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S_02 (1er Février 2023)

Chapitre n°1 : PATHOLOGIES DES STRUCTURES EN BETON ARME


Introduction :
Le béton armé est une combinaison de matériaux aux caractéristiques complémentaires : l’acier
pour sa capacité à résister aux contraintes de traction et le béton pour sa capacité à résister à
la compression. Le béton est un mélange de granulats, de ciment et d’eau.
La durabilité des ouvrages en béton armé dépend de leur comportement face aux conditions
climatiques et environnementales qui existent dans les milieux où ils sont construits. Ces
ouvrages sont souvent exposés à de nombreuses agressions physico-chimiques auxquelles ils
doivent résister afin de remplir de façon satisfaisante pendant leur période d'utilisation, toutes
les fonctions pour lesquelles ils ont été conçus. Lorsqu'ils ne peuvent résister à ces agressions,
des désordres dont le plus fréquent est la corrosion des armatures apparaissent dans le béton
de ces structures. Ces désordres sont dus à des défauts de conception, à une mauvaise mise en
œuvre ou à des causes accidentelles.

I- PATHOLOGIES DU BETON ARME :

Les pathologies du béton armé ont des causes et des conséquences variables. La dégradation
du béton armé comporte deux phases successives :
- Une phase d’incubation ou de latence ou d’amorçage qui correspond à l’altération lente
du béton, sans qu’il ne se produise encore des effets visibles. Cette phase s’arrête soit
lorsque les produits formés par les réactions internes du ciment atteignent un volume
critique provoquant un gonflement du béton, soit lorsque l’enrobage du béton ne
protège plus les aciers.
- Une phase de développement ou de croissance des dégradations du matériau. La phase
de développement est celle où les dégradations sont visibles. A ce stade les réparations
deviennent lourdes et coûteuses.

Les pathologies des structures en béton armé peuvent être d’origine mécanique, physique ou
chimique.
Défauts dans le béton armé

Mécaniques Chimiques Physiques

- Chocs -RAG (Réactions Alcalis- - Gel-dégel


- Surcharges Granulats) - Actions thermiques
- Mouvements (tassement …) - Agents agressifs - Retrait
- Explosion, vibrations… (sulfates, sels …) - Erosion

Causes de dégradation du béton armé

1- Les dégradations chimiques :

Une réaction chimique est un évènement au cours duquel il y a des transformations chimiques
qui peuvent être accélérées par l’augmentation de la température ou de la concentration.

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Parmi les causes de la dégradation chimiques des structures en béton armé, on cite la
carbonatation, la corrosion des armatures, l’alcali-réaction, les réactions sulfaciques.

a- La carbonatation :

La carbonatation est un phénomène chimique lié à


l’émission de gaz carbonique dans l’atmosphère. C’est une
pathologie du béton armé qui, avec le temps, atteint des
couches de plus en plus profondes et elle est responsable
de la mise à nu de l’armature en acier. Le dioxyde de
carbone CO2 présent dans l’atmosphère sous forme
gazeuse pénètre dans le béton à partir de la surface du
matériau et provoque une réaction dite de carbonatation
avec l’eau interstitielle.
La carbonatation est un phénomène qui progresse de
l’extérieur vers l’intérieur à travers la zone d’enrobage des Elément en BA carbonaté
armatures et consiste à la transformation de l’hydroxyde de
calcium Ca(OH)2 [chaux hydratée qui est une base] en carbonate CaCO3 :
Ca(OH)2 + CO2 CaCO3 + H2O

Cette réaction mène à la diminution du pH1, il s’en suit une corrosion rapide de toute la surface
de l’armature qui gonfle et fait éclater le béton d’enrobage. Ceci entraine des problèmes de
durabilité et de résistances sur les structures en béton armé.
Dans les zones fortement industrialisées, dans les parkings et aux abords des grands axes
routiers, la quantité du CO2 dans l’atmosphère est assez élevée.

Processus de carbonatation

b- Attaque des ouvrages en béton armé par les chlorures :

La pénétration des chlorures (ions Cl-) dans le béton armé qui est un milieu poreux se fait en
présence d’eau (béton immergé). Les chlorures dans le béton proviennent soit des constituants
de celui-ci (sable, granulats, adjuvants) soit de la contamination par le milieu environnant.
L’attaque des ouvrages en béton armé par les chlorures mène à la corrosion des armatures.
Lorsque la teneur en chlorure atteint ou dépasse une valeur seuil, l’enrobage ne peut plus
protéger l’acier qui se couvre de dépôts de rouille ce qui fait gonfler le béton jusqu'à le faire

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pH : Mesure de l'état acido-basique d'une solution contenant des ions H+, définie par pH = − log10 [H+], où [H+] est la
concentration de la solution en ions H+.

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éclater. La corrosion des armatures mène à une augmentation du volume, elle mène également
à une perte de capacité portante due à la diminution de la section efficace.
Ainsi, la pénétration des ions chlorure dans l’enrobage et la carbonatation du béton d’enrobage
sont les premiers responsables de la corrosion des armatures des ouvrages en béton armé.

