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Rapport technique - Projet d’élèves ingénieurs n°3

ÉTUDE DE FAISABILITÉ D’UNE EXPLOITATION AGRICOLE SUR LE SITE DE


CANTERCEL

Par Raphaëlle BIATRY, Camille CHANGEON, Fatou Toure DIOP, Théo LOEILLOT, Léa
MOISAN
Organisme commanditaire : Association Sens Espace Europe
Tutrice commanditaire : Annick LOMBARDET
Tuteur Montpellier SupAgro : Laurent TÉZENAS DU MONTCEL
Année de soutenance : 2019

Présenté le : 19/12/2019
devant le jury :
Annick LOMBARDET – commanditaire - Association Sens Espace Europe
Laurent TÉZENAS DU MONTCEL– enseignant tuteur - Montpellier Supagro

1
Pour citer cet ouvrage : Raphaëlle BIATRY, Camille CHANGEON, Fatou Toure DIOP, Théo LOEILLOT, Léa
MOISAN, 2019. Étude de faisabilité d’une exploitation agricole sur le site de Cantercel. Projet d’élèves
ingénieurs n°3. Montpellier SupAgro. 64 pages

2
Avertissement

Le présent document rend compte d’un travail d’investigation et d’analyse réalisé dans le cadre d’une
activité pédagogique.
Le PEI (projet d’étudiants ingénieurs) fait partie de la formation ingénieur, il débute en fin de première
année d’école (bac+3) et se termine au cours de la deuxième année ; les étudiants concernés ne sont pas
alors spécialisés et c’est pour beaucoup d’entre eux le premier travail d’ordre professionnel.
Le temps imparti à la rédaction apparaît souvent limité eu égard à la complexité du sujet.
Au lecteur ainsi averti d’en tenir compte dans la prise en compte de cette production intellectuelle

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Résumé opérationnel

Ce rapport répond à la commande d’une étude de faisabilité d’une exploitation agricole sur le site de
Cantercel. Les activités agricoles potentiellement adaptées ainsi que leur capacité à valoriser le site en
s’intégrant aux objectifs pédagogiques, esthétiques, et d’autoconsommation du commanditaire ont été
étudiées. Pour y répondre, le potentiel agricole de Cantercel a été évalué et les activités envisageables
selon les ressources disponibles et selon les activités présentes sur le territoire ont été définies. La
complémentarité des activités agricoles réalisables a été évaluée ainsi que leur potentiel de valorisation
esthétique et pédagogique et leur intégration aux autres activités du site. À l’issue de ces démarches, un
diagnostic agricole du site ainsi qu’un scénario de valorisation des eaux de pluies a été produit, démontrant
la capacité maraîchère d’une zone de Cantercel sous certaines conditions. Un design en permaculture
associant cultures maraîchères, arbres fruitiers, plantes aromatiques et médicinales, mais aussi un
poulailler a été proposé. Ce design s’accompagne d’un scénario de mise en place. Ainsi, il a été conclu qu’il
était possible, sous certaines conditions, de s’adapter aux contraintes du site pour réaliser une activité
maraîchère s’intégrant aux objectifs du commanditaire. Cependant, il n’est pas envisageable de
développer sur le terrain une production commerciale permettant de mettre en place une exploitation à
proprement parler.

Mots clés

Évaluation de capacité agricole, Larzac, maraîchage, récupération des eaux pluviales, design en
permaculture

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Abstract

This report is in response to an order for a feasibility study for an agricultural operation on the
Cantercel site. Agricultural activities as well as their ability to enhance the site by integrating with
the educational, aesthetic and self-consumption objectives of the sponsor were studied. To respond
to this, Cantercel's agricultural potential was assessed through the potential activities according to
the resources available and to the activities present in the territory. The complementarity of feasible
agricultural activities was assessed with their potential for aesthetic and educational enhancement
and their integration with other activities on the site. At the end, an agricultural diagnosis of the site
as well as a rainwater recovery scenario has been realised, demonstrating the market gardening
capacity of a Cantercel area under conditions. A permaculture design combining market gardening,
fruit trees, aromatic and medicinal plants, but also a chicken coop was proposed. This design goes
along with an implementation scenario. Thus, it was concluded that it was possible, under conditions,
to carry out a market gardening activity that fits into the objectives of the sponsor. However, it is not
possible to develop commercial production.

Keywords

Assessment of agricultural capacity, Larzac, market gardening, recovery of rainwater, design in


permaculture

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Remerciements

Nous tenons tout d’abord à remercier notre tuteur, Laurent Tézenas du Montcel, pour son aide, son
implication et ses précieux conseils qui nous seront utiles pour la suite de notre vie professionnelle. Nous
remercions également Annick et Jean-Pierre Lombardet pour leur confiance et leur hospitalité lors des
phases de terrain où des logements ont été mis à notre disposition. Les moments passés à Cantercel ont
été très agréables en leur compagnie, nous en garderons de très bons souvenirs. Nous tenons à remercier
grandement Jean-Louis Aznar pour nous avoir accordé beaucoup de son temps pour la réalisation des tests
de sol, pour nous avoir conseillé et supervisé. Nous remercions enfin Jean-Pierre Barthès et Frédéric Rossel
pour leurs conseils ainsi que toutes autre personnes interrogées (agriculteurs, Hélène Lemoine) pour le
temps qu’ils nous ont consacré. Enfin, merci à Géraldine Aumasson et Assimine Ahamada de l’équipe PEI
pour leur accompagnement dans ce projet.

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Tables des matières
Avertissement ................................................................................................................................... 3
Résumé opérationnel ......................................................................................................................... 4
Abstract ............................................................................................................................................. 5
Remerciements .................................................................................................................................. 6
Liste des tableaux et des figures ......................................................................................................... 8
Liste des annexes ............................................................................................................................... 9
Glossaire, sigles et acronymes .......................................................................................................... 10
Introduction et contexte du projet ................................................................................................... 11
I. Un milieu caractéristique des Causses du Larzac ............................................................................ 12
1- Méthodes d’analyse du site de Cantercel ................................................................................................... 12
a. Analyse du contexte climatique avec des données météorologiques ................................ 12
b. Analyses du sol par observation directe et en laboratoire ................................................. 12
2- Un site venteux marqué par l’alternance de saisons arides et froides ....................................................... 13
3- Un découpage de la surface d’étude en six zones ...................................................................................... 14
4- Un sol au potentiel correct devant être entretenu ..................................................................................... 14
a. Un sol drainant, riche en matière organique et peu actif ................................................... 14
b. Les zones 1 et 2 accumulent les sédiments et l’eau ............................................................ 15
5- La zone 1 présente un intérêt pour une activité maraîchère ...................................................................... 16
II. Un scénario de récupération des eaux pluviales simple et adapté au terrain ................................ 16
1. Méthode de détermination d’un scénario d’irrigation adapté aux besoins des cultures ........................... 16
2. Un système modulable de récupération d’eau par cuves de stockage....................................................... 17

III. Création d’un design permaculturel articulant une activité maraîchère et un petit élevage ......... 18
1. Méthodologie d’élaboration du design permaculturel ............................................................................... 18
2. Un site à vocation d’élevage où les productions végétales peuvent être intégrées grâce aux synergies .. 19
3. Présentation du design ............................................................................................................................... 20
4. Un scénario d’une mise en place progressive ............................................................................................. 21
5. Un design qui génère des coûts et du travail.............................................................................................. 22
6. Des activités valorisant la vocation esthétique et pédagogique de Cantercel et assurant une part
d’autonomie alimentaire .................................................................................................................................... 23
Conclusion ....................................................................................................................................... 25
Références bibliographiques ............................................................................................................ 26
Annexes........................................................................................................................................... 27

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Liste des tableaux et des figures

Figure 1 Localisation de la commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries................................... 11


Figure 2 Diagramme ombrothermique estimé du site de Cantercel (à gauche) et graphique de la
pluviométrie - l’évapotranspiration (P-ETP) (à droite) ................................................................................ 13
Figure 3 Visualisation des différentes zones d’études sur photographie aérienne (source : Géoportail) .. 14
Figure 4 Toposéquences des différentes zones d’intérêt selon les transects représentés en figure 3 : zone
1 à 4 (à gauche) et zone 1 transversale (à droite) ....................................................................................... 15
Figure 5 Schéma du design de permaculture de la zone 1 de Cantercel .................................................... 21

