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Chapitre II – Réactions de condensation

1. Introduction
La réaction de condensation aldolique (condensation des composés carbonylés) est
une auto-condensation acido ou baso catalysée d’un aldéhyde ou d’une cétone. Cette
réaction peut également avoir lieu entre deux composés carbonylés différents
(condensation aldolique mixte). Le produit de la réaction peut subir d’autres
transformations, en particulier une déshydratation.
Pour que la réaction fonctionne, il faut que le composé carbonylé possède au moins un
hydrogène en alpha du carbonyle.

Le schéma général de la réaction de condensation aldolique:

La réaction de condensation aldolique, généralement appelée aldolisation est utilisée à


grande échelle dans la production de produits chimiques tels que:

 Le pentaérythriol: produit utilisé pour la préparation de nombreux composés


multifnctionnalisés ayant des applications industrielles diverses: antioxydants
d’oléfines, stabilisateurs du PVC….
Le pentaérythriol peut être préparé par condensation d’acétaldéhyde et de formaldéhyde
en milieu basique.

 L’atorvastatine médicament utilisé pour son action hypocholestérolémiante, est un


composé dont les étapes clés de synthèse sont des condensations aldoliques.

Cette molécule est commercialisée en 1997 sous les marques commerciales Tahor en
France et Lipitor aux USA et au Canada.
Il s’agit d’un médicament le plus vendu dans le monde .
2. Mécanisme de la réaction de condensation aldolique

a. Mécanisme baso-catalysé (Voir cours)


Il y a deux phases
- Phase d’addition :
- Formation d’énolate
- Addition nucléophile
- Transfert de proton

- Phase de déshydratation (crotonisation)

b. Mécanisme acido-catalysé (Voir cours)


Il ya deux phases
- Phase d’addition :
- Formation d’énolate
- Addition nucléophile
- Transfert de proton

- Phase de déshydratation
Remarques:
- Dans les deux mécanismes, les réactions de la phase d’addition sont en général
réversibles.
- La phase de crotonisation (- H2O) nécessite des conditions particulièrement dures ( ex.
MeO-/MeOH, reflux). C’est une phase irréversible. Cette phase peut être évitée par
l’utilisation des réactifs moins forts (ex. LDA, THF, -78°C).
c. Formation de l’énolate: régiosélectivité
En raison de l’effet électro-attracteur de la fonction carbonyle CO, le proton porté par un
carbone en α de cette fonction est rendu acide. Un problème de régiosélectivité se pose
lorsque la cétone est dissymétriquement substitué.
Les conditions d’un contrôle cinétique
• Si la déprotonation est rapide et irréversible, c’est le produit dont l’état de transition
aura l’energie d’activation la plus faible) qui se forme le plus vite et qui est observé en
quantité prépondérante.dans ce cas c’est le facteur cinétique qui l’emporte.
O
O
L’énolate le
moins substitué
LDA
T= -78°c H1
H1 H2
E1
A
énolate cinétique
• L’énolate le moins substitué est obtenu sous contrôle cinétique, notamment lorsque la
base est forte et très encombrée telle que le LDA (diisopropyl amidure de lithium) et en
large excès. Celle-ci arrache préférentiellement le proton en α de la fonction carbonyle
CO porté par le carbone le moins substitué, par raison d’encombrement stérique. Dans
un solvant aprotique et à basse température.
Les conditions d’un contrôle thermodynamique
• Au contraire, si cette fois on se place dans des conditions où la déprotonation de l’atome
A est équilibrée et relativement lente, on favorisera la formation du produit dit
thermodynamique. L’énolate le plus substitué est généralement l’énolate obtenu sous
contrôle thermodynamique (car la double liaison de la forme mésomère est d’autant
plus stable qu’elle est substituée). Cet énolate est obtenu dans des conditions dites
« équilibrantes », en utilisant une base faible telle que la potasse KOH, les alcoolates
alcalins (EtONa) dans un solvant polaire protique tel que l’eau, favorisant l’équilibre
entre les deux énolates à chaud. Enfin avec un excès de A par rapport à la base.

