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SUP PCSI 841 et 842 Chimie Organique 8

Les aldéhydes et les cétones :


Activation et protection du groupe carbonyle

Le groupe carbonyle C=O, présent entre autre dans les aldéhydes et les cétones, est l’un des
groupes les plus importants en synthèse en organique.
Nous avons déjà vu que les aldéhydes et les cétones pouvaient subir une addition nucléophile par un
organomagnésien, sur le carbone fonctionnel. Dans le chapitre suivant nous verrons que le carbone
fonctionnel présente également des propriétés rédox. En deuxième année sera étudiée la possibilité
d’alkylation en α avec allongement du squelette carboné.
Il est donc très important pour élaborer une stratégie de synthèse de savoir comment activer le
groupe carbonyle pour le faire réagir et comment le protéger de réactions non désirées.

I – Présentation des aldéhydes et des cétones.


Cette présentation a déjà été faite en partie dans le chapitre sur les organomagnésiens et sera
développée en deuxième année dans le chapitre consacré aux aldéhydes et aux cétones. Nous allons
donc nous contenter de quelques rappels succincts.

I – 1 – Formule générale et nomenclature


• Les aldéhydes et les cétones font partie de la famille des dérivés ou composés carbonylés.
• Les dérivés carbonylés sont des substrats insaturés, ils possèdent une liaison double C=O.
L'atome de carbone est lié exclusivement à des atomes d'hydrogène ou de carbone. En effet, bien qu'une
liaison C=O soit présente dans les fonctions esters ou les acides carboxyliques et leurs dérivés, le niveau
d'oxydation du carbone est différent et on parle dans ce cas de groupe carboxyle.

• Cétones : le carbone fonctionnel est relié à 2 carbones.


Nomenclature : nom de l’alcane + suffixe « -one »

O O
O O

R R'

cétone propanone pentan-2-one benzophénone


(ou acétone)

1
• Aldéhydes : le carbone fonctionnel est relié à un carbone et un hydrogène.
Nomenclature : nom de l’alcane + suffixe « -al »

O O O
O O

R H H
H H H

OH
aldéhyde méthanal butanal vanilline
(ou formaldéhyde)

I – 2 – Propriétés physiques
• Géométrie :
VSEPR : type AX3 donc géométrie triangulaire plane, O
angles d’environ 120°, le C est trigonal. P)

• Energie de liaison :
La liaison C=O est courte (121 pm contre 154 pm pour une liaison simple C-O).
C’est une liaison forte (EC=O = 740 kJ.mol-1).

• Propriétés spectrales :
( )
IR : bande d’absorption caractéristique intense, ν C = O = 1730 à 1690 cm −1
RMN : - proton aldéhydique très déblindé (δ = 9 à 10 ppm)
- protons H en α du C fonctionnel déblindés (δ = 2,0 à 3,0 ppm) car effet (-I) du
groupement carbonyle.

I – 3 – Réactivité
• La liaison C=O est fortement polarisée car grande différence d’électronégativité (χ(O) = 3,5 >
χ(C) = 2,5 ) et mésomérie. Le pourcentage ionique est de 39% pour le méthanal et 49% pour la
propanone.
Ecrire les 2 formes mésomères de la propanone :

• La liaison est très polarisable (présence de la liaison π).


• La forte polarisation de la double liaison rend l’atome de carbone très réactif vis-à-vis des réactifs
nucléophiles. La présence de doublets libres sur l’atome d’oxygène en fait un site d’attaque
privilégié pour les réactifs électrophiles.

δ δ
C O

site nucléophile
site électrophile et base de Lewis
et acide de Lewis

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II – Activation électrophile du groupe carbonyle.

• Dans le cas d’un nucléophile fort, comme un organomagnésien, il n’est pas nécessaire d’activer
les dérivés carbonylés pour observer une addition nucléophile.
Exemple :
O OH

1) Et2O
+ H3C Mg Br
H 2) H2O, HCl
butanal pentan-2-ol
à froid
rdt : 82 %

Schématiquement, il se produit :

δ
O Nu O
addition L’organomagnésien, nucléophile, attaque directement le C
δ
du carbonyle, sans activation. La réaction est sous contrôle
nucléophile
cinétique.
Nu

• Dans le cas d’un nucléophile faible (en général non chargé : eau, alcool, amine), une activation du
carbonyle est nécessaire pour que la réaction d’addition nucléophile puisse se faire à une vitesse
non négligeable.

