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: le
renseignement militaire britannique, 1902-1915
Jim Beach
Dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2008/4 (n° 232),
pages 105 à 127
Article
La deuxième guerre d’Afrique du Sud a débouché sur une période d’introspection 1
et de réforme au sein de l’armée britannique. Cet article explore la façon dont
l’armée a adapté sa doctrine en matière de renseignement opérationnel, entre ce
con lit et le déclenchement de la Première Guerre mondiale. En procédant de la
sorte, il explore l’émergence du renseignement militaire « moderne ». Il aboutit à la
conclusion que cette période a perfectionné le « modèle de reconnaissance »
préexistant en matière de recherche de renseignement, et qu’il a fallu le choc de la
guerre de tranchées pour réellement transformer la discipline.
Dans son étude sur l’histoire du renseignement, Je frey Richelson suggérait que le
renseignement avait connu une révolution pendant la Première Guerre mondiale [1].
Cela re lète clairement le changement d’échelle, l’intensité, la durée et l’e ficacité
destructrice de la guerre entre 1914 et 1918. En e fet, certains ont a firmé qu’une
« révolution dans les a faires militaires » s’était produite pendant ce con lit [2]. Le but
que se fixe cet article n’est pas de valider ou de réagir à cette interprétation, mais il
est clair que la guerre a transformé la conduite de la pratique du renseignement en
général, et du renseignement militaire en particulier [3]. Dans certains cas, le lien est
assez direct. Christopher Andrew l’a dit dans son étude du renseignement militaire ;
le besoin en renseignements de la guerre totale « accroissait régulièrement la
demande de renseignements militaires et la taille des organes d’analyse du
renseignement » [4]. Mais comme d’autres l’ont fait remarquer, ce changement
organisationnel n’est pas apparu soudainement en 1914. Si l’on s’en tient au
renseignement militaire de la fin du XIXe siècle, John Ferris a fait l’observation
suivante :
« L’accroissement du renseignement militaire devint la partie spécialisée et
permanente d’équipes élaborées et e ficaces, collectant régulièrement et évaluant
toutes formes de renseignements pour aider à la prise de toutes sortes de
décisions. Le renseignement se bureaucratisa. En cela, on peut dire qu’il devint
[5]
moderne. »
Les arrangements ad hoc qui avaient fonctionné pour Wellington, Raglan et Wolesley 6
au XIXe siècle étaient inadaptés aux nouvelles conditions de la guerre au XXe siècle.
Au sein de l’armée de terre britannique, le Field Intelligence Department – qui avait
évolué entre 1900 et 1902 – avait fourni un nouveau paradigme en matière de
fourniture de renseignements du champ de bataille. Pour simplifier, les républiques
Boers et leur guérilla ultérieure représentaient des cibles complexes et di ficiles à
atteindre, en termes d’acquisition du renseignement ; ainsi, un système plus
sophistiqué et plus formalisé était nécessaire pour les vaincre.
En octobre 1904, l’État-Major général publia Field Intelligence, its Principles and Practice 8
que Henderson avait écrit [22]. Il était évident, en lisant la préface du livre, qu’il devait
être utilisé comme un manuel o ficiel pour tout travail de renseignement, et qu’il
avait été rédigé grâce à l’ « expérience pratique » acquise par le Field Intelligence
Department en Afrique du Sud. Comme devait le dire plus tard le lieutenant-colonel
James Edmonds, le livre était « bourré de détails pratiques sur le travail d’un service
de renseignement en temps de guerre » [23]. Un mois plus tard, ce manuel était
complété par la publication d’une brochure intitulée Regulations for Intelligence Duties
in the Field (Règlement pour le service de renseignement en campagne) [24]. Thomas
Fergusson a déjà décortiqué les deux manuels [25]. Alors que Field Intelligence est
rédigé sur un mode didactique mais accessible, Regulations est plus formel. Ils
définissent clairement les responsabilités du personnel s’occupant du
renseignement, clarifient l’emploi du personnel irrégulier, et établissent des
procédures détaillées pour justifier des dépenses en matière de renseignement. Bien
que les Regulations ne soient pas signées, la coïncidence de leur publication avec
Field Intelligence fait qu’il est très probable que leur auteur soit aussi Henderson [26].