O O
O
L’énolate le plus
KOH substitué

H2 H2
H1 H2 E2
A
énolate thermodynamique
3. Condensation aldolique mixte
Les réactions de condensation aldolique mettant en jeu deux composés carbonylés
différents dont l’un au moins est énolisable sont dites condensations aldoliques mixtes. A
priori, si les deux composés sont énolisables, plusieurs réactions sont envisageables

Cette réaction est manifestement inexploitable en synthèse, elle peut devenir intéressante
si l’un des composés carbonylés est non énolisable.
Ces condensations aldoliques mixtes impliquant des aldéhydes aromatiques (benzaldéhyde,
aldéhyde cinnamique et dérivés) sont appelés condensations de Claisen-Schmidt

Dans cette réaction, la


déshydratation du cétol ou
aldol formé est très favorable,
car elle conduit à une énone
conjuguée avec le cycle
aromatique.
a. Stéréosélectivité de la crotonisation
La formation de la double liaison dans l’étape de l’élimination (crotonisation) dans la
réaction de condensation aldolique est contrôlée stéréochimiquement. Quelque soit la
configuration des carbones, on cherche à diminuer l’encombrement des groupements.
Exemple:
La condensation des méthylcétones avec des aldéhydes aromatiques conduit à une énone
α,β-éthylinique dont la double liaison est Trans. L’état de transition de l’étape d’élimination
nous permet de comprendre pourquoi le produit formé est de confiuration Trans (et non
Ar
pas Cis). Ar H H
H
H
R ou H
C
HO H O HO C R
L’état de transition conduisant au O
produit de conf. Cis est H H
défavorisé à cause de Ar H Ar H
l’interaction stérique.
R R
C H H C
OH OH
O O
E.T
B E.T
défavorisé B
favorisé
O O
R C H H C R
Ar H Ar H
pdt cis pdt trans
4. Condensations aldoliques intramoléculaires: réaction de
Michael, annellation de Robinson
• L’addition de Michael est une addition 1,4 de l’ion énolate sur une oléfine ayant un
groupe électroattracteur (aldéhyde, cétone, ester α,β-éthylinique).
• Ces additions de Michael s’effectuent en présence de quantités catalytiques
d’hydroxyde ou d’alcoolates de métaux alcalins (M+OH- ou M+OR-).

• Le donneur du Michael : c’est l’énolate, et plus précisément le caractère nucléophile du


carbone en α.
• L’accepteur du Michael : c’est le carbone C1 en β du C=O du composé carbonylé
insaturé qui réagit en raison de son caractère électrophile (effet mésomère attracteur
du groupement CO).
• Une réaction qui se fait une cétone conjuguée α,β-insaturée et une forme énole:
composé 1,5 dicarbonylé.
• Si l’on part d’un énolate d’aldéhyde ou de cétone, le composé obtenu est un dérivé
dicarbonylé. Lorsque les conditions sont favorables en raison par exemple de la taille
du squelette carboné, permettant la formation d’un cycle à cinq ou six chaînos, on
observe une réaction intramoléculaire de type aldolisation suivie d’une crotonisation.
Ces deux réactions ne nécessitent généralement qu’une simple catalyse acide ou
basique.
• Cette réaction intramoléculaire est connue sous le nom « Annellation de Robinson ».
5. Condensations sur des imines ou des iminiums et des
énamines: aminométhylation de Mannich, réaction de Stork
• Les imines et les ions iminiums sont les analogues azotés des composés carbonylés, ils
peuvent subir des additions nucléophiles semblables à celles mises en jeu dans les
condensations aldoliques.
• De la même manière que les protons en α d’une
liaison C=O d’un aldéhyde ou d’une cétone, un
phénomène analogue est observé dans le cas
d’une liaison C=N.
• Pour les imines, composés
résultant de l’action d’amine
primaires sur les composés
carbonylés, une base forte
peut arracher un proton sur le
carbone situé en α de la
double liaison C=N de l’imine:

• Il est donc intéressant de noter qu’un anion d’imine est l’équivalent d’un énolate.
a. Réaction de Mannich
• La réaction de Mannich est une condensation acido-catalysée d’un composé carbonylé
énolisable avec un ion iminium, c’est une aminométhylation. On appelle le produit
obtenu base de Mannich.

Mécanisme
• Les bases de Mannich obtenues peuvent subir par chauffage une élimination
conduisant à une α-énone.
• L’équilibre n’est pas favorable au
produit. Une méthode couramment
utilisée pour déplacer l’équilibre,
consiste à éliminer l’eau du milieu
réactionnel par distillation azéotropique
en utilisant un décanteur de Dean-Stark.
b. Réaction de Stork
• Cette réaction concerne l’alkylation et l’acylation des composés carbonylés par
l’intérmidiaire des énamines. C’est une réaction très utile pour ajouter un groupement
en alpha d’une cétone ou d’un aldéhyde (liaison C-C).

• Préparation des énamines:


Les amines secondaires réagissent avec les cétones
énolisables par une addition suivie d’une élimination pour
former des énamines. Pour qu’elles se forment bien, il faut
ajouter un catalyseur acide pour se former totalement il faut
que l’eau libérée soit éliminée en continu par distillation
azéotropique.
Dans le cas de cétones non symétriques, c’est l’énamine ayant
la dl trisubstituée qui se forme régiosélectivement et non la
tétrasubstituée, à cause de la gène stérique.

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