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Des frises, des emblèmes,

desfestons,des grotesques
Giorgio Vasari et le cycle décoratif du PalazzoVecchio à Florence

EMILIE PASSIGNAT Université


deFlorence

Lorsque l'on
aborde l'étude d'un cycle décoratifde la de l'ornement. C'est notamment la question du rapport
Renaissance, le plus souvent, il s'agit tout d'abordde de Vasari avec l'ornement qui retiendra notre atten-
et leurs significations tion, aussi bien sur le plan théorique que pratique, en
décrypter les iconographies
en se concentrant prioritairement, sinon partant d'un curieux détail dans la lecture des décora-
symboliques,
exclusivement,sur le storie et sur l'inventio.Parallèle tions de la Salle des Cinq Cents.
mentà cette approche de fond se sont multipliées plus Les Ragionamenti nous indiquent un parcours pré-
récemment des contributions qui ont mis l'accent,en cisà travers les tableaux et fresques de la Salle des Cinq
amont, sur les rapports entre le commanditaire, le let- Cents: en partant des allégories des différents ter-

tré et l'artiste dans le délicat processus d'élaboration ritoires florentins, l'itinéraire se dirige progressive-
duprogrammeiconographique; en aval, sur la récep- ment vers le tondo central du plafond où est représen-

tion des cycles,soit sur l'articulation des scènes les tée l'Apothéose de Cosme I Tout au long de cette visite,
unesavec les autres afin de dégager les principes qui dans le texte, Giorgio et le Prince, se plaisent à identi-
étaientalors employés dans l'organisation des espaces! fier de nombreux portraits de personnages contempo-
Les décorations réalisées par Giorgio Vasari dans le rains. Parmi ceux-ci, Vasari a immortalisé ses collabo
Palazzo Vecchio à Florence n'ont en cela pas fait excep- rateurs, en signe de gratitude, dans un tableau placé à
tion à la règle et c'est en effet surtout la question ico- l'extrémité septentrionale du plafond (fig. 2). Arrivé au
nographique et sa symbolique qui ont été privilégiées niveau de ce tableau (fig. 3), Giorgio explique au Prince:
jusqu'àprésent? Certes, la complexité des inventions,
typiquede la période de la Manière, en rend l'examen G.- Ce sont
tousdes serviteurs de son Excellence
ardu malgré l'existence d'un texte, et quilont servie pour l'édification de ce salon.
particulièrement
Le premier est maître Bernardo di Mona Mattea,
lesRagionamenti, qui fournit une précieuse description
des
tableaux et des fresques réalisés dans le Quartiere maçon exceptionnel et qui a une conception très
degli Elementiet le Quartieredi Leone X, ainsi que la intelligente de son art. C'est lui qui a relevé le toit
SalledesCinq Cents. Cette de cette salle ..]. L'autre, c'est Battista Botticelli,
publication, qui ne vit lejour
quaprès la mort des deux interlocuteurs dans le dia- maître-menuisier quia agencéle plafond avec
caissons et poutres sculptées. Lautre, avec sa
ogue (Giorgio et le Prince Francesco), aurait dú rendre
PUyredeVasari encore plus resplendissanteauxyeuxx chevelure rousse et sa longue barbe, est messire
E
TOutesles cours
princières européennes. Les déco Stefano Veltroni, de Monte San Saviano. Il a
dLiOns
réaliséessous la direction de Vasari dans le dirigé les travaux de dorure et autres décorations.
rdlazzoVecchio Le dernier c'est Marco da Faenza
constituent effectivementun des plus
vastes
cycles décoratifs
du xVI° siècle, face auquel ne
valisent que les Il est surprenant de constater quaprès avoir explicité
fresques de Zuccarià Caprarola,exe-
ees du reste
pendantla même période,dans le palals et loué le travail du maçon, du menuisier et du maître
Ennemis
ycle
jurés des Médicis, les Farnèse, Face a un doreur, Giorgio ne précise pas la nature de l'interven-
decoratifd'unetelle tion de Marco da Faenza dans les décorations. A-t-il
ampleur, commentne pas
SIderer la
question des ornements, un aspect doncjugé inutile de rappeler que
Marco Marchetti, né à
"d
pas
suffisamment qu
attiré l'attentionet qui constituc Faenza, était un spécialiste des grotesques, auteur des
pendanten surfaceun pourcentage bien loin detre innombrables figures fantastiques qui recouvrent les
ggeable ? Le murs des nouveaux appartements"? Ladmiration de
Constitun cas cycle décoratifdu PalazzoVecchio
particulièrement éclairantet paraaig Vasari envers Marco da Faenza est pourtant percep-
matique
pour développer une réflexion sur le registre tible dans le passagedes Vies où il se réfère au jeune

253
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Fig.2 Florence,PalazzoVecchio,Partie
du
septentrionale
plafondde la Salle desCing Cents,
1563-1565