Au sein de l’armée de terre britannique, tous deux servirent à fonder la doctrine du
renseignement avant la Première Guerre mondiale.
On peut donc dire que la guerre en Afrique du Sud a servi de modèle à Henderson en 9
matière de renseignement opérationnel. Les clés doctrinales étaient d’abord que les
analyses, échafaudées grâce aux renseignements obtenus, devaient être conduites
par des o ficiers renseignement de métier, au sein des états-majors de chaque
formation indépendante. Ces o ficiers devaient envoyer des rapports réguliers, sous
un format standard, aux unités subordonnées et aux états-majors supérieurs.
Deuxièmement, que les ressources en renseignement, à la fois humaines et
financières, devaient être administrées de manière centrale par un chef du
renseignement au Grand État-Major. Troisièmement, que chaque personnel
supplémentaire devait être recruté et contrôlé par un corps de renseignement, créé
temporairement pour la durée de la campagne [27]. Quatrièmement, qu’une liaison
locale, que les travaux des interprètes, des topographes et des membres du contre-
espionnage devaient être inclus dans une synthèse renseignement. Cinquièmement
et peut-être le fait le plus significatif, c’était que – bien que les dossiers de
renseignements devaient inclure les rapports d’interrogatoire de prisonniers et
l’analyse des documents capturés, le rapport des agents secrets et des services
d’interception radio – la reconnaissance de cavalerie et le travail des informateurs
devaient rester le moyen essentiel de se renseigner. Comme Henderson
l’écrivait dans l’introduction du chapitre de Field Intelligence portant sur la
reconnaissance :
Le chapitre portant sur la reconnaissance était, sans surprise, celui qui venait en 10
premier par rapport à ceux qui étaient consacrés aux autres sources de
renseignement. Il s’opposait au gabarit doctrinal selon lequel l’armée britannique
préparait les guerres futures grâce au renseignement opérationnel.
RENSEIGNEMENT ET RECONNAISSANCE
Le cours de 1907 était prévu pour entraîner un groupe de huit jeunes o ficiers qu’on 14
estimait « avoir montré une aptitude spéciale pour des tâches d’état-major en
matière de renseignement » [35]. Bien que le premier cours ne montrait pas
implicitement l’objectif, le second le faisait. Il expliquait qu’il était envisagé qu’en cas
de guerre ces o ficiers seraient « sélectionnés pour servir d’assistants aux o ficiers de
l’État-Major général, chargés des travaux en renseignement ». L’exigence du cours
illustre par conséquent une des imperfections du renseignement britannique en
Afrique du Sud et montre comment l’armée pensait y remédier. En 1903, le Comité
Hardwicke, alors qu’il enquêtait sur les structures internes de l’équipe
renseignement du War O fice, souleva la question de savoir si, en matière de
renseignement, l’expérience était une condition préalable et nécessaire pour
accomplir avec succès des tâches de renseignement sur le terrain [36]. Bien que les
témoins, interrogés par le comité, aient donné des avis divergents, il y avait
consensus sur l’idée qu’en matière de renseignement se familiariser au travail était
souhaitable, sinon essentiel. Bien que la rotation des postes d’o ficiers ayant suivi
l’école d’état-major fournirait un entraînement aux postes importants du temps de
guerre, il y avait encore besoin d’entraîner et d’a fecter leurs subordonnés. C’est pour
cette raison que les cours comportaient un certain nombre d’évaluations permettant
d’établir un rapport formel et commenté, jaugeant la capacité de chaque individu à
travailler dans le renseignement.
