Vous êtes sur la page 1sur 13

Un peuple, un but, une foi 2021/2022

UNIVERSITE ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR

U.F.R. Lettres, Arts et Sciences Humaines


Département Histoire et Civilisations
LICENCE 1 :

THEMES : LA CIVILISATION DE NAPATA ET MÉROÉ

EXPOSANTS :

 Oumar BOMOU N° 202101469


 Moussa Tamba KEITA N° 202101488

Sous-direction :

Dr : NGONO YVES

PLAN :

1
INTRODUCTION

I. LA CONNEXION DE LA NUBIE À L’EMPIRE EGYPTIEN  :


1. La première civilisation Nubienne
2. La civilisation égypto-nubienne
II. LA CIVILISATION DE NAPATA
1. Les données culturelles et artistiques
2. Les données religieuses et la royauté
III. LA CIVILISATION DE MÉROÉ
1. Langue et écriture meroïtique
2. La royauté et les dieux
CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

2
INTRODUCTION

Longtemps prolongeait dans une civilisation agro-pastorale florissante, le


royaumes nubiens nouent très tôt des relations politiques et commerciales avec
les pharaons. Les Koushites adoptent tardivement l’écriture, empruntée à leur
voisin du Nord. À partir du VIIIe siècle avant notre ère, l’égyptien hiératique
est utilisé par les élites de Napata, puis le royaume de Méroé choisira, au IIIe
siècle avant notre ère. Bien que l'histoire de l'ensemble du pays soit assez
ancienne, le royaume de Koush prospéra entre environ 1069 avant notre ère et
350 de notre ère. Les Koushites n'avaient plus à s'inquiéter des incursions de
l'Égypte sur leur territoire, car l'Égypte avait suffisamment de mal à se gérer
elle-même. Ils fondèrent le royaume de Koush avec Napata comme capitale, et
Koush devint la puissance de la région tandis que l'Égypte était en difficulté.
Vers 590 av. JC, Napata fut détruite par le pharaon égyptien Psammétique II
(595-589 av. JC) et la capitale de Koush fut transférée à Méroé. Le royaume de
Koush continua à vivre avec Méroé comme capitale jusqu'à l'invasion des
Aksūmites vers 330 av. JC, qui détruisit la ville et renversa le royaume. Que
sont devenus la Civilisation Koushites ? ont-ils été égyptianisés ? Ont-ils
adoptées leurs propres civilisation ?
Notre travail s’articule autour de trois parties dont chaque parties comportent
deux sous parties : Nous verrons en première partie, la connexion de la Nubie à
l’Empire Égyptien. En deuxième partie, nous montrerons la civilisation de
Napata et notre troisième partie sera consacrée à la civilisation de Méroé.

I. LA CONNEXION DE LA NUBIE À L’EMPIRE ÉGYPTIEN :

1. La première civilisation Nubienne :

Les archéologues se sont intéressés à la Nubie dès le début du XXe siècle.


L’égyptologue américain George Reisner reconnaît le premier des cultures
autochtones lors de prospections et de fouilles entre les 1ere et 2e cataractes, en
Basse-Nubie. Il nomme ces cultures par des lettres de l’alphabet: les groupes A
et C désignent les plus anciennes cultures en relation directe avec l’Égypte. Le
devenir du Groupe A est mal connu; il est possible qu’une partie de la
population se soit retirée dans les marges désertiques ou se soit déplacée en
Haute-Nubie, se mêlant à la population pré-Kerma, une entité culturelle qui
précède la civilisation de Kerma. Cette entité, qui émerge à la fin du IVe
millénaire, montre que la région est dynamique même si elle n’est pas encore
impliquée dans des interactions directes avec l’Égypte.