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Liste des annexes

Annexe A Localisation de Cantercel par rapport à La-Vacquerie-Saint-Martin-De-Castries (en haut) et plan


d’aménagement du site (en bas) ................................................................................................................. 27
Annexe B Plan d'échantillonnage pour les analyses de sol ......................................................................... 28
Annexe C Protocoles utilisés pour les analyses bio-physico-chimiques des échantillons de sol prélevés sur
Cantercel...................................................................................................................................................... 45
Annexe D Tableau récapitulatif des principales caractéristiques des zones d’études ................................ 46
Annexe E Résultats et interprétation de la capacité de rétention et de l’humidité utile ........................... 47
Annexe F Résultats des calculs de réserve utile .......................................................................................... 48
Annexe G Résultats et interprétation de la teneur en matière organique des échantillons ...................... 49
Annexe H Résultats et interprétation du taux de minéralisation ............................................................... 50
Annexe I Calculs du diamètre d’un tuyau par la formule de Lechapt et Calmon (Belaud & Dorchies, 2007)
..................................................................................................................................................................... 51
Annexe J Régression linéaire des précipitations selon l’altitude des stations météorologiques lors de
l’année la plus sèche depuis 2010 (R² = 0,91) ............................................................................................. 52
Annexe K Régression linéaire des précipitations médianes selon l’altitude des stations météorologiques
(R² = 0,75) .................................................................................................................................................... 53
Annexe L Bilan hydrique des cultures en maraîchage sur une année ......................................................... 54
Annexe M Tableau présentant les avantages et inconvénients de l’installation d’une retenue collinaire 55
Annexe N Tableau des avantages et inconvénients liés à l’installation d’une cuve ................................... 56
Annexe O Profils altimétriques du positionnement de la retenue collinaire .............................................. 57
Annexe P Cartes des terrains agricoles autour de la Commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin de-Castries
(Echelle : 1/32000) ...................................................................................................................................... 58
Annexe Q Propositions d'essences pour le design en permaculture .......................................................... 61
Annexe R Estimations des coûts impliqués par l’installation de cinq poules sur la zone de production de
Cantercel...................................................................................................................................................... 62
Annexe S Liste des critères de construction d’un poulailler ....................................................................... 63

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Glossaire, sigles et acronymes

ADVA : Association De Vulgarisation Agricole


CaCO3 : Carbonate de calcium
CO2 : Dioxyde de carbone
ET0 : Évapotranspiration de référence
ETM : Évapotranspiration Maximale
ETP : Évapotranspiration Potentielle
FAO : Food and Agricultural Organizations
IDELE : Institut de l’Élevage
ITAVI : Institut Technique de l’Aviculture
Kc : Coefficient cultural
PEHD : Polyéthylène Haute Densité
PAC : Politique Agricole Commune
PAM : Plante Aromatique et Médicinale
RPG : Registre Parcellaire Graphique

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Introduction et contexte du projet
L’organisme commanditaire de ce PEI est l’association Sens Espace Europe. La philosophie de l’association
est de prôner une intégration harmonieuse des différents éléments anthropiques et naturels d’un paysage
et ainsi valoriser ces différents espaces. Aujourd’hui, le site est principalement un site expérimental
surtout tourné vers la pédagogie, avec l’accueil d’étudiants, et la formation sur les thèmes de l’éco
construction, de l’intégration paysagère ou encore des éco-matériaux. L’autre activité́ de l’organisme est
la location de gîtes. Ce site de 30 ha se situe dans la commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries
(Annexe A)à 50 km au nord-ouest de Montpellier dans le département de l’Hérault (Figure 1).

Le projet de l’association consiste à orienter son développement vers d’autres structures d’hébergements
avec la création de gîtes de séjour supplémentaires, ce qui redonnerait du dynamisme au lieu et à
l’association. L’objectif est de faire appel à plusieurs porteurs de projet qui vivraient sur place et y
développeraient une activité. L’association souhaiterait en particulier mettre en place une activité agricole
afin d’assurer l’autosuffisance et de participer à la création d’un lieu de vie. Le but du PEI est à terme de
créer une nouvelle activité agricole qui participerait à l’installation de ces porteurs de projets, à
l’alimentation des habitants du site et des gîtes. L’objectif est donc d’étudier la faisabilité d’activités
agricoles sur le site de Cantercel, ces dernières devant valoriser le site et s’intégrer aux autres activités de
l’association. Le commanditaire souhaite exclure une activité exclusive d’élevage et souhaite se focaliser
sur une activité maraîchère mais n’est pas opposée à la pâture des animaux d’éleveurs voisins et à la
présence de quelques poules.

Afin d’en évaluer la capacité agricole, la première étape a consisté à décrire de manière globale le site de
Cantercel et, en fonction de ces résultats, de caractériser différentes zones intéressantes de façon plus
approfondie. Ensuite, les facteur “eau” étant important à prendre en compte dans cette région, nous
avons cherché à établir plusieurs scénarios de récupération des eaux de pluies en fonction de différentes
modalités. Pour finir, nous avons choisi de proposer un design de permaculture qui tente d’articuler des
activités maraîchère et d’élevage tout en s’intégrant aux vocations pédagogique et esthétique et en
répondant à l’objectif d’autonomie alimentaire du site.

Figure 1 Localisation de la commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries

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I. Un milieu caractéristique des Causses du Larzac
Nous avons tout d’abord cherché à évaluer la capacité agricole potentielle du site de Cantercel. De ce fait,
nous avons étudié les spécificités climatiques et météorologiques du milieu spécifique des Causses du
Larzac ainsi que les caractéristiques pédologiques et floristiques spécifiques à notre zone d’étude.

1- Méthodes d’analyse du site de Cantercel

Les 30 hectares de terrain appartenant à l’association Sens Espace Europe sur lesquels se trouvent les
bâtiments et les zones d’études seront par la suite définis comme le site de Cantercel. Au sein de ce site,
nous avons identifié une surface d’étude que nous avons découpé en zones se distinguant chacune comme
une unité homogène d’observation. Les zones présentant un intérêt pour les cultures seront définies
comme “zones d'intérêt” ou “zones d'intérêt maraîchères”.

a. Analyse du contexte climatique avec des données météorologiques

Dans le but de caractériser le climat de la zone étudiée, ainsi que les températures et précipitations qui
leur sont associées, nous avons choisi de réaliser un diagramme ombrothermique. Les données utilisées
proviennent de l’observatoire départemental Climatologie Eau Environnement Littoral de l’Hérault pour
la station de Soumont. Pour chaque année depuis 2009, nous avons fait la moyenne mensuelle des
températures moyennes journalières, la moyenne des précipitations cumulées ainsi que de
l’évapotranspiration en plein champ. La station se situe à environ 13 km de notre lieu d’étude à vol
d’oiseau à 252 m d’altitude alors que Cantercel se trouve à presque 700 m d’altitude. Un facteur de
correction a donc été appliqué : nous avons retiré 4 degrés sur chaque température moyenne
(correspondant à une baisse de température d’un degré pour une augmentation d’altitude de 100 mètres
selon les conseils de Frédéric Rossel, hydrologue). Ensuite, pour les précipitations, les écarts-types calculés
sont très importants. Ce phénomène est dû à une grande variabilité des précipitations, certains mois
présentant à la fois de grandes sécheresses et/ou de grandes pluies en fonction des années. De plus, il faut
veiller à la pertinence des températures moyennes journalières qui ne reflètent pas les extremums d’une
journée et donc l’évapotranspiration maximale.

b. Analyses du sol par observation directe et en laboratoire

Nous avons identifié une surface d’étude que nous avons par la suite tenté de distinguer du point de vue
du sol, de l’eau, de la flore présente et des allocations potentielles. Afin d’analyser le contexte pédologique
du site, nous avons effectué une première caractérisation visuelle et utilisé Géoportail. Nous avons évalué
la capacité agricole en déterminant la capacité de rétention en eau qui représente la microporosité, le taux
de calcaire total, l’activité biologique ainsi que la teneur en matière organique du sol. Quatorze
échantillons de sol ont été prélevés à l’aide d’une tarière de 100 cm, la localisation de ces prélèvements
sont présentés en Annexe B. Nous avons analysé la texture du sol en réalisant des tests manuels (test du
copeau, du boudin, sensations au touché, marques sur les empreintes digitales). En laboratoire, nous
avons réalisé des analyses bio-physico-chimiques des échantillons, selon les protocoles qui nous étaient
fournis par l’école lors de l’UE1 du tronc commun du cursus Ingénieur Agronome (Annexe C).

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Nous nous sommes intéressés à la capacité de rétention en eau du sol et son point de flétrissement
permanent afin de calculer la réserve utile sur 30 cm de profondeur. Ensuite, nous avons estimé, par la
méthode du cylindre, la masse volumique apparente pour accéder à la densité apparente des échantillons,
mais aussi la teneur en calcaire totale et la teneur en matière organique du sol. Enfin, nous avons estimé
l’activité microbienne du sol en suivant le taux de dégagement de CO2 suivi pendant 13 jours (et non
pendant les 15 jours indiqué sur le protocole).

