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Un principe domine toute l'économie 

sacramentelle : Les rites réalisent dans l'âme ce qu’ils


signifient et, d'autre part, leur signification et précisée et manifestée par les Christ lui-même
ou par l'Église qui le continue. C'est l'application de ce principe qui va nous permettre de
ramasser en un tableau d'ensemble les éléments, Peut-être un peu dispersés, de l'efficacité
baptismale.
Le baptême est constitué par une ablution, et une ablution qui, ramenée par certaines
Circonstances d'ordre pratique au geste un peu amoindri de l'infusion, n’atteint la plénitude
de son expression symbolique que dans Immersion totale. Il nous apparait donc comme le
rit d'une purification spirituelle, mais d'une purification d’un genre spécial dont le mystère
nous est dévoilé par ces paroles du Christ à Nicodème « Celui qui ne renaît pas de l'eau et du
Saint-Esprit ne peut entrer dans les royaume de Dieu » ,ou dans ces enseignements de
Saint-Paul rappelant aux Romains que « Baptisés dans le Christ, nous l'avons été dans sa
mort », que nous avons été ensevelis avec les Christ dans la mort pour que, de même qu'il
est ressuscité des morts, nous aussi, nous marchions dans une vie nouvelle » , ou écrivant
Aux Galates :  « Vous tous qui avez été baptisés dans le christ, vous avez revêtu le Christ ».
Purification et mort, naissances et résurrection, Vie nouvelle et incorporation au Christ, tels
sont donc les éléments qu’il paraît intéressant et utile des préciser et de coordonner. 
1. La purification, voilà l'idée et la réalité fondamentale. Comme tout rit Sacré, le baptême
doit nous unir à Dieu ; à la différence de certains autres, il nous prend dans cette « région de
dissemblances », ou nous à jetés le péché, soit le péché originel, soit le péché actuel ; il lui
est donc impossible de ne pas d'abord nous laver des nos souillures graves ou légères. Non
seulement de nos souillures, mais aussi de leurs conséquences : peines éternelles de l’enfer,
peines temporelles de la pénitence ici-bas et du purgatoire dans l'autre monde, et
diminution notable dès cette vie de la concupiscence, en attendant sa défaite totale et
définitive dans la gloire de la résurrection des corps.
Mais l’eau qui purifie les corps l'embellit aussi et renouvelle ses forces. Or cela est plus
rigoureusement vrai de la l’ablution spirituelle de notre âme ; son action est premièrement
positive, et négative seulement par voie de conséquences, comment font disparaître les
purulences les remèdes qui assainissent et reconstituent l'organisme d’un scrofuleux. La
grâce sanctifiante, en effet, est comme la sève nouvelle le sang généreux qui, par le
baptême, découle du christ jusque dans chacune de nos âmes suivant cette si riche
description de saint jean : « nous l’avons vu plein de grâce et de vérité… et c’est de sa
plénitude que nous avons tous reçu… »
Sang par la mystérieuse transfusion duquel nous sommes devenus, par adoption ce qu’est
par nature le verbe de Dieu et par union hypostatique l’humanité du christ, des fils de Dieu,
et des héritiers du ciel. Sève qui ne saurait demeurer stérile, mais qui monte et s’épanouit en
cette luxuriante fructification que détaille l’article 5, qu.69, en cette foi qu’illumine notre
intelligence, en cette charité affective qui ennoblit notre volonté en cette charité effective
qui élève jusqu’au rang d’action divine les moindres manifestations ce notre activité
humaine.
2. Mais se demande-t-on, en quoi ces effets sont-ils propres au Baptême ? L'intensité mise à
part, ne les retrouve-t-on pas dans toute justification, même dans celle que Dieu accompli en
dehors de ses sacrements ?
Ces effets ont ici, cette particularité qu’ils se rattachent tous et en eux-mêmes et dans leur
perfection, à un phénomène surnaturel que le baptême est seul à produire, l'incorporation
au Christ.
Dans la vie corporelle, la sève ou le sang qui ne peuvent se répandre sans un contact
matériel de branches avec le tronc et les racines, des membres avec la tête et le cœur, tandis
que la vie spirituelle, qui vient de Dieu, notre âme peut la recevoir par une communication et
un contact toute spirituelle : Ce qui arrive dans le cas nombreux de sanctifications extra
sacramentelles. Ce cas pourtant, sont en marge de l'ordre commun que Dieu a établi et
d'après lequel la naissance et le développement de la vie divine sont calqués sur la naissance
et le développement de la vie corporel et ont dans l'ordre spirituel, des exigences analogues
à celles des vies inférieures. C'est ainsi que, normalement, la grâce de Christ ne s'écoulera
dans l'âme qu'une fois celle-ci greffée sur le christ est devenue une comme une branche de
ce tronc, comme un membre de cette tête: « Je suis la vigne et vous êtes les branches… ».
Or, la greffe et l’incorporation au Christ, le baptême la réalise en nous par les moyens de cet
effet, que l’on dit secondaire, et qui ne l’est qu'en une certaine façon, le caractère
sacramentel.
La grâce, dit Saint Thomas, nous modèle sur le christ par « l'information », les caractères par
la « configuration ». L'une nous communique cette « forme » qui est une participation de la
« déité », l'autre nous donne quelque chose de sa physionomie et de son pouvoir de verbe
incarné et, reproduisant comme en miniature la grande merveille de l'Union hypostatique,
autorise et explique la définition fameuse : « les chrétiens, c’est un autre Christ ». Un autre
Christ, assurément, s'il est en état de grâce ; Mais un autre christ aussi, même si il n'a pas ce
bonheur, comment appartient encore à l'arbre la branche que la sève a cessé de vivifier, au
corps la main paralysée et à la famille des fils mauvais qui se sont enfuis ou que l'on a
chassé.
Or cette configuration ou cette incorporation, Saint-Paul nous enseigne qu’elle est signifiée
et accomplie par l'immersion, ou par son diminutif, la simple infusion, parce qu'ils rappellent
la mort, la sépulture et la résurrection du Sauveur. Certes, les rites ne nous manquent point
qui symbolisent ces épisodes suprêmes de la vie du Christ. Mais le baptême est la seule de
ces représentations qui soit un sacrement et qui, suivant le principe que nous savons énoncé
au début, réalise en notre âme la ressemblance avec le Christ que nous avons lue dans
l'apôtre et sur laquelle saint Thomas revient si souvent avec toute sa rigueur théologique,
par exemple dans ce passage : « pour recevoir l'effet de la Passion du Christ, il faut lui être
configuré ; or nous le sommes sacramentalement ( donc dans les signes et dans la réalité à la
fois) par le baptême ». Qu'on se rapporte aussi à l'article qui traite des trois baptêmes.
 