L’activation consiste à fixer un électrophile E sur l’atome d’oxygène.
→ Cela conduit à un oxygène chargé positivement, déficitaire en électron et plus fortement
électronégatif.
→ Le caractère positif du C fonctionnel augmente, l’attaque du nucléophile est plus facile.
L’électrophilie et donc la réactivité du carbone fonctionnel est renforcée.
On parle d’assistance électrophile.
Schéma de principe de l’assistance électrophile :

Rq : Une interprétation de l’assistance électrophile à l’aide des orbitales moléculaires sera donnée en SPE.
• L’assistance électrophile est en fait une catalyse qui permet aux réactions d’être assez rapides
pour que les équilibres soient atteints → Les réactions sont donc effectuées sous contrôle
thermodynamique.
• Les électrophiles utilisés couramment sont :

- des ions H , en quantité catalytique (on a alors une catalyse acide) ;

- des acides de Lewis : !Li , !BF3, !AlCl3, !ZnCl2…

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III – La réaction d’acétalisation.

III – 1 – Bilan et conditions opératoires


a) Exemples

O O-Et

HCl O-Et
+ 2 OH
66 %

O
O
APTS
+ OH
HO
O

81 %

APTS est l’acide paratoluène sulfonique (à connaître !!) :

b) Bilan réactionnel

• Les alcools réagissent par additions nucléophile sur les aldéhydes et les cétones, en milieu acide,
pour conduire d’abord à des hémiacétals puis à des acétals.
Il s’agit d’une réaction d’acétalisation.
Cette réaction se fait donc en deux stades :

- Addition d’un premier équivalent d’alcool → obtention d’un hémiacétal

- Addition d’un second équivalent d’alcool → obtention d’un acétal à partir de l’hémiacétal

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- Bilan global de la réaction d’acétalisation :

• Rq : L’UIPAC (International Union of Pure and Applied Chemistry) recommande d’utiliser les
termes génériques « hémiacétal » et « acétal », que ces espèces soient formées à partir d’aldéhydes
ou de cétones.
Historiquement, il était d’usage de distinguer les substrats selon
Aldéhyde → hémiacétal → acétal réaction d’acétalisation
Cétone → hémicétal → cétal réaction de cétalisation

c) Conditions opératoires

• La réaction d’acétalisation est équilibrée. Elle est sous contrôle thermodynamique (c’est l’une
des rares réactions de la chimie organique à être sous contrôle thermodynamique).
• L’équilibre est en général peu déplacé dans le sens de formation de l’acétal.
Ex :
H 3C O-Et
H
O + 2 OH + H2O
H H O-Et
éthanol 1,1-dié thoxyéthane
propanal
-2
La constante de cet équilibre vaut : K = 1,25.10 à 25°C dans l’eau
La présence d’eau déplace donc l’équilibre vers la gauche
→ Il faut un milieu anhydre pour favoriser la formation de l’acétal.

• La réaction nécessite une catalyse acide.


→ Il faut utiliser un acide « sec » :
- HCl sec gazeux ;
- APTS : acide paratoluène sulfonique (parfois aussi noté pTsOH), le plus utilisé.
L’intérêt de l’APTS est que c’est un acide solide (aisé à manipulé) et organique (donc soluble en
milieu organique et sans apport d’eau). L’APTS est un acide fort (pKa = -2).
• La réaction est en général athermique donc la modification de la température ne permet pas de
déplacer l’équilibre (cf. cours de SPE).
• Afin de déplacer l’équilibre vers la droite, sens de formation de l’acétal, il faut :
- Utiliser un excès d’alcool (dans ce cas il faut que l’alcool ne soit pas coûteux et n’ait pas
nécessité une longue préparation, en pratique : éthanol C2H5-OH ou méthanol CH3-OH).
L’alcool est alors utilisé comme solvant de la réaction.
- Ou former H3O+, non nucléophile en utilisant un excès d’acide.
- Ou éliminer H2O au fur et à mesure de sa formation par distillation
hétéroazéotropique (cf. cours de SPE) à l’aide d’un appareil de Dean-Stark. On peut
aussi envisager d’éliminer l’acétal, mais c’est moins courant.

