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Facultés

des Sciences et Techniques (FaST)












Les grandes fonctions en Chimie Organique

CHM 15200














Dr Bakaï (m.bakai@univkara.net)
Année Universitaire 2022-2023
Objectif du cours :

L’apprenant doit être capable :
- d’identifier les grandes fonctions chimiques traitées.
- de détailler correctement les mécanismes réactionnels
- de représenter convenablement les intermédiaires réactionnels
- de connaître le nom des réactions spécifiques et détailler le mécanisme de ses réactions
- de trouver les produits de synthèses à partir des réactifs faisant intervenir les fonctions
chimiques étudiées


Pré-requis

Cours de Chimie Organique 1 : nomenclature des composés en chimie organique

Cours de Chimie organique 2 : stéréochimie, détermination de la configuration absolue
d’une molécule (règles de Cahn, Ingold, Prelog), effets inductifs, effets mésomères

Cours de Chimie Organique 3 : mécanismes réactionnels, convention d’écriture d’un
mécanisme réactionnel, règle de Markovnikov, règle de Zaytsev, substitution nucléophile (de
type 1 et 2), élimination (E1, E2)


























Alcools et phénols


Introduction

Un alcool est un composé organique dont l’un des atomes de carbone est lié au groupement
hydroxyle –OH (R-OH). Lorsque ce groupement hydroxyle est fixé sur un cycle benzénique,
on parle cette fois de phénol (Ar-OH).
La liaison C-O est une liaison entre un carbone hybridé sp3 et un oxygène également hybridé
sp3 (géométrie tétraédrique). Dans le cas des phénols, l’oxygène du groupement hydroxyle a
un caractère sp2 du fait de la délocalisation de ses doublets libres avec les électrons π du
cycle aromatique.
Du fait la différence d’électronégativité entre le carbone et l’oxygène, la liaison C-O est
polarisée.

Les alcools sont regroupés en trois classe, selon le nombres d’atomes de carbone liés au
carbone tétragonal portant la fonction hydroxyle :

- les alcools primaires : R CH2 OH



- les alcools secondaires : R CH OH

R


- les alcools tertiaires : R"

R C OH

R'



I- Propriétés physico-chimiques et réactivité des alcools

1- Propriétés physico-chimiques

Un alcool n’est jamais gazeux à la température ambiante. Jusqu'à C10 les alcools acycliques
sont liquides à température et pression ambiante. Au delà, les alcools sont sous forme
solides.
Le groupe hydroxyle rend la molécule d’alcool polaire du fait de la différence
d’électronégativité entre le C et le O. Ce groupement est également capable de créer des
liaisons hydrogènes avec d’autres groupements hydroxyles ou d’autres composés. Cette
capacité à créer des liaisons hydrogènes expliquent la solubilité des alcools dans l’eau et
dans d’autres solvants organiques. Cependant, les alcools seront d’autant plus solubles que
la chaîne carbonée sera courte.
Les alcools légers sont miscibles dans l’eau et dans bon nombre de solvants organiques.
Les points d’ébullition des alcools sont plus élevés que ceux des alcanes correspondants et
de la plupart des autres composés ayant le même nombre d’atomes de carbone, toujours en
raison de sa capacité à créer des liaisons hydrogène.
CH3-CH3 : -88°C ; CH3-CH2Cl : 13°C ; CH3-CH=O : 21°C ; CH3-CH2OH : 78°C
Les alcools sont de bons solvants protiques.

2- Réactivité des alcools

Parmi les fonctions chimiques monovalentes, la fonction alcool est celle qui présente la
réactivité la plus variée.

a- Acidité et basicité

Les alcools sont des composés amphotères, à la fois acide et base faible.

Les alcools sont des acides faibles au sens de Brönsted.


R OH + H 2O RO + H3O


La polarisation de la liaison O-H prédispose la liaison à une rupture hétérolytique en solvant
polaire. Cette caractéristique est à l’origine des propriétés acides des alcools et phénols. La
base conjuguée RO- est appelée alcoolate ou alkoxyde. L’acidité dépend de la classe de
l’alcool :
Alcool primaire > alcool secondaire > alcool tertiaire
La raison de cet ordre croissant est dû à la gêne stérique vis-à-vis de la solvatation et de la
formation de liaisons hydrogènes avec l’alcoolate.

Le phénol est plus acide que l’alcool car sa base conjuguée est stabilisée par effet
mésomère.

Les alcools sont également des bases faibles du fait de la présence de doublets non liants sur
l’atome d’oxygène.

H
R O
R O H + H+
H

Il est nécessaire d’utiliser un acide fort pour protonner le groupe –OH. L’acide conjugué
formé est un ion alkyloxonium.



b- Nucléophile et électrophile

L’existence de deux doublets non liants sur l’atome d’oxygène, en plus de conférer un
caractère basique, donne une propriété nucléophile au groupement OH qui peut effectuer
des attaques nucléophiles.
La polarisation le la liaison C-O fait que l’atome de carbone est un centre destiné à subir des
substitutions nucléophiles.

II- Réactions propres aux alcools

1- Substitution nucléophile par les alcools et alcoolates

a- Réaction avec les hydracides

Les alcools primaires réagissent avec les hydracides (ou halogénures d’hydrogène), en milieu
acide, pour former des dérivés halogénés.
Avec les hydracides HBr et HI, une réaction de substitution nucléophile de type SN2 a lieu
avec formation de dérivés halogénés et d’eau.

H

CH 3 CH2 OH + H Br CH 3 CH2 O CH 3 CH2 Br

H
+ HOH
Br


Avec les alcools secondaires et tertiaires, le mécanisme est de type SN1 avec formation d’un
carbocation.

H Br
R OH + H Br R O R + HOH R Br + HOH
H

NB : on peut observer des migrations d’hydrure ou de groupement alkyle et donc des
réarrangements de carbocations lors du mécanisme de type SN1.

b- Action des agents chlorurants et bromurants

Un autre moyen d’obtenir des dérivés halogénés avec un meilleur rendement et en évitant
certains réarrangement de carbocations avec les alcools primaires secondaires est d’utiliser
des composés tels que PCl5, PBr3, SOCl2. Ces réactifs réagissent tous de la même façon : ils
convertissent l’alcool en un intermédiaire ayant un bon groupe partant qui peut être
facilement substitué par un ion halogénure.