Fig.3 Battista Naldini, Collaborateursde Giorgio Vasari,


vers 1563-1565.Huile sur bois. Salle des Cinq Cents,
PalazzoVecchio,Florence.
Des frises,des emblèmes,des
festons,des
grotesques 255
« habile fresquiste au style
en
artiste,
le définissant
enle
d'un savoir-faire inégalable de
G Le premier, ce
personnage
don Vincenzo Borghini, le
grassouillet, c'est
etterrible, prieur des Innocents.
fher,solu lart des grotesques. Personnen'atteint Lautre, avec cette barbe un peu longue, Cest
nas dans
iours contrats
Selon les et les
registres des Messire Giovambatt istaAdriani. Grâce à leur
anerfection».
di Bartolomeo Botticelli était chargé inventivité, tous deux m'ont apporté tout au long
mntes,Battista en bois et StefanoVeltroni de ce travail une aide considérable.
les ornements
deréaliser des dorures, mais aussi des frises
átait responsable semble P Cela me plaît. Avec le geste affable que vous
comme Iindiquer ici le texte,
Sur lespoutres di Battista
avez eu en plaçant ici leur portrait, vous avez
il était assiste par Tommaso
nour lesquelles
et Oraz1o Porta da Monte San Savino
voulu compenser en partie leurs fatigues. Mais,
delVerrocchio fourni les dessins pour les
dites-moi, qui sont les autres personnages autour
Marco da Faenzadoit avoir de votre propre portrait? Jene les reconnais pas.
et cette petite équipe'
grotesquesdirigé sur les encadrements,au lieu G Le premier c'est Battista Naldini, l'autre c'est
Notonsen outre que
decorent les poutres, où se mêlent Giovanni Stradano, et le dernier Jacopo Zucchi.
desgrotesquesqui
des guerriers, des masques Bien qu'étantjeunesdans le métier, ils sont très
desfiguresféminines,
(fig.5e) Ou encore,
autour du tondo central, des putti compétents. Ils m'ont aidé à peindre et à mener
et une voile, soit l'emblème de ce travail à la perfection"
jouant avecune tortue
Cosme Ie (fhg.5a) nous voyons autour de ce panneau
accumulationdinstruments liés aux métiers des Cest ainsi que s'établit une évidente hiérarchie au sein
une de l'équipe de Vasari. Le dialogue, comme dans le cas
personnages représentés(fig. 6) : fil de plomb, équerre,
niveau,limes, rabot, scie, truelle, marteaux,
ciseaux à précédent, reflète fidèlement la disposition des figures
bois; mais aucun pinceau ne démarque la présence de peintes puisquil impose une distance entre les érudits
notre spécialistedes grotesques. C'est ainsi que l'orne- et les élèves en les signalant dans deux répliques dis-

ment autour de ce tableau semble laisser supposer que tinctes. Sur le tableau, en effet, les érudits se trouvent
Teffigiede Marco da Faenza n'était peut-être pas pré- devant Vasari, par signe de respect, ses élèves, der-
vue au départ dans ce portrait multiple; ce que pour rière lui2 Ainsi, en défilant dans le cortège victorieux,
ce moment
rait inviter à penser aussi la composition du tableau, où léquipe prend part symboliquement à
ilestinséré en second plan derrière les trois hommes, en
partie en dehorsdu champ. Le texte des Ragionamenti ne
ferait donc que traduire cette
apparition fugitive. L'in
terprétation de ce tableau reste toutefois délicate et son
exposécomplet nous conduirait au-delà de l'objectif de
Cetessai0 Un
bouquet de pinceaux et une palette ont en
été représentés plus loin, dans la bande située
Tevanche
lautre
de côté de l'épigraphe, là aussi très certainement
dans le but d'en
illustrer le contenu (fig. 5b); on peu
volr encore
d'autrespinceaux dans le plus petit com-
Parament peint de toute la salle, toujours dans I'extre-
nlteseptentrionale du plafond (fig.5d),et, non loin, une
Tepresentation de la des couleurs (hg.oc).
préparation
poursuivant le parcours vers l'Apothéose de
OsmeIe, on parvient
bientôt à un secondgroupe de
Portraits
del'équipe:dans le dernier tableau du plafond
COmmente Giorgio dans les Ragionamenti, la Victoire
ur Vasari
Sienne, insère son auto portrait entouré de pl
TS personnages
(fig.4).Anouveau,le Prince demande
au
peintre
delesidentifieret
Giorgio lui répond:

Van der Straet (dit Giovanni


Fig.4 Giorgio Vasariet Jan
vers 1563-1565.
Stradano), Victoiresur Sienne(détail),
Huile sur bois. Salle des Cinq Cents, PalazzoVecchio,
Florence.
256 Passignat