3
La production agricole est difficile à déterminer avec précision car les restes de
graines se conservent très mal en milieu saharien. Cependant, grâce aux
quelques découvertes connues au Soudan, on peut estimer qu’elle concerne en
premier lieu l’orge et le blé, deux céréales originaires du Proche-Orient adoptées
progressivement dans la vallée du Nil. Des pratiques de cueillette viennent
complète cet apport agricole et concernent entre autres le sorgho, les fruits du
jujubier ou encore des cucurbitacées.
Du coup d’œil ethnique, le Groupe A était très semblable physiquement aux
Egyptiens prédynastiques C’était un peuple mi- nomade, qui élevait
probablement des moutons, des chèvres et quelques bovins. Il vivait
habituellement dans de petits campements, se déplaçant toutes les fois qu’un
pâturage était épuisé.
Au coup d’œil culturel, le Groupe A appartient au Chalcolithique, c’est-à-dire
qu’il était essentiellement néolithique, mais faisait un usage limité d’outils de
cuivre, qui étaient tous importés d’Egypte. Une des caractéristiques importantes
de la culture du Groupe A est la poterie que nous trouvons dans les tombes des
peuplades appartenant à ce groupe. On peut distinguer plusieurs types, mais les
traits constants de la poterie du Groupe A sont la facture très adroite et les
dessins et la décoration artistique, qui mettent cet art céramique bien au-dessus
de celui de la plupart des cultures contemporaines.
D’autre part, il apparaît aujourd’hui que la civilisation dite « Groupe B » ne
serait pas une culture séparée consécutive d’une migration, mais offrirait plutôt
l’exemple d’un niveau technique plus bas atteint par une classe pauvre de la
population au sein d’un seul « Groupe A ». Dans l’image ci-dessous, Les
différences entre les deux types de tombes seraient donc plus socio-économique
que due à la chronologie.

4
SOURCE : « Histoire générales de l’Afrique » Tome II pp.264

2. La civilisation égypto-nubienne :
La conquête égyptienne commence véritablement avec l’un des plus illustres
pharaons du début du Nouvel Empire, Thoutmosis Ier (1496-1483 avant notre
ère) de la XVIIIe dynastie. Après avoir repris les forteresses de Basse-Nubie et
s’être emparé de Kerma, il fonde une nouvelle ville à un kilomètre au nord de
celle-ci, au lieu-dit Doukki Gel. L’emprise égyptienne sur la région du sud de la
3e cataracte ne devient cependant effective qu’avec Thoutmosis III (1479-1424
avant notre ère).
La civilisation égyptienne fut donc étendue à la Nubie. La Nubie fut donc
rapidement organisée sur le mode égyptienne au cours des XVIIIe et XIXe
dynasties. C’est à cette époque que Les pharaons font construire des temples le
long de la vallée et les Égyptiens s’installent dans des centres urbains. Parmi
lesquels on peut cité celle de la Nubie depuis Eléphantine jusqu’à Napata se
couvre de temple et de tombes de type Égyptien. A 200 km au sud de Wadi-
Halfa au-delà de la 2e cataracte, Aménophis III fit construire le temple de
Sedeinga et l’admirable temple de Soleb, dont la colonnes des grès ressemblent
à celles de luxor.
Les objets Kerma atteignent les confins de l'Égypte : des céramiques Kerma ont
été retrouvées jusque sur les sites du Delta et les relations ne semblent jamais
avoir été totalement interrompues avec le puissant voisin du Nord. À l'opposé,
l'influence égyptienne se fait sentir au Sud ; les gens de Kerma adoptent par
exemple le système de scellement, même s'ils n'utilisent pas l'écriture égyptienne
; dans le domaine architectural religieux, la façade du dernier état du temple de
Kerma reproduit celle d'un sanctuaire égyptien et la chapelle funéraire d'un des
derniers grands tumuli est décorée de frises d'animaux africains d'une part, mais
du côté nord, de scènes nilotiques qui copient le modèle du Nord.
Après la règne de Ramsès III, la Nubie redevint une principauté autonome et la
vice-roi de Koush se transforma en vassal théorique du pharaon. Le système
social politique et religieux de la Nubie s’organise alors autour de la cité de
Napata qui hérité de l’ancien culture de Kerma et du Groupe C à laquelle sont
venus s’ajouter nombre d’éléments nouveaux emprunté à la civilisation
égyptienne.
Les textes gravés des sanctuaires, les multiples stèles et inscriptions rupestres
réparties sur tout l’ancien territoire de Kerma, offrent aux yeux des Koushites de
nombreux exemples de l’écriture égyptienne. La culture pharaonique elle-même
s’imprime profondément dans la population locale, même si cette dernière
demeure discrète sur le plan archéologique. L’administration du pays est placée