3 R OH + PBr 3 3 R Br + H3PO3


Dans le cas où le chlorure de thionyle est utilisé, la fonction –OH est transformée et
chlorosulfite qui peut facilement être substitué par Cl-. Dans ces réactions, une amine
tertiaire telle que la pyridine est généralement utilisée comme solvant car elle capte HCl et,
de plus, comme elle est faiblement nucléophile, elle ne peut pas substituer le chlorosulfite.

c- Tosylation des alcools

Outre sa transformation en halogénure d’alkyle, une autre voie permettant l’activation de la
fonction alcool afin la rendre plus réactive vis-à-vis des réactions de substitutions
nucléophiles est la conversion en tosylate (ester de sulfonate d’alkyle).

O O

R OH + Cl S R' R O S R' + HCl

O O

Plusieurs chlorures de sulfonyle sont disponibles pour activer le groupe –OH mais le plus
répandu est le chlorure de para-toluène sulfonyle encore appelé chlorure de tosyle.

O

Cl S CH 3

O
p-chlorure de tosyle


Après réaction avec un alcool, on obtient un tosylate d’alkyle sur lequel peut avoir lieu une
réaction de substitution nucléophile.

O


Nu R CH2 O S CH 3 +
R CH2 Nu

O O

O S CH 3

O


Le mécanisme suivi est généralement de type SN2 avec une inversion de configuration.

d- Réactions d’estérification

La réaction d’estérification résulte de l’action d’un alcool sur un acide carboxylique en milieu
acide sulfurique.

O O

R C + R' OH R C + H 2O

OH OR'


Le mécanisme de la réaction dépend de la classe d’alcool. Avec les alcools primaires et
secondaires on a la protonation du carbonyle alors qu’avec un alcool tertiaire il se forme un
carbocation qui réagit sur le carbonyle de l’acide.

e- Déshydratation intramoléculaire des alcools

Les alcools peuvent réagir avec les acides sulfuriques ou phosphoriques concentrés et à
chaud pour subir une déshydratation. Cette déshydratation peut être intramoléculaire pour
donner des alcènes selon une élimination de type E1 ou E2 en fonction de la classe d’alcool.
On a un mécanisme de type E1 avec les alcools secondaires et tertiaires, tandis qu’on a
plutôt une E2 avec les alcools primaires.
CH 3 CH2
H 2SO 4 concentré
H 3C C OH C + H 2O
85°C
H 3C CH 3
CH 3


Mécanisme de type E1

CH 3 O H 3C H

CH3 C O H + H O S OH CH 3 C O + HSO 4-

H 3C H
CH 3 O


H 3C H H 3C

H 3C C + H 2O
CH3 C O
H 3C
H 3C H


H

H 2C CH2

H 3C C + HSO 4 C + H 2SO 4
H 3C CH 3
H 3C

Dans le cas de l’obtention de plusieurs alcènes, celui qui est obtenu majoritairement est le
plus substitué (Zaitsev).

f- Déshydratation intermoléculaire des alcools


A des températures modérées, on peut assister à une déshydratation intermoléculaire
conduisant à un éther-oxyde selon un mécanisme de substitution nucléophile : c’est la
synthèse des éthers selon Williamson.

R OH + R' OH R O R'


g- Synthèse des éthers selon Williamson


Il s’agit d’une réaction de substitution nucléophile réalisée par un ion alcoolate sur un
halogénoalcane. Avec les alcools primaires le mécanisme est une SN2.

R OH + R' X R O R'


OH + NaOH O Na +
Cl





O
+ NaCl



2- Oxydation des alcools

Les alcools primaires et secondaires peuvent subir une oxydation tandis que les alcools
tertiaires subissent une rupture de la chaîne carbonée en présence d’oxydants.

Les oxydants les plus utilisés au laboratoire sont : MnO4-, Cr2O72-.

a- Oxydation des alcools primaires

L’oxydation des alcools primaires conduit à des aldéhydes. Ces derniers, en présence du
même oxydant, donnent à leur tour des acides carboxyliques.

oxydant oxydant
R C H R C OH
R CH2 OH

O O
Il existe une variété d’agents oxydants pouvant oxyder les alcools primaires en aldéhydes
sans passer à la deuxième étape d’oxydation des aldéhydes en acides. Parmi ces oxydants on
peut citer le PCC (chlorochromate de pyridinium) et le PDC (dichromate de pyridinium).


b- Oxydation des alcools secondaires

Les alcools secondaires seront oxydés en cétone.

R
oxydant
CH OH R C R'

R'
O


c- Oxydation des alcools tertiaires

Les alcools tertiaires ne s’oxydent pas directement car ils ne contiennent pas d’hydrogènes
sur le carbone fonctionnel. Mais, comme ils ont une grande facilité de déshydratation,
perdent une molécule d’eau et donnent un alcène qui peut être oxydé de façon normale
avec coupure de la double liaison.

OH O

- H 2O oxydant
CH3 CH O + CH3 C CH 3
CH3 CH2 C CH 3 CH3 CH C CH 3

CH 3 CH 3

CH3 COOH


III- Réactions propres aux phénols

1- Substitution électrophile sur le noyau aromatique

Le groupe –OH est un donneur d’électrons par effet +M. Il va donc orienter la substitution
sur le noyau aromatique en ortho et para.

OH
OH OH

E
E
+




E

2- Estérification

Le phénolate réagit avec le gaz carbonique à chaud et sous pression pour conduire, après
hydrolyse acide, à la formation de l’acide salicylique par une réaction de condensation.

O O O
O
OH O

O C
O C
C
H
O


O





OH O

C
OH




L’estérification de l’acide salicylique avec l’acide acétique donne l’acide acétyl salicylique ou
encore aspirine.

O

C
OH O
O CH 3

C
OH
COOH

+ CH 3COOH



3- Oxydation des phénols

Le phénol s’oxyde en présence de bichromate pour donner la para-benzoquinone.

OH O


Cr2O72-




IV- Préparation des alcools

Les alcools existent parfois à l’état naturel dans certaines essences végétales. Le méthanol,
très toxique est synthétisé de manière industrielle à partir de monoxyde de carbone.
L’éthanol est obtenu à partir de la fermentation des sucres en présence de levure.
Les méthodes de préparation des autres alcools sont nombreuses mais nous n’aborderons
ici que les plus importantes.

1- A partir d’un alcène

L’hydratation des alcènes en présence d’acide sulfurique conduit à la création d’une fonction
alcool. Compte tenu de la règle de Markovnikov, seul l’éthylène conduit à un alcool primaire,
les autres alcènes ne peuvent fournir, selon leur structure, que des alcools secondaires et
tertiaires.


C C
H 2O
C CH

OH


2- A partir d’un dérivé halogéné

En présence de soude, les dérivés halogénés subissent une réaction de substitution
nucléophile conduisant à un alcool.

