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Quelques éclaircissement sur la notion d’emprise

Le mot « emprise » renvoie dans sa définition aux champs de la domination intellectuelle ou morale, de
l’ascendant, de l’influence, de la prise de possession à l’amiable ou pas et s’inscrit habituellement dans un
registre phénoménologique, décrivant des conduites et des comportements allant dans le sens de l’action
appropriative. L’emprise est une relation d’aliénation à une personne, à une substance, à une activité, à une
idée abstraite, où l’objet du désir est devenu objet du besoin.

Introduite par Freud en 1905 dans les Trois essais sur la théorie sexuelle , la pulsion d’emprise, forme de
pulsion non sexuelle, est une notion plus descriptive que conceptuelle, qui ne sera pas vraiment travaillée par
Freud, même s’il lui reconnaît une place non négligeable dans les relations aux objets. Freud a, en fait,
proposé successivement quatre théories des pulsions, toutes sous forme d’une opposition : les trois premières
entre, tout d’abord, les pulsions sexuelles et la pulsion d’emprise, puis entre les pulsions sexuelles et les
pulsions d’autoconservation, enfin entre les pulsions sexuelles et le narcissisme, et la quatrième, après 1920,
entre pulsion de vie et pulsion de mort, la pulsion d’emprise n’étant plus alors qu’un dérivé de la pulsion de
mort .

I L’emprise originelle

Place de l’emprise dans la naissance à la vie psychique


Un bébé n’est pas autonome d’emblée. Il conquiert progressivement son autonomie grâce à l’objet qui l’aide
dans ce qu’il peut faire en fonction de son développement psychomoteur. Saisir la cuiller, se dresser pour la
première fois sur ses deux jambes et faire quelques pas sont des victoires, sources de jubilation qui attendent
d’être répétées et diversifiées tout au long de l’existence.

La conquête de l’autonomie du sujet passe par un temps de dépendance à l’égard de l’objet. Grandir, devenir
soi-même, est une conquête au carrefour de quatre points de tension : on grandit pour soi et contre l’autre,
mais on grandit aussi contre sa propre tendance à rester passivement dépendant et pour répondre au désir de
l’autre, de la mère et du père, qui poussent à l’autonomie.

Il arrive que le processus d’autonomisation du sujet soit précocement entravé parce que l’objet (la mère / le
père…) redoute la séparation, parce qu’il se sent disqualifié par cette autonomie naissante (sentiment d’être
rejeté, inutile…) ou parce qu’il ne voit pas, ne sent pas, ne reconnaît pas le besoin d’autonomie du sujet
naissant. Si l’invention de soi et du monde ne peut pas se développer activement au bon moment et dans de
bonnes conditions, elle reste en attente, prête à surgir à chaque occasion dans le cours d’une vie.

Emprise, ajustement et accordage du lien


Tous les spécialistes de la petite enfance soulignent la valeur de l’accordage réciproque, des mouvements
d’adaptation et d’ajustement entre la mère et le bébé.

L’emprise est un élément constitutif de la pulsion, à côté de l’expérience de satisfaction. La mère et le bébé
jubilent lorsqu’ils se cherchent et se trouvent. Les procédures d’ajustement, de recherche et d’adaptation à
l’autre se développent et se diversifient parce qu’elles trouvent régulièrement leur aboutissement dans
l’expérience de satisfaction réciproque procurée par le nourrissage, le toucher, le portage et les mimiques
qu’échangent le bébé et son environnement.
Les observations sur les interactions mère/bébé précisent les enjeux et les pathologies de l’attachement.
L’enfant se cramponne et s’attache non seulement avec les mains, mais aussi avec le regard et avec les cris. Il
développe des procédures de contrôle et de réglage de la distance. Il s’efforce de garder l’objet à proximité et
manifeste de l’angoisse, ou de la rage, si l’objet s’éloigne trop, et trop longtemps. L’emprise exercée sur
l’objet a un but : maintenir cet objet source de satisfaction à proximité. Elle a pour fonction de réunir les
facteurs propices à l’expérience de satisfaction.
L’emprise n’est toutefois pas à sens unique. Le bébé tyrannise sa mère, mais celle-ci, en retour, impose au
bébé une régulation de ses rythmes à travers le nourrissage, les soins et l’alternance veille/sommeil. Elle
introduit le bébé dans l’ordre du langage et de la communication. Les mots médiatisent et transforment les
exigences du bébé.

