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Introduction
Pour être clair, le présent sujet ne va aborder que les notions de génétique concernant les canaris
couleurs mélaniques classiques (ne sont donc pas concernées les mutations dites « nouvelles
couleurs »). L’étude génétique ne concernera que leur caractéristique principale qu’est la
pigmentation foncée. En conséquence il ne sera pas étudié la couleur de fond de ceux-ci (jaune,
blanc ou rouge) ou leur catégorie (intensif, schimmel ou mosaïque). On pourra voir cela après.
Afin de vulgariser le sujet pour le rendre accessible à tous j’ai volontairement pris quelques libertés
avec les termes scientifiques.
Dans la série des canaris couleurs se distinguent deux grandes catégories : les canaris mélaniques
(dits « mélanines ») et les lipochromes.
Pour simplifier, disons que les lipochromes sont ceux qui ne présentent qu’une couleur de fond
(jaune, blanc, rouge, ou orange quand il n’y a pas de coloration naturelle ou artificielle) sans
aucune autre pigmentation, alors que les mélanines sont ceux qui présentent dans leur plumage une
pigmentation (des stries noires, grises ou brunes), en plus de la couleur de fond. En fait, la
pigmentation correspond à la présence de pigments (colorants) noirs ou bruns qu’on appelle
l’eumélanine (qui peut être noire ou brune) et la phaéomélanine.
Les lipochromes sont tout jaunes, tout blancs, tout oranges ou tout rouges (ou parfois mosaïques).
Ils n’ont pas de stries.
Les canaris mélaniques sont obligatoirement striés (plus ou moins). En fait la mélanine est un
pigment qui engendre une couleur sombre (noire ou brune) dans des tonalités plus ou moins
soutenues.
On aborde ici la partie la plus délicate, mais afin de ne pas s’embrouiller l’esprit nous allons
essayer de faire simple.
Les canaris ont des milliards de cellules, chacune d’entre elles comportent un noyau et à l’intérieur
de chaque noyau se trouvent des chromosomes (40 paires pour le canari).
Les chromosomes comportent des gènes transmissibles qui sont responsables des caractéristiques
génétiques physiques du canari (dont la couleur) et de celles de ses enfants.
Sur les 40 paires de chromosomes du canari, 39 sont communes au mâle et à la femelle. Seule la
40ème paire est différente. La 40ème paire concerne les chromosomes sexuels.
Et c’est sur le chromosome X que vont se trouver les gènes responsables des mélanines classiques
(attention, je ne parle pas d’autres gènes).
En conséquence, on voit donc tout de suite que la couleur mélanique des femelles dépendra des
gènes du mâle.
Chaque chromosome X du mâle (en bleu et en vert sur le schéma ci-après) peut se combiner avec
un chromosome de la femelle. S’il se combine avec le chromosome X de la femelle (en beige) on
obtiendra un jeune mâle (XX), et s’il se combine avec le chromosome Y de la femelle (en rose) on
obtiendra une jeune femelle (XY).
Jusque là je pense que tout le monde a compris. Corsons donc légèrement la chose.
Pour simplifier, disons que pour les canaris mélaniques il existe les gènes suivants et leur variante
- n+ : noir
- n : réduction du noir
- rb+ : oxydation maximale (ou facteur de brun)
- rb : réduction d’oxydation (ou réduction du brun)
qui, combinés entre eux, vont déterminer les 4 grandes familles de mélanines classiques:
Dans la même « catégorie » certains de ces gènes sont « dominants » par rapport aux autres.
Par exemple en présence de n et de n+ c’est le n+ qui l’emporte, idem pour le rb et le rb+ (c’est le rb+
qui l’emporte).
Sachant que ces gènes se trouvent sur les chromosomes X (soit du mâle, soit de la femelle) il existe
plusieurs combinaisons possibles qui permettent de déterminer l’aspect extérieur du canari (sa
couleur visible, qu’on appelle phénotype) et sa caractéristique génétique (qu’on appelle génotype).
En matière de mélanines classiques ( facteurs n+, n, rb+, rb) le génotype ne concerne que le mâle car
lui seul possède 2 chromosomes X.
S’agissant de la femelle le phénotype et le génotype sont identiques : une femelle agate est agate, et
une femelle brune est brune.
Par exemple, une femelle brune ne peut pas être porteuse d’agate, elle est brune, un point c’est tout.
Par contre pour les mâles c’est différent : un mâle « vert » (c’est-à-dire noir à fond jaune) est de
phénotype (aspect) vert, mais il peut être porteur d’agate par exemple (ce qui ne change pas son
aspect, mais il a la possibilité de transmettre le gène agate chez ses descendants). De même un mâle
brun (et donc d’aspect brun) peut être porteur d’isabelle mais il ne peut pas être porteur d’agate.
Le phénomène du crossing-over fait que certains gènes sont « interchangeables » (exemple : dernier
cas).
Un canari noir porteur d’isabelle ou noir porteur de brun et d’agate sont des canaris
génétiquement identiques, mais qui peuvent donner de multiples possibilités pour la couleur de
leurs descendants. C’est pourquoi on les appelle des « passe-partout ».