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• Principe de l’appareil de Dean-Stark :
H 3C

- On utilise un solvant organique non miscible à l’eau : Toluène


par exemple le toluène.
- Le mélange eau-toluène (composés les plus volatils du
milieu) est porté à ébullition ; il distille à une température
(84°C) inférieure à celles des deux liquides purs (eau
100°C / toluène 110°C sous pression atmosphérique) sous
forme de vapeur hétéroazéotropique (voir cours de SPE) de
composition constante (13% eau / 87% toluène en masse).
- La vapeur hétéroazéotropique s’élève dans l’appareil de
Dean-Stark, est recondensée dans le réfrigérant à eau et
retombe dans le tube latéral de l’appareil.
- Dans ce tube, l’eau et le toluène démixent. L’eau, plus
dense que le toluène, est piégée en bas du tube. Le toluène
reflue dans le ballon lorsque le tube est plein, la quantité de
toluène à utiliser est donc limitée. Le milieu réactionnel
s’appauvrit en eau au fur et à mesure de la distillation.
Le tube étant en général gradué, il est possible d’estimer le
volume d’eau récupérée et donc de suivre l’avancement de
la réaction.
- Ce dispositif permet de rendre la réaction d’acétalisation
totale

• Choix de l’alcool :
L’acétalisation par un diol, conduisant à un composé cyclique, est favorisée d’un point de vue
thermodynamique par rapport à l’acétalisation avec 2 alcools :

APTS O
+ 2 OH + H2O
O K1 = 7,6.10-6
O

APTS O

O + HO + H2O
OH K2 = 0,14
O

La réaction avec le diol est donc beaucoup plus déplacée vers la droite que celle avec 2 molécules
d’alcool.
On utilise majoritairement l’éthane-1,2-diol aussi appelé « éthylène glycol » ou tout simplement
« glycol ».
Rq : L’entropie (= notion de « désordre ») d’un système chimique a tendance à croître spontanément (2ème principe de la
thermodynamique). Dans le cas de la réaction (1), on passe de 3 à 2 molécules → diminution du « désordre » donc de
l’entropie : Δ rS°1 < 0 ; alors que dans la réaction (2), on passe de 2 molécules à 2 autres, l’entropie est à peu près
constante : Δ rS°2 ≈ 0 .
ΔrS°i est l’entropie standard de la réaction (i), ΔrH°i est l’enthalpie standard de la réaction (i) et ΔrG°i son enthalpie libre
standard.

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Δ r G°1 = Δ r H°1 − T.Δ rS°1 >> Δ r G°2 = Δ r H°2 − T.Δ rS°2 car Δ r H°1 ≈ Δ r H°2 puisque les mêmes liaisons sont
rompues et formées dans les 2 réactions.
On a donc Δ r G°1 = −RT.ln(K1 ) >> Δ r G°2 = −RT.ln(K 2 ) d’où K2 >> K1
→ C’est donc un « effet entropique » qui favorise la réaction (2).

III – 2 – Mécanisme réactionnel


• Constatations expérimentales :
- La réaction est catalysée par les acides → suggère que l’étape d’addition nucléophile est
l’ECD ;
- La réaction conduite avec un alcool marqué à l’oxygène 18 montre que 18O se retrouve dans
l’acétal mais pas dans l’eau formée ;
- L’hémiacétal a pu être isolé et identifié dans certains cas.

• Mécanisme : Toutes les étapes sont renversables.


Formation de l’hémiacétal (en général non isolé) :
1) Activation du carbonyle par H+ (catalyseur) = assistance électrophile

2) Addition nucléophile d’un premier équivalent d’alcool = ECD

3) Obtention de l’hémiacétal par déprotonation

Formation de l’acétal : SN de l’alcool sur l’hémiacétal, analogue à une SN1sur un alcool.


1) Activation du groupe hydroxyle par protonation

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2) Formation du carbocation par élimination d’une molécule d’eau

3) Addition d’un deuxième équivalent d’alcool = ECD

4) Obtention de l’acétal par déprotonation

• Rq : La base conjuguée de l’APTS, l’ion paratoluène sulfonate, est stabilisée par mésomérie donc
n’est pas nucléophile et ne risque donc pas de s’additionner sur le carbonyle à la place de l’alcool.