2- Un site venteux marqué par l’alternance de saisons arides et


froides

Le paysage est dominé́ par la garrigue, qui est une formation végétale caractérisée par des buissons et
arbustes aux feuilles persistantes et coriaces, ainsi que par quelques herbacées sur sol calcaire, en
équilibre avec des chênes verts, des chênes kermès et des pins qui peuvent fermer le milieu. Ce territoire
se situe à l’extrémité́ sud du plateau calcaire du Larzac et est relativement nivelé́ par l'érosion, avec un
réseau hydrographique encaissé et souvent temporaire. La roche mère calcaire étant très fissurée, les
pertes en eau sont importantes et le climat méditerranéen n’apporte que des pluies concentrées et peu
nombreuses, voire quasi inexistantes durant la période sèche estivale.

Figure 2 Diagramme ombrothermique estimé du site de Cantercel (à gauche) et graphique de la pluviométrie - l’évapotranspiration
(P-ETP) (à droite)

Ce diagramme (Figure 2) nous permet une observation rapide des tendances climatiques et donc des
périodes potentielles de déficits hydriques pour les cultures. La pluviométrie annuelle est de 929,7 mm
par an, ce qui est plutôt élevé, mais n’est pas homogène sur l’année. La représentation de la pluviométrie
moins l’évapotranspiration (Figure 2) nous confirme que la période de l’année où l’on pourra avoir un
déficit hydrique s’étend d’avril jusqu’à septembre avec un maximum en juillet.
Des vents soufflent presque toute l’année avec des vents forts et violents de décembre à avril, et des vents
calmes de juin à octobre. Le Cers, orienté nord-ouest y souffle les 2/3 du temps. Il est parfois sec, très
violent, mais froid en hiver et très chaud en été. Il dégage le ciel en amenant de l’air plus froid et sec
(Météo-France, 2019). Le second vent dominant provient du sud-est, il est doux et sec et apporte les pluies
violentes automnales (CPIE des Causses Méridionaux, 2009). La prise en compte de ces vents est
importante pour la mise en place d’une activité agricole car ils peuvent endommager les arbres ou les
cultures par leur force ainsi que les geler ou les brûler selon sa température.

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3- Un découpage de la surface d’étude en six zones
La surface totale de Cantercel est de 30 hectares. La majorité de cette surface est constituée de garrigue,
paysage peu propice à une activité agricole maraîchère et/ou arboricole.

Figure 3 Visualisation des différentes zones


d’études sur photographie aérienne (source :
Géoportail)

Un tableau récapitulatif des caractéristiques des six zones établies (Figure 3) se trouve en Annexe D. Les
zones 1 à 4 nous ont semblé être les plus intéressantes à étudier et à représenter. La zone 1 nous avait été
présentée comme zone potentielle de maraîchage par le commanditaire, elle possède une bonne
profondeur de sol et peu de cailloux. Les zones 2, 3 et 4 paraissent être des zones intéressantes pour
l’arboriculture et/ou de petits élevages car elles disposent d’une profondeur de sol variable en fonction
de leur position (basse ou haute), un bon enherbement mais un taux de cailloux qui peut se trouver élevé
sur les parcelles les plus hautes (3 et 4). Ce sont donc sur ces quatre zones que pourraient se concentrer
nos activités principales, affirmation que nous vérifierons plus tard avec des tests de sols plus précis.

4- Un sol au potentiel correct devant être entretenu


a. Un sol drainant, riche en matière organique et peu actif

L’analyse texturale caractérise le sol comme étant de type argile sableuse. On en déduit que le sol est
drainant, assez léger mais collant en condition humide du fait de la présence de l’argile. Les résultats
détaillés de nos analyses sont présentés en Annexe E, Annexe F, Annexe G ,Annexe H. Avec une teneur en
CaC03 inférieure à 10%, ce sol a une teneur très faible en calcaire. Nous pouvons émettre l'hypothèse qu’il
est décarbonaté mais surement calcique avec un peu de dolomite. Ceci peut sembler surprenant étant
donné que la roche mère est calcaire, mais une explication pourrait être la présence de pins et les épisodes
pluvieux extrêmes qui auraient décarbonaté le sol.
Les densités apparentes de nos échantillons sont anormalement faibles (toutes inférieures à 1). Cela peut
être expliqué par notre zone de prélèvements qui correspond à la zone racinaire. En effet les terrains étant
très enherbés, le sol prélevé est très riche en racines ce qui a pour conséquence de baisser la densité
apparente. Il est donc probable que le sol qui sera préparé pour le maraîchage ait alors une densité plus
grande.

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Le sol a une humidité utile faible c’est-à-dire une faible disponibilité de l’eau pour les plantes. Les réserves
utiles de nos sols, calculées pour une profondeur de 30cm, sont très faibles. En effet les valeurs vont de
0,8mm/cm à 0,3mm/cm, alors que la valeur moyenne d’un sol sableux est de 0,7mm/cm. Cela peut être
expliqué en partie par la part importante du sable dans la composition du sol. Cependant, ces résultats
sont à nuancer du fait des densités apparentes elles aussi anormalement faibles et qui rentrent dans le
calcul des réserves utiles. Ainsi, comme expliqué ci-dessus, les valeurs estimées de réserve utile sont donc
à interpréter comme un minimum. Néanmoins, on ne peut pas, pour l’instant, compter sur le fait que la
réserve utile sera supérieure après travail du sol. Elle restera sûrement faible du fait du caractère sableux
du sol. Il faut donc que les apports d’eau soient fréquents pour recharger la réserve utile et éviter des
pertes par drainage.
Enfin nous avons un taux de matière organique supérieur à 50 g/kg ce qui est très élevé. Cela peut
s’expliquer par la couverture herbacée importante sur les parcelles ou par une faible minéralisation. Sur
la majorité des prélèvements réalisés nous avons un taux de minéralisation faible, d’où la teneur élevée
en matière organique. Le faible taux de minéralisation peut s’expliquer par le climat froid pendant un
grande partie de l’année et par le manque d’eau en été.

b. Les zones 1 et 2 accumulent les sédiments et l’eau

Nous avons choisi de réaliser des toposéquences afin de comprendre les dynamiques pédologiques
évolutives de ces deux zones. Ces toposéquences ont été réalisées selon deux transects représentés sur la
vue aérienne (Figure 4) et reprennent les résultats des profondeurs de sol obtenus précédemment.

Figure 4 Toposéquences des différentes zones d’intérêt selon les transects représentés en figure 3 : zone 1 à 4 (à gauche) et zone 1
transversale (à droite)

En haut de toposéquence, on remarque la présence d’anciennes terrasses qui auraient été cultivées. Le
bas de la toposéquence (zones 1 et 2) correspond à une zone d’accumulation de sédiments issus de la
dégradation de la roche mère calcaire, donnant un fercisol plus profond et plus riche en éléments fins,
moins caillouteux. Cependant, la profondeur du sol en bas de la toposéquence est très hétérogène du fait
de résurgences ou au contraire de trous dans la roche mère. Enfin, cette zone est aussi une zone
d’accumulation des eaux de ruissellements et est donc plus humide.

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5- La zone 1 présente un intérêt pour une activité maraîchère
Cette étude confirme que la zone 1 est la zone au meilleur potentiel pour une activité maraîchère. En effet,
le sol est assez profond pour du maraîchage, peu carbonaté, riche en matière organique et en argile, tout
en étant allégé par le sable et les éléments grossiers. Cependant, il reste superficiel et ne présente pas une
réserve d’eau importante. Il est drainant, caillouteux, et le taux de minéralisation faible est peu propice au
maraîchage. Il faudra veiller à conserver voire améliorer sa structure en ajoutant de la fumure ou du
compost, ainsi que de l’eau. L’apport de cette dernière n’a pas été abordée en détail jusqu’ici alors qu’il
est essentiel dans ce milieu aride. En effet, les pluies seules ne sont pas suffisantes et l’irrigation est
nécessaire pour avoir un potentiel agricole non nul.

II. Un scénario de récupération des eaux pluviales simple et


adapté au terrain
Le commanditaire souhaite mettre en place une activité de maraîchage sur le site, or la disponibilité en
eau est limitante puisque les étés sont très secs et les pluies sont concentrées entre septembre et
novembre. Nous avons recherché un scénario économique et permettant de récupérer de l’eau
facilement.