Corrosion des armatures

Processus de corrosion
des armatures

c- La réaction alcali2-granulat (RAG) :

L’alcali-réaction ou la réaction alcali-granulat est une réaction chimique entre des granulats
actifs et les alcalins contenus dans le ciment. Cette réaction produit une expansion à l’intérieur
du béton qui va créer des tensions puis des gonflements et des fissures.
Pour qu’une réaction alcali-granulat se déclenche, il faut, d’abord, avoir une teneur suffisante
en alcalins contenue dans le ciment et qu’on peut également trouver dans certains granulats. Il
faut ensuite, avoir des granulats réactifs, et enfin, il faut que l’humidité soit constante dans le
béton.
Les désordres dus à l’alcali réaction apparaissent à des échéances variables, généralement de
deux à dix ans et parfois plus. Ces désordres influencent les propriétés mécaniques de la

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Alcali : Hydroxyde d’un métal alcalin

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structure en béton armé et se manifestent essentiellement sous forme de fissuration en réseau
(faïençage).
Ces fissures sont souvent soulignées par une couleur blanchâtre provenant de l’exsudat du gel
de silice qui ressort à la surface du béton ou par une couleur brunâtre due à la corrosion de
l’armature. La profondeur des fissures évolue en fonction du degré d’avancement des
réactions ; elle peut atteindre quelques centimètres, comme elle peut se propager en
profondeur jusqu’au stade où la paroi en béton se transforme en un assemblage de moellons
retenus par l’armature.

Ouvrages en béton armé dégradés par l’alcali-réaction

2- Réparation du béton armé dégradé par la corrosion :

a- Reconstitution de l’enrobage :
Plusieurs méthodes sont disponibles pour réparer durablement un parement en béton, arrêter
la progression des dégradations et éviter de nouveaux désordres. La reconstitution du
parement a pour objectif de restaurer l’apparence du béton, tout en arrêtant le processus de
corrosion et en rendant à la structure son intégrité.

• Elimination des zones dégradées :


Avant de réparer les zones dégradées (armatures apparentes, éclatements de béton, traces de
rouille, …), les revêtements en place doivent être retirés, sur toute la surface, par un moyen
mécanique ou chimique.
Pour traiter les armatures corrodées, il convient de les dégager par burinage, bouchardage, jet
d’eau3... Le dégarnissage doit être effectué jusqu’à ce qu’un acier sain apparaisse et la longueur
de cet acier doit être dégagée sur toute sa périphérie (minimum 2 cm derrière l’armature).

Perforateur avec burin Bouchardeuse Hydrodémolition par jet d’eau

3
L’hydrodémolition permet la destruction, la découpe, le perçage ou le forage des bétons par projection d'un jet d'eau
à très forte ou ultra haute pression. L’hydro-démolition est l’activation et l’élargissement de microfissures préexistantes
au sein du béton par un jet d'eau ultra haute pression.

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Les surfaces de bétons sont ensuite nettoyées, afin de faire disparaître toute poussière ou toute
souillure, subsistant après l’élimination des bétons dégradés. Ce nettoyage peut être réalisé par
voie humide ou sèche (brossage et soufflage), mais dans le cas du lavage à l’eau, celle-ci doit
être éliminée par soufflage ou par aspiration.

• Remplacement des armatures fortement corrodées :


A cette étape des travaux, un contrôle du diamètre résiduel des armatures les plus fortement
attaquées est effectué (à l'aide d'un pied à coulisse par exemple). Les armatures
supplémentaires de même nature seront mises en place, par scellement ou soudure, afin de
restituer la section initiale.

• Protection des armatures :


La protection des armatures consiste à appliquer sur toute la surface de celles qui sont dégagées
(périphérie complète), un produit assurant une protection vis à vis de la corrosion. Cette
application doit suivre immédiatement le décapage, car l’oxydation des armatures risque de
s’amorcer et de compromettre la bonne tenue de la réparation

• Réfection des bétons :


La réfection des bétons consiste à rétablir l’enrobage des armatures par la mise en œuvre de
mortier. Ce dernier doit respecter les critères :
- de tenue verticale sans coffrage
- de résistance mécanique supérieure au béton support
- d’adhérence supérieure ou égale à la cohésion du support
- d’imperméabilité à l’eau et aux agents agressifs,
- de coefficient de dilatation thermique et de module d’élasticité dynamique équivalent
au béton support
- de bonne protection des aciers.
b- Inhibiteurs de corrosion :
Un inhibiteur de corrosion est un composé chimique qui, ajouté en faible concentration au
milieu corrosif, ralentit ou arrête le processus de corrosion d'un métal placé dans ce milieu.
Les fonctions essentielles des inhibiteurs de corrosion sont les suivantes :
• de pénétrer une couche de béton très hétérogène par nature
• d’abaisser la vitesse de corrosion du métal, sans en affecter ses propriétés, ni celles du
milieu environnant
• d’être stable dans le milieu considéré et compatible avec celui-ci, à la température
d'utilisation
• de ne pas être toxique.

Avant d’appliquer un inhibiteur, la surface du béton doit être préparée. Il s’agit d’éliminer la
peinture ou autre revêtement par sablage ou hydrosablage.

Application de l’inhibiteur de corrosion

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c- Revêtement de surface :
La mise en peinture des ouvrages en béton armé a pour
principaux objectifs :
• d’améliorer l’esthétique de l’ouvrage, par la mise
en couleur ou la création de motifs décoratifs, en vue de
lui donner un aspect particulier
• de contribuer à la protection du béton : la mise
en place d’un système de peinture en couche mince, dans
la mesure où il apporte une amélioration de
l’imperméabilité du support peut permettre de ralentir la
pénétration de l’humidité extérieure et d’améliorer ainsi Application d’un revêtement de surface
la durabilité du béton.
Les ouvrages concernés sont essentiellement les tunnels, les murs de soutènement, les écrans
antibruit et dans certains cas les ponts.

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