier ça sera soit proche, que
soient je sais que très bien » les frais soient
gentilles c’est loin » réduits »
quand elles
nous voient,
qu’elles ne
nous grondent
plus, qu’elles

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 143


partagent nos
peines et non
de demander
seulement
l’argent »

Fe 15 « que les « les moyens « ce n’est pas « même à pied « que nos maris
infirmières financiers et la trop loin je car quand il pleut nous donnent
mettent un distance » paye 150 frs la voie est l’argent, que
accent dans à moto » inaccessible » l’hôpital ne soit
notre suivi en pas loin, que le
nous faisant chèque santé
même des baisse son prix »
conseils sur
l’évolution de
notre
grossesse pour
qu’on sache ce
qui est bien ou
pas »

Fe 16 « bon accueil, « bon pour moi « suis pas « même à 5 « si on pouvait


prise en c’est la paresse très loin » minutes de créer des
charge vu que c’est ma marche » hôpitaux ou
immédiate première cabinet de suivi
sans perte de expérience, mais par secteur de
temps » sinon mon domiciles, cela
entourage nous
m’avait dit encouragerait
d’attendre que le beaucoup à nous
bébé bouge y rendre »
avant d’y aller »

Fe 17 « que les « c’est l’argent « je ne suis « même devant « que tout soit
docta soignent qu’il nya pas et pas mais ma porte » gratuit et que
sans parfois la c’est loin je l’hôpital ne soit
demander paresse surtout marche plus loin ça
l’argent nous que moi je ne beaucoup décourage »
on n’a pas viens pas quand je n’ai
même souvent ici, pas l’argent
d’abord » j’accouche tous et je paye
mes enfants à la 200 frs avec
maison avec les la moto »
matrones et les
enfants sont bien
donc aujourd’hui
je suis la parce
que mon ventre

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 144


fait mal »

V- Facteurs économiques

Qu’est ce qui Expliquez- Expliquez- Le chèque


est à l’origine nous si la nous si c’est santé est
du fait que situation nécessaire instauré
vous ne financière d’aller à pour vous
veniez pas de votre l’hôpital faciliter
tôt à l’hôpital mari seulement l’accès aux
malgré pourrait quand on a soins, que
l’existence influencer l’argent proposez-
du chèque votre venue vous
santé ? à l’hôpital d’autres
pour faire
améliorer
votre
venue à
l’hôpital

Fe « c’est « ça « c’est très « que le


1 l’argent, influence nécessaire gomna
parce que parce que parce que le baisse le
même quand moi je ne chèque santé prix du
on a le travaille pas, coute 6000 chèque
chèque santé mon mari frs, si tu n’as santé et
les travaille seul pas cet argent que les
infirmières et est un ou pour payer infirmières
créent simple les premières viennent
toujours cultivateur, CPN les parler à
quelque du coup si il infirmières nos maris
chose pour n’a pas n’ont pas ton de nous
faire l’argent à, temps » laisser
dépenser et me donner sortir »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 145


ça nous moi je ne
énerve » peux pas
venir à
l’hôpital »

Fe « le chèque « chez nous « je pense que « si le


2 santé est là mon mari et c’est très gomna
c’est vrai moi on part nécessaire car baisse le
mais ce n’est au champ, si il ne sert à prix du
pas gratuit, si on ne vend rien d’aller à chèque
le mari ne pas on ne l’hôpital et ne même à
donne pas peut pas pas pouvoir 4000 frs
l’argent pour avoir acheter le ou faire le
acheter ça l’argent carnet pour KILO dans
nous on va pour acheter avoir les les
prendre ça le chèque soins » quartiers
ou ? » santé, je vois pour
ma éviter
coépouse ne qu’on
part même vienne
pas à durer laba
l’hôpital elle pour rien
voit les et être vue
matrones en tard »
disant
quelles sont
moins cher »

Fe « les 6000 frs « il travaille « c’est « réduire


3 qu’on seul moi je nécessaire car le prix du
demande ne fais rien sans cheque chèque
pour acheter du coup sante ou sans santé pour
le chèque l’argent argent on ne que nous
santé » vient nous reçois les
seulement pas » femmes
de lui donc on peut

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 146


le jour qu’il économise
donne je r un peu
viens si il pour
nya pas acheter si
l’argent je le mari ne
reste à la dis rien »
maison »

Fe « la distance « bien sur « sans argent « baisser


4
et l’argent » nous on nous le prix du
sommes néglige à chèque
nombreux l’hôpital et ça santé et
même décourage » bien nous
manger est parler
difficile donc quand on
c’est mieux vient à
d’aller ou l’hôpital »
c’est moins
cher chez les
marabouts
et les
matrones,
c’est même
toujours
laba que
moi je pars
souvent »

Fe « moi je « mon mari « bien sur « si mon


5 trouve le n’a pas parce que les mari ne
chèque cher assez infirmières là me donne
et il faut d’argent et nous néglige pas
avoir l’argent moi-même quand on n’a l’argent je
pour je n’ai rien, pas l’argent ne
l’acheter ,c’e le petit qu’il pour payer la pourrais
st pourquoi je donne suffit consultation pas

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 147


ne suis pas pour sans cheque acheter le
pressée de manger sans santé, c’est la chèque
venir à argent je ne raison pour santé
l’hôpital » peux rien laquelle on donc il
faire ma reste chez faut que
famille est nous jusqu’à les docta
pauvre » quand on nous
aura 6000 frs soignent
on vient » sans
argent
comme ça
on va
venir vite
et
beaucoup
de fois »

Fe « parce que « sans « bien « qu’on


6 ma belle- argent c’est évidemment il revoie à la
famille m’a difficile, mon faut l’argent baisse le
dit que si je mari est sinon les prix du
n’ai aucune constamme infirmières chèque
maladie nt absent n’ont pas ton santé, moi
grave mais temps » je n’ai pas
j’attends que l’argent trop de
le ventre soit n’est pas problème
gros avant de problème ici d’argent
venir à mais il faut pour
l’hôpital » sa présence acheter ca
pour que je mais je
vienne à vois
l’hôpital ou beaucoup
l’accord de de mes
ma belle- voisines
famille » qui

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 148


préfèrent
les
matrones,
elles
disent que
le chèque
santé est
cher et
que à
l’hôpital
on
demande
trop
l’argent et
elles
accouchen
t à la
maison »

Fe « je ne viens « nous « c’est ça « que le


7 pas vite n’avons pas docta il faut chèque
parce que je d’argent et l’argent sinon santé
n’ai aucun la famille est tu es venu diminue
problème, je grande, il faire quoi, les l’argent
ne suis pas faut manger infirmières pour
malade et aussi, donc vont te dire acheter
mon ventre l’argent-là d’acheter le comme ça
n’est pas ne suffit pas carnet et si mon
gros déjà » vraiment même 1franc mari n’as
pour faire tu n’as pas tu pas
tout walaye es alors venir l’argent je
docta, faire quoi ?, il peux
même faut l’argent acheter »
manger est du chèque
dur docta santé pour