Enfin, l’emprise maternelle à l’égard du bébé ne dure qu’un temps. D’une part, le bébé devient
progressivement capable, par identification, d’accomplir lui-même ce qui était jadis nécessairement dévolu à
la mère. D’autre part, cette mère redéploie ses désirs et ses sources de plaisir au-delà du bébé en direction du
partenaire sexuel et du monde social. Ainsi, les liens d’emprises réciproques qui organisent les rapports entre
la mère et son bébé s’effacent progressivement au profit d’une capacité d’autonomie marquée par la
confiance envers autrui.

Le bébé acquiert progressivement la conviction qu’il peut exercer un pouvoir sur le monde, les choses et les
gens, mais que ce pouvoir n’est pas le seul moyen d’entrer en relation avec autrui. La confiance, la passivité
et la tendresse sont, à côté du pouvoir, à côté de l’emprise, à côté de la tyrannie, des voies de
communications possibles.

L’emprise et la terreur : portrait-robot du tyran


Le tyran est habituellement désigné comme un être froid, calculateur, impitoyable et cruel. Il n’est pas censé
éprouver l’amour ou la tendresse et on l’imagine volontiers comme Néron sacrifiant sa famille, si l’exercice
et la conservation du pouvoir le commandent. Tout tyran, cependant, a d’abord été un enfant. Tout tyran,
comme tout être humain, a rencontré le monde et s’est rencontré lui-même par la médiation des soins qui lui
ont été prodigués. On ne naît pas tyran, on le devient.

La définition du tyran donnée par le dictionnaire Robert est la suivante : le tyran désigne celui qui s’empare
du pouvoir par la force, qui usurpe l’autorité. Le tyran est également celui qui exerce le pouvoir suprême de
manière absolue et oppressive.

Deux dimensions sont distinguées : un processus d’usurpation du pouvoir et un exercice du pouvoir de façon
absolue et cruelle. Même si ces deux dimensions sont liées, elles profilent un certain nombre de clés
nécessaires pour éclairer les enjeux psychiques de la tyrannie.

Le tyran est celui pour qui la confiance n’existe pas, pour qui la tendresse est méprisable, pour qui la
passivité est source de danger. Le tyran est un ancien bébé qui n’a pas traversé l’expérience humainement
fondamentale du lien, de la confiance et de la mutualité de l’échange. L’exercice de l’emprise caractérise
précisément le comportement tyrannique.

Nécessaire à la mise en œuvre du sentiment de compacité, d’existence, de la réalité de soi-même et du


monde, l’emprise passe par la médiation de l’environnement maternant. Le bébé doit faire simultanément
l’expérience de modeler le monde et de se modeler lui-même. Il doit faire l’expérience d’un monde qui se
laisse modeler, d’un monde suffisamment transformable, disponible et compact mais aussi d’un monde qui
résiste, qui oppose une certaine butée à l’entreprise de transformation.

Le lien entre emprise et satisfaction est à la fois quantitatif (l’intensité, la puissance du pouvoir sur l’autre,
sur l’objet) et qualitatif (il doit idéalement relever d’une satisfaction réciproque). L’emprise est une force,
une « poussée » (Freud, 1915) qui vise autre chose qu’elle-même. L’emprise vise une satisfaction éprouvée
en écho, en double.
C’est l’échec de cette articulation entre emprise et satisfaction rythmant le lien entre le sujet et l’objet qui est
à la source de la tyrannie. La pulsion d’emprise ne rencontre aucune butée à son développement dans la
mesure où l’objet en présence ne renvoie aucun écho. Dans l’ombre de la tyrannie émerge le portrait d’un
bébé ou d’un enfant solitaire qui n’a d’autre possibilité que l’emprise, la contrainte et la force pour se sentir
exister. L’échec du travail de l’emprise implique la conviction que le monde ne peut être transformé que par
la force.