R X + OH- R OH + X-

Les dérivés halogénés peuvent être convertis en organomagnésiens qui réagiront avec les
dérivés carbonylés pour donner un alcool avec création d’une nouvelle liaison C-C
O
OMgX OH
δ +
δ − δ −
δ +

R X + Mg R Mg X + H C R CH2 R CH2

H

3- A partir des aldéhydes et cétones

La réduction de la double liaison C=O des aldéhydes et cétones (hydrogénation catalytique)
conduit, sans modification du squelette, à des alcools respectivement primaires et
secondaires.


C O CH OH



L’agent de cette réduction peut être l’hydrogène en présence d’un catalyseur comme le
Nickel Raney (alliage de Ni et Al mis en place par l’ingénieur américain Murray Raney). La
réduction peut également se faire en présence d’hydrure métallique tel que LiAlH4.

O
Ni Raney
+ H2 R CH2OH
R CH


O
Ni Raney
R'
+ H 2

R C R' R CHOH



V- Préparation des phénols

Les phénols sont principalement obtenus par désamination d’un sel de diazonium en milieu
aqueux.

NH 2
N N OH

NaNO 2 H 2O
HCl Δ

























Aldéhydes et cétones


Introduction

Les aldéhydes et cétones sont des composés organiques renfermant au sein de la molécule
le groupement carbonyle -C=O. Si le groupe carbonyle est lié à un atome d’hydrogène, alors
on a un aldéhyde. Si le groupement carbonyle est lié à deux atomes de carbone nous
sommes en présence d’une cétone.
Le groupement carbonyle est de géométrie plane. Il comprend une liaison sigma entre le
carbone hybridé sp2 et l’atome d’oxygène ainsi qu’un recouvrement latéral des deux
orbitales p des deux atomes formant ainsi la liaison pi. La fonction carbonyle est polarisée :
le carbone est électrophile et peut subir l’attaque de plusieurs nucléophiles.
Le groupement carbonyle existe partout dans la nature, aussi bien dans le règne animal que
végétal (protéine, acides nucléiques, carbohydrates). Les aldéhydes et cétones sont souvent
utilisés comme des solvants et des substrats pour la synthèse d’autres produits.

I- Propriétés physico-chimiques et réactivité des aldéhydes et cétones

1- Propriétés physico-chimiques

A l’exception du formaldéhyde H-CH=O qui est gazeux, tous les autres aldéhydes et cétones
sont liquides à température ambiante, ou solides si leur poids moléculaire est élevé. Les
aldéhydes et cétones de faibles poids moléculaire sont solubles dans l’eau ; à partir d’une
chaîne carbonée à 5 carbones cette solubilité est à peu près nulle. La polarisation de la
fonction carbonyle rend les points d’ébullition des aldéhydes et cétones plus élevés que ceux
des hydrocarbures de masse moléculaire comparable.

2- Réactivité

Les principaux caractères structuraux déterminant la réactivité des aldéhydes et cétones
sont :
-l’existence d’une liaison π entre C et O
-la présence de deux doublets libres sur l’oxygène
-la polarisation du groupe carbonyle

δ+ δ−
C O nucléophile
électrophile


Les aldéhydes et cétones présentent trois sites réactionnels :

O attaque par les électrophiles


C attaque par les nucléophiles
carbone en α C

H R

proton acide
II- Réactions d’additions nucléophiles

Une des réactions les plus importantes pouvant se faire sur le carbonyle est l’addition
nucléophile. Le carbone du carbonyle qui était hybridé sp2 se transforme le plus souvent en
carbone tétraédrique.

1- Hydrogénation catalytique

La réduction des aldéhydes et cétones simples peut être effectuée par l’hydrogène en
présence d’un catalyseur tel que le platine, palladium ou ruthénium : il s’agit d’une
hydrogénation catalytique. Des alcools sont ainsi obtenus, primaires pour les aldéhydes,
secondaires pour les cétones.

R R H
Pd
C
C O + H2

R' OH
R'


La réduction catalytique des aldéhydes et cétones en alcool présente un grand inconvénient
lorsque la molécule contient des doubles ou triples liaisons carbone-carbone car elles sont
réduites avant la fonction carbonyle. On préfère donc la réduction par hydrure métallique.

2- Addition d’hydrure métallique

L’addition d’hydrure métallique tels que LiAlH4 (aluminohydrure de lithium) ou NaBH4
(borohydrure de sodium) sur la fonction carbonyle réduit celle-ci en alcool.

H H
R
H 2O
LiAlH3+ H- + C O C O C OH + OH-

R'



3- Addition d’eau

La plupart des composés carbonylés sont capables d’additionner une molécule d’eau pour
former un diol géminé. La réaction est réversible.
R R OH
δ+ δ−
H OH + C O C
R' OH
R'

Dans la plupart des cas, le diol géminé formé est instable et l’équilibre est fortement déplacé
vers la gauche (lorsqu’ils prennent naissance dans une réaction, ils ont tendance à
rapidement se décomposer en aldéhyde et eau). L’hydratation peut s’effectuer soit par
catalyse acide, soit par catalyse basique.

4- Addition d’alcool

Les aldéhydes et cétones réagissent avec les alcools, à chaud et en milieu acide, pour former
d’abord les hémiacétals puis, des acétals. Ce sont des réactions réversibles dont la catalyse
acide augmente leur vitesse.

R OR" OR"
R"OH dans HCl R"OH dans HCl
C O R C R' R C R'

R'
OH OR"


Les acétals sont utilisés comme protecteurs de la fonction carbonyle des aldéhydes et
cétones. Cette protection permet au chimiste de poursuivre sa synthèse avec des réactifs qui
auraient pu agir de manière non désirée sur cette fonction carbonyle. Dans ce cas, on utilise
généralement un dialcool tel que l’éthylène glycol.

O
O
HO OH
C H
C
HCl

H O


La déprotection de la fonction se fait par simple hydrolyse des acétals qui est relativement
facile par agitation en présence d’un acide dilué dans un large excès d’eau.

H 3CO OCH3 O



H , excès H 2O
+ 2 CH 3OH




Les aldéhydes forment plus facilement les acétals que les cétones. En effet, les cétones
réagissent assez difficilement avec les alcools pour des raisons d’encombrement stérique et
électronique. Ainsi, on peut protéger sélectivement la fonction aldéhyde en présence d’une
fonction cétone.


5- Addition de RSH et SH2

Les analogues soufrés de l’eau et des alcools s’additionnent également sur la fonction
carbonyle selon des mécanismes similaires.
L’addition de SH2 sur un aldéhyde ou une cétone conduit à la formation de gem-thiols.

R SH
C O + 2 SH2
H
C + H 2O

SH
R'
gem-thiol


Les thiols, RSH, réagissent plus facilement avec les aldéhydes et cétones que les alcools car
les thiols sont plus nucléophiles que les alcools. Il se forme un hémithioacétal (ou
hémimercaptal) puis un thioacétal.

