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I.

Introduction
II. Etiologie
III. Epidémiologie
IV. Physiopathologie
V. Etude clinique
A. La phase aigue septicémique
B. La brucellose focalisée
C. La brucellose chronique
VI. Le diagnostic positif
A. Les éléments d’orientation
B. La confirmation
C. La conduite diagnostique
VII. Le traitement
VIII. La prophylaxie
oC’est une anthropozoonose due à une bactérie du
genre brucella.
C’est une pathologie animale (domestiques ou
sauvages) et l’homme constitue un hôte accidentel.

o Elle est répandue dans plusieurs régions du monde.

oC’est une maladie à déclaration obligatoire et dans


certaines situations c’est une maladie professionnelle.
o Il existe 12 espèces (certaines espèces possèdent
des sous espèces ou biovars) brucelliennes
appartenant au genre brucella. Se sont des bacilles
à gram négatif.
o (Grace au séquençage de L’ADN une
espèce)
o Chaque espèce possède un hôte habituel (mais non
exclusif) des animaux mammifères terrestres ou
marins ( pour 2 espèces).
o Au moins 5 espèces sont pathogènes pour l’homme
(mais à des degrés variables).
Espèce Répartition Hôte animal habituel Pathogénicité chez
géographique principale l’homme
B.melitensis (3 Bassin méditerranéen, Ovins, caprins, ongulés Forte
biovars). Moyen-Orient. sauvages
B.abortus (7 Ubiquitaire. Bovins, ongulés sauvages Modérée
biovars).
B.suis (5 biovars). Amérique, Asie, Suidés, lièvres, Rennes, Faible à forte (selon
Océanie, Europe. Rongeurs sauvages le biovar).
B.canis Ubiquitaire Chiens Faible
B. ovis Bassin méditerranéen Ovins Nulle
B. neotomae États-Unis Rats du désert. Non connue
B. ceti Non connue Cétacés (dauphins), Non connue
marsouin.
B. pinnipedialis Non connue Pinnipèdes (phoques, Non connue (?)
otaries)
o La brucellose animale est très répandue
dans certaines régions du monde causant
de grandes pertes économiques.
o Elle est également à l’origine de plus de
500 000 nouveau cas de brucellose
humaine par an (selon l’OMS).
o La brucellose humaine est particulièrement
fréquente dans le bassin méditerranéen, au
Moyen Orient, en Asie de l’Ouest, en Afrique
et en Amérique latine.
o Au contraire dans d’autres régions (Europe du
Nord et L’Amérique de Nord), elle est
pratiquement éradiquée.
o Moins de 50 cas sont déclarés annuellement
dans les pays développés tel que la France.
o O cas dans certains pays du Nord de l’Europe.
o On note une nette augmentation des cas déclarés
ces dernières années. De quelques centaines de cas
durant les années 90, on se retrouve à plusieurs
milliers durant la dernière décennie.
o Un pic de 8000 cas en 2005 avec une incidence de
presque 25 cas pour 100 000 habitants.
o Tous le territoire national est touché (de manière
variable).
o Les régions connues pour un élevage caprin (les
zones steppiques) sont les plus touchées telles que
la wilaya de Laghouat ou une incidence de plus de
300 cas pour 100 000 habitants est enregistrée.
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30 30

25 24,71
23,69
23,14

20
19,4

15 15,09 14,94
13,01
11,58
10,58 10,79 10,99
10
9,3 9,49
8,51 8,79

6,31
5
3,99 4,38

1,38
0,66
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Directe :
o Elle est surtout d’ordre professionnelle
(vétérinaires, éleveurs, agriculteurs, bergers,
employés d’abattoirs, d’usines de conserve et de
laiterie, les bouchers, employés de laboratoire de
diagnostic…).
o La pénétration du germe se fait essentiellement
par voie cutanée ou muqueuse.
o Plus rarement par voie conjonctivale ou par
inhalation* de poussières contaminées.