Usurpation du pouvoir et processus d’aliénation


Le tyran a besoin des autres pour se sentir en sécurité. Il a besoin de les plier à sa volonté impitoyable pour
échapper à sa propre terreur qui est le masque de sa détresse infantile. Avant de plier autrui à sa volonté, il
doit d’abord le conquérir.

Le tyran doit d’abord séduire autrui. Il doit se présenter de telle sorte que l’autre se sente rassuré et protégé.
Cette séduction peut prendre l’apparence de la séduction sexuelle, mais elle est en réalité de nature
narcissique. Le tyran séduit narcissiquement son vassal en donnant l’illusion qu’il a besoin de lui et qu’ils
entretiennent une relation en double. C’est probablement à ce moment que le tyran est le plus proche de sa
réalité psychique en se présentant en attente d’un miroir. Mais cette position est un trompe-l’œil. Le tyran
construit l’illusion d’un lien personnel, unique, entre lui et l’autre. Il construit l’illusion de partager avec cet
autre une relation réelle, marquée par la réciprocité de l’échange et une intimité sans égal.
La stratégie peut combiner, ou alterner, deux tactiques. Dans l’une, le tyran laisse percevoir un aspect de sa
détresse interne : il joue alors de l’identification aux aspects infantiles. La souffrance infantile dévoilée par le
tyran, esquissée, induit toujours un fort sentiment de réparation, source ensuite de toutes les justifications : on
dit du tyran qu’il n’est pas « aussi mauvais que ça, qu’il a ses bons côtés mais que, toute sa vie, il a été obligé
de se battre… » Dans l’autre stratégie, c’est plutôt la plénitude qui est mise en avant, la force d’un
raisonnement, la conviction d’une opinion appuyée à la fois sur une dimension culturelle et sur une
dimension émotionnelle. La phrase type dans cette période de séduction narcissique est souvent du type :
« Toi et moi, nous savons bien que… ». Le tyran s’installe alors progressivement dans la psyché de l’autre.
Il prend la place de l’idéal du moi, en devenant petit à petit quelqu’un d’important, de beaucoup plus
important et de beaucoup plus compétent que soi. Ce processus d’usurpation repose sur l’illusion d’un lien
intime qui révèle sa nature narcissique.

C’est en ce point qu’une deuxième opération est nécessaire. Il est impératif que l’autre se laisse
narcissiquement séduire. Pourquoi un être humain peut-il ériger un autre être humain comme idéal ?

CF. La Boétie (1577) dans Le discours de la servitude volontaire. La question posée par ce texte est simple :
pourquoi les êtres humains se laissent-ils aussi facilement réduire en esclavage ? Pourquoi sont-ils
foncièrement incapables de jouir simplement de leur liberté ? La réponse à ces questions est évidemment loin
d’être simple, mais La Boétie esquisse une piste d’une étonnante modernité. « Celui qui vous maîtrise n’a
que deux yeux, il n’a que deux mains, il n’a qu’un corps, et il n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme
du grand et infini nombre de vos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-
il pris tant d’yeux dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous
frapper s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il s’ils ne sont les vôtres ?
Comment n’a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous ? ». Ce passage dresse un constat froidement
clinique : le tyran n’a pas d’autre puissance que celle qu’il reçoit de ses esclaves.

On peut ainsi définir la tyrannie comme le produit de la rencontre entre un être humain qui ne peut exister
que dans l’exercice impitoyable de son emprise et d’autres êtres humains qui s’en trouvent, précisément à
cause de cette emprise subie, soulagés.
La figure du tyran auquel on se soumet présente toujours deux aspects opposés mais solidaires. Le tyran est
simultanément craint et admiré : une « bonne » parole ou un « bon » sourire ont valeur de puissant réconfort
narcissique en même temps qu’un seul regard suffit à déconsidérer quelqu’un et à le plonger dans les affres
de la détresse.
La servitude n’est donc pas un état mais un processus qui se déploie dans la réciprocité. La Boétie le
souligne : l’être humain n’est pas naturellement soumis, il se soumet activement. Il n’est pas pris dans un état
d’asservissement, il entre lui-même dans un processus d’asservissement qui a besoin de se renforcer
constamment. Le processus d’asservissement suppose ainsi un partenariat inconscient entre le tyran et le
tyrannisé. On peut aller jusqu’à proposer l’idée d’un contrat de servitude, d’un contrat narcissique : les êtres
humains se soumettent activement à la servitude pour être tranquilles, en paix face à leur monde interne.