annnaansaansanaeaaa

Fig.5 Marco da Faenzaet collaborateurs,


détails desornements despoutres du plafond
de la SalledesCing Cents, vers1563-1565
Huile sur bois. PalazzoVecchio,Florence.
Des frises,des
emblèmes,desfestons,
desgrotesques 257
historique qui voits'imposer le pouvoir de Cosme I"r sur
toute la Toscane.C'est le dernier tableau du
plafond qui
est commenté dans le dialogue avant le tondo central.
Le lecteur, ou le
visiteur, a déjà eu le temps d'oublier le
nom des autres collaborateursdans le coin biscornu du
plafond, dont celui du spécialiste des grotesques, relé-
gué au rang des ouvriers spécialisés.
Certes, d'autres raisons peuvent avoir concouru à
cette division de
l'équipe et à confiner Marco da Faenza
dans un recoin, parmi
lesquelles il ne faut pas exclure
une éventuelle
dispute entre l'élève et son maître ou
une succession de désaccords qui aurait porté Vasari à
l'exclure de la liste des protégés dignes d'être représen-
tés à ses côtés" Mais surtout, il ne faut pas oublier que
juste avant le commencement des travaux de la Salle
des Cinq Cents venait d'être fondée l'Accademia del Dise-
«
gno:Vincenzo Borghini en avait été élu Luogotenente
Vasari était un des membres fondateurs et réformateurs
» ;

de la très ancienne Compagnia di San Luca. Stradano fut


désigné «Console» dès octobre 1563, et entre juillet et
octobre 1564Naldini et Zucchi furent admis membres
Quant à Adriani, éminent humaniste à la cour de
Cosme I, il fut membre de l'Accademia fiorentinadès
1540. Le tableau présente ainsi le portrait d'un groupe
d'académiciens solidement ancré dans l'histoire floren-
tine et sous le haut patronage du duc de Florence. Au
moment de la réalisation du tableau, Marco da Faenza
n'avait pas encore atteint une telle position. Son entréée
au sein de cette nouvelle institution se fait officielle-
ment à l'occasion de la fête de Saint Luc, le 18 octobre
1565:leplafond du Salon étaitdéjàfini enjuin, prêt pour
la célébration des noces de François I" de Médicis"
Sans vouloir tirer de conclusions trop hâtives quant
à la rigidité de la hiérarchie qui se profile ici, augmen-
tée par l'ultérieur clivage que génère la fondation de
l'Académie, il faut bien reconnaître qu'un tel isolement
de Marco da Faenza est un élément révélateur: son
portrait, placé parmi les techniciens spécialisés, reste
ainsi sans commentaire dans les Ragionamenti, dans un
tableau dont la description précède celle des peintures
d'histoire. En quelque sorte, ces quatre collaborateurs,
dont font partie les responsablesdu registre ornemen-
tal,Veltroni et Marchetti, sont placésdans les marges du
décor. L'auteur des grotesques d'un des plus ambitieux
cycles décoratifs de la Renaissance, malgré sa contri-
bution en tant que peintre de figures dans les Salle de
Cosme l'Ancien et de Laurent le Magnifiquelne figure
les élèves qui ont contribué aux
pas au même rang que
peintures d'histoire du Salon.
Vasari réserve en revanche une tout autre position
à son ami Cristofano Gherardi, dit il Doceno. Il était
le collaborateur de Vasari depuis ses débuts, décédé
258Passignat

prématurément en 1556alors qu'il avait un rôle de pre- je vais vous dire une chose: ces festons de fruit
mier ordre dans la direction des travaux de décora- le tour des poutres, tout comme ces festons
tion dans le Quartieredegli Elementi": ce fut d'ailleurs me plaisent au plus haut point. Jen'aijamais
Marco da Faenza, qui le remplaça au sein de l'équipe" mieux, ni de choses plus vraies ni plus nature
Vasari décidade faire passerCristofano à la postérité en sont tellement vivantes qu'elles me donne

redigeant sa biographiedansla secondeédition desVies testablementenvie de les cueillir»" Et Gio


et en lui rendant un chaleureux hommage au début des répondre:«Ces festons ont été peints par De
Ragionamenti. Borgo. Dans cette spécialité,il était si parfait o
Le passagequi lui est dédié se situe dans le premier il mérite que le monde le considère vivant tou
entretien, au sujet de la Salle des Éléments. Giorgio aà ceux qui l'ont connu en conservent la mémn
peine fini d'expliquer les tableaux du plafond lorsque mortl'a ravi beaucoup trop tôt dans son euv
Francesco s'exclame: «Mais regardez cette invention Cristofanon'a pas seulement réaliséles fes
pour les poutres, quels beaux emblèmes y avez-vous cette salle (fig.7) et Vasari se gardebien de rap
faits! Ces têtes de capricornes, si nombreuses soient l'a chargéde peindred'aprèsses dessinsde n
elles, je les reconnais car elles rappellent l'emblème de figureset paysagesdansles fresquessur lespar
mon père. De même cette tortue avec cette voile et les c'est en tant que peintre d'ornements que Va
deux ancres réunies, et cette inscription: Duabus. Mais sit de parler de son collaborateur.Vu la hiérarc
cite dévoiléedans Salle des Cinq Cents,I
de Vasari pourrait sembler plutôt réducteu
Fig.6 Marco da Faenza et collaborateurs, détailsdes contraire, le compliment, prononcé non par h
ornements autour descollaborateurs de Giorgio Vasari,
vers 1563-1565.Huile sur bois. Salledes Cinq Cents,
PalazzoVecchio, Florence.
Des frises,des emblèmes,des
festons,des
grotesques 259