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 149


donc je viens être reçue »
à l’hôpital
seulement
quand il ne
reste plus
beaucoup de
temps pour
accoucher »

Fe « le marché « bien sûr, je « c’est ça « qu’on


8 ne donne pas t’ai déjà dit docta, sans diminue le
docta, mon ça en haut, argent o vient prix du
mari ne vend c’est dur faire quoi chèque
pas c’est parce que on santé, que
beaucoup pourquoi je aura rien laba les
donc avoir viens tard » mieux infirmières
l’argent pour attendre à la ne
acheter le maison » mettent
chèque santé pas
là il faut seulement
attendre l’argent
beaucoup devant
parce que il pour
donne petit consulter
je garde quelqu’un,
quand c’est qu’elles
déjà 6000 je nous
viens à prennent
l'hôpital » bien, que
le gomna
mette les
hôpitaux
dans nos
quartiers

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 150


aussi »

Fe « faut « ça « normaleme « que le


9 d’abord avoir dérange, nt oui parce chèque
l’argent pour mon mari que les santé soit
acheter le fait infirmières là moins
chèque santé seulement la nous cher »
nor, sinon moto et montrent que
c’est ça le avoir c’est d’abord
problème » l’argent est l’argent qui
dur donc je passe avant
viens quand tout, quand tu
j’ai pu n’as pas
collecter l’argent on te
6000frs » reçois pas
vite »

Fe « les moyens « ça peut « c’est très « Qu’on


1 financiers » influencer nécessaire baisse le
0 chez moi car pour pouvoir prix du
nous payer son chèque
sommes une traitement et santé et
famille son chèque que le
nombreuse santé » chèque
de neuf soigne
personnes et tout parce
mon mari que à
n’a pas l’hôpital
beaucoup on dit
d’argent, le toujours
petit qu’il de payer
donne c’est certaines
d’abord choses
pour que
manger » cheque
santé ne

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 151


gère pas »

Fe « le manque « l’argent « RAS » « que le


1
d’argent qu’on a chèque
1
pour acheter suffit santé
le chèque et seulement diminue le
se soigner » pour prix et que
manger et les
s’occuper infirmières
des gens qui nous
sont à la encourage
maison » en
arrêtant
de
demander
trop
d’argent »

Fe « l’argent » « ça « c’est bien « Qu’on


1
influence, nécessaire diminue le
2
nous parce que prix du
sommes sans ça on ne chèque
pauvre sans s’occupe pas santé et
argent » de toi parce que nos
que tu n’auras maris
pas le chèque nous
santé » donne
l’argent »

Fe « c’est « beaucoup « c’est ça « Que tout


1
l’argent pour des gens parce que soit
3
acheter le n’ont pas sans argent gratuit »
chèque santé d’argent les infirmières
et pour c’est ne nous
prendre la pourquoi soignent pas
moto j’habite moi je reste elles

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 152


loin docta » à la demandent
maison » seulement
l’argent pour
tout »

Fe « c’est « pas vraiment, je « c’est « Que le


1
simplement viens tard juste à justement ce chèque
4
l’argent, moi cause de la famille » que je disais, santé
je ne fais rien il faut l’argent baisse le
j’attends tout pour se faire prix, que
de mon mari prendre en nos maris
donc s’il ne charge » nous
donne rien je donnent
ne peux de
venir » l’argent
pour que
même
quand ils
ne sont
pas là on
peut partir
à
l’hôpital »

Fe «le ventre « ça peut « c’est « quand il


1
doit d’abord bien exactement pleut ca
5
être gros influencer, ça, on part inonde
avant que je docta sans quand on a partout,
commence le argent on ne l’argent sinon donc les
kilo pour être reçoit rien à on te docta
sure que la l’hôpital » néglige » doivent
grossesse est créer
là » l’hôpital
proche
des
quartiers

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 153


et
diminuer
l’argent
du chèque
santé »

Fe « si Mr ne « pas « c’est «
1
donne pas vraiment » nécessaire
6
l’argent je sinon on ne
vais acheter bénéficie pas
ça avec des soins »
quoi ? »

Fe « c’est « ça « sinon on « que le


1
l’argent qu’il influence je part alors chèque
7
nya pas pars au faire docta, santé soit
même champ pour on demande même à
manger est aider à l’argent pour trois
difficile » trouver la le chèque mille »
nourriture santé waye »
pas d’argent
pour
l’hôpital,
d’ailleurs
moi
j’accouche
toujours à la
maison,
aujourd’hui
c’est la
maladie qui
a fait que je
suis la »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 154


VI- Facteurs environnementaux

Quel est Selon vous Quelle place Que devient


l’impact quelle est occupe les la femme
de votre l’importanc matrones dans enceinte qui
entourage e de venir à le suivi de a une
sur le suivi l’hôpital votre grossesse grossesse
de votre même si ou de non désirée ?
grossesse vous avez l’accouchemen
? déjà t?
plusieurs
enfants ?

F « mon « moi avec « les matrones «parfois elles


e entourage mes autres sont bien parce partent
1 ne me grossesses que elles ne avorter chez
conseille je n’étais sont pas chères les docta du
même pas pas moi et puis elles ne quartier à
l’hôpital venue à donnent pas cause de la
ils disent l’hôpital beaucoup de honte et
qu’on sauf si je rdv, elles ne parce que ça
dépense suis grondent pas va faire les
beaucoup malade les femmes lors problèmes »
laba et comme de la
qu’on ne aujourd’hui consultation ou
s’occupe c’est l’accouchement
pas bien pourquoi »
des gens on s’est
que c’est sinon la
mieux moi je ne
d’aller viens pas
chez les ici »
matrones
»

F «mon « moi déjà « elles ont une « si c’cst une

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 155


e entourage c’est ma place femme
2 m’influenc première importante célibataire
e grossesse, selon les dires elle va
beaucoup mais je de ma famille parfois chez
et pas pense que et ma belle- le marabout
seulement même si on famille, on dit enlever ce
moi mais a déjà que les qui échoue
les autres accouché matrones sont souvent, tout
voisines plusieurs moins chers, ça parce que
aussi, car fois c’est elles respectent la tradition
ma belle- toujours nos coutumes défend une
famille et nécessaire ne grondent femme
parfois de venir à pas sur nous et d’accoucher
certaines l’hôpital » supportent nos avant le
voisines cris » mariage »
disent
d’aller à
l’hôpital
quand le
ventre est
déjà à
6mois »