Cette relation entre les cours et l’a fectation des o ficiers est corroborée par d’autres 15
sources. En 1908, le colonel Comte Gleichen dit, en audience :
« Les o ficiers qui assistent aux périodes renseignement, et qui montrent une
aptitude particulière pour le travail pendant celles-ci, sont repérés par le War
O fice afin d’être désignés comme o ficiers renseignement pour les campagnes
[37]
futures. »
Une analyse du contenu et des emplois du temps des cours dispensés par le 17
commandement de l’Est révèle un certain nombre d’aspects intéressants. Field
Intelligence et Regulations for Intelligence Duties in the Field de Henderson sont – sans
surprise – en tête de la liste des ouvrages que les élèves étaient censés avoir assimilés
avant de commencer les cours. Le reste de la liste était composé majoritairement de
guides pratiques, destinés à réaliser des croquis d’observation, à formater ou
transcrire les rapports de renseignements prévus dans les King’s Regulations
[« Règlements (signés par le roi) »] [41]. Une fois le cours entamé, les élèves étaient
instruits au moyen d’un mélange de conférences et de cas concrets. Les emplois du
temps pour les stages de 1907 et 1908 peuvent être consultés en annexes 1 et 2. Les
conférences étaient faites principalement par des experts vacataires qui servaient
soit au War O fice comme o ficiers de renseignement, soit qui avaient occupé cette
fonction par le passé. Le commandant George Cockerill vint par exemple exposer
« l’organisation du service secret » [42]. De la même manière, les colonels William
Robertson et Georges Milne vinrent parler de leurs expériences en matière de
travaux de renseignement [43]. Mais la majeure partie du cours était consacrée au
travail pratique, exécuté dans les régions alentour. Les élèves étaient briefés sur le
scénario et conduisaient ensuite des reconnaissances (de jour et de nuit), dressaient
des croquis panoramiques ou « organisaient l’élément renseignement d’une petite
colonne » [44]. Il semble qu’ils conduisaient également l’interrogatoire simulé d’une
grande variété d’individus, au rang desquels figuraient des commis, des dames, des
aéronautes, des étrangers, des employés de banque et des bohémiens. Mais, pour
répondre aux objectifs que se fixe cet article, l’aspect plus intéressant est sans doute
le point d’orgue du cours. Près des deux tiers du cours de 1907 est consacré à la
reconnaissance plutôt qu’au travail en renseignement. En 1908, la balance s’était
in léchie avec seulement un tiers des heures dévolues à la reconnaissance. La raison
de ce changement est expliquée dans le rapport du cours de 1908 :
Cela éclaire peut-être sur la nature de la relation existant entre le concept ancien et 18
reconnu de la reconnaissance, et la fonction nouvelle constituée par la pratique du
renseignement. L’o ficier de renseignement stagiaire devait d’abord maîtriser l’art
ancien. Il devait d’abord bien collecter le renseignement, avant de devenir un
analyste ou l’organisateur d’un service de renseignement.
« Dans une guerre européenne, on peut s’attendre à être dotés de bonnes cartes,
avec des manuels décrivant l’organisation, la tactique, les uniformes et les
caractéristiques de notre ennemi, et d’autres décrivant avec minutie le théâtre de la
guerre... En fait, le département renseignement devra, dans une large mesure,
utiliser l’information recueillie dès le temps de paix plutôt que l’acquérir. »
Il continuait en suggérant que, parce que les ordres de bataille des armées 23
étrangères étaient « rarement modifiés », il fût à espérer qu’au cours d’une guerre
européenne le travail principal du département renseignement consisterait à obtenir
des informations sur l’emplacement et les mouvements des forces ennemies [59].
Au final, si l’on s’en tient aux préparations d’avant guerre, cet article n’a pas 25
l’intention d’entrer dans le débat en cours sur la conceptualisation de la cavalerie
dans l’armée britannique d’avant 1914 [64]. Néanmoins, il semble que si l’on examine
de plus près l’utilité de la cavalerie, ou encore son emploi comme un moyen o fensif,
son rôle dans la reconnaissance lointaine a probablement été sous-estimé. Field
Service Regulations établissait que « la capacité à bouger rapidement et à couvrir de
longues distances dans des délais relativement courts donne à la cavalerie le pouvoir
d’obtenir des renseignements et de combiner l’attaque et la surprise pour en tirer le
meilleur avantage » [65]. Il est intéressant de constater que la collecte des
renseignements est mentionnée avant l’action o fensive.
