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Institut de Formation des Techniciens Spécialisés en Architecture et Urbanisme-Tétouan

Année universitaire : 2022-2023


Matière : Histoire et Théories de l’Architecture-S1

Axe 1 : l’Architecture de l’Antiquité :


Texte et exercice d’appoint

L'Égypte ancienne, une terre de mystères et une


architecture au service du religieux et du divin

Aucune autre civilisation n'a tant captivé l'imagination des spécialistes comme la civilisation
égyptienne. Ses origines, sa religion et son architecture monumentale — les temples
colossaux, les pyramides et l'énorme Sphinx — sont pleins de mystère. Les pyramides
d'Égypte sont les plus célèbres de tous les monuments de l'Antiquité, la seule des sept
merveilles du monde antique qui ait survécu à l’épreuve du temps.

De même que la vie surgit des eaux, de même le Nil a arrosé les semences de la civilisation
égyptienne. Ce fleuve puissant, qui coule vers le nord depuis le cœur de l'Afrique jusqu'à la
Méditerranée, entretint la croissance du royaume pharaonique. Ce paysage égyptien nous
fournit une première indication pour une meilleure compréhension de l’architecture
pharaonique. La longue et étroite plaine inondable fut un véritable aimant pour la vie, attirant
une sédentarisation et préparant le terrain pour une civilisation des plus marquantes. À
l'époque prédynastique, des chasseurs nomades s'établirent dans la vallée du Nil et
commencèrent à cultiver la terre pour diversifier leur alimentation. Tenue pour un don des
dieux, la crue annuelle du fleuve déposait sur la terre un limon riche en éléments nutritifs,
créant des conditions idéales pour la culture du blé, du lin et d'autres plantes mais fournissant
également un matériau de construction précieux. Les premiers travaux communautaires de
cette société naissante furent l'aménagement de canaux d'irrigation à des fins agricoles.

Malgré les débuts simples du logement préhistorique, l’architecture égyptienne ancienne, en


particulier les pharaons, a commencé avec l’ère antique dans les années 3100 avant J.C., et

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une combinaison de facteurs ont joué dans l’émergence et la maturité de cette architecture,
dont le plus important était le facteur religieux qui a eu un impact sur l’émergence de
l’architecture funéraire, tels que les cimetières, les mastabas et les pyramides à l’ouest du Nil
en particulier, où le soleil se couche.

Le soleil était une divinité importante dont le passage dans le ciel symbolisait le cycle éternel
des naissances, des morts et des renaissances. Les pharaons étaient considérés comme des
dieux, des représentants divins sur la terre qui, grâce aux rites, assuraient la perpétuation de la
vie. Après leur mort, ils devenaient immortels, rejoignant les dieux dans l'au-delà.

Pour les Égyptiens du delta du Nil, le monde et tout ce que les êtres humains connaissent est
venu de l'eau, de l'humidité, un environnement qui leur est familier. Tout a été créé par les
dieux et ces dieux étaient toujours présents dans la vie de chacun à travers la nature.

Lorsque le Nil débordait de son lit et déposait le sol vivifiant dont les gens dépendaient pour
leurs cultures, c'était l'œuvre du dieu « Osiris ». Lorsque le soleil se couchait le soir, c'était le
dieu « Rê (ou Râ) » qui descendait dans le monde souterrain, et les gens participaient
volontiers aux rituels pour s'assurer qu'il survivrait aux attaques de son ennemi juré
« Apophis » et qu'il ressusciterait le lendemain matin. La déesse « Hathor » était présente
dans les arbres, « Bastet » gardait les secrets des femmes et protégeait le foyer, « Thot »
donnait aux gens le don de l'instruction, « Isis », bien qu'étant une grande et puissante déesse,
avait également été une mère célibataire qui avait élevé son jeune fils « Horus » dans les
marais du Delta et elle veillait sur les mères sur terre.
Les Égyptiens croyaient également que le corps et l'âme étaient importants pour l'existence
humaine, tant dans la vie que dans la mort. Leurs usages funéraires, par exemple la
momification et l'ensevelissement dans des tombes, visaient à aider le défunt à trouver son
chemin dans l'au-delà. Les tombes étaient remplies d'aliments, d'outils, d'articles ménagers, de
trésors — toutes les choses essentielles à la vie — pour garantir le retour de l'âme dans le
corps afin que le défunt vive heureux à jamais.
L’Egypte ancienne ou antique a duré environ 3500 ans, elle a vu la succession et la
concomitance de plusieurs dynasties et rois, ce qui rend la restitution de sa chronologie
délicate. Cependant, les archéologues et les égyptologues distinguent quatre grandes
périodes :