F « mon « parce que « elles sont « je ne sais


e entourage quand on importantes pas »
3 me dit est car elles sont
souvent enceinte ce moins chers
d’attendre n’est pas la plus que
la fin de la même l’hôpital »
grossesse chose, il y a
pour ce qui
arriver à dérange il y
l’hôpital a l’autre
et ne pas qui te laisse
dépenser jusqu’à

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 156


» même une
maladie tu
n’as pas »

F « Ils nous « je ne « elles sont « je ne sais


e
disent que connais moins cher, pas »
4
l’hôpital pas » donc
est cher importantes »
mieux
commenc
é chez les
matrones
et aller
acheter le
chèque
santé
seulement
quand on
veut déjà
accoucher
»

F « parfois « moi je « les matrones « ah moi je


e ma famille suis sont très ne sais pas,
5 et mes ancienne importantes certaines
amies me dans les parce qu’elles sont
disent de grossesses oignent les abandonnées
venir on fait les femmes »
seulement même enceintes avec
quand le choses les remèdes et
ventre est seulement c’est moins
déjà gros mesurer le cher »
sinon je ventre et
vais trop donner le
dépenser fer c’est
» pourquoi

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 157


moi je ne
viens plus
tôt sauf si
je suis
malade
comme
aujourd’hui
»

F « aucun « je ne sais « je n’ai aucune « elle se fait


e impact » pas, pour idée de leur suivre et
6 moi-même rôle, accouche de
si j’ai dix néanmoins je son enfant si
grossesses connais leur elle veut »
j’irai existence »
toujours à
l’hôpital
même si je
vais tard »

F « ils me « je ne sais « wahi !!! elles « parfois elle


e conseillent pas » sont très fortes, va chez les
7 de ne pas car à l’hôpital docta du
aller tôt si l’enfant n’est quartier pour
sinon pas bien enlever et le
avant couché on va sang coule
d’accouch couper ton beaucoup
er j’aurai ventre alors elle meurt »
trop que les
dépenser» matrones
changent la
position

F « ils disent « je ne sais « je ne sais « parfois


e d’attendre pas » pas » elles
8 que le avortent »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 158


ventre soit
gros avant
d’aller à
l’hôpital »

F « rire « moi je ne « elles font le « je ne sais


e docta moi sais rien » kilo à la maison même pas
9 je ne sais et font aussi docta, rire,
pas » accoucher, elles chez nous les
sont plus musulmans
tolérantes et c’est interdit
moins chers » d’accoucher
avant le
mariage »

F « pour « je ne sais « elles aident « ah ! moi je


e moi pas pas » les pauvres ne sais pas »
1 vraiment comme moi car
0 hein, juste chez elles les
que chez soins sont
nous les moins cher et
musulman même lors de
s la l’accouchement
femme n’a
pas trop le
pouvoir de
décisions
donc tout
reviens au
mari ou sa
famille
nous on
obéit
seulement
»

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 159


F « RAS » « je ne sais « une place « je ne sais
e
pas » importante pas »
1
1 parce que elles
aident les
pauvres »

F « RAS » « je ne sais « je sais « RAS


e
pas » qu’elles sont
1
2 moins chers »

F « chez « je ne sais « très bien car « je ne sais


e
nous on pas » elles nous pas »
1
3 ne part connaissent et
même pas nous prennent
à l’hôpital plus bien qu’à
on l’hôpital »
accouche
à la
maison et
les
enfants
n’ont
aucun
problème
»

F « ce sont « ah je ne « j’entends dire « je ne sais


e
eux qui sais pas qu’elles sont pas moi »
1
4 nous moi, c’est bien »
influencen ma
t en disant première
d’aller à fois d’être
l’hôpital enceinte »
quand le
ventre est
déjà

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 160


gros »

F « je n’ai « je ne sais « elles « je ne sais


e
aucune pas » connaissent pas »
1
5 idée » mieux notre
culture que les
docta de
l’hôpital, elles
sont bien »

Fe « RAS » « je ne sais « RAS » « aucune


1
pas » idée »
6

Fe « je ne « ce n’est « elles nous « je ne sais


1
sais pas » pas trop aident et nous pas »
7
important comprennent
pour moi plus que à
parce que l’hôpital, même
en sans argent
accouchant elles soignent
beaucoup d’abord, moi je
on connait préfère les
tout ce matrones »
qu’il faut
faire »

4.2. Transcription des résultats de la grille d’entretien soumis aux personnels de la


maternité

I- identification du répondant

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 161


A Reli Niv Quali Poste S
g gion eau ficati de e
e scol on respons x
aire abilité e

P 4 Chré Sec Aide- Respons F


e 2 tien ond soign able é
ne aire ante CPN m
1 a Géné in
n ralist in
s e
(ASG
)

P 4 Mus Sec Infir Major F


e 6 ulm ond mièr materni é
ane aire e té m
2 a Brev in
n eté in
s Acco
uche
use
(IBA)

P 3 Chré Sup Sage- Salle F


e 8 tien érie fem d’accou é
ne ur me chemen m
3 a t/ CPN in
n in
s

II- Connaissances du personnel sur la CPN et l’impact du recours tardif

d’après Quel est Quelles Quelles Quels Quelles


vous le sont les sont les sont sont le
qu’est-ce moment conséqu recomm les inform

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 162


que le CPN idéal ences andatio facteur tions
recentrée ? qu’une du ns de s qui que
femme recours l’OMS peuve vous
enceinte tardif sur les nt donnez
doit venir de la soins influen aux
à en femme prénatal cer sur femme
CPN ? enceinte s la lors d
aux décisio leur
CPN ? n de venue
recouri en CP
r en
précoc rappor
ement avec
en leur
CPN grosses
des e?
femme
s
encein
tes ?

Pe 1 « La prise « normale « anémi « ils « ici il « IEC su


en charge ment c’est e, disent n’y’a le sui
globale de dès paludis de que la de
la femme qu’elle me débuter maladi grosses
enceinte » sait pouvant les CPN e qui e,
qu’elle est créer avant 12 fait l’hygièn
enceinte » des semaine qu’une e
fausses s se alimen
couches, d’amén rende aire
des orrhées vite à vestime
malform et d’en l’hôpit ntaire »
ations faire 8 » al »
inaperçu
es »

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 163


Pe 2 « c’est le « dès que « il peut « ils « surto « nous
suivi global la femme survenir recomm ut leurs
d’une constate des andent financi enseign
femme qu’elle est complic 8 CPN à ers, ons les
enceinte » enceinte » ations à débuter socioc signes
la avant 12 ulturel de
maison semaine s» danger
qui s l’hygièn
conduiro d’amén e
nt la orrhées alimen
femme » aire et
et le vestime
bébé au ntaire »
décès »

Pe 3 « c’est la « selon « la « c’est « on « hygiè


prise en moi c’est femme de peut e
charge dès le risque débuter avoir alimen

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 164


globale de constat ne pas avant 12 le aire,
la femme de la bénéfici semaine facteur vestime
enceinte » grossesse er des s» écono ntaire e
» phases mique, signe d
préventi la danger
ves de la distanc »
CPN e»
(TPI,
VAT,
Fer) »

III- Facteurs socioculturels

Quelles sont Quels sont les Quelles sont les


les exigences opinions des motivations des
de la culture époux sur la femmes
des femmes nécessité de enceintes de
enceintes de leurs épouses à cette aire de
l’aire de santé fréquenter santé de recourir
de Founangue l’hôpital ? tardivement aux
qui entravent soins prénatals ?
sur le recours
aux soins
prénatals ?

