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MEMOIRE DU PROJET DE FIN D’ETUDES

Étude pour la remise en état d’une plateforme pétrolière en béton armé

I- Pathologie de béton armé


Le béton armé est le matériau le plus utilisé depuis longtemps pour la construction des ouvrages
en génie civil, la durabilité de ce matériau dépend de plusieurs facteurs tels que les conditions
d’exploitation, la composition des matériaux, la mise en œuvre, les dimensions structurelles, le
milieu environnant et le manque d’entretien.
Cette multitude de facteurs conduit à la manifestation de certaines dégradations sur le béton,
ces dernières se développent progressivement avec le temps en aggravant la situation de plus
en plus jusqu’à la ruine totale de l’ouvrage.
Ainsi, il est très important de distinguer entre les différents types de pathologies suivant s’il
s’agit d’un défaut de conception, d’exécution, de fonctionnement ou d’un défaut de matériau.

I-1- Défaut de conception


Plusieurs critères de conception peuvent fortement influencer la durabilité d’un ouvrage en
béton. D’où la nécessité de choisir minutieusement les différents critères de conception afin de
retarder l’apparition des dégradations sur les structures en béton.
Exemple de défaut de conception :
 Système de drainage mal adéquat.
 Enrobage insuffisant.
 Erreurs de calcul.
 Mauvais choix des matériaux.
 Formulation de béton mal adapté au milieu environnant.

I-2- Défaut d’exécution


Les erreurs d’exécution sont généralement dues à une insuffisance dans les plans d’exécution,
conduisant à des improvisations dont les conséquences sont dans la plupart du temps graves,
ou bien à des problèmes dans l’organisation ou le contrôle de la qualité. Souvent, c’est la qualité
d’exécution des différents matériaux qui est principalement en cause.
Le béton sur chantier peut être de qualité médiocre pour plusieurs raisons :
 Délais de transport non contrôlés depuis une centrale de béton prêt à l’emploi.
 Irrégularité de fabrication sur chantier.
 Reprise de bétonnage mal exécutée.
 Ségrégation due à une insuffisance de vibration ou à une hauteur de chute trop
importante.
 Mise en œuvre dans des coffrages mal nettoyés.

I-3- Défaut de fonctionnement


Les défauts de fonctionnement peuvent se manifester sous forme de fissures apparentes dues à
un état de contraintes anormal, de traction, de compression ou de cisaillement, qui a atteint la
limite de rupture du matériau (le béton ou la pierre).

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Les fissures dues à un défaut de fonctionnement sont les suivantes :


Fissure de flexion : due à l’allongement de la fibre tendue.
Fissure de compression : conséquence du gonflement du matériau dû à l’effet de Poisson.
Fissure de cisaillement : due aux contraintes de traction principales.
Fissure de traction pure : résultat d’une traction directe.

Fissure de compression Fissure de flexion

Fissure de cisaillement Fissure de Traction pure

I-4- Défaut de matériau


I-4-1- L’altération physico chimique du béton
Ce type d'altération peut être dû à des agents extérieurs ou provenir des constituants même du
béton. Le phénomène chimique le plus courant se produit sous l'effet de la percolation de l'eau,
il est accentué par les alternances, au cours d'une même journée ou bien d'une saison à l'autre,
d'atmosphère sèche puis humide. [5]
A la fin d'une période sèche, lorsque l'humidité de l'air augmente, l'eau percole plus facilement
à travers le béton et en dissout certains constituants (la chaux en particulier) qu'elle transporte
à l'extérieur du béton. La porosité est alors augmentée, ce qui favorisera ultérieurement le
phénomène.
Cette réaction est accentuée lorsque l'atmosphère est chargée en dioxyde de soufre, il en résulte
naturellement une diminution de la résistance mécanique du béton, et surtout une diminution
de son alcalinité (Corrosion des armatures).
La percolation s'accompagne souvent de l'apparition de taches d'efflorescence caractéristiques
ou de stalactites [figure 4].