5
sous l’autorité d’un vice-roi qui porte le titre de «fils royal de Koush», mais une
partie du pouvoir est certainement déléguée à une élite locale égyptianisée.
Ainsi, les enfants des chefs vaincus sont envoyés en Égypte afin d’être éduqués
à la cour. Vers la fin du IIe millénaire, l’Égypte se tourne davantage vers la
Méditerranée et perd le contrôle de la Nubie. L’histoire de la Haute-Nubie
demeure obscure durant les trois siècles qui suivent mais s’éclaire à nouveau
avec l’émergence d’une royauté originaire de la région de Napata.
II. LA CIVILISATION DE NAPATA
1.Les données culturelles et artistiques :
La civilisation Napatéenne contient à la fois de nombreuses données culturelles
et artistiques égyptiennes et des aspects typiquement africains. La plupart des
Napatéen devaient vivre dans de simples huttes, faites de briques séchées au
soleil ou de terre battue tout comme de nos jours. L’agriculture et l’élevage
étaient les principales activités de la population. On pratiquait essentiellement la
culture de l’irrigation du blé et du millet et sans doute aussi du coton.
Les nombreuses représentations d’éléphants et de lion sont des motifs artistiques
originaux qui ont pu être inspiré par la faune locale et constituaient sans doute
les sujets favoris des artistes. On ne sait malheureusement que fort peu de chose
à propos de la culture nubienne lors de la dernière phase de son histoire.
L’étude de la poterie ainsi que celle des coutumes funéraires illustrent de
manière convaincante cet aspect particulier et original de la culture Nubienne.
La poterie faite au tour présente de nombreuses variations dans les formes et
dans les usages ainsi que des changements stylistiques correspondant à des
périodes bien déterminées. La poterie, faite à la main, montre, par contre, une
remarquable stylistique. Elle était réservée aux femmes et se situe nettement
dans la tradition africaine.
Les tombes du cimetière de Nuri sont parmi les éléments essentiels pour établir
l’histoire, encore très mal connue, des rois de la dynastie napatéenne. Les
premiers souverains demeurent très égyptianisés. Comme pour les rois de la
XXVe dynastie, leurs sépultures sont dominées par des pyramides à
l’égyptienne, dont la forme rappelle plus celles des hauts dignitaires de la fin du
Nouvel Empire que les pyramides royales de la IVe dynastie ; le décor de leurs
chambres funéraires et leurs sarcophages massifs de granit sont en tout point
conformes au style égyptien: des textes religieux, dont la tradition remonte
jusqu’aux Textes des Pyramides, couvrent leurs parois; les objets du matériel
mortuaire qui ont échappé au pillage des tombes, vases à libation, shaouabtis,
figurines, ne diffèrent pas non plus de l’Egypte.