Pe 1 « RAS » « ceux qui « problème


acceptent d’argent »
l’hôpital
accompagnent
leurs épouses
sinon les autres
restent chez
eux »

Pe 2 « parfois de la « certains « leur véritable

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 165


belle-famille » acceptent et problème c’est
accompagnent au niveau des
leurs épouses habitudes
malgré le retard, familiales et
d’autres financières »
choisissent les
matrones »

Pe 3 « certaines « les époux qui « les époux


familles sont d’avis n’autorisent pas
préfèrent que viennent à les femmes à
leur fille voit l’hôpital avec être
d’abord les leurs épouses indépendantes
matrones mais la plupart dans les prises
pour faire du temps c’est de décision de ce
certains rites après 5mois » genre, car c’est
pour protéger eux qui donnent
l’enfant et la l’argent ; même
mère » si elle a un
problème de
santé lié à sa
grossesse elle
attend
l’autorisation du
mari »

IV- Facteurs institutionnels

Quels Que Quel plateau Quels sont


sont les pouvez- technique les
services vous dispose nécessaires
que vous nous votre que vous
offrez aux dire sur maternité ? disposez

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 166


femmes la pour offrir
lorsqu’elle position les soins
s viennent de la complets
en CPN ? Fosa et de
le lieu maternité
d’habita aux
tion de femmes
ces enceintes ?
femmes
?

P « CPN, « RAS » « nous « un


e vaccinatio disposons du service de
n, suivi personnel CPN
1 pondéral, qualifié et complet,
préventio matériels une salle
n du disponibles » d’accouche
paludisme ment avec
, des les sages-
anémies » femmes »

P « préventi « la Fosa « nous avons « nous


e ons des est très quelques avons un
maladies proches sages- service de
2 liées à la des femmes maternité
grossesse quartiers disponibles complet et
et la prise de l’aire en salle le
en charge mais d’accouche nécessaire
de elles ne ment » disponible
certains viennent »
cas » pas,
curieuse
ment
celles qui
viennent
sortent

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 167


d’ailleurs
hors de
l’aire de
Founang
ue »

P « nous « les « pour moi « nous


e leur quartiers je trouve que avons une
consulton de l’aire notre salle de
3 s, prenons ne sont plateau CPN
en charge pas très technique complète
les distants est suffisant malgré
maladies mais pour notre quelques
simples et elles catégorie » limites du
prévenons disent chèque
les qu’elles santé sur
carences n’ont les
en pas protocoles
suppléme l’argent de prise en
ntant en de taxi » charge de
acide le femme
folique, enceinte »
TPI, VAT »

V- Facteurs économiques

Quelles sont les Quelles sont les La contrepartie


conditions différentes financière est-
financières à modalités elle accessible ?
remplir avant financières
d’être reçu en demandées aux
CPN ? femmes lors de
leur suivi
prénatal ?

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 168


Pe « la femme doit « un soins « pas du tout, si
1 disposer de supplémentaire une femme a la
6000frs pour peut surgir et il chèque santé et
acheter son faudrait que la présente une
chèque santé, femme paye pour autre pathologie
les autres frais acheter un non prise en
supplémentaires quelconque charge par le
leur sont donnés médicament » chèque, elle
en cas de soins préfèrera
hors chèque ce retourner chez
qui n’est pas elle avec le
souvent payé » problème de
santé et les
conséquences
peuvent survenir
après »

Pe « pour être «le chèque santé a « ici nous


2 reçues en CPN son protocole de pouvons dire non
elles doivent » suivi alors les car très peu
femmes sont payent leurs frais
appelées à fournir supplémentaire »
des efforts
financiers pour les
soins
supplémentaires »

Pe « avant d’être « nous leur « pas du tout,


3 reçues elles demandons de nous enregistrons
payent 6000 frs payer les soins plusieurs cas de
pour le chèque que chèque santé fausses couches
santé » ne gère pas en juste du au refus
fonction de leurs de payer un cout
plaintes » supplémentaire
suite à une
quelconque

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 169


infection
détectée, du
coup elle rentre
chez elle rester
comme ça

VI- Facteurs environnementaux

Quelles sont les stratégies Que pensez-vous qu’on


que vous utilisez pour puisse faire pour que les
attirer les femmes femmes enceintes
enceintes de votre aire de changent leur mentalité
santé à venir utiliser les en venant à l’hôpital des
services prénatals ? constats de la
grossesse ?

Pe 1 « descente sur le terrain « Sensibilisation de


pour sensibiliser avec les masse, en ciblant les
relais communautaires » conjoints »

Pe 2 « sensibilisation à travers « sensibiliser de façon


les COGE, les leaders globale, surtout les
religieux » époux dans les
mosquées car c’est eux
qui détiennent le pouvoir
de décision chez les
musulmans »

Pe 3 « nous faisons les « selon mon analyse les


descentes sur le terrain en véritables cibles sont les
allant dans les chefferies époux de ces femmes,
de quartier faire les CPN les sensibiliser dans les
en fixant les prochains rdv mosquées et les marchés
à l’hôpital et nous faisons afin qu’ils autorisent
cela elles viennent donc je leurs épouses à s’y
pense que en faisant cela rendre tôt et en leur

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 170


tous les mois ça pourrait donnant de l’argent »
améliorer leur suivi »

En Afrique, la mortalité maternelle, néonatale et infantile demeure un véritable fléau : 57 %


de tous les décès maternels surviennent sur le continent, ce qui fait de l’Afrique la région du
monde où le ratio de mortalité maternelle est le plus élevé (UNFPA, 2013). Par ailleurs,
l’Afrique continue d’enregistrer les taux les plus élevés de mortalité infantile, avec un enfant
sur huit mourant avant d’atteindre l’âge de cinq ans soit à peu près 20 fois plus que la
moyenne dans les régions développées, qui est d’un sur 167 ; Alors qu’une femme sur 4 700
court le risque de mourir de complications liées à la grossesse dans le monde industrialisé,
une femme africaine sur 39 court ce même risque (Prata et al., 2010).