Tandis qu’au contraire, durant les premières phases de la guerre, les troupes 28
allemandes marchant sur les routes françaises et belges pouvaient aisément être
identifiées depuis l’habitacle d’un avion, cela devint éminemment plus di ficile à
partir du moment où elles s’enterrèrent et devinrent plus sensibles au besoin de
soustraire leurs activités à ce genre d’observation [73]. Pendant toute la guerre, le
Royal Flying Corps continua à mener des « vols de reconnaissance dans la
profondeur », jusqu’à plusieurs centaines de miles, en portant son e fort sur la
surveillance du trafic ferroviaire, à la fois pour fournir des indications sur les
mouvements stratégiques, et sans doute surtout pour corroborer les rapports des
services secrets, réalisés grâce aux nouveaux réseaux d’agents [74]. Cependant,
l’observation visuelle réalisée à partir d’un habitacle d’avion fut remplacée par la
photographie aérienne qui permettait un examen plus parfait de ce que l’avion avait
survolé. En raison des limitations techniques caractérisant les appareils
photographiques de l’époque, la qualité de leur production progressa plutôt
lentement ; au cours de l’hiver 1917-1918, la photographie aérienne était sans nul
doute devenue la principale source de renseignements visant à prédire toute
tentative germanique de portée tactique [75].
Pendant la guerre, l’armée britannique était trop occupée à se battre pour écrire des 30
manuels de doctrine en matière de renseignement, à la façon de ceux rédigés avant
guerre. Bien que quelques instructions tardives organisent les procédures [77], il n’y a
pas de documents du style de Field Intelligence qui exposent des considérations
doctrinales en matière de renseignement. En e fet, il semblerait que, dans de
nombreux cas, le travail en termes de renseignement fût conduit di féremment au
sein des armées composant le BEF. Cependant, il est possible de déceler un thème
commun dans leur travail ; la surveillance logique et soignée de l’ordre de bataille
allemand à tous les niveaux, des états-majors de divisions au GHQ [78]. Si, jusqu’à la
fin de 1914, la reconnaissance fournissait les fondations souterraines sur lesquelles
reposait le renseignement britannique, à partir de 1915 ce travail représenta son
équivalent. On se concentra plus sur l’organisation des unités que sur leur
localisation. La prédiction de 1908 de James Edmonds, selon laquelle l’ordre de
bataille de l’ennemi changerait rarement, fut démentie au fur et à mesure que la
guerre traînait en longueur, et l’armée allemande, comme celle de tous les
belligérants, adapta sa posture et ses structures en fonction des nouvelles formes de
la guerre. À la fin de la guerre, le BEF serait doté d’une pléthore de manuels et de
travaux de référence sur son adversaire [79]. Ils devinrent les outils essentiels des
analystes britanniques du renseignement travaillant sur l’ordre de bataille
germanique [80].
On peut situer le point de départ de la création de ces travaux de référence dans les 31
lettres du capitaine (plus tard général de brigade) Edgar Cox, un jeune o ficier de
renseignement servant au GHQ en 1914 et 1915 [81]. Au milieu de janvier 1915, Cox fut
chargé de « créer un nouveau répertoire des unités allemandes qui a ficherait leur
composition », mais ce ne fut qu’à la mi-mars qu’il en termina la rédaction [82]. Le
résultat final de ses travaux fut récapitulé dans un manuel intitulé German Forces in
the Field (Les forces allemandes en campagne) et qui fut distribué du BEF au GQG
français [83]. Il fut d’abord désigné Livre jaune, à cause de la couleur de sa couverture.
Salué pour s’apparenter au « travail d’un bénédictin » par un o ficier supérieur
français travaillant dans le renseignement [84], il fut réédité six fois avant l’armistice,
et devint la pierre angulaire de la bibliothèque renseignement de l’armée
britannique [85]. Bien que l’apparition de ce document ne soit pas un fait remarquable
en soi, le fait qu’on en décide la création en janvier 1915 coïncide avec l’avènement de
la guerre de tranchées et il représente un changement dans la mentalité de l’équipe
renseignement du GHQ ; on a considéré l’armée allemande comme une organisation
dont il fallait comprendre le fonctionnement, plutôt que de savoir où elle était située.