III – 3 – Réaction inverse


• Toutes les étapes du mécanisme précédent sont renversables.
• Le mécanisme d’hydrolyse d’un acétal en aldéhyde ou cétone et alcool est donc identique à celui
de la formation des acétals mais parcouru en sens inverse. L’étape clé de l’hydrolyse de l’acétal est
l’addition nucléophile d’eau sur l’acétal.
Ce sont les conditions opératoires qui déterminent le sens de parcours :
- acétalisation : élimination de l’eau
- hydrolyse de l’acétal : milieu acide aqueux (excès d’eau)

IV – Protection et déprotection du groupe carbonyle.

IV – 1 – Nécessité de la protection du carbonyle


• Exemple : On souhaite former l’organomagnésien de la bromocétone ci-dessous. Quel problème
peut se poser lors de la synthèse magnésienne ?

Br

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IV – 2 – Protection d’un carbonyle sous forme d’acétal
• L’acétal est le groupement protecteur du carbonyle le plus fréquemment utilisé, en effet :
- Il est inerte en milieu basique ou neutre
- Il est inerte vis-à-vis de RMgX, des réducteurs (LiAlH4, NaBH4), des oxydants…
- Il se déprotège facilement : H2O/H+

• Attention !!! : La protection d’un carbonyle par formation d’un acétal est inutilisable en
milieu acide aqueux !

• Conditions opératoires :
- Etape de protection : éthane-1,2-diol + APTS en quantité catalytique dans le toluène
(solvant) + utilisation d’un montage de Dean-Stark.
- Etape de déprotection : hydrolyse en milieu acide aqueux (HCl concentré par
exemple).

• Proposer une séquence de protection/réaction/déprotection pour l’exemple précédent :

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IV – 3 – Protection réciproque des diols
• La réaction d’acétalisation peut être aussi vue comme une réaction de protection des diols par un
dérivé carbonylé.
• Elle est utilisée en général pour protéger des diols 1,2 ou 1,3 car il y a alors formation d’acétals
cycliques stables à 5 ou 6 atomes.
• Le dérivé carbonylé utilisé habituellement est la propanone (ou acétone).
• Exemple :

OH OH
HO O

Propanone, APTS
HO O

H 3C-O H 3C-O

V – Application au cas du glucose

V – 1 – Le glucose et la famille des sucres


• La molécule de glucose se rencontre à l’état naturel dans de nombreux fruits ou plantes ainsi que
dans le sang humain (la glycémie est la concentration de glucose dans le sang, elle vaut 0,08% à
0,1%). Le glucose est une molécule chirale très bon marché, énantiopure à l’état naturel → elle fait
partie du « pool chiral », réserve de molécules chirales couramment utilisées en synthèse
asymétrique.
• Le glucose naturel est le D-glucose ou (2R,3S,4R5R)-2,3,4,5,6-pentahydroxyhexanal :
OH
OH OH
6
1 5 4
(R) (R) OH 5 OH
O
(S) (R) HO O
2 6 HO
3 2
1
OH OH OH

forme linéaire du glucose la même en conformation chaise

Sa formule brute est C6H12O6 ou C6(H2O)6.


• Le glucose appartient à la famille des sucres ou glucides, aussi appelés hydrates de carbone car
leur formule brute générique est Cn(H2O)n.
• Les sucres sont produits par photosynthèse dans les plantes vertes.
Pour le glucose : 6 CO2 + 6 H2O "hν"→ C6H12O6 + 6 O2
• Le glucose possède une fonction aldéhyde → c’est un aldose.
Certains sucres possèdent une fonction cétone → ce sont des cétoses.
Les sucres sont tous des polyols (ils possèdent plusieurs groupes hydroxyle –OH).
Comme la chaine carbonée du glucose contient 6 atomes de carbones, c’est un hexose.
Le glucose est donc un aldohexose.
• Le glucose possède 4 carbones asymétriques, il n’a pas de plan de symétrie donc il a 24 = 16
stéréoisomères de configuration.

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Tous les sucres naturels appartiennent à la série D en projection de Fischer. Leurs énantiomères non
naturels appartiennent à la série L.