Fig,7CristofanoGherardi, Festons, vers 1555-1557.Salle des Eléments,


Vecchio,Florence.
Palazzo

lejeuneprince,est pour lui l'occasion de louer le peintre Vincenzo Borghini fournit en outre une définition
pour son aptitude à leurrer le spectateur: signe quil a qui se rapproche de celle que l'on entend de nos jours
Su atteindrele
plus haut degré de la mimèsis, ce qui est par «registre ornemental ». En expliquant les inven-
nonseulementun des
grands défis de la peinture à cette tions pour le salon de la maison de Vasari à Florence, il
epoque, mais aussi un grand topos dans la littérature écrit: «pour votre salle, dans laquelle il ya 12 tableaux,
desPline l'Ancien. En outre, ce choix de mettre
artuistique en quatre rangées de trois: le tableau du milieu doit
en en être le principal et ceux qui l'entourent ont
avant cette spécialité lui permet ainsi de placer son fonc
ami dans la
lignée des plus grands peintres de l'Ant tion d'aide et d'ornement» C'est très souvent dans ce
quite, en l'occurrence
Pausias, connu pour ses incompa- sens-là que Vasari emploie le terme durant la descrip-
ables
guirlandes de fleurs, et des grands spécialistesde tion des peintures du cycle du PalazzoVecchio,dont bon
ecole romaine,notamment nombre de salles sont conçues selon le schéma énoncé
Giovanni da Udine"
ll semblenécessaireà présent de
prendre en conside- ici par Borghini. Par «per aiuto e per ornamento », il faut
auon
la place
que Vasari réserve à l'ornement dans son comprendrelà une synthèse de la fonction de l'orne-
uscours.
Il estbonde signaler avant tout quel'emploidu ment qui doit contribuer à aider le spectateur dans la
ud
4Ornement»
chez Vasari et dans son entourage lecture de l'oæuvreprincipale, selon le « principe de cen-
resume pas en une seule acception bien circons- »":
tralité» et le «principe typologique l'ornement est
Sert très souvent à désigner les caractéristiques ainsi subordonné à une iconographie et en complète le
permettent d'identifierles personnages, ce que lon sens, tout en l'enrichissant.
Pele attributs dans le lexique actuel en histoire de
les Il apparaît ainsi parfois réducteur de vouloir cir
art1naisil est utilisé référer se a l'en- conscrire la catégorie de l'ornement exclusivement à
également pour
semble
d'un ce qui se trouve hors du tableau. L'allégorie et le putto,
Ouene décor,
y compris les peintures d'histoires,
re comme les plus ambivalentset
un ritère esthétique interne à un pour prendredeux des éléments
tableau.
Uneanalyse basés sur la représentationd'un corps humain, peuvent
linguistique précise ne feralt que
en
ues evidenceles multiples
semau
glissements
en effet être placés hors du tableau ou en constituer le

laire
qui
caractérisentl
langue de Vasari et le vocabu- sujet de manière autonome,
ou encoreêtre insérés dans
artistique
de son des tableauxd'invention, De même,il est intéressantde
époque
260Passignat

voir comment le motif du feston, qui orne des poutres Vico, qui dénote le caractère guerrier du personnage
de la Salle des Eléments, apparaît dans la Salle de Ops à auquel la salle est dédiée(fig.10)
l'intérieur du tableau: introduits au-dessus des allé- Lornement est donc loin d'être un simple remplis
gories, leurs fleurs, fruits et légumes sont adaptésà la sage; a fortioridans les grandsexemplesde la Manière,
saison représentée (fig.8). Ainsi Gherardi efface-t-il la où l'«advisor» s'évertue à donner du sens au moindre
hiérarchie du support, les frontières entre « storia », allé- espace disponible. D'où aussi la multiplication à cette
gorie et ornements. époque des emblèmes, qui se prêtaient bien à occuper
Lorsqu'il s'agit ensuite de décorer les espacesqui des espacesrelativement petits, un exercicedans lequel
restent entre les différents tableaux, il arrive même excellaient les érudits. Pour comprendre à quel point
que l'ornement se charge là aussi de contenus symbo- pouvait parvenir l'horror vacui, il faut lire un passage
liques complémentaires; d'où le succès des grotesques d'une lettre de Vincenzo Borghini à Vasari, marquee
qui permettent de déployer un répertoire figuré parti- par une grande spontanéité d'écriture, dans laquelleil
culièrement vaste, aux significations parfois allusives explique comment organiser un arc de triomphe pour
et non sans humour, comme le montrent damusantes les noces de FrançoisIt" de Médicis:
variations autour des emblèmes du duc ou ces figures
féminines qui jouent avec les « palle» du blason médi- Les autres emblèmes,je les disposeraissur larc
céen (fig.9P Très surprenant aussi cet encombrement où il ne manque pas de place,comme là où vous
d'armes et de trophéesdans la Salle de Giovanni delle projetiez de faire certains angesqui tien nent des
BandeNere, un motif remontant à l'Antiquité déjàexpé- festons en dessousdes grandes corniches, moi,
rimenté par Salviati et diffusé dansune gravure d'Enea je remplirais [cet espace]avec les emblèmesdu
Des frises, des desfestons, 201
emblèmes, desgrotesques
ristofanoGherardi,LAutomne,vers 1555-1557.
Florence.
PalazzoVecchio,
Pig.8 hois.Sallede Ops,
Huile
Figures ae grotesques,
vers1556-1558.
Marco daFaenza, et Salle de Cosme
9 le Magnifique
deLaurent
Fresque Florence.
Vecchio,
Palazzo
Ancien,