En prenant du recul, il est également clair que la production de German Forces in the
Field était au centre de l’établissement de la réputation de Cox comme meilleur
expert militaire britannique sur l’armée allemande [86]. Cela amena à sa rapide
promotion, d’abord à Londres en 1916 où il dirigea le renseignement stratégique
contre les Puissances centrales au War O fice, ensuite en France au début de 1918 au
GHQ, où il dirigea l’équipe renseignement [87]. Le fait qu’il n’ait jamais joué un rôle
dans la chaîne du renseignement du champ de bataille, ou qu’il n’ait jamais
collationné de renseignements (ni même organisé de tels e forts), rend cet
avancement encore plus remarquable. Si le Livre jaune annonçait le début de
l’abandon du « modèle de reconnaissance » en matière de renseignement, sa carrière
pendant la guerre démontre aussi l’émergence d’une nouvelle sorte d’o ficier de
renseignement – un o ficier qui était d’abord un analyste plutôt qu’un organisateur
et qu’un collectionneur comme avant la guerre.
REFLEXIONS
Ainsi qu’il l’a été clairement dit au début, cet article se voulait exploratoire. Par 32
conséquent, ses conclusions sont provisoires et se prêtent à des investigations plus
approfondies. Comme d’autres l’ont déjà fait remarquer, le contenu de Field
Intelligence et de Regulations for Intelligence Duties in the Field illustre le lien très clair
entre l’expérience de l’armée britannique en Afrique du Sud et sa doctrine du
renseignement avant la Première Guerre mondiale. L’expérience de la guerre contre
les Boers donna aux Britanniques le goût du combat au XXe siècle et des besoins en
renseignements qu’il occasionnait. L’Afrique du Sud conduisit à un changement
majeur, mais finalement ce fut plus une amélioration du « modèle de
reconnaissance » du XIXe siècle qu’un saut révolutionnaire vers un renseignement
militaire moderne dont l’articulation a été mise en évidence par Handel et Ferris.
Étant donné les supputations en vigueur sur la guerre future, il est di ficile
d’imaginer Henderson poussant ses réformes doctrinales plus avant. Le « modèle de
reconnaissance » semble avoir fourni une raison d’être significative à la cavalerie et
le remplacer par une conception plus « moderne » de la fonction renseignement
aurait probablement rencontré d’insurmontables barrières institutionnelles. Cela
renforce peut.être aussi l’opinion de Ferris relative à la conception attardée du
XIXe siècle en matière de renseignement.
Au final, une question intéressante que l’on peut se poser est de savoir si – sans 34
l’impulsion donnée par la guerre en Afrique du Sud – les Britanniques auraient fait
ce demi-pas vers le renseignement militaire « moderne », représenté par le « modèle
de Henderson ». Ces développements ont-ils conduit la Grande-Bretagne à pratiquer
le renseignement en 1914 avec une tête d’avance, ou lui ont-ils permis de se mesurer
avec leurs rivaux continentaux ? La réponse à cette question nécessitera une
approche plus comparative que celle réalisée dans le cadre de cet article.
Notes
[1] Je frey Richelson, A Century of Spies : Intelligence in the Twentieth Century, Oxford,
Oxford University Press, 1995, p. 47.
[2] Jonathan Bailey, « The First World War and the Birth of Modern Warfare », in
MacGregor Knox et Williamson Murray, The Dynamics of Military Revolution, 1300-
2050, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 ; Colin Gray, Strategy for
Chaos : Revolutions in Military A fairs and the Evidence of History, Londres, Frank Cass,
2002, p. 170-221.
[3] « Le renseignement militaire se consacre d’abord aux forces armées de l’ennemi ou
à ses possibilités », d’après Jonathan House, Military Intelligence, 1870-1991 : A
Research Guide, Westport, Greenwood, 1993, p. 3.
[5] John Ferris, avant-propos du livre de Stephen Harris, British Military Intelligence in
the Crimean War, 1854-1856, Londres, Frank Cass, 1999, p. XIX.