1. Méthode de détermination d’un scénario d’irrigation adapté aux


besoins des cultures
Nous avons étudié les différents approvisionnements en eau possibles avec Frédéric Rossel et Jean-Pierre
Barthès, géopédologue. Une source d’eau présente en contrebas du terrain n’est pas suffisante et
nécessite trop d’aménagements onéreux pour être utilisée. Une lavogne est un chantier très conséquent
en termes d’investissement et ne répond pas aux souhaits du commanditaire d'intégrer les infrastructures
dans le paysage. Ainsi, nous avons concentré notre étude sur la mise en place d’un système de
récupération d’eau de pluies par les toits des bâtiments. En effet, ces bâtiments sont proches des zones
étudiées, les infrastructures à mettre en place sont peu coûteuses, adaptables et faciles à intégrer,
demandant peu d’entretien. Nous avons par ce fait estimé le volume d’eau pluviale récupérable.
Grâce à Géoportail, nous pouvons facilement déterminer la surface de toits disponibles pour la
récupération. Nous avons commencé par estimer la pluviométrie annuelle sur le site, situé à une altitude
de 780 m. Étant donné que nous ne disposions pas de données météorologiques pour le site de Cantercel,
nous avons réalisé sur le logiciel Regressi deux régressions linéaires entre les précipitations annuelles
mesurées à certaines stations météorologiques de l’Hérault et leur altitude. Ces données ont été
récupérées dans les annales climatologiques et hydrologiques publiées entre 2018 et 2010 par
l’Observatoire Départemental Climatologique Eau Environnement Littoral du département de l’Hérault.
Nous n’avons pas pu récupérer de données plus anciennes car elles étaient manquantes pour certaines
stations. Pour le calcul du volume d'eau de pluie récupérable, nous prenons en compte le coefficient de
perte du matériau de toiture (0,8 dans notre cas). La première régression estime la pluviométrie de l’année
la plus sèche sur les huit dernières années. On utilise la décennale la plus sèche afin de chiffrer le volume
d’eau minimum qui sera récupérable lors des années les plus sèches. La deuxième estime la pluviométrie
médiane à Cantercel sur huit ans, afin d’estimer le volume d’eau récupérable dans 50% des cas.

16
Nous avons ensuite corrélé cette quantité récupérable avec la surface possible à cultiver en maraîchage.
Pour cela, nous réalisons un bilan hydrique qui est un outil standard de programmation de l’irrigation selon
la FAO (Duchemin, 2007). Ce bilan utilise les évapotranspirations de référence (ET0) obtenues à partir des
données de l’observatoire départemental Climatologie Eau Environnement Littoral de l’Hérault pour la
décennale plus sèche, c’est-à-dire 2010. Nous multiplions ces ET0 mensuelles par un coefficient Kc
dépendant du type de couvert, du stade de développement et du type de sol et de climat. Ce Kc est
disponible selon des abaques FAO (G. Allen et al., 1998). Nous avons sélectionné celui pour les végétaux à
cycle court sans gelé, moyennant la majorité des productions maraîchères et pour un climat tempéré : Kc
= 1,1. Enfin, nous obtenons l’ETM (Évapotranspiration Maximale) par mois par mètre carré de culture.
Selon le diagramme ombrothermique, les cultures peuvent être envisagées à partir d’avril jusqu’à
septembre en condition plein air. Le mois d’avril étant réservé pour les variétés les plus précoces, le Kc a
été légèrement diminué du fait de la faible densité de couvert. En les additionnant, nous obtenons la
quantité totale d’eau annuelle par mètre carré.
En fonction de ces valeurs, nous avons adapté le scénario d’irrigation. Nous avons déterminé le diamètre
du tuyau à adopter entre les toits et les zones d'intérêts maraîchère par la formule de Lechapt et Calmon
(Annexe I). Nous avons ensuite comparé les différentes installations possibles entre elles : récupération
par des cuves ou récupération par des retenues collinaires grâce aux conseils de Frédéric Rossel et à notre
approche face aux conditions d’irrigation du terrain. Par une analyse des différentes topographies du
terrain sur Géoportail, nous avons pu scénariser au mieux le système d’irrigation en fonction de la
démarche holistique approuvée par le commanditaire qui nous permet d’envisager un premier scénario
d’irrigation pour une quantité minimale d’eau. Un système simple, économique et ne demandant pas de
contraintes de maintenance serait à privilégier.

2. Un système modulable de récupération d’eau par cuves de


stockage
Pour calculer les quantités d’eau récupérable, le total des surfaces calculé sur Géoportail est de 1275 m 2.
Le coefficient de corrélation est meilleur pour la régression avec la pluviométrie de l’année la plus sèche
depuis 2010 (Annexe J) que celle avec la valeur médiane sur 8 ans (Annexe K). Nous avons donc choisi
d’utiliser le volume d’eau récupérable calculé avec ce premier résultat. Ainsi, nous obtenons 1 129 m 3
d’eau récupérables.
Face à cela, nous avons calculé les besoins en eau des cultures maraîchères sur 1 mètre carré (Annexe L).
Nous obtenons un besoin de 1 m3 d’eau par m2 de terre cultivée. Ainsi, avec 1129 m3 d’eau récupérable,
nous pouvons cultiver au total 1 129 m2 de culture en maraîchage d’avril à septembre.
Certains paramètres comprennent des marges de sécurité concernant les calculs : nous avons réalisé les
calculs de bilan hydrique pour une décennale sèche, ainsi les résultats obtenus limitent les risques
possibles de déficit hydrique. De plus le coefficient Kc du bilan hydrique est spécifique aux cultures
maraîchères qui ont un bon recouvrement et donc maximisent les évaporations. Les quantités d’eau
récupérables supplémentaires lors d’année pluvieuse peuvent être considérables et seraient intéressantes
à stocker en prévention d’année de sècheresse.

17
Grâce à ces différents éléments, nous réalisons un scénario en fonction des objectifs du commanditaire et
du terrain. Les infrastructures de stockage type cuves et retenues collinaires sont décrites avec leurs
avantages et inconvénients en Annexe M et Annexe N. La première étape nécessaire serait l’installation
d’une cuve de récupération des toits du bureau, qui alimenterait par une pompe une cuve de stockage
reliée à la zone 1 par un tuyau PEHD, où un système de goutte à goutte et de valve serait installé pour
l’irrigation. Cette cuve de récupération en hauteur pourrait être facilement utilisée pour acheminer l’eau
vers un autre terrain. Le niveau d’eau peut être facilement contrôlé et la capacité de stockage facilement
modulée en fonction de la surface cultivée. Enfin l’emplacement à 20 m d’altitude permet de bénéficier
d’une pression gravitaire de 2 bars, suffisante pour mettre en place un système de goutte à goutte. Dans
le cas de l’installation d’une cuve, un chemin de 200 m de l’eau à partir des toits est préconisé. L’installation
d’un tuyau PEHD est très rapide et économique. Nous avons estimé le diamètre du tuyau avec un matériel
de type Polyéthylène de 2,2 cm minimum. L’installation d’une retenue collinaire serait envisageable entre
les zones 3 et 4 (Annexe O). Cette retenue bénéficierait des ruissellements du bassin versant d’une surface
de plus de 3 ha, nouvelle source d’eau considérable. Elle serait une source d’approvisionnement en eau
directe par tuyau ou arrosoir pour les plantations d’arbustes.

Ce scénario permet une mise en place rapide et efficace de l’irrigation sur la zone d’intérêt avec un système
plus économe en eau par une irrigation ciblée des cultures et par l’utilisation de cuves qui empêchent
l’évaporation de l’eau. Ce système peut donc être le plus adapté au lancement de ce projet, d’autant plus
dans un contexte où le nombre de toits disponibles pour récupérer les eaux de pluies est limité à ceux des
ateliers et des bureaux de l’association.

III. Création d’un design permaculturel articulant une activité


maraîchère et un petit élevage
Un design agricole a été déterminé en fonction du potentiel du terrain mais aussi selon les exigences du
commanditaire. Des activités de maraîchage et de cueillette de plantes aromatiques sont les premières
envisagées sur le terrain et peuvent facilement s'intégrer aux paysages. Initialement, aucune activité
d’élevage n’était désirée par le commanditaire sur Cantercel, mais en rediscutant de l’intérêt de la
présence d’animaux pour la fertilité des sols, nous sommes arrivés à définir ensemble de conditions
envisageables, notamment la présence de cinq poules. Pour le commanditaire, il est important que ces
activités se fassent au travers des principes de la permaculture pour une autonomie alimentaire au moins
partielle du site. Il n'est cependant pas attendu que cette installation se fasse rapidement.