Ducet du Prince: faites bien attention de ne


pas y contrôler le contenu symbolique d'une décoration fait
les
melangerautres de la famille Médicis, qui sont partie de ses compétences et de la tâche dont l'a chargé
aisposeessur l'arc n° 7, comme vous savez bien. le commanditaires C'est ainsi que le sens, le complé-
l reste les 4 espacesau-dessus des figures en ment de signification, se dilate jusque dans le registre
reliet, danslesquels ornemental et contamine mëme parfois le feston ou les
(puisqu'ils sont même très
grands) je voudrais faire quelque chose de mieux, grotesques, pour les subordonner au sens général.
etdeplus considérablequ'un emblème: et doncje Au delà des ces précieuses indications sur la place de
pencherais volontierspour 4 petites histoires qui Tornement au moment de l'élaboration des cycles déco-
nteraient l'aspectdu bronze et feraient un bel ratifs, qu'en est-il lorsqu'il s'agit de les décrire ? Est-il
etfet; et celles-ci, les
je tirerais de l'imagination, question des frises, des emblèmes, des festons, des gro-
en
ues
taisantquelqueillusion ou
invention propos
à tesques dans les Ragionamenti? Nous pouvons consta-
statues,ou, à vrai dire, je les tirerais des ter que le discours s'étalblit irrémédiablement s'ily a du
dctionset choses
faites par Son Excellence de la sens à dévoiler. Dans la Salle des Eléments par exemple,
leure façonet de la plus grande adressequi
301t,dontnous
Giorgio ne manque pas de commenter les emblèmes, en
discuterons
ensemble. notant les têtes de capricornes et en explicitant assez
longuement les vitraux; ily fait aussi remarquer les fes-
tprefererait doncles actions du duc à des inven- tons qui lui donnent l'occasion de mentionner le nom
tions
«di
es ntasia» et sembleraitapprécier davantage de son ami et d'insérer un topos littéraire.
emblemes
les que les putti et les festor
pour remplir Quant aux grotesques, si le terme apparaît six fois
paes,ce
quin'estpasétonnant: donner du sens et dans le texte, c'est à chaque fois dans une réplique du
262 Passignat

et autres ornements quevous avezfaits sur les


Prince, souvent comme point de repère spatial,pour
localiser une scène à commenter! C'est une coinci murs et sur les voütes. Car si nous voulonsnous
dence très intéressante.Le Prince est celui qui dans le entretenirsur les autres pièces, je crains que,
ne soit le temps qui nous
dialogue,la plupart du temps, désigneleseuvres, ques- plus que les sujets, ce
tionne le peintre, le complimenteet s'émerveille face manque
aux æuvres; Giorgio,humblement, explique. donc
C'est
le Prince qui indiquela présencedes grotesques,genre Il ne faut pasprendreau pied de la lettre ce passage et
en tirer la conclusionque les ornements ne sont qu'une
très en vogueet, à l'époque,indispensable danslesdéco-
perte de temps dans la
visite et un aspect subsidiaire du
rations de toute demeureprincière,et exposeainsi les
et de la richesse
orne- discours. Certes, la priorité à l'écrit, Cest la «storia»et
signesmanifestesde l'abondance
mentale dans son palais. cette remarquedu jeune prince contribue clairement à
Dans deux de ces répliquescependant,l'occurrence le souligner.Quelqueslignes plus loin, Giorgio conclut
La le dialogue sur cette salle en réitérant le problème du
du terme amène à une dimensionsupplémentaire.
première se trouve à la fin du dialoguesur la Salle
de temps Ils se préparenten effet à franchirle seuil dela
Laurent le Magnifique.Après avoir commentétoutes les Sallede Léon X où la peinture d'histoire est omnipré-
sente et leur demandera bien desefforts.
scèneshistoriques, le prince déclare:
La secondeoccurrence en question est située à la fin

Maintenant, puisque nous avonsfini de voir delavisite de la Sallede Cosme I", qui correspondàla fin
ces différentes scèneset de nous entretenir des entretienssur l'appartementde Léon X et doncde
abondamment à leur sujet, ne perdonspas cette longuejournée de visite. Le prince prend congédu

davantagenotre temps à regarderles grotesques peintreen disant:

Awwwwwuonuunnaur

Fig 10 Florence, PalazzoVecchio,voúte dela SalledeGiovanni


delleBandeNere, vers 1556-1559.
desgrotesques40
Des frises,desemblèmes, des festons,