- L’Ancien Empire, fondé vers 3200 avant J-C. dont la capitale était la ville de
Memphis. Pendant cette époque l’écriture et l’administration se sont développées dans
l’état pharaonique ;

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- Le Moyen Empire qui dura de 2052 à 1770 avant J-C. La capitale de cet empire est
alors Thèbes et l’état pharaonique devient si puissant que l’on a commencé à élever
des temples de pierres ;
- Le Nouvel Empire, qui dura entre 1580 et 1085 avant J-C. La dynastie des Ramsès
rendirent l’Egypte si puissante qu’elle s’est étendue à une partie de la Syrie et de la
Palestine ;
- La Basse Epoque où l’empire pharaonique tomba aux mains des Assyriens
(Mésopotamie), des Perses, des Grecs et finalement des Romains au premier siècle
avant J-C.

La puissance ou la faiblesse de l’état pharaonique sont allées de pair avec la puissance et la


monumentalité de l’architecture égyptienne antique. En Egypte antique, on conçoit avec les
notions de l’éternité, des phénomènes célestes et du culte des morts. Pendant l’Ancien
Empire, les Pharaons font construire d’abord des tombes en briques d’argile crues qui
proviennent des crues du Nil : le limon. Pendant l’Ancien Empire également, des pharaons
tels que Khéops, Khéphren et Mykérinos font ériger de grandioses pyramides. Ce n’est que
pendant le Moyen Empire qu’apparait l’architecture en pierre tel que le temple de Saqqarah et
pendant le Nouvel Empire, l’on a construit les temples de Louxor (l’ancienne capitale appelée
Thèbes), la salle hypostyle de Karnak et Abu Simbel. Uniquement les tombes, les temples et
les statutaires qui les accompagnaient (obélisques, avenues de sphinx et de lions) étaient
édifiés en pierre.

Au cours de la période prédynastique en Égypte, des images des dieux et des déesses
apparaissent dans les sculptures et les céramiques, mais le peuple ne possédait pas encore les
compétences techniques nécessaires pour ériger des structures massives en l'honneur de ses
dirigeants ou de ses divinités. Les maisons et les tombes de la période prédynastique étaient
construites en briques crues séchées au soleil (une pratique qui se poursuivra tout au long de
l'histoire de l'Égypte). Avant la découverte de la fabrication des briques, les maisons étaient
des structures de roseaux couvertes de chaume et dont les murs étaient recouverts de boue.
Ces premiers bâtiments étaient circulaires ou ovales avant l'utilisation des briques et, après, ils
sont devenus carrés ou rectangulaires. Les communautés se regroupèrent pour se protéger des
animaux sauvages et des étrangers, et elles se développèrent en villes qui s'entourèrent de
murs.

Le facteur environnemental, en particulier le climat chaud, a conduit à l’émergence de


surfaces planes dans l’architecture égyptienne. L’on a réduit le nombre d’ouvertures de murs

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extérieurs et l’on a économisé les sources d’éclairage sur les ouvertures de toit et les portes.
Les murs se sont également épaissis pour réduire les fuites thermiques. La durabilité et la
pérennité était le étaient donc le fondement de l’architecture égyptienne à travers une
planification préalable, des matériaux solides. Les plafonds étaient principalement faits
d’argile, de briques, de bois et d’osier dans les maisons publiques, mais dans les temples et les
cimetières, ils étaient faits de grandes tuiles de pierre chargées sur des seuils basés sur des
murs et des colonnes. La boue est apparue dans la construction des maisons pauvres et la
pierre a été utilisée pour construire des palais et des cimetières tels que le calcaire, le grès, le
marbre, l’albâtre et le granite. Les techniques d’utilisation du verre, du bois et du métal ont
émergé dans la construction, ce qui leur a valu une beauté particulière et une excellente
sobriété fonctionnelle.

Au fur et à mesure que la civilisation progressa, l'architecture en fit de même avec l'apparition
de fenêtres et de portes renforcées et décorées de cadres en bois. Le bois était plus abondant
en Égypte à cette époque, mais pas encore en quantité suffisante pour être utilisé comme un
matériau de construction à grande échelle. La maison ovale en briques crues devint la maison
rectangulaire avec un toit voûté, un jardin et une cour. Le travail de la brique crue est
également mis en évidence dans la construction des tombes qui, au cours de la première
période dynastique en Égypte, devinrent plus élaborées et plus complexes dans leur
conception. Ces premières tombes oblongues (les mastabas) continuèrent à être construites en
briques crues, mais déjà à cette époque, les gens travaillaient la pierre pour créer des temples
pour leurs dieux. Les monuments monolithes en pierre (les stèles) commencèrent à apparaître,
en même temps que ces temples, à partir de la deuxième dynastie d'Égypte (vers 2890 – vers
2670 av. JC).