1. Méthodologie d’élaboration du design permaculturel

Avant de mettre en place ce design, nous avons tout d’abord cherché à étudier les activités agricoles
présentes autour de Cantercel afin de comprendre les potentialités du territoire et ainsi connaître les
éventuels partenaires et intermédiaires susceptibles d’intervenir sur le projet. L’outil utilisé pour décrire
l’activité agricole est une carte recensant les activités agricoles sur un rayon de 30 km autour de la
commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin-de-Castries réalisée sur le logiciel QGIS. Les données
proviennent du RPG de 2017, qui correspondent aux parcelles traitées par les agriculteurs lors de leur
demande de la PAC ce qui ne prend pas en compte le maraîchage. En complément de notre cartographie,
certains témoignages informels d’agriculteurs du voisinage et d’Hélène Lemoine (chargée de mission

18
maraîchage et plantes aromatiques et médicinales chez ADVA, Chambre d’Agriculture de l'Hérault) ont été
utiles pour connaître les activités possibles et les problématiques rencontrées sur le territoire. Ces
entretiens ont été menés dans l’idée de réaliser une prospection en mai 2019, pour guider le projet
d’installation agricole sur Cantercel.
Pour compléter ces informations, nous avons réalisé des recherches bibliographiques sur les différentes
activités envisagées pour identifier des leviers permettant la mise en place de ces activités. Un important
travail de bibliographie a permis d’estimer le temps de travail, les coûts de mise en place et d’entretien,
mais également la production générée. En ce qui concerne les activités d’élevage, nous avons sollicité
Magali Jouven, enseignante-chercheuse à Montpellier Supagro qui nous a dirigés vers les sites de l'IDELE
et de l'ITAVI. Ces sites ne correspondant pas à des élevages à effectif très réduit, nous avons donc orienté
les recherches sur des sites pour particuliers et amateurs. Le même problème est apparu pour déterminer
les quantités de travail nécessaires au mètre carré, la production et les coûts nécessaires en intrants des
cultures. Une partie des calculs a été réalisée à partir d’une étude INRA qui analyse le fonctionnement
technico-économique d’une ferme inspirée de la permaculture et des techniques du maraîchage bio
intensif : la ferme du Bec Hellouin en Normandie. Les données de cette ferme peu mécanisée seront
comparées à celles de Cantercel.

Nous avons ensuite étudié les synergies possibles entre les différentes activités envisagées. L’exposition
au soleil ainsi qu’aux vents a été caractérisée afin de déterminer l’orientation de nos parcelles et la mise
en place d’une haie. Des essences adaptées aux conditions climatiques ainsi que leur positionnement dans
le design ont été proposées selon des critères de rusticité, de résistance à la sécheresse, d’intérêt
écologique d’usages. Une observation floristique du lieu a été faite en amont pour savoir quelles étaient
les espèces présentes et donc adaptées au milieu. Les éléments déjà présents (arbres, pierriers, chemins)
ont été recensés et intégrés dans le design. Nous avons pris en compte des principes de permaculture tels
qu’utiliser l’effet bordure, intégrer plutôt que séparer, et privilégier les petits systèmes intensifs et les
solutions lentes. Géoportail a été utilisé pour déterminer l’emplacement de nos zones de culture, calculer
la surface maraîchère envisageable et donc l’estimation des volumes horaires et des quantités
productibles. Ce design permettra à la personne souhaitant s’installer d’avoir une idée de la charge de
travail, des variétés pouvant être utilisées et des critères de priorité sur les premières années.

2. Un site à vocation d’élevage où les productions végétales peuvent


être intégrées grâce aux synergies

La carte réalisée (Annexe P) montre la dominance flagrante de l’élevage dans la région, avec une grande
surface allouée notamment aux landes et estives. Cela reflète une activité principalement pastorale et
extensive. Les autres cultures sont minoritaires, avec néanmoins la présence non négligeable de cultures
céréalières dans les zones propices et de vignes au sud. L’élevage et des céréales pourrait permettre un
approvisionnement local en paille et fumier. Pour compléter cette cartographie, nous avons souhaité
obtenir des informations sur la présence d’activités autour de Cantercel.

19
D’après nos échanges informels, les principaux obstacles à une activité maraîchère sont l’eau, un sol peu
épais avec un faible taux de minéralisation (problématiques analysées précédemment), le froid en hiver
et la sécheresse en été. En raison de l’altitude, les gels tardifs raccourcissent la saison de production
maraîchère. Ainsi, pour des cultures extérieures, il faut faire le choix de cultures résistantes au froid ou
prolonger la saison de production en protégeant les semis du gel tardif sous serre. Cette dernière peut
présenter un intérêt d’un point de vue esthétique si elle est construite par l’association, et pédagogique si
la conception est confiée à une école d’architecture, comme nous l’a suggéré notre commanditaire. Enfin,
elle permettrait de récupérer des eaux pluviales, qui servira soit à arroser des cultures attenantes, soit à
alimenter un bassin à l’intérieur qui servirait de réservoir de chaleur et d’eau pour la serre.

Des cultures de PAM, d’arbres fruitiers et arbustes sont également envisagées. Nous avons choisi de les
intégrer à la parcelle maraîchère afin de créer des synergies avec les cultures, par exemple pour l’effet
brise-vent. Le vent étant un facteur important de dessèchement des cultures, mais aussi un vecteur de
froid ou de chaleur en été. La diminution du stress climatique par l’effet brise-vent des arbres pourrait
ainsi augmenter les rendements en maraîchage de 5 à 30% (Labant, 2009) et créer un léger ombrage qui
contribuerait également à maintenir un microclimat plus humide. D’autre part, certains arbres améliorent
la fertilité du sol en fixant l’azote atmosphérique, en développant des mycorhizes, en excrétant des
exsudats racinaires, en limitant son érosion ou encore en participant à la qualité de la litière par les feuilles
mortes. Ces dernières peuvent être utilisées en paillage si l'essence y est propice. D’autres arbres,
notamment des fabacées, peuvent être utilisés en vert pour la fabrication de compost, ou même de purin.
Enfin, ils créent une niche écologique supplémentaire à proximité des cultures, abritant insectes
pollinisateurs et auxiliaires, oiseaux et autres prédateurs (Warlop F, 2017). Les plantes aromatiques
produisent des huiles essentielles pouvant avoir des vertus antibiotiques, antivirales, antifongiques ou un
effet repoussant sur certains insectes ravageurs. Associées aux plantes maraîchères, elles les protègent
efficacement contre les maladies. Enfin les PAM sont souvent très mellifères et favorables à la présence
de pollinisateurs.

Un poulailler sur le site représenterait une source de fumier pour les cultures maraîchères. La présence
d’arbres permet de diminuer la prédation des rapaces sur les poules, et contribue ainsi à leur bien-être et
à une exploration maximale du parcours. Les poules pourront également profiter d’éventuels fruits
tombés (mûres, nèfles, baies de sureaux par exemple). L’arbre pourra aussi faire office de perchoir et les
poules pourront désherber le pied de l’arbre, manger les ravageurs et fournir un engrais de qualité. Les
poules, dans un dispositif de parcours tournant offre les mêmes services aux planches de culture. Il suffit
ensuite de les enlever, d’ajouter éventuellement un peu de fumier ou de compost, d’aérer le sol à l’aide
d’une fourche bêche ou d’une grelinette avant de mettre en culture.

3. Présentation du design

Le design permaculturel proposé (Figure 5) comporte une zone de culture en maraîchage de 210 m². La
moitié du potager sera intégrée dans des systèmes de “ piège à soleil ” sous forme de U orienté sud. Ce
système permettrait de maximiser la réception lumineuse et la chaleur. Il permettra de diminuer
l’exposition au vent avec l’effet de brise-vent et jouera également un rôle de barrière aux maladies et un
abri aux auxiliaires. Les arbres les plus petits seront placés au sud, ensuite les arbustes les moins rustiques
au milieu et enfin les arbres de plus grandes tailles vers le nord. Cette disposition permettra de faire
barrière au vent dominant provenant du nord-ouest.

20
Dans la poche sera rajoutée une ligne de plantes pérennes de petite taille pour favoriser les synergies
évoquées précédemment. Ensuite, les plantes maraîchères seront placées sur des planches de 1,5 m de
large et 15 m de long. Une serre tunnel ou châssis froide est prévue, elle permettra d’anticiper la saison,
de maximiser la quantité d’eau pluviale récupérable et de protéger des planches du vent.
Un poulailler de 5 m² pourra être accolé à la serre afin de permettre un équilibre thermique entre les deux
par les temps de froid. Derrière, un parcours permanent avec des plantes aromatiques et des arbres ne
s'intégrant pas bien en haie comme le mûrier blanc ou le néflier d’Allemagne sera mis en place pour les
poules. Une liste des essences est proposée en Annexe Q.

Figure 5 Schéma du design de permaculture de la zone 1 de Cantercel

4. Un scénario d’une mise en place progressive

Avant de débuter les cultures, il est important de mettre en place le système d’irrigation présenté
précédemment afin de répondre le plus rapidement et simplement aux besoins en eau. Ensuite viendrait
l’implantation d’un ou de plusieurs “pièges à soleil” du design. Nous préconisons de commencer la ou les
première(s) année(s) avec la plantation des arbres afin de créer le microclimat et leur réserver l’eau
récupérée par les pluies jusqu’à ce que le développement racinaire se fasse. Après cela, les cultures
maraîchères pourront être démarrées dans les pièges à soleil si la personne gestionnaire souhaite
commencer à petite échelle. En attendant que les arbres poussent, il est possible de commencer à cultiver
les planches de cultures avec des espèces robustes comme des pommes de terre suivies d’haricots puis
d’engrais verts (moutarde, avoine). Après cela, l'installation de la serre sera nécessaire pour la mise en
place des cultures plus sensibles au froid.