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Figure 4 : Tâches d'efflorescence dues à la percolation d’eau dans le béton


I-4-2- Carbonatation du béton

[5] La carbonatation du béton consiste en une fixation du gaz carbonique atmosphérique sur
certains constituants du béton (chaux notamment), la réaction progresse de l'extérieur vers
l'intérieur avec une diminution de l'alcalinité en favorisant la corrosion des armatures. Ce
phénomène se produit à partir de toutes les surfaces au voisinage desquelles l'air peut circuler
librement, y compris celles à l'intérieur des fissures dont l'ouverture est suffisamment
importante (supérieure à 0,30 mm), il peut ne provoquer aucune manifestation visible. Le
mécanisme de ce phénomène est présenté dans la figure suivante :

Figure 5 : Mécanisme de la carbonatation


D’après le schéma ci-dessus, il y a deux réactions globales qui se déroulent lors du phénomène
de carbonatation :

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 Réaction avec la Portlandite :


L’attaque chimique de la portlandite peut se résumer par la réaction globale :
𝐶𝑎(𝑂𝐻)2 + 𝐶𝑂2 + 𝐻2 𝑂 ⇒ 𝐶𝑎𝐶𝑂3 + 2𝐻2 𝑂
Lorsque toute la portlandite sera consommée ; le pH voisin de 13 chutera en dessous de 9.

 Réaction avec le C-S-H :


La réaction de carbonatation du C-S-H peut s’écrire de façon générale :
𝐶 − 𝑆 − 𝐻 + 𝐶𝑂2 ⇒ 𝐶𝑎𝐶𝑂3 + 𝑆𝑖𝑂2 . 𝐻2 𝑂

I-4-3- Attaque des chlorures


La pénétration des ions de chlorures à l’intérieur du béton peut se faire par diffusion (sous l’effet
d’un gradient de concentration) ou par migration capillaire (absorption capillaire). Ensuite, les
ions de chlorures franchissent la zone d’enrobage et finalement atteignent les armatures, puis
commence le processus de dépassivation des armatures d’aciers par diminution du PH du
milieu, ce qui entraine la corrosion (par mécanisme de dissolution du métal suivant une réaction
d’oxydoréduction :
La pénétration des ions de chlorure entraine la disparition du film passif lorsque la concentration
en 𝑐𝑙 − atteint la concentration critique, une fois le film disparaît (dans des zones bien localisées
sur l’armature), l’armature devient en contact direct avec 𝐶𝑙 − , 𝐻2 𝑂, 𝑂2 .

Voici un schéma qui illustre le mécanisme de l’attaque des chlorures :

Figure 6 : Processus électrochimique de corrosion par les chlorures

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Le processus commence par les deux réactions d’oxydation suivantes :

𝐹𝑒2+ + 2𝐶𝑙 − ⇒ 𝐹𝑒 𝐶𝑙2 (Chlorure de fer II ou chlorure ferreux)


𝐹𝑒 + 3𝐶𝑙 − ⇒ 𝐹𝑒 𝐶𝑙3 − + 2𝑒 − (Réaction d’oxydation) qui se déroule au niveau du site anodique.

Les électrons libérés par la deuxième réaction d’oxydation se déplacent à travers le métal
jusqu’au site cathodique où se déroule la réaction de réduction de 𝑂2 selon la réaction suivante :
𝟏
𝑶 + 𝑯𝟐 𝑶 + 𝟐𝒆− ⇒ 𝟐𝑶𝑯−
𝟐 𝟐

D’où on va avoir les réactions suivantes :


𝐹𝑒 𝐶𝑙3 − + 2𝑂𝐻 − ⇒ 𝐹𝑒 (𝑂𝐻)2 + 3𝐶𝑙 −
𝐹𝑒 𝐶𝑙2 + 2𝐻2 𝑂 ⇒ 𝐹𝑒 (𝑂𝐻)2 + 2𝐻𝐶𝑙
D’après les réactions précédentes, le processus conduit à une diminution de PH
(consommation des ions de 𝑂𝐻 − ) et un recyclage des ions chlorure.
Et en présence de l’eau 𝐻2 𝑂 𝑒𝑡 𝑂2 :
𝟏
𝟐𝑭𝒆 (𝑶𝑯)𝟐 + 𝑶𝟐 + 𝑯𝟐 𝑶 ⇒ 𝟐𝑭𝒆 (𝑶𝑯)𝟑
𝟐
Avec :
𝑭𝒆 (𝑶𝑯)𝟑 : La rouille
La vitesse de pénétration des ions de chlorures dans le béton dépend en particulier de la
porosité du béton. Elle décroît lorsque le rapport E/C (eau/ciment) diminue. [3]