Le besoin de tranquillité qui nourrit le processus d’asservissement prend sa source dans le lien de
dépendance précoce qui s’établit entre le bébé et son environnement. Si le tyran est un ancien bébé qui n’a
pas d’autre solution que l’emprise et la terreur pour échapper à sa propre détresse, ce même tyran actualise,
pour ses vassaux, une figure parentale toute-puissante et idéale.
La terreur que le tyran fait régner autour de lui, en distribuant les bons et les mauvais points, les marques
d’amour et les marques de mépris, ne tient pas seulement à la violence ou au sadisme. La terreur passe de
façon insidieuse par la honte, c’est-à-dire par le risque de perdre l’estime de soi. La honte disqualifie alors le
sujet, lui renvoie une image de lui-même dégradée et peut l’entraîner dans un processus parfois proche de la
mélancolie et impliquer l’acte suicidaire.

II Qu’est-ce qu’une relation d’Emprise ?

«Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous:
aussi peut-on qualifier de non humaine l’expérience de qui a vécu des jours où l’homme a été un objet aux
yeux de l’homme». [Primo LEVI, Si c’est un homme, 1947.]
Étymologiquement «empire» et «emprise» sont de même origine. Leurs définitions respectives données par
le CNRTL sont très proches l’une de l’autre et ces deux termes appartiennent à la famille vocabulaire du
verbe transitif «prendre» et de ses participes passés et adjectifs «pris, prise». Cette similitude révèle le
caractère universel du concept de relation d’emprise pour peu que l’on garde constamment à l’esprit la
notion de gradualité (fréquence, intensité et durée) qui y est afférente (nous sommes tous sous emprise à un
degré ou un autre, cf. Plus haut).

Les caractéristiques d’une relation d’emprise


1) La première dimension évoque l’idée de prise, de capture ou encore de saisie qui, en langage juridique,
désignait une atteinte portée par l'administration à la propriété privée immobilière, comportant une prise de
possession régulière ou irrégulière. Il s’agit donc d’une action d’appropriation par dépossession de l’autre;
c’est une mainmise, une confiscation représentant une violence infligée et subie qui porte préjudice à autrui
par empiètement sur son domaine privé, c’est à dire par réduction de sa liberté.
2) La deuxième dimension, inséparable de la précédente, est celle de l’ascendant intellectuel ou moral exercé
par quelqu'un ou quelque chose sur un individu. Autrement dit, elle introduit la notion de domination dans la
relation d’emprise. Cette dimension suggère l’exercice d’un pouvoir suprême, dominateur, voire tyrannique
par lequel l’autre se sens subjugué, contrôlé, manipulé, en tout état de cause maintenu dans un état de
soumission et de dépendance plus ou moins avancé.
3) Et enfin, la troisième dimension apparaît comme la conséquence ou la résultante des précédentes, laquelle
va inscrire une trace, l’impression d’une marque, chez la personne «emprisée» qui dès lors perd son statut de
sujet pour être reléguée à celui d’objet. Celui qui exerce son emprise grave son empreinte sur l’autre, y
dessine sa propre figure.

Dans une relation d’emprise, le rapport à autrui est marqué par trois pratiques relationnelles spécifiques, qui
sont: l’effraction, la captation et la programmation, dont les définitions données expriment le moyen par
lequel une personne est spoliée de son libre arbitre, de son intégrité psychique et de sa dignité.
L’appropriation--dépossession se fait par effraction ; la domination s’opère par captation afin de gagner la
confiance de la (ou des) personne--s visé--e--s, fixer son attention et la priver de sa liberté ; et enfin la
programmation est le procédé par lequel une personne est marquée du «sceau»de son agresseur (son
empreinte). Ces diverses approches renseignent sur le pourquoi et le comment de l’emprise.