Approximativement, 30 % de ces décès des moins de cinq ans frappent les nouveau-nés, et
environ 60 % surviennent durant la première année de vie (UNFPA, 2013). Ces taux de
mortalité maternelle et infantile sont caractérisés par des disparités géographiques. Par
exemple, des variations à la hausse d’une région à une autre ont été observées sur le ratio de
mortalité. L’Afrique centrale enregistre le ratio le plus élevé (1 150 décès maternels pour 100
000 naissances vivantes), suivie de l’Afrique de l’Ouest (1 050 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes). Les femmes de l’Afrique australe présentent le plus faible ratio de
mortalité maternelle de toute l’Afrique subsaharienne, 410 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes ; toutefois, ce taux demeure élevé par rapport aux niveaux enregistrés à
l’échelle mondiale (Who et al., 2015).

La réduction de la mortalité maternelle reste un des défis majeurs liés au développement


auquel est confronté le Cameroun. Parmi les objectifs du développement durable (ODD), le 3 e
destiné à la réduction de la mortalité maternelle et infantile.

La grossesse et l’accouchement sont deux évènements de la vie génésique où les risques de


morbidité et de mortalité du couple mère enfant sont accrus. Chaque année, l’on observe
303000 décès de femmes de causes liées à la grossesse, 2,5 millions de morts nés et 2,7
millions nouveaux nés qui décèdent (OMS, 2017).

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 171


Zoungrana (1993) a développé une étude sur l’utilisation de services de Santé Maternelle et
Infantile à Bamako au Mali. A cet effet, elle distingue deux types de facteurs : les facteurs
relatifs à l’offre de soins (accessibilité, coût et qualité des services) et les facteurs relatifs à la
demande de soins qui se subdivisent en facteurs simples (statut socio-économique du ménage,
éducation de la femme, activité de la femme, statut migratoire, caractéristiques socioculturels,
âge et parité de la femme, état matrimonial). En outre, les facteurs de susceptibilité (sexe de
l’enfant, type de naissance et état de santé de la femme) influencent également l’utilisation de
services de santé.

Dans le même ordre d’idée, Beninguisse (2003) recommande une approche intégrée offre-
demande qui tient compte à la fois des facteurs relatifs à l’offre et ceux concernant la
demande afin de mieux expliquer le phénomène. Ce modèle retient cinq facteurs susceptibles
d’agir sur le comportement sanitaire de la femme enceinte:
 le niveau de vie du ménage auquel appartient la femme en déterminant la capacité à
mobiliser les ressources ;
 le degré de modernité ou d’ouverture culturelle qui par l’éducation, les médias, le
travail formel engendre une conscientisation aux normes biomédicales de la prise en
charge à l’accouchement;
 le degré d’urbanité ou de contact avec la ville agissant sur le comportement de la
femme par le même mécanisme que le degré de modernité ;
 la structure du ménage et le sexe du chef de ménage, la position de la femme dans la
parentèle du chef de ménage permettant d’appréhender les mécanismes de prise de décision
face au problème de santé. Les éléments du capital santé de la femme tels que l’intervalle
inter génésique, interviennent également dans la prise en charge de la grossesse ;
 les facteurs contextuels : la disponibilité mais surtout l’accessibilité du service de
santé maternelle est susceptible de rebuter ou de favoriser le recours aux soins.

5.1. Identification des répondantes


L’étude montre que le profil des 17 femmes enceintes interviewées est diversifié. Elles sont
âgées de 20 à 37ans ; pour le personnel de santé c’est de 38 à 46ans ; Il apparaît dans cette
étude comme dans d’autres que les femmes qui ont un faible niveau d’instruction ont plus de
difficultés à avoir recours aux soins prénatals de qualité. Cela s’expliquerait par le fait que les

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 172


personnes moins instruites ont plus de difficultés à s’informer sur leur santé, à comprendre le
système médical qui est fortement « intellectuel » et à exprimer leur douleur.

Dans le meme ordre d’idée, l’étude de Salifou et al.,(2020), montre que la probabilité de
fréquenter tardivement le service de CPN augmente avec l’âge avancé (>34 ans), la grande
multiparité (≥ 4), la situation de ménagère ou d’élève et le faible niveau d’instruction de la
mère. Ainsi, le retard d’initiation de la CPN concerne 94,5% des mères non instruites et du
niveau primaire contre 58,2% de celles ayant au moins le niveau secondaire.

5.2. Connaissances générales sur le recours précoce aux CPN

Les résultats obtenus permettent de constater une grande ignorance chez certaines
femmes enceintes interrogées dans la présente étude. À la lumière de cette étude, le manque
de connaissance du dispositif des soins prénatals serait un motif important de retard à la
première CPN, étant donné que plusieurs femmes ne connaissaient ni le calendrier ni les
objectifs des soins prénatals focalisés. Outre l’éducation des femmes, cette étude a révélé que
le manque de connaissance du dispositif des soins prénatals serait dû au manque d’efficience
dans le transfert de l’information par le système de soins. Les femmes ne reçoivent pas de la
part des professionnels des informations suffisantes sur l’importance et la nécessité des CPN
pour leur santé et celle du fœtus. De plus, il s’est avéré que l’absence d’éducation à la santé
lors des CPN et d’outils de communication adéquats dans les centres de santé est centrale au
manque de connaissance des femmes sur les CPN. Dans ce contexte, l’éducation à la santé des
usagères des services de soins prénatals, à l’intérieur et à l’extérieur des milieux de soins, est
primordiale pour une utilisation adéquate des soins prénatals En effet, elles ont affirmé en
majorité ne pas savoir les dangers qui se cachent sous le recours tardif au service de maternité
à travers leurs connaissances. Plusieurs participantes ne savaient pas qu’elles devaient
recourir à leur première CPN au premier trimestre de la grossesse comme il est recommandé.
Pour les femmes primipares, quoique connaissant l’existence des soins prénatals, elles ne
savaient pas à quel moment elles devaient y recourir. Pour les multipares, bien qu’elles aient
recouru aux CPN lors de leurs grossesses antérieures, elles ignoraient qu’il faut commencer
les CPN au premier trimestre de la grossesse.