[6] Michael Handel, « Intelligence and military operations », in Michael Handel (ed.),
Intelligence and Military Operations, Londres, Frank Cass, 1990, p. 5 ; id.,
« Intelligence in historical perspective », in Keith Neilson et B. J. C. McKercher, Go
spy the Land : Military Intelligence in History, Westport, Praeger, 1992, p. 187 ; John
Ferris, Intelligence and Strategy : Selected Essays, Londres, Routledge, 2005, p. 281.
[7] Le renseignement opérationnel peut se définir ainsi : « Mission de renseignement
spécifique apportant directement une aide aux opérations en cours ou en cours de
planification. » Il di fère du renseignement stratégique qui, lui, « se focalise sur les
menaces de sources internes (nationales) ou externes (supranationales) » (UK Joint
Doctrine & Concepts Centre, Joint Warfare Publication 2-00 : Joint Operational
Intelligence, août 1999).
[10] Edward Spiers, The Late Victorian Army, 1868-1902, Manchester, Manchester
University Press, 1992, p. 306-329 ; Christopher Saunders, Ian Smith, « Southern
Africa, 1795-1910 », in Andrew Porter (ed.), The Oxford History of the British Empire,
vol. III : The Nineteenth Century, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 617.
[11] David French, The British Way in Warfare, 1688-2000, Londres, Unwin Hyman, 1990,
p. 155.
[12] Edward Spiers, « The Late Victorian Army, 1868-1914 », in David Chandler et Ian
Beckett (eds), The Oxford Illustrated History of the British Army, Oxford, Oxford
University Press, 1994, p. 205-214 ; id., « Between the South African War and the
First World War, 1902-1914 », in Hew Strachan (ed.), Big Wars and Small Wars : The
British Army and the Lessons of War in the Twentieth Century, Londres, Routledge,
2006, p. 21-35.
[13] W. S. Hamer, The British Army : Civil-Military Relations, 1885-1905, Oxford, Clarendon
Press, 1970, p. 174-222 ; Halik Kochanski, « Planning for War in the final years of
Pax Britannica, 1889-1903 », in David French et Brian Holden Reid (eds), The British
General Sta f : Reform and Innovation, 1890-1939, Londres, Frank Cass, 2002, p. 22-25.
[20] Richard Smith, « Henderson, Sir David (1862-1921) », Oxford Dictionary of National
Biography, hhttp:// www. oxforddnb. comconsulté le 2 mai 2008.
[22] David Henderson, Field Intelligence, its Principles and Practice, Londres, HMSO, 1904.
Bien que la préface du chef de l’état-major général soit datée du 29 avril 1904, la
date d’impression du livre (figurant en bas de la page) montre qu’il a été publié en
octobre de cette même année.
[23] Le renseignement dans le cadre d’une guerre européenne, janvier 1908, IV/1, Papiers
Edmonds, Liddell Hart Centre for Military Archives (LHCMA). Edmonds devint
plus tard un des historiens britanniques o ficiels de la Première Guerre mondiale.
[24] War O fice, Regulations for Intelligence Duties in the Field, Londres, HMSO, 1904 ;
Library of Congress.
[26] Le fait que Field Intelligence ait un auteur désigné est inhabituel pour un manuel de
doctrine de l’armée de terre britannique. Habituellement, ces publications de
l’état-major général sont anonymes. On peut penser que la réputation, acquise par
Henderson en Afrique du Sud, était censée accroître l’impact de cette nouvelle
doctrine.
[27] D’autres éléments sur l’Intelligence Corps figurent dans Jim Beach, « Intelligent
civilians in uniform : The British expeditionary force’s intelligence corps o ficers,
1914-1918 », in War & Society, vol. 27 (1), 2008, p. 1-22.
[29] Consulter aussi l’imposante étude portant sur les renseignements transmis par les
attachés militaires et navals à Berlin avant 1914 dans Matthew Seligmann, Spies in
Uniform : British Military & Naval Intelligence on the Eve of the First World War, Oxford,
Oxford University Press, 2006.
[30] David Henderson, The Art of Reconnaissance, 2e éd., Londres, John Murray, 1911, p. 9-
10.