3. De cette hauteur, nombre de considérations s'illuminent et ses coordonnent qui, de prime
abord, paraissent obscures. Ainsi, on peut mieux comprendre, semble-t-il, comme le
caractère sacramentel, même celui du baptême, nous configure au sacerdoce du Christ. Ne
sommes-nous point constitués par lui comme des êtres intermédiaires, des médiateurs entre
Dieu et les hommes? Ne nous configure-t-il point au Christ mourant pour les pécheurs, c'est-
à-dire accomplissant dans sa plénitude sa mission sacerdotal? Sacerdoce assurément très
différent que celui dont l'union hypostatique a revêtu le Christ, puisque ses détenteurs en
sont d’abord et essentiellement les bénéficiaires, à la fois Médiateurs et termes de
médiation ; mais sacerdoce aussi qui n'est pas avec les premières sans quelque
ressemblance, puisque, grâce au caractère baptismal qui unit en une même famille et en un
même corps tous les chrétiens, la sainteté de chacun d’eux les enrichit tous.
Pourquoi le caractère Sacramentel est-il indélébile? Parce Qu'il appartient à l'économie de
consécrations, que l'âme est consacrée par lui et incorruptible. Et qu'il ne peut se rencontrer
pour elle aucun de ces inconvénients qui déterminent aujourd'hui l'Église à ne plus consacrer
que Temporairement  les objets qui servent à son culte.
Mais, plus profondément encore, C'est parce que le baptême nous impose par le caractère
cette assimilation au christ que nous avons dite et qui réclame que celui qui n’est mort
qu'une fois pour le monde ne meure et ne ressuscite aussi qu'une fois pour et en chacun de
nous.
On dit encore que le caractère sacramentaire est une vertu instrumentale qui fait de ceux
qui l'ont reçu les « Organa, Christi ». C’est-à-dire que le parallèle se continue avec l'Union
hypostatique qui fait de l'humanité du Christ « organum divinitatis ». Nous sommes établis,
les instruments du Christ, comme le Christ est établi l'instrument de Dieu, d’une
instrumentalité stricte quand il s'agit de réaliser des effets qui dépassent notre nature même
sanctifiée, d'une instrumentalité large par laquelle tous nos actes humains, pourvu qu'ils en
soient dignes, sont comme le rayonnement du Christ.
C'est au caractère baptismal ainsi compris que se rattachent cette extraordinaire efficacité
de la grâce qui l'accompagne, l’universalité et l'intensité de son action. Puisqu’il fait de nous,
d'autres Christs n'est-il pas logique que ce dont est capable, la passion pour le monde, elle la
réalise dans les individus qui sont unis à elles d'une façon aussi intime ?
Enfin, c'est ici que nous trouvons le nœud où se rattachent à notre appartenance à l'Église.
Les bouleversements historiques et les attitudes pratiques qui s’en sont suivies nous ont
habitués à distinguer entre chrétiens et catholiques, tout comme aussi il avait plusieurs voies
officielles pour ses rattacher au Christ. Mais quiconque veut y regarder de près se rend
compte que l'on ne peut être au Christ que par le baptême, que l'on ne peut être baptisé
sans appartenir au corps mystique qui est l'Église, non pas à n'importe quelle église, mais à
celle de Pierre à qui le baptême a été confié. C'est donc dans l'Église catholique dans la seule
que nous puissions considérer comme celle du Christ, que tout baptême chrétien fait entrer
celui que le reçoit. La fameuse distinction entre le corps et l'âme de l'Église a donc besoin
d'être manié avec beaucoup de précautions : appartiennent à l’âme de l'Église et tous ceux,
baptisés ou non en qui demeure l'esprit Saint par la grâce sanctifiante ; quant au corps, on
peut dire qu'en sont exclus tous les dissidents même baptisés, si l'on entends par le corps
l'organisme cultuel et hiérarchique, la vie extérieure de l'Église mais on ne le peut plus si l'on
considère les corps de l'Église comme cette société mystique des âmes qui se rattachent au
Christ, non seulement comme à l'homme-Dieu qui leur a mérité la grâce et comme au Dieu
qui la leur donne, mais comme au cep de la vigne, dont le caractère baptismal nous a fait
réellement les branches et la grâce les branches pleines de vie. 

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