À leur manque de connaissance du calendrier des CPN s’ajoute une méconnaissance


des objectifs et des avantages des CPN, ainsi, peu de femmes rencontrées perçoivent les CPN
comme étant importantes pour leur santé ou celle du fœtus. Par conséquent, elles y recourent
pour des motivations personnelles, notamment pour avoir des informations sur le déroulement

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 173


de la grossesse, savoir le nombre de mois de leur grossesse, ou la routine médicale qui est de
recevoir les « médicaments du sang, du palu et le « sangin » (milda) ». Le manque de
connaissances sur les soins prénatals dévoile également que les CPN sont plus axées sur des
examens de routine (regarder la taille, le poids, la pression artérielle, les analyses de sang et
d’urine, etc.) alors que l’éducation à la santé portant sur les signes de danger de la grossesse
ou l’alimentation de la femme enceinte, entre autre, est absente. L’absence d’éducation à la
santé lors des CPN est justifiée selon les agents de santé rencontrés par le manque de
formation continu. Bien que des activités d’animation sur les CPN soient organisées dans les
centres de santé pour pallier l’absence d’éducation à la santé lors des CPN, toutes les
participantes ont affirmé n’avoir pas pu y assister principalement par manque de connaissance
de la date et dans une moindre mesure par manque de temps ou par désintérêt. En outre, le
peu d’affiches portant sur les soins prénatals dans les centres de santé est en langue française
alors que la majorité des femmes ne savent ni lire ni écrire et que leur langue maternelle est
principalement le fulfulde.

Les perceptions qu’ont les femmes de leur grossesse et des soins prénatals en général
participent au choix de recourir ou non aux CPN. Ces perceptions sont régulées par les
normes sociales et les réalités socio-économiques du milieu et elles motivent les attitudes
qu’ont les femmes face au recours aux soins prénatals.

Les soins prénatals perçus comme étant curatifs

D’emblée, les femmes rencontrées perçoivent les CPN comme relevant du curatif,
elles n’y recourent que lorsqu’elles se perçoivent malades : « moi avec les autres grossesses je
n’étais jamais venu tôt, avec l’autre si c’est la maladie qui me fait venir tôt comme ça, Fe1,
22 ans ». La survenue d’une maladie, perçue comme étant grave, expliquerait le recours de
plusieurs femmes à leur première CPN, «moi je connais déjà comment ça se passe parce que
j’ai déjà 3 enfants, donc aujourd’hui je suis là parce que je suis malade, (Fe 5, 25 ans) ; si
moi j’ai plus de 5accouchements je n’irai plus à l’hôpital parce que je connais déjà sauf si je
suis malade comme aujourd’hui, (Fe 7, 33ans). Cette perception des CPN comme relevant du
curatif est cohérente avec le regard que portent les femmes sur leur grossesse qui relèverait de
l’ordre naturel et n’aurait donc pas besoin de suivi médical. Les notions de prévention ou de

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 174


promotion de la santé présentes dans les objectifs premiers des soins prénatals ne trouvent pas
de sens dans les logiques de recours aux CPN des femmes rencontrées

Faye (2008) dans une étude menée auprès des femmes enceintes ou parturientes dans
une communauté rurale Malicounda au Sénégal, a montré que les positions sociales des
femmes contribuent, de façon conjointe, à influencer leurs expériences de maternité ainsi que
l’accès aux soins. Erless (2010) ajoute que, dans la plupart des régions du Mali
particulièrement en zones rurales, les femmes ont l’obligation de faire respecter un de leurs
droits les plus élémentaires qui est d’enfanter dans les bonnes conditions sanitaires, ceci parce
qu’elles n’ont pas leur mot à dire en ce qui concerne leur santé.

Identification des répondantes

L’étude montre que le profil des 17 femmes enceintes interviewées est diversifié. Elles sont
âgées de 20 à 37ans ; pour le personnel de santé c’est de 38 à 46ans ; Il apparaît dans cette
étude comme dans d’autres que les femmes qui ont un faible niveau d’instruction ont plus de
difficultés à avoir recours aux soins prénatals de qualité. Cela s’expliquerait par le fait que les
personnes moins instruites ont plus de difficultés à s’informer sur leur santé, à comprendre le
système médical qui est fortement « intellectuel » et à exprimer leur douleur.

L’étude de Salifou et al.,(2020), montre que la probabilité de fréquenter tardivement le


service de CPN augmente avec l’âge avancé (>34 ans), la grande multiparité (≥ 4), la situation
de ménagère ou d’élève et le faible niveau d’instruction de la mère. Ainsi, le retard
d’initiation de la CPN concerne 94,5% des mères non instruites et du niveau primaire contre
58,2% de celles ayant au moins le niveau secondaire.

5.2. Connaissances générales sur le recours précoce aux CPN

Les résultats obtenus permettent de constater une grande ignorance chez certaines
femmes enceintes interrogées dans la présente étude. À la lumière de cette étude, le manque
de connaissance du dispositif des soins prénatals serait un motif important de retard à la
première CPN, étant donné que plusieurs femmes ne connaissaient ni le calendrier ni les
objectifs des soins prénatals focalisés. Outre l’éducation des femmes, cette étude a révélé que

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 175


le manque de connaissance du dispositif des soins prénatals serait dû au manque d’efficience
dans le transfert de l’information par le système de soins. Les femmes ne reçoivent pas de la
part des professionnels des informations suffisantes sur l’importance et la nécessité des CPN
pour leur santé et celle du fœtus. De plus, il s’est avéré que l’absence d’éducation à la santé
lors des CPN et d’outils de communication adéquats dans les centres de santé est centrale au
manque de connaissance des femmes sur les CPN. Dans ce contexte, l’éducation à la santé des
usagères des services de soins prénatals, à l’intérieur et à l’extérieur des milieux de soins, est
primordiale pour une utilisation adéquate des soins prénatals En effet, elles ont affirmé en
majorité ne pas savoir les dangers qui se cachent sous le recours tardif au service de maternité
à travers leurs connaissances. Plusieurs participantes ne savaient pas qu’elles devaient
recourir à leur première CPN au premier trimestre de la grossesse comme il est recommandé.
Pour les femmes primipares, quoique connaissant l’existence des soins prénatals, elles ne
savaient pas à quel moment elles devaient y recourir. Pour les multipares, bien qu’elles aient
recouru aux CPN lors de leurs grossesses antérieures, elles ignoraient qu’il faut commencer
les CPN au premier trimestre de la grossesse.

À leur manque de connaissance du calendrier des CPN s’ajoute une méconnaissance


des objectifs et des avantages des CPN, ainsi, peu de femmes rencontrées perçoivent les CPN
comme étant importantes pour leur santé ou celle du fœtus. Par conséquent, elles y recourent
pour des motivations personnelles, notamment pour avoir des informations sur le déroulement
de la grossesse, savoir le nombre de mois de leur grossesse, ou la routine médicale qui est de
recevoir les « médicaments du sang, du palu et le « sangin » (milda) ». Le manque de
connaissances sur les soins prénatals dévoile également que les CPN sont plus axées sur des
examens de routine (regarder la taille, le poids, la pression artérielle, les analyses de sang et
d’urine, etc.) alors que l’éducation à la santé portant sur les signes de danger de la grossesse
ou l’alimentation de la femme enceinte, entre autre, est absente. L’absence d’éducation à la
santé lors des CPN est justifiée selon les agents de santé rencontrés par le manque de
formation continu. Bien que des activités d’animation sur les CPN soient organisées dans les
centres de santé pour pallier l’absence d’éducation à la santé lors des CPN, toutes les
participantes ont affirmé n’avoir pas pu y assister principalement par manque de connaissance
de la date et dans une moindre mesure par manque de temps ou par désintérêt. En outre, le
peu d’affiches portant sur les soins prénatals dans les centres de santé est en langue française
alors que la majorité des femmes ne savent ni lire ni écrire et que leur langue maternelle est
principalement le fulfulde.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 176


Les perceptions qu’ont les femmes de leur grossesse et des soins prénatals en général
participent au choix de recourir ou non aux CPN. Ces perceptions sont régulées par les
normes sociales et les réalités socio-économiques du milieu et elles motivent les attitudes
qu’ont les femmes face au recours aux soins prénatals.