Les obélisques, de grands monuments de pierre verticaux à quatre côtés et au sommet effilé,
commencèrent à apparaître dans la ville d'Héliopolis à peu près à cette époque. L'obélisque
égyptien (connu par les Égyptiens sous le nom de tekhenu, « obélisque » étant le nom grec)
est l'un des exemples les plus parfaits de l'architecture égyptienne reflétant la relation entre les
dieux et le peuple, car ils étaient toujours construits par deux et on pensait que les deux créés
sur terre étaient reflétés par deux pièces identiques érigées dans les cieux au même moment.
L'extraction, la sculpture, le transport et l'érection des obélisques exigeaient des compétences
et un travail considérables et ils permirent aux Égyptiens d'apprendre à travailler la pierre et à
déplacer des objets extrêmement lourds sur plusieurs kilomètres. La maîtrise du travail de la
pierre prépara le terrain pour le prochain grand bond en avant de l'architecture égyptienne : la
pyramide.

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La première pyramide d'Égypte est la pyramide à degrés de « Djéser » à Saqqarah, construite
par l’architecte, astronome, prêtre, écrivain et ancien sage égyptien Imhotep, qui est devenu
ministre du roi « Djeser » et dont le nom est resté immortel à travers les âges. Elle date de la
fin de cette période dynastique précoce. La comparaison de ce monument et de son complexe
environnant avec les « mastabas », les tombes des siècles précédents, montre à quel point les
Égyptiens avaient progressé dans leur compréhension de la conception et de la construction
architecturales. Imhotep semble avoir été inspiré par la construction des Ziggurats dans la
vallée mésopotamienne d’abord, puis a inventé son travail architectural créatif, comme en
témoigne le fait qu’au début, il a construit un cimetière dans le désert composé de six terrasses
les unes sur les autres, et la taille de ce qui précède, prenant sa forme extérieure comme une
pyramide mais ressemblant à une Ziggurat. La créativité d’Imhotep était de remplacer les
briques par des pierres dans la construction des mastabas, ce qui était suffisant pour préserver
les pyramides au fil du temps, tandis que la plupart des monuments construits en briques crues
n’ont pas tenu avec les âges.

Une fois achevée, la pyramide à degrés s'élevait à 62 mètres de haut et c’était la structure la
plus haute de son époque. Le complexe environnant comprenait un temple, des cours, des
sanctuaires et des quartiers d'habitation pour les prêtres. Il couvrait une superficie de 16
hectares et il était entouré d'un mur de 10,5 mètres de haut. Le mur était percé de 13 fausses
portes et d'une seule vraie entrée dans l'angle sud-est ; l'ensemble du mur était ensuite entouré
d'une tranchée de 750 mètres de long et de 40 mètres de large. La tombe de « Djéser » était
située sous la pyramide, au fond d'un conduit de 28 mètres de long. La chambre funéraire elle-
même était encastrée dans du granit mais, pour l'atteindre, il fallait traverser plusieurs
couloirs, tous peints de manière lumineuse avec des reliefs et des carreaux incrustés, menant à
d'autres pièces ou à des impasses remplies de récipients en pierre portant les noms des rois
précédents. Ce labyrinthe fut créé, bien sûr, pour protéger la tombe et les objets funéraires du
roi.

La pyramide à degrés de « Djéser » intègre tous les éléments les plus marquants de
l'architecture égyptienne : symétrie, équilibre et grandeur, qui reflètent les valeurs
fondamentales de la culture. La civilisation égyptienne était fondée sur le concept de Maât
(harmonie, équilibre), décrété par les dieux. L'architecture de l'Égypte ancienne, que ce soit à
petite ou à grande échelle, a toujours représenté ces idéaux. Les palais étaient même construits
avec deux entrées, deux salles de trône, deux salles de réception afin de maintenir la symétrie
et l'équilibre en représentant à la fois la Haute et la Basse-Égypte.