Le fait qu’un canari a, ou n’a pas, tel ou tel gène implique que ces plumes seront pigmentées de
façon différente : du noir, mais pas de brun, ou du noir et du brun, ou du brun mais pas de noir,
etc.
Maintenant que la génétique n’a plus de secret pour vous, voilà les génotypes possibles pour les
mélanines classiques (9 pour les mâles et 4 pour les femelles).
Puisque nous connaissons les génotypes possibles, par voie de conséquence il sera possible de
combiner les croisements entre les différents mâles et femelles.
Au total : 36 possibilités (9 fois 4).
S’agissant des pourcentages il suffit de comparer les résultats obtenus en croisant les gènes sachant
aussi qu’il y aura statistiquement autant de mâles que de femelles.
Mais attention !
Si, par exemple, statistiquement, sur une nichée de 4 oiseaux il y a 50% et 50% de femelles, cela ne
veut pas dire qu’il y aura obligatoirement 2 mâles et 2 femelles dans cette nichée précise. Il peut y
avoir 3 mâles et 1 femelle la 1ère nichée et 4 femelles la 2ème nichée.
Ce qu’il faut se dire c’est que si ce couple avait 1000 jeunes, il y aurait 500 mâles et 500 femelles. En
effet, les statistiques jouent sur la loi des grands nombres.
De la même façon, si statistiquement dans une nichée de 4 il peut y avoir 50% de bruns et 50%
d’isabelles, le résultat réel peut être de 3 bruns et d’un isabelle dans la 1ère nichée. Mais toujours
sur un grand nombre de jeunes pour ce couple le résultat réel approchera les 50-50%, c’est-à-dire
500 bruns et 500 isabelles, sachant qu’il y aura autant de chances d’avoir des mâles que des
femelles dans chaque couleur. Soit, statistiquement 250 mâles bruns, 250 femelles brunes, 250 mâles
isabelles et 250 femelles isabelles.
Nous allons voir les 36 croisements possibles, en accouplant chaque mâle avec les 4 femelles
possibles (noir, agate, brun et isabelle). D’où 9 tableaux présentant les résultats.
J’entends par « pur », un mâle qui présente des gènes identiques sue les deux chromosomes X. On
dit qu’il est homozygote.
Commentaire : Pas de surprises ! Tous les jeunes sont des noirs, quelle que soit la femelle utilisée.
Les mâles sont tous noirs, mais avec des génotypes différents selon la femelle utilisée.
Tableau n° 2 : Mâle noir porteur d’agate ( n+rb+/n+rb).
M AGATE
NOIR PORTEUR
NOIR 25 AGATE PUR 25 NOIR PASSE- 25 PORTEUR 25
D'AGATE
JEUNES
PARTOUT D'ISABELLE
+ +
PORTEUR +
(n rb /n rb)
+ + (n rb/n rb) +
(n rb/nrb )
+ +
(n rb/nrb)
Commentaire : Si on utilise une femelle de type noir ou brun le croisement est partiellement
autosexable. En effet, pour ces cas là, s’il y a des jeunes agates dans les nichées, ce sont
obligatoirement des femelles.
Commentaire : Si on utilise une femelle de type noir ou agate le croisement est partiellement
autosexable. En effet, pour ces cas là, s’il y a des jeunes bruns dans les nichées, ce sont
obligatoirement des femelles.
Tableau n° 4 : Mâle noir « passe-partout » ( n+rb+/nrb ou n+rb/nrb+).
+ + + + + + + + + +
(n rb /nrb ) (n rb /n rb) (n rb /nrb ) (n rb/nrb)
NOIR BRUN
PORTEUR 12,50 AGATE PUR 12,50 BRUN PUR 12,50 PORTEUR 12,50
D'AGATE D'ISABELLE
NOIR
JEUNES OBTENUS
+ + + + + + + +
(n rb /n rb) (n rb/n rb) (nrb /nrb ) (nrb /nrb)
PASSE AGATE BRUN
NOIR PASSE- 12,50 PORTEUR 12,50 PORTEUR 12,50 ISABELLE 12,50
PARTOUT D'ISABELLE D'ISABELLE
PARTOUT + +
(n rb /nrb ou
+ + + + (nrb/nrb)
+ + n rb/nrb ) (n rb/nrb) (nrb /nrb)
(n rb /nrb)
NOIR 12,50 NOIR 12,50 NOIR 12,50 NOIR 12,50
ou + + + + + + + +
(n rb /Y) (n rb /Y) (n rb /Y) (n rb /Y)
+ +
(n rb/nrb )
AGATE 12,50 AGATE 12,50 AGATE 12,50 AGATE 12,50
FEMELLES
+ + + +
(n rb/Y) (n rb/Y) (n rb/Y) (n rb/Y)
Commentaire :
Le croisement d’un mâle passe-partout est celui qui, génétiquement, offre le plus de variétés
possibles, notamment pour les jeunes femelles qui peuvent appartenir aux 4 catégories (noir, agate,
brun et isabelle).