à fait informé des moindres détails auraient dû contenir selon le projet initial de Vasari une
Mevoicitout
description beaucoup plus étendue du palais
ducal;
Elle est riche de tout ce que vous
de cettepièce. des orne-
mais aussi de tous les autres peut-être aurait-il plus longuement traité
avezexpliqué dont on ments, comme il le laisse entendredans les Vies
ornements,grotesqueset emblèmes, storia et
Vous avez réalisélàune très belle Malgré limposante hiérarchisation entre
n'apasparlé.
Comme il est déjâ tard maintenant, ornement qui se dessine avec Vasari, l'exemple du Pa-
chambre. lazzo Vecchiomontre bien que l'ornement reste indis-
retournerdans mes appartements34
je vais sociable du système décoratif maniériste, et constitue
commenter les ornements n'est pas un tissu visuel connectif essentiel dans la perception
Le fait de ne pas de percevoir un effet
hiérarchie du sujet. Le
de de loeuvre. C'est ce qui permet
un problême
seulement d'ensemble qui parviendra à stimuler chez le specta-
de temps, ou le temps qui presse,apparaîtdans
manque » le plaisir de l'aeil. Et le diletto
teur le « diletto dell'occhio
comme un expédient littéraire teinté
lesdeuxrépliques
n'a pas pu par est un élément particulièrement présent dans les
derhétoriquepour souligner ce dont on
Serait-ce làune façon de Ragionamenti.
leretqui est cependantà voir. seraient dépassés Le contenu des ornements semblerait donc
en par-
suggérer que le discours et l'écriture du
de traduire tout ce tie échapperau discourset rester dans le domaine
parl'art de la peinture, incapables visuel. La figure du Prince dans les Ragionamentise pré-
que celle-citransmet à l'eil et à l'esprit? L'idéeest peut- cest
desRagio- sente en quelque sorte comme l'æil du spectateur,
êtreavanttout de faire comprendreau lecteur à une pein-
être interminableface en lui que doit s'identifier le lecteur. Face
namenti que le discourspourrait à identi-
dans ture d'histoire, il écoute l'explication,il cherche
àla quantitédesdécorations à commenter, même
fier les personnages. Puis, lorsqu'il s'agit de se détendre,
lesornements. Il s'agit en effet de stimuler l'imagina- des orne-
il détourne le regard,et voilà qu'il s'aperçoit
tiondu lecteur pour le pousserà concevoir une demeure des significa-
ments et de leur immense variété, avec
dune exceptionnelle richesse,visant ainsi à magnifier
le duc de Florenceet sa famille. Précisons cependant tions tout aussi érudites mais plus allusives et légères,
de l'eil et de l'esprit.
queles Ragionamenti, un texte en réalité fragmentaire, pour la plus pure récréation
264Passignat
12
1Une des référencesincontournables du PalazzoVecchio, Bien que la différenced'âgeentre
G.VASARI, Entretiens
pour l'étude des grands cyclesdécoratifs trad. par R. Le Mollé,Paris,Les Belles les comme
personnages, le suggère
Lettres, p.217-218.Notons que pour également la replique de Giorgio, peut
estlouvrage de J.KLIEMANN, Gesta avoir contribué à cette disposition
dipinta. La grande decorazionenelle «altre fregiature»,traduit par « autres
dimoreitaliane dal Quattrocento al décorations », il faut comprendre « autres des figures (voir D. MALZ, « Ragionare
in detto dialogo ».., p.46), il semble
Seicento, Milano, Silvana, 1993.Pour les décorsde frises ».
etudes « en amont », voir en particulier toutefois que ce soit leur fonction qui
6Sur Marco da Faenza dans le Palazzo
Annibal
«Taddeo
Dal programma al dipinto:
G.SAPORI,
Caro, Zuccari, Giorgio
Vecchio, voir A. CECCHI, « Pratica, 13
soit prioritaire dans ce choix.