• Projection de Fischer (HP) :


Chaque intersection représente un C, les H ne sont pas représentés. Les liaisons horizontales sont
dirigées vers l’avant, les liaisons verticales vers l’arrière.

correspond à
Pour les sucres, le groupe aldéhyde ou cétone est placé en haut, le premier carbone asymétrique, en
bas, définit la série D si –OH est à Droite et L si –OH est à gauche.
O O
H H
1 CH2-OH

2 OH HO O

O H
HO 3 OH HO

4 OH HO OH
* OH
5 OH HO 5 5 OH
CH2-OH
CH2-OH CH2-OH CH2-OH
D-glycéraldéhyde D-glucose L-glucose D-fructose
(premier aldose chiral) C5* (R) (énantiomère du D-glucose) (cétohexose)
C* (R) C5* (S) (sucre des fruits et du miel)

V – 2 – Hémiacétalisation du glucose
• Le glucose, comme les autres sucres, possède à la fois un groupe carbonyle (aldéhyde pour le
glucose) et des groupes hydroxyles → il peut se former, de façon intramoléculaire, un hémiacétal
cyclique.
La forme linéaire du glucose ne représente en solution aqueuse, à 25°C, que 0,003 % des molécules
de glucoses, toutes les autres sont cyclisées par hémiacétalisation.

• Régiosélectivité de l’hémiacétalisation :
En théorie, chacun des groupes hydroxyles pourrait s’additionner sur le carbonyle.
Pour tous les sucres, on observe la formation préférentielle des cycles à 5 ou 6 atomes.
D’une manière générale, on observe en chimie organique que la formation de cycles à 5 ou 6
atomes est prépondérante, en effet :
- Les petits cycles (n < 5) sont défavorisés par une forte tension de cycle (le cycle impose des
angles inférieurs à 109,5° au niveau des carbones) ;
- Les grands cycles (n > 7) sont défavorisés par la plus faible probabilité de rencontre des 2
extrémités réactives.
Rq : Dans un cycle à 6 atomes, la « tension de cycle » est nulle ; elle vaut environ 25 kJ.mol-1 dans
un cycle à 5 atomes. La formation d’un cycle à 6 atomes est donc favorisée thermodynamiquement.

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Nombre d’atomes dans le cycle Molécule dont le nom dérive Nom de cette forme du sucre

5 furanose
O furane

6 pyranose
O pyrane

Dans le cas du glucose, la formation du cycle à 6 atomes, le glucopyranose, est observée quasi
exclusivement. L’hémiacétalisation se fait entre l’hydroxyle en C5 et l’aldéhyde en C1, appelé
carbone anomérique.
OH OH

6 6
4 5 hémiacétalisation 4 5
O-H O
HO O
intramoléculaire HO
HO HO
2 2 OH
3 1 3 1
OH OH
forme linéaire forme cyclique
glucopyranose

• Dans le conformère chaise obtenu, les groupements hydroxyle en C2, C3 C4 et C5, sont tous en
position équatoriale → cela justifie la grande stabilité de la forme glucopyranose du glucose.
• En C1, il y a formation d’un nouveau carbone asymétrique. L’environnement du carbone 1
(carbonyle) étant plan, le –OH en C5 peut attaquer par dessus ou par dessous ce plan → 2
diastéréosisomères du glucopyranose sont formés. Ces 2 distéréoisomères sont appelés anomères.
Si l’hydroxyle –OH est axial, C1* (S) → anomère α : α-D-glycopyranose
Si l’hydroxyle –OH est équatorial, C1* (R) → anomère β : β-D-glycopyranose

OH OH

O 2 diastéréoisomères O
HO OH HO
HO HO

OH OH
anomère β anomère α OH

position équatoriale
position axiale

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• Rq : Contrairement au D-Glucose qui est quasi exclusivement sous forme de D-glucopyranose, le
D-fructose se présente en solution à 68 % sous la forme de D-fructopyranose (issu d’une
hémiacétalisation C6-C2) et à 32 % de D-fructofuranose (issu d’une hémiacétalisation C5-C2).