Les soins prénatals perçus comme étant curatifs

D’emblée, les femmes rencontrées perçoivent les CPN comme relevant du curatif,
elles n’y recourent que lorsqu’elles se perçoivent malades : « moi avec les autres grossesses je
n’étais jamais venu tôt, avec l’autre si c’est la maladie qui me fait venir tôt comme ça, Fe1,
22 ans ». La survenue d’une maladie, perçue comme étant grave, expliquerait le recours de
plusieurs femmes à leur première CPN, «moi je connais déjà comment ça se passe parce que
j’ai déjà 3 enfants, donc aujourd’hui je suis là parce que je suis malade, (Fe 5, 25 ans) ; si
moi j’ai plus de 5accouchements je n’irai plus à l’hôpital parce que je connais déjà sauf si je
suis malade comme aujourd’hui, (Fe 7, 33ans). Cette perception des CPN comme relevant du
curatif est cohérente avec le regard que portent les femmes sur leur grossesse qui relèverait de
l’ordre naturel et n’aurait donc pas besoin de suivi médical. Les notions de prévention ou de
promotion de la santé présentes dans les objectifs premiers des soins prénatals ne trouvent pas
de sens dans les logiques de recours aux CPN des femmes rencontrées

Les facteurs socioculturels ont été évoquées par les enquêtées pour justifier le recours tardif
dans la formation sanitaire. De l’avis de la plupart des interviewées, il en ressort une
dépendance de la femme vis-à-vis de son conjoint, dans la mesure où ces dernières ont précisé
que la décision finale de se rendre en consultation revient au conjoint. Toutefois, ces recours
tardifs se justifient par le fait que les femmes dans leur ménage n’ont pas de prise de décision
car ceci revient à la belle famille et au conjoint . Dans ces conditions, la femme enceinte est
entre conjoint, belle familles et matrones par le fait que le mot final concernant leur santé ne
leur revient pas. A ce propos, Kamga (2010), a analysé les déterminants ssocioculturels Par ailleurs,
par le mariage, l’adolescente acquiert une considération sociale dans la société et celle-ci est

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 177


davantage valorisée par la future progéniture/descendance qui lui assurera une sécurité sociale
(Erny, 1987). Le mariage de la jeune fille constitue donc un acte sacré d’engagement, car, il lui donne
un statut valorisé. Cette dimension sociale et culturelle du mariage oblige les parents à accepter
parfois l’union de leur fille mineure pour assurer l’avenir de leur enfant dès que le fait d’une relation
est établi. Vu sous cet angle, le mariage constitue un fait socioculturel qui favorise les grossesses
précoces. Sous un autre angle, le mariage joue un rôle dans la procréation, car, c’est presqu’une
obligation pour une femme mariée d’avoir les enfants. Ce qui suppose donc que l’adolescente mariée
doit prouver sa fertilité après le mariage ou la mise en couple à travers les accouchements

l’élaboration de nouvelles stratégies axées principalement sur les meilleures techniques qui
permettrons d’améliorer le recours précoce des femmes enceintes aux services de maternité avec
pour urgence d’opérer une transition d’un système médical normatif à un système médical global
et flexible en fonction des attentes des populations déterminées avec leur

Les résultats obtenus ne sauraient être généralisable dans les autres régions. Pour
qu’une action de promotion sanitaire dans le domaine obstétrical soit efficace, il faut
nécessairement qu’elle se fonde sur une juste appréciation et une connaissance adéquate du
contexte dans lequel se déroule la grossesse.

Cette étude n’est qu’une piste pour une réflexion plus globale sur les rapports entre le recours
précoce en CPN et la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Les phénomènes étant
propre à chaque contexte, il est pertinent de faire une analyse régionale afin de vérifier si le
schéma de la localité de Founangue est semblable avec une autre dans le septentrion.

, c’est pourquoi nous avons suggéré ce qui suit :

Au gouvernement Camerounais
Cette étude interpelle donc les autorités et décideurs à divers niveaux au Cameroun et à
l’extrême Nord en particulier, sur l’importance que requiert l’éducation et l’autonomisation
des femmes. Ces deux facteurs intimement liés peuvent influencer positivement sur le recours
aux services de santé de la maternité et de la CPN en particulier pour une meilleure survie
médicale des grossesses des femmes dans ce contexte. Comme le dit un adage : « éduquer une
fille c’est éduquer toute une nation », aussi d’impliquer les maris dans les décisions

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 178


concernant la prise en charge de leur femmes ; que le gouvernement puisse avoir une attention
particulière sur l’accessibilité financière de la CPN pour améliorer cette situation car le suivi
des femmes enceintes au cours des CPN permet de prévenir les risque et les complications
pendant la grossesse et l’accouchement.

 Aux femmes enceintes

Nous leur disons de ne plus fuir les le début des CPN 1 pour éviter les complications, de
cultiver la notion de lecture.

Difficultés rencontrées

Un travail de recherche scientifique a pour particularité d’être difficile. Dans le cadre


de notre travail, nous avons été confrontées à plusieurs difficultés :

La première difficulté est d’ordre linguistique. Les mères s’expriment en Foulfoubé et nous
n’avions aucune maîtrise de cette langue. Pour atténuer ce problème, nous avons eu recours à
trois enquêteurs originaires de la localité pour la collecte et la transcription des données. À
ceci se sont ajoutées, les difficultés pour rencontrer le chef de district afin d’avoir une
autorisation d’enquête

Selon le modèle des croyances relatives à la santé, l’adoption du comportement est


fonction de trois éléments à savoir la perception de la menace, la perception des bénéfices liés
au comportement et l’efficacité personnelle. Les variables principales du HBM sont
présentées comme suit (Rosenstock, Strecher et Becker, 1994) :

- La menace perçue se compose de deux parties : susceptibilité perçue et sévérité


perçue d’un état de santé ;

- La susceptibilité perçue se réfère à la perception subjective au risque de


contracter la maladie ;