Il génère des croisements partiellement autosexables :
- Si l’on prend la mère de type noir : tous les agates, bruns et isabelles obtenus sont des
femelles.
- Si l’on prend la mère de type agate : tous les bruns et isabelles obtenus sont des femelles
- Si l’on prend la mère de type brun : tous les agates et isabelles obtenus sont des femelles
Tableau n° 5 : Mâle agate pur ( homozygote : n+rb/n+rb).
M D'ISABELLE
+ +
+ + (n rb /nrb ou
AGATE PUR + + + (n rb/n rb) + + +
(n rb /n rb) n rb/nrb ) (n rb/nrb)
(homozygote) AGATE 50 AGATE 50 AGATE 50 AGATE 50
F
+ + + + + +
(n rb/n rb) (n rb/Y) (n rb/Y) (n rb/Y) (n rb/Y)
Commentaire : 2 croisements sont totalement autosexables : lorsque la mère est du type noir ou du
type brun. En effet, dans ces croisements tous les jeunes agates seront des femelles et tous les jeunes
noirs seront des mâles.
MALE
reproducteur AGATE
NOIR PORTEUR
25 AGATE PUR 25 NOIR PASSE- 25 PORTEUR 25
D'AGATE
PARTOUT D'ISABELLE
+ +
+
(n rb /n rb)
+ + (n rb/n rb) +
(n rb/nrb )
+ +
(n rb/nrb)
M
AGATE
AGATE NOIR PASSE- 25 PORTEUR 25 BRUN PORTEUR 25 ISABELLE 25
JEUNES
Commentaire :
2 croisements sont totalement autosexables : lorsque la mère est du type noir (les jeunes mâles sont
noirs et les femelles sont agates ou isabelles) et lorsque la mère est du type brun (les jeunes mâles
sont noirs ou bruns alors que les femelles sont agates ou isabelles).
1 croisement est partiellement autosexable : lorsque la mère est agate les jeunes isabelles sont
obligatoirement des femelles.
Tableau n° 7 : Mâle brun pur ( homozygote : nrb+/nrb+).
Commentaire : 2 croisements sont totalement autosexables : lorsque la mère est du type noir ou
agate (les jeunes mâles sont noirs et les femelles sont de type brun).
Commentaire :2 croisements sont totalement autosexables : lorsque la mère est du type noir ou
agate. 1 croisement est partiellement autosexable : quand la femelle est du type brun (les isabelles
seront obligatoirement des femelles).
Tableau n° 9 : Mâle isabelle (nrb/nrb).
Commentaire :
3 croisements sont totalement autosexables : lorsque la mère est du type noir, agate ou brun.
Evidemment lorsque la mère est isabelle tous les jeunes sont isabelles. Des parents isabelles ne
peuvent donner que des isabelles et rien d’autre.
Conclusion.
Pour ceux qui connaissent déjà la génétique toutes ces notions sont certainement acquises.
Pour ceux qui découvrent la chose, dîtes-vous bien qu’il n’y a pas lieu de paniquer. Tout s’apprend.
Si vous démarrez et que vous avez tout saisi alors chapeau ! Par contre si vous n’avez pas tout saisi,
dîtes-vous bien que vous êtes normal, et relisez tranquillement cet article depuis le début en
procédant pas à pas.
Si vous voulez vraiment y arriver, vous y arriverez, ce n’est qu’une question de temps.
Sachez que ces couleurs de base (noir, agate, brun et isabelle) se combinent obligatoirement avec
une couleur de fond (blanc, jaune ou rouge). Ces couleurs de fond obéissent également à des règles
génétiques mais moins compliquées.
Lorsque vous effectuez vos croisements il faut donc tenir compte de la couleur mélanique, de la
couleur de fond et des règles de transmission génétique des deux.
Exemple :
Un canari mâle noir pur (homozygote) à fond jaune (qu’on appelle noir-jaune, ou vert dans
l’ancienne appellation) croisé avec une femelle noir à fond blanc dominant (qu’on appelle noir-
blanc, ou bleue dans l’ancienne appellation) obéissent aux règles de transmission génétique que
vous venez d’apprendre (donc tous les jeunes seront des noirs puisque le mâle est « pur ») et aux
règles de transmission des couleurs lipochromiques. Dans le cas présent un fond blanc (dominant)
croisé avec un jaune donne 50% à fond blanc et 50% à fond jaune.
Conclusion : il y aura des noir-blanc (ou bleus) en mâles et en femelles et des noir-jaune (ou verts)
en mâles et en femelles également. Tous les mâles seront homozygotes.
Si vous n’avez pas tout compris j’ai un petit « programme », sous Excel qui vous donne les résultats
des différents croisements que nous venons de voir. Il suffit de cliquer sur le mâle et la femelle
voulus pour obtenir instantanément la couleur des jeunes, les pourcentages et un petit commentaire
pour savoir si le croisement est autosexable ou non. (copie-écran ci-dessous).
Mais là c’est de la triche …