*mécanisme utilisé en cas d’utilisation de cette bactérie comme


arme bactériologique (bioterrorisme).
Indirecte : par voie digestive.
o C’est le mode de contamination le plus
fréquent chez nous.
o Cette voie de transmission se fait en dehors de
toute activité professionnelle.
o Ingestion de lait ou de fromage frais (il faut
savoir que les brucelles persistent 10 jours
dans le fromage de chèvre et 3 mois dans le
fromage de vache).
o Ingestion de fruits et légumes souillés.
o La consommation de viande crue (c’est
possible).
Autres modes de transmission:
o Passage transplacentaire: de la mère à l’enfant à
l’origine de brucellose néo-natale.
o Passage dans le lait maternel: décrite dans la
littérature mais reste rare.
o Transmission sexuelle interhumaine est possible
mais exceptionnelle.
o Transfusion sanguine:
o Greffe d’organe (moelle osseuse, rein):
o Après pénétration cutanée ou muqueuse, les brucelles vont par
voie lymphatique gagner les premiers relais ganglionnaires (en
général les ganglions mésentériques si la porte d’entée est
digestive) où ils vont s’y multiplier. Cette période correspond à la
phase d’incubation et dure 2 à 3 semaines.

o La phase se dissémination septicémique : à partir de ce premier


relais ganglionnaire, les brucelles vont par voie hématogène (c’est
la phase septicémique caractérisée par une fièvre ondulante)
gagner d’autres ganglions et organes riches en cellules réticulo-
histiocytaires (Foie, rate moelle osseuse….) où ils vont déterminer
des foyers bactériens intracellulaires entourées d’une réaction
inflammatoire histiomonocytaire et lymphocytaire à l’origine des
foyers ultérieurs.
o La phase de localisations secondaires ou
brucellose subaigüe: après un délai plus ou moins
long, il y a apparition de plusieurs foyers
brucelliens au niveau des organes
(ostéoarticulaire, neuroméningé, cardiaque, uro-
génitale…).
o Et enfin, il y a l’état de parasitisme contrôlé ou
brucellose chronique : la guérison ne permet pas
d’éradiquer tous les gîtes microbiens. Certains
germes intracellulaires persistent, ce qui favorise
le développement d’une immunité de
prémunition ou état sensibilisation chronique.
o 90 % des contaminations restent totalement
asymptomatiques.
o Dans les cas typiques l’infection brucellienne
passe par 3 phases qui correspondent aux
différentes étapes de la physiopathologie:
1. La phase aigue septicémique.
2. La phase post-septicémique ou brucellose
focalisée.
3. La phase chronique.
Nous allons décrire la forme commune, c’est la
Fièvre sudoro-algique ou fièvre ondulante

o Incubation : asymptomatique et dure 1 à 3


semaines (parfois, plusieurs mois).
o La phase de début : le début est insidieuse le
plus souvent (peut être aigu), marqué par une
fébricule, un malaise et une légère fatigue.
L’examen clinique est souvent normal à ce
stade.
o La phase d’état : le tableau clinique se complète et
est marqué par :
– La fièvre : ondulante avec des pics à 39° (rarement 39.5°),
elle se maintient pendant 10 à 15 jours avant la
défervescence par des oscillations descendantes. Plusieurs
ondes thermiques identiques peuvent se succéder,
séparées par des périodes d’apyrexie d’une semaine.
– Les sueurs : elles sont fréquentes, profuses et nocturnes.
L’odeur est caractéristique : odeur de paille mouillée.
– Les douleurs : mobiles, fugaces et imprécises ; atteignant
les membres, les articulations…
– Amaigrissement
– L’examen clinique à ce stade retrouve souvent une
splénomégalie, des adénopathies superficielles et rarement
une hépatomégalie.
oSous traitement, la guérison est obtenue (le risque
d’échec existe) mais le risque de rechutes ou
d’apparition de formes focalisées persiste toujours.