Il existe des perspectives d’évolution de ce scénario puisque le travail a été porté sur seulement une partie
de la zone d’intérêt. L’agrandissement de la surface de travail est envisageable puisque les besoins sont
inférieurs aux quantités d’eau récupérables.

21
5. Un design qui génère des coûts et du travail

À partir de données issues de revues de jardinage (Gerbeaud, Rustica), nous obtenons une surface cultivée
de 225 m2 pour l’équivalent de la consommation de 4 personnes (Vivre Demain, 2016). Nous savons que
la consommation en fruits et légumes est de 186 kg / personne / an en 2008 selon l’INSEE (Blot, 2012).
Selon le design préconçu, nous avons une surface exploitable de 210 m2 soit l’équivalent de 3,73 personnes
par an.
Ces résultats bibliographiques restent cependant très variables en fonction du design, des conditions
climatiques, du temps de travail affecté aux surfaces et des pratiques (permacoles ou non). De plus, nous
ne savons pas si les espaces tels que les mares ou même les bâtiments de stockage sont compris. Enfin,
les consommations annuelles en fruits et légumes ne correspondent pas aux besoins nutritionnels d’une
personne mais à une quantité consommée, et sont ainsi plus facilement extrapolables à la production. Ces
données sont également relatives au poids des produits et à la consommation des habitants de Cantercel.

D’après l’étude technico-économique réalisée en 2015 sur la ferme du Bec Hellouin, la moyenne des coûts
de semences et plants a été de 4 750 € pour 1 000 m² sur les années 2013 et 2014, (K. Morel et al., 2015).
La fertilisation a été de 2 250 € et les autres charges (eau, fuel, électricité, maintenance…) de 5 500 € par
an. L’ensemble de ces coûts est égal à 12 500 € pour 1 000 m², soit 12,5 € le mètre carré. Pour une surface
de 210 m², cela reviendrait à un total de 2 625 € sur une année.
Il est important de prendre ces valeurs avec du recul car les tarifs d’achat de plantes, les variétés, les
quantités nécessaires et les fournisseurs sont spécifiques au Bec Hellouin. Nous ne connaissons pas les
détails de ces consommations mais il est possible que certaines économies soient réalisées : la fertilisation
peut être fournie par le fumier sur le site de Cantercel et l’eau ne proviendra pas du réseau. Cependant
certains investissements concernant le matériel de travail, les systèmes d’irrigation et les constructions
telles qu’une serre sont à prévoir.

Un système non motorisé requiert de la main d’oeuvre. Pour la déterminer, nous nous inspirons des
mêmes données de la Ferme du Bec Hellouin. Sur les deux années étudiées, pour 1 000 m² de planches
cultivées, le temps nécessaire fut de 2,5 heures/m² en moyenne soit 525 heures pour 210 m².
Ces calculs comprennent la production, la récolte, le lavage, la vente, le conditionnement et l’administratif
(Guégan & Léger, 2015). Ils ne sont réalisés que sur deux ans, avec un écart-type important ce qui ne
permet pas d’obtenir un résultat précis. Les surfaces étudiées correspondent aux zones les plus intensives
de la ferme sans les allées ni les abords et avec 42% des cultures sous serre. Cet ordre d’idée est cependant
intéressant pour Cantercel et peut être considéré comme un nombre d’heures minimum lors de
l’installation. Il est important de noter que la ferme du Bec Hellouin est aussi une école de Permaculture,
un centre de formations professionnelles et une unité de recherche. Ainsi les pratiques maraîchères sont
à la pointe en termes de connaissances et technicités et permettent donc d’obtenir une production
importante pour une charge de travail réduite. Enfin, le climat Normand est très différent de celui de
Cantercel, car beaucoup plus humide et à plus faible altitude ce qui ajoute un biais supplémentaire non
négligeable aux résultats de notre étude (Guégan & Léger, 2015).

22
En ce qui concerne l’arboriculture et les plantes aromatiques, le travail est très saisonné et important
surtout lors de l'installation. Ainsi, contrairement au maraîchage, le travail a lieu ponctuellement. Des
ateliers participatifs peuvent être mis en place pour les étapes de plantation, de récolte ou de taille. Des
protections contre certains ravageurs peuvent être ajoutées. Pour les coûts, seul l’achat des plants serait
à prendre en compte, ainsi qu’une modeste fertilisation. Ainsi, le coût d’implantation varie en fonction des
essences choisies et des partenaires et représente un investissement la première année.

La présence de poules est avant tout une source d’œufs frais qui répondrait en partie aux objectifs
d’autosuffisance du site. En effet, cinq poules pondeuses pourraient pondre en moyenne 95 œufs par
mois, soit 23 œufs par semaine (Vaucher, 2019). Ces estimations sont des moyennes étant donné que la
quantité d’œufs pondus dépend de l’état de santé, de l’âge de la poule et de la saison. Un poulailler peut
également fournir du fumier pour les cultures maraîchères, qui nécessitent de forts apports en azote. En
effet, une poule peut produire jusqu’à 70 kg de fientes par an. Sachant que les plumes et les fientes
récupérées sont riches en azote, minéraux et oligoéléments, le fumier issu du poulailler est donc un engrais
de qualité. Il est recommandé de ne pas utiliser plus d’1 kg de fumier de poules au mètre carré (Schmitt,
[s d]).

D’après un estimateur de coûts créé par un éleveur avicole amateur (Vaucher, 2019), on obtient les coûts
moyens d’entretien de 420 € en moyenne pour cinq poules (Annexe R). Cependant, les coûts présentés
sont des estimations qui peuvent dépendre de facteurs tels que le prix de l’alimentation ou la proportion
d’aliments qu’elles trouveront dans le parcours (comme de l’herbe, des fruits ou des insectes). Enfin, le
poulailler pourrait être construit par le commanditaire lui-même, en suivant un ensemble de critères que
nous avons recensé (Annexe S). Enfin, en termes de travail, l’entretien d’un poulailler implique un
nettoyage complet tous les 2 voire 3 mois afin de prévenir les parasites et risques de maladies. Il faut
compter entre une et deux heures maximums pour cette opération. Il y a aussi des tâches quotidiennes,
tel que le renouvellement de l’eau et le remplissage des mangeoires.

6. Des activités valorisant la vocation esthétique et pédagogique de


Cantercel et assurant une part d’autonomie alimentaire
Le design permet une part d’autonomie alimentaire, notamment dans l’optique de la construction de
nouveau gîtes et de mise en place d’une table d’hôte, qui sont des projets de notre commanditaire. Enfin,
ce design permet une autonomie pour la fertilisation des cultures puisque 3 poules suffiraient
théoriquement pour fertiliser toutes les surfaces envisagées.
Ce design correspond également aux attentes esthétiques du lieu puisque l’installation des “pièges à
soleil” dans la zone au potentiel agricole qui n’était pas exploitée permet de la mettre en valeur tout en
l’intégrant au paysage. De plus, la construction de la serre et du poulailler feront l’objet d’une réflexion
architecturale, permettant de complètement intégrer ces structures au paysage.

Le design proposé entre en adéquation avec la vocation pédagogique du lieu, et ce à plusieurs échelles. À
court et moyen termes, les plans de construction du poulailler et de la serre peuvent être proposés comme
exercice à des élèves en école d’architecture. Le design pourrait également servir de support pour les
stages en permaculture. En effet, selon la réflexion qui sera apportée, il peut être amené à évoluer ou bien
à être réalisé lors de travaux pratiques.

23
On peut également envisager des chantiers participatifs. Enfin, à long terme, l’activité maraîchère de
Cantercel pourrait servir d’espace test pour des personnes voulant s’installer en maraîchage mais qui
souhaiteraient confirmer ce choix. Il serait alors envisageable de leur confier l’entretien des cultures et le
reste de la zone non cultivée pourrait leur servir d’espace d’expérimentation.

24
Conclusion

Nous avons étudié l’implantation d’une exploitation agricole sur le site de Cantercel dans une volonté de
valoriser le territoire à travers des pratiques permacoles.

Dans un premier temps, il nous a semblé risqué d’installer une activité maraîchère sur ce site aride et rude
paraissant peu propice aux cultures. L’exposition au vent, le sol sableux et la roche mère calcaire
demandent des apports d’eau conséquents et fréquents alors que les pluies sont concentrées en automne
et en hiver. Cependant l’étude la pédologie à travers des tests de sol témoigne qu’il est riche en matière
organique et contient de l’argile. De plus, un scénario d’irrigation réalisé à partir d’un bilan hydrique
atteste que la surface des toits présents permet de récupérer une quantité d’eau importante. Ainsi, une
production maraîchère et fruitière serait envisageable afin de contribuer à une certaine autonomie
alimentaire.