6 6
HO HO
OH O OH
5 OH 5
hémiacétalisation
4 2 4 2 1
3 1 3 α/β-D-fructopyranose
HO HO
O OH Majoritaire : 68 %
OH OH

D-fructose
(forme ouverte)
6
OH
OH
HO OH
5 HO O
4 2
3 1 α/β-D-fructofuranose
HO HO
hémiacétalisation OH Minoritaire : 32 %
O
OH
OH

V – 3 – Mutarotation du glucose
• Les 2 anomères α et β du glucopyranose sont diastéréoisomères, ils sont donc séparables par des
méthodes physiques. A partir d’une solution aqueuse concentrée de glucose (mélange des 2
diastéréoisomères), on peut faire cristalliser l’anomère α, le β reste en solution.
La mesure du pouvoir rotatoire spécifique à 25°C des 2 anomères donne :
"α$ = +112°.dm −1.g −1.cm 3 et "α$ = +18,7°.dm −1.g −1.cm 3
# % α # % β

La mise en solution aqueuse de cristaux d’α-D-glucopyranose donne une solution dont le pouvoir
rotatoire spécifique, mesuré dès la mise en solution est "#α$% = +112°.dm −1.g −1.cm 3 ; mais l’on
α
constate que le pouvoir rotatoire spécifique diminue au cours du temps pour se stabiliser à
"α$ = +52,7°.dm −1.g −1.cm 3
# %eq

La même observation est effectuée si l’on part de l’anomère β : le pouvoir rotatoire spécifique
augmente de "#α$% = +18,7°.dm −1.g −1.cm 3 à "#α$% = +52,7°.dm −1.g −1.cm 3 .
β eq

Ce phénomène est du à l’établissement d’un équilibre entre les 2 anomères via la forme linéaire, les
réactions d’hydrolyse de l’hémiacétal (ou rétro-hémiacétalisation) et l’hémiacétalisation étant des
réactions équilibrées.
→ La réaction d’hémiacétalisation étant équilibrée, les anomères α et β du glucose peuvent
s’interconvertir l’un l’autre en solution, c’est le phénomène de mutarotation.
• L’isomérisation qui se produit entre l’anomère α et l’anomère β résulte de l’inversion d’un seul
stéréocentre (le carbone C1*), une telle isomérisation est appelée épimérisation.
La mutarotation est une épimérisation particulière au cas des sucres, le nom fait référence à la
variation du pouvoir rotatoire.
La mutarotation a lieu en solution aqueuse et est catalysée par H+(mécanisme à savoir écrire) ou
HO- (HP).

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• La loi de Biot permet de déterminer le pourcentage de chacun des anomères du glucose :
"α$ = "α$ .x + "α$ .x car la loi de Biot est additive
# % # % α # % β
eq α β

xα et xβ sont les pourcentages à l’équilibre des 2 anomères. On a donc : 1 = xα + xβ

⎧⎪+52,7 = +112.x +18,7.x


α β
Soit le système à résoudre : ⎨
⎪⎩1 = x α + x β
On en tire : xα = 36,4 % et xβ = 63,6 %

OH OH OH
6
4 5
O OH O
HO HO O HO OH
HO HO HO
3 2
1
OH OH OH
anomère α OH forme linéaire anomère β
36,4 % 0,003 % 63,6 %

On constate que l’anomère β est majoritaire par rapport à l’anomère α. En effet, dans l’anomère β,
le groupe hydroxyle sur C1 est en position équatoriale, alors qu’il est en position axiale dans
l’anomère α → les interactions 1,3-diaxiales sont minimisées dans l’anomère β, c’est donc le plus
stable des deux.

Programme :
Activation de groupe caractéristique.
Activation électrophile du groupe carbonyle :
- Acétalisation des aldéhydes et des cétones : conditions expérimentales (APTS, appareillage
de Dean-Stark), mécanisme limite de l’acétalisation en milieu acide.
- Hémiacétalisation acido-catalysée du glucose : conditions opératoires, mécanisme limite de
l’acétalisation en milieu acide.
→ Expliquer qualitativement l’augmentation de l’électrophilie du groupe carbonyle par protonation
de celui-ci.
→ Discuter la régiosélectivité de la réaction d’hémiacétalisation du glucose.
→ Interpréter la mutarotation du glucose par le caractère renversable de l’hémiacétalisation.
Protection de groupe caractéristique.
Protection/déprotection du groupe carbonyle par un diol (conditions expérimentales, mécanisme de
l’hydrolyse acide)
→ Justifier la nécessité de protéger un groupe caractéristique dans une synthèse multi-étapes.
→ Identifier les étapes de protection et de déprotection d’un groupe carbonyle, d’un groupe
hydroxyle, d’un diol 1,2 ou 1,3 dans une synthèse multi-étapes.

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