oEn l’absence de traitement, la guérison spontanée


peut être obtenue mais il y a grand risque de rechutes
ou d’évolution vers des formes focalisées.
Formes atténuées : l’état septicémique est mineur.
Forme pseudotyphoidique : fièvre en plateau.
Forme avec focalisation précoce : les deux phases sont
intriquées (orchite pu orchiépidydimite).
Les formes pseudo-palustres : fièvre en clocher
s’accompagne souvent de frissons (Dg difficile dans une zone
d’endémie palustre).
Forme de la femme enceinte : les avortements sont
fréquents en rapport avec le sepsis (n’est pas spécifique à la
brucellose).
Forme de l’enfant : fièvre élevée et les signes articulaires
sont plus fréquents (arthralgies+++).
Formes asymptomatiques: très fréquentes, avec un risque
d’apparition de formes focalisées.
1. Les localisations ostéo-articulaires:
a. L’atteinte vertébrale à l’origine de la spondylodiscite.
C’est une localisation des plus fréquente des atteintes
ostéo-articulaires. Tous les étages du rachis peuvent être
atteints à un ou plusieurs niveaux mais l’atteinte lombaire
est la plus fréquente. Sur le plan clinique, on a des
douleurs rachidiennes permanentes. Les signes
radiologiques (Radio standard et TDM) sont tardifs
montrant une destruction osseuse. La scintigraphie et
l’IRM peuvent monter des lésions précocement. Le
pronostic est fonction des destructions osseuses et d’une
éventuelle compression médullaire ou radiculaire.
b. Les autres atteintes ostéo-articulaires :
• L’atteinte sacro-iliaque et l’atteinte de la hanche.
• L’arthrite seule (unique ou multiple).
• Les ostéites.
2. Les localisations neuro-méningées :
Elles sont fréquents. Elles sont la conséquence d’une
infection directe du SNC ou une conséquence d’une
infection contigüe.
• Méningite
• Méningo-encéphalite (à liquide clair).
• Neuropathies (VIII) et radiculopathies périphériques
• myélopathies et radiculopathies compressives
• syndromes cérébrovasculaires (vascularite): AVC
3. Les complications cardiaques:
• Fait toute la gravité de la brucellose, car il y a un risque de
mortalité.
• L’endocardite est la plus fréquente et l’atteinte aortique
vient en première position puis l’atteinte mitrale.
• Les myocardites et les péricardites peuvent se voir.
• Des cas de pancardite ont été décrits.

5. Les localisations génito-urinaires :


• Orchi-épididymite (peuvent être très précoces et font
parfois partie du tableau clinique de la phase aigue).
• foyers chroniques nécrotiques au niveau rénal (tableau de
tuberculose).
• PNA
• abcès pelviens, salpingites et des abcès ovariens.
4. Les localisations hépatospléniques :
• Hépatite granulomateuse.
• Abcès foie ou rate
• Brucellomes hépatiques ou spléniques.