R SR" SR"
R"SHl R"SH H 2, Ni
C O R C R' R C R' CH2 + 2 RSH
R'
OH SR"


L’hydrolyse des thioacétals peut conduire à la formation des alcanes.
En présence de sels de mercure, les thioacétals s’hydrolysent pour donner le composé
carbonylé correspondant.

S
H
+ HgCl2 O
H 2O
S




6- Addition de l’acide cyanhydrique

Tous les aldéhydes et certaines cétones peuvent additionner une molécule d’acide
cyanhydrique (ou cyanure d’hydrogène) pour former les cyanhydrines correspondantes. Il
est à noter que l’acide cyanhidrique est toxique et soluble dans l’eau.


H C N + H 2O H 3O + C N


R C N C N
C N H 3O
C O R C O R C OH + H 2O

R'
R' R'

Les cyanhydrines possèdent deux fonctions, une fonction alcool et une fonction nitrile, qui
font qu’elles sont très réactives et constituent des intermédiaires réactionnels intéressants
pour l’obtention de divers types de composés.
La réaction de l’acide cyanhydrique avec les aldéhydes aromatiques conduit à des benzoïnes.
La réaction se fait en milieu basique et l’acide cyanhydrique joue le rôle de catalyseur.

H CN CN

C
CN
CH C

O
O OH


CN
O CN O
C +
C C C
H
OH OH H





OH CN OH

C C C C

O H O H



7- Addition des dérivés azotés

L’ammoniac, les amines primaires, l’hydroxylamine, les hydrazines sont tous des composés
nucléophiles réagissant avec les aldéhydes et cétones. Ils s’additionnent sur le groupe
carbonyle pour former un adduit, instable, qui élimine une molécule d’eau. Il s’agit donc de
réactions d’additions-éliminations : il se forme un composé dans lequel l’oxygène du
composé carbonylé est remplacé par un azote lié à différents groupements selon le réactif
azoté de départ.

R R NH 2 R"
R NHR"

C O + R" NH 2 C C
R' O
R' R' OH

H

R N R" R
- H 2O R"
C
C N
R' OH R'





a- Synthèse des imines ou bases de Schiffs

Les amines primaires forment avec les aldéhydes, et plus difficilement avec les cétones, des
imines.
R R NHR"
R
- H 2O R"
O + C
C R" NH 2 C N + H 2O
R' R' OH
R'

Exemple

H H

C N CH 3
C O + CH2 NH 2




b- L’hydroxylamine

L’hydroxylamine, NH2-OH, réagit avec les aldéhydes et cétones pour former des oximes par
une réaction d’addition-élimination.

R
R
C O + NH 2 OH C N OH + H 2O

R' R'


Exemple :

H 3C
H 3C
C O + NH 2 OH C N OH + H 2O

H 3C
H 3C
oxime de la propanone



c- Les hydrazines

L’hydrate d’hydrazine, NH2-NH2.H2O, est un composé toxique commerciale, base forte, qui
réagit vivement avec les aldéhydes et cétones pour donner une hydrazone par une réaction
d’addition-élimination.

R
R
- H 2O
NH NH , H O
C O + 2 2 2
C N NH 2 + 2 H 2O

R' R'

Les arylhydrazines, comme la 2,4-dinitrophénylhydrazine, sont des composés stables et
colorés, dont les réactions avec tous les aldéhydes et cétones produisent des arylhydrazones
recristallisables et à point de fusion nets, utilisés en raison de ces propriétés pour
caractériser les composés carbonylés.

NO 2 NO 2


O2N NHNH 2 + O C O2N NHN C + H 2O




8- Action des organométalliques

a- Les organomagnésiens R-Mg-X

Les composés organomagnésiens, découverts par Grignard en 1900, sont préparés par
l’action d’un halogénure RX sur le magnésium dans un solvant comme le tétrahydrofurane
THF.






La liaison C-Mg possède un fort caractère covalent, le carbone a une charge partielle
négative dans RMgX alors qu’il en avait une positive dans l’halogénure. Il y a donc inversion
de polarité de ce carbone durant la formation de l’organomagnésien. C’est cette polarité
négative de ce carbone qui est à l’origine des réactions de ces composés organométalliques.
Ainsi, l’addition d’un organomagnésien sur le groupe carbonyle d’un aldéhyde ou d’une
cétone conduit, respectivement, à un alcool secondaire ou tertiaire après acidification. Seul
le formaldéhyde donne des alcools primaires.


HX
C O + R-Mg-X R C OH + MgX 2
H 2O



Le mécanisme de cette addition est complexe mais, par simplification, on peut l’écrire
comme suit :


THF
C O C O MgX
HX
C OH + MgX 2
H 2O
R R

R MgX


Exemple :
H 3C CH 3 CH 3
CH CH MgBr + C O
THF
CH 3 CH2 C OMgBr
HBr
3 2 CH 3 CH2 C OH
H 2O
H 3C + MgBr 2
CH 3 CH 3

b- Les organolithiens RLi

Un alcool est obtenu lorsqu’un organilithien réagit avec un aldéhyde ou une cétone : un
alcool secondaire avec les aldéhyde, un alcool tertiaire avec les cétones. Le mécanisme
précis reste inconnu mais l’équation générale est la suivante :

R1 R1 R1

H 2O, H
C O + RLi R2 C OLi R2 C OH + LiOH

R2 R R


9- Addition des ylures de phosphore : réaction de Wittig

La réaction de Wittig est très importante en chimie organique car elle permet la préparation
d’oléfines (alcènes) à partir d’aldéhydes ou de cétones aliphatiques, aromatiques, insaturés,
etc.

R
R1
Ph
R R1

C O + C P Ph C C + Ph 3P O

R R2
Ph
R R2


Le mécanisme de la réaction de Wittig débute par l’attaque de l’ylure sur le groupe
carbonyle, ce qui conduit à un système hétérocyclique intermédiaire, un oxaphosphétane
instable, résultant d’une cycloaddition 2+2 engageant les deux doublets d’électrons π de
l’ylure et du carbonyle et qui se décompose ensuite en oléfine et oxyde de
triphénylphosphine.

R
R

O C R
HX
R R1

O C
C C + (Ph) 3P O
R
Ph P C R 1
H 2O
R R2
R1 Ph R2
Ph
Ph 3P C

R2

Les oléfines produites sont le plus souvent un mélange de configuration E et Z avec
cependant une prédominance de la configuration Z.