I-4-4- Attaques des sulfates


Généralement, l’attaque par les sulfates peut détruire fortement le béton dans une durée
relativement courte. Les sulfates peuvent être d’origine biologique, naturelle, ou provenir de
pollution industrielle et domestique.
On peut trouver les sulfates dans les milieux suivants :
 Le sol sous forme de gypse.
 Les eaux de mer.
 Les eaux industrielles.
 Les eaux souterraines.
 L’eau de gâchage.
 L’atmosphère.
Les sulfates peuvent dégrader le béton selon les deux mécanismes physico-chimiques
suivants:
a) Expansion : par la formation des produits expansifs, ces expansions du béton peuvent
causer des dommages structuraux importants.
 Formation du Gypse Secondaire 𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 2𝐻2 𝑂 :
𝐶𝑎(𝑂𝐻)2 + 𝑁𝑎2 𝑆𝑂4 + 2𝐻2 𝑂 ⇒ 𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 2𝐻2 𝑂 + 2𝑁𝑎𝑂𝐻

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-Le Gypse Secondaire 𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 2𝐻2 𝑂 est un produit expansif se forme dans les espaces
internes.

-La production de 𝑁𝑎𝑂𝐻 augmente l’alcalinité du milieu ce qui stabilise les C-S-H.
 Formation de l’Ettringite Secondaire :
𝐶3 𝐴 + 3𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 2𝐻2 𝑂 + 26𝐻2 𝑂 ⇒ 𝐶3 𝐴. 3𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 32𝐻2 𝑂
-𝐶3 𝐴. 3𝐶𝑎𝑆𝑂4 . 32𝐻2 𝑂 : La précipitation rapide de l’Ettringite conduit à la formation de
l’Ettringite non fibreuse de nature colloïdale (cristaux très fins) dont le volume molaire est de
3 à 8 fois supérieures au volume du solide initial.
b) Perte des propriétés liantes des C-S-H : l’action des sulfates engendre une perte de
résistance et une perte de masse du béton en surface.
L’attaque sulfatique entraine aux dégradations suivantes:
 Fissuration et décollement de la surface.
 Précipitation de sulfates et sablage de la surface.
 Fissures dans la masse du béton.
 Destruction complète du béton.

I-4-5- Corrosion des armatures

Les armatures noyées à l'intérieur du béton sont naturellement protégées par l'alcalinité du
ciment qui rend le milieu passivant (pH supérieur à 12). Or, les processus de percolation et de
carbonatation progressant lentement de la surface vers l'intérieur diminuent cette alcalinité. La
passivation est d'autant plus compromise que la qualité du béton est médiocre (porosité
importante), que l'épaisseur d'enrobage est insuffisante ou qu'un réseau de fissuration permet à
l'eau de pénétrer plus facilement dans le béton. [5]
Dans tous les cas, la corrosion des armatures est largement favorisée par la présence de
chlorures, même sans abaissement de l'alcalinité.

Figure 7 : Mécanisme de la corrosion

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Cette corrosion a deux conséquences majeures :

 Le gonflement des armatures dû à l'expansion de la rouille qui provoque le décollement


du béton suivi de son éclatement.
 A plus long terme, la réduction de section des aciers, ce qui est surtout sensible pour les
aciers de petit diamètre, notamment les étriers d'effort tranchant qui, petit à petit,
disparaissent.
La figure ci-dessous illustre les manifestations des dégradations dues à la corrosion :

Figure 8 : Effet de la corrosion des armatures sur des structures en BA

I-4-6- Action des alcalis réactions

Le terme alcali-réaction désigne un ensemble de réaction chimique qui se produit entre la


solution interstitielle du béton alcaline, et certaines phases, réactives des granulats. Lorsqu’un
béton contient une concentration en alcalins excédant un seuil critique et un taux d’humidité
(vers 80%), l’alcali-réaction peut provoquer durant quelques années : gonflement, fissuration
plus au moins maillée (faïençage) et chute des performances mécaniques du béton attaqué. [5]
On distingue trois types d’alcali-granulats qui sont les suivants :

 Réaction alcali-silice : ce sont les réactions les plus fréquentes.