6. Les localisations respiratoires :


• Le tableau est souvent discret. L’atteinte est
polymorphe.
• Des lymphadénopathies hilaires et para hilaires,
• pneumopathie interstitiel.
• broncho-pneumopathie uni ou bilatérale.
• pneumonie lobaire.
• nodule pulmonaire (pneumopathie nodulaire).
• épanchement pleural et empyème (épanchement purulent).
7. Complications ophtalmiques:
Certaines formes peuvent se compliquer de cécité
(uvéite, kératite, conjonctivite, cataracte, glaucome).
8. Les complications cutanées :
• lésions érythémateuses papulo-nodulaires
• des lésions évoquant un érythème noueux
9. Les complications hématologiques :
•Pancytopénie modérée, le plus souvent sans
conséquences cliniques.
• Des cas de thrombocytopénie massives avec un
purpura et une hémorragie conjonctivale et dans
une revue de la littérature.
1. La BC afocale:
C’est la patraquerie brucellienne, le tableau clinique se
résume à une symptomatologie essentiellement subjective,
associant une asthénie physique, sexuelle, psychique pouvant
aboutir à un état dépressif. Des sueurs sont observées au
moindre effort. L’examen physique est normal en dehors d’une
fébricule.
2. Les autres formes de la BC:
Certaines localisations brucelliennes surtout ostéoarticulaires ou
viscérales (brucellomes), peuvent évoluer au-delà d’une année
et représentent ainsi une forme de brucellose chronique(focale).
Dans ce cas où une infection persistante est objectivement
identifiable, un traitement spécifique peut s’avérer efficace.
Les examens d’orientation apportent peu
d’éléments :
o FNS : retrouve une leuco neutropénie(---).
o Pancytopénie.
o VS normale ou peu accélérée.
o CRP : à la limite de la normale
Elle est apportée par les examens microbiologiques :
o Les hémocultures : doivent être répétées, c’est un
germe exigeant une atmosphère enrichie en CO2, la
culture est très lente et les bouillants doivent être
conservés de 10 à 30 jours. C’est la technique de
référence pour le diagnostic de brucellose.
Nouvelles techniques d’hémoc (Bact alert: durée
moindre mais sensibilité plus faible).
o Culture de prélèvement des autres foyers
(myéloculture, biopsie osseuse,…) :
o La séro-agglutination de Wright (SDW=SAT) : méthode
de référence de l’OMS, des IgM positives avec une
dilution au 1/80ème (120UI/l)est synonyme d’une
brucellose évolutive récente. (le titre x4). Existe des
faux + et faux -
o L’épreuve à l’antigène tamponné (EAT) : (ou test au
rose Bengale : RB) technique intéressante dans le cadre
du dépistage et des enquêtes épidémiologiques. Même
pour le dg car elle est rapide
o Autres techniques : ELISA , immunofluorescence (IF) et
le test de Coombs sont des techniques sensibles et
spécifiques mais ne sont pas de pratique courante chez
nous.
o Les techniques d’amplification génique (PCR) :
technique réalisée dans des laboratoires de
référence sur des prélèvements de sang, de
sérum, suppuration ou biopsie tissulaire.
La PCR en temps réel (PCR RT).
o L’intra dermo-réaction à la mélitine de Burnet :
permet de mettre ne évidence une
hypersensibilisation vis-à-vis des brucelles. Elle
est indiquée dans le diagnostic de la brucellose
chronique.
o Basé sur une Bi-antibiothérapie (voire TRI-ATB) qui possède
une bonne diffusion et activité intracellulaires.

o A la phase septicémique : la durée du traitement est de 6


semaines.
 Doxycycline (6 sem à 200 mg PO) + Aminoside
(Streptomycine : 15 à 21 j en IM ou Gentamycine
(3mg/kg/j) : 10 (7 à 14 j) en IM ou IV.

 Doxycycline (200mg/j) + Rifampicine (900 à 1200mg/j): 6


sem.
 Chez la femme enceinte et l’enfant : amoxicilline + RFM
(Cotrimoxazole (voir CI) + rifampicine)
o Brucelloses focalisées : les mêmes schémas sont
utilisés mais la durée varie selon le type de la
localisation, de 3 à 6 mois.
certaines localisation graves :endocardite
brucellienne, OA ou SNC nécessitent un TRT par
une bi-ATB, tri-ATB, voire 4 ATB (cycline,
rifampicine, cotrimoxazole, fluoroquinolone
(ciprofloxcine) ou aminoside (genta) durant
plusieurs mois.
o Un traitement adjuvant : chirurgie ou autre( = anti
inflammatoires) est parfois nécessaire.
o Brucellose chronique : pas d’antibiothérapie (?)
dans les formes afocales mais intérêt de la
désensibilisation. TRT ATB si foyer chronique.
oLa prévention contre la brucellose humaine passe par une lutte
contre la brucellose animale. Le contrôle de celle-ci passe par la
vaccination des cheptels et l’abattage des animaux infectés.

oLa prophylaxie humaine collective est assurée par le contrôle


des aliments d’origine animale (lait, fromages, viandes et abats).

oLa prophylaxie humaine individuelle concerne les


professionnels exposés, par des moyens physiques (port de
gants, lavage des mains avant les repas…) et une prophylaxie
médicamenteuse en cas d’exposition (doxycycline +
rifampicine).
Lutte contre la brucellose animale:
C’est une pathologie grave, elle l’est encore plus
dans un pays de forte endémicité comme notre pays
et devient un grand problème de santé publique,
surtout dans les régions steppiques. Tout l’intérêt de
conjuguer l’effort des différents intervenants (services
de santé, services agricoles, l’industrie agro-
alimentaire…) dans la lutte contre la brucellose
animale, seul moyen efficace pour maitriser la
pathologie humaine.

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