III- Réactions dues à la labilité des hydrogènes en α du C=O

L’hydrogène porté par le carbone en α du groupement carbonyle a des propriétés
faiblement acides. Il peut être arraché par une base suffisamment forte (RO-, HO-, NH2-,
etc…) pour donner un anion énolate stabilisé par résonance. On parle d’hydrogènes labiles.
Ceci est à la base de la tautomérie céto-énolique de ces composés en milieu basique.
H O
O O O
H
OH
R CH C R'
R CH C R' R CH C R'
R CH C R' ion énolate
H

HO


Les composés carbonylés formant ainsi des énols peuvent subir des réactions de substitution
d’un hydrogène au niveau du carbone en position α par un électrophile.

1- Alkylation

L’alkylation du carbone α d’une cétone ou d’un aldéhyde s’effectue en éliminant d’abord un
proton du carbone en α avec une base forte telles que NaNH2, NaH, puis en ajoutant
l’halogénure d’alkyle approprié.

O
O O
H H
Na NH2 H H
H H
H H
H H


O
O
H H
CH 3 I H H
H
H CH 3



2- Halogénation des cétones

Quand Br2, Cl2, ou I2 sont ajoutés à une solution acide d’aldéhyde ou de cétone, une mono-
halogénation peut avoir lieu sur le carbone en α du carbonyle. Dans ces conditions, un seul
hydrogène est substitué.
X

R C C + X X R C C + X

O O



3- Réaction aux haloformes

La réaction d’halogénation en milieu basique peut être utilisée comme test caractéristique
des cétones possédant un groupe méthyle en α (RCOCH3) et de l’éthanal (HCOCH3).
L’appellation haloforme vient du fait qu’au cours de cette réaction il se forme des composés
trihalogénés du type RCOCX3.

X
NaOH NaOH
CH 3 + R C O + HCX3
R C X X R C C X


O O X O


4- Aldolisation – cétolisation

En milieu basique, le composé carbonylé (aldéhyde ou cétone) possédant un H en α peut
réagir avec lui même en absence de tout autre réactif. Il se forme alors un ion alcoolate, qui,
en présence de l’eau du milieu capte un proton avec création d’aldol lorsque deux aldéhydes
réagissent ensemble, ou cétol lorsqu’il s’agit de deux cétones qui réagissent ensemble. C’est
la réaction d’aldolisation ou cétolisation selon le cas.

H R H R H

R C C + R C C R C C C C R C C C C

O O O O O OH



Exemple

O
OH
O
NaOH
2 CH 3 CH2 C CH 3 CH2 CH CH C
H
H 2O
H
CH 3

5- Crotonisation

Une réaction secondaire accompagne l’aldolisation et cétolisation : il s’agit de la
crotonisation qui est la déshydratation de l’aldol ou cétol en milieu basique chaud. Il se
forme des aldéhydes ou cétones α,β-insaturés.

OH
O O
OH, H 2O
CH 3 CH2 CH CH C CH 3 CH2 CH C C

CH 3
H
CH 3
H


IV- Oxydation des aldéhydes

Les aldéhydes s’oxydent très facilement en présence d’oxydants forts pour donner des
acides carboxyliques.

Ox
R C OH
R C H

O O

L’utilisation d’oxydants moyens tels que Ag2O permet d’oxyder sélectivement les aldéhydes.

O O

C C
H
2 Ag O OH

THF/H O
2



Les aldéhydes peuvent être oxydés également par des oxydants spécifiques tels que la
liqueur de Fehling ou le réactif de Tollens.
Avec la liqueur de Fehling, l’ion cuivre(II) oxyde l’aldéhyde pour donner un acide
carboxylique sous forme basique COO-, et un précipité rouge brique d’oxyde de cuivre(I)
Cu2O selon l’équation d’oxydo-réduction suivante :


O O

C
+ 2 Cu2+ + 5 HO- C
+ Cu2O + 3 H2O
R H R O -



La solution de Tollens est un complexe de nitrate d’argent en solution ammoniacale et au
cours de la réaction, l’ion argent oxyde l’aldéhyde pour donner un ion carboxylate selon la
réaction d ‘oxydo-réduction suivante :

O O

C
+ 2 Ag+ + 3 HO- C
+ 2 Ag(s) + 2 H2O
R H R O -



V- Réduction des aldéhydes et cétones

En chimie organique, la réduction d’une fonction s’accompagne le plus souvent de l’addition
d’atomes d’hydrogènes (par exemple alcyne réduite en alcène puis en alcane), du retrait
d’un ou plusieurs atomes d’oxygènes (acide réduit en alcool) ou d’un autre hétéroélément.




1- Hydrogénation des aldéhydes et cétones

Pour cette réaction, on utilise généralement NaBH4 qui réduit sélectivement le groupement
carbonyle, contrairement à l’hydrogénation catalytique classique qui réduit à la fois le
groupe carbonyle et toutes les insaturations.

O OH

C C

H
4NaBH
H
H



Hydrogénation catalytique classique

O O OH

C C C
H H /Ni
2 2 H H /Ni H
H





2- Réduction de Clemmensen

La réaction de Clemmensen permet la réduction du groupe carbonyle des cétones et plus
rarement des aldéhydes, par action du zinc amalgamé et de l’acide chlorhydrique, par
chauffage.
R
Zn/Hg, HCl, Δ
R

C O CH2

R'
R'


3- Réduction de Wolff-Kishner

La réaction de Wolff-Kishner est la réduction du groupe carbonyle des aldéhydes et cétones
par chauffage de leur hydrazones, jusqu’à 200°C, en présence de bases fortes dans un alcool.
En pratique, l’hydrazone n’est pas isolée.

R R R
NH 2NH 2,H 2O KOH, Δ
C N NH 2
C O CH2

R' R' R'






4- Réaction de Cannizzaro

Cette réaction n’est possible qu’avec des aldéhydes ne possédant pas en position α un
hydrogène susceptible d’être extrait par une base car cette réaction nécessite l’action d’une
base forte.
Il s’agit d’une réaction de transfert d’un ion hydrure de leur groupe CHO vers une molécule
identique. Le résultat est la formation de l’acide correspondant à l’oxydation de l’aldéhyde
et de l’alcool qui serait formé par réduction de cet aldéhyde. L’ensemble de la réaction
correspond à une dismutation.