 Réaction alcali-silicate.
 Réaction alcali-carbonate.
Exemple de réaction alcali-silice :

𝑆𝑖𝑂2 + 2𝑁𝑎𝑂𝐻 ⇒ 𝑁𝑎2 𝑆𝑖𝑂3 + 𝐻2 𝑂 (𝑆𝑖𝑂2 dissous rapidement par le 𝑁𝑎𝑂𝐻 hygroscopique)
𝑁𝑎2 𝑆𝑖𝑂3 + 𝐶𝑎(𝑂𝐻)2 ⇒ 𝐶𝑎𝑆𝑖𝑂3 + 2𝑁𝑎𝑂𝐻 (régénération du 𝑁𝑎𝑂𝐻 après réaction avec la
portlandite)
Donc, la réaction globale est la suivante :

𝑆𝑖𝑂2 + 𝐶𝑎 (𝑂𝐻 )2 ⇒ 𝐶𝑎𝑆𝑖𝑂3 + 𝐻2 𝑂

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I-4-7- Actions mécaniques (l’érosion et l’abrasion)

Les bétons en site maritimes ont la particularité d’être fortement sollicités mécaniquement.
L’action mécanique la plus commune, et la plus particulière aux ouvrages marins est l’agitation
marine ou l’action de la houle, générant des efforts horizontaux et verticaux. De plus, en ce qui
concerne les ouvrages portuaires, ceux-ci peuvent également être soumis à des chargements
spécifiques, dont la répartition, la durée et l’intensité sont très variables, tels que l’accostage,
l’amarrage ou simplement le choc de navires. [5]
Il faut également citer l’abrasion sur les façades exposées des ouvrages, particulièrement
lorsqu’elles sont soumises à l’agitation marine. En effet, l’action des corps flottants ou
simplement des sables et des gravillons nécessitent de considérer cet aspect dans la conception
de l’ouvrage. La figure suivante illustre l’effet de ces actions mécaniques sur les structures en
béton.

Figure 9 : Effet de l’abrasion sur les surfaces en béton


Facteurs aggravants :

Cette abrasion est d'autant plus importante que la couche superficielle est moins riche en
granulats durs ou que ceux-ci sont friables.

I-4-8- Retrait différé

La littérature fait la différence entre quatre types principaux du retrait, celui qui arrive au très
jeune âge est le retrait plastique qui est dû à un séchage prématuré du béton à son état frais.
Le deuxième type est le retrait thermique qui se manifeste en général pendant les dix premiers
jours, qui est la conséquence de l’exothermie de la réaction d’hydratation. Le retrait endogène,
quant à lui, se compose d’une partie du retrait dit chimique, conséquence de la contraction de
Le Chatelier, et d’une auto-dessiccation du béton. Le dernier type, qui survit dans les bétons à
long terme est le retrait de dessiccation, également appelé retrait de séchage, ou retrait
hydraulique, il est la conséquence d’un séchage externe du béton. La chronologie de ces types
de retrait est présentée dans la figure suivante :

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Figure 10 : Chronologie des types de retrait


Dans les structures en béton armé, si les phénomènes de retrait ont été convenablement pris en
compte lors de la conception de l'ouvrage, la conséquence du retrait est une microfissuration.
Dans le cas contraire, des fissures traversantes peuvent se produire dont l'importance (nombre
de fissures et ouverture de celles-ci) dépend de la géométrie de la pièce et de la densité
d'armatures. L’image suivante donne un exemple sur ce type de fissures :

Figure 11 : Fissures dues au retrait

I-4-9- Action du gel

En dehors du cas d'utilisation de granulats gélifs, la sensibilisation du béton au gel dépend


surtout du degré de perméabilité du béton superficiel et de la porosité des couches suivantes.
Lorsque le parement n'est pas suffisamment étanche ou qu'il n'est pas protégé par une chape
d'étanchéité, l'eau remplit les pores du béton puis, sous l'effet de l'augmentation de volume
accompagnant la transformation de l'eau en glace, des fissures, voire des éclatements locaux,
apparaissent, surtout dans les régions de climat rude. La figure suivante illustre du l’effet du gel
sur le béton. [5]

Figure 12 : Action du gel sur le béton

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