[31] The Art of Reconnaissance, qui insiste sur les petites unités, semble en premier lieu
avoir été destiné aux o ficiers. Cela contraste avec les astuces individuelles,
contenues dans le livre écrit par Robert Baden-Powell à la même époque : Aids to
Scouting for NCOs and Men ( « Conseils pour l’éclairage, à destination des sous-o ficiers et
des hommes de troupe » ) de 1899, lequel devait évoluer en 1908 vers Scouting for Boys (
« L’éclairage pour les garçons » ), texte fondateur du mouvement mondial scout : Tim
Jeal, Baden-Powell, Londres, Hutchinson, 1989, p. 361-362 et 390-397.
[32] Journal, 25 mai 1912, D/He/11, Papiers Headlam, Durham County Record O fice.
[34] War O fice, Report on Eastern Command Intelligence and Reconnaissance Course,
avril 1907, Londres, HMSO, 1907 ; id., Report on the Eastern Command Intelligence and
Reconnaissance Course, avril 1908, Londres, HMSO, 1909, Acc. No. 2082, Intelligence
Corps Museum (ICM).
[38] War O fice, Training and Manœuvre Regulations, Londres, HMSO, 1909.
[40] Rapport de la conférence des o ficiers d’état-major tenue à Rasul, 15-17 décembre 1910, 1911,
No. 89f, Papiers Haig, NLS.
[41] Annexe III, « Instructions pour la préparation des journaux d’état-major et des
rapports de renseignement au War O fice », in The King’s Regulations and Orders for
the Army, Londres, HMSO, 1901, p. 391-396.
[43] Les futurs Field-Marshals W. R. Robertson et G. F. Milne, chefs du Grand État-
Major impérial entre 1916 et 1918 et entre 1926 et 1933.
[45] War O fice, Report on the Eastern Command Intelligence and Reconnaissance Course,
avril 1908, Londres, HMSO, 1909, Acc. No. 2082, ICM.
[46] War O fice, Field Service Regulations, Part I : Operations, Londres, HMSO, 1909.
[47] War O fice, Sta f Manual - War (Provisional) (provisoire), Londres, HMSO, 1912.
[51] Le Royal Naval Air Service fut créé au même moment afin de répondre aux besoins
aériens de la Royal Navy.
[53] Le rôle des aéronefs au cours de ces manœuvres (ou d’autres) est examiné très
largement in Andrew Whitmarsh, « British army manœuvres and the development
of military aviation, 1910-1913 ”, in War in History, vol. 14 (3), p. 325-346.
[55] Cette citation est extraite de War O fice, Field Service Regulations, Part I : Operations,
Londres, HMSO, 1914. Le règlement d’emploi des aéronefs est inséré dans l’édition
révisée de 1912 de Whitmarsh, « Military Aviation », p. 334.
[56] L’exposition historique classique est contenue dans Michael Howard, « Men
against fire : Expectations of war in 1914 », in Steven Miller et al. (eds), Military
Strategy and the Origins of the First World War, Princeton, Princeton University Press,
1991, p. 3-19.
[57] Edmonds apparaît dans l’emploi du temps du cours parce qu’il prononce une
conférence qui porte le même titre.
[58] Son travail est résumé dans Andrew Green, Writing the Great War : Sir James
Edmonds and the O ficial Histories, 1915-1918, Londres, Frank Cass, 2003, p. 28-34.
[62] Connu pendant la Première Guerre mondiale sous l’appellation de MI1c, il devint
plus tard le MI6 et est aujourd’hui o ficiellement désigné Secret Intelligence Service.
Pour cette période, consulter : Alan Judd, The Quest for C : Mansfield Cumming and the
Founding of the Secret Service, Londres, Harper Collins, 1999, passim.
[63] Jim Beach, British Intelligence and the German Army, 1914-1918, thèse non publiée,
Université de Londres, 2005, p. 42-45.
[64] On trouve cette perspective conventionnelle dans Brian Bond, Doctrine and Training
in the British Cavalry, 1870-1914, in Michael Howard (ed.), The Theory and Practice of
War, Londres, Cassell, 1965, p. 95-125. Une théorie révisionniste est exposée dans
Gervase Phillips, « The obsolescence of the arme blanche and technological
determinism in British military history », War in History, vol. 9 (1), 2002, p. 39-59. La
quatrième édition de la thèse, très souvent citée, de Stephen Badsey, Doctrine and
Reform in the British Cavalry, 1880-1918, Aldershot, Ashgate, 2008, fournit également
des éléments cruciaux.