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Les célèbres pyramides ont la forme de la colline sacrée où les dieux sont apparus pour la
première fois dans le récit de la création. Leur édification était dirigée par des architectes et
des ingénieurs d'une grande compétence. Des ouvriers rémunérés déplaçaient les massifs
blocs de calcaire sans l'aide de roues, de chevaux ou d'outils de fer. Les conscrits étaient peut-
être motivés par une foi profonde dans la divinité de leurs dirigeants et une croyance en
l'immortalité. Il est possible qu'ils aient pensé que leur contribution améliorerait leur propre
sort lors du jugement dernier dans l'au-delà. Les pyramides de Gizeh datent de l'Ancien
Empire (vers 2613 - 2181 av. JC) et elles représentent l'apogée du talent et des compétences
acquises à cette époque. L'histoire de l'Égypte ancienne avait cependant encore un long et
illustre chemin à parcourir et, à mesure que la forme pyramidale fut abandonnée, les
Égyptiens concentrèrent leur attention sur les temples, surtout pendant le Moyen Empire.
L'architecture du Moyen Empire, à commencer par le grand complexe mortuaire du roi
Montouhotep (vers 2061 - 2010 av. JC.) à Deir el-Bahari près de Thèbes, est à la fois
grandiose et variée.
Sous le règne du roi Sésostris Ier (vers 1971 - 1926 av. JC), la construction du grand temple
« d'Amon-Rê » à Karnak commença lorsque ce monarque érigea une modeste structure sur le
site. Ce temple, comme tous les temples du Moyen Empire, fut construit avec une cour
extérieure, des cours à colonnes qui menaient à des salles et des chambres rituelles, et un
sanctuaire intérieur qui abritait la statue d'un dieu. Des lacs sacrés furent créés sur ces sites et
l'effet global était une représentation symbolique du commencement du monde et du
fonctionnement harmonieux de l'univers.
Les colonnes étaient un aspect important du symbolisme d'un complexe de temples. Elles
n'étaient pas seulement conçues pour soutenir un toit mais pour apporter leur propre
signification à l'ensemble de l'œuvre. Parmi les nombreux motifs différents, on peut citer : la
botte de papyrus (une colonne sculptée en hauteur ressemblant à des roseaux de papyrus), le
motif du lotus, populaire dans le Moyen Empire égyptien, avec un chapiteau s'ouvrant comme
une fleur de lotus, la colonne à bourgeons dont le chapiteau semble être une fleur non ouverte,
et la colonne Djed1.
Les maisons et les autres bâtiments continuèrent à être construits en briques de terre crue
pendant le Moyen Empire ; la pierre n'était utilisée que pour les temples et les monuments et
il s'agissait généralement de calcaire, de grès ou, dans certains cas, de granit, dont le travail
exigeait la plus grande habileté. Un chef-d'œuvre peu connu du Moyen Empire, perdu depuis
longtemps, était le complexe pyramidal d'Amenemhat III (vers 1860 - 1815 av. JC) dans la

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Le Djed était un ancien symbole de stabilité et il était fréquemment utilisé dans les colonnes, soit à la base, soit
au sommet (de sorte qu'il semble que le Djed soutienne le ciel), soit comme colonne entière.

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ville de Hawara. Ce complexe était énorme, avec douze grandes cours séparées qui se
faisaient face à travers une étendue de halls à colonnes et de vestibules intérieurs si complexes
qu'Hérodote2 l'appela «le labyrinthe». Les cours et les vestibules étaient reliés entre eux par
des couloirs, des colonnades et des conduits, de sorte qu'un visiteur pouvait emprunter un
couloir familier mais prendre un virage inconnu et se retrouver dans une zone du complexe
complètement différente de celle prévue. Des allées entrecroisées et de fausses portes scellées
par des bouchons de pierre servaient à confondre et à désorienter un visiteur pour protéger la
chambre funéraire centrale du roi dans la pyramide. On dit que cette chambre fut taillée dans
un seul bloc de granit et qu'elle pesait 110 tonnes. Hérodote affirmait qu'elle était plus
impressionnante que toutes les merveilles qu'il avait pu voir.

 Référence : Le livre de la civilisation égyptienne/Canadian Musuem of History.ca

Consigne :

1. Lire le texte en entier et faire ressortir ses idées principales ;


2. Ressortir les différentes périodes de développement de la civilisation égyptienne ;
3. Ressortir les facteurs géographiques, environnementaux et idéologiques qui ont
influencé la construction et l’architecture dans l’Egypte Antique ;
4. Ressortir les types d’édifices qui existaient en Egypte Antique ainsi que les éléments
marquant de son architecture ;
5. Ressortir les éléments de décor caractéristiques de la civilisation égyptienne ancienne ;
6. Développer brièvement comment se sont développées les techniques de construction
en Egypte Antique et quels étaient les matériaux utilisés ;
7. Ressortir l’ensemble des termes techniques relatifs à l’architecture
égyptienne ancienne ;

2
Historien et géographe grec.

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