6
2. Les données religieuses et la royauté
Au cours des VIIIe et VIIe siècles avant notre ère, la Nubie connaît un
renouveau extraordinaire, sous l’impulsion des puissants souverains Koushites
établis dans la région de la 4e cataracte. Ils vont non seulement reprendre en
main la destinée de leurs terres ancestrales, mais aussi celles de l’Égypte. Vers
730, Piankhy, souverain de Napata, entreprend de pacifier l’Égypte en proie à
des luttes intestines et à la menace assyrienne. Il unifie le Nord et le Sud,
inaugurant la XXVe dynastie d’Égypte, dite « éthiopienne » ou encore «
koushite ». Ces souverains des Deux-Terres portent un diadème orné de deux
cobras-uræus, symbole de leur double royauté. Désormais, les monarques se
font enterrer sous des pyramides, se placent sous la protection du dieu Amon et
utilisent la langue égyptienne, autant de manifestations témoignant de leur
volonté d’appropriation de la culture égyptienne.
Néanmoins, la place accordée au dieu Amon dans la religion koushite de cette
époque ne surprend pas vraiment: son adoption a pu être facilitée par le fait qu’il
était vénéré sous la forme d’un bélier, animal tenant une place particulière dans
la culture Kerma. Des réalisations architecturales de grande ampleur sont
attribuées à ces pharaons, que ce soit en Égypte ou au Soudan, comme à Djebel
Barkal, Sanam, Kawa ou Tabo. De Kerma, la capitale s’est repliée sur Napata,
au pied du Djebel Barkal. Outre des raisons stratégiques (d’éloignement par
rapport à l’Égypte) et religieuses (le Djebel Barkal était considéré comme le lieu
de résidence du dieu Amon), l’aridité plus marquée due à l’évolution du climat
peut expliquer en partie ce déplacement vers des zones bénéficiant encore de
pluies régulières, nécessaires au maintien des activités agropastorales.
Le plus célèbre de ces pharaons Koushites est Taharqa, évoqué dans l’Ancien
Testament à l’occasion de ses batailles contre les Assyriens. Malgré
la perte d’une partie de son territoire, la royauté conserve son emprise sur la
Nubie
et donne naissance à la dynastie napatéenne. Grâce à l’étude des nécropoles
royales d’el-Kourrou et de Nuri, situées à proximité de Djebel Barkal, George
Reisner a établi une liste des rois en les inscrivant dans une chronologie
comprise entre le VIIe et la fin du IVe siècle avant notre ère. Quoique cette
généalogie fournisse un semblant de cadre historique, les informations à notre
disposition sur les différents souverains demeurent très minces. Il faut dire que
les sources textuelles de l’époque sont limitées, malgré le fait que l’écriture

7
égyptienne soit en usage parmi les élites. La question de l’origine de la royauté
reste par exemple énigmatique, d’autant que l’archéologie est quasiment muette
pour la période comprise entre la fin de l’occupation égyptienne, vers 1200
avant notre ère, et le début de l’époque napatéenne.
On sait cependant que la Haute-Nubie était, durant le Nouvel Empire, dirigée
par
des gouverneurs locaux et il est possible que ceux-ci aient poursuivi leur propre
politique après la perte d’influence de l’Égypte. Dans la nécropole d’el-Kourrou,

où les premiers rois Koushites ont été inhumés sous des pyramides, se trouvent
des tombes plus anciennes sous tumulus, de forme similaire à celles de la fin du
Groupe C et de la dernière tombe du royaume de Kerma. Accompagnées de
dépôts de bucranes, elles pourraient être celles de monarques plus anciens ayant
conservé des traditions nubiennes et s’inscrivant entre le XIe et le IXe siècle
avant notre ère. Une royauté aurait donc perduré après le déclin de la présence
égyptienne mais les témoignages archéologiques en demeurent très discrets.

III. La civilisation de Méroé


1. Langue et écriture meroïtique
Vers 590 av. J-C la capitale du royaume de Koush se déplaça plus au Sud, dans
la ville de Méroé pour des raison de sécurité. En effet, l’écriture « meroïtique »
connu par de nombreuses inscriptions n’a pas encore pu être traduite, car si on
peut lire la valeur phonétique des signes, la signification des mots reste
inconnue. A Napata la langue officielle resta sans doute longtemps l’ancien
égyptien. Mais il est plus que probable que la langue du peuple fut le meroïtique.
L’empire disposait de sa propre écriture en deux systèmes graphiques et 24
signes (comme en Egypte, l’Etat possédait deux types d’écriture, le
hiéroglyphique et le cursif). L’écriture méroïtique a été découverte il y a plus de
100 ans. A l’heure actuelle, on est capable de la lire et de la déchiffrer, mais pas
de comprendre cette écriture. En cours de traduction, elle a encore beaucoup de
choses à livrer aux archéologues. « Ce serait bien de trouver une espèce de
pierre de Rosette version méroïtique, mais il y a peu de chances », explique
Michel Baud.
Au IVe siècle av. J-C Harsiotef et Nastasen se contentaient de transcrire une
langue pseudo-égyptienne qu’ils comprenaient encore malgré l’absence de toute
règle de grammaire égyptienne. L’écriture meroïtique se transforma peu à peu
au cours des siècles en se différenciant de l’ancien égyptien. Quand à L’écriture
meroïtique « cursive » elle fut sans doute inventée en sélectionnant un certain