O
O
OH
C
C
H
O Na +
C
2
+ HO Na
H
H



VI- Préparation des aldéhydes et cétones

1- Aldéhydes et cétones

a- Oxydation des alcools


Cu, 300°C
CH OH C O



b- Oxydation des alcènes

KMnO 4 conc Δ
C C C O
ou O3 / H 2O, Zn



c- Réduction d’un acide par MnO à chaud

O O O

R C OH + R C OH R C R + CO2 + H 2O


2- Aldéhydes

a- Réduction des chlorures d’acide

O O
H 2, Pd / BaSO 4

R C Cl R C H
b- Formylation de Gatterman-Koch

AlCl3
O

Zn + HCl + CO Zn C
CuCI
H



3- Cétones

a- Action d’organomagnésien sur un nitrile

R'MgX H 2O
R C
H 2O
R C N R C N MgX NH R C O + NH 3

R' R' R'

b- Action d’organolithien sur un acide

O OLi

2 R'Li H 3O+
R C OH R C OLi R C O

R' R'


c- Hydratation d’un alcyne

H 2O / Hg 2+
R C C R' R C CH R'


OH


















Acides carboxyliques


Introduction

Les acides carboxyliques sont caractérisés par la présence dans leur structure du groupe
carboxyle (-COOH). Ils peuvent jusqu’à certain point, être considérés comme des dérivés
carbonylés hydroxylés car leurs propriétés chimiques relèvent parfois tant de celles des
cétones que celles des alcools.
Les acides carboxyliques sont donc à la fois acides et basiques. En effet, l’hydrogène du OH
et même tout le groupe OH peut être remplacé par d’autres substituants, tandis que le
groupe C=O est sensible à une attaque nucléophile, mais le groupe carbonyle des acides
présente des propriétés chimiques propres et particulières à cause de la proximité du
groupe hydroxyle.

I- Propriétés physico-chimiques et réactivité des acides carboxyliques

1- Propriétés physico-chimiques

Les acides organiques possèdent une fonction polaire et hydrophile : les acides de faible
poids moléculaires sont solubles dans l’eau. La solubilité dans l’eau diminue au fur et à
mesure que la chaîne alkyle, hydrophobe, grandit.
Les points d’ébullition des acides sont beaucoup plus élevés que ceux des alcools, cétones et
aldéhydes ayant des masses moléculaires similaires.

CH3COOH (°C ébull : 118°C) ; CH3CH2CH2OH (°C ébull : 97°C) ; CH3CH2CHO (°C ébull : 49°C)

Cette température élevée résulte de la capacité de former des ponts hydrogènes qui font
que les acides ont tendance à s’associer en dimères dans la phase liquide et solide. Cela
nécessite plus d’énergie pour bouillir.
Les acides contenant plus de 8 atomes de carbones sont généralement solides sauf s’ils
contiennent des doubles liaisons.
Les acides carboxyliques sont des acides faibles (comparés aux autres acides), partiellement
dissociés dans l’eau. L’acidité de la fonction carboxyle est liée à la résonance de l’anion
formé par ionisation.

2- Réactivité

Le groupement fonctionnel des acides carboxyliques réunit à la fois le groupe –OH et le
groupe C=O. Cependant, la réactivité des acides carboxyliques n’est pas la somme de celle
des alcools et cétones.

a- Acidité et basicité

De même que les alcools, les acides carboxyliques sont à la fois acides et basiques : la
déprotonation aboutissant aux ions carboxylates est relativement aisée. La protonation, en
revanche, est plus difficile.
Dans le groupe –OH, l’hydrogène est moins labile que dans les alcools. Les acides
carboxyliques sont donc des acides faibles (par rapport aux acides dits forts tels que HCl,
HNO3) qui peuvent se dissocier et former l’ion carboxylate RCOO- (qui sont stabilisés par
résonance).

O O

R C + R C +
H 2O H 3O

O H O




Les acides carboxyliques peuvent avoir un comportement basique en fixant un H+, mais cette
basicité est très faible et ne se manifeste qu’en présence d’acides très forts. La protonation
se fait préférentiellement sur l’oxygène du carbonyle.

O OH

R C + H R C
OH OH


b- Substitution au niveau du carbone carboxylique

Les acides carboxyliques ont une réactivité proche des aldéhydes et cétones mais, le carbone
fonctionnel des acides est moins électrophile que celui des aldéhydes et cétones.
Le carbone du carbonyle peut être attaqué par un nucléophile, tandis que l’oxygène peut
accepter des réactifs électrophiles. Toutefois, après le processus d’addition, le OH
carboxylique peut être converti en un groupe partant. L’éjection du groupement –OH
correspond à une réaction de substitution qui est le résultat de la succession de deux
étapes : une addition suivi d’une élimination. L’intermédiaire obtenu après l’attaque
nucléophile peut se décomposer en éliminant le groupe hydroxyle.

O O
O

+ Nu R C OH R C Nu + OH
R C OH

Nu


Cette réaction peut être catalysée par une base ou un acide.

-Addition-élimination catalysée par une base

Nu H + B Nu + BH


O O
O

R C OH R C Nu + OH
R C OH2 + Nu

Nu
-Addition-élimination catalysée par un acide

O O
H

+
R C OH + H
R C OH


H H H H
O O O O
H

R C OH + NuH R C OH R C O R C Nu

Nu H Nu
H
+ H 2O

H
O O

R C Nu R C Nu + H+


On préfère effectuer les réactions d’addition-élimination par catalyse acide. En effet, les
nucléophiles sont souvent des bases qui vont plus facilement arracher le proton
carboxylique pour former des carboxylate (idem avec simplement une base).

II- Formation des dérivés d’acides carboxyliques

1- Les halogénures d’acyles ou d’alcanoyle

La transformation des acides carboxyliques en halogénure d’acyle fait appel aux mêmes
réactifs que ceux qui permettent de synthétiser des halogénoalcanes à partir des alcools. On
obtient les halogénures d’acyle en remplaçant le –OH du groupe carboxyle par un meilleur
groupe partant qui sera ensuite remplacé par un halogène. La réaction se fait avec du
chlorure de thionyle SOCl2, PCl5 ou PBr3.

O
O
O
Cl S Cl
CH 3 CH2 C OH CH 3 CH2 C Cl + O S O + HCl




2- Les anhydrides carboxyliques

Les anhydrides carboxyliques dérivent formellement des acides carboxyliques. Ils peuvent
être formés par déshydratation intermoléculaire de deux molécules d’acides carboxyliques.


R C OH + HO C R R C O C R + HOH

O O O O


Cependant, les anhydrides sont obtenus plus facilement par réaction entre un halogénure
d’acide et un sel de carboxylate.



R C Cl + R C O- Na + R C O C R + NaCl

O O O O


3- Les esters

Les esters sont probablement les dérivés les plus importants des acides carboxyliques car ils
sont abondants dans la nature et ont des usages divers. Les acides carboxyliques réagissent
avec les alcools pour donner des esters qui ont pour formule générale RCOOR’. La réaction
est catalysée par un acide minéral. Cette méthode d’estérification s’appelle l’estérification
de Fischer.