fierezzae terribilità nelle grotteschedi La biographie de Marco da Faenza,


Vasari», dans Storia della lingua italiana ne
Marco da Faenzain PalazzoVecchio a peudocumentée, permet pas
e Storia dellarte italiana. Dissimmetrie de démontrer une telle assertion.
Firenze », Paragone,327 (1977),p. 24-45
e intersezioni, actes de colloque,Rome De nombreux autres cas de disputes
et 329 (1977),p.6-26;Ph. MOREL,
30-31 mai 2002, Florence, Cesati, 2004, 0u danimosité
Les grotesques. Lesfiguresde limaginaire entre
Vasari
et ses
p.199-220,S. SETTIS, e committenti
Artisti dansla peintureitalienne dela fn dela contemporains sont bien connus.
fra Quattroe Cinquecento, Turin, Sur les amis et ennemis de Vasari,
Renaissance,Paris, Flammarion, 1997,p.28;
Einaudi, 2010. Quantàla réception des voir le de F.DE LUCAdans
E. BONATo dans A. CECCHI éd., Giorgio brefessai
cycles,voir notamment A. PINELLI et Vasari.Disegnatoree Pittore.., C. CONFORTI et A. NATALI éd., Vasari,
E. PASSIGNATéd., Reverseengineering p.102-
Un nuovoapproccio allo studio dei grandi
103.Sur ce tableau en particulier, voir gli Uffizi.., p.112-113.
cici rinascimentali, Rome, Carocci,
D.MALZ, «Ragionaredettodialogo»
in 4
Voir L. ZANGHERI dir, Gli accademic
die Sala dei Cinquecentoim PalazzoVecchio del disegno:elencoalfabetico,
2007 (Ricerchedi Storia dell'arte,91-92);
in Florenz;GiorgioVasarismalerisches Florence
M. HoCHMANN et al. éd., Programmeet Olschki,2000.
Ausstattungsprogramm und die « terza
invention dans lart de la Renaissance,actes 15
« thèse de Voir la lettre de Vasari à Borghini du
du colloque de l'Académie de France à giornata seiner Ragionamenti»,
Rome, Villa Médicis, 20-23 avril 20o5,
doctorat, Freie Universität, Berlin, 2009, 17juin 1565:G.VASARI, Derliterarische
P.198-199. Nachlass,DIL, présenté et annoté par
Paris/Rome, Somogy, 2008. K. Frey, Munich, Müller, 1923-1930,p.188.
Voir Les
G.VASARI,Viesdesmeilleurs
Surle PalazzoVecchio,voirE.ALLEGRI 16
et architectes,t. 9, éd.
peintres, seculpteurs Voir E. ALLEGRI et A. CECCHI, Palazzo
et A. CECCHI, PalazzoVecchioe i Medici:
comment sous la dir. d'A. Chastel, Paris, Vecchio.., P.128 et p.136.
Guida storica, Florence, S.P.E.S.,1980;
H.VAN VEEN, CosimoI de' and Berger-Levrault, 1985,p.358. Sur Gherardi, voir M. GRASSO,dans
Medici
his self-representation in Florentine art 8Voir E.ALLEGRI et A. CECCHI, Palazzo Dizionario Biograficodegli Italiani,
and culture,Cambridge,Cambridge Vecchio., P.248-251. vol. 53, Rome, Treccani, 2000, ad vocem.
UniversityPress, 2006;C.FRANCINI Bien qu'aucun paiement à Marco Outre plusieurspoésies Vasari
de
dir., PalazzoVecchio:officina
di opere sur Gherardi, la lettre que le peintre
Marchetti n'ait été repéré dans les
e di ingegni,Milan, Silvana, 2006. arétin envoie au ducle 23 avril 1556
documents, Vasari confirme cependant
(G. VASARI, Der literarische.., CCXXXV),
voir
Sur les Ragionamenti, les fiches de cette participation: «in Fiorenza è di sua
pour l'informer du décès de Gherardi
P.Tinagli-Baxter dansPrincipi, letterati mano la maggior parte
degl'ornamenti di
est particulièrement révélatrice de la
e artisti nelle carte di Giorgio Vasari : venti diverse stanze che sono nel Palazzo
lo storiografodellarte nella Toscanadei ducale, e le fregiature del palco della sala
profonde amitié qui unissait les deux
Medici, cat.de l'exposition d'Arezzo, peintres.
maggiore di detto palazzo » (G. VASARI,
1981,Florence, Edam, 1981,p.208-211; Le Vite de' più eccellenti pittori, scultori e Sur l'équipe deVasari dans le Palazzo
«
E. PASSIGNAT, Vasariei Ragionamenti
in PalazzoVecchio », dans A. PiNELLI et
architetti, IV, éd. dirigée et commentée
par R.Bettarini et P.Barocchi, Florence,
Vecchio, voir notamment U. MUCCINI
et A. CECCHI, Le stanze del principe in
E. PASSIGNATéd., Reverse engineering.., S.P.E.S,1966-1987,p.151).Voir E.ALLEGRI palazzo Vecchio,Florence, Le Lettere, 1991,
p.115-128,en particulier p.126- et A. CECCHI, PalazzoVecchio... p.236. P.44-49.
127,notes 4 et 5; ID., « Cosimo I,
Ces observations dérivent d'études G. VASARI, Entretiens.., p.21. La traduction
Vasari, PalazzoVecchio e la censura
exposées dans mes conférences: de la première phrase de cette citation
ecclesiastica», Ricerchedi storia dell'arte,
IRagionamenti by Giorgio Vasari: est due à l'auteur de cet essai.
98 (2009), p.67-79
A Manuscript betweenPublicationand 20
4Voir. E.PASSIGNAT,
Vasarie i Oblivion, conférence prononcéeà Ibid.
Ragionamenti..,p. 120-124 avec l'occasion du colloque Vasari at the 500- 21
L'ensemble des attributions des
bibliographie précédente. Voir en outre Year
Mark,The Society of
Renaissance peintures aux différents coéquipiers,
E. CARRARA,«ll ciclo pittorico vasariano America Annual Meeting, Montráal, en fonction du style et des documents,
nel Salone dei Cinquecento e il carteggio 24-25 mars 2011;1 Ragionamenti di a ete proposé par P.BAROCCHI,
Mei-Borghini», dans Testi,immaginie Giorgio Vasari: il manoscritto degli Uffizi, Vasari pittore, Florence, Barbèra, 1964,
nelXVI du colloque à l'occasiondu
filologia actes
secolo, conférence
prononcée
Lultimo «
en particulier p.40-41;A.CECCH,
de Pise, 30 septembre-1octobre 2004, colloque apparato» : Giorgio «Pratica, fierezza e terribilità.., p.36-44.
Pise, Edizioni della Normale,2007,p.317- Vasari, la casa, le carte, il teatro della
396; V.CoNTICELLI dans C. CoNFORTI memoria, Florence, Biblioteca degli Voir PLINE, Histoire Naturelle,
xxI,3.
etA NATALI éd., Vasari, gli Uffizieil duca, Uffizi, Arezzo, Museo Nazionale d'Arte XXXV, 123-124; U. MUCCINI etA. CECCHI,
cat. d'exposition, Florence, 14 juin- Medievale e Moderna, 24-25 novembre Le
Stanze..,P.47
30 octobre 2011, Florence, Giunti, 2011, 2011 3Voiràce sujet R. LE MoLLE,
p.162-165,R. ScoRZA dans A. CECCHI " Invention
G.VASARI,Entretiens.., p.232. Pour semantique danslesviesde Vasari:étudesur
éd., GiorgioVasari. Disegnatore e
de lartiste,du critique et du
Pittore. « Jstudio,diligenzaet amorevole
«Con I'invenzione
loro»,traduit ici par levocabulaire
«grâce àleur inventivité», il faut plutôt théoricien,thèsede doctorat, ParisV, Paris,
fatica», cat.d'exposition,
Arezzo,
3 septembre-11décembre 2011, Milan,
comprendre «avec leurs inventions». 1985;ID., GiorgioVasariet levocabulaire
de