8
nombre de lettre des caractères démotiques égyptiens. D’après Michel
MUSEUR « l’écriture meroïtique hiéroglyphique apparaît pour la première fois
sous le règne de de la reine Shanakdakhete au temple de Naqa (180-170 av J-
C) ». La première inscription en écriture meroïtique fut trouvée dans la
pyramides de son successeur (170-145 av J.-C.). Cependant le premier texte
meroïtique vraiment important ne date que du règne du roi Taňyidamani (120-
100 av. J.-C.).
La meroïtique n’est pas une langue hamitique ni une forme archaïque du nubien,
car la plupart des ressemblances entre le meroïtique et le nubien se trouve dans
beaucoup d’autres langues de l’est de soudan. Le meroïtique pourrait donc être
une langue est-soudanaise, rattachée au nubien par des liens ténus. Si cela se
révèle exact, la persistance de beaucoup de traits culturels au Soudan peut être
mise ne relation avec la stabilité des langue est-soudanaises, dans la même aire.
Au reste, on doit souligner que notre connaissance de cette histoire est très
lacunaire et souvent incertaine. D’une part, les textes méroïtiques sont peu
nombreux (1100 documents, dont moins d’une trentaine de textes officiels) et
très partiellement compris, la langue méroïtique étant fort mal connue, même si
l’on sait, depuis le déchiffrement des deux écritures par F. Ll. Griffith en 1911,
la lire lettre par lettre et si quelques éléments de lexique et de syntaxe sont
élucidés. D’autre part, la couverture archéologique des vestiges méroïtique est
relativement récente et clairsemée.
2. La royauté et les dieux :
La civilisation méroïtique proprement dite, c’est-à-dire celle du royaume de
Méroé, présente toutefois quelques différences avec la civilisation napatéenne.
On peut parler d’un éloignement croissant des modèles égyptiens, mais cette
prise de distance s’opérant pour l’essentiel à partir de la fin du IIIe siècle av. J.-
C., elle ne peut être directement mise en parallèle avec le changement
dynastique qui s’opéra sans doute un demi-siècle auparavant.
Dans le domaine religieux, si Amon reste la principale divinité du panthéon
royal, on voit accéder au culte officiel d’anciennes divinités locales, au premier
rang desquelles se situe Apedemak, un dieu à tête de lion, à la fois créateur et
guerrier. Son nom devait être mis en relation avec celui du démiurge, principal
dieu des locuteurs de la langue ancêtre du méroïtique. Il s’agit donc d’une
divinité très ancienne, mais dont le culte n’avait pas été transcrit dans
l’iconographie officielle, jusqu’à l’érection de temples spécifiques, connus à
Musawwarat sous le roi Arnekhamani, vers 240 / 220 av. J.-C., puis à Naga sous
les corégents Amanitore et Natakamani, vers 60 apr. J.-C. D’autres divinités
locales acquièrent une visibilité : Amesemi, parèdre d’Apedemak, représentée