O O
H 2SO 4 chaud
OH + CH 3 OH
CH3 CH2 C CH 3 CH2 C O CH 3 + H 2O


Les hydroxyacides, c’est-à-dire les acides comportant une fonction alcool peuvent donner
lieu à une estérification intramoléculaire aboutissant à des lactones (si la chaîne carbonée
est suffisamment longue pour former un cycle stable).

O
O


O
HO OH + H 2O





4- Les amides

Les amines réagissent avec les acides carboxyliques en se comportant comme des bases
pour donner des sels d’ammonium, ou comme des nucléophiles pour conduire à la
formation des amides.

O O

R C NH 2 + H 2O
R C OH + NH 3


Exemple :

O H 3C O
CH3 CH2 CH2 CH2 C + NH
150°C
CH 3 CH2 CH2 CH2 C CH 3
+ H 2O
OH H 3C N

CH 3



Les acides dicarboxyliques réagissent avec les amines pour former des imides.

O O
C C
H 2C OH NH
3 H 2C
NH + 2 H 2O
H 2C OH H 2C
C
C

O O

Les acides aminés sont des composés contenant à la fois une fonction acide carboxylique et
une fonction amine : il peut y avoir une réaction intramoléculaire avec cyclisation pour
former les lactames.

O

O

NH
NH 2 CH2 CH2 CH2 C OH + H 2O

lactame



III- Réduction des acides carboxyliques

Les groupes carboxylates peuvent être attaqués par des nucléophiles puissants tels que les
organolithiens et l’hydrure de lithium. Ces réactions conduisent respectivement en la
réduction des acides carboxyliques et cétones et en alcools.

1- Les organolithiens

L’attaque nucléophile sur le groupe carbonyle est difficile mais avec les nucléophiles
puissants on obtient un intermédiaire dianion d’un gem diol qui donne par hydrolyse, un diol
géminé qui se déshydrate immédiatement pour fournir la cétone correspondante.





O O Li O

CH2 C O Li CH2 C O Li CH2 C CH 3
CH 3
CH 3LI, THF H +, H 2O

- 2 LiOH

H +, H 2O




2- Les hydrures

L’hydrure de lithium d’aluminium est un autre composé nucléophile puissant qui réduit les
acides carboxyliques en alcools.

O
1- LiAlH , THF
4

R C
+
2- H , H O
2
R CH2 OH

OH

H +, H 2 O



IV- Substitution en α de la fonction carboxyle et décarboxylation

Comme dans le cas des aldéhydes et cétones, les hydrogènes sur les carbones adjacents au
groupe carboxyle ont un caractère acide. Lors d’une attaque par une base, les acides
carboxyliques sont convertis en sels carboxyliques qui réagissent avec une deuxième mole
de base pour donner des dianions qui sont des nucléophiles puissants.






V- Synthèse des acides carboxylique

Dans l’industrie, l’acétylène est parfois utilisé pour préparer l’acide acétique par une
oxydation catalytique avec passage d’un intermédiaire acétaldéhyde.

1- Oxydation des alcènes

Les alcènes, en présence d’un oxydant fort tels que KMnO4 ou K2Cr2O7 sont transformés en
acide carboxylique.

O
H +, H 2 O

R CH CH2
KMnO 4, HO -
R C

OH
2- Oxydation des alcools primaires et des aldéhydes

Les oxydants utilisés dans cette réaction sont CrO3, KMnO4, Ag+, H2O2, HNO3.

oxydant
O
H +, H 2 O

R CH2 OH R C

OH

O
oxydant
H +, H 2 O

R C R C
O

H OH



3- Oxydation des cétones

Les cétones s’oxydent moins facilement que les aldéhydes.

O O O

H +, H 2 O

HNO 3/ Δ
R C R' R C + R' C

OH OH


4- Carboxylation des composés organométalliques

O

RMgX + CO2 RCOO MgX


H +, H 2O
R C

OH


5- Hydrolyse des nitriles

O
H 2O, Δ
R C N R C + NH 3
H + ou HO -
OH











Les amines et dérivés


Introduction

Les amines sont des dérivés de l’ammoniac (NH3) dans lequel un ou plusieurs atomes de
carbone sont directement liés à un atome d’azote.
On distingue trois classes d’amine : les amines primaires RNH2, les amines secondaires
RNHR’ et les amines tertiaires RR’NR’’.
A bien des égards, la chimie des amines est analogue à celle des alcools. Par exemple, toutes
les amines sont basiques (mais les amines primaires et secondaires peuvent aussi se
comporter comme des acides), elles forment des liaisons hydrogènes et elles jouent le rôle
de nucléophile dans les réactions de substitution. Toutefois, on assiste à certaines
différences de réactivité car l’azote est moins électronégatif que l’oxygène. Les amines
primaires et secondaires sont moins acides et forment des liaisons hydrogènes plus faibles
que les alcools.
La fonction amine est souvent présente dans la nature, au niveau des mécanismes
fondamentaux de la vie (acides aminés constitutifs des protéines, les bases azotées des
acides nucléiques ADN). Elle apporte souvent des propriétés pharmacodynamique et de
nombreuses drogues la contiennent (cocaïne, amphétamine).

I- Propriétés physico-chimiques et réactivité des amines

1- Propriétés physiques

L’atome d’azote dans les amines est quasiment hybridé sp3, ce qui lui confère une structure
quasiment tétraédrique. Un des sommets du tétraèdre est occupé par une paire d’électrons
libre ce qui confère le caractère nucléophile et basique aux amines.

N
H
CH 3
H

La méthanamine est gazeuse, les autres amines sont liquides ou solides selon leur poids
moléculaire. Les groupements –NH sont capables d’établir des liaisons hydrogènes entre eux
mais la force de ces liaisons hydrogènes est beaucoup plus faible que pour les alcools (car N
est moins électronégatif que O). De ce fait, les amines ont des températures d’ébullition plus
faibles que les alcools : CH3-CH2-OH °C ébull = 78°C alors que CH3-CH2-NH2 °C ébull = 19°C.
Leur hydrosolubilité est moindre que celle des alcools.
Les amines de faible poids moléculaire gardent des propriétés physiques très proches de
celles de l’ammoniac à savoir une grande solubilité dans l’eau et les alcools (car elles
peuvent former des liaisons hydrogènes avec le solvant) avec une odeur ammoniacale.
Les amines aromatiques sont des liquides huileux, ou des solides insolubles dans l’eau avec
une odeur désagréable.



2- Réactivité des amines

a- Acidité et basicité des amines

Tout comme les alcools, les amines sont des amphotères : elles sont à la fois acides et
basiques. Cependant, à cause de l’électronégativité plus faible de l’azote, les amines sont
des acides environs 20 fois plus faibles que les alcools. En revanche, la paire électronique
libre est plus disponible vis-à-vis de la protonation : ce sont de meilleures bases.