[65] War O fice, Field Service Regulations, 1re partie : Operations, Londres, HMSO, 1909,
chap. 1.
[66] Dennis Showalter, « Manœuvre warfare : The Eastern and Western fronts, 1914-
1915 », in Hew Strachan (ed.), The Oxford Illustrated History of the First World War,
Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 39-46 ; David Stevenson, 1914-1918 : The
History of the First World War, Londres, Allen Lane, 2004, p. 44-60 ; Ian Beckett, The
Great War, 2e éd., Londres, Longman, 2007, p. 70-74.
[67] Bien qu’il semblât que le GHQ soit hésitant à accepter les informations fournies ;
cf. Nik Gardner, Trial by Fire : Command and the British Expeditionary Force in 1914,
Westport, Praeger, 2003, p. 42.
[69] Hew Strachan a, en e fet, avancé l’idée que l’incapacité allemande à collecter et à
communiquer ce type de renseignements avait contribué à l’essou lement de leur
o fensive de manière significative. Hew Strachan, The First World War, vol. I : To
Arms, Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 232-234.
[72] Ce besoin semble avoir été négligé par les historiens, plus intéressés par un autre
e fet de ce travail qui était celui d’entretenir l’agressivité parmi les troupes ;
cf. Tony Ashworth, Trench Warfare, 1914-1918. The Live and Let Live System, Londres,
Macmillan, 1980, p. 97, 182-183.
[77] Par exemple : Second Army, Instructions for Intelligence Duties, 28 mars 1916 et [2e éd.],
1er mai 1917, AWM25/423/4, Australian War Memorial.
[79] Quelques exemples : MI2(c), Foot Artillery Index to the German Forces in the Field
(Mémento sur l’artillerie à pied allemande en campagne) révisé en mai 1916,
WO33/751 ; id., Foot Artillery Index to the German Forces in the Field (Répertoire des
unités d’artillerie à pied dans l’armée allemande en campagne), décembre 1916,
WO33/803 ; id., The German Forces in the Field (Les forces allemandes en campagne),
Composition of Army Corps & Divisions (Infantry & Field Artillery Regiments only) with
parallel index (Composition des corps et divisions de l’armée allemande ; régiments
d’infanterie et d’artillerie de campagne, avec index), juin 1916, WO33/762 ; MI3(c), Index to
The German Forces in the Field (Sector troops) (Répertoire des forces armées
allemandes en campagne ; troupes de secteur), février 1918, WO33/857, NA.
[80] J. Beach [introduction de la réédition de], The German Army Handbook of 1918,
Barnsley, Frontline Books, 2008.
[82] Imperial War Museum (IWM), Papiers Cox, Lettres à sa femme, 13 janvier
et 19 mars 1915.
[83] CDS 355 / Ia/1000, German Forces in the Field, mars 1915, IWM.
[85] Cox révisa complètement son manuel en octobre 1915 : IWM, Papiers Cox, Lettres à
sa femme, 27 octobre 1915. Éditions ultérieures : MI2(c), The German Forces in the Field,
révisée en mai 1916 [première révision], WO33/752 ; id., The German Forces in the
Field, avril 1917, WO33/819, NA ; MI3(c), The German Forces in the Field, 5e révision,
octobre 1917, Joint Services Command and Sta f College Library ; id., The German
Forces in the Field, 6e révision, avril 1918, RG24/21995, Library & Archives Canada.
[87] Cox se noya le 26 août 1918. Les preuves, rassemblées à l’époque, font fortement
penser à un accident, mais la thèse d’un suicide, causé par le stress et la surcharge
de travail, ne peut être totalement écartée ; J. Beach, Edgar Fox.
Résumé
Plan
LES LEÅONS DE LA VELDT EN MATIERE DE RENSEIGNEMENT
RENSEIGNEMENT ET RECONNAISSANCE
REFLEXIONS
Auteur
Dr.
Jim Beach
Université de Salford.
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Pour citer cet article
Cairn.info