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LA VERSIFICATION

1. LE VERS.
Le mètre d’un poème est déterminé par le nombre de syllabes de ses vers. Différents mètres : l’alexandrin (douze syllabes), le
décasyllabe (dix) l’octosyllabe (huit), l’hexasyllabe (six). Pour le compte des syllabes, il faut tenir compte :
a) du « e » muet : dans le vers classique, le « e » muet est prononcé et compte pour une syllabe, sauf : à la fin du vers, à
l’intérieur d’un mot s’il est précédé d’une voyelle et suivi d’une consonne (« remerci(e)ment », quatre syllabes ; « dénou(e)ment », trois
syllabes), à la fin du mot si le mot suivant commence par une voyelle ou un « h » non aspiré, dans les finales verbales « aient », « oient » ;
ex. : « Ah ! parlez-lui, Seigneur. La reine vous ador(e). » (Racine, Bérénice, v. 704)
« Et mêm(e) elle m’a dit que, prêt à l’épouser » (Racine, Bérénice, v. 709)
b) de la diérèse et de la synérèse : lorsque deux voyelles qui se suivent comptent pour deux syllabes, on parle de
diérèse ; lorsqu’elles ne comptent que pour une syllabe, on parle de synérèse
ex. : « Vous, cet Antiochus, son amant d’autrefois ? » (Racine, Bérénice, v. 13) : diérèse (pour obtenir un alexandrin).
« Dans l’Orient désert quel devint mon ennui !/ Je demeurai longtemps errant dans Césarée, / Lieux charmants où mon cœur vous avait adorée » (Racine,
Bérénice, v. 234-6) : diérèse (Ori-ent) puis synérèse (Lieux, et non pas li-eux).
« Et qu’un héros vainqueur de tant de nations / Saurait bien, tôt ou tard, vaincre ses passions. » (Racine, Bérénice, v. 497-8) : diérèses.

2. PROCÉDÉS MUSICAUX.
2.1. Les sonorités.
L’allitération : répétition de sons consonantiques identiques ou comparables (t et d, f et v, p et b) :
Ex. : « Que le jour recommence et que le jour finisse/ Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice » (Racine, Bérénice, v. 1115-6)
L’assonance : répétition de sons vocaliques identiques ou comparables (in et un) :
Ex. : « Sauvons de cet affront mon nom et sa mémoire » (Racine, Bérénice, v. 735).
2.2. La rime.
2.2.1. Pauvre, suffisante, riche.
Rime pauvre : un seul son identique (rime « souhaits / jamais », Racine, Bérénice, v. 885-6) ;
Rime suffisante : deux sons identiques (rime : « mon âme / Madame », Racine, Bérénice, v. 879-80) ;
Rime riche : trois sons identiques ou plus (rime : « embarrassée / glacée », Racine, Bérénice, v. 475-6).
2.2.2. Féminine – masculine.
Rime féminine : le dernier mot du vers se termine par un « e » muet
Rime masculine : tous les autres cas.
En règle générale, le poète fait alterner rimes masculines et féminines (Ex. : les rimes « Courag(e) / ouvrag(e) / nations / passions », Racine,
Bérénice, v.495-8).
2.2.3. Plates, croisées, embrassées.
Rimes plates : les vers riment deux par deux (aa, bb, cc, etc. ) ;
Rimes croisées : les rimes s’entrecroisent (abab, cdcd, etc.) :
Rimes embrassées : un couple de vers qui riment ensemble à l’intérieur d’un autre : abba, cddc, etc.
2.3. Les coupes et les rythmes
Les coupes correspondent aux pauses dans les vers : dans l’alexandrin et le décasyllabe, la coupe principale, appelée césure, sépare le vers
en deux hémistiches : 6/6 pour l’alexandrin, 6/4 ou 4/6 pour le décasyllabe.
L’alexandrin classique et le décasyllabe sont de rythme binaire parce qu’ils sont séparés en deux par la césure ; chaque hémistiche est à
son tour séparé en deux (3/3/3/3), ce qui fait de ce vers un tétramètre (quatre accents, quatre pauses, quatre coupes, quatre mesures).
L’alexandrin romantique (4/4/4), sans coupe à la césure, est un trimètre (rythme ternaire).

3. REJET, CONTRE-REJET ET ENJAMBEMENT.


L’adéquation du vers et de la phrase n’est pas automatique : il y a des discordances entre le sens et le rythme.
3.1. Rejet.
Il y a rejet lorsque se trouve au début du vers suivant un mot (ou un groupe de mots) qui appartient, par la construction et le sens, au vers
précédent. Il y a mise en valeur du mot rejeté. Ex. :«Il va falloir qu’enfin se rejoignent les/Sept péchés aux trois vertus théologales», Verlaine).
3.2. Contre-rejet
Il y a contre-rejet lorsque se trouve en fin de vers un mot (ou un groupe de mots) qui appartient, par la construction et le sens, au vers
suivant. Il y a mise en valeur du mot à la rime.
3.3. Enjambement.
On appelle enjambement le procédé qui consiste à effacer les limites du vers, tout en plaçant de façon équilibrée les groupes syntaxiques
dans les vers successifs. Dans ce cas, il n’y a pas mise en valeur ; le rythme court sur deux vers successifs sans interruption forte à la rime.
Ex. : « Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant/ Des flammes, de la faim, des fureurs intestines,/ Et laissa les remparts etc. », Bérénice, v. 230-2).

4. FORMES POÉTIQUES.
4.1. la strophe.
La strophe est un regroupement de vers de mètres identiques (isométriques) ou différents (hétérométriques) ; elle est isolée
typographiquement. Différentes strophes selon qu’elles comptent de 1 à 12 vers: le monostique, le distique, le tercet, le quatrain, le
quintil, le sizain, le septain, le huitain, le dizain, le onzain, le douzain.
Strophe carrée : le nombre de vers est égal au nombre de syllabes du mètre choisi (un douzain d’alexandrins, une dizain d’octosyllabes).
Strophe verticale : le nombre de vers est supérieur au nombre de syllabes du mètre choisi (un dizain d’octosyllabes).
Strophe horizontale : le nombre de vers est inférieur au nombre de syllabes du mètre choisi (un tercet de décasyllabes).
4.2. Les formes fixes.
Le Sonnet : 14 vers isométriques (alexandrins ou décasyllabes) organisés en deux quatrains et un sizain (ou deux tercets). Rimes des
quatrains : abba, abba ; rimes du sizain : ccd, eed ou ccd, ede.
La ballade : trois strophes de disposition identique suivies d’un envoi, de moitié plus court que la strophe. Les strophes sont carrées et le
dernier vers de chaque strophe, identique, constitue le refrain (cf. Ballades de François Villon).

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