R N H + H O H
R N H + H 2O

H
H


La déprotonation des amines nécessite la mise en œuvre de bases extrêmement fortes tels
que les alkyllithiens.
CH 3 CH 3

CH 3CH2CH2CH2Li
CH 3 CH N CH CH 3 CH 3 CH N CH CH 3

CH 3 H CH 3
Li

Diisopropylamidure de lithium, LDA




Les amines déprotonnent l’eau de manière à former un on ammonium ainsi qu’un ion
hydroxyde. Ainsi, les amines sont plus basiques que les alcools.

H

O R N H + HO
R N H +
H H

H
H


Tout facteur, comme certains substituants ou l’hybridation, qui augmente la densité
électronique sur l’azote de l’amine augmente la basicité (groupement électrodonneur). Tout
facteur qui diminue la densité électronique de l’azote diminue la basicité des amines
(groupement électroattracteur, effets mésomères qui rendent le doublet d’électrons moins
disponible). L’encombrement stérique influence également la basicité des amines.
Ammoniac > amine primaire > amine secondaire > amine tertiaire.









II- Réactions des amines

1- Réactions des sels d’ammonium quaternaire : élimination d’Hofmann

Les amines, plus basiques que l’eau, sont de mauvais groupe partant ce qui fait qu’elles sont
peut sensible aux réactions de substitutions nucléophile. Cependant, elles peuvent
éliminées. Lors de l’élimination d’Hofmann, un sel de tétralkylammonium est converti, en
présence d’une base forte, en un alcène. En effet, les sels d’alkylammonium quaternaires
sont des espèces instables, surtout en présence de bases fortes : il se produit une réaction
d’élimination bimoléculaire qui conduit à un alcène.

CH 3 N(R) 3 H 3C CH 3

+ NR 3
H 3C C C CH 3 C C

H CH 3
H 3C CH 3

OH


Pour effectuer l’élimination d’Hofmann, on méthyle d’abord complètement l’amine avec un
excès d’iodométhane. On traite le sel obtenu par de l’oxyde d’argent pour produire
l’hydroxyde d’ammonium correspondant. Sous l’action de la chaleur, se composé se dégrade
en alcène.










2- Réaction de Mannich : alkylation d’énol par des ions imminium

La réaction de Mannich est un analogue de la réaction d’aldolisation-cétolisation vue avec
les carbonyles. Une amine réagit en général avec un aldéhyde très réactif (formaldéhyde)
pour former un ion imminium. Cet ion imminium est ensuite attaqué par un énol nucléophile
et il y a formation d’une nouvelle liaison carbone-carbone.



O
O CH 3
CH 3
HCl, CH 3CH2OH CH2N CH 3 Cl
+ CH 2 O + NH CH 3
Δ
H
La réaction débute par la formation de l’ion imminium entre l’aldéhyde plus réactif et
l’amine d’une part, et par l’énolisation de la cétone. Dès sa formation, l’énol réalise une
attaque nucléophile sur le carbone électrophile de l’iminium, et l’espèce qui en résulte se
transforme en sel de la base de Mannich à la suite d’un transfert de proton de l’oxygène
carbonylique vers le groupe amino.


3- Nitrosation des amines

Les amines réagissent avec l’acide nitreux, via une attaque nucléophile sur le cation nitrosyle
NO+. Pour générer NO+, il faut au préalable préparer de l’acide nitreux instable en faisant
réagir du nitrite de sodium avec de l’acide chlorhydrique. Dans une telle solution acide, un
équilibre s’établit et le cation nitrosyle est formé.

HCl H+
H

Na +
O N O HO N O O N O N O
- NaCl
H H 2O


Le cation nitrosyle, électrophile, est attaqué par les amines et forme un sel de N-
nitrosammonium qui sera déprotonné pour former un N-nitrosamine.

H 3C H
H 3C

NH + H 3C N N O
N O
- HCl
N N O

H 3C
CH 3 H 3C



III- Synthèse des amines

1- Synthèse par alkylation

Les amines peuvent être synthétisées par alkylation d’atomes d’azote. Une bonne part des
procédés mis en œuvre repose sur la propriété nucléophile de l’azote. Par exemple,
l’ammoniac peut réaliser une substitution nucléophile sur le bromométhane et former ainsi
la méthanamine.



NH 3 + CH 3 Br CH 3 NH 2 Br + NH 3 CH 3 NH 2

H
+ HNH 3 Br




2- Méthodes d’alkylation indirecte

a- Substitution nucléophile par l’ion cyanure

L’ion cyanure transforme les halogénoalcanes primaires et secondaires en nitriles. Ces
nitriles peuvent être réduits en amines correspondantes.

H 2, Ni raney
CH CH Br + NaCN CH CH CN CH 3 CH2 CH2NH 2
3 2
- NaBr
3 2



On remarque que cette voie de synthèse ajoute un carbone supplémentaire dans le
squelette de l’halogénoalcane de départ.



b- Substitution nucléophile par l’azoture


Pour introduire dans un halogénoalcane un groupement amino sans carbone
supplémentaire, il faut utiliser un nucléophile azoté non réactionnel après la première
alkylation. L’ion azoture N3- répond parfaitement à ces exigences : il réagit avec les
halogénoalcanes en formant des azotures d’alkyles qui sont ensuite réduits en amines
primaires par hydrogénation catalytique ou par emploi d’hydrure métallique.


Br + Na + N N N
N N N


azoture de 1-cyclopentylméthyle


LiAlH 4, (CH 3CH2)2O
H +, H 2O


NH 2


cyclopentylmethanamine



c- Synthèse de Gabriel

La synthèse de Gabriel permet de synthétiser des amines sans impliquer de réduction en
faisant intervenir du benzène 1,2-dicarboximide dont la déprotonation peut être effectuée
par une base modéré tel que l’ion carbonate. L’amine est libérée par hydrolyse acide sous
forme d’un sel d’ammonium, puis après traitement par une base, on obtient l’amine voulue.

O
O

NH
K 2CO 3, H 2O

HC CCH2Br
N K +


O
O

O

DMF, 100°C H 2SO 4, H 2O
CCH2NH 3 HSO 4-
- KBr
N CH2C CH
HC
120°C
O

O
OH

OH

O
NaOH, H 2O
HC CCH2NH 2


3- Synthèse des amines par amination réductrice

Une autre méthode de synthèse des amines primaires, secondaires ou tertiaires, est
l’amination réductrice des aldéhydes et cétones.

H 3C H 3C
CH 3
C O + CH 3 NH 2 C N + H O 2

H 3C H 3C

Réduction

H 3C
CH 3
CH NH

H 3C

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