Cette production est également possible grâce à un design propice à la mise en place de synergies. Ce
schéma de production peu motorisé requiert de la main d’œuvre modeste mais des frais initiaux
conséquents pour installer les activités. Notre projet ne se veut pas prescriptif, mais indicatif. Des marges
d’erreur ont été prises en compte dans nos analyses pour estimer un scénario a minima. En effet, l’objectif
est de guider l’implantation d’une activité agricole suivant une démarche holistique. La recherche de
synergies et de multiples valorisations permet d’intégrer cette production dans les activités et les valeurs
de Cantercel. Une production fruitière et maraîchère sur un terrain aussi rude, uniquement irriguée à l’eau
de pluie, présente un fort potentiel pédagogique. Elle pourrait donc se démarquer comme support de
formation sur des thèmes de permaculture et de résilience. L’appropriation d’un espace aride pourrait
également inspirer des stratégies d’adaptation au changement climatique.

25
Références bibliographiques
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coefficient (Kc).
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motorisation? Le cas d’une approche holistique inspirée par la permaculture. INRA, UMR
1048 SAD-APT, France ; 2Ferme du Bec Hellouin, France ; 3AgroParisTech, UMR 1048
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Maraîchage biologique permaculturel et performance économique.
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Rustica.fr [En ligne]. Disponible sur : < https://www.rustica.fr/articles-
jardin/b,14858.html > (Consulté le 22 novembre 2019).
Vaucher J. 2019. Budget poules : combien ça coûte ? Mes poules : astuces pour votre poulailler !.
Vivre Demain. 2016. Vivre Demain. Vivre Demain.
Warlop F., Corroyer N., Denis A., Conseil M., Fourrié L., Duha G., Buchmann C., Lafon A., Servan
G., 2017. Associer légumes et arbres fruitiers en agroforesterie : Principes, éléments
techniques et points de vigilance pour concevoir et conduire sa parcelle. Projet SMART.
40 p. Juin 2017.

26
Annexes

Annexe A Localisation de Cantercel par rapport à La-Vacquerie-Saint-Martin-De-Castries (en haut) et plan d’aménagement du site
(en bas)

27
Annexe B Plan d'échantillonnage pour les analyses de sol

28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
Annexe C Protocoles utilisés pour les analyses bio-physico-chimiques des échantillons de sol prélevés sur Cantercel

45
Surfac Position dans
Profondeur du Humidit Expositio Fonction
Zones e en la topo- Végétation Taux de cailloux
sol é n au vent possible
m2 séquence

Enherbement Plutôt élevée, Maraîchage,


1 1930 Basse de 100%, Faible 5-10% hétérogène, peut +++ -- arboriculture,
graminées atteindre 70 cm poules, PAM

Enherbement
Plutôt élevée, Arboriculture
de 100%,
2 1390 Basse Faible 5-10% hétérogène, peut ++ -- , PAM,
graminées,
atteindre 70 cm élevage
arbustes
Enherbement
Moyennement
de 100%,
3 1130 Moyenne Faible 10% profond, peut ++ -- Élevage
arbustes &
atteindre 40 cm
arbres
Enherbement
Hétérogène, peut Peu profond,
de 90%, Élevage,
4 7250 Haute monter jusqu'à maximum de 30 - +
arbustes, PAM
80% cm
graminées
Élevé, 90%, Peu profond,
Enherbement
5 2730 Haute calcaire en maximum de 30 --- +++ PAM
faible de 30%
plaquettes cm

Élevé, 90%,
calcaire en
Enherbement Peu profond, voire
6 1030 Haute plaquettes (80%) --- +++ /
faible de 20% affleurant
+ calcaire massif
(20%)

* PAM = plantes aromatiques médicinales

Le tableau ci-dessous est un récapitulatif des caractéristiques des différentes zones identifiées. La
végétation, le taux de cailloux, l’humidité et l’exposition au vent ont été estimés visuellement sur le terrain.
La profondeur du sol est celle mesurée lors des prélèvements de sols effectués dans les différentes zones.
Annexe D Tableau récapitulatif des principales caractéristiques des zones d’études

46
Capacité de Humidité
Echantillon rétention (%) Microporosité Interprétation utile Interprétation
30 <mp 7 < HU
1 43,08 34,46 <40 élevée 10,15 < 15 moyenne
20 <mp 7 < HU
2 29,97 23,97 <30 moyenne 8,37 < 15 moyenne
20 <mp 5 < HU
3 27,44 21,95 <30 moyenne 7,34 <7 faible

4 12,12 9,7 mp <10 très faible


20 <mp 5 < HU
5 28,51 22,81 <30 moyenne 6,8 <7 faible
20 <mp 5 < HU
6 25,55 20,44 <30 moyenne 4,59 <7 faible
20 <mp 5 < HU
7 28,68 22,95 <30 moyenne 5,75 <7 faible
20 <mp 5 < HU
8 31,56 25,25 <30 moyenne 6,2 <7 faible
20 <mp 5 < HU
9 32,13 25,7 <30 moyenne 6,28 <7 faible
20 <mp 5 < HU
10 31,96 25,56 <30 moyenne 5,44 <7 faible
20 <mp 5 < HU
11 34,86 27,89 <30 moyenne 6,55 <7 faible
20 <mp 5 < HU
12 26,82 21,46 <30 moyenne 5,25 <7 faible
20 <mp Microporosité 5 < HU
13 23,77 19,02 <30 moyenne 4,06 <7 faible
20 <mp Microporosité 5 < HU
14 34,84 27,87 <30 moyenne 7,11 <7 faible

Annexe E Résultats et interprétation de la capacité de rétention et de l’humidité utile

47
Point de flétrissement
Echantillon Capacité de rétention (%) (%) Réserve utile
1 43,08 32,93 24,37
2 29,97 21,6 20,09
3 27,44 20,1 17,63
4 12,12 18,63
5 28,51 21,72 16,31
6 25,55 20,95 11,03
7 28,68 22,93 13,81
8 31,56 25,36 14,88
9 32,13 25,85 15,06
10 31,96 26,52 13,05
11 34,86 28,31 15,72
12 26,82 21,57 12,6
13 23,77 19,71 9,74
14 34,84 27,73 17,06

Annexe F Résultats des calculs de réserve utile

48
Annexe G Résultats et interprétation de la teneur en matière organique des échantillons

49
Echantillon n° % minéralisation Interprétation
3 0,64 0-1% Très faible
4 0,79 0-1% Très faible
7 0,78 0-1% Très faible
10 0,83 0-1% Très faible
12 0,98 0-1% Très faible
13 0,97 0-1% Très faible
2 1,01 1-2% Faible
5 1,54 1-2% Faible
6 1,22 1-2% Faible
9 1,47 1-2% Faible
1 2,36 2-3% Moyen
14 3,65 3-4% Elevé
8 9,92 >4% très élevé

Annexe H Résultats et interprétation du taux de minéralisation

50
Annexe I Calculs du diamètre d’un tuyau par la formule de Lechapt et Calmon (Belaud & Dorchies, 2007)

51
Annexe J Régression linéaire des précipitations selon l’altitude des stations météorologiques lors de l’année la plus sèche depuis
2010 (R² = 0,91)

52
Annexe K Régression linéaire des précipitations médianes selon l’altitude des stations météorologiques (R² = 0,75)

53
besoins/
Mois janvier février mars avril mai juin juillet août sept. oct. nov. déc. m2

ET0
(2010)
en mm 41,0 47,0 74,0 96,0 157,0 175,0 227,0 216,0 131,0 81,0 51,0 43,0

Kc 0,0 0,0 0,0 1,0 1,1 1,1 1,1 1,1 1,1 0,0 0,0 0,0

ETM
en mm 0,0 0,0 0,0 96,0 164,9 183,8 238,4 226,8 137,6 0,0 0,0 0,0 1000

Annexe L Bilan hydrique des cultures en maraîchage sur une année

54
AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Peut être facilement modulable sur la taille Présence d’impuretés (feuilles, érosions…)
Très économique Arrosage manuel nécessaire s’il n’y a pas de pompe
Peut récupérer les eaux de différentes sources Nécessité d’un filtre et d’une pompe pour installer un
telles que les ruissellements de bassin versant système de goutte à goutte si la différence d’altitude
n’est pas suffisante
Nécessite une clôture pour la sécurité / les animaux
Beaucoup d’évaporation possible si elle n’est pas
recouverte
Adéquation au paysage