Skira, p.120-130. lacritiquedart dansles« Vite», Grenoble,


Ellug, 1988.
Des frises,desemblèmes,desfestons, 205
des
grotesques

vostranella quale sono


30
Voir R.ScORZA, «Vincenzo
Borghini
Per lasala
in quattronla,tre per ciascu.
and the Impresa», The
Journal ofthe
12quadri, da essere Warburgand Courtauld Institutes, 52 (1989),
del
etil quadro
e
mezzo ha
che mettono
lo p.85-110.
quelli
il principale per aiutoe per
servono 31
Voir G. VASARI, Ragionamenti
in mezzo
gli di del Sig.
».
G.VASARI,
Lo Zibaldone Cavaliere Giorgio Vasari, pittore et architetto
ornamento
Vasar presentee
ed. et annotée
aretino, Florence, Giunti, 1588, p. 33, 57, 66,
GiorgioVita, Arezz0, Zelli, 1938, p. 16-17.
80,97,163.
parA.Del
« "Tntenzione,
A.PINELLI,
Voir 2G.VASARI, Entretiens.., p.125.
per una
3

invenzione,artinzio,Spunti
teoriadellaricezionedei
cicli figurativi
33
avendo noi avedere
e ragionare delle
A. PINBLLI
di etàrinascimentale
>, dans impresegloriosedi Leone X, figliuolo di
et É.PASSIGNAT,
Reverse.,p. 13-14. che sono pure assai, farò fine
Lorenzo,
al mio dire, accioché avanziam tempo ».
« Fonctiondes systèmes
26 VoirPh.MOREL, G.VASARI, Ragionamenti., p.97
et Iornement l'invenzione 34
dans
décoratits
réflexionsautour de
maniériste: G.VASARI,Entretiens..,p.209
Salviati », dans M. HocHMANN 35
Francesco «Non dirò delle grottesche,
et p. 285- ornamenti
etal.éd.,Programme invention.,
La
KROKE, fabrique e pitture di scale, né altre molte minuzie
306;A.FENECH de la
fatte di mia mano in quello apparato di
cultureet fonction
delallégorie; stanze, perché, oltre che spero se n'abbia
au Cinquecento,Florence,
personnification a fare volta più lungo
altra ragionamento,
2011,p.354-392.
Olschki, le può vedere ciascuno a sua voglia
edarne giudizio ». VASARI,
G. Le Vite..,
Ph.
7Voir MOREL,Les p.30-34.
grottesques..,
VI, P.399.
Sur cesornements, voir A. CECCHI,
e terribilit
fierezza
«Pratica, p.16.
aLaltre le andreidistribuendo
Imprese
perl'arcoche non mancheràluogo,
vi
comedovevoi disegniavi far certi
angioli,chetenessino festoni sotto
quecornicioni grandi, io riempierei di
questeimprese del Duca proprio e del
Principe:avvertendo non vi mescolare
quell'altre di casaMedici, che sono
distribuiteall'arcon° 7 come voi sapete.
Restano que'4 spaziisopra le figure di
rilievo: ne' quali (per esser pur assai
grandi) vorrei fare qualcosameglio; e più
vIstosa non
che è un impresa: e però mi
volentieri a 4 istoriette che si
TIsOlverei
di bronzoe farebbono bel
hingerebbono
vedere,e queste, io le caverei di fantasia
taccendoqualchefinzione et invenzione
delle statue,
aproposito o, veramente
10lecaverei
dalle azzioni e cose fatte
di SuaEccellenza
nel miglior modo
econpiùdestrezzache si potesse,che
ne
Lo
ragioneremoinsieme».G.VASARI,
Zibaldone..,
p. 44-45.

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