9
comme une femme aux joues scarifiées dont la tête est surmontée d’un ou de
plusieurs faucons ; Shebo, parfois appelé Sebioumeker d’après la transcription
égyptienne13, un dieu d’apparence humaine coiffé de la double couronne
pharaonique ; Masha, dieu-soleil dont on ne possède aucune représentation
certaine, mais dont le clergé est cité dans les textes.
Dans le domaine politique se fait jour un phénomène nouveau, dont on n’a pas
de traces antérieures incontestables, l’accession au trône de reines en tant que
souverains à part entière, les Candaces. Contrairement à la situation qui prévalait
en Égypte ancienne, où le pharaon est par essence un mâle et où les rares reines
régnantes accèdent au trône dans des circonstances exceptionnelles
(généralement en abusant, à l’instar d’Hatshepsout, de leur position de régente
du royaume durant la minorité du successeur du roi défunt), à Méroé, elle
jouissaient apparemment d’une légitimité égale à celle des rois. Elles sont
d’ailleurs représentées comme des femmes, éventuellement armées et
massacrant les ennemis, contrairement à une Hatshepsout qui se fait figurer en
homme. Dans les textes méroïtiques, elles sont nommées qore « souverain »,
outre leur titre de kdke « Candace ». Les mieux connues sont Amanirenas et
Amanishakheto, qui règnent à la fin du Ier siècle av. J.-C., ainsi que, vers 60 apr.
J.-C., la Candace Amanitore, qui exerça le pouvoir en corégence, sur un pied
d’égalité absolu, avec le roi Natakamani, sans doute son fils. L’institution dura
probablement très tard, puisqu’une stèle latine gravée par un visiteur venu de
Rome, retrouvée à Musawwarat et récemment réétudiée, rend hommage à une
reine inconnue que l’on doit replacer à la charnière des IIIe et IVe siècles de
notre ère. Toutefois, la possibilité pour une femme de monter sur le trône de
Méroé n’implique pas, comme on l’a parfois extrapolé, que la civilisation
méroïtique ait été régie par une sorte de matriarcat. Les fonctions
administratives et religieuses sont ainsi l’apanage des hommes.

10
:
SOURCES  « Histoire générales de l’Afrique  » Tome II pp.345

CONCLUSION :
La civilisation de Napata et Méroé qui domine le cours du Nil moyen,
d’Assouan à Khartoum, depuis le VIIIe siècle av. J.-C. jusqu’au IVe siècle apr.
J.-C., fait suite à la colonisation égyptienne du Nubie. Par sa religion, son
idéologie, ses institutions, sa culture matérielle, elle se rattache étroitement au
modèle de l’Égypte à tel point que l’on peut parler d’une « civilisation
pharaonique » dont l’Égypte et la Nubie seraient les deux versants. L’histoire du
royaume de Méroé est assez mal connue dans le détail, d’une part parce que les
textes méroïtiques sont peu nombreux et très partiellement compris, d’autre part
en raison d’une couverture archéologique relativement récente et clairsemée.
Les sources extérieures, égyptiennes, grecques et romaines, sont assez

11
laconiques et moyennement fiables. Les progrès récents de l’archéologie et de la
philologie de la Nubie laissent toutefois espérer de prochaines avancées.

BIBLIOGRAPHIE
 Fauvelle François-Xavier (dir) « L'Afrique ancienne De l’Acacus au
Zimbabwe 20000 avant notre ère – XVIIe siècle » Chap. II, belin, Paris
2018 pp
 Gratien Brigitte « le royaume de Koush  » Septembre 2003, pp.3
(https://www.clio.fr/bibliotheque/pdf/pdf_le_royaume_de_kouch.pdf)
 Jolly Jean, « L’Afrique et son environnement européen et asiatique »,
Méditerranée, Paris, 2002, pp.8

12
 G. Mokhtar (dir.) « Histoire générales de l’Afrique », Tome II
stock/UNESCO 1980 pp. 261-263.
 Maillot Marc, « Palais du royaume de Méroé : les relais du pouvoir
central », Camenae n°2, juin 2008, pp.3
 Museur Michel. «  Journal de la Société des Africanistes », Paris, place
du Trocadéro, 1969, tome XXXIX, fascicule 2. pp. 177-183-193
 Rilly Claude « le royaume de Méroé », Afrique [en ligne] Varia, 2010,
pp.5-8, (URL : http://journal.openedition.org/afrique/379).

13

Vous aimerez peut-être aussi