Pour asseoir son pouvoir sur autrui et rallier le plus d’affidés à sa cause, «l’empreneur» («l’emprenant» ou
«l’empriseur») élaborera minutieusement diverses stratégies d’emprises et les mettra en place graduellement
tout en prenant soin de ne pas dévoiler ses véritables intentions.

De la prise à l’emprise
La relation d’emprise se développe par assimilation et «incorporation», mais pour que le mouvement
s’amorce, il faut un «fait» générateur qui l’impulse. Cette première étape repose sur la séduction et c'est
essentiellement grâce à elle que «l'empriseur» s'attire les faveurs de sa cible (personne ou auditoire): «il s'agit
d'une véritable action de séparation, de détournement, de conquête qui parvient à ses fins par l'étalement de
ses charmes et de ses sortilèges, c’est à dire par l'édification d'une illusion dans laquelle l'autre va s'égarer.
Cette séduction, en fait, prend valeur de fascination». Elle aurait pour fonction de subjuguer les «emprisés»
et d’enflammer les foules (ou le cœur d’un «partenaire» en situation de couple). Cependant, cette séduction
est à sens unique: «l'empreneur» cherche à «ensorceler» son «objet» sans se laisser piéger par l’attraction que
ce dernier pourrait exercer sur lui. Lorsque les personnes sont suffisamment engagées dans la voie tracée par
l’instigateur de la relation d’emprise, l’emploi de la force peut succéder à celui de la séduction et le système
devient alors autonome. Mais en cas de «rébellion», les périodes de séduction peuvent réapparaitre. C’est
donc par une alternance de phases de séduction et de violence que croît la relation d’emprise. Les personnes
soumises à ce traitement sont «sidérées» et n’ont pas d’autres choix que de répondre à cette situation en
développant des stratégies d’adaptation pour réduire leur état de stress à un niveau acceptable (ou
supportable). L’état de sidération a pour conséquence d’entrainer une dissociation mentale interdisant aux
personnes «dissociés» d’analyser et de comprendre la situation afin de trouver solution et délivrance.

Pour résumer :
La relation d’emprise obéit à des règles de communication singulières qui prédisposent la personne sous
emprise en paralysant ses défenses. Elle vit la relation dans une sorte d’état second, de rétrécissement de la
conscience. Confuse, elle perd tout sens critique ce qui permet chez elle la coexistence paradoxale d’un
non--consentement et d’une acceptation.
Les trois ordres organisationnels d’une relation d’emprise sont:
1--une captation par appropriation/dépossession grâce à une séduction unilatérale (ou «narcissique»);
2--une domination et un isolement s’exerçant sur la personne «emprisé» (souvent désigné comme «bouc
émissaire») avec recours à la violence psychique et/ou physique, mais faisant le plus souvent appel à la
discrimination, aux manipulations, aux harcèlements, etc.;
3--l’apposition d’une empreinte dans le psychisme de la cible qui s’adapte à la situation en abandonnant
toute prétention de compréhension et en adoptant des réponses automatisées pouvant aller à l’encontre de ses
intérêts (non perçus comme tels en raison de la dissociation provoquée).

Conclusion :

Dans la relation d’emprise, la manipulation mentale qui s’y joue n’est jamais explicite (inégalité latente).
Elle s’exerce insidieusement à l’insu de ses victimes qui sont «sidérées», hypnotisées et captées par
«l’empreneur» grâce, notamment, à l’usage d’une dialectique soigneusement «huilée». Les victimes ignorent
les conditions de leur mise sous emprise et ne perçoivent pas les manœuvres de l’instigateur ni ses véritables
intentions. Ce dernier sait se «fondre dans la masse» pour répondre aux attentes de ses proies et parvenir
ainsi à «coloniser» leur psychisme en lui imprimant sa «marque». Cette opération, véritable entreprise de
dépersonnalisation, consiste en un «effort pour rendre l’autre fou», lui montrer qu’il pense mal, et ceux qui
s’y adonnent prétendent –paradoxalement –pouvoir nous apporter les remèdes aux maux qu’ils infligent.
C’est le principe fondamental sur lequel reposent toutes tortures, qu’elles soient physiques ou psychiques.

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