- La sévérité perçue renvoi aux sentiments au sujet du sérieux de contracter une


maladie ou de la laisser non traitée (évaluations y compris des conséquences
médicales et cliniques et des conséquences sociales possibles) ;

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 179


- Les avantages perçus soulignent l’efficacité crue (perçue) des stratégies conçues
pour réduire la menace de la maladie ;

- Les barrières perçues rendent compte des conséquences négatives potentielles


qui peuvent résulter de l’adoption des mesures préventives (particulières) de santé,
y compris l’examen médical, psychologique et les dépenses financières ;

- La sélection à l’action regroupe les évènements corporels (par exemple,


symptômes physiques d’un état de santé) ou ambiants (par exemples, publicités
des médias) qui motivent des personnes à agir (pour agir). Les sélections aux
actions sont un aspect du HBM qui n’a pas été systématiquement étudié ;

- Les autres variables sont les variables démographiques, psychosociologiques et


structurales diverses qui affectent les perceptions d’un individu et de ce fait
influencent indirectement le comportement relatif à la santé ;

- L’auto-efficacité rend compte de la croyance pour l’individu de pouvoir exécuter


avec succès le comportement requis pour produire les résultats désirés (Bandura,
1977).

- Maternal mortality remains a real public health problem in most developing


countries. Despite the desire to reform the health system in Cameroon, as
prescribed by the Bamako initiative in August 1987, early referral to a health
facility remains very low in first intention. Statistics from the Demographic and
Health Survey (EDS MICS 2018) in Cameroon revealed that the percentage of
women who declared at least one problem in using health care is higher in rural
areas (82%) than in rural areas. urban 65%. Difficulties in seeking health care
affect many women; this situation is attributable to several constraints that limit
the use of maternity services, also accentuating maternal and infant mortality. The
objective of this study is to study the explanatory factors of the late use of pregnant
women in the health facility of Founangue (health district of Maroua II).
- For this study, a qualitative approach of an explanatory nature and a
phenomenological method was conducted during the month of August 2022 in the
health facility of Founangue (health district of Maroua II). The target population
here concerned women who came to the prenatal consultation (CPN) in the health
facility of Founangue for the first time with a pregnancy greater than or equal to 3

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 180


months, as well as the personnel of the maternity service. The collection technique
used was individual interviews using a semi-structured interview guide, the
analysis method used is content analysis.
- The results obtained at the end of this study will contribute to improving, with the
collaboration of the central level of the health pyramid, the development of new
strategies focused mainly on the best techniques which will make it possible to
improve the early recourse of pregnant women to health services. Maternity with
the urgent need to make a transition from a normative medical system to a global
and flexible medical system according to the expectations of the populations
determined with their participation, in particular the creation of mobile clinics
and/or CPNRs in the district chiefdoms in place temporary fix, the reduction in the
price of the health check.
-
-
- Key words: explanatory factors, late referral, pregnant women, health training,
health
-
- district

TABLE DES MATIERES

DÉDICACEI
CERTIFICATION …………………………………………………………………………….II

REMERCIEMENT
LISTE DES ABRÉVIATIONS ,SIGLES ET ACRONYMES
LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………..

TABLE DES MATIÈRES……………………………………………………………………..

RÉSUME
ABSTRACT
INTRODUCTION………………………………………………………………………………

CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE L’ÉTUDE

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 181


1.1. Contexte général
…………………………………………………………………………
1.2. Niveau Camerounais…………………………………………………………………….
1.3. Enoncé du
problème…………………………………………………………………………
1.4. Questions de
recherche……………………………………………………………………...
1.5. Objectifs de
recherche……………………………………………………………………….
1.6. Justification de
l’étude………………………………………………………………………
1.6.1. Justification personnelle…………………………………………………………………
1.6.2. Justification scientifique………………………………………………………………...
1.7. Intérêt de
l’étude……………………………………………………………………………
1.7.1. Intérêt théorique…………………………………………………………………………
1.7.2. Intérêt pratique…………………………………………………………………………..
1.8. Délimitation de
l’étude……………………………………………………………………..
1.9. Définitions
opérationnelle…………………………………………………………………...

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE


2.1.1. Revue des concepts……………………………………………………………………….

2.1.1.1. Définition des concepts…………………………………………………………………

2.1.1.2. Facteurs……………………………………………………………………………...

2.1.1.3. Recours tardif………………………………………………………………………..

2.1.1.4. Femme enceinte……………………………………………………………………..

2.1.1.5. Formation sanitaire…………………………………………………………….......


2.1.1.6. District de santé……………………………………………………………………..
2.1.1.7. Aire de Santé………………………………………………………………………..
2.1.1.8. Schémas du cadre conceptuel………………………………………………………

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 182


2.1.1.9. Explication du schéma conceptuel d’analyse………………………………………
2.1.2.1. Modèle d’analyse conceptuel……………………………………………………….

2.2. Revue théorique

2.2.1. Théorie du Health Belief Model (HBM)…………………………………………….


2.2.2. Théorie du comportement planifié…………………………………………………...
2.2.3. Théorie de la représentation sociale…………………………………………….........
2.3. Revue empirique……………………………………………………………………………
CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIQUE DE L’ÉTUDE
3.1. Type et méthode de recherche………………………………………………………………
3.2. Lieu de l’étude……………………………………………………………………………...
3.3. Population de l’étude……………………………………………………………………….
3.4. Procédures d’échantillonnage………………………………………………………………
3.5. Echantillon………………………………………………………………………………….
3.6. Instrument de collecte des données…………………………………………………………
3.7. Validité des instruments…………………………………………………………………….
3.8. Administration des instruments…………………………………………………………….
3.9. Procédure d’analyse des données…………………………………………………………...
3.10. Considérations éthiques…………………………………………………………………...
CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS………………………………………...
4.1. Transcription des résultats de la grille d’entretien aux femmes enceintes………………….
4.2. Transcription des résultats de la grille d’entretien aux personnels…………………………
CHAPITRE 5 : DISCUSSION DES RÉSULTATS…………………………………………….
CONCLUSION GÉNÉRALE…………………………………………………………………...
LISTE DES RÉFÉRENCES…………………………………………………………………….
ANNEXES………………………………………………………………………………………

Il ressort de l'analyse que le non-recours aux soins prénatals ne résulte pas seulement de facteurs liés
à l‟individu, mais de différents facteurs socioculturels, politiques et institutionnels

le recours précoce dans une formation sanitaire reste très faible en première intention. Les
statistiques de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS MICS 2018) au Cameroun ont révélé que

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 183


le pourcentage de femmes ayant déclaré au moins un problème de recours aux soins de santé est
plus élevé en milieu rural (82 %) qu’en milieu urbain 65 %.

Rédigé et soutenu par NGALANI Christine, MSP SCOM 184

Vous aimerez peut-être aussi