Annexe M Tableau présentant les avantages et inconvénients de l’installation d’une retenue collinaire

55
AVANTAGES INCONVÉNIENTS

Capacité de rétention modulable Chantier d’installation complexe


Peut être utilisée pour approvisionner différentes Maintenance et vérifications quotidiennes
sources Distance entre stockage et cultures : gestion du débit
Gestion de la qualité de l’eau (ouverture ou fermeture) du goutte à goutte
Pas besoin de pompe ni filtre contraignante
Système de goutte à goutte sans pompe ni filtre En fonction du type de cuve et du chantier, système
possible onéreux
Peu de problèmes de sécurité liés aux animaux Adéquation au paysage à travailler
Peu d’évaporation
Niveau d’eau contrôlé

Annexe N Tableau des avantages et inconvénients liés à l’installation d’une cuve

56
Annexe O Profils altimétriques du positionnement de la retenue collinaire

57
Annexe P Cartes des terrains agricoles autour de la Commune de la Vacquerie-et-Saint-Martin de-Castries (Echelle : 1/32000)

58
Essences ligneuses

Espèce Rusticité Résistance à Intérêts Usages Remarque Position (pour le


la écologiques piège à soleil : de 1
sécheresse le plus bas du
piège à soleil à 5 en
haut)

argousier -25 +++ fixateur fruits à privilégier 4


azote, comestibles
mellifère coupe vent,
barrière

arbousier -17 +++ mellifère fruits bien exposé au soleil 2


comestibles
coupe vent

prunellier -30 +++ fruits à à privilégier ! 4


transformer,
coupe vent,
barrière, porte
greffe

amélanchi -15 + mellifère fruits à protéger du vent, 3


er comestibles possible greffe sur
aubépine

pruniers -17 ++ mellifère fruits à greffer sur 3 ou 4


sauvages comestibles prunellier,
ou à
transformer

ronce à -25 ++ mellifère, fruits uniquement en haie en haie, au niveau


fruit abris comestibles, du poulailler
oiseaux coupe vent

noisetier -18 + pollen pour source de utiliser noisetier 5 pour noisetier


insectes, paillage, fruits sauvage dans les sauvage,
recrute comestibles, haies comme coupe
auxiliaires branches pour vent et source de isolé dans le
tuteurs litière, bois. Planter parcours des
des variétés poules pour les
productives isolées, variétés
bien exposées, dans productives.
les parcours des
poules.

baie de -15 - mellifère fruits greffage sur 1


mai comestibles chèvrefeuille? avoir
au moins 2 pieds

59
erable de -15 +++ haie coupe à arroser l’été 5
montpellie vent, source pendant les 3
r de paillage, premières années
fourrage?

murier -15 +++ fruits à protéger du vent 3 et dans le


noir/blanc comestibles, parcours des
source de poules
paillage,
fourrage

cormier/ali -25 -/+ mellifère, source de 3


sier nourriture paillage
oiseaux fruits à
transformer
sève
comestible

plaquemi -20 ++ fruits à planter isolé, bien parcours des


nier comestibles exposé poules

néflier -15 -- mellifère fruits greffage sur parcours des


d’allemag comestibles aubépine poules
ne à planter isolé dans
parc des poules, bien
arroser l’été,
supporte mi ombre,
bien couvrir le sol
pour le garder frais.

pommier -15 + mellifère Fruits à 2


sauvage + transformer
cognassie
r

acacia -15/-20 +++ très fruits à privilégier ++ si 4


jaune ou mellifère comestibles possibilité de s’en
arbre à fixateur (jeunes fournir!!!
pois d’azote gousses),
fleurs
comestibles,
alimentation
animal
(poules, peut
etre chevres,
moutons)
haie brise vent

60
compost

févier -15 ++ haie pulpe à privilégier si 5


d’amériqu défensive comestible, possibilité de s’en
e mellifère alimentation fournir
fixateur animal,
d’azote compost,
fourrage

eleagnus -15 ++ mellifère, fruits à 1


haie transformer

framboisie -20 - fruits mettre à l’abri du vent 1


rs comestibles et bien exposé,
variété Malling
Promise si possible

sureau -15 - mellifère, fruits/fleurs mettre un peu 3


noir nourrit comestibles, d’engrais avant
oiseaux médicinal, plantation et arroser
améliorateur régulièrement l’été
de compost,
fabrication de
purin

Espèces annuelles : liste non exhaustive, recensant les espèces à privilégier.


- ail triquetre, coriandre, persil, panais, roquette, chou chinois, autres choux, ail, oignon,
poireaux, pourpier, pâtisson Patty Green Tint F1 si possible, choumizuna, pomme de terre,
oca du pérou, pois chiche ‘calia’

Espèces pérennes ou assimilées à mettre autour des planches de culture :


- Arroche, rhubarbe : tolère mis ombre
- Topinambour : à protéger du vent, peut tolérer mi-ombre : à mettre en fond de piège à
soleil, entre les arbres et les autres cultures.
- Thym, romarin, sauge, sarriette, origan, lavande, artichaut : à bien exposer
Annexe Q Propositions d'essences pour le design en permaculture

61
Annexe R Estimations des coûts impliqués par l’installation de cinq poules sur la zone de production de Cantercel

62
Pour installer un poulailler, un certain nombre de critères sont à respecter (Schmitt, [s d] ; Periquet, [s d])
:
- La clôture extérieure qui délimite le parcours herbeux doit présenter une taille dépendant de la
taille des poules. Pour de grosses poules, une hauteur de 1,50m est suffisante mais il faut compter
au moins 2m et un filet couvrant le parcours pour des races de poules moyennes à naines.
- L’abreuvoir peut être extérieur, à condition de le maintenir propre. En revanche la mangeoire, les
perchoirs et les pondoirs doivent être placés à l’intérieur du poulailler.
- Il faut compter un pondoir pour 2 à 3 poules, donc 2 pondoirs pour cinq poules. De préférence, les
pondoirs seront placés dans un endroit un peu sombre et calme du poulailler, à l’abri des courants
d’air.
- Pour éviter les conflits, les perchoirs doivent être fixés à la même hauteur. Cette hauteur dépend
de la race de volaille, mais en moyenne une hauteur de 1m à 1,20m est convenable.
- L’exposition idéale du poulailler est une exposition à l’est ou au sud-est.
- Pour déterminer la taille de l’abri des poules, il est recommandé de compter 1m2 par poule.
- Le parcours doit être enherbé, mais orties et herbes sèches sont à éviter. Il faut compter un espace
minimum de 4m2 pour un individu. Selon certaines sources, il faudrait compter jusqu’à 15m² de
parcours par poule (Vaucher, 2019) .Idéalement, les poules devraient disposer d’un arbre ou d’un
arbuste pour bénéficier d’un milieu ombragé, à l’abri du vent, voire d’un perchoir pour y dormir.
On peut utiliser des arbres denses et larges pour protéger les poules des attaques de rapaces, qui
ne peuvent attaquer en piqué à travers les arbres.
- Le pou rouge étant un parasite qui fuit la lumière, un poulailler bien éclairé est donc préférable.
- L’installation d’un bac rempli de sable et de cendres dans le parcours peut permettre aux poules
de s’ébrouer, ce qui peut prévenir les invasions parasitaires.

Il faut également réfléchir en amont à la conception du poulailler et notamment à son isolation pour pallier
les risques climatiques, canicules comme gelées. (Rustica, 2019) :
- Exclure la tôle et préférer le bois comme matériau de construction. Certains éleveurs déconseillent
le bois propice aux parasites et préfèrent des panneaux “sandwich” (panneaux composites
constitués de parements intérieurs et extérieurs hydrofuges emprisonnant l’air) qui sont plus
isolants, plus sains et plus faciles à nettoyer.
- Des aérations doivent être présentes. Cela peut être des orifices percés dans les cloisons, sous les
toits, ou bien même une fenêtre qui peut s’ouvrir. Mais il faut prendre garde à ce que la taille des
orifices ne permette pas le passage de petits prédateurs comme la fouine.
- Il faut veiller à calfeutrer le poulailler en hiver, en laissant tout de même des aérations, et à mettre
une couche épaisse de litière.

Enfin, d’un point de vue réglementaire, pour un poulailler en dessous de 5m2, il n’y a pas de déclaration
préalable de travaux. Pour une surface comprise entre 5 et 20m2, une demande préalable aux travaux
effectuée en mairie en remplissant un formulaire CERFA et des pièces justificatives. Au-delà de 20m2, il
faut demander un permis de construire. Au regard de la loi, un particulier n’a pas le droit de vendre ses
œufs et ses poules. Un élevage est considéré comme à but commercial pour un cheptel supérieur à 50
poules qui sont détenues sur 30 jours (Rustica, 2019).

Annexe S Liste des critères